L’AMITIÉ

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L’amitié

L’Écriture est riche en enseignements sur ce sujet ; elle présente aussi pour notre instruction beaucoup d’exemples d’amitiés heureuses ou malheureuses qui méritent toute notre attention. En effet les exigences de la vie actuelle et les occasions de déplacements plus fréquents qu’autrefois favorisent des contacts plus variés entre jeunes croyants. Ainsi peuvent se nouer des relations utiles, confiantes, solides, qui marqueront de leur empreinte une vie entière ; mais le danger demeure aussi d’amitiés aux fruits amers. On aime ses parents, ses frères et sœurs, mais on est lié à un ami par des sentiments d’une autre nature ; des considérations d’âge, d’orientation ou d’expériences communes ont souvent déterminé le choix de tel ami ; il est bien vite devenu un confident à qui l’on fait part, plus volontiers qu’à sa propre famille quelquefois, de ses aspirations, de ses projets, de ses problèmes intimes ; on accepte ses remarques, ses conseils, on subit son influence ; d’où le sérieux de telles liaisons.
Voilà bientôt deux millénaires, Pierre et Jean avaient grandi ensemble dans le cadre du lac de Tibériade ; ils avaient ensuite exercé en commun leur activité de pêcheurs (Luc 5. 10). Un jour une voix s’était fait entendre : Jésus avait appelé. Tous deux avaient donné une même réponse à cet appel ; ils avaient tout quitté pour suivre le même Maître. Au cours du ministère public du Seigneur se tissa entre ces deux disciples la trame d’une amitié plus profonde dont les Évangiles rapportent quelques épisodes :

Occasions perdues

« Pierre et ceux qui étaient avec lui étaient accablés de sommeil », lisons-nous en Luc 9. 32, pendant la scène de la transfiguration. Et plus loin, dans le jardin de Gethsémané, Jésus « vint vers ses disciples, qu’il trouva endormis de tristesse » (Luc 22. 45).
Dieu offre à Pierre et à Jean deux occasions uniques d’entrer dans l’intimité de la gloire et des souffrances de son Fils. Et tous deux dorment dans des heures aussi solennelles ! Lequel secouera son ami pour l’éveiller ? Ne trouvons-nous pas comme l’écho douloureux du cœur du Seigneur dans sa parole : « Ainsi vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi » ? Occasions perdues et qui ne se présenteront jamais plus de veiller aux côtés de Jésus en prière.
On a passé entre jeunes gens d’agréables journées de vacances, on s’est entretenu pendant de longues soirées de sujets bien divers, tout cela est légitime ; mais qui va prendre l’initiative de lire un chapitre de la Parole, de prier ? Ce sera l’occasion donnée de passer à un entretien sérieux et édifiant dont chacun tirera profit ; ce sera peut-être pour tel ami le point de départ d’un réveil spirituel…

Occasion de chute

« L’autre disciple donc, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit, et parla à la portière, et fit entrer Pierre » (Jean 18. 16).
Jean désirait, dans un but louable, permettre à Pierre de suivre Jésus dans le parloir du souverain sacrificateur ; mais le moyen n’était pas digne d’un disciple : il usait de relations mondaines, et ne se doutait pas que, en faisant ainsi, il ouvrait à Pierre la porte qui le conduirait jusqu’au reniement de son Maître. Il faudra le long et patient travail de Jésus dans la conscience ébranlée de son impétueux disciple pour l’amener, des pleurs amers de Luc 22. 61-62, jusqu’au rétablissement complet de Jean 21. 15-23. – Mais combien alors l’attitude du disciple que Jésus aimait est belle : réservé et discret, il suit, respectant l’intimité du moment où Jésus, qui marche en avant avec Pierre, vient sceller l’œuvre achevée dans la conscience et dans le cœur de son disciple repenti.
Quelque chose de peu d’importance au cours d’une amitié peut laisser parfois des années plus tard une tache indélébile : on a bien rejeté globalement le monde, ses vanités, sa folie, mais on le laisse se réintroduire dans de petits faits de la vie courante, où il vient se présenter sous des visages flatteurs mais nuisibles ; et les relations amicales peuvent favoriser souvent son emprise sur les esprits et sur les cœurs : on se prête un ouvrage léger, on s’attarde à des discussions philosophiques, on va écouter une musique à la mode… et l’on devient une occasion de chute pour son ami.

Occasions d’encouragement

« Ils couraient les deux ensemble ; et l’autre disciple courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre » (Jean 20. 4).
Le reniement avait profondément marqué Pierre ; comment chasser le souvenir du regard attristé de Jésus posé sur lui ? Mais le tombeau est vide ; Marie de Magdala vient d’apporter l’étonnante nouvelle. Pierre s’est aussitôt levé ; il court au sépulcre avec Jean. Un moment, ils courent les deux ensemble, puis… Pierre hésite-t-il ? Redoute-t-il le moment de la rencontre avec Jésus ? Jean est alors passé devant, entraînant à sa suite son ami hésitant. Et ils vont ainsi tous deux jusqu’au sépulcre vide, jusqu’à un Seigneur ressuscité.
« Dites à ses disciples et à Pierre : Il s’en va devant vous en Galilée ; là vous le verrez », a dit l’ange aux saintes femmes (Marc 16. 7). « Allez annoncer à mes frères qu’ils aillent en Galilée, et là ils me verront » (Matt. 28. 10), leur a répété Jésus.
Les disciples sont allés en Galilée mais pour y retrouver leurs barques de pêcheurs et leur vain travail. « Et le matin venant déjà, Jésus se tint sur le rivage… Ce disciple donc que Jésus aimait, dit à Pierre : c’est le Seigneur » (Jean 21. 4-7). Malgré les cœurs oublieux des siens, Jésus, fidèle à sa promesse, est là. Jean confus, mais rassuré et heureux, laisse parler son cœur. Encouragé par le cri de joie de son ami, Pierre quitte, et pour toujours, la petite nacelle, souvenir d’une vie révolue. Il se porte au-devant de Jésus – Non, plus jamais pêcheur, mais désormais berger des brebis du Seigneur.
Une parole à propos, un geste d’encouragement ; si le seul but recherché est la gloire du Seigneur et le bien de l’ami, les conséquences en seront heureuses et bénies.

Occasions de communion

Jean, l’évangéliste, n’ajoute rien sur ces relations d’amitié. Mais quelques pages plus loin, et si peu de temps plus tard, on aime à retrouver ces deux amis tous deux mûris par les journées inoubliables qu’ils viennent de vivre ensemble.
« Et Pierre et Jean montaient ensemble au temple, à l’heure de la prière » (Actes 3. 1). – « Pierre et Jean… dirent… : nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues » (Actes 4. 19-20). – « Les apôtres… ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean… » (Actes 8. 14).
Ensemble pour prier, ensemble pour témoigner de leur foi, ensemble pour enseigner d’autres. Quels fruits bénis des semences divines dans ces deux âmes ! Ils marchent d’un même pas, parlent un même langage, se dirigent vers un même but. Bientôt, demain peut-être, leurs chemins bifurqueront, l’un ira au martyre, et il le sait ; l’autre connaîtra l’isolement de l’île de Patmos ; mais qu’importe ! ; le Seigneur et Maître ne leur aura-t-il pas donné de puiser un moment ensemble à la même intarissable Source, et dans une amitié forgée de longue date, la force suffisante pour tout le chemin de cette terre ?

D’après Feuille aux Jeunes n° 227

A UN JEUNE CHAUFFEUR

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A un jeune chauffeur

« C’est au volant que le vieil homme se montre le plus volontiers », remarqua cet ami chrétien en sortant de ma voiture. « Et c’est un bien mauvais conducteur ! »
J’approuvai sans bien réfléchir : « C’est vrai, les vieillards ne devraient plus conduire ; ils n’ont plus de réflexes ; ils se traînent sur les routes… »
Mon ami m’arrêta : « Tu ne vois pas de qui je veux parler ? Rappelle-toi le trajet de tout à l’heure. En réalité plusieurs personnes ont successivement tenu le volant. J’ai d’abord été conduit par un désobéissant, un rebelle aux lois. Tu as carrément brûlé un feu qui venait de passer au rouge. Puis tu as traversé le village à près de 90km/h. Quant à la ligne continue, tu l’as bien chevauchée trois ou quatre fois.
– Sans gêner personne, interrompis-je. D’ailleurs beaucoup de ces règlements sont exagérés ; tout le monde les enfreint plus ou moins.
– Ils existent cependant et les premiers à les respecter devraient être les chrétiens. Comment auraient-ils la liberté de demander au Seigneur de les garder d’accidents de la route s’ils ne se soumettent pas aux autorités que Dieu a instituées précisément dans le but de les protéger ? (Rom. 13. 1). Et notre témoignage sera d’autant plus remarqué qu’il constituera une exception.
Puis j’ai été piloté par un impatient. Ce camion malodorant que tu suivais depuis dix minutes t’avait mis les nerfs à fleur de peau, de sorte que tu as fini par le doubler dans des conditions plus que discutables.
A la sortie de B., j’ai constaté que j’étais conduit par un égoïste. Tu avais remarqué cet auto-stoppeur marchant sous la pluie avec sa valise ; tu ne t’es pas arrêté pour autant.
– Oh, chez moi c’est un principe ; ces gens n’ont qu’à rester chez eux ou prendre le train.
– Tu ne crois pas que nous avons ainsi perdu l’occasion non seulement de rendre service, mais surtout de parler de Jésus à un compagnon de route placé sur notre chemin ?
Après, il y a eu cette course disputée contre une voiture un peu moins puissante qui essayait néanmoins de te doubler. Et tu étais assez fier de tes acrobaties. Tu m’as rappelé Jéhu qui conduisait « avec furie » (2 Rois 9. 5). En même temps je me suis aperçu que tu étais tant soit peu orgueilleux. Je ne te connaissais pas sous ce jour. Or, mon cher, laisse-moi te mettre en garde, avec toute l’affection d’un aîné dans la foi, contre cet amour-propre de chauffeur et cette griserie de la vitesse qui font partie de ce que la Bible appelle l’orgueil de la vie. Il vous fait prendre de graves risques à toi et aux jeunes qui te ressemblent. Mais ton existence ne t’appartient pas, et encore moins celle d’autrui, pour les jouer ainsi dans des dépassements audacieux. Veux-tu terminer tes jours avec le remords permanent d’avoir projeté dans l’éternité une âme qui n’était peut-être pas sauvée ?
Enfin il y a eu ce petit accrochage dans la ville, au retour. Bien sûr, c’était la faute de « l’adversaire », un mot qui dans le langage des assurances traduit bien ce que cet homme est devenu aussitôt pour toi – alors que ce pouvait être un chrétien, un frère. Je ne t’avais jamais vu de si mauvaise humeur.
– Mais rendez-vous compte ! Ce maladroit a éraflé mon aile, fait un éclat dans la peinture…
– … Et fait apparaître, sous le vernis d’un garçon bien élevé, l’irritabilité de l’homme naturel, plus déplaisante qu’une voiture endommagée. Notre douceur doit être connue de tous les hommes (Phil. 4. 5), y compris des autres usagers de la route. Tu le vois, mon cher, nous n’avons pas eu besoin de rouler longtemps ensemble pour que se trahissent les traits les plus frappants de la vieille nature indomptable. Je suis sûr que tu les remarqueras dorénavant quand ils essayeront de se manifester. Jacques constate au chapitre 3 de son épître que l’homme sait faire obéir les chevaux les plus fougueux, gouverner les plus gros navires, dompter toute espèce de bêtes sauvages mais qu’il n’est pas maître de sa langue et pas davantage de son caractère. N’est-ce pas avant tout «l’espèce humaine», comme il l’appelle, qui est restée à l’état sauvage ? C’est le « vieil homme », que la civilisation, tout en lui donnant des moyens nouveaux de locomotion (et aussi de domination sur ses semblables) n’a aucunement modifié. Ce vieil homme, coléreux, insoumis, égoïste, insupportable, tu le retrouveras en toi à chaque carrefour, dans chaque village, à chaque embouteillage, avec ses multiples visages. Que faire de lui ? C’est simple : lui retirer son permis de conduire. Laisser un Autre prendre le volant ; quelqu’un qui sera en même temps un merveilleux compagnon de voyage. Si le temps d’attente au feu rouge est passé à t’entretenir avec Lui, ce ne sera pas du temps perdu. Au contraire, en méditant sur ce qui te manque et en demandant au Seigneur de te le donner, chaque contrariété, chaque incident de la route, se changera miraculeusement en une petite leçon profitable, en une prière, en une victoire. Je me souviens d’un frère colporteur qui avait surnommé sa voiture son « professeur de patience ». Elle lui donnait matin et soir une heure de leçons avec exercices pratiques.
Je dus convenir que j’avais échoué à mon examen ; je possédais bien mon permis mais je ne savais pas me conduire moi-même. Ce qui se trahissait au volant, je l’étais aussi dans la vie de tous les jours. Il était urgent que j’apprenne à conduire, ou plutôt que je change de conducteur. Que le nouvel homme prenne et conserve les leviers de commande et que le vieil homme prenne et conserve la place qui est justement la sienne d’après l’Écriture : « la place du mort ».

D’après Feuille aux Jeunes n° 220

LA CLÔTURE

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La clôture

« Qui renverse une clôture, un serpent le mord ».
Eccl. 10. 8

Le pays était spacieux, et « de long en large », Abraham, l’homme de foi, était invité à s’y promener (Gen. 13. 17). Il avait quitté Ur, la ville de sa naissance ; il s’en était allé de sa parenté et de la maison de son père, pour venir au pays que Dieu lui avait montré. Là il se trouvait au large, mais il devait se garder d’en dépasser les limites. Son fils Isaac ne devait absolument pas retourner en Mésopotamie ; et lorsque lui-même, craignant la famine, avait voulu descendre en Égypte, le malheur l’avait atteint : le «serpent» l’avait «mordu». Plus triste encore, le souvenir de l’Égypte avait influencé Lot (Gen. 13. 11) qui, sans se laisser diriger par Dieu dans son choix, avait sans se poser des questions « franchi la clôture », dressant ses tentes jusqu’à Sodome, et pris petit à petit une place importante parmi ces « grands pécheurs » devant l’Eternel. La fin lamentable de son histoire montre clairement ce que signifie la « morsure » du « serpent ».
L’Eternel indique à Josué (chap. 1) les limites du pays : le désert, aridité du monde ; la montagne du Liban, puissance du monde ; l’Euphrate où se trouvait Babylone ; la grande mer, agitation et inquiétude de ceux qui ont leur part « sur la terre ». En dehors de ces limites, il ne fallait pas sortir, mais faire la conquête du pays lui-même, en tout lieu poser « la plante de son pied ». En réalité, Israël ne le fit jamais complètement, mais il « renversa la clôture ». Quel avertissement !
Notre temps et nos forces sont limités ; à quoi les employons-nous ? Savons-nous profiter des loisirs que laisse le travail quotidien pour nous « promener de long en large » (Eph. 3. 18) dans le pays, en faire la conquête, c’est-à-dire par la lecture et la méditation de la Parole de Dieu, nous en approprier les richesses ? Et les mettre en valeur en pratiquant les enseignements du Seigneur et en les communiquant à d’autres ? – Ou bien, franchissant la clôture, recherchons-nous dans le monde de quoi combler un vide que nous n’avons pas laissé le Seigneur remplir ? Prenons garde : « Qui renverse une clôture, un serpent le mord » !
Le pays est large et spacieux aussi pour nous. Dans la communion du Seigneur et la reconnaissance envers Dieu, nous pouvons jouir pleinement des bienfaits si nombreux qu’Il répand sur notre route. Et s’Il a mis des limites que nous ne devons pas franchir, c’est encore un bienfait de Sa part. Satan le savait bien quand il parlait à Dieu de la « haie de protection » dont Job était entouré. Dans ce cas particulier, Dieu permit à l’ennemi de démolir la haie, afin d’éprouver son serviteur. Mais combien c’est différent quand c’est nous-mêmes qui « renversons la clôture » ; personne ne peut alors prévoir où il sera entraîné : il est entré dans le domaine de Satan, proie facile pour ce lion qui « rôde autour de nous, cherchant qui il pourra dévorer ».
Dans la maison de son maître l’Égyptien, Joseph pouvait disposer de tout. Une seule chose lui était interdite (Gen. 39. 9). Malgré les sollicitations les plus vives, il n’a pas renversé la clôture. Il a su dire «non», et le répéter ; « jour après jour, il ne l’écouta pas ». Mais David a passé outre. Un soir d’inactivité, par un regard (2 Sam. 11. 2) de convoitise charnelle, il a été entraîné dans le précipice : la « morsure » a été terrible, et malgré la restauration, les conséquences ont duré jusqu’à la fin de sa vie. Ne pensons pas : «cela ne m’arrivera pas à moi». Ces choses ont été écrites « pour nous servir d’avertissement » ; seule la puissance du Seigneur peut nous garder en réponse à la foi. Dans ce domaine plus que dans tout autre, la « clôture » est nette et précise : « Le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps » (1 Cor. 6. 13 à 20). Il s’agit de « fuir », et non de regarder avec légèreté par-dessus la barrière. « Un homme prendra-t-il du feu contre lui sans que ses vêtements brûlent ? » (Prov. 6. 27). « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (Prov. 4. 23).
Le chrétien a un centre : Christ. Tenons-nous près de Lui et nous serons préservés du désir même de « renverser la clôture » ; nous serons à l’abri des « morsures du serpent ». « Le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ». «Et près de Moi, tu seras bien gardé» (1 Sam. 22. 23).

G.A.

D’après Feuille aux Jeunes n°85

L’HOMME LE PLUS RICHE DE LA VALLÉE

Un nouveau chant (Je suis la lumière du monde) et une nouvelle histoire (L’homme le plus riche de la vallée) !

 

 

 

Tiré de CD Vieilles histoires jeunes oreilles. B. Durst
Editeur : Bibles et Publications Chrétiennes (http://www.labonnesemence.com) et Éditions Bibles et Littérature Chrétienne (http://www.eblc.ch).

LE DISCERNEMENT

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Le discernement

(Compte rendu réunion de jeunes décembre 2014)

Discerner c’est arriver à comprendre une chose après avoir eu beaucoup d’attention. Il faut une attention soutenue pour bien voir, surtout dans les choses de Dieu !

Dans sa prière (1 Rois 3. 9 à 13), Salomon a demandé à Dieu un cœur qui écoute (un cœur intelligent qui comprenne) pour :
– Juger son peuple.
– Discerner entre le bien et le mal (voir aussi Héb. 5. 14 où la même expression est employée pour les hommes faits, ceux qui ont de la maturité spirituelle).

Salomon ne pense pas à lui-même mais au peuple et Dieu va lui donner un cœur sage et intelligent pour qu’il ait du discernement.

En 1 Rois 3. 16 à 28, on voit la sagesse de Salomon pour discerner la vraie mère de l’enfant qu’on lui présente. Il a su discerner entre le bien et le mal.

Si on demande au Seigneur : « Montre-moi mon chemin », Il y est sensible et il va nous aider.

Pourquoi discerner ? Et pour quelle finalité ?
Qu’est-ce que discerner ? Et comment le faire ?

Les mots qui ont été retenus par les jeunes :
Communion – Vie avec le Seigneur.
Comprendre – Apprendre.
Voir clair.
Sagesse – Intelligence.
Connaître.
Avoir la pensée de Dieu dans les différentes situations.
Écouter – Lire la Parole – Prier.
Quel est le plaisir de Dieu et notre bonheur ?
Voir comme Dieu voit.
Conviction.
Ce n’est pas facile. Discerner demande un effort.
Pureté.

Les hommes peuvent discerner des choses sans que Dieu soit impliqué. Ce qui fait la différence c’est le but, le sens de notre vie.

L’Esprit nous conduit dans la vérité, Il nous montre le chemin.

Mais tout dépend de l’état du cœur, car si l’Esprit est attristé, ce sera difficile de discerner la pensée de Dieu.

Ce n’est pas une question d’âge. Il faut nécessairement un cœur bien disposé.
Salomon, à la fin de sa vie, n’avait plus de discernement.

On discerne ce qui n’est pas selon Dieu par la Parole.

Discerner ce que Dieu fait : Job 37. 14. On Le discerne dans la création et dans nos vies.

Discerner ce que l’on doit dire. Prov. 1. 2. « Une parole dite en son temps, combien elle est bonne ! » (Prov. 15. 23). Il faut une préparation avec le Seigneur pour parler à une âme. Qui enseigne comme Lui ?

Discerner que le Seigneur est le Fils de Dieu (Jean 6. 40). (la note dit : voir, contempler).

La puissance éternelle et la divinité de Dieu se discernent dans la création (Rom. 1. 20).

Discerner les choses excellentes (Phil 1. 10).

Rom 12. 1 à 3 : discerner la volonté de Dieu dans nos vies.

Discerner c’est comprendre vraiment la volonté de Dieu, Ses pensées.

Pour discerner quelque chose de mal, il faut d’abord comprendre pourquoi c’est mal.

Pourquoi cherche-t-on à discerner ?
– Pour faire la volonté de Dieu.
– Pour faire des choix qui vont influencer le sens de ma vie.

Pour connaître Dieu et désirer Le suivre, il y a des choix à faire.

Qu’est-ce qui est profitable pour Dieu, pour ma relation avec Lui ?

Achab et Josaphat. 2 Chr. 18. 3 à 7. Josaphat a réalisé que les prophètes d’Achab n’étaient pas des prophètes de l’Eternel et a réclamé un prophète de l’Eternel. Ce dernier va dire le contraire de ces faux prophètes !

C’est important de rechercher la volonté de Dieu car si l’on marche selon sa propre volonté, il peut y avoir des conséquences désastreuses.

La peur de se tromper peut être handicapante. Il faut faire confiance à Dieu même si on ne voit pas clair.
Dieu attend une confiance totale en Lui et Lui Il agira. On a ainsi une profonde paix de voir que c’est Lui qui agit.

Dieu nous appelle à rester dans sa proximité. Il désire que, au jour le jour, nous restions près de Lui. Si on savait tout à l’avance, on ne rechercherait pas Sa présence.

Il ne faut pas confondre entre sa propre volonté et celle de Dieu. Il y a des situations où l’on a déjà choisi soi-même et puis on dit : c’était la volonté de Dieu !

Actes 16. 7 : « Étant venus jusqu’en Mysie, ils essayèrent de se rendre en Bithynie, mais l’Esprit de Jésus ne le leur permit pas ».
1 Thess. 2. 18 : « C’est pourquoi nous avons voulu aller vers vous, moi Paul, et une fois et deux fois, et Satan nous en a empêchés ».

Quand on a la conviction de marcher dans le chemin de Dieu, cela enlève les doutes de notre cœur.

Parfois on n’a pas la conscience de faire quelque chose pour Dieu et pourtant tout simplement Dieu nous conduit à faire Sa volonté (Ruth 2. 3). L’Esprit de Dieu guide finalement nos pas.

Le Seigneur a des droits sur nos vies. Nous sommes là pour Le servir et voilà la raison de faire Sa volonté.
Pourquoi suis-je sur la terre ? Que dois-je y faire ?
Actes 22. 10 : « Et je dis : que dois-je faire, Seigneur ? Et le Seigneur me dit : Lève-toi et va à Damas, et là on te parlera de toutes les choses qu’il t’est ordonné de faire ».

Nous avons à glorifier Dieu dans nos vies. Notre motif ? Chercher la gloire du Seigneur !

Michée 6. 8 : « Il t’a déclaré, ô homme, ce qui est bon. Et qu’est-ce que l’Eternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu ? »

Si nous lui disons de cœur : Seigneur, je suis disponible, Il va placer devant nous des choses à faire pour Lui.

Col. 1. 9 et 10 : « C’est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous en avons ouï parler, nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre et croissant par la connaissance de Dieu ».

Hénoc a marché avec Dieu, il était en communion avec Lui et recherchait ce qu’il Lui plaisait. Il a marché par amour pour Lui.

Samuel et Eli. 1 Sam. 3. 10 à 14. Eli avait les yeux fixes et il ne pouvait voir (1 Sam. 4. 15).
Samuel a dit : « Parle, Eternel, car ton serviteur écoute » (1 Sam. 3. 9). Sommes-nous prêts à écouter comme Lui ? Dieu se révèle à Samuel, Il n’a rien à dire à Eli.

Josué et Moïse dans l’affaire du veau d’or (Ex. 32. 17 et 18 : Le discernement de Moïse). Pourquoi Josué ne voit-il pas de quoi il s’agit ? Moïse avec son expérience arrive à mieux discerner !

Étienne en Actes 7. 55 et 56 est le seul à voir la gloire de Dieu.
Si on ne prie pas, si on vit dans le péché, on ne verra pas la gloire de Dieu !

Abraham se tient devant l’Eternel (Gen. 18. 22) aussi ce dernier peut dire : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? » (Gen. 18. 17). Dieu n’a pas révélé Son secret à Lot.

Pour discerner la volonté de Dieu, il faut de la persévérance et rechercher Sa volonté.

Dieu révèle à Abraham ce qu’Il va faire et alors Abraham va intercéder.

Donc, la prière est importante pour nous aider à discerner. Il faut prendre du temps pour prier, être au calme. Nous avons besoin de faire des efforts pour discerner.

On voit ce désir d’honorer Dieu au Psaume 37. 3 à 7 : « Confie-toi en l’Eternel et pratique le bien ; habite le pays, et repais-toi de fidélité, et fais tes délices de l’Eternel : et il te donnera les demandes de ton cœur. Remets ta voie sur l’Eternel, et confie-toi en lui ; et lui, il agira, et il produira ta justice comme la lumière, et ton droit comme le plein midi ».
Dieu produit la foi dans nos vies et elle L’honore.

Si l’on a fait la volonté de Dieu à un moment de notre vie, ce n’est pas une garantie qu’on la fera toujours !

Quand Dieu nous a montré Son chemin, ne faisons pas comme Jonas !

Comment discerner la volonté de Dieu ? Suivant notre état spirituel, par la prière, en lisant Sa Parole, en cherchant Sa communion et en vivant avec le Seigneur.

Le but est de porter du fruit, plus de fruit, beaucoup de fruit pour le Seigneur (Jean 15. 1 à 8).

On peut demander au Seigneur : « Fais-moi faire, je te prie, une heureuse rencontre » (Gen. 24. 12). Avoir une vie de foi : c’est merveilleux de vivre ainsi !

Il faut avoir à cœur de faire la volonté du Seigneur. Tout est une question de cœur dans la vie chrétienne. Les affections pour le Seigneur sont à la base de tout. L’engagement de cœur est donné en Proverbes 4. 23 : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie ».

LE TEMPS

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LE TEMPS

Psaume 90

Vous pouvez remplir votre temps, attacher une œuvre à chacune de vos heures, mais remplir son temps, est-ce remplir sa vie ?

Le temps passe, et notre vie s’envole avec lui, « une vapeur qui paraît et qui disparaît » (Jac. 4. 14), un moment si court qui « s’en va bientôt », comme le rappelle notre Psaume.
Une centaine de personnes, à travers les générations, suffit à nous relier au premier homme, longue époque à nos yeux, mais courte en regard des périodes préhistoriques, des âges géologiques, en remontant au début de la Genèse jusqu’à la création, au « commencement » du temps. Qu’y avait-il alors ? « Au commencement était la Parole » nous dit Jean : aussi loin en arrière que nous puissions penser, la Parole était, avant la création, avant le temps. « Toi, tu demeures… Toi, le Même…l’Eternel… », révélé plus tard à l’homme comme celui qui agit et gouverne le temps, restant toujours le Même, tout en ayant affaire à d’autres.
Et si nos regards se portent vers l’avenir, au-delà du retour du Seigneur, au-delà de Son règne, au-delà du jugement final, nous trouvons à la fin du Temps la même Personne dominant la scène, quand « Dieu sera tout en tous ».
Que sont nos jours en comparaison ? « Ils s’en vont plus vite qu’un coureur…ils passent rapides comme les barques de jonc. » (Job 9. 25-26). C’est pourquoi le psalmiste ajoute : « Enseigne-nous ainsi à compter nos jours, afin que nous en acquérions un cœur sage » (v. 12).
Jeune homme, jeune fille, de quoi les remplis-tu ces jours si courts que Dieu t’a donnés à passer sur la terre ? As-tu trouvé un Guide sûr au chemin de la vie, un but qui la domine et lui donne sa vraie valeur ? « Rassasie-nous, au matin, de Ta bonté ; et nous chanterons de joie, et nous nous réjouirons tous nos jours »(v. 14). « Au matin » de la vie, trouver le Sauveur, Lui donner la première place dans son cœur, quel changement, quelle source de joie pour tous les jours qui suivront ! Au lieu de remplir ces années de la jeunesse des choses du monde, de se laisser envahir par la fièvre des études, du travail, du plaisir, au lieu de tendre tout son être dans la poursuite d’un bonheur jamais atteint, se laisser rassasier par Celui dont la bonté n’est arrêtée ni par ce que nous sommes, ni par ce que nous ne sommes pas !
La première place donnée au Seigneur Jésus au matin de la vie est la base d’une carrière féconde à sa Gloire. Plusieurs ont bien commencé, mais ont mal continué, et souvent mal fini. La vigilance est nécessaire tout du long mais combien une vie orientée dans la bonne direction dès le début pourra mieux se maintenir, par la grâce du Seigneur, dans le vrai chemin, qu’une vie dont les premières années ont été gaspillées dans le monde ou simplement dans l’indifférence.
Paraissant au soir de la vie devant le Pharaon, Jacob, malgré ses cent trente ans, doit confesser : « Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais ». (Gen 47. 9). Ils avaient été longs pourtant, remplis de péripéties diverses, de voyages, de luttes, de richesses acquises et de beaucoup de travail, mais pour Dieu, seules comptaient les années vécues avec Lui : elles étaient en bien petit nombre. Toutes les autres étaient perdues sans retour.
Quatre occupations principales remplissent nos journées : le sommeil, les repas, le travail et le « temps libre ». Tout peut être fait avec Dieu et pour Lui. C’est Lui qui « donne le sommeil à son bien-aimé ». Soit que nous mangions, soit que nous buvions, nous pouvons tout faire à la Gloire de Dieu. Et quant à notre travail, il nous est dit : « Faites tout au nom du Seigneur Jésus ». Que faisons-nous de notre temps libre, souvent si court ? Il doit avant tout nous fournir les forces morales et physiques pour accomplir la tâche journalière et l’œuvre que le Seigneur a pour nous ici-bas.
Le matin nous fait penser à la manne que tout Israélite au désert devait ramasser avant que le soleil se lève. Il est indispensable de nourrir notre âme de la Parole « chaque matin » ; il faut en prendre le temps ; souvent c’est un effort, un grand effort, mais il en vaut la peine ; il y va de notre santé spirituelle. Si nous n’avions que ce moment libre de toute la journée, ne faudrait-il pas le consacrer pour « être à Ses pieds ? » Puis, « le matin, je disposerai ma prière devant Toi, et j’attendrai » (Ps. 5. 3).
A midi, un instant de recueillement et de prière sera la halte bienfaisante au fort de la « chaleur du jour ». Daniel priait trois fois le jour.

Veille à midi, quand les bruits de la terre
Font oublier le céleste séjour.

Le soir, le samedi après-midi (pour quelques-uns) et le dimanche marquent les vraies heures libres dont nous avons à disposer. Combien il importe de le faire avec le Seigneur, pour ne pas négliger le rassemblement, consacrer suffisamment de temps à la famille, s’occuper des autres et du service que le Seigneur peut nous avoir confié, écrire, lire, et savoir aussi à l’occasion…être seul, comme Jésus sur la montagne. Pour celui qui vit avec le Seigneur, la journée ne se terminera pas sans lecture personnelle de la Parole, et la prière, autant que faire se peut. Et si le temps libre doit être employé avant tout à nourrir notre âme, nous ne devons pas négliger notre corps (1 Thess. 5. 23). « L’exercice corporel » n’est pas inutile, mais « utile à peu de chose » (1 Tim. 4. 8) : sachons lui donner une place en conséquence. Nous n’oublierons pas non plus que le dimanche est le jour d’adoration, jour de service, jour de repos.
« Une vie bien nourrie est une vie bien remplie » a dit quelqu’un. Les années passent, et qu’en reste-t-il ? Un jour, notre vie toute entière nous apparaîtra dans la lumière de la présence de Dieu ; nous devrons rendre compte de tout. Comme alors nous comprendrons que tout ce qui n’était pas de Lui et pour Lui, n’était qu’une perte, une perte pour l’éternité !

Enseigne-nous ainsi à compter nos jours,
Afin que nous en acquérions un cœur sage.

G.A.
D’après Feuille aux jeunes n°22

COMMENT PRIONS-NOUS ?

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Comment prions-nous ?

La Parole de Dieu contient de nombreuses exhortations à la prière, que nous connaissons bien. Les écoutons-nous ? Les mettons-nous en pratique ? Et si nous le faisons, d’où vient que nous en retirions si peu de profit ? Car nous aurons tous fait, je pense, la pénible expérience que souvent après avoir prié, nous nous sommes relevés, le cœur sans joie, dans les mêmes dispositions qu’auparavant. S’il en est ainsi, c’est que nous n’avons pas su prier. Nous l’avons fait peut-être par habitude, rapidement, machinalement, sans réaliser la présence de Dieu.
Comment remédier à cet état de choses si nuisible à nos progrès spirituels ? Il nous faut pour cela connaître les conditions de la prière chrétienne. Je n’en indiquerai ici que trois, qui me paraissent les plus importantes. La première consiste à nous rendre bien compte à qui nous nous adressons. Dans les pays monarchiques, quand un sujet a l’honneur de parler à son roi, il le fait avec respect, pesant chacun de ses mots, n’oubliant pas un instant devant qui il se trouve. A plus forte raison quand nous prions, rappelons-nous que Celui à qui nous avons l’immense privilège de nous adresser est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qu’il est Celui qui a créé cet univers immense où la terre qui nous paraît si grande, n’est qu’un grain de poussière. Rappelons-nous aussi qu’Il est celui devant qui les séraphins s’écrient : « Saint, saint, saint, est l’Eternel des armées ! » (Esaïe 6. 3). En un mot, rappelons-nous et sa grandeur et sa sainteté, et il nous sera alors impossible d’être distraits ou légers dans une telle présence.
La seconde condition, c’est de savoir nous juger nous-mêmes. Le grand obstacle qui nous prive de la communion avec le Seigneur, c’est la chair, c’est le vieil homme qui est en nous. Or, sans cette communion profondément réalisée, il n’y a pas de prières dignes de ce nom. Commençons donc par Lui confesser tout ce qui momentanément nous sépare de Lui : telle convoitise qui nous aura effleurés et souillés, telle pensée d’orgueil, tel mouvement d’égoïsme ou de colère, même les manquements qui peuvent nous paraître sans grande importance. Confessons-Lui tout cela. Portons sur nous-mêmes un jugement sévère, dans une sincère humilité, profondément pénétrés de notre misère naturelle et de notre néant devant Lui, qui est si grand et si saint. Et alors la communion pourra s’établir entre notre âme et Lui. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean1. 9). En effet, ce Dieu puissant et saint, nous le connaissons aussi comme le Père, un Père plein d’amour et de miséricorde.
La troisième condition consiste à accompagner la prière de la lecture d’un passage des Écritures. C’est dans les Écritures que Dieu se révèle à nous. Lisons-les donc au moment de prier, pour nous pénétrer de son Esprit et pour être à même de connaître sa volonté. Bien des chrétiens prient mal, parce qu’ils prient dans des dispositions purement humaines, ou bien ils le font, comme certains mystiques, dans une sorte d’exaltation qu’ils prennent pour une influence divine. De pareilles prières ne sont pas selon Dieu. « Car nous ne savons pas ce qu’il faut demander comme il convient ; mais l’Esprit Lui-même intercède par des soupirs inexprimables » (Rom 8. 26). Si nous nous laissons guider par l’Esprit et par la lecture de la Parole de Dieu nous apprenons à connaître ses pensées, nous saurons prier comme Lui le veut, et nous ne Lui demanderons alors que ce qu’Il peut nous donner, étant dépouillés de notre volonté propre et entièrement soumis à Sa sainte volonté. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et il vous sera fait » (Jean 15. 7).
Si ces trois conditions essentielles se réalisent chaque fois que nous nous adressons à Dieu, nos prières seront efficaces, notre vie sera illuminée de joie et de certitudes, et notre témoignage pourra être en bénédiction à ceux qui nous entourent. Car il est impossible de jouir vraiment de la communion avec le Seigneur sans qu’elle n’ait quelque effet sur notre marche quotidienne. « Ils les reconnaissaient pour avoir été avec Jésus » (Actes 4. 13), disait-on de Pierre et de Jean. Ne désirons-nous pas qu’on puisse le dire aussi de chacun de nous ?

D’après Feuille aux jeunes n°27
Ch. F

BÂTIR SA MAISON

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Bâtir sa maison

« Prépare ton ouvrage au dehors, et mets en état ton champ, et après, bâtis ta maison »
Prov. 24. 27
« …dans le Seigneur »
1 Cor. 7. 39

Dieu veut le bonheur de Ses créatures, et si nous croyions vraiment cela, combien notre vie en serait plus bénie ! « Le passereau même a trouvé une maison, et l’hirondelle un nid pour elle où elle a mis ses petits… », nous dit le Psaume 84. N’est-ce pas là le désir de tout homme aussi, de tout jeune croyant et croyante, désir selon Dieu, qu’Il approuve parce qu’il est selon Sa pensée. Alors pourquoi ne pas se confier en Lui pour en amener la réalisation ?
« La Parole de Dieu nous présente des principes », aimait à répéter un cher serviteur du Seigneur. Elle nous indique la route à suivre, mais ne fixe pas de commandements ou de lois strictes devant le chrétien. Chaque pas du croyant doit être l’objet d’un exercice personnel avec le Seigneur, et comme le disait un jour, dans son langage simple, une chrétienne très âgée qui avait beaucoup vu, beaucoup vécu, beaucoup souffert : « Il y a pour chacun un chemin extra ». Le moraliste voudrait mouler toutes les vies sur un schéma idéal ; la Parole de Dieu est vivante et Son Esprit l’applique à chaque cas particulier selon la divine connaissance qu’Il en possède. « La grâce… enseigne » (Tite 2).
Mais est-ce que cela veut dire que nous pouvons négliger sans qu’il en résulte des dégâts et sans chutes, les principes que Dieu place devant nous dans cette Parole, prétextant qu’elle ne tient pas compte de nos circonstances personnelles ? Sans doute, « chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu » (Rom. 14. 12), mais la lumière du jour du Tribunal de Dieu ne sera pas différente de celle que la Parole de Dieu met aujourd’hui dans nos vies.
Pourquoi Dieu dit-Il : « Mets en état ton champ, et après, bâtis ta maison » ? Tout jeune homme qui désire fonder un foyer, sauf le cas de l’appel spécial d’un ouvrier du Seigneur, devrait être à même de pourvoir, si modestement soit-il, à l’entretien de la famille qu’il va former. Il faut que « le champ » soit mis en état de rapport, avant de songer à construire « la maison ». Cette préparation de « l’ouvrage au dehors » est plus ou moins longue suivant les professions, l’apprentissage ou les études suivies. Dans certaines branches d’activité, dès le début « le champ » permettra d’entretenir le foyer ; dans d’autres il faudra plus longtemps ; mais quoi qu’il en soit la Parole pose le principe : d’abord «le champ», ensuite «la maison». C’est normalement quand le champ, si petit soit-il, est à même de rapporter, que l’on peut songer à la fondation de la famille et, sous le regard de Dieu, se lier en conséquence.
Pourquoi bien des jeunes s’engagent-ils souvent des années avant le moment où le foyer pourra raisonnablement être fondé ? Sans doute « le chemin de l’homme vers la jeune fille » est-il une de ces choses « merveilleuses… que je ne puis connaître » (Prov. 30. 19), et là tout particulièrement « chacun a son chemin » ! Mais la Parole nous dit : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde… », et il importe infiniment de ne pas laisser parler son cœur avant que le moment de Dieu ne soit venu. Le Seigneur ne guidera pas notre choix avant Son heure. Mais en attendant, il est doux de Lui parler dans le secret de toute chose, s’en remettant à Ses soins pour qu’au moment choisi par Lui, Il incline notre cœur vers celle que Lui connaît déjà. Alors pourquoi ces engagements avant le temps ? Trop souvent parce que l’on manque de foi. On veut se réserver d’emblée celle qui paraît devoir être la compagne future. Et pourtant, si c’est vraiment celle qui nous est destinée, Dieu n’aurait-Il pas le pouvoir de la garder pour nous, de la former dans le secret comme Il nous formera nous-mêmes, en attendant que le jour vienne où Il dise : « Maintenant bâtis la maison » ? C’est un chemin de foi, un chemin difficile, impossible à l’homme naturel, mais certainement un chemin béni, parce que celui de Dieu. C’est aussi le chemin de la vraie joie : ceux qui ont agi autrement ont souvent dû verser bien des larmes, et ce qui est plus douloureux encore, en ont aussi fait verser beaucoup.
Il est vrai que la vie du jeune homme est semée de dangers, et que humainement parlant, il y a une certaine sauvegarde à être déjà engagé dans son cœur. Pourtant la Parole nous dit : « Vous êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi » (1 Pierre 1) ; et c’est là le point essentiel : voulons-nous vraiment marcher par la foi ? voulons-nous vraiment recevoir du Seigneur la compagne de notre vie ? S’il y a la foi, Dieu nous gardera de chutes et de pièges ; Sa puissance est là, Sa grâce aussi, infiniment au-dessus de nos pensées.
Mais ce n’est pas seulement lors de cette décision solennelle que la foi doit être en exercice. Le jeune croyant qui ne marche pas par la foi dès son entrée dans la vie chrétienne, n’apprendra pas subitement à le faire au moment du mariage. L’écolier, l’étudiant, par exemple, qui travaillent pour l’école le dimanche manquent de foi ; ils en feraient preuve en comptant que, s’ils réservent le jour du Seigneur pour Lui, Dieu pourra faire en sorte qu’ils n’en subissent aucune perte dans la vraie valeur de leurs études… même en temps d’examens ! Mais si la foi manque dans les petites choses, elle manquera aussi dans les grandes.
« A qui elle veut », dit la Parole (1 Cor. 7. 39), seulement… «dans le Seigneur» : voilà l’obéissance ! « Dans le Seigneur », c’est avec une âme qui Le connaisse et marche dans Son chemin ; « dans le Seigneur », c’est en ayant à cœur de consulter ses parents avant d’engager son cœur, surtout quand on a le privilège d’avoir des parents croyants ; « dans le Seigneur », c’est en suivant le chemin de la foi, éclairé par la Parole et en ayant affaire à notre Père pour chaque démarche dès le tout premier début ; « dans le Seigneur », c’est encore beaucoup d’autres choses qu’Il enseigne à mesure à ceux qui désirent Le suivre. « Le plaisir de l’Eternel est en ceux qui Le craignent, en ceux qui s’attendent à Sa bonté » (Ps. 147. 11).
Et si nous, plus âgés, avons conscience de n’avoir pas toujours marché dans Son chemin, d’avoir trop souvent manqué de foi, et d’en porter peut-être les conséquences douloureuses, humilions-nous devant Lui et comptons sur Sa grâce, Sa grâce infinie qui répond à tout ce que nous sommes et à tout ce que nous ne sommes pas. Elle restaurera nos âmes, en attendant que, la saisissant pleinement, nous adorions là-haut « après les chemins si divers de la terre ».

D’après Feuille aux Jeunes n°47

GRAND-MÈRE SUZANNE

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Grand-Mère Suzanne

Quand viendras-tu, printemps ? disaient les oiselets, les oiselets transis.
La terre froide était de neige et de glace.
Quand viendras-tu, printemps ? chantaient les oiselets, transis et affamés.
La terre froide n’avait plus rien à leur offrir.
C’était dans le canton de Vaud. Et dans ce pays, il y a la montagne du Suchet. Et sur cette montagne il y a un home d’enfants. Et autour de ce home, des biches aux yeux humides, allaient deçà delà en quête de quelque morceau de pain. Il y a aussi une fontaine et, sous l’auvent de cette fontaine, le garde-chasse avait placé une botte de foin.
-Qu’elles sont jolies ! disaient les enfants joyeux.
-Qu’elles sont gracieuses, ces biches ! disaient-ils en les contemplant.
Mais la neige, par terre, ensevelissait tout. Et la neige, d’en haut, tombant toujours, cachait l’horizon.
-Je n’y vois goutte ! disait la directrice dans son bureau.
La neige qui faisait un linceul à la terre, la neige qui blanchissait le ciel et l’horizon, maintenant faisait un rideau aux fenêtres. C’était la marée haute et blanche qui montait autour des arbres, contre les murs, jusqu’aux balcons. Les enfants n’avaient qu’à enjamber la balustrade et ils entraient au premier étage. Le toit ployait sous le poids de la neige amassée.
En vain, l’on cherchait des yeux la route qui menait au village. Où était-elle, la longue route ? La route qui serpentait à travers bois, qui longeait les pâturages et la clairière ? Tout était englouti dans la terrible et douce marée de l’hiver.
Le jour, la nuit, le gardien était au travail. Ce n’était pas une petite affaire. Il fallait dégager le toit, il fallait ouvrir la route, il fallait se frayer des passages. Bien sûr, on faisait appel à la mécanique. Le chasse-neige arrivait, puissant et opiniâtre. Il passait, repassait, des dizaines, des centaines de fois. Alors la neige s’élevait à gauche et à droite, puis elle faisait des murs, enfin des murailles.
Au début de la saison, il n’y avait pas de murailles, pas encore de murs. Mais le gardien, sur le verglas, prenait des risques.
– Que ferait-on sans lui ? disait-on. Qui s’en irait chercher la subsistance, qui apporterait le courrier ?
– Que ferait-on sans lui ? disait-on, lorsqu’il fallait aller chercher le médecin.
Tout le monde aimait le gardien. Le gardien, lui, aimait les bêtes. Il aimait les chiens, il aimait les poules. Mais il aimait plus particulièrement son chien et ses poules. Le chien suivait le gardien, les poules suivaient sa femme, car elle s’en occupait. Le fond du garage était devenu le refuge de la volaille devant l’offensive de la neige. Mais la porte fermait mal et le vent d’hiver y venait siffler. Le vent soufflait sur la montagne de poudre blanche.
Qu’y avait-il de l’autre côté de la montagne ? Sur l’autre versant, que pouvait-on encore découvrir ? Les oiseaux le savaient bien.
Il y avait deux forêts. Deux forêts immenses, à perte de vue, colonnes noires et voûtes blanches. L’une venait de France et l’autre d’Helvétie. Au lieu du rendez-vous, elles formaient un angle où brillait le soleil. Tout au bas d’une pente, il y avait une fontaine. Une fontaine et une vieille chaumière aussi vieille que la vieille qui l’habitait.

C’était là qu’on pouvait voir amassant les provisions d’hiver, empilant contre la façade le bois du bûcheron, faisant fumer des saucissons dans sa large cheminée, vaquant aux occupations ménagères dans une odeur de fine farine, c’était là qu’on pouvait voir la vieille qui chantait. C’était grand-mère Suzanne.
II y a longtemps, elle était la belle Suzanne, la gentille Suzanne que son mari avait connue.
Mais le temps passait, par mois et par années.
Pour les amis de son fils, elle était devenue la mère Suzanne.
Mais le temps s’envole. Il vole la jeunesse et laisse quelques rides. Son mari était mort, son fils était parti pour d’autres pays.
Et maintenant, dans sa chaumière, cette vieille qui chantait, c’était grand-mère Suzanne.
Les jours se succédaient, jours de pluie et jours de soleil. Dans sa solitude, pour qu’elle pèse moins lourd, elle ne comptait que les jours de soleil.
A toute heure, les passants pouvaient entendre, au rendez-vous des grandes forêts, monter la voix de la vieille grand-mère :

«A la fin de mon voyage,
Oui, je verrai mon Sauveur.
Quel bonheur, oui quel bonheur…»

Mais cette année-là, cette année de vent, de neige et de glace, cette année dont nous parlons, les provisions de grand-mère Suzanne commençaient à s’épuiser. Cette année-là, les provisions passaient plus vite que l’hiver.
Un beau matin, elle se réveilla comme d’habitude.
-Drôle de matin ! pensa-t-elle.
Il faisait noir dans le silence, il faisait nuit comme à minuit.
-Drôle de matin ! se dit-elle.
Alors elle referma ses yeux. Mais derrière ses paupières, il n’y avait plus ni rêve ni sommeil.
-Quelle nuit, quelle nuit interminable…
Grand-mère se leva. Elle alla au commutateur. Pas d’électricité. A tâtons elle chercha son bougeoir. La flamme vacillante fit danser les ombres.
-Onze heures ! vit-elle au cadran. Comment est-ce possible ? Suis-je si paresseuse ?
Elle ouvrit une fenêtre. Les volets résistèrent. Impossible de pousser ces volets. Elle tira la porte. Pas une lueur de jour, pas un rayon de soleil, pas un morceau de ciel. De la neige, de la neige, rien que de la neige. Un mur blanc et glacé bien plus haut que la porte. Elle monta au grenier. La neige y était déjà. La grande marée blanche avait englouti grand-mère.
Pourtant, de là-haut, descendait encore un filet de lumière.
-Dieu est bien bon, murmura-t-elle. Merci Seigneur de m’avoir laissé l’air et la lumière.
Comme d’habitude elle prépara son feu, son café et sa galette de pommes de terre. Des saucissons, il ne restait que les ficelles. La bougie brûlait toujours et la cire fondait vite sous la frêle flamme. A sa lueur, grand-mère Suzanne se mit à rassembler tout ce qui restait à manger, tout ce qui restait à brûler.
Avait-elle imaginé devoir vivre un jour sans son tas de bois et sans l’eau chantante de la fontaine ?
Elle prit sa hache et sacrifia d’abord de vieilles planches qu’elle trouva au grenier. Les jours passaient. Rien ne changeait. Devant, derrière, dessus, partout la lourde neige maintenait son étreinte de glace.
Pour ne pas mourir de froid, grand-mère devait mener la lutte. Son arme était le feu. Le feu qui éclaire et qui chauffe.
Après les vieilles planches du grenier, ce furent les planches du plancher qui passèrent sous la hache. Puis la table fut sacrifiée à son tour. L’escabeau, lui aussi, allait être livré aux flammes. Et puis, enfin, ce serait le lit, le métier à tisser. Le feu dévorerait son beau métier à tisser…
Il ne lui restait que trois bougies et un verre d’huile.
Alors, devant son fourneau, à genoux, grand-mère Suzanne se met à prier. Elle pria comme peu souvent elle l’avait fait. Elle demanda au Seigneur de lui pardonner ses fautes. Elle pria pour son fils. Elle remercia Dieu de toutes ses grâces. Enfin elle parla d’elle-même et de son triste sort.
A ce moment, elle entendit un bruit. C’était dans la cheminée. Un bruit de chute.
Une poule, une poule noire égorgée tomba à ses pieds. Miracle !
Grand-mère, tout émue, continua sa prière interrompue :
-Merci, merci Seigneur de me répondre comme autrefois à Élie avec les corbeaux !
Et puis les jours s’écoulèrent, comme avant, sous la grande banquise de poudre. Avec le temps qui passait, les problèmes augmentaient.
-Que vais-je manger ? se disait grand-mère un peu inquiète.
Alors, elle retourna au fourneau. Comme la semaine précédente, à genoux, elle pria son Seigneur.
Tandis qu’elle priait, le toit craqua. Elle tendit l’oreille. Ce n’était pas un rêve, il y avait des craquements sur le toit. Et dans la cheminée, un bruit bizarre. C’était un bruit de chute, comme la première fois.
Et voilà une poule, une poule rousse égorgée, qui de nouveau tombe à ses pieds.
-Merci, Seigneur ! dit elle encore.
Déjà, elle se réjouissait de mettre sa poule au pot.
Mais le bruit, les craquements sur le toit, tout cela l’intriguait. Elle grimpa au grenier. La lucarne, un peu dégagée, laissait pénétrer quelques rayons de soleil.
Le vent soufflait.
-C’est la neige qui glisse, se dit-elle.
Alors elle eut une idée. Elle alla chercher quelques plumes et les jeta au vent. Le vent allait les emporter, les disperser.
-Peut-être attireront-elles l’attention de quelques skieurs, espérait-elle.
Puis elle redescendit dans l’ombre de sa chaumière engloutie.
Dehors, la grande marée blanche restait haute et, à perte de vue, scintillait le soleil.

C’était au petit jour. Julien, le gardien du home d’enfants, rentrait. Il était harassé. La neige montait si haut qu’il ne pouvait plus passer. Le chasse-neige lui-même avait été vaincu. Un peu plus loin, une voiture abandonnée était déjà ensevelie. Les congères devenaient des dunes polaires.
Heureusement, un lien restait avec le monde épargné : le téléphone. Il fonctionnait encore. Le gardien appela donc un poste frontière. Une voix, de loin, lui parvenait :
-Nous venons ! Nous arrivons avec la fraiseuse et une vingtaine d’hommes !
L’armée arrivait ! Tout content, le gardien gagna son lit. Épuisé, il plongea dans son sommeil.
-Pas de pain aujourd’hui, mes enfants ! dit la directrice. Du porridge et des pommes, c’est tout.
Tout le monde applaudit, criant et sautant de joie. La neige et le soleil, c’était le temps des jeux, le beau temps des sports.
Le gardien dormait encore. Sa femme passa. Elle allait nourrir ses poules. Comme elles n’étaient que quatre, le compte était vite fait. Une, deux. Deux poules blanches. Et les autres ?
-Julien ! Appela-t-elle. Julien ! Après la noire, voilà que la rousse aussi a disparu ! Il n’y a plus que deux poules !
Le gardien n’hésita pas longtemps. Il chaussa ses raquettes et siffla son chien.
La montagne était blanche. Rien n’interrompait cette immense étendue de poudre brillant de millions de cristaux. Julien marchait à pas lents et lourds. La neige crissait sous ses raquettes qui imprimaient le souvenir de leur passage. Rien n’apparaissait plus de ce que l’on connaissait. C’est la douce mort, le grand oubli de l’hiver qui annonce la résurrection du printemps.
Tout à coup, Julien s’arrêta. Devant lui, sur la neige vierge, des plumes noires et rousses tremblaient au vent. Il les suivit. Elles le menèrent à un petit tas de plumes semblables.
-Qu’est ce que ce panache de fumée, dit-il, qui s’élève de la neige ?
Le chien courait devant. Ils arrivèrent tous deux devant un trou. Julien se pencha. Une voix lui parvenait, un chant qui montait de l’obscurité :

A la fin de mon voyage,
Oui, je verrai mon Sauveur
Dans la cité de Dieu…

Il appela.
– Sauvez-moi ! entendit-il. C’est moi grand-mère Suzanne ! Délivrez-moi !
-Ne perdez pas courage ! cria-t-il. Je vais chercher du secours.
A grands coups de raquettes, Julien reprit le chemin. Il marchait aussi vite qu’il le pouvait. Mais le chemin avait été long et le chemin du retour n’était pas plus court.
Enfin, il aperçut la fraiseuse. Les secours étaient arrivés. A la cuisine, les soldats se restauraient en se réchauffant.
Julien les salua. Puis calmement, il annonça :
-Sur l’autre versant, il y a eu une avalanche. Grand-mère Suzanne est ensevelie depuis plus de quinze jours.
A l’instant même, tous les soldats se levèrent.
– Allons-y ! Allons sauver grand-mère !
Ils partirent.
Il y avait les soldats, il y avait Julien, il y avait le chien. Ils avançaient avec peine. Julien à coup de raquettes, les soldats à coup de pelles. Quelqu’un tirait une luge, sur la luge, des couvertures. Le soleil baissait à l’horizon. Le soleil rouge, lentement, plongeait vers cette mer blanche. Ils avançaient toujours. Bientôt, ils aperçurent le trou noir. En bas, grand-mère chantait.
Julien se laissa glisser par la lucarne. Les soldats faisaient cercle autour du trou obscur. Le chien agitait la queue.
Enfin, la tête de Julien surgit. Il se hissa et derrière lui, aidée par tous, grand-mère Suzanne apparut, tout éblouie.
Le home lui avait préparé un accueil triomphal. Les enfants se pressaient autour d’elle pour mieux entendre. Elle racontait comment la neige l’avait engloutie, comment elle avait subsisté avec son feu et ses rares provisions qui s’épuisaient, comment Dieu lui avait envoyé un renard pour la nourrir.
Elle n’avait pas assez de mots pour remercier le bon Julien, et les braves soldats.
Elle conclut :
-La Bible ne dit-elle pas : vous valez mieux que les passereaux, et pourtant Dieu les nourrit…
Les enfants ne voulaient plus la laisser partir.
-Restez, grand-mère, disaient les uns. Vous nous raconterez des histoires et vous recoudrez nos boutons !
-Restez, grand-mère, disaient les autres. Vous chanterez pour nous et vous recoudrez les poches de nos tabliers !
Et grand-mère Suzanne resta.
Deux semaines plus tard, les garçons partirent avec Julien pour dégager la chaumière.
-Ne vous hâtez pas ! Ne vous hâtez pas ! disaient les fillettes. Grand-mère sait d’autres histoires. Nous voulons la garder longtemps….

D’après Collection Boule de neige
Faits authentiques rédigés par R. Jallard