
« Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » Proverbes 4. 18.
Dans le Sud-Ouest de la France, une ancienne voie de chemin de fer qui reliait les gares de Puyoo à Saint-Palais sur une distance d’environ 29 kilomètres, a été transformée en « voie verte » sur la section reliant Puyoo à Salies-de-Béarn. Elle est utilisée maintenant pour la promenade des cyclistes et piétons sur près de 8 kilomètres. À un moment, cette voie emprunte un tunnel de presque 850 mètres de long. À pied, il faut environ 10 minutes pour en effectuer la traversée.
Entrée dans l’obscurité
Lorsqu’on arrive devant la voûte d’entrée et qu’on pénètre à l’intérieur du tunnel, on se trouve dans l’obscurité. On franchit la voûte de 6 mètres de haut et on commence à avancer dans le tunnel. On s’enfonce dans le noir, dans l’inconnu… On hésite à poursuivre car on ne voit rien, mais il n’y a pas d’autre chemin, alors il faut avancer… On se rend compte combien la lumière est précieuse pour voir où on va – comme aussi dans la vie chrétienne. On peut se demander, comme Job autrefois : « Par quel chemin se distribue la lumière ? » (Job 38. 24) Et on se rappelle alors avec reconnaissance que ce chemin, c’est Jésus Lui-même – « le chemin, et la vérité, et la vie » (Jean 14. 6) – et que, par la foi en Lui, nous sommes venus au Père qui « nous a rendus capables d’avoir part au lot des saints dans la lumière » (Col. 1. 12).
Après quelques pas dans l’obscurité, le sombre tunnel s’illumine soudain sur une centaine de mètres. On peut avancer ainsi jusqu’au tronçon suivant qui s’allume à son tour au moment où nous y parvenons. Le chemin que nous parcourons s’éclaire et se dévoile ainsi petit à petit. De la même manière, le Seigneur nous ouvre le chemin jour après jour et nous comprenons que le lendemain ne nous appartient pas ; Il le préparera pour nous. Nous n’avons pas besoin d’être en souci pour le jour qui vient (voir Mat. 6. 34).
Vers le but
Après avoir marché pendant une minute ou deux, on s’arrête pour regarder en arrière : une partie du chemin est encore éclairée, celle que nous venons de franchir. Dans notre marche chrétienne, si nous considérons le chemin parcouru depuis que nous sommes venus au Sauveur, nous nous souvenons de nos manquements, de nos faux pas… mais aussi de la miséricorde divine, du support et du soutien de notre Seigneur, qui nous a accompagnés et secourus à chaque pas, malgré nos faiblesses.
On avance encore un peu, et on s’aperçoit alors que la lumière s’est éteinte derrière nous, un moment après que nous soyons passé… on entrevoit encore la lumière du jour, à l’entrée du tunnel, au loin, mais le chemin parcouru a disparu dans l’obscurité. Ce que nous avons laissé derrière nous n’est plus visible et, pour ainsi dire, effacé. Cela ne nous fait-il pas penser aux paroles de l’apôtre Paul : « Je fais une [seule] chose : oubliant ce qui est derrière et tendant avec effort vers ce qui est devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3. 14). Avons-nous, comme l’apôtre, un (seul) objectif, une (seule) pensée : atteindre le but, qui est Christ dans la gloire du ciel ?
« Je cours droit au but », dit l’apôtre avec l’énergie que donne une sûre espérance. Dans le tunnel, tout est sombre autour de nous et seul le faible éclairage nous indique le chemin, qui s’illumine au fur et à mesure que nous avançons. Alors, il nous faut aller de l’avant, oubliant ce qui est derrière nous et nous tournant résolument vers ce qui est devant. Nous pouvons nous souvenir que nous étions « autrefois ténèbres », lorsque nous vivions et marchions dans le péché ; mais maintenant, nous sommes « lumière dans le Seigneur » et nous marchons « comme des enfants de lumière… éprouvant ce qui est agréable au Seigneur » (Éph. 5. 8 à 10).
Le croyant suit Celui qui est la lumière (Jean 8. 12) et qui lui fraye le chemin dans l’obscurité morale de ce monde. Il met ses pieds dans l’empreinte de ses pas, la Parole de Dieu illumine son chemin : lumière à mon pied, elle éclaire ma marche ; lampe à mon sentier, elle me montre le chemin (Ps. 119. 105). C’est ainsi que notre marche sur la terre pourra être « digne du Seigneur afin de lui plaire à tous égards » (Col. 1. 10).
Marcher par la foi vers le but
Le tunnel décrit une longue courbe, ce qui fait que, pendant un temps, on ne voit plus l’entrée et on ne voit pas encore la sortie. On est comme immergé dans le tunnel. Il n’y a plus que la lumière fragile des néons pour nous montrer le chemin, et l’assurance que nous allons revoir la lumière du jour dans quelques instants. Dans la vie du croyant, il y a ainsi des moments où l’on a l’impression de ne pas savoir où l’on est et où on va. On se trouve dans une situation difficile, un temps d’épreuve, et nous pensons peut-être : « Qui nous fera voir du bien ? » Mais le croyant demande alors : « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! » (Ps. 4. 7). Nous savons qu’il y aura une issue (voir 1 Cor. 10. 13) ; Dieu l’a déjà prévue pour nous, mais elle nous est cachée. Alors nous comprenons que le croyant ne marche pas par la vue, mais par la foi. Ce qui est devant lui, il n’en a pas la connaissance, mais il sait que Dieu a préparé son chemin, que « tout travaille pour le bien de ceux qui aiment Dieu ».
Ami croyant, vous traversez peut-être un sombre tunnel dans votre vie ; prenez courage : le Seigneur Jésus est avec vous (Mat. 28. 20). Il marche devant les siens, se tient à leur côté et Il est leur arrière-garde. Quelle assurance de pouvoir s’appuyer sur sa promesse : « Ne crains pas, car je suis avec toi ; ne sois pas inquiet, car moi je suis ton Dieu. Je te fortifierai, oui, je t’aiderai ; oui, je te soutiendrai par ma main droite, la main de ma justice… Car moi, l’Éternel, ton Dieu, je tiens ta main droite, [moi] qui te dis : Ne crains pas, moi je t’aiderai » (És. 41. 10, 13) ! Alors, sentant sa main puissante qui nous affermit, nous pouvons dire comme le psalmiste autrefois : « Je suis toujours avec toi : tu m’as tenu par la main droite » (Ps. 73. 23) ; « ta main droite me soutient » (Ps. 63. 9).
Même si nous ne voyons pas la sortie du tunnel, toutefois nous savons qu’elle se rapproche alors que nous avançons. Nous avons l’assurance que le moment va arriver où nous allons à nouveau apercevoir la lumière qui nous indiquera que le but est près d’être atteint. Le chemin du croyant n’est-il pas semblable à cela ? Il demande foi et patience, et dans le cœur l’espérance certaine que nous allons bientôt arriver à destination. L’apôtre aura ces belles paroles : « Or une espérance qu’on voit n’est pas une espérance : ce que quelqu’un voit, pourquoi aussi l’espère-t-il ? Mais si ce que nous ne voyons pas, nous l’espérons, nous l’attendons avec patience » (Rom. 8. 24 et 25). Notre « patience d’espérance » va bientôt être récompensée : le Seigneur vient, selon qu’Il l’a promis (Apoc. 22. 20).
Regarder en haut
Dans notre traversée du tunnel, si on lève les yeux, on ne voit que la voûte sombre ; le ciel nous est caché. On sait qu’il est au-dessus de nous, mais on ne le voit pas. Parfois, dans des moments difficiles de la vie, nous ne voyons plus le ciel où se trouve le Seigneur Jésus, notre aide et notre secours. Nous ne voyons pas au-delà et au-dessus de nos circonstances. Nous nous demandons peut-être alors : « J’élève mes yeux… d’où viendra mon secours ? » Mais la foi sait répondre à cette question, et elle répond elle-même : « Mon secours vient d’auprès de l’Éternel » (Ps. 121. 1). « Ayez foi en Dieu », nous dit le Seigneur Jésus (Marc 11. 22). Demandons-Lui qu’Il ouvre nos yeux et, comme le serviteur du prophète, nous verrons alors autour de nous les armées de l’Éternel qui nous protègent et nous secourent (voir 2 Rois 6. 17).
Dans le tunnel, le sol n’est pas très régulier, et l’eau qui coule de la voûte et des murs produit des flaques qu’on ne discerne pas. Il faut donc être attentif pour ne pas risquer de trébucher ou de marcher dans l’eau. Dans notre cheminement sur la terre, il peut y avoir bien des embûches que nous tend l’ennemi de nos âmes. Il cherche à nous faire trébucher et tomber (Jean 11. 10). Les occasions de chute et les pièges sont nombreux dans la vie du croyant. Comment en être gardés ? La Parole de Dieu est notre guide et notre soutien pour une marche sûre dans un monde ennemi « Soutiens-moi selon ta parole, et je vivrai » (Ps. 119. 116). Notre Dieu Lui-même, qui nous a délivrés de la mort éternelle – et il nous délivrera encore (1 Cor. 1. 10) – est Celui qui nous gardera dans sa lumière, afin que nous ne trébuchions pas dans les ténèbres. David pouvait écrire : « Éternel ! enseigne-moi ton chemin et conduis-moi dans [le] sentier aplani, à cause de mes ennemis » (Ps. 27. 11) ; « Car tu as délivré mon âme de la mort : [ne garderais-tu] pas mes pieds de trébucher, afin que je marche devant Dieu dans la lumière des vivants ? » (Ps. 56. 14). Sachons nous appuyer sur le bras puissant de Celui qui nous aime, afin de marcher d’un pas ferme et sûr – comme la bien-aimée du Cantique des cantiques, montant du désert « s’appuyant sur son bien-aimé (Cant. 8. 5).
Pas d’échappatoire
Dans le tunnel, on ne peut s’écarter ni à droite, ni à gauche car on est entre deux murs. Il y a un chemin tracé et il n’est pas possible de prendre à droite ou à gauche. N’en est-il pas ainsi du chemin que le Seigneur Jésus a tracé pour nous sur la terre ? Un chemin étroit, mais qui conduit directement vers Lui. Dans le livre des Proverbes, le père avertit son fils : « N’incline ni à droite ni à gauche ; éloigne ton pied du mal » (Prov. 4. 27 ; voir aussi Deut. 5. 32 et 33). Le chemin dans lequel le Seigneur invite chacun de nous à le suivre (Jean 21. 19 et 23) est peut-être difficile – combien le sien l’a été ! – mais c’est celui de la bénédiction : « Heureux l’homme dont la force est en toi, [et ceux qui ont] dans leur cœur des chemins tout tracés » (Ps. 84. 6). C’est le chemin opposé à celui de la propre volonté, mais c’est le seul chemin dans lequel le croyant sera béni et heureux en Christ.
Il faut avancer droit devant soi, pas à pas, jusqu’à ce qu’on arrive au bout du tunnel, pour y trouver le plein jour et le prix à gagner, la récompense du vainqueur que Christ Lui-même donnera à ceux qui, comme les témoins de la foi d’autrefois, auront couru « avec patience la course qui est devant eux » (Héb. 12. 1).
Dans des circonstances difficiles de la vie, on souhaiterait pouvoir s’échapper, en sortir – et nous réalisons que ce n’est pas possible. Mais ne vaut-il pas mieux pour nous traverser un « tunnel » dans notre vie dans la compagnie du Seigneur Jésus, plutôt que faire un grand détour sans Lui ? N’est-ce pas au plus profond de l’épreuve, s’il nous faut peut-être même marcher « par la vallée de l’ombre de la mort », que l’on ressent d’une manière toute particulière ce que David avait expérimenté avec son divin Berger : « Je ne craindrai aucun mal ; car tu es avec moi » (Ps. 23. 4).
Marcher de force en force
Nous ne nous arrêtons pas lorsque nous traversons le tunnel. Les ténèbres n’attirent pas le croyant, il ne s’y sent pas dans son élément. Il réalise qu’il n’a pas de part commune avec elles (voir 2 Cor. 6. 14 – comparer Gen. 1. 4 : « Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres »). Le racheté n’est « pas de la nuit ni des ténèbres », il est un « fils de la lumière et fils du jour » (1 Thess. 5. 5). Il est exhorté à n’avoir « rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres » (Éph. 5. 11) mais plutôt à les rejeter (Rom. 13. 12).
Ainsi, on ne s’attarde pas dans le tunnel, mais on poursuit son chemin vers l’avant, à la lumière qui nous vient d’en haut : « Marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne s’emparent pas de vous ; et celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va » (Jean 12. 35). Pour nous, nous ne faisons que passer dans ce monde, mais nous suivons Celui qui nous a précédés et nous a ouvert le chemin vers « le séjour de la lumière » ; nous avons en Lui « la lumière de la vie » et, en le suivant, nous ne marchons pas dans les ténèbres (Jean 8. 12).
Lorsque nous sommes dans le tunnel, nous réalisons que « ce n’est pas ici un lieu de repos » (Michée 2. 10). Il n’y a pas, ici où là, un banc sur lequel on peut s’asseoir et souffler un moment. On ne peut pas s’attarder, il faut poursuivre son chemin jusqu’au bout. Nous devons imiter Gédéon et ses hommes, « fatigués, mais poursuivant toujours » (Jug. 8. 4). Fortifié par le Seigneur, nous marcherons « de force en force » jusqu’à ce que nous paraissions devant Lui au jour de sa venue (Ps. 84. 5 et 8).
Nous trouvons le courage pour continuer à avancer lorsque nous pensons à ce qui nous attend lorsque nous serons arrivés. Nous savons que bientôt l’obscurité fera place à la lumière et cela nous remplit de détermination et d’espoir. Lorsque, au bout du chemin, nous verrons sa face, nous serons rassasiés d’une joie éternelle (Ps. 16. 11).
L’espérance de la gloire
Le chemin se poursuit, vers l’issue du tunnel, là où la lumière du jour brille avec éclat. Nous pensons alors à ce que sera le « plein jour », lorsque nous serons enlevés « à la rencontre du Seigneur, en l’air », pour être « toujours avec le Seigneur » (1 Thess. 4. 17). Enfin arrivés, nous serons
Toujours dans la lumière de la Maison du Père !
Toute ombre a disparu devant l’éclat du jour.
Et, bien loin de la terre, notre âme tout entière
Goûtera, près de Lui, le repos de l’amour.
(Hymnes et Cantiques n° 167)
On marche alors dans la pénombre, à la faible lumière des néons placés sur les murs du tunnel, soutenu par la pensée de la venue du Seigneur Jésus pour nous prendre auprès de Lui. Là où Il est, nous y serons aussi, avec Lui, et nous verrons éternellement sa beauté et sa gloire dans la pleine lumière de la gloire de Dieu (voir Jean 17. 24 ; Apoc. 21. 23). Quelle espérance encourageante alors que le monde autour de nous est plongé dans les ténèbres morales du péché !
Confiance en Dieu
On arrive enfin au bout du tunnel… On voit de mieux en mieux la lumière du jour « qui va croissant, jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Prov. 4. 18), et devant laquelle la lumière des néons pâlit. À la sortie du tunnel, la pleine lumière du jour est là ; elle nous paraît plus resplendissante que jamais, après que nous en avons été privé pendant la traversée. La nature autour de nous, nous paraît plus belle qu’avant.
Lorsqu’on a cru en Jésus et en son œuvre rédemptrice, on est moralement « retiré du présent siècle mauvais » (Gal. 1. 4) et on réalise ce qu’est devenu le monde pour le croyant : un système « qui est plongé dans le mal » (1 Jean 5. 19), dans les ténèbres morales du péché et dominé par Satan. S’il n’est plus « du monde », le croyant est toujours « dans le monde » (Jean 17. 14, 16 et 11). Il doit y marcher, il a devant lui la course chrétienne, et c’est un peu comme s’il traversait un sombre tunnel. Mais Dieu, dans sa grâce, fait briller sa lumière sur lui dans l’obscurité du monde, afin de le guider jusqu’à ce qu’il arrive dans « la lumière resplendissante » de sa présence dans le ciel.
Alors qu’il suit son chemin sur la terre, le croyant n’en connaît pas le terme. S’il traverse un sombre « tunnel », il n’en connaît pas la longueur et n’en voit pas la sortie. Mais il se confie en son Dieu et reçoit de Lui la lumière, la direction, les instructions, pour chaque pas de sa marche. Le croyant est quelqu’un de dépendant, d’obéissant et confiant, comme l’a été son divin Modèle sur cette terre – « Christ a souffert pour vous, vous laissant un Modèle, afin que vous suiviez ses traces » (1 Pier. 2. 21).
La lumière de sa face
Veuille le Seigneur nous donner à chacun de le suivre en gardant les yeux fixés sur Lui (Héb. 12. 2), le modèle et le guide, dans un chemin qui sera à l’honneur de notre Dieu, et dans lequel Il marchera avec nous (Luc 24. 15). Quelle assurance, quelles que soient les difficultés du chemin – les « tunnels » à traverser -, de savoir qu’Il est passé dans ce chemin avant nous et qu’Il nous tient par la main sans jamais nous lâcher ! Bientôt, nous verrons la lumière de sa face, qui brillera sur nous dans le bonheur éternel du ciel. Amis croyants, prenons courage, s’il nous faut traverser un « tunnel » dans notre vie, nous avons l’espérance et l’assurance que :
Mais le chemin se termine dans ce pays glorieux
Où luit ta beauté divine, ô Sauveur victorieux.
Là, bonheur incomparable, adorant, glorifiés ;
Nous serons rendus semblables à toi pour l’éternité !
(Hymnes et Cantiques n° 176)
Ph. F. avril 2025