
Ch. 1
En Actes 16. 6 et 7, on voit l’indécision de Paul et de ses compagnons quant au chemin à suivre. Ils ont attendu que le Seigneur leur montre Sa volonté. C’était la bonne attitude à assumer : ne rien forcer contre la volonté de Dieu. Le Seigneur a, alors, envoyé un songe à Paul, durant la nuit, au cours duquel il a vu « un homme macédonien… disant : passe en Macédoine et aide-nous » (v. 9). Les apôtres obéirent aussitôt, et l’évangile atteignit ainsi l’Europe pour la première fois.
En Macédoine, une femme nommée Lydie, attentive à la prédication de Paul, crut à l’évangile, fut baptisée et reçut les apôtres chez elle, ayant compris la valeur de l’hospitalité. On trouve aussi la conversion du geôlier de Philippes, dans ce même chapitre.
Des liens d’amour très forts unirent, dès lors, l’apôtre Paul et les Philippiens auxquels il adressa cette épître, quelque neuf ans plus tard, vers les années soixante et un et soixante-trois, cinq ans avant sa mort.
Si nous désirons servir le Seigneur, Il nous montrera le service qu’Il a préparé pour nous, et le lieu où nous devrons le servir. Mais Il ne nous laissera pas faire selon nos idées personnelles, ni selon nos goûts, ni même à l’endroit où nous le désirerions. Tout doit être placé sous la conduite du Saint Esprit.
Cette épître, non doctrinale comme le sont d’autres épîtres, est l’épître de l’expérience chrétienne, pour nous, en même temps que celle de Paul. C’est l’expérience d’un croyant qui a déjà bien avancé dans la vie chrétienne : un chrétien qui a compris que Christ est « sa vie » (ch. 1. 21) ; « son modèle » (ch. 2. 5) ; « son but », qui est la maison du Père où Christ le conduit, lorsqu’il a rejeté tout ce qui, pour lui, était « un gain » selon la chair (ch. 3. 14) ; enfin, Christ est « sa joie » et « sa puissance » (ch. 4. 4 ; v. 13).
Dépendant de son Maître, Paul, avec Timothée, se déclarent « esclaves de Jésus Christ » (ch. 1. 1), tout à la joie de Le servir. L’esclave, comme l’a fait le Seigneur, se met sous l’autorité de son maître, et non au-dessus, (ch. 2. 6 à 8). Contrairement aux disciples ayant suivi le Seigneur durant sa vie, et étant ainsi nommés « apôtres », Paul a eu la vision de Christ dans la gloire et, de ce fait, a porté de droit le titre d’apôtre, ayant reçu des révélations spéciales, sur l’Assemblée chrétienne et la doctrine du « seul corps de Christ ». Dans l’épître, il s’associe Timothée, les surveillants, et les serviteurs. Étant lui-même prisonnier, il s’appuie sur les surveillants qui veillaient sur l’assemblée de Philippes.
On trouve des surveillants en Actes 20. 17 et 28. Aujourd’hui, nommer des apôtres, ou même des surveillants (comme en Actes 14. 23), est une erreur. Cependant, le Seigneur, et Lui seul, forme des surveillants (anciens), où Il le veut, sans l’intervention humaine, et nous devons les reconnaître à ce qui les caractérise (1 Tim. 3. 1 à 7 ; Tite 1. 5 à 9).
Dès le début de l’épître, Paul s’adresse à tous les croyants dans leur caractère de « saints » (mis à part pour Dieu) (v. 1). 2 Corinthiens 12. 11 et 12, a induit en erreur quelques-uns pour nommer des apôtres, parce qu’ils avaient cru voir « des signes » chez tel ou tel croyant ! « Grâce et paix à vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » dit Paul (v. 2) Le Père et le Fils sont associés pour cela, car nous avons besoin de l’Un et de l’Autre et des deux ensemble (Jean 14. 27), pour la communion. La même salutation se retrouve dans plusieurs épîtres. La « joie » doit aussi se trouver dans nos prières, où nous pouvons présenter des demandes pour des choses heureuses. Paul met toujours en avant ce qui glorifie le Seigneur (sauf aux Galates), ensuite, ce qui ne va pas. Le Seigneur fait de même en Apocalypse 1 à 3.
Homme de prière, Paul supplie Dieu pour tous les croyants (v. 4) – et ailleurs pour toutes les assemblées. Prions pour tous les frères et sœurs. Au v. 3, le souvenir qu’il avait des Philippiens était formé par Dieu, et il rendait grâces avec joie, bien qu’au ch. 3. 18, il parle de certains Philippiens « en pleurant ». Jouissons-nous de la joie que Dieu met dans nos cœurs lorsque nous pensons aux uns ou aux autres ? Avons-nous des pensées de grâce envers eux, sachant que nous avons nos propres faiblesses et que nous sommes des objets de la miséricorde divine ? Ces paroles : « Dieu notre Père » (v. 2) étaient nouvelles pour les Juifs, ainsi que pour les Grecs idolâtres. Pour nous, elles sont pour notre bénédiction et notre joie (Gal. 4. 5 à 7) : Dieu nous a adoptés comme des fils et des filles (2 Cor. 6. 18).
Le v. 5 met en avant la part que les Philippiens prenaient à l’évangile : cette expression rappelle que nous devons prier pour ceux qui annoncent l’évangile, mais aussi participer à la propagation de la bonne nouvelle par des dons aux évangélistes (ch. 4. 18). Dans ce chapitre, l’évangile est présenté sous plusieurs aspects. La part que l’on doit prendre à l’évangile (v. 5), la défense et la confirmation de l’évangile (v. 7 et 16) : la lutte entre les ténèbres et la lumière, l’avancement de l’évangile (v. 12) , pour que la bonne nouvelle coure dans le monde. Là où l’évangile n’entre pas, les ténèbres s’épaississent.
Se conduire « d’une manière digne de l’évangile (v. 27) : notre façon de vivre doit confirmer l’évangile, sans quoi notre prédication serait vaine. La foi de l’évangile (v. 28) : recevoir l’évangile par la foi, mais aussi, confirmer l’évangile par une marche de foi.
L’apôtre s’adressait « à tous les saints » (v. 1), donc à nous, maintenant. Chacun est appelé à faire « l’œuvre d’un évangéliste » (2 Tim. 4. 5), même si nous n’avons pas ce don spécial. Paul, en plus des autres dons, avait aussi celui d’évangéliser, et il écrit : « Malheur à moi si je n’évangélise pas » (1 Cor. 9. 16). Cette épître met en relief la communion de l’évangile, même au prix des souffrances qui s’y rattachent (2 Tim. 1. 8 ; 4. 5). Ne soyons pas découragés par l’absence de progrès : Dieu achèvera Son œuvre en nous, jusqu’au « jour de Jésus Christ » (v. 6). Jamais Dieu n’abandonne Son œuvre d’amour qu’Il a commencée en nous. Il ne cesse d’y travailler malgré les obstacles que notre nature Lui oppose, Il affine notre connaissance de nous-mêmes et Sa connaissance, et approfondit notre compréhension spirituelle de la Parole. Son travail s’achèvera le jour où le Seigneur nous enlèvera au ciel : alors « nous lui serons semblables car nous le verrons comme Il est » (1 Jean 3. 2).
Mais, pour le temps de la terre : « Il nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces » (1 Pier. 2. 21). Le monde Le verra dans Sa gloire, car « Il sera glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thess. 1. 10). Dieu est le divin potier, et nous, nous sommes l’argile qu’Il pétrit pour en faire des vases pour Sa gloire. C’est Lui qui travaille. La conversion est la première étape du travail divin dans une âme ; mais Son travail se poursuit, malgré nos résistances (Ps. 138. 8). Travaillons à enrichir notre salut, mais laissons Dieu opérer en nous, « le vouloir et le faire ».
« Le jour de Jésus Christ » parle de la période comprise entre Sa venue en grâce et Son apparition en gloire. Il est lié aux récompenses pour les croyants, résultat du travail de Dieu, pleinement révélé. Le « jour du Seigneur » comprend le laps de temps compris entre Sa venue en gloire et l’état éternel : ce sont les mille ans de Son règne. Enfin, « le jour de Dieu », c’est l’état éternel, où Dieu sera tout en tous (1 Cor. 15. 28).
Le v. 6 révèle le côté de l’œuvre divine. Le v. 10 nous exhorte à ne pas « broncher » : ne pas faire un faux pas, mais aussi, à laisser le Seigneur parfaire Son œuvre jusqu’à la conformité à Lui-même. Pour comprendre les Écritures et ne pas nous écarter du sain enseignement, nous devons rester fermes dans ce que nous apprenons dans la Parole. Nos devanciers ont retrouvé, par l’Esprit, des vérités abandonnées : gardons-les fermement, afin qu’en cela, nous ne bronchions pas.
Paul se savait aimé des Philippiens (v. 7), et il parle de grâce alors qu’il était prisonnier ; et la manière dont les Philippiens vivaient leur amour pour Paul, confirmait l’enseignement de l’évangile de la grâce. Vivons-nous pratiquement notre amour, entre nous, à l’honneur de l’évangile ? (2 Tim. 1. 16 à 18 ; Héb. 10. 33 et 34) Le Seigneur nous commande de nous aimer (Jean 14. 20 et 21 ; 1 Jean 4. 20 et 21).
La fin du v. 7 parle de la participation de Paul et de tous les croyants à la même grâce. Et étant un seul corps, nous participons aux souffrances de tous (1 Cor. 12. 26), et cela dans « les entrailles » de l’amour de Christ (v. 8) : l’amour de Dieu pour nous est le même que Son amour pour Son Fils (1 Jean 17. 23). Obéissons à Jean 13. 34 et 35.
L’amour du Père pour nous, et tout ce qu’Il nous donne sur la terre, porte déjà les caractères de beauté divines dont nous jouirons en perfection dans le ciel, avec le Seigneur Jésus.
Paul réservait une grande place, dans sa vie, pour les supplications et les prières (v. 4 et 9). Cela nous encourage à avoir ce service à cœur. Si nous demandons avec foi, Dieu répond selon Sa grâce, car « la fervente supplication du juste peut beaucoup » (Jac. 5. 16). Le chrétien doit progresser : les Philippiens avaient un amour sincère pour le Seigneur, ainsi que pour les frères et pour l’apôtre Paul.
Cependant, Paul demande : « que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence, pour que vous discerniez les choses excellentes, afin que vous soyez purs et que vous ne bronchiez pas jusqu’au jour de Christ, étant remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (v. 9 à 11). La mesure que Dieu place devant nous est très haute. Amour, connaissance, intelligence (spirituelle), discernement, pureté, sont liés pour que nous soyons remplis du fruit de la justice par Jésus Christ – et tout cela pour la gloire de Dieu qui est le but suprême qui est devant nous et qui est la finalité de la vie chrétienne (Jean 15. 8). Nous avons besoin de veiller afin de ne pas « broncher », en réalisant la justice pratique, dans la paix (Jac. 3. 18).
La Parole nous donne ces deux exemples d’amour pour le Seigneur : Marie de Béthanie a oint les pieds du Seigneur avec « un parfum de grand prix », anticipant avec intelligence, et au bon moment, le jour de la sépulture du Seigneur (Jean 12. 1 à 7). D’ailleurs, ayant retenu la parole du Seigneur, disant qu’Il ressusciterait le troisième jour, elle ne s’est pas rendue au sépulcre. Puis, Marie de Magdala, emportée par son amour, mais n’ayant pas la même intelligence de ce qui concernait le sacrifice du Seigneur à la croix, se rend au tombeau pour y chercher le corps du Seigneur déjà ressuscité (Jean 20. 1 à 18) ! Le Seigneur, dans Sa grâce, se met à la portée de chacune : rendant hommage à l’intelligence de Marie de Béthanie, et encourageant Marie de Magdala, à qui Il confie un message précieux (cf. Jean 20. 17).
C’est l’étude assidue de la Parole qui nous donne un amour intelligent pour le Seigneur, par l’Esprit Saint qui a versé dans nos cœurs l’amour de Dieu (Rom. 5. 5 ; Jean 14. 21). Dieu exprime Son amour pour chacun, à travers l’amour manifesté les uns pour les autres (1 Jean 3. 18 ; 1 Thess. 3. 12). Jean 21. 15 à 17, distingue entre agapê (amour) et philéo (amitié). L’amour divin a donné Son Fils qui s’est donné Lui-même. Contemplons plus profondément cet amour absolu de Dieu, afin que notre amour y réponde quelque peu (Ps. 119. 33 à 35). C’est dans l’humilité que nous progresserons dans la connaissance de la pensée divine. Nous pouvons faire « de grandes choses », mais Dieu lit dans nos cœurs : y voit-Il l’humilité qui est la vraie base de la vie chrétienne ?
Nous devons, dans la Parole, discerner Christ « afin de le connaître, Lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances » (Phil. 3. 10). « Sondez les Écritures… ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5. 39). Dans l’éternité, nous nous nourrirons d’un Christ (Apoc. 22. 2) dont les gloires, sans cesse, renouvelleront et augmenteront notre compréhension de ce qu’Il est, comme Fils de Dieu et Fils de l’homme, mais sans que nous atteignions Sa connaissance absolue et définitive. Lui-même dit : « Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père » (Mat. 11. 27).
Mais sur la terre, exerçons-nous à avoir toujours une conscience pure devant les hommes (Act. 24. 6). Et, jusqu’à la venue du Seigneur, appliquons-nous à avoir une conduite qui honore Dieu (1 Thess. 3. 13). En 1 Corinthiens 11. 1, Paul dit : « Soyez mes imitateurs comme moi aussi je le suis de Christ ». Christ a manifesté la justice divine sur la terre, et Il attend que nous suivions ses traces : Il est notre modèle (1 Pier. 2. 21). Paul, en prison, manifeste la joie de servir le Seigneur, sans se décourager, malgré toutes les difficultés dues à ce qu’il ne peut plus voyager ; et cela à la gloire de Dieu qui tient tout entre Ses mains puissantes (ch. 2. 17). Ses circonstances douloureuses servaient à « l’avancement de l’évangile » (v. 12) qui, ainsi, était entré jusque « dans le prétoire (où se tenait la garde impériale) (Act. 28. 16 ; v. 28 à 31) ; puis jusque dans la maison de César (cf. Phil. 4. 20 à 22), où Paul avait prêché l’évangile, avec courage, appuyé sur le Seigneur. Dieu, par l’Esprit Saint, avait tout conduit pour Sa gloire.
C’est toujours Dieu seul qui conduit les choses nous concernant, sans que nous ne nous en rendions compte, même dans les circonstances douloureuses. Il aurait pu sembler que, Paul étant en prison, son ministère se terminait là. Cependant, Dieu s’est servi de ce qu’il était en résidence surveillée à Rome, pour introduire l’évangile de la grâce jusque dans le « prétoire » (la garde impériale) où quelques soldats avaient cru, et dans la maison même de César (Act. 28. 16, 30 et 31 ; Phil. 4. 22). Ainsi, cette situation qui semblait défavorable à la propagation de l’évangile, Dieu l’a tournée en faveur de « l’avancement de l’évangile » (v. 12).
Joseph, dans ses circonstances douloureuses, avait discerné la main de Dieu en faveur de « la conservation de la vie pour un grand peuple » (Gen. 45. 5 ; 50. 20). Aujourd’hui encore, bien des frères dans les souffrances des persécutions, voient l’évangile avancer par leurs douleurs. L’apôtre, lui, ne s’y trompait pas. Il voit la main divine travailler à l’avancement de l’évangile pour Sa gloire, selon ce que le Seigneur, dans un songe de la nuit, lui avait annoncé, à savoir, qu’il devait rendre témoignage à Rome (Act. 23. 11) ; et cela, malgré un emprisonnement de deux ans à Césarée et d’une captivité de deux autres années à Rome. Ces « liens en Christ » de Paul avaient enhardi les frères pour évangéliser avec plus de courage (v. 13 et 14). Une situation, inattendue pour nous, peut nous amener à présenter l’évangile de la grâce à une âme qui cherche le salut. Même « lié de chaînes », Paul n’en était pas moins un « ambassadeur pour Christ » (Éph. 6. 20), et il réclamait les prières des frères pour lui.
Que le Seigneur nous encourage à nous montrer plus hardis pour témoigner de notre foi, fortifiés par le Saint Esprit. Il arrive qu’en visitant un croyant affligé, nous ressortions encouragés nous-mêmes par sa foi. Paul, quant à lui, vivait Christ et vivait pour lui (v. 21).
L’apôtre savait se réjouir même lorsque des croyants annonçaient l’évangile par « esprit de parti », « croyant susciter de la tribulation pour ses liens » (v. 15, 17 et 18), car l’évangile, malgré tout, était propagé. Cependant, il n’encourage nullement les Philippiens à se joindre à eux, ni à agir dans ce même esprit de parti cherchant à marginaliser Paul qui n’était plus libre.
Quant à nous, sachant que des croyants avec lesquels nous ne jouissons pas de la communion, annoncent l’évangile, bien que nous n’ayons pas la liberté de nous joindre à eux, réjouissons-nous de ce que « Christ est annoncé », et que des âmes sont amenées au salut. Ils sont nos frères en Christ. Hélas ! dans le monde, de faux évangiles sont répandus et égarent bien des âmes loin de Dieu.
Si le Seigneur nous confie un service, accomplissons-le fidèlement. Mais réjouissons-nous de ce qu’il ne nous appartienne pas en propre, et de ce que d’autres en exercent un semblable.
Paul est assuré que ses tribulations se « tourneront à salut » pour lui, par les supplications des frères et les « secours du Saint Esprit » ; et que malgré ses difficultés, il ne sera « confus en rien » et que, « de toutes manières, « Christ sera magnifié dans son corps soit par la vie, soit par la mort » (v. 19 et 20). Ce qui l’anime, quelles que soient ses circonstances, c’est que Christ soit « magnifié ». Les souffrances, le martyre, la mort, rien ne l’arrêtera dans son service.
Il ne sait s’il faut choisir la vie ou la mort. Il préférerait déloger et être avec Christ. Mais il juge plus nécessaire de demeurer en vie afin de travailler « à l’avancement de la joie et de la foi » des Philippiens (v. 21 à 25). La foi en Christ nous conduit, même dans les souffrances, à nous réjouir en Lui ; alors que pour un incrédule, « même dans le rire, le cœur est triste » (Prov. 14. 1).
« Mourir est un gain » est une folie pour l’incroyant. Mais pour nous, c’est franchir la porte de la gloire en Christ. Cependant, « vivre c’est Christ ». Pour nous, nous avons « cette vive attente ; cette espérance ; l’assurance de n’être confus en rien » en vivant pour Lui (v. 20). Paul, ce géant chrétien, nous fait mesurer notre petitesse ! Comme lui, nous avons le Saint Esprit et toute sa puissance. Il y a eu plusieurs grands hommes de foi : du temps du pharaon, Moïse. Sous Saül, David. Sous Achab, Élie. Sous Néron, Paul. Quelque grand qu’il ait été, « il prit courage » en voyant les frères venir à sa rencontre (Act. 28. 15). Devant la perspective de la mort, pourrions-nous dire : « Pour moi, mourir est un gain » ?
Pour les hommes, la mort a toujours été « le roi des terreurs » (Job 18. 14). Dire cela suppose que nous pourrions dire : « Pour moi, vivre c’est Christ » (v. 21). Vivre Christ, c’est vivre comme Lui. Hélas ! Nous en sommes loin. C’est de tout son cœur et de toutes ses forces que Paul servait le Seigneur. Les lapidations, le fouet, et toutes sortes de périls qu’il avait connus ne le faisaient pas reculer. Malgré tant de souffrances et de persécutions, l’apôtre avait le désir de suivre et de servir son Seigneur, et cela jusqu’à la mort.
Le Seigneur avait dit à Ananias, au sujet de Paul : « Je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (Act. 9. 16). La vie de Christ était manifestée en lui en ce qu’il l’imitait dans sa marche et dans son service. Au milieu des souffrances, il avait de la joie dans les croyants. En Galates 2. 20, il déclare que Christ vivait en lui, le dirigeait, le faisait agir, penser, sentir les choses comme Lui. Le Seigneur avait dit, en parlant de son Père : « Je fais toujours les choses qui lui plaisent ».
Par opposition, les croyants du v. 17 ne pouvaient pas prétendre que leur vie et leur service étaient tout entiers pour Dieu. Sous les apparences religieuses, Paul dévoile ce qui n’était pas selon Dieu dans leur vie. Que le Seigneur nous aide à être des imitateurs de Paul, comme lui-même l’était de Christ (1 Cor. 11. 1). Paul, sans famille, sans loisirs, n’avait devant lui que de servir le Seigneur, jour et nuit. Sans abandonner les choses légitimes de notre vie, ni nos obligations, pouvons-nous dire : le Seigneur a la première place dans mon cœur ?
Colossiens 3. 1 à 3 nous montre le bon chemin : « Chercher les choses qui sont en haut ». Morts avec Christ, laissons notre propre volonté de côté pour permettre à la vie de Christ de se manifester en nous. La force vient de Lui seul : nous sommes morts au monde et vivants à Dieu, Christ nous ayant acquis une position céleste. L’apôtre ne choisissait pas : s’il devait vivre, c’était pour Christ. S’il devait mourir, c’était pour être avec Christ. Paul aurait préféré « déloger », mais il avait la conviction qu’il demeurerait encore en vie pour « l’avancement et la joie de la foi » des Philippiens (v. 25), et il affirme : « Je sais que je demeurerai » (v. 25).
Peut-être était-ce par une révélation personnelle, car « les secrets de l’Éternel sont pour ceux qui le craignent ». Pierre aussi avait une certitude (2 Pier. 1. 13 et 14). Notre espérance est d’être avec Christ, et nous pouvons dire avec foi : « Viens, Seigneur Jésus ». Alors, nous Lui serons semblables car nous Le verrons comme Il est (1 Jean 3. 2). Ainsi, une joie ineffable remplira nos cœurs et nos bouches de la louange éternelle, car « sa face est un rassasiement de joie » (Ps. 16. 11). Sur la terre, Il est « le chef et le consommateur de la foi » (Héb. 12. 2).
« Déloger », pour nous, c’est comme lever l’ancre pour un navire, ou lever le camp. C’est le moment où les liens qui nous rattachent à ce monde sont brisés. Le corps retourne à la terre, mais l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné, mais c’est pour être avec Christ : (Luc 23. 43 ; Act. 7. 59 et 60 ; 2 Cor. 5. 8 ; Phil. 1. 23 ; Éccl. 12. 6 et 7). Les pensées de Dieu sont sans équivoque à ce sujet.
Cependant, nous ne passerons pas tous par la mort (1 Thess. 4. 17). Ce sera alors le salut complet (Rom. 8. 11). Paul avait une foi pratique très grande. Hébreux 11. 1 dévoile comment la foi opère en nous, afin de nous donner des certitudes à nous aussi, et de produire en nous « la joie de la foi ». C’est là « l’espérance de son appel » (Éph. 1. 17 à 19). Déloger est de beaucoup meilleur.
Mais nous avons de la famille, des liens d’amour qui se briseraient dans le chagrin et le deuil pour ceux qui resteraient ! Et le Seigneur veut encore se servir de nous sur la terre. Vivre dans la chair, « il en vaut bien la peine » (v. 22) ; mais ce ne sera pas toujours facile ; cependant, évitons de vouloir, égoïstement, partir avant la volonté de Dieu. Paul souligne d’abord les choses heureuses : la foi, l’amour. Avons-nous ce même cœur ? Entre Paul et les Philippiens, il y avait la joie réciproque. Sachons nous réjouir chaque fois que le Seigneur nous donne, à nous ensemble, de bonnes choses. Soyons dignes de ce qui nous est donné : (v. 27 ; Éph. 4. 1 ; Col. 1. 10) ; et soyons dignes de Dieu, car Il nous a « élevés de dessus le fumier pour nous faire asseoir avec les nobles », comme disciples de Jésus Christ.
La joie qui habitait le cœur de Paul pourrait nous faire oublier qu’il était prisonnier à Rome. Cette joie puisait sa source dans la communion profonde dont il jouissait avec son Seigneur. Il recherchait la même communion et la même joie pour les Philippiens. Il les exhortait, dans les difficultés, à chercher leurs ressources dans le Seigneur. Il ne sait pas s’il sera libéré pour se rendre auprès des Philippiens, mais, qu’il soit présent ou absent, l’apôtre désire qu’ils trouvent leurs ressources dans le Seigneur, et non en lui, Paul. Il leur parle de la vie collective de l’assemblée, et il désire qu’ils tiennent ferme et marchent « ensemble », et soient « d’une même âme », « qu’ils se conduisent d’une manière digne de l’évangile du Christ » (v. 27), et qu’ainsi le Seigneur soit glorifié dans l’assemblée. Personnellement ou collectivement, nous n’avons de ressources que dans le Seigneur.
En Éphésiens 4. 1 à 6, Paul rappelle l’unicité de tout ce qui provient de Dieu et qui nous est donné de Lui : « un seul corps, un seul Esprit… une seule espérance… un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, et partout et en nous tous ». Le grand dessein final de Dieu est d’unifier tout en Lui-même, comme le montre la prière du Seigneur à Son Père, en Jean 17. 21. Demandons au Seigneur qu’Il forme en nous une même pensée, et que nous nous laissions conduire par l’Esprit Saint qui ne peut nous donner des pensées divergentes. S’il n’y a pas d’unité entre nous, il ne saurait y avoir la moindre paix. Dans les épreuves, les Philippiens devaient combattre, unis entre eux, et ne pas craindre. Combattre en ordre dispersé conduit à la défaite. Il nous faut marcher en accord avec ce que nous prêchons, afin que le témoignage soit clair et puissant auprès du monde.
Le Seigneur nous exhorte à marcher d’une manière digne de l’appel (Éph. 4. 1), digne du Seigneur (Col. 1. 10), digne de Dieu (1 Thess. 2. 12). « Élevés de dessus le fumier », le Seigneur nous « a fait asseoir à la table des nobles ». « L’homme noble se propose des choses nobles, et il se maintiendra par des choses nobles » (És. 32. 8).
Le ch. 2. 2, nous montre le bon chemin quant à la vie de l’assemblée. Si cette unité n’existe pas entre nous, nous sommes en danger. L’épître aux Philippiens est l’épître de l’expérience chrétienne, et nous conduit pratiquement à manifester les caractères de Christ. Paul était inquiet de l’attitude de certains Philippiens qui annonçaient le Christ « par esprit de parti, non pas purement » (v. 17). Et il supplie certains d’entre les croyants de Philippes d’avoir « une même pensée dans le Seigneur » (ch. 4. 2), dans la même humilité que celle qu’a manifesté le Seigneur (cf. ch. 2. 3 à 8).
Il les exhorte aussi à ne pas être « épouvantés par les adversaires » (v. 28). Ce qui peut nous garder de la crainte, c’est de regarder au Seigneur : « Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l’a point commandée ? » (Lam. 3. 37) Devant Nebucadnetsar, les trois jeunes hébreux jetés dans la fournaise de feu, ne sont rien. Mais quelle foi ils manifestent devant ce roi cruel ! Et Dieu les a délivrés (Dan. 3. 16 à 18). C’est par la foi que nous rendrons un puissant témoignage pour le Seigneur, dont nous connaissons l’amour indéfectible.
« Combattant ensemble d’une même âme, avec la foi de l’évangile », car « notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les… dominateurs de ces ténèbres » (Éph. 6. 12). Le Seigneur a « lié l’homme fort », Satan (Mat. 12. 29). 1 Pierre 5. 8 et 9, désigne notre véritable ennemi, contre lequel nous devons revêtir « l’armure complète de Dieu » (cf. Éph. 6. 10 à 18). Les ressources du Seigneur, saisies par la foi, nous rendront « plus que vainqueurs. » Le v. 28 oppose les adversaires, dont la preuve de leur perdition se trouve dans le fait qu’ils sont ennemis des croyants. Nous avons le don du salut et de souffrir pour Christ, comme ultime ressemblance avec Lui, de la part de Dieu. Alors « nous régnerons avec Lui » (2 Tim. 2. 12 ; Héb. 11. 24 à 26) ; et nous sommes des « bienheureux » (Mat. 5. 11 et 12). Nous pouvons souffrir pour la justice pratique (Héb. 10. 34 ; 1 Pier. 4. 12 à 16 ; Jean 15. 20). Les chrétiens persécutés, actuellement, glorifient le Seigneur, en tenant ferme. Prenons courage (Rom. 8. 18). Dans ce même combat que Paul soutenait, ses paroles avaient du poids (v. 30 ; ch. 4. 9).
Ch. 2
Ce qui magnifie l’enseignement de Paul, c’est que sa conduite illustrait ce qu’il écrivait. Nous sommes conscients d’être loin du modèle de l’apôtre ! Il y avait, en Paul, cette jouissance dans la communion de son Seigneur qu’il décrit au v. 1er , et ce sont les effets de cette même communion qu’il recherchait chez les Philippiens, et pour nous aussi : « la consolation en Christ » montre la seule source de consolation pour le croyant, dans les circonstances douloureuses.
« Le soulagement d’amour », dans les craintes ou les peines, nous le trouvons dans l’amour connu et goûté dans le Seigneur. « La communion de l’Esprit » nous montre la seule voie de la communion avec le Seigneur et entre nous, par l’action de l’Esprit. Nous ne pouvons jouir de « quelque tendresse », la plus douce manifestation de l’amour, qu’en étant conscients de la tendresse que le Seigneur nous manifeste, et que nous devons nous porter les uns aux autres, et pas seulement nous supporter. Enfin, la « compassion », pour nos frères et sœurs, comme le Seigneur, souvent « ému de compassion » pour les malheureux.
Mais, en complément de tous ces caractères, l’apôtre leur dit : « Rendez ma joie accomplie en ceci que vous ayez une même pensée, ayant un même amour, étant d’un même sentiment, pensant à une seule et même chose. Que rien ne se fasse par esprit de parti » (v. 2 et 3). Par ailleurs, Paul rappelle qu’il avait reçu deux « envois » précédents, de la part des Philippiens pour ses besoins (ch. 4. 15 à 17), et il leur demande d’aller plus loin, afin que la reconnaissance qu’il en avait éprouvée, soit changée en « joie accomplie », en manifestant entre eux, une même pensée – unité que l’apôtre réclame à chaque chapitre (ch. 1. 27 ; 2. 2 ; 3. 15 et 16 ; 4. 2).
Paul connaissait les difficultés existant parmi les Philippiens, et il en parle avec délicatesse. Comme pour les Corinthiens (1 Cor. 1. 10), il relève premièrement ce qui était bien, avant de parler de ce qui n’allait pas. Grâce et miséricorde merveilleuses de Dieu pour Son Assemblée ! Comme nous y répondons peu ! Christ est notre vie (ch. 1. 21). Ici, Il est notre modèle (v. 3 à 8). Le v. 1er nous rappelle les caractères manifestés dans la vie de Christ.
Les v. 6 à 8 nous donnent la plus grande leçon d’humilité qui ait été manifestée en perfection sur la terre. Et c’est ce modèle-là qui est placé devant nous afin que nous en manifestions quelques reflets. Le Seigneur s’est abaissé pendant toute Sa vie sur la terre, et s’est anéanti sur la croix. Nous sommes souvent occupés de nous-mêmes, cherchant une « vaine gloire », comme Diotrèphe qui voulait dominer, alors que le Seigneur s’occupait des autres, jamais de Lui-même, se dérobant même, lorsque les Juifs voulaient le faire roi !
Les cinq premiers versets du ch. 2, résument toute l’attitude que nous devons avoir les uns envers les autres devant Dieu, et ils régleront toutes nos relations fraternelles, si nous les observons. En les vivant dans l’Assemblée, elles aplaniront toutes les situations, trop souvent conflictuelles, qui troublent la communion. Si chacun veut imposer « sa » pensée, nous formerons un « esprit de parti » désastreux pour l’assemblée.
Dieu veut que nous nous appliquions ces exhortations, chacun à soi-même, en prenant garde à ne pas troubler notre frère, d’une manière ou d’une autre (Gal. 5. 26 ; Rom. 14. 15 ; v. 19 et 20). En Galates 2. 11, Paul a résisté à Céphas parce qu’il était « condamné » par son comportement. Paul a fait ce qu’aurait fait le Seigneur, qui était à la fois humble et ferme. Quant à lui-même, en 2 Timothée 4. 14, Paul s’en remet au Seigneur.
Certaines choses nous concernent, mais d’autres touchent à la gloire de Dieu. Nous ne devons pas transiger. Que chacun se demande, au cours d’une décision, si cela fera du bien à son frère ; le Seigneur, alors, nous montrera le bon chemin (1 Cor. 8. 13). Cherchons toujours le bien spirituel de nos frères, comme le faisait le Seigneur, même sur la croix où Il s’est occupé de Sa mère, du brigand, du pardon pour Ses bourreaux ! Il nous faut être occupés du bien des autres, et non de ce qui nous plairait ; marcher selon l’amour, sinon, notre façon d’agir pourra aller jusqu’à détruire « mon frère, pour lequel Christ est mort » (cf. Rom. 14. 14 et 15). Et c’est souvent ce qui se passe. Mais plutôt, que le Seigneur nous accorde de penser à cela dans la prière !
Cette pensée (v. 5) qui était celle du Seigneur, nous confond, lorsque l’apôtre Paul nous recommande qu’elle soit aussi en nous, aussi misérables que nous soyons ! Adam a voulu s’élever et être « comme Dieu », alors Dieu a dû l’abaisser jusqu’à la mort. Le Seigneur, qui est Dieu, Lui, a voulu s’abaisser, et Dieu « l’a haut élevé » (v. 9). Il était « en forme de Dieu » (réellement Dieu), Il a pris volontairement la « forme d’esclave », selon la prophétie de Zacharie 13. 5. Suprême abaissement dans une soumission volontaire !
Celui qui est le Dieu souverain et au-dessus de tout, éternel et immortel, a pris « la forme d’homme », pour servir, souffrir et mourir. L’homme ayant péché, Dieu a dû prendre la réalité humaine afin que, par la mort (gage du péché), Il rachetât Sa créature perdue, en expiant ses péchés dont Il s’est approprié les conséquences : « Mes iniquités m’ont atteint » « Je suis enfoncé dans une boue profonde ». Durant les trois heures de ténèbres, Christ a été identifié au péché, Lui, le Saint et le Juste ! « Il s’est anéanti Lui-même » (v. 7). Lui, l’être suprême, le Tout-puissant, a été « crucifié en infirmité ».
Aux Philippiens manquant d’humilité (v. 3), (ainsi qu’à nous-mêmes), Paul place sous leurs yeux l’exemple suprême de l’abaissement. Il a voilé Sa divinité et s’est anéanti pour prendre « la forme d’un homme » (la condition humaine), et a servi en prenant « la forme d’esclave », s’étant « abaissé jusqu’à la mort et à la mort de la croix » – la mort infamante des esclaves et des brigands ! Les hommes et les démons ne peuvent pas changer leurs positions de créatures dépendantes de Dieu. Seul, Dieu peut prendre la position de l’homme, en gardant sa nature divine. Seul digne d’être servi, Il est venu pour servir (Mat. 20. 28). Exemple suprême pour nous !
Il s’est glorifié dans son abaissement. Par sa mort, sa résurrection et sa glorification, le Seigneur a transcendé les croyants par la perfection de son œuvre. Lui s’est fait « semblable à nous… à part le péché ». Mais Il nous a faits semblables à lui « car nous le verrons comme Il est » (1 Jean 3. 2). Dieu nous ayant créés pour nous aimer (car Il est amour), il nous a démontré la parfaite réalité de son amour dans l’œuvre du Seigneur Jésus, nous ayant délivré de l’emprise du péché, et maintenant, purifiés, il nous a fait « asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Christ » (Éph. 2. 5 et 6).
Les caractères des quatre évangiles se retrouvent dans ces versets : v. 6, nous avons le Fils de Dieu, (Jean). v. 7, le serviteur (Marc). v. 8, le Fils de l’homme (Luc). Enfin, v. 9, l’élévation du Messie, l’Oint de l’Éternel, le Roi (Matthieu). S’étant abaissé Lui-même (personne ne le pouvait) (Jean 10. 18), « Dieu l’a haut élevé » (v. 9) ; et Dieu l’a fait « souverain sacrificateur » (Héb. 5. 5). « L’abaissement va devant la gloire » (Prov. 15. 33).
Le Seigneur voulait accomplir l’œuvre de la rédemption, mais cela impliquait la responsabilité de l’homme qui l’a crucifié. Artisan de la création (Prov. 8), Il a voulu naître et mourir comme un homme, faisant ainsi, les délices de Dieu ! Sa vie a été celle d’un esclave volontaire jusqu’à la fin où, en Jean 13. 4 et suivants, Il lave les pieds de ses disciples, ayant voilé sa dignité divine qu’Il conservait, pourtant, et qu’Il dévoilait dans les nombreux miracles qu’Il faisait.
Jusqu’en Gethsémané, où ceux qui voulaient l’arrêter tombent par terre, lorsqu’Il leur dit : « C’est moi ». Au ciel, nous verrons les plaies éternelles que nous avons infligées à Celui qui était le Dieu invisible (Ex. 33. 20), mais qui s’est rendu visible dans l’Homme Christ Jésus, que nous contemplerons éternellement. Il est, en même temps, « le Fils du Véritable, et Lui-même est le Véritable » (1 Jean 5. 20). « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Mat. 11. 27).
Le Seigneur nous exhorte à sonder les Écritures qui rendent témoignage de Lui , mais nous ne pourrons jamais aller au fond de la connaissance de Sa glorieuse réalité de Dieu et d’Homme. Durant les trois heures de ténèbres, Il a mesuré toute l’horreur des souffrances de « l’étang de feu » qui nous étaient réservées, bien qu’Il n’y fut pas jeté Lui-même. Il a été fait « malédiction ». Mais « Dieu lui a donné un nom au-dessus de tout nom ». C’est le nom de Jésus : « L’Éternel est Sauveur », nom qu’Il a porté jusqu’au bout, et qu’Il portera encore dans l’éternité.
L’expression : « Il n’a pas regardé comme un objet à ravir » signifie que le Seigneur, qui est Dieu, n’a pas insisté sur Ses droits divins, mais « s’est abaissé Lui-même ». Il ne s’est pas emparé avec violence de Ses attributs divins. Dès lors, « Dieu l’a haut élevé ». C’est la réponse de Dieu à Son Fils, car pour la première et unique fois, Dieu a vu un homme marchant en perfection, en humilité, en amour, en dévouement pour Dieu et pour les hommes. Le fils de Dieu a montré, sur la terre, l’exact contraire d’Adam qui a voulu s’élever et être Dieu, et que Dieu a dû abaisser jusqu’à la mort.
Tout, dans les pensées du Seigneur, dans Ses paroles et dans Ses actes, glorifiait Dieu. Et la voix divine a pu proclamer du haut du ciel : « Celui-ci est mon Fils bien-Aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Mat. 3. 17 ; 17. 5). Voilé sous son humanité parfaite, sa divinité se révélait dans Ses miracles. Le Seigneur, Fils de Dieu (Mat. 11. 27), était « humble de cœur » (cf. Mat. 11. 29).
Quant à nous, nous avons besoin d’être humiliés pour devenir quelque peu humbles. Mais le Seigneur l’était dans Sa nature même, car il n’y avait pas la racine du péché en Lui. Autant Il s’est abaissé volontairement, autant Dieu L’a « haut élevé et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom ».
Le Seigneur Jésus, Fils de l’homme méprisé et rejeté, régnera en puissance et en gloire sur la terre (1 Cor. 15. 25), après avoir écrasé Ses ennemis et établi Son règne millénaire. Son nom d’Homme, Jésus – Dieu est Sauveur – ce nom dans lequel Il a été humilié par les hommes, Il le garde éternellement, mais c’est, devant Dieu, un nom de gloire. C’est sous ce nom-là que « tout genou se ploiera des êtres célestes, et terrestres et infernaux, et que toute langue confessera qu’Il est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » (v. 9 à 11). En glorifiant le Seigneur Jésus ainsi, tous les êtres moraux de l’univers glorifieront Dieu le Père. En prenant la nature humaine, Jésus est devenu de peu inférieur aux anges (Héb. 2. 9), mais, remonté au ciel, Dieu L’a fait asseoir à Sa droite, sur Son trône. Jusqu’ici, les démons ne reconnaissent pas Sa seigneurie. Cependant, ils devront proclamer, de force, qu’Il est « Seigneur », et ceci à la gloire du Père. « Jésus », nom d’abord méprisé, est devenu le nom de Sa domination, ayant été oint « au-dessus de ses compagnons » (Héb. 1. 9) ; alors que David avait été oint « au milieu de ses frères » (1 Sam. 16. 13).
Ce nom de « Sauveur » sera honoré comme Son nom de « Seigneur » (Ps. 72. 17). Apocalypse 19. 11 à 13 le montre triomphant de Ses ennemis en jugement, et portant un nom secret, sous lequel Il combat, en justice et en gloire, Ses ennemis ayant refusé d’honorer le Père en n’honorant pas le Fils (Jean 5. 21 à 23). Sur la croix, le Seigneur a été vu de Ses ennemis pour la dernière fois. Ils Le reverront, placé très haut et triomphant, et non plus avec un visage « défait » par les souffrances morales, et seront « stupéfaits » (És. 52. 13 à 15). Entre trente et trente-trois ans, le Seigneur en paraissait presque cinquante. Mais là, Il fait briller un rayon de Sa divinité : « Avant qu’Abraham fût, je suis ». (Jean 8. 56 et 57).
Il y a deux façons d’être aux pieds du Seigneur, et de confesser Son nom : à salut (Rom. 10. 9), comme Marie, le connaissant comme Seigneur et écoutant Sa Parole ; ou comme Ses ennemis, sous Ses pieds (Phil. 2. 11).
Enfin, l’apôtre exhorte les Philippiens à l’obéissance et à « travailler à leur propre salut » (v. 12 et suivants). Il avait travaillé pour les amener au salut initial (Rom. 10. 9 ; Éph. 2. 8). Mais ensuite, Paul étant absent et prisonnier à Rome, ils devaient se prendre en main eux-mêmes en se confiant au Seigneur seul, pour le salut journalier, personnel (Phil. 1. 19 et 20) – et enfin pour le salut final, lorsque le Seigneur enlèvera Son Assemblée (Rom. 13. 11 et 12).
Les Philippiens avaient des combats à remporter entre eux. À Philippes, l’ennemi produisait des désordres, et ils devaient agir « avec crainte et tremblement », devant le Père (1 Pier. 1. 17). Ils devaient vivre fidèlement afin « d’orner » et d’enrichir leur salut déjà acquis. À Thessalonique, Paul reconnaissait leur « œuvre de foi, leur travail d’amour et leur patience d’espérance » (1 Thess. 1. 3). Ce sont ces choses que nous avons à cultiver afin d’enrichir notre entrée dans l’héritage céleste, dans « la maison du Père ».
Au v. 12, l’apôtre nous exhorte à réaliser pratiquement ce que le Seigneur Lui-même a manifesté, l’humilité dans l’abaissement volontaire (v. 5 à 8) : on ne peut Le suivre sans cette humilité réelle dans nos cœurs. Mais par la foi, l’Esprit a fait naître en nous le nouvel homme qui ne pèche pas car, de nature divine, il ne peut pécher (1 Jean 3. 9). Cette humilité ne doit pas être une attitude de façade, mais réelle, afin que le Seigneur puisse dire à chacun : « Ami, monte plus haut » (Luc 14. 10). Nous ne saurions servir le Seigneur efficacement, et de manière à Lui plaire, sans cette humilité.
C’est aussi la vraie base morale pour « travailler à notre propre salut », afin de nous assurer une plus riche entrée dans la maison du Père ; car, alors, « nous lui serons semblables (au Seigneur), car nous le verrons comme Il est » (1 Jean 3. 2). Dieu nous invite à progresser. C’est encore dans l’humilité que nous serons capables de Lui obéir, comme le Seigneur a obéi à Son Père (v. 6 à 8, 12). Dieu veut nous donner beaucoup afin que nous ressemblions de plus en plus au Seigneur, en apprenant de plus en plus à Le connaître par les Écritures. C’est aussi la Parole qui nous montre le chemin dans lequel Dieu veut nous voir marcher, en suivant le Seigneur humblement. « C’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (v. 13). Cela exclut notre propre volonté, car tout ce que nous pouvons faire de bien, vient de Dieu seul (Jac. 1. 16 et 17).
Dieu, Lui seul, est l’auteur de notre salut pour l’obtention duquel nous n’avons rien apporté. De même, les bonnes œuvres dans lesquelles nous devons marcher viennent de Dieu (Éph. 2. 10), et notre simple « bonne volonté » nous conduirait dans un chemin d’indépendance. Les v. 9 à 11 de 2 Corinthiens 8 nous enseignent la dépendance de la volonté du Seigneur.
Le Seigneur est, Lui, notre parfait modèle sur les traces duquel nous devons marcher. Il se conformait strictement à la volonté de Son Père, et l’accomplissait à la perfection, jusque dans le jardin de Gethsémané, en proie à la plus terrible agonie ! Dans les difficultés jalonnant notre vie chrétienne, nous devons suivre le Seigneur « sans murmures et sans raisonnements » (v. 14), à l’inverse du peuple dans le désert qui, durant quarante ans, n’a cessé de murmurer et de contester contre Moïse et Aaron – en réalité, contre Dieu. Les disciples aussi raisonnaient en eux-mêmes (Mat. 16. 8 ; Marc 2. 8), ainsi que le peuple contre le Seigneur (Mat. 11. 19). Il adresse alors de terribles reproches aux villes de Chorazin et de Bethsaïda, témoins de Ses miracles, mais qui Le rejetaient !
Mais le Seigneur, dans ce même chapitre, Se soumettait à Son Père (v. 25 à 30). Nous sommes capables, nous aussi, de murmurer et de raisonner, manifestant notre peu de confiance en Dieu, et nous confiant plutôt en nos propres facultés humaines. Quant au Seigneur, « tous… s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4. 22). Pour nous, nous pouvons, conduits par l’Esprit Saint, avoir le saint désir d’obéir à Dieu ; cependant, en nous-mêmes, nous n’avons aucune force pour le faire. Il est indispensable de laisser l’Esprit agir en nous, afin d’avoir aussi la force de « faire » (cf. v. 13).
Dans le monde, il est normal d’organiser l’action et d’agir de façon coordonnée pour atteindre le but proposé à tous les membres d’une association. Mais les enfants de Dieu doivent prendre conscience que nos pensées humaines n’atteignent pas à la hauteur des pensées divines. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel : car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (És. 55. 8 et 9). « Dieu a fait l’homme droit ; mais eux, ils ont cherché beaucoup de raisonnements » (Éccl. 7. 29).
Jacques nous exhorte à ne pas « murmurer les uns contre les autres » (Jac. 5. 9), mais à tout prendre de la main de Dieu. Deutéronome 17. 8 à 11, montre ce que nous devons faire, dans le doute, concernant une situation difficile : prier le Seigneur – symbolisé par les sacrificateurs – pour qu’Il nous montre le chemin, et Lui obéir. Même Moïse n’avait pas toujours la solution des difficultés que rencontrait le peuple, mais il consultait l’Éternel, et il donnait Sa réponse au peuple. De même pour nous, le Seigneur attend que nous Le consultions, en étant sincèrement désireux de Lui obéir.
Dans les v. 14 à 16, l’apôtre exhorte les Philippiens à faire « toutes choses sans murmures et sans raisonnements (Éccl. 7. 9), afin qu’ils soient sans reproche et purs… irréprochables… et qu’ils reluisent comme des luminaires… présentant la parole de vie ». Il y a une réalité purement intérieure, et ce qui se voit extérieurement. « J’ai trouvé que Dieu a fait l’homme droit ; mais eux, ils ont cherché beaucoup de raisonnements » (cf. Éccl. 7. 29). Selon l’absolue rectitude de la nature divine, Dieu a fait l’homme droit. Cependant, Israël, dans le désert, n’a cessé de murmurer et de raisonner durant quarante ans ! Et Dieu a dû réprimer sévèrement cette attitude obstinée. Nous-mêmes ne sommes pas exempts de ces défauts qui affectent la communion avec le Seigneur.
Si même nous sommes dans le monde, nous ne sommes pas du monde (Jean 17. 14 et 16). Gardons-nous de ressembler à cette « génération tortue et perverse » du temps de l’apôtre – et qui s’est considérablement aggravée de nos jours ! Tortu qualifie ce qui n’est pas droit ; et pervers, la propension à faire le mal. Quant à nous, nous devons refléter la lumière divine que le Saint Esprit a mise en nous, à notre conversion, en suivant le Seigneur : « Toi, suis-moi » (Jean 21. 22). C’est une invitation ferme à marcher dans un chemin de lumière (Mat. 5. 16 et 17), chemin d’obéissance, sans murmures, à l’inverse des hommes de ce monde – nous souvenant que les raisonnements humains nous égarent.
Nous devons présenter ces caractères qui étaient ceux du Seigneur Jésus. Être purs et sans reproche, des enfants de Dieu irréprochables, comme Lui l’était (Héb. 7. 26). Dans les ténèbres morales de ce monde, seul le chrétien possède en lui, la lumière de Dieu, qu’il doit refléter. Prenons garde de ne pas mettre cette lumière sous le boisseau (symbole des activités débordantes parmi lesquelles on n’a plus le temps d’être occupé des intérêts du Seigneur) – ni sous le lit, nous adonnant à la paresse.
À l’imitation du Seigneur, marchons dans la séparation morale de l’esprit du monde, mais ne nous réfugions pas dans un monastère. Nous devons présenter « la parole de vie », en paroles certes, mais en l’illustrant aussi par notre marche pratique. Notre vie devrait être sans reproche aux yeux des hommes, comme elle l’est aux yeux de Dieu qui nous voit, désormais, au travers de la perfection de Christ (Jude 24). N’ayant aucune force en nous pour réaliser cela, appuyons-nous sur le Seigneur, car la puissance est en Lui.
Dans l’épître de Jude, il s’agit d’être irréprochables devant la gloire de Dieu. Mais dans notre passage, c’est plutôt pour la gloire de Paul, en témoignage que son travail a été efficace auprès des Philippiens qui, à leur tour, présentaient la Parole de vie autour d’eux. C’était une couronne de gloire pour lui, pour le jour où l’Église se présentera au tribunal de Christ (1 Thess. 2. 19 et 20). Quoique encore future qu’ait été cette gloire pour l’apôtre, elle n’en faisait pas moins sa joie à ce moment-là (Phil. 4. 1). Que le Seigneur nous donne davantage de forces pour présenter la Parole de vie (Héb. 4. 12), en cohérence avec notre manière de vivre. Quant aux hommes du monde, Satan leur cache la gravité du péché dans lequel ils s’enfoncent de plus en plus, en déconsidérant le bien sans vergogne !
En rappelant les deux dons que les Philippiens lui avaient envoyés, l’apôtre se met humblement au rang d’une simple « libation » (2 Tim. 4. 6), par rapport à leurs sacrifices en sa faveur. Mais ces croyants avaient aussi fait le sacrifice de leur temps, de leur énergie, afin de présenter l’Évangile au sein du monde païen; et cela n’était pas sans danger. Et dans sa joie, lui qui était prisonnier, il s’efface devant eux et s’en réjouit (v. 17).
Ces versets nous convainquent que nous sommes loin de la mesure de l’apôtre Paul qui, lui-même disait : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11. 1). Le Seigneur est le parfait modèle, mais Paul était l’exemple d’un racheté qui suivait et servait fidèlement son Seigneur, qui avait dit à son sujet : « Je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (Act. 9. 16). Mais Paul s’était senti seul dans sa sollicitude pour les Philippiens.
Malgré tout, dans sa captivité, il était animé de la même joie que celle qui remplissait le cœur parfait du Seigneur qui Lui-même a dit : « Personne ne vous ôte votre joie ». Sans un vrai dévouement pour le Seigneur, notre vie est gâchée ; et nos intérêts doivent être ceux du ciel. Cette épître parle dans chaque chapitre de la joie chrétienne (ch. 1. 18 et 26 ; ch. 2. 2, 18, 28 et 29 ; ch. 3. 1. ch. 4. 4 et 10). L’apôtre, pourtant, avait bien des sujets de peine ; mais il souligne que le Seigneur lui avait épargné « tristesse sur tristesse » (v. 27). Malgré nos propres sujets de tristesse, appliquons-nous à reconnaître les occasions de joie. Et Paul exhorte les Philippiens à partager ses propres sujets de joie. La conscience de la présence du Seigneur et de Son regard plein d’amour dans tous nos moments, nous aideront à atteindre ce degré de plénitude de joie, malgré les peines. Dans les Actes, on reconnaissait les disciples « pour avoir été avec Jésus ».
Dans les v. 19 et 25, deux serviteurs fidèles du Seigneur sont auprès de Paul : Timothée – qui a écrit cette lettre sous la dictée de l’apôtre – auquel il dit dans la 1ère épître à Timothée ch. 1. 2 : « à Timothée mon véritable enfant dans la foi ». Mentionné pour la première fois en Actes 16. 1 et 2, ce serviteur était dévoué à l’apôtre. Puis il y avait aussi Épaphrodite, qui avait été deux fois envoyé vers Paul, porteur des dons des Philippiens pour ses besoins (v. 25 ; ch. 4. 25).
Paul disait : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ». C’est cette disposition de cœur qui dictait sa conduite dépourvue d’égoïsme. Toutes ses épreuves n’avaient pas altéré sa foi, et il persévérait dans ses soins spirituels pour ses frères. Le Seigneur, en perfection, intercédait pour ses bourreaux, s’occupait du brigand repentant, prenait soin de sa mère au moment où « une épée transperçait sa propre âme » (Luc 2. 35) – et de son disciple Jean. Et cela, alors qu’Il était crucifié !
Quant à Paul, il connaissait de grands sujets de tristesse : Démas l’avait abandonné, et Alexandre avait montré pour lui « beaucoup de méchanceté » (2 Tim. 4. 10 et 14). Tous ceux qui étaient en Asie s’étaient « détournés » de l’apôtre (2 Tim. 1. 15). Cependant, il était soutenu par de fidèles serviteurs que Dieu lui avait envoyés. Une sincère sollicitude l’animait pour toutes les assemblées (2 Cor. 11. 28), bien qu’il ne les ait pas toute connues. Prions, nous aussi, pour les différents rassemblements, même si « tous cherchent leurs propres intérêts et non pas ceux de Jésus Christ » – assiégés comme nous devrions l’être par cette sollicitude.
Cherchons humblement l’intérêt d’autrui (1 Cor. 10. 23 et 24). Tout serait différent, alors, dans les assemblées ! Sur la terre, Le Seigneur avait renoncé à tout : « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête » (Luc 9. 57 et 58). Dans nos affaires familiales, ne négligeons pas le Seigneur, qui a toutes les priorités : « Mon fils, donne-moi ton cœur ». Notre époque ressemble à celle de l’apôtre, mais n’abandonnons rien.
Dans nos relations entre frères et sœurs doit régner une délicatesse fondée sur l’amour selon Dieu. Comme le Seigneur n’a pas repris durement les pécheurs, l’apôtre montre la même douceur envers les Philippiens, qui l’avaient presque oublié – semblant même les disculper et les consoler, leur disant qu’il avait appris à être dans l’abondance et dans les privations, et à être content en lui-même (ch. 4. 10).
Cependant, il veut leur envoyer Timothée, pensant reprendre courage en prenant connaissance de leurs affaires.
À Rome, les chrétiens ne partageaient pas l’amour de Paul pour le Seigneur. « Tous » cherchaient leurs propres intérêts (v. 21). Leur amour pour le Sauveur était étouffé par « les épines » (Luc 8. 14) ! Quelle différence avec ce que l’apôtre disait de lui-même : « Pour moi, vivre c’est Christ » (ch. 1. 21). Mais Paul était soutenu par Timothée et Épaphrodite, deux serviteurs fidèles, envoyés par le Seigneur pour l’entourer de leurs soins et de leur affection. Épaphrodite avait effectué un voyage très long et épuisant, à la suite duquel il était tombé malade (v. 30). Lui et Timothée vivaient pour Christ.
L’état spirituel bienheureux de l’Église à son tout début s’est rapidement dégradé. Cependant, il s’est toujours trouvé un faible résidu, demeuré fidèle et rempli d’affection fraternelle : « Ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre » (Mal. 3. 16). Ceux-là trouvent leur joie à être ensemble autour du Seigneur pour Le servir, avec une foi qui L’honore. C’est toujours le résultat béni, lorsque le Seigneur remplit un cœur disponible pour Le servir (1 Cor. 10. 24 et 33). Paul disait de Timothée : « Mon enfant bien-aimé et qui est fidèle dans le Seigneur » (cf. 1 Cor. 4. 17). Il avait « pleinement compris » la doctrine de Paul (2 Tim. 3. 10). Paul gardait le plus possible auprès de lui, ce précieux compagnon qui avait été connu à l’épreuve (1 Tim. 3. 8 à 10), ayant servi avec Paul, dans l’évangile (v. 22 ; Rom. 12. 11). Servir avec Paul impliquait bien des souffrances et des dangers ; mais Timothée avait servi « comme un enfant sert son père ».
Quant à ses propres « affaires », Paul attendait le jugement, ne sachant pas quelle en serait l’issue. Bien que vivant très près du Seigneur, il restait dépendant de son Maître, avec une foi accompagnée de prières. Pierre était l’exemple d’un croyant à qui le Seigneur avait montré que « le moment de déposer sa tente approchait » (2 Pier. 1. 14). Paul, lui-même, était assuré qu’il resterait avec les Philippiens (ch. 1. 24 et 25 ; ch. 2. 24). C’était plutôt une certitude de foi qu’une révélation. Paul désirait revoir les Philippiens. Mais il pensait surtout à leur joie à eux, en revoyant Épaphrodite (v. 28), qu’il appelle « mon frère ».
Compagnon d’œuvre et d’armes de l’apôtre durant un certain temps, comme Philémon et Archippe, il avait une place privilégiée dans le cœur de Paul. De telles appréciations pour un frère utile montrent les liens étroits qui nous unissent en Christ. De plus, Épaphrodite avait apporté à l’apôtre un don pour ses besoins ; et lui-même était plein d’affection pour les Philippiens, et fort abattu de ce que ces derniers avaient appris qu’il était malade (v. 26).
Nous sommes souvent centrés sur nos maladies. Épaphrodite, lui, était comme débarrassé de lui-même. Christ, notre modèle, n’a jamais rien fait pour Lui-même, et veut nous employer à Son service qui est à la fois une œuvre et un combat pour maintenir les saines doctrines (Jude 3 et 4). Le péché a introduit la maladie dans le monde. Mais un croyant malade ne l’est pas forcément à cause d’un péché personnel – bien que cela puisse être le cas, mais plutôt pour son perfectionnement (Job). Paul, lui aussi, avait reçu « une écharde pour la chair ». Il est faux de dire qu’un croyant ne doit pas être malade.
Prions pour nos frères et sœurs malades, Dieu les guérira selon Sa volonté ; mais Il permet les épreuves (Héb. 11. 34 et 37). Dans la maladie, demandons à Dieu pourquoi elles sont permises ; et confessons nos fautes, s’il y a lieu. Mais ce doit être l’occasion de faire briller la foi. Dans une profonde communion avec son Seigneur, Paul entrait profondément dans les épreuves de ses frères. Lui-même aurait été très affecté si Épaphrodite avait été repris. Pourtant, Paul avait le don de guérison, mais il n’en usait que pour guérir des incrédules, manifestant ainsi la puissance de l’évangile au sein du monde païen.
Un réel amour fraternel unissait Paul et les Philippiens. Le début du deuxième chapitre commence par l’humilité, et se termine par l’exemple d’Épaphrodite, un serviteur humble et plein d’affection pour ses frères (v. 26 et suivants). L’humilité consiste à se mettre soi-même de côté et à être ainsi disponible pour le service des frères. Paul renvoyait Épaphrodite à Philippes, afin que les Philippiens aient de la joie en le revoyant, et que lui-même ait moins de tristesse.
C’est par délicatesse que l’apôtre, ne s’attachant pas à ses propres intérêts, renvoie Épaphrodite à Philippes, afin qu’en le revoyant, les Philippiens se réjouissent (v. 28). Il cherche toujours à fortifier ses frères et travaille à leur avancement spirituel. Paul et les frères qui le suivaient étaient humbles ; mais tous devaient reconnaître avec joie ceux que le Seigneur avait donnés pour le bien de l’Assemblée (1 Cor. 16. 17 et 18 ; 1 Tim. 5. 17 ; 1 Thess. 5. 12 et 13). Cela nous concerne aussi. Bien qu’il ait eu quelques sujets de tristesse, Paul se réjouissait dans le Seigneur, et il désirait que les saints se réjouissent avec lui. Pour Paul comme pour Épaphrodite, la gloire de Dieu, en servant les saints, passait avant toute autre considération (1 Jean 3. 16).
Épaphrodite, sans doute épuisé après avoir effectué un voyage de trois mille kilomètres pour compléter le service des Philippiens envers Paul, avait été proche de la mort, au service du Seigneur. Ce que d’autres frères n’auraient pu faire, Épaphrodite l’avait fait. Ce don, le second de la part des Philippiens, avait la valeur d’un « parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (ch. 4. 15 à 18).
Au ch. 2, nous est révélé le modèle d’humilité qui est proposé pour que nous l’imitions.
Ch. 3
Au ch. 3, nous est montré le « but » à atteindre, et la source d’énergie nécessaire (v. 14). Des frères peuvent avoir de la grâce et de l’humilité mais manquent d’énergie. D’autres peuvent être très énergiques, mais sans humilité et manquant de grâce. Le Seigneur seul peut produire l’équilibre.
Ces mots : « Au reste » (ch. 3. 1 et 4. 8), nous ramènent à nous réjouir dans le Seigneur, d’une joie indépendante des circonstances heureuses ou malheureuses (Néh. 8. 10). Paul, dans son cœur, atteignait très haut, dans la jouissance des choses célestes qui nous sont proposées. À de tels niveaux, la joie ressentie est inaltérable (Jean 15. 10 et 11) ; elle ne peut être goûtée que dans la communion avec le Seigneur et si nous gardons Ses commandements qui ne sont pas pénibles.
Paul, avant de stigmatiser les « mauvais ouvriers » et les « chiens », parle de la joie dans le Seigneur, comme le faisait l’apôtre Pierre (1 Pier. 1. 6). De même, ces deux apôtres ne craignaient pas de répéter les choses de la Parole pour nous affermir dans la piété (2 Pier. 1. 12 et 13).
Dans les deux premiers versets du ch. 3, l’apôtre dit trois fois : « prenez garde ». Nous sommes confrontés à trois dangers clairement identifiés. La vie chrétienne est assimilée à un combat permanent. Si nous sommes occupés des bonnes choses et le mettons en pratique, nous serons préservés des pièges de l’ennemi, nos pensées étant gardées dans le Christ Jésus, et jouissant de la paix de Dieu (ch. 4. 8 et 9).
Dans l’Église, comme de nos jours, il y avait des « mauvais ouvriers », apportant de fausses doctrines qui troublaient les fidèles. Les Galates étaient tombés dans des erreurs judaïsantes. Certains y apportaient la corruption (le chien est un animal impur selon Dieu). Enfin, les Philippiens devaient se garder de la circoncision juive opérée uniquement dans la chair, que Paul appelle la « concision ». C’est dans le cœur que nous devons être « circoncis », séparés moralement du monde, pour Dieu (Act. 15. 1, 10 et 11 ; Rom. 2. 28 et 29). La circoncision dans la chair avait été donnée à Abraham, marquant sa séparation pour Dieu, vis-à-vis des nations (Gen. 17. 10 à 13).
Le christianisme rendait caduques ces dispositions qui n’étaient que symboliques et imparfaites. Quant à nous, ne nous contentons pas d’apparences pieuses : la chair sait se parer du manteau de la piété, mais le Seigneur cherche la vérité dans nos cœurs. Cependant, les hommes ne comprennent pas toujours la pensée de Dieu et, avec sincérité, prônent des erreurs. Gardons-nous de nous remettre sous la loi, en édictant uniquement des exhortations pratiques : Fais ceci ; ne fais pas cela . Appuyons-nous plutôt sur les saines doctrines qui nous sont données : elles sont, pour nous, comme des supports divins, solides et permanents, qui peuvent nous conduire de façon sûre dans le chemin de Dieu, avec une vraie piété de cœur.
Dans ce chapitre, Paul met en opposition son ancien état de Juif pieux, férocement opposé aux chrétiens et acharné à les détruire, donnant sa voix lorsqu’on les faisait mourir – et ce qu’il était devenu lorsque, sur le chemin de Damas, il avait rencontré le Seigneur Jésus dans la gloire, lui disant : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » – Révélation décisive pour lui, car il comprit qu’en persécutant les chrétiens, c’était en réalité persécuter Christ Lui-même, uni à Ses rachetés !
Dès cet instant, comprenant qu’il avait, jusque là, suivi un chemin d’erreur, il s’était converti, abandonnant toute résistance : « Que dois-je faire, Seigneur ? » L’ardent zélateur de la loi, que son intransigeance mettait en valeur auprès des pharisiens et des chefs du peuple, avait « balayé » tout ce qui, pour lui, avait été « un gain ». Désormais, il considérait ces choses comme des « ordures » (v. 8). Il faut peu de temps au Seigneur pour changer un homme lorsqu’Il s’en occupe ! La religion de l’homme est en complète opposition avec la grâce de Dieu qui donne la vie avec Christ. Après notre conversion, nous pouvons comparer ce que nous étions et ce que le Seigneur a fait de nous. (Éph. 2. 10). Nous trouvons trois caractères de la vraie circoncision.
– Nous rendons culte par l’Esprit de Dieu (Jean 4. 23), en opposition avec les sacrifices d’animaux,
– Nous nous glorifions dans le Christ Jésus (Gal. 6. 14) étant morts avec Christ (le contraire de la religion judaïque s’appuyant sur les œuvres).
– Nous n’avons pas confiance en la chair (v. 3). La religion a l’homme pour centre, la grâce est centrée sur Christ. Si nous rendons culte en rapport avec la croix où nous sommes crucifiés avec Lui, nous n’aurons pas confiance en la chair. Ne pas avoir confiance en la chair nous rappelle que, même si nous sommes délivrés de l’esclavage de la chair, elle est toujours là, en nous, prête à se manifester, même durant le culte, et il faut s’en méfier (Jér. 17. 5). En croissant spirituellement, on apprend à identifier ce qui vient de la chair ou de l’Esprit. Christ seul doit être glorifié par les chrétiens.
Hébreu des hébreux, de la tribu de Benjamin, où se situait Jérusalem, pharisien de surcroît – la secte la plus exacte du culte hébraïque – Saul de Tarse pouvait être considéré comme un exemple pour d’autres. Cependant, c’était la chair qui l’animait dans toutes ses activités. Tenons nous-mêmes notre chair dans la mort, car elle veut toujours se manifester. La loi avait été donnée pour contenir la chair ; mais celle-ci est indomptable (Luc 8. 26 à 39). Les sacrifices d’animaux ne pouvaient ôter un seul péché (Héb. 10. 1 à 4). Leur répétition incessante révélait que le péché était toujours là ! La loi, comme un tuteur, devait conduire le peuple jusqu’à Christ, qui devait, sur la croix, annuler le péché en l’expiant Lui-même. Parfaitement accomplie par le Seigneur, la loi est ôtée de dessus les hommes.
Désormais, nous pouvons rendre culte par l’Esprit Saint, car Dieu est esprit, et veut être adoré pour Lui-même, à cause de Ses gloires. Nos cultes nous occupent trop souvent de ce que le Seigneur à fait pour nous, de nos bénédictions, mais très peu de ce que le Seigneur est pour Son Père, et de ce que le Père est pour Lui. Pensons plus souvent au sacrifice de l’holocauste, offrande du Seigneur à Son Dieu, pour Le glorifier. Ne restons pas toujours au niveau du sacrifice pour le péché.
Paul, en vrai Juif, de la tribu de Benjamin, avait été circoncis le huitième jour ; il avait été instruit dans le judaïsme « aux pieds de Gamaliel, un rabbin de grande renommée. Il était sans reproche quant à l’obéissance aux ordonnances de la loi. Il persécutait l’Assemblée du Seigneur, et était imbu de sa propre justice selon la loi. Cette religion de la chair le flattait beaucoup !
Devenu chrétien, et délivré de la loi, il pouvait morigéner les Colossiens qui revenaient à la loi afin de satisfaire la chair, lui faisant confiance (Col. 2. 20 à 23). Par grâce, Christ nous a délivrés de tout cela : il faut que nous le vivions en réalité, avec l’aide constante du Seigneur. Dès que nous nous relâchons, nous retombons dans l’orgueil spirituel, le pire de tous ! Restons bien près du Seigneur afin d’en être gardés, car nous sommes sans force pour nous en délivrer nous-mêmes.
Paul, de la tribu de Benjamin, avait porté, avant sa conversion, le caractère du « loup » qui déchire et dévore la proie dès le matin (Gen. 49. 27). Mais, après sa conversion, il était devenu le « Bien-aimé de l’Éternel » (Deut. 33. 12). Dans l’histoire chrétienne, il y a eu des personnes qui, après s’être opposées aux chrétiens, ont été, à leur tour, touchées par la grâce de Dieu, tout-puissant pour transformer un homme.
Le Seigneur a dit aux disciples : « L’heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu » (Jean 16. 2). C’était exactement ce que faisait Saul de Tarse ! Mais, sur le chemin de Damas, Le Seigneur l’a jeté par terre, et tout a été changé pour lui ; dès lors, il avait rejeté tout ce qu’il avait estimé comme des avantages pour lui jusque là, et désormais, il les considérait « comme des ordures », afin de « gagner Christ » (v. 8).
Paul avait fait le « compte » de ce qu’il perdait et, à l’inverse, de ce qu’il gagnait : Christ ! « Pour moi, vivre c’est Christ » (ch. 1. 21). Paul pouvait dire en ce qui concernait ces faux avantages du passé : « je les ai regardés » ; et une trentaine d’années plus tard, il écrivait aux Philippiens : « je les regarde comme une perte ». Il n’avait pas changé. Pouvons-nous en dire autant depuis notre conversion ou bien avons-nous repris des choses d’abord rejetées, ce qui montre que nous n’apprécions plus le Seigneur de la même manière ? Paul avait vu le Seigneur dans la gloire et cela l’avait marqué toute sa vie. Christ a-t-il un tel prix pour nous, au point que tout le reste ne compte plus ? (Mat. 13. 44 à 46) Bien des choses, non assimilables au « mal », sont permises par la Parole, mais sont-elles avantageuses, profitables ? (1 Cor. 10. 23 et 31)
Se demander, d’abord : Est-ce un gain ? , plutôt que : Est-ce mal ? Cherchons toujours la gloire de Dieu (Jean 7. 18). Sans nous remettre sous une loi (Col. 2. 20 à 23), faisons les choses « à cause de l’excellence de la connaissance de Christ notre Seigneur ». Chrétiens, nous avons été rendus libres (Gal. 5. 1 et 13), mais la volonté du Père est que nous ayons communion avec Son Fils, de façon vivante, et non en apparence seulement.
La loi, donnée au peuple de Dieu, devait le conduire jusqu’à Christ qui, par Sa vie et par Sa mort, a pleinement accompli la loi. Désormais, le croyant est placé dans la liberté, non pour pécher, mais pour vivre de façon spirituellement avantageuse ; en nous attachant « à le connaître, Lui, et la puissance de sa résurrection (premièrement), et la communion de ses souffrances » (v. 10 ; Col. 3. 1 à 3). Nous sommes ressuscités avec Christ, et nos vrais biens sont cachés dans les cieux (Mat. 6. 21). Si le Seigneur est notre « trésor », nous pourrons rejeter les choses inutiles de ce monde. L’apôtre courait « pour remporter le prix, et combattait « non comme battant l’air » (1 Cor. 9. 24).
C’est la chair qui pèche. La chair peut être aussi « religieuse » : mais c’est toujours la chair, entièrement souillée et condamnée (És. 64. 6). Comme Paul, ayons en nous la « justice qui est de Dieu, moyennant la foi » (v. 9). L’épître aux Hébreux nous exhorte à « courir avec patience la course qui est devant nous, les yeux fixés sur Jésus » (ch. 12. 1 et 2), en suivant Ses traces (1 Pier. 2. 21). Cela détournera nos yeux de nous-mêmes, pour les fixer sur Christ dans la gloire.
Deux versets s’opposent quant à l’état moral de Paul. « Mais les choses qui pour moi étaient un gain » (v. 7). Et la justice « qui est par la foi en Christ… pour le connaître, Lui » (v. 10). C’est dans la gloire avec le Seigneur que nous parviendrons tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu… à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (Éph. 4. 13). Recherchons dans la Parole les traces que le Seigneur a imprimées sur la terre, afin de croître dans Sa connaissance. Mais pour cela, nous avons besoin de tout Son secours, car nous avons encore la chair en nous qui nous ralentit dans notre course… à moins que le diable ne nous fasse même reculer.
Chacun doit se dire : « J’ai un but à atteindre : Christ dans Son excellence. Crions au Seigneur afin qu’Il nous délivre de toutes les pesanteurs de la chair qui nous empêchent de nous attacher à Christ, comme Paul s’y était attaché sur le chemin de Damas.
À sa conversion, Paul avait abandonné sa justice qui est selon la loi, afin d’être revêtu de la justice de Dieu selon la foi, pour connaître Christ (v. 10). La loi, autrefois imposée au peuple, a été pleinement accomplie par le Seigneur, de sorte que Dieu l’a retirée et ne l’exige plus des hommes. Comme l’apôtre, nous avons à progresser dans la connaissance du Seigneur et à poursuivre le même but : gagner Christ. Paul reconnaissait que lui-même n’avait pas encore « saisi Christ », mais qu’il avait été lui-même saisi par le Christ (v. 12 et 13). Il « courait » de manière à Le gagner. C’est aussi ce qui est placé devant nous afin de nous tirer en avant.
Sur le chemin de Damas, il avait suffi à Paul de la réponse du Seigneur à sa question : « Je suis Jésus que tu persécutes », pour que toute sa vie en soit changée. Désormais, il voulait « connaître Christ, la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances ». Si l’apôtre place la résurrection du Seigneur avant de parler de Ses souffrances, c’est parce qu’il fallait qu’Il ressuscite avant que nous ayons la vie, et que nous puissions communier avec Ses souffrances. Le Psaume 63. 1 et 2 pouvait s’appliquer au désir ardent de Paul qui avait vu le Seigneur dans la gloire, et qui désirait être conforme à Son modèle sur la terre : Christ (Col. 1. 24).
Nous pouvons être amenés à « souffrir pour la justice » de la part des méchants (1 Pier. 2. 21 à 23), comme le Seigneur, dans les afflictions qu’Il a connues dans Sa vie : Judas qui Le trahit, Pierre qui Le renie, les tribunaux iniques qui Le jugent et devant lesquels Il ne répond rien. Cependant, nous ne pouvons entrer dans Ses souffrances expiatoires. En son temps, Jérémie, lui aussi, avait beaucoup souffert de l’opposition acharnée de ceux qui le persécutaient à cause de ses prophéties annonçant les malheurs à Israël (Jér. 20. 7). Paul, lui, voudrait que nous soyons ses imitateurs.
« La puissance de sa résurrection » fait référence à la puissance divine nécessaire à la résurrection du Seigneur ; puissance qui opérera pour nous ressusciter aussi (Éph. 1. 18 à 20). Par Sa résurrection, Christ est les prémices de la nouvelle création, dont nous faisons partie par notre foi en Jésus Christ. C’est pourquoi Paul avait la certitude qu’il ressusciterait (Rom. 6. 8). Nous avons cette même certitude, de sorte que nous disons : « Viens Seigneur Jésus » ! Car « notre bourgeoisie est dans les cieux ».
Pour que nous entrions dans la communion de Ses souffrances, il nous faut d’abord connaître la puissance de Dieu manifestée dans la résurrection. Nous possédons déjà, en germe, cette vie de résurrection, la propre vie de Jésus ressuscité (1Cor. 15. 12 à 19), car nous portons en nous la conformité de la « mort de Jésus » (2 Cor. 4. 10). Si nous sommes appelés à manifester la vie de Christ sur la terre, quant à la sainteté pratique, comme le faisait Paul, nul ne peut entrer dans l’imitation de la mort sur la croix où, seul, le Seigneur a expié nos péchés.
Paul ne connaissait pas d’avance par quel chemin le Seigneur le ferait « parvenir à la résurrection d’entre les morts » (v. 11). Il acceptait cependant de se laisser conduire par son Maître, par quelque chemin qu’Il le ferait passer pour atteindre ce but. Il avait conscience qu’il n’avait pas encore atteint la perfection du Seigneur (v. 12) ; mais c’était le but qu’il poursuivait « oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec efforts vers celles qui étaient devant » (v. 14), afin de poursuivre la perfection du Seigneur ; Le connaître toujours mieux selon ce qu’Il veut nous révéler de Lui-même, dans sa communion.
La perfection du Seigneur est notre seule référence à considérer dans notre propre vie. Pierre Le suivait de loin, et il est tombé ! Jean se tenait tout contre lui, et avait reçu Sa réponse. C’est en « sondant les Écritures » que nous approfondissons la connaissance de Christ (Jean 5. 39). « L’esclave n’est pas plus grand que son Maître », et nous sommes exhortés à être fidèles, et à « prendre notre part des souffrances » (2 Tim. 8. 2 et 3 ; ch. 2. 3). Comme l’apôtre, faisons « une chose » : soyons occupés du Seigneur en tous temps !
Reconnaissant qu’il n’était pas parvenu à la perfection, Paul oubliait « les choses qui étaient derrière », et tendait avec effort vers celles qui étaient devant… et courait « droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (v. 14). Cet effort venait du Seigneur, car, disait-il : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (ch. 4. 13). Avant de nous exhorter à être ses « imitateurs » (v. 17), Paul nous montre l’exemple de sa propre conduite (1 Cor. 11. 1). Le Seigneur Lui-même est notre divin modèle (1 Pier. 2. 21), et Il nous encourage à suivre Ses traces avec les forces qu’Il donne, par la Parole et la prière.
Rappelons qu’il y a la perfection initiale acquise définitivement à la conversion (Héb. 10. 14) – la perfection pratique dans laquelle nous avons à faire des progrès – enfin, la perfection future que nous atteindrons lorsque nous serons au ciel avec le Seigneur. Paul reconnaissait qu’il n’était pas encore parvenu à ce stade, mais il « courait droit au but », cherchant a « saisir Christ », à vivre de façon pratique, comme s’il avait déjà atteint cette perfection. C’était ce qui avait du prix pour lui.
Contrairement aux incrédules, le croyant a un but : saisir Christ dans la gloire qu’il verra face à face. Et pour cela, Paul faisait « une seule chose » : Il courait « droit au but », ne laissant rien l’en détourner. Veillons à imiter Marie : assise aux pieds du Seigneur, elle écoutait sa Parole, et cette « bonne part » ne lui serait point ôtée (Luc 10. 39 à 42). Cette même part doit être la nôtre à chacun : c’est le désir du Seigneur que nous soyons « assis » paisiblement à Ses pieds. C’est à travers la Parole que nous apprenons à connaître le Seigneur : « Sondez les Écritures… car ce sont elles qui rendent témoignage de Moi » (Jean 5. 39).
L’aveugle que le Seigneur avait guéri (Jean 9. 24 et 25), savait « une chose » : il avait été aveugle et maintenant il voyait. Chacun est amené à avoir une certitude personnelle en relation directe avec ses circonstances propres. Le Seigneur parle à chacun, de façon personnelle : « Simon, j’ai quelque chose à te dire ». Fixons les yeux sur Jésus (Héb. 12. 2) afin de ne pas Le perdre de vue dans toutes nos occupations, et de faire « toutes choses comme pour le Seigneur ». Le seul but que la Parole nous propose, c’est le Seigneur !
Dans le ciel, nous aurons revêtu la perfection même du Seigneur, et serons un en Lui, comme Lui est un avec le Père (Jean 17. 21). Mais tant que nous sommes sur la terre, notre perfectionnement résulte de la soumission journalière à la Parole. Nos pensées, nos paroles et nos actions doivent répondre à ce que le Seigneur aimerait trouver en nous, au moment où Il reviendra.
Nous devons marcher ensemble avec amour, « dans le même sentier » (v. 16), même s’il arrive que nous n’ayons pas tous une même pensée. Dans ce cas, remettons-nous humblement tous ensemble et avec sincérité au Seigneur, et Lui nous montrera Sa pensée (És. 55. 8 et 9). « Gardons l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Éph. 4. 1 à 3). Courons ensemble, avec énergie, vers le même but, ayant déposé nos fardeaux (ch. 4. 6), afin de mieux courir. Dans cette course spirituelle, tous ceux qui courent gagneront Christ, le but et la récompense.
« Nous tous qui sommes parfaits » (v. 15) : ce sont ceux qui ont compris qu’il est nécessaire de courir vers le but. Peu importe à quel point de la course nous sommes parvenus. Certains sont plus avancés que d’autres, mais l’essentiel est de courir. Nous devons nous aider mutuellement. Il ne s’agit pas de divisions sur les vérités fondamentales que nous devons tous garder ; mais de liberté chrétienne, dans laquelle nous ne sommes pas tous parvenus au même niveau.
Paul espérait « achever sa course » fidèlement (Act. 20. 24) ; et il en parle comme de la certitude d’y être parvenu en 2 Timothée 4. 7. Chacun achève sa course lorsque nous avons pleinement accompli ce que le Seigneur nous a confié. Paul se mettait en compagnie de ceux qui l’imitaient, et les désigne humblement comme exemples à suivre (v. 17). Des frères actuels peuvent être aussi des modèles pour nous, en montrant quelque chose de Christ. Par opposition, Paul pleurait sur ceux qui étaient des « ennemis de la croix du Christ » (v. 18). S’il y a des « anciens » parmi nous, ils doivent être « les modèles du troupeau » (1 Pier. 5. 2 et 3).
« Notre bourgeoisie est dans les cieux » (v. 20). Ces paroles confèrent aux chrétiens une noblesse spirituelle qui les arrache à la « possession » de la terre comme étant leur patrie. Cette vérité les oppose aux incrédules dont les seuls intérêts sont terrestres, et « qui habitent sur la terre ».
Ceux-là subiront la domination diabolique de « la bête qui monte de la mer » (le chef de l’empire romain reconstitué) et de la bête qui monte de la terre (d’Israël), l’antichrist (Apoc. 13. 8 et 14). N’ayant pas la vie divine en eux-mêmes, ils seront séduits par ces deux hommes sataniques qui les égareront pour le jugement.
Par opposition, nos intérêts de croyants sont dans les cieux, notre vraie patrie. Nous traversons la terre comme étant de passage dans un pays qui n’est pas le nôtre, nous acheminant vers notre destination céleste, d’où nous attendons Christ comme Sauveur de nos corps, par la résurrection. Les « bourgeois » du Moyen-âge administraient leurs villes, mais nos droits à nous, chrétiens, sont uniquement dans les cieux. « Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas celles qui sont sur la terre » (Col. 3. 1 et 2).
Nous avons un grand besoin de lire les Écritures qui nous entretiennent du Seigneur Lui-même, et de notre vraie patrie, tandis que nous sommes souvent accaparés par les occupations matérielles. Contrairement à l’assertion de quelques hommes qui se proclament « citoyens du monde », le Seigneur Lui-même dit des croyants : « Ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17. 14 et 16). Nous sommes comme des étrangers traversant un pays qui n’est pas le leur, et aux biens duquel ils ne s’attachent pas. De même, nous n’avons pas à nous occuper de la gestion politique de la terre. Le Seigneur a déclaré à Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde… Mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici » (Jean 18. 36).
Apprécions-nous suffisamment le Seigneur Jésus pour nous détacher des choses de la terre ? Nous avons à assumer nos tâches matérielles et quotidiennes. Mais nous devons rester de simples spectateurs de ce monde qui se corrompt de plus en plus, sans pour autant nous en isoler comme vivant dans un désert. Le Seigneur disait à Son Père : « Je ne te fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal » (cf. Jean 17. 15). La traversée est pénible et affligeante, mais le Seigneur passe devant nous et nous conduit avec sûreté, dans un chemin où nous devons Le suivre fidèlement : « Toi, suis-moi » (Jean 21. 20 et 22). « Sondez les Écritures car ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5. 39). Cherchons à mieux connaître le Seigneur afin de mieux Le suivre.
Au v. 21, nous avons la dernière acception du terme « Sauveur », celle qui concerne le Seigneur qui, après avoir sauvé nos âmes, et nous avoir sauvés quotidiennement aux milieu de nos circonstances sur la terre, sauvera encore nos corps mortels en les transformant « en la conformité du corps de sa gloire » (Rom. 8. 23 ; 1 Cor. 15. 51 à 55 ; 1 Thess. 4. 16).
Le passage déjà cité de Romains 8 a entraîné une grave erreur d’interprétation. Plusieurs ont pensé que Dieu a prédestiné certains à être sauvés et d’autres à être perdus. Mais Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Simplement, il a « préconnu » ceux qui accepteront le salut gratuit, et les a prédestinés à être rendus conformes à l’image de Son Fils, puis les a appelés, justifiés et glorifiés. Et Il a préconnu aussi ceux qui Le refuseront. Dès lors, soyons heureux d’être des citoyens du ciel ; mais ne négligeons pas ceux qui sont encore dans la perdition (Héb. 9. 27).
Après l’enlèvement de l’Assemblée chrétienne, il sera trop tard pour les incrédules ! L’état mortel qui est le nôtre est assujetti à Sa toute-puissance pour nous ressusciter pour la vie éternelle. Même la vie du Seigneur, ayant « goûté la mort pour tout », était assujettie à Sa propre puissance de résurrection (Éph. 6. 10 ; Jean 10. 17 et 18). Nous avons affaire à de nombreuses puissances : la chair en nous (morte aux yeux de Dieu, mais agissant toujours en nous) ; le diable, et le monde. Toutes ces puissances, encore actives bien que déjà vaincues par le Seigneur, Lui seront bientôt assujetties pour Sa gloire.
Ch. 4
Paul, appelant les croyants de Philippes : « mes frères bien-aimés » manifeste son amour pour eux, dans un sentiment vivant de grâce et d’amour que l’on trouve déjà au ch. 2. 12. L’amour est la base intangible de la vie chrétienne : sans amour, nous ne sommes rien (1 Cor. 13. 1 à 8) ; et l’amour de l’apôtre pour tous les croyants était un amour ardent : « mes frères… ardemment désirés, ma joie et ma couronne » dit-il. Il avait un désir brûlant de les revoir, de leur parler et, en même temps, il les considérait comme sa « couronne » de grâce et de gloire, car il les avait amenés au Seigneur par sa prédication.
En vertu de cette déclaration qu’il leur a faite : « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ… » (ch. 3. 20 et 21), il les exhorte à demeurer « fermes dans le Seigneur » (ch. 1. 27 ; 4. 1). Nous ne trouvons la force de rester fermes que dans le Seigneur, en qui nous trouvons et notre joie et notre force, ces deux choses étant liées (Néh. 8. 10 ; 2 Cor. 12. 9). C’est aussi dans « la tranquillité et la confiance » que l’on est fortifié (És. 30. 15), et nous devons aussi tenir ferme et combattre pour la foi (Jude 3). Où Paul trouvait-il la force de tenir ferme dans ses tribulations, sinon en Celui qui le fortifiait et le remplissait de joie ? Le Seigneur nous dit : « Séparés de moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15. 5). C’est dans la prière que nous trouvons la force de persévérer dans toutes les circonstances, même celles qui nous paraissent les plus « insignifiantes ». Sans la prière dans le sentiment de notre impuissance, nous ne réussirons pas.
La délicatesse de Paul et son humilité se découvrent dans sa manière de « supplier » Évodie, puis Syntyche, l’une après l’autre et de la même manière, ne cherchant pas à savoir laquelle avait raison ou tort. Peut-être même n’avaient-elle raison ni l’une ni l’autre. L’important, à ses yeux, c’était que ces deux sœurs en Christ, par ailleurs utiles dans le service, retrouvent la communion en ayant de nouveau « une même pensée dans le Seigneur ».
En toutes circonstances, dans l’Assemblée, ce qui est important, c’est de rechercher, ensemble, la seule pensée qui compte : celle de Dieu. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel » (És. 55. 8 et 9).
L’apôtre pousse la délicatesse jusqu’à ne pas indiquer l’objet de leur différend. Quel que soit l’objet de nos querelles, elles affectent durablement et douloureusement l’Assemblée tout entière. Cette même humilité de Paul se retrouve en Philémon qu’il « prie », alors qu’il avait l’autorité « d’ordonner » ce qui convenait dans cette situation particulière (Philémon 9 et 10). Avant de relever le différend opposant les deux sœurs, Paul s’est adressé à toute l’assemblée, mettant en avant l’humilité du Seigneur Lui-même (ch. 2. 2 à 8).
Paul avait à cœur de reconnaître les services fidèles que ses compagnons d’œuvre avaient rendus, avec lui, dans la « sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11. 28), et s’adresse même à un frère qu’il ne nomme pas, mais qui a dû se reconnaître, pour l’exhorter à aider les sœurs qui s’opposaient l’une à l’autre. Être une « aide » pour l’assemblée, est un service important (Rom. 16. 2 ; 1 Cor. 12. 28) ; et doit être fait avec douceur, si quelqu’un est « tombé » (Gal. 6. 1 et 2).
Au v. 3, on trouve « Clément » pour la première et dernière fois, comme ayant servi avec Paul. Paul savait, à la fois, pleurer pour ce qui lésait les intérêts du Seigneur (ch. 3. 18), et se réjouir en Lui (cf. 3. 1 ; ch. 4. 4). La vraie joie se trouve dans le Seigneur, connu comme notre Sauveur et notre Berger. À ce seul titre, Paul, même en prison, savait se réjouir en Christ, indépendamment des circonstances. Savons-nous faire de même ? Il insiste : « Encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous » (v. 4). Même dans les persécutions, les chrétiens goûtent la joie de leur Seigneur, qui nous a dit : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie » (Jean 15. 11). Et « Vous donc, vous avez maintenant de la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira : et personne ne vous ôte votre joie » (Jean 16. 22). « afin que votre joie soit accomplie » (cf. Jean 16. 24).
Paul, vivant très près de son Seigneur, avait le discernement que ses compagnons d’œuvre avaient, comme lui, leurs « noms dans le livre de vie » (v. 3), « écrits dans les cieux » (Luc 10. 17 à 20). Le livre de vie contient les noms des croyants, qui ont la vie de Dieu (Apoc. 20. 15). Les saints de l’Ancien Testament comme les croyants du millénium ont leurs noms écrits « dès la fondation du monde » (cf. Apoc. 13. 8 ; 17. 8). Quant aux vrais chrétiens ayant confessé leurs péchés et cru à l’œuvre du Seigneur sur la croix, le Seigneur n’effacera pas leurs noms du livre de vie (Apoc. 3. 5). En Exode 32. 32, Moïse, aimant le peuple de Dieu qui venait de pécher gravement, suppliait l’Éternel de pardonner « sinon, disait-il, efface-moi, je te prie, de ton livre que tu as écrit ».
En Philippiens 4. 4, Paul exhorte à se réjouir « toujours dans le Seigneur », c’est-à-dire, dans Sa personne, et non selon certaines circonstances heureuses – non plus selon la joie du monde, mais dans une joie sainte et pure émanant du Seigneur même (Jean 15. 8 à 11 ; Ps. 4. 7 ; Néh. 8. 10). C’est de Sa propre joie inaltérable et parfaite qu’Il veut nous réjouir. Aspirons à mieux connaître Celui qui veut nous faire partager une telle joie durant l’éternité.
L’apôtre lui-même jouissait d’une telle relation avec son Seigneur, et il nous y exhorte en 1 Thessaloniciens 5. 16. Il ne s’agit pas de rester insensible aux épreuves : Paul savait pleurer dans certaines situations (ch. 3. 18). Mais il convient de ne pas se laisser « écraser » par les difficultés parfois douloureuses. Pensons à Proverbes 15. 13 ; ch. 17. 22. Paul dirige alors nos pensées sur les ressources à notre disposition : « prier sans cesse » et exposer nos requêtes à Dieu « en toutes choses », même les plus petites, celles qui nous sembleraient les plus faciles. Et enfin, à rendre grâces pour les réponses de Dieu, même si elles sont différentes de ce que nous attendions.
De plus, il nous encourage à manifester la « douceur » de celui qui n’insiste pas sur ses droits : c’est une attitude contraire à notre nature qui se manifeste sans retenue dans le monde. Que le Seigneur nous accorde d’y veiller dans l’humilité. En Exode 2. 11 et 12, Moïse manifeste un tempérament violent en tuant l’Égyptien qui frappait un hébreu. Il croyait que le peuple, esclave en Égypte, comprendrait qu’il voulait les délivrer. Ayant dû s’enfuir après son crime, il dut, désormais, garder les troupeaux de son beau-père durant quarante ans « derrière le désert » : quarante ans durant lesquels il a appris la douceur et l’humilité. Ainsi, Dieu peut désormais l’envoyer délivrer Son peuple, car « cet homme, Moïse, était devenu très doux, plus que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre », et il le manifeste dans une circonstance douloureuse concernant sa sœur Marie qui avait péché contre lui (Nomb. 12. 1 à 3).
Le Seigneur, « débonnaire et humble de cœur » (Mat. 11. 29), savait reprendre vertement les chefs du peuple, égoïstes et pleins d’orgueil (Mat. 23. 13 et suivants). Au ch. 21. 12 et 13, Il chasse les marchands du temple violemment, afin de purifier la maison de Son Père dont ils avaient « fait une caverne de voleurs ».
Contrairement au monde plongé dans la violence, nous devons manifester la douceur du Seigneur, être soumis aux autorités (Tite 3. 1), car « il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous » (2. Tim. 2. 24).
Dans les inquiétudes que nous connaissons, apportons tout à Dieu par la prière, et demandons « selon sa volonté » et avec foi, afin qu’Il nous exauce. Dans ces versets de Philippiens 4. 6 et 7, la Parole nous encourage en nous révélant que « la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera nos cœurs et nos pensées dans le Christ Jésus ». Ainsi, nous sommes exhortés à venir à Dieu pour Lui soumettre nos inquiétudes, avec cette certitude que « le Seigneur est proche » – dans le temps pour venir nous enlever de la scène de ce monde, et proche de nous dans notre vie quotidienne (Mat. 28. 20).
Une supplication est une prière ardente pour un besoin ressenti intensément. Cela nous amène à comprendre plus profondément, dans l’humilité, notre entière dépendance de Dieu, sans laquelle nous ne pouvons rien faire (Jean 15. 5). « Venez à moi vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos » (Mat. 11. 28).
En Actes 16. 25, Paul est l’exemple d’un croyant qui a mis en pratique ce qu’il enseigne lui-même dans les v. 6 et 7 de Philippiens 4. En 1 Samuel 1. 9 à 11 ; v. 17 et 18, on trouve Anne qui, après s’être confiée en l’Éternel, de triste et malheureuse qu’elle était auparavant, car elle était stérile, « n’eut plus le même visage ». La paix de Dieu l’avait pénétrée. Apportons nos fardeaux au Seigneur afin qu’Il nous en soulage, en les portant Lui-même. Et alors « la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera nos cœurs et nos pensées dans le Christ Jésus » (v. 7). Cette paix bienfaisante est inexplicable, mais, envoyée par Dieu, elle remplit le cœur de celui qui se confie en Lui.
Tout est changé lorsque nous agissons avec foi, si faible quelle soit : « comme un grain de moutarde ». Apportons tout au Seigneur afin que nous ne soyons pas « oscillants », tantôt en haut, tantôt en bas, mais toujours confiants en Christ. Le Dieu de paix, Lui, ne change jamais ; Il présente en Lui-même la stabilité parfaite, et Il nous invite à jouir, avec Lui, de Sa propre stabilité. Quel encouragement, et quelle consolation de savoir qu’Il nous écoute et veut nous remplir de Sa propre paix !
Cette paix est au-dessus de toute intelligence, de tout calcul, mais repose sur la foi seule. L’intelligence spirituelle du croyant repose sur « la crainte du Seigneur, c’est la sagesse, et se retirer du mal est l’intelligence » (Job 28. 28 ; Ps. 111. 10 ; Prov. 18. 10). Notre Père sait ce qu’il nous faut, selon Sa sagesse. Cette paix de Dieu garde nos cœurs et nos pensées, c’est-à-dire qu’elle « monte la garde » sur nos cœurs et nos pensées afin de les préserver de toute inquiétude. Car tout vient des pensées, qui se traduisent par des paroles, puis par des actes. Elles doivent être sanctifiées.
Prions non seulement dans des circonstances difficiles, mais en tout temps, car c’est avant tout de paix que nous avons besoin dans nos cœurs et nos pensées. Le v. 8 insiste pour que nous recherchions « toutes ces choses » : Elles se réfèrent à tout ce qui émane de Dieu qui nous les communique, et nous les montre en Jésus, le Fils de Dieu.
La Parole montre les choses « vraies » ; Les choses venant de Dieu sont « vénérables ». Elles sont « justes », elles sont « pures », « aimables », venant du Dieu qui est « amour », elles sont de « bonne renommée » parmi les hommes qui les observent, si les croyants les vivent (Act. 2. 46 et 47). Paul les vivait et nous invite à être « ses imitateurs » (2 Cor. 11. 1). Pour que ces choses occupent nos pensées, la « vertu » (le courage et l’énergie) doit nous remplir ; et soyons occupés à louer le Seigneur (v. 8).
Ces choses doivent être vues en nous et vécues (v. 9), sous la puissance active du Saint Esprit. Dès lors, « le Dieu de paix sera avec nous ». Penser à « toutes ces choses » remplit notre cœur, et nous garde des pensées mauvaises ou négatives qui, souvent, nous agressent, mais que nous ne devons pas entretenir, car nous ferions le jeu de l’ennemi.
En 2 Corinthiens 10. 1, Dieu, « par la douceur et la débonnaireté de Christ », veut amener « toute pensée captive à l’obéissance de Christ » (v. 5). Dans les épreuves, nos pensées inquiètes nous tourmentent : mais remettons plutôt tout entre les mains de Dieu ; alors nous serons gardés en paix. L’exemple de Paul devrait nous rassurer, et nous entraîner dans cette voie aboutissant à la paix dont Dieu veut nous remplir. Nous pouvons en parler, mais il nous est plus difficile de les vivre ! Le Seigneur, Lui, « faisait », puis « enseignait ».
Le monde cherche la paix sans le Dieu de paix ; alors il fait la guerre !
Bien qu’il ne soit pas dit que Dieu soit un Dieu de joie, le Fils de Dieu a dit à Ses disciples : « Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie ». Le Fils de Dieu, « Jésus se réjouit en esprit » (Luc 10. 21 ; Jean 15. 11). Et aussi, Dieu est « le Dieu bienheureux ». La joie, comme l’amour, peut donc avoir sa source dans la nature divine. Paul se réjouissait dans ses supplications pour les Philippiens (ch. 1. 3 et 4). Il s’était réjoui aussi de l’obéissance des Romains (Rom. 16. 19). Au ch. 4, il s’était « grandement réjoui de ce que les Philippiens avaient pensé à lui, en lui faisant parvenir un don pour ses besoins. Cela l’avait encouragé, car il comprenait que les croyants de Philippes l’avaient fait par amour pour lui – mais aussi pour plaire au Seigneur.
Hébreux 13. 15 et 16 montre l’importance de la bienfaisance aux yeux de Dieu, et pourquoi l’apôtre se réjouit de ne pas avoir été oublié des Philippiens. Il est nécessaire d’entretenir, les uns envers les autres, le désir d’être des aides, tant sur le plan matériel que sur le plan spirituel. Dans Sa grâce, le Seigneur avait Lui-même fait revivre la pensée des Philippiens pour Paul, et cette affection pour lui le réjouit, bien qu’il ait su être « content en lui-même », dans n’importe quelles circonstances.
Le v. 10 dénote la délicatesse d’esprit de l’apôtre, qui exprime cette pensée que les Philippiens avaient pensé à lui bien avant d’avoir « l’occasion » de lui envoyer ce don et le mot « enfin », ne semble pas être un reproche, mais plutôt, exprime un sentiment de reconnaissance pour leur affection ainsi manifestée. Nous devons voir, chez nos frères, ce que Christ a produit en eux. Le v. 9 nous enjoint d’être occupés de saines pensées, afin que l’ennemi ne remplisse pas nos cœurs de choses vaines. Le plaisir de Dieu est de nous pousser à nous intéresser à nos frères à l’œuvre. Paul ne recherchait rien pour lui-même, mais sa joie éclatait en voyant le mouvement d’amour des Philippiens pour lui.
« Promptitude », « libéralité », sont les maîtres mots qui conduisent aux actions de grâces, concernant les dons faits avec joie et amour (2 Cor. 9. 2 à 5). La vie de Paul était un enchaînement de tribulations des plus pénibles (2 Cor. 11. 23 à 27) ; malgré cela, il savait « être content en lui-même ». Il avait appris cela dans l’intimité avec son Seigneur. Avons-nous appris la même leçon ? Paul considérait que ces « légères tribulations d’un moment, opèrent pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire » (2 Cor. 4. 17 et 18).
« Nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8. 28). Néanmoins, il faut distinguer le fait que Paul était content dans les circonstances, et non des circonstances. Il se savait enrichi par les choses venant de Dieu. Efforçons-nous d’être satisfaits de ce que Dieu nous donne, car les richesses apportent avec elles des tourments, alors que la pauvreté s’appuie sur Dieu (1 Tim. 6. 6 ; v. 9 à 11, 17 à 19). Gardons-nous de l’esprit du monde, qui n’est jamais satisfait.
Hébreux 13. 5 nous met en garde contre l’avarice, consistant à vouloir toujours plus d’argent que nous n’en avons. Ce sont nos motifs qui conditionnent la valeur de nos dons. Que donnons-nous pour le Seigneur ? La veuve de Marc 12. 42 avait donné « tout de ce qu’elle avait pour sa subsistance » ; les riches donnaient de leur superflu. Le Seigneur nous confie la gestion personnelle et quotidienne de ce qu’Il nous donne. Tout Lui appartient et, si nous sommes dans la liberté, nous n’en sommes pas moins sous Son regard ; et c’est Dieu qui nous forme. Paul avait été formé par le Seigneur, et avait dû apprendre « combien il devrait souffrir pour son nom » (Act. 9. 16).
En Actes 4. 36 et 37 ; ch. 5. 1 à 5, Barnabas, ayant vendu une terre, en apporta la pleine valeur aux pieds des apôtres. Puis Ananias et Sapphira vendirent à leur tour une terre, voulant se donner bonne apparence. Mais ils ne mirent devant les apôtres qu’une partie de sa valeur, mentant ainsi à Dieu, et le Seigneur les fit mourir. Ils avaient la liberté de garder la terre ou, même en la vendant, ils restaient libres de garder tout l’argent pour eux. Leur péché a été de mentir à Dieu. Demandons à Dieu le nécessaire pour vivre, et soyons-en contents (Prov. 30. 8).
Dans l’abondance ou dans les privations, l’apôtre avait appris du Seigneur à être content en lui-même. Gardons-nous de l’esprit du monde. Nous n’en serons délivrés que bien près du Seigneur. Paul pouvait dire : « Je puis », « Moi ». L’apprentissage est personnel. Impuissant par lui-même (2 Cor. 12. 9), il avait reçu du Seigneur la force de faire tout ce qui Lui plaisait. L’accent est mis sur ses relations intimes avec son Seigneur ; mais ceux qui l’entouraient lui devaient des marques d’amour. Prenons part aux peines de nos frères.
Le v. 14 est un baume pour les Philippiens qui auraient pu penser : « Il méprise notre don ! » Non ! Dans l’humilité, il les rassure en reconnaissant ouvertement qu’il avait besoin d’eux, « dans son affliction », et qu’il n’était pas un « surhomme », pouvant tout par lui-même. Mais plutôt que d’avoir besoin de ses frères, lui aussi était dépendant de la grâce du Seigneur.
Une vraie communion ressort dans la manière dont Paul s’adresse aux Philippiens, comme à des « compagnons » ayant vécu ensemble des épreuves communes. C’est avec une grande reconnaissance qu’il leur parle, au sujet des différents dons qu’ils lui ont fait parvenir, avec une profonde affection pour lui. De toute la Macédoine dont Philippes faisait partie, seuls les Philippiens avaient pourvu à ses besoins, même lorsqu’il était à Thessalonique (v. 16).
On voit, en 2 Corinthiens 8. 1 à 5, que les Philippiens s’étaient « donnés premièrement au Seigneur », source de leur affection pour Paul. Nous appartenons, corps, âme et esprit, au Seigneur. Les Macédoniens, très pauvres et ayant subi des épreuves, avaient « abondé » en libéralité pour l’apôtre, montrant ainsi le bon état de leur foi. Qu’en est-il de nous ?
Contrairement aux Philippiens, les Corinthiens avaient des dispositions opposées (2 Cor. 7. 2 à 11). De plus, Paul travaillait, lui-même, en faisant des tentes (Act. 18. 1 à 4), dans la mesure où il était libre. Mais, lorsqu’il écrivait aux Philippiens, il était prisonnier à Rome, et n’avait plus la liberté de pourvoir à ses besoins ni aux besoins de ceux qui le suivaient. Paul se réjouissait de la générosité des Philippiens à cause du fruit spirituel qui rejaillissait sur eux et abondait pour leur compte (v. 17). L’amour dont il jouissait de leur part, réjouissait l’apôtre.
« Or j’ai amplement de tout, et je suis dans l’abondance ; je suis comblé, ayant reçu d’Épaphrodite ce qui m’a été envoyé de votre part… un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (v. 18). Il a plu à Dieu de nous transmettre ces paroles interrompues par un point de suspension, afin de marquer la profonde émotion qu’il ressentait devant l’amour que les Philippiens lui manifestaient de façon réitérée ; son émotion l’empêchait, un instant de poursuivre sa lettre. On retrouve ces mêmes points de suspension en Genèse 48. 7 : Jacob, en évoquant la mort de Rachel, sa chère femme, brisé par l’émotion et les larmes, ne peut, pour un moment, continuer de parler. Sommes-nous aussi sensibles à l’amour de nos frères ?
L’apôtre avait beau se déplacer de ville en ville, la générosité des Philippiens ne se départissait pas ! Bien que Paul ait regardé aux choses élevées (un fruit qui abonde en bénédiction pour les Philippiens), il les encourage en leur disant : « Néanmoins vous avez bien fait de prendre part à mon affliction » (v. 14). Leur don n’était pas inutile pour l’apôtre mais, dans sa joie, il savait que ce fruit de l’Esprit se tournait en gloire pour Dieu le Père (Jean 15. 8 à 5) Soyons, nous aussi, occupés des besoins de nos frères, et non de nos propres intérêts.
L’expression « un parfum de bonne odeur » du v. 18 rappelle l’œuvre du Seigneur sur la croix : expression de bonne odeur, par excellence pour Dieu. Pour le Seigneur, un don fait avec amour a ce même caractère. En Romains 15. 25 à 27, Paul leur dit qu’il allait à Jérusalem, et que les assemblées de Macédoine et de l’Achaïe envoyaient par son moyen, « une contribution, aux besoins des pauvres d’entre les saints qui sont à Jérusalem ». Et il précise que les croyants des nations (en l’occurrence les saints de Rome), sont dans l’obligation morale, ayant bénéficié de leurs biens spirituels (l’évangile), de les servir dans leurs besoins charnels en leur envoyant un don en argent.
La bienfaisance (Héb. 13. 16), est « un sacrifice acceptable » qu’apprécie le Seigneur. Paul connaissait intimement son Dieu (v. 19) et il sait qu’Il pourvoira aux besoins des Philippiens. Si nous connaissons Dieu vraiment « intimement », soyons assurés qu’Il répondra fidèlement à tous nos besoins. Remettons-les-lui. Donnons-Lui aussi notre temps, et nos dons spirituels (2 Cor. 9. 8 et 9). Par contre, Il ne répondra pas aux demandes charnelles. À l’encontre du monde pour qui l’argent est un dieu, ayons une tout autre estimation, quant à nous, dans des pensées plus élevées et des motifs spirituels.
Au v. 19, il est question des « richesses de Dieu en gloire ». En Éphésiens 3. 16, on trouve « les richesses de sa gloire ». Quelle que soit l’expression employée, il s’agit de la richesse de Dieu en toutes choses qu’Il possède dans Sa propre gloire, et dont Il fait jouir Ses bien-aimés. Néanmoins, le traducteur a été scrupuleux et a tenu compte des nuances des deux expressions.
L’apôtre met l’accent sur le fait que la générosité des Philippiens était à la gloire de Dieu (v. 20). Tout ce que nous faisons, conduits par l’Esprit, pour l’amour des frères, rejaillit en gloire pour Dieu. Ce v. 20 est une doxologie (louange adressée à Dieu et au Seigneur Jésus) et cela rejoint la pensée que nous sommes des adorateurs, nous qui autrefois étions des blasphémateurs. Mais maintenant, nous avons été amenés au service de l’adoration, service éternel : tous les autres services cesseront.
On trouve d’autres doxologies dans les épîtres (1 Tim. 1. 17 ; ch. 6. 16 ; Gal. 1. 3 à 5 ; Rom. 16. 27 ; Jude 24 et 25). Chacune d’elles se termine par un Amen. Paul éclaire la portée de la bienfaisance qui produit la louange et les actions de grâce chez ceux qui bénéficient de la générosité des saints (2 Cor. 9. 10 à 12). Alors, l’adoration jaillit : « Grâces à Dieu pour son don inexprimable ! » (2 Cor. 9. 15). « Or à notre Dieu et Père soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen » (Phil. 4. 20). Et « Que la grâce du seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit ! Amen » (v. 23). Tout est gloire pour Dieu, et tout est grâce pour nous ! Le Dieu de gloire se glorifie encore dans le déploiement de Sa grâce pour nous.
Au v. 20 dans notre texte, c’est à notre Père que monte la louange : Dieu connu dans une nouvelle relation. L’épître aux Philippiens nous présente souvent la joie chrétienne, de même que l’épître de Jude.
Au v. 21, Paul invite les Philippiens à saluer chaque saint, comme dans l’épître aux Romains, où il ajoutait : « toutes les assemblées vous saluent » (Rom. 16. 5 à 16). Il avait la même sollicitude pour chacun d’eux, comme pour « toutes les assemblées ». Que le Seigneur nous accorde d’avoir le même amour pour chacun de nos frères et sœurs, sans faire acception de personnes. Cela est d’un grand prix pour Dieu.
Paul craignait qu’il y ait des querelles chez les Philippiens : Il « supplie Évodie et Syntyche d’avoir une même pensée dans le Seigneur » (ch. 4. 2). S’il y a des difficultés entre nous, cela rejaillit sur le niveau de nos cultes, qui restent languissants. Dès lors, demandons au Seigneur, comme autrefois les disciples : « Seigneur, est-ce moi » ?
Dans les Philippiens, Paul ajoute : « Tous les saints vous saluent, et principalement ceux qui sont de la maison de César » (v. 22) ; une heureuse communion régnait entre Paul et les frères qui l’entouraient. En Actes 28, Paul, prisonnier (quoique dans un logement qu’il avait loué), était gardé par un soldat romain, nuit et jour, durant deux ans (v. 30). Là, il recevait beaucoup de personnes qu’il évangélisait. Tous les soldats qui l’ont gardé si longtemps ont, aux aussi, entendu l’évangile. Paul peut parler au ch. 1. 13 de « tout le prétoire » (la garde impériale). Et il y avait aussi « ceux de la maison de César » (Néron qui a fait mourir un grand nombre de chrétiens). Le Seigneur a des rachetés partout, même dans les palais des rois (Prov. 30. 28), et beaucoup sont comme des « lis au milieu des épines » (Cant. 2. 2).
Ne pouvant plus circuler, ni quitter son logis, Paul priait, chantait les louanges de Dieu (Act. 16) et enseignait tous ceux qui le visitaient. Même prisonnier, il restait fidèle et actif, comme l’avait été Joseph, dans la maison de Potiphar. Ainsi, les difficultés chez les Philippiens (ch. 1. 15 à 17) ne le décourageaient pas. La puissance du Saint Esprit le soutenait, et brisait les cœurs les plus endurcis, les amenant au Seigneur. Paul présentait l’évangile devant n’importe quel auditoire, aux foules ou à une âme seule : Philippe avait fait de même (Act. 8. 26 et suivants).
Nous avons tous besoin de la grâce de Dieu, et d’être sensibles au fait que tout est grâce dans notre vie. L’apôtre n’avait jamais oublié qu’il avait été un objet de la grâce divine, lorsque, encore ennemi de Dieu et des chrétiens, sur le chemin de Damas, le Seigneur l’avait renversé par terre. Devenu le grand apôtre, il propageait la réalité de la grâce de Dieu envers les pécheurs qui se repentent, et révélait le « mystère » de l’Assemblée.
L’épître avait commencé par ces mots : « Grâce et paix à vous ». Elle se termine par ceux-ci : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit ! Amen » (v. 23).
D’après Réunion d’études à Bordeaux-Lac