BERACA 8
Sur le Cantique des cantiques
Nous continuons d’explorer le livre du Cantique des cantiques en consultant ce qu’un frère du 19ème siècle a écrit sur ce livre, qui touche le cœur des croyants par les nombreuses images qu’il présente. La beauté de la création, souvent évoquée, est la toile de fond pour ce dialogue teinté d’élans, de reculs et de retour de la bien-aimée envers celui qu’elle aime, malgré ses faiblesses. En contraste, l’amour et la bienveillance du Bien-aimé sont plus forts que la mort.
« Les deux premiers chapitres du Cantique des cantiques nous montrent d’une manière générale la relation qui se forme entre Christ et l’âme qui vient à Lui. Les six chapitres suivants parlent des expériences que l’âme connaît sous l’influence de cette relation, avant même que celle-ci soit pleinement établie en pratique. La fin du chapitre 2 a beaucoup de ressemblance avec celle du chapitre 8.
« Jusqu’à ce que l’aube se lève et que les ombres fuient. – Tourne-toi ; sois semblable, mon bien-aimé, à la gazelle ou au faon des biches sur les montagnes… » (2. 17).
« Fuis, mon bien-aimé, et sois semblable à une gazelle ou au faon des biches, sur les montagnes des aromates » (8. 14).
Jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que les ombres s’enfuient, la pleine connaissance de l’époux n’est pas réalisée, elle est du domaine de la foi. On sait qu’Il est là, comme le chevreuil sur les montagnes, mais on ne saurait l’atteindre. Il en est ainsi pour les chrétiens quant à la gloire de Jésus ; ils participeront à cette gloire lorsque Jésus sera manifesté et que « le jour » sera là. Mais tout ce que nous venons de voir nous montre la différence qu’il y a entre « l’épouse » du Cantique des cantiques et « l’Église » de Christ, car la relation de l’Église avec son Chef est déjà établie, elle est bâtie sur le seul fondement qui a été posé, Jésus Christ, le Fils du Dieu vivant (Mat. 16. 17 ; 1 Cor. 3. 10 et 11 ; Éph. 2. 20).
Si nous sommes chrétiens, Dieu nous appelle dès maintenant à la pleine connaissance et à la réalisation de la relation nouvelle dans laquelle Il nous introduit aussitôt que nous croyons. Dans ce sens, les ombres s’enfuient et le jour est là pour nous lorsque nous arrivons à cette connaissance, c’est-à-dire lorsque nous sommes réellement affranchis ; car « les ténèbres s’en vont et la vraie lumière luit déjà » (1 Jean 2. 8). Mais les âmes demeurent souvent longtemps dans un état d’incertitude et d’espérance, aimant véritablement le Seigneur mais n’en jouissant pas comme elles le devraient, et ne sachant pas bien où et comment le rencontrer. C’est un état semblable que nous trouvons dans le Cantique des cantiques. Ce livre nous fait comprendre quelque peu ce qui empêche tant de personnes d’être affranchies. Mais en même temps, il est consolant et encourageant de prendre conscience que, à côté de toute l’incrédulité, de toutes les inconséquences de nos faibles cœurs, et malgré leur faiblesse, il y a l’expression de l’amour fidèle du Sauveur en faveur de la pauvre âme qu’Il attire à Lui !
Nous avons dit que les deux premiers chapitres présentent d’une manière générale la nouvelle relation. C’est l’épouse qui parle d’abord : elle exprime que son cœur a trouvé un objet qui l’étreint et elle désire jouir de toute l’affection qu’elle découvre dans cet objet : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! Car tes amours sont meilleures que le vin ». Le vin, dans la Parole de Dieu, représente tout ce qui réjouit le cœur de l’homme sur la terre. L’épouse reconnaît, quant à elle, qu’elle a trouvé quelque chose de meilleur. C’est le vin nouveau dont parle le Seigneur Jésus dans les Évangiles, et qui doit être mis dans des outres neuves. Hélas, on a tant de peine à croire que Celui qui fournit le vin nouveau est puissant pour créer un vase neuf, capable de le contenir ! Comparez Éphésiens 2. 10 : « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus ». On s’efforce d’accommoder le nouveau avec le vieux, de mettre le bon vin de la joie de l’Esprit Saint dans les vieilles outres de notre propre justice. C’est une chose impossible. Aussi longtemps qu’on l’essaie, on est misérable, mais c’est déjà quelque chose d’avoir entrevu une joie meilleure, sous tous les rapports, que tout ce que le monde peut donner. Quand on est arrivé au sentiment de sa propre faiblesse, on peut alors s’adresser au Seigneur en Lui disant, comme l’épouse : « Tire-moi, et nous courrons après toi ». Et l’on sent bien que si Lui ne nous tire pas, nous sommes incapables de courir.
Avec ce sentiment-là, quiconque est touché par l’Esprit-Saint commence à comprendre son état réel devant Dieu : « Je suis noire ». Oui, chacun(e) doit le confesser pour soi-même : « Je suis noire ». C’est dans la lumière du Seigneur, « le soleil de justice », que l’on arrive à cette connaissance. « Je suis noire, parce que le soleil m’a regardée ». Par la bonté de Dieu, le croyant peut ajouter : « …mais je suis agréable » car lorsqu’on découvre son état de perdition, Christ est là pour nous revêtir de la justice de Dieu, et les iniquités sont ôtées, les péchés sont couverts. Quant à notre nature, nous sommes noirs comme ces tentes de Kédar qui étaient faites du poil des chèvres noires. Quant à notre position en Christ, nous sommes agréables, comme les tentures de Salomon (probablement le voile du sanctuaire ; 2 Chron. 3. 14).
C’est la révélation de Dieu en grâce qui fait que l’âme désire connaître le Seigneur personnellement, de sorte que l’expression de ce désir se manifeste aussitôt : « Dis-moi, toi que mon âme aime, où tu pais ton troupeau ». Et la réponse, faite dans des termes où l’affection déborde, montre à celui qui cherche, qu’il faut sortir « sur les traces du troupeau ». Il n’y a pas deux chemins ! Le bon Berger qui vient chercher Ses brebis les conduit toutes par le même chemin, car Il va devant elles. Il faut Le suivre en écoutant le son de Sa voix ; et vous savez, n’est-ce pas, chers lecteurs, que c’est par la Parole que l’on entend Sa voix.
Une âme qui cherche encore le Seigneur est continuellement préoccupée d’elle-même et pense, tantôt à son bonheur, tantôt à sa misère. Mais quand elle a réellement rencontré Jésus, elle ne s’occupe que de Lui, elle se repose en Lui, Il est son bonheur, car en Lui est la paix » (A.L.). « Goûtez et voyez que l’Éternel est bon ! Bienheureux l’homme qui se confie en lui ! » (Ps. 34).