RICHES ET PAUVRES (Selon le livre des Proverbes)

Les richesses : une idole potentielle

« Les biens du riche sont sa citadelle ; la ruine des misérables, c’est leur pauvreté » Proverbes 10. 15.

« Celui-là tombe qui se confie en ses richesses ; mais les justes verdissent comme la feuille » Proverbes 11. 28.

Autrefois les cités fortifiées étaient des lieux sûrs. C’était les plus riches qui y habitaient, parce que les pauvres n’en avaient pas les moyens. Habiter en ville signifiait avoir un rang social élevé. Le verset de Proverbes 10. 15 ne dit pas seulement que le riche habite dans la ville fortifiée, mais il affirme que sa fortune est comme cette ville fortifiée. En quelque sorte, notre richesse peut devenir notre identité et, en conséquence, notre idole. Dans le récit de l’homme riche et Lazare (Luc 19. 19 à 31), le nom de l’homme riche ne nous est pas donné. Il est appelé « le riche » parce que tout ce qu’il était se résumait dans sa richesse et son statut social. Si nous identifions une personne avec ses biens, nous risquons de considérer le pauvre comme réellement inférieur au riche. Quelle pensée honteuse !

Si nous nous définissons par rapport à nos biens et que, tout à coup, nous en sommes privés, il ne reste plus rien de notre personnalité. Au contraire, celui qui est sage possédera toujours un trésor : « La crainte du Seigneur » (És. 33. 6). Pour ceux qui croient au Seigneur Jésus, le Sauveur est le bien le plus précieux (voir 1 Pier. 2. 7).

– Seigneur, il suffit de peu pour que je fasse de mon statut social mon identité personnelle. Mon travail, mon compte en banque, mon cercle d’amis, peuvent prendre trop de place dans mon cœur. Aide-moi à ne me confier qu’en toi seul !

La vraie richesse : pouvoir donner -1

« Tel disperse, et augmente encore ; et tel retient plus qu’il ne faut, mais ne fait que s’appauvrir. L’âme qui bénit sera engraissée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé. Celui qui retient le blé, le peuple le maudit ; mais la bénédiction sera sur la tête de celui qui le vend » Proverbes 11. 24 à 26.

« Celui qui sème chichement moissonnera aussi chichement, et celui qui sème largement moissonnera aussi largement » 2 Corinthiens 9. 6.

Le texte ci-dessus affirme que, plus nous distribuons nos richesses, plus nous en accumulons ; au contraire, plus nous cherchons à les garder égoïstement pour nous, plus elles s’évanouissent. Comment cela est-il possible ? Un exemple tiré de l’agriculture nous aidera à comprendre ce qui semble être un paradoxe : plus on répand de semence, plus la récolte sera abondante. Les petites graines se transforment en une riche moisson de produits consommables et commercialisables. De la même manière, nous comprenons que l’argent est une semence qui peut être transformée en vraie richesse, mais seulement s’il est dépensé généreusement – « Celui qui sème chichement moissonnera aussi chichement, et celui qui sème largement moissonnera aussi largement » (2 Cor. 9. 6).

Cela ne signifie pas que plus nous donnons d’argent, plus nous en gagnerons. En fait, ce que nous donnons avec sagesse, que ce soit matériellement ou spirituellement, pour aider notre prochain en difficulté, c’est ce qui produira une vraie richesse : une vie transformée pour les autres, et une meilleure santé spirituelle pour nous-même. C’est ainsi que nous marcherons sur les traces de Celui qui a tout donné, jusqu’à sa propre vie, afin de nous attirer à Lui.

– Seigneur Jésus, tout ce que tu m’a donné en mourant sur la croix a eu pour résultat la résurrection et la vie éternelle, et m’a procuré une bénédiction immense et éternelle. Donne-moi la foi pour suivre tes traces, pour savoir donner une partie de mes biens, mais aussi pour consacrer une partie de mon temps aux autres. Je pourrai ainsi voir ta grâce et ta vie se développer dans ceux qui nous entourent.

La vraie richesse : pouvoir donner -2

« [Celui qui a] l’œil bienveillant sera béni, car il donne de son pain au pauvre » Proverbes 22. 9.

« Qui méprise son prochain pèche, mais heureux celui qui use de grâce envers les malheureux ! » Proverbes 14. 21.

En quoi consiste la bénédiction de celui « qui a l’œil bienveillant » ? En premier lieu, celui qui porte sur les autres un regard bienveillant et généreux éloigne de nous l’égoïsme et l’envie de posséder nos biens exclusivement pour notre propre usage. En outre, la bénédiction dont parle ce verset de Proverbes 22 consiste avant tout à vivre concrètement l’amour selon Dieu. Nous nous sentons riches et satisfaits quand nous aimons et que nous sommes aimés. La générosité est un acte d’amour envers Dieu et envers les autres ; si nous la mettons en pratique, l’argent ne sera plus une monnaie d’échange permettant d’obtenir un certain statut social ou le pouvoir, mais il deviendra un moyen d’exprimer notre amour.

Nous aimons le Seigneur lorsque nous considérons nos biens comme étant sa propriété et que nous les utilisons pour des projets selon son cœur.

Nous aimons notre prochain lorsque nous nous servons de nos biens pour guérir et fortifier les autres.

Plus nous donnerons à ceux qui sont dans le besoin, plus nous ressemblerons à Jésus Christ, qui a donné par amour sa propre vie.

– Seigneur, il n’y a qu’une seule « monnaie d’échange » qui ait une grande valeur : c’est l’amour. Ne permets pas que je privilégie la sécurité financière aux dépens de l’amour. Aide-moi à utiliser mon argent par amour pour les pauvres, ceux qui ne te connaissent pas, les membres de ma famille et les croyants qui sont dans le besoin.

La vraie richesse : pouvoir donner -3

« Qui donne au pauvre ne manquera de rien, mais qui détourne les yeux sera comblé de malédictions » Proverbes 28. 27.

« Qui opprime le pauvre outrage Celui qui l’a fait, mais celui qui l’honore use de grâce envers l’indigent » Proverbes 14. 31.

Si un croyant est généreux, il ne sera jamais dans le besoin, « il ne manquera de rien ». De la même manière, dans les Évangiles, Jésus promet que si nous perdons des biens à cause de Lui, nous en retrouverons beaucoup d’autres, « en ce temps-ci, cent fois autant » (voir Marc 10. 29 à 31). Cela ne veut pas dire que ceux qui font preuve de générosité s’enrichissent, mais plutôt que Dieu ne reste pas débiteur envers ceux qui acceptent de faire des sacrifices pour aider les autres, et qu’Il pourvoira à leurs besoins. Ces donateurs éprouveront même la joie qui découle du partage de leurs propres biens avec les frères et sœurs de l’Assemblée, montrant ainsi, d’une manière pratique, l’amour chrétien. La générosité qui les anime leur procure des bénédictions qui ne sont pas nécessairement de caractère matériel, mais certainement spirituel – « un trésor dans le ciel » (Marc 10. 21).

L’Église primitive nous montre l’exemple d’une vie communautaire vécue sous le signe de l’amour et de la générosité réciproques, de sorte que personne n’était dans le besoin : « La multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme ; et personne ne disait d’aucun de ses biens qu’il lui appartenait en propre ; mais tout était commun entre eux » (Act. 4. 32).

– Seigneur, ce n’est pas ta volonté que je vive de manière individualiste, d’autant plus que cela me rend vulnérable. Change mon cœur et fortifie l’Assemblée, afin que nous, ton peuple, nous puissions montrer réellement que nous sommes membres les uns des autres.

Simplicité, satisfaction et générosité

« Éloigne de moi la vanité et la parole de mensonge ; ne me donne ni pauvreté ni richesse ; nourris-moi du pain qui m’est nécessaire, de peur que je ne sois rassasié, et que je ne te renie et ne dise : Qui est l’Éternel ? et de peur que je ne sois appauvri, et que je ne dérobe, et que je n’outrage le nom de mon Dieu » Proverbes 30. 8 et 9.

L’argent peut nous égarer, soit que nous en ayons, soit que nous n’en ayons pas. Les pauvres peuvent être tentés de commettre un délit pour obtenir de l’argent. Se sentant injustement exclus de la prospérité économique, ils pourraient éprouver le désir, selon eux justifié, d’obtenir leur « part du gâteau » d’une manière illégale ou violente.

Le Seigneur parle de « notre pain quotidien » (Mat. 6. 11) et l’apôtre Paul nous exhorte à être contents d’avoir de quoi nous nourrir et nous vêtir (1 Tim. 6. 7 et 8), ce qui signifie estimer suffisant le fait d’avoir un style de vie modeste. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que les chrétiens devraient se dépouiller de tout ce qui n’est pas strictement indispensable ? Pas nécessairement, parce qu’il faut qu’il y ait des chrétiens à tous les niveaux et dans tous les domaines de la société. Mais nos maisons, nos vêtements et notre style de vie devraient refléter, dans notre environnement, une certaine forme de sobriété, et nous permettre d’être généreux.

Considérer ce que nous possédons comme un instrument au service des autres, est un comportement conforme aux enseignements bibliques. Et nous, vivons-nous sobrement afin de pouvoir être généreux avec ceux qui sont dans le besoin ?

– Seigneur, ne permets pas que je considère mes biens comme des trésors personnels, ni ma relation avec toi comme un moyen d’obtenir des avantages matériels. Incite mon cœur à faire de toi mon trésor le plus précieux et à considérer mes biens comme un moyen d’être à ton service.

Une dette envers notre prochain

« Ne refuse pas le bien à celui à qui il est dû, quand il est au pouvoir de ta main de le faire. Ne dis pas à ton prochain : Va et reviens, et je te donnerai demain, quand tu as de quoi donner » Proverbes 3. 27 et 28.

Est-ce que nous connaissons une personne âgée qui n’a pas les moyens de payer quelqu’un pour l’aider dans les travaux domestiques, ou un voisin qui ne peut pas assumer le coût des études de ses enfants ? S’il nous est possible d’aider ces personnes financièrement, ou par des services que nous pourrions leur rendre, notre responsabilité est de le faire. Pourquoi ? Dans les versets ci-dessus, l’expression « à qui il est dû » implique que nous avons des devoirs envers les personnes qui sont dans le besoin.

Le monde appartient à Dieu. S’Il nous accorde des biens matériels, des facultés intellectuelles ou des dons spirituels, cela ne signifie pas que ces choses nous appartiennent. Nous devons gérer ce que Dieu nous a confié comme Il le désire. « Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme de bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu » (1 Pier. 4. 10).

On attribue les paroles suivantes à l’évêque Basile de Césarée (329-379) : « Le pain que nous conservons appartient à ceux qui ont faim ; les vêtements dans nos armoires, à ceux qui sont nus ; l’or que nous avons caché… à ceux qui sont dans le besoin. C’est pourquoi, chaque fois que nous avons eu l’occasion d’aider les autres et que nous avons refusé de le faire, nous leur avons fait du tort ».

– Seigneur, l’avis général m’assure que tous mes biens m’appartiennent, mais je viens de comprendre que c’est une erreur. Fais que j’en sois bien persuadé, afin que je puisse marcher sur les traces de ton Fils, qui a distribué sa richesse aux autres sans limite : « Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ : pour vous, lui qui était riche a vécu dans la pauvreté, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis » (2 Cor. 8. 9).

D’après « Il buon seme » novembre-décembre 2025