
Nous visitions la villa Areconati, sur les bords du lac de Côme, un des sites les plus merveilleux de cette contrée enchanteresse. Un jardinier nous fit parcourir les jardins, admirablement entretenus. Nous avons engagé la conversation avec lui et lui avons demandé :
– Depuis quand êtes-vous ici ?
– Depuis vingt-cinq ans.
– Et combien de fois le propriétaire est-il venu voir les lieux ?
– Quatre fois.
– Quand a-t-il fait sa dernière visite ?
– Il y a douze ans.
– Il vous écrit sans doute de temps à autre ?
– Jamais.
– Qui vous donne donc les instructions nécessaires ?
– Le gérant, qui habite Milan.
– Vient-il vous voir souvent ?
– Jamais.
– N’y a-t-il personne qui s’intéresse à ce que vous faites ?
– On me laisse presque toujours seul. C’est à peine si j’ai de temps à autre la visite d’un étranger.
– Vous entretenez pourtant ces jardins avec un soin si méticuleux qu’on pourrait croire que vous attendez le propriétaire demain matin.
– Je l’attends aujourd’hui même, répondit le vieillard.
Telle devrait être notre attitude chaque jour de notre vie. Notre vie, nos affaires devraient sans cesse être réglées comme si nous attendions notre Maître aujourd’hui même. « Veillez donc ; car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur vient » (Mat. 24. 42) ; « car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (Mat. 25. 12) ; « priant en tout temps » (Luc 21. 36). « C’est pourquoi veillez » (Act. 20. 31).
D’après Almanach Évangélique 1949