
David, en fuyant Saül, était venu « vers Akish, roi de Gath » (1 Sam. 21. 10 à 15). Là il avait pris peur et s’était déshonoré en se faisant passer pour fou. C’est certainement à la suite de ces tristes circonstances que furent composés les Psaumes 56 et 34 que nous avons considérés précédemment.
Ensuite, « … David partit de là et se sauva dans la caverne d’Adullam » (1 Sam. 22. 1). C’est probablement dans cette caverne que David composa le psaume 142. L’auteur fait partie de ces hommes et femmes de foi desquels il est écrit, qu’ils allaient « errant dans les déserts et les montagnes, les cavernes et les grottes de la terre » (Héb. 11. 38). Profondément éprouvé, il dit : « À pleine voix, je crie à l’Éternel ; à pleine voix, je supplie l’Éternel. Je répands devant lui ma plainte, je déclare ma détresse devant lui. Quand mon esprit était accablé en moi, toi tu as connu mon sentier » (Ps. 142. 1 à 3). Ses paroles sont celles du juste accablé, elles rejoignent celles de Job qui, en son temps, parlant de son Dieu pouvait dire : « Mais il connaît la voie que je suis ; il m’éprouve, je sortirai comme de l’or » (Job 23. 10).
David sait que l’Éternel compte « ses allées et ses venues » (Ps. 56. 9), qu’Il connaît son sentier mais son cœur est oppressé : « Sur le chemin par lequel je marchais, ils m’ont caché un piège. Regarde à droite, et vois ; il n’y a personne qui me reconnaisse ; tout refuge est perdu pour moi ; il n’y a personne qui s’enquière de mon âme » (Ps. 142. 4 et 5).
Ce « … il n’y a personne » exprime la solitude ressentie dans les circonstances adverses. Notre Seigneur, Lui aussi, l’a connue et combien plus en des moments tels que ceux qui ont suivi la mort ignoble de son précurseur, Jean le baptiseur. «L’ayant entendu, Jésus se retira de là en barque dans un lieu désert, à l’écart ». La foule ne lui laissa pas le temps de vivre ce deuil, et l’ayant trouvé, elle le sollicite. Lui, ému de compassion, guérit leurs infirmes et les nourrit. « Quand il eut renvoyé les foules, il monta sur la montagne, à l’écart, pour prier ; et le soir étant venu, il était là, seul » (Mat. 14. 13 et 23). Seul, à l’écart, seul en Gethsémané, cependant son Père était avec Lui ; mais lors des trois heures de ténèbres, quand, chargé de nos péchés, il fut jugé à notre place, il s’est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (27. 46).
David sait à qui s’adresser : « J’ai crié vers toi, Éternel ! j’ai dit : Tu es mon abri, ma part dans la terre des vivants. Sois attentif à mon cri, car je suis très-misérable ; délivre-moi de mes persécuteurs, car ils sont plus forts que moi. Fais sortir mon âme de la prison, pour célébrer ton nom » (Ps. 142. 1 à 7). La réponse est venue, semblablement aux expériences du Psaume 107 où, dans quatre situations différentes, « ils crièrent à l’Éternel dans leur détresse, et il les délivra de leurs angoisses ». David, dans sa caverne anticipe la délivrance : « Les justes m’environneront, parce que tu m’auras fait du bien » (Ps. 142. 8). Il sait que l’Éternel qui l’a choisi amènera toutes choses à bonne fin. Quel soulagement quand « ses frères et toute la maison de son père… descendirent là vers lui » (1 Sam. 22. 1). Dans les épreuves, avoir à ses côtés ses proches qui peuvent dire simplement : – Nous sommes avec toi, quelle consolation !
Lisons les réflexions d’un frère ancien au sujet de ce psaume : « Ici le fidèle exprime une détresse extrême ; tout refuge lui manque et aucun homme ne s’inquiète de son âme. De sa voix, il crie à l’Éternel. C’est plus que de se confier en Lui. Dieu est connu selon la révélation de Lui-même ; et ainsi nous regardons au Seigneur et à l’amour d’un Père. Mais en criant de sa voix à Dieu, il y a confession de son Nom ; le fidèle reconnaît pleinement sa dépendance et se confie dans le Seigneur. Au lieu d’être inquiet, son cœur peut s’ouvrir devant le Seigneur et lui présenter ses requêtes. C’est un signe certain de confiance lorsque nous lui communiquons nos peines. C’est aussi une grande chose que de les laisser à Dieu. Mais ici nous trouvons une autre consolation ; le fidèle est dans le chemin de Dieu, et de là découle un sentiment d’une immense importance dans les temps d’épreuve, c’est que Dieu sait, reconnaît, et observe de son regard pour l’approuver, le chemin de l’homme fidèle. C’est une source de force et de consolation. Cela suppose de la foi ; il nous suffit de réaliser que notre chemin plaît à Dieu. L’esprit peut être accablé sous le poids de l’inimitié et de l’abandon, mais l’âme est en paix, se reposant sur l’approbation de Dieu » (J.N.D.).
Revenons à David dans la caverne d’Adullam : déjà sa famille l’a rejoint, ensuite « tout homme qui était dans la détresse, et tout homme qui était dans les dettes, et tout homme qui avait de l’amertume dans l’âme, s’assembla vers lui, et il fut leur chef ; et il y eut avec lui environ quatre cents hommes » (v. 2). Quelque temps après, ils seront six cents, et d’autres encore viendront à lui « pour l’aider, jusqu’à ce que le camp fut grand, comme un camp de Dieu » (1 Chron. 12. 22).
Que de beaux moments ils doivent avoir connus aux côtés du rejeté, « le doux psalmiste d’Israël » (2 Sam. 23. 1). Là, ils ont appris à connaître ses pensées, à prier et à chanter des psaumes. Ainsi lorsque « trois des trente chefs descendirent… vers David, dans la caverne d’Adullam » et que David leur ouvre son cœur en disant : « Qui me fera boire de l’eau du puits de Bethléhem, qui est près de la porte ?… les trois hommes forts forcèrent le passage à travers le camp des Philistins, et puisèrent de l’eau du puits de Bethléhem, qui est près de la porte ; ils la prirent et l’apportèrent à David ; il ne voulut pas la boire, mais il en fit une libation à l’Éternel » (v. 13 à 17).
Notre Seigneur est aujourd’hui rejeté par beaucoup dans ce monde, le jour où Il nous appellera à Lui approche. En ce jour-là, Il nous introduira dans sa gloire et avec Lui nous apparaîtrons à ce monde. « Je suis vivant, dit le Seigneur : tout genou se ploiera devant moi, et toute langue me reconnaîtra comme étant Dieu » (Rom. 14. 11), elles confesseront aussi que « Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2. 11). Dans cette attente, que notre âme aspire à apporter l’eau du puits de Bethléhem à notre Seigneur. David l’avait bue et appréciée dès l’enfance, notre Seigneur a connu l’amour du Père de toute éternité. Ainsi cette eau désirée nous fait penser à l’engagement d’amour que nous Lui devons, en retour de son amour infini qui L’a conduit à la mort de la croix.