
L’évangéliste, Moody, se rendit un jour à Saint-Louis (U.S.A.) avec l’intention d’y tenir une série de réunions. À cette occasion, le journal local le plus important annonça qu’il reproduirait dans ses colonnes le texte exact des paroles prononcées par l’orateur, ce qui fit avouer plus tard à Moody l’anxiété qui l’étreignit à cette perspective ; il décida alors d’intercaler autant de versets de la Bible que possible, tant il craignait la faiblesse de ses exhortations. Le quotidien publia en effet un compte rendu très détaillé, en ayant soin d’y mettre de grands en-têtes afin d’attirer l’attention des lecteurs.
À cette même époque se trouvait enfermé un voleur réputé, nommé Burke, homme grand et fort, au visage dur, qui avait déjà passé plus de vingt années de sa vie en prison ; il attendait une nouvelle fois sa mise en jugement pour quelque mauvais coup. Sans distractions le temps passait lentement pour lui, et il ne trouvait rien de mieux que de railler ses gardiens. Un jour quelqu’un jeta un journal dans sa cellule, et son regard fut immédiatement attiré par un titre imprimé en lettres majuscules : « COMMENT FUT PRIS LE GEÔLIER DE PHILIPPES ». « Bonne affaire », se dit Burke et, se réjouissant par avance de la déconfiture du gardien de prison, en ricanant il se mit à lire avec avidité. Mais le récit se révélait bien différent de ce qu’il attendait. « Quelle sornette est-ce que cela ? » grommela-t-il. « Paul et Silas – Un grand tremblement de terre – QUE FAUT-IL QUE JE FASSE POUR ÊTRE SAUVÉ ? » « Les journaux sont-ils tenus maintenant d’imprimer de pareilles sottises ? » Il regarda la date, oui, c’était bien le journal du matin. En jurant, il jeta le papier par terre et se mit à arpenter sa cellule comme un lion en cage. Au bout d’un moment il reprit le texte, mais ressentant peu à peu un grand calme, il lut et relut les mêmes lignes. De nouveau il murmura : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Depuis vingt ans que je suis voleur, jamais je n’ai éprouvé pareil sentiment. Qu’est-ce que cela signifie : être sauvé ? Certes, j’ai vécu une existence de chien, j’en suis fatigué ; si vraiment il y a un Dieu comme le prétend cet homme, il faut que j’essaie de le découvrir, même si cela doit me coûter la vie ». Durant les longues heures de la nuit qui suivit, Burke connut le remords, les regrets de nombreuses années gâchées ; il essaya de prier, et comprit que Jésus, en prenant sur Lui tous nos péchés à la croix, les avait effacés pour toujours.
Le matin, quand le gardien fit sa tournée, le prisonnier eut une parole aimable pour lui, si bien que le fonctionnaire regarda l’homme d’un air ahuri. Le shérif arriva à son tour ; Burke le salua comme un ami et lui raconta qu’il avait été amené à Christ en lisant le sermon de Moody. « Jim, dit le directeur à son subordonné, gardez l’œil sur Burke, il joue maintenant à l’homme pieux et il profitera de la première occasion pour s’échapper ». Quand le procès passa devant le tribunal, le voleur, pour une raison inexplicable, fut libéré.
Sans ami dans la grande ville, connu seulement comme un audacieux hors-la-loi, l’ancien détenu passa un temps pénible dans la honte et le chagrin ; s’il demandait du travail, on le renvoyait. Courageux, soutenu par la puissance de Dieu, il lutta, comprenant que son apparence, son visage, tout son aspect extérieur étaient marqués par une vie de débauche et de péché. Il cria à Dieu, demandant « de le rendre un homme de meilleure apparence afin qu’il puisse trouver un travail honnête ». Après avoir longtemps cherché en vain, il partit pour New-York, espérant que, dans un endroit étranger, il aurait plus de facilités ; mais, peine perdue, il revint à Saint-Louis, découragé, bien que gardé par le Dieu qui l’avait trouvé dans sa cellule.
Un jour, le shérif le convoqua au Palais de Justice ; il s’y rendit le cœur lourd, s’attendant à essuyer de nouvelles accusations. Il fut reçu aimablement.
– Où avez-vous été, Burke ?
– À New-York.
– Qu’avez-vous fait là-bas ?
– J’ai essayé de trouver du travail.
– Tenez-vous toujours ferme à la religion, ainsi que vous en aviez l’intention ?
– Oui, répondit l’ancien prisonnier en regardant le chef droit dans les yeux ; j’ai passé un temps fort pénible, mais j’ai gardé ma foi.
– Burke, reprit le fonctionnaire, je vous ai fait suivre chaque jour pendant que vous étiez à New-York. Je vous soupçonnais d’user de la religion comme d’un mensonge, aussi je tiens à vous dire que je connais la vie de chrétien honnête que vous avez cherché à vivre. Je vous ai fait venir aujourd’hui pour vous offrir un travail sous mes ordres ; vous pouvez commencer tout de suite.
Dès ce moment, la roue tourna pour le pénitent ; il accomplit ses devoirs avec fidélité et une grande conscience, sa réputation se répandit même rapidement dans toute la ville. Moody, qui y était de nouveau de passage, désira le voir ; il trouva l’ex-voleur dans une chambre tout au haut du Palais de Justice avec charge de veiller sur un sac de diamants.
– Moody, dit-il, voyez ce que la grâce de Dieu peut faire d’un voleur. Regardez ce sac de diamants ; de tous ses agents, c’est moi que le shérif a choisi pour garder pareille fortune.
« Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » (Act. 16. 30).
D’après l’Almanach Évangélique 1961