
Dans une petite ville d’Angleterre vivait une veuve qui n’avait qu’un seul fils. Elle connaissait le Seigneur Jésus depuis de longues années ; aussi son plus ardent désir et le sujet constant de ses prières étaient-ils que son fils s’attachât aussi, de bonne heure, au Sauveur. Dès qu’il fut capable de comprendre, elle commença à lui parler de l’amour du bon Berger qui a dit : « Laissez venir à moi les petits enfants », et qui aime à les bénir. Plus tard, elle l’instruisit dans les Saintes Écritures, demandant, en même temps, chaque jour au Seigneur d’ouvrir le cœur de son enfant et de faire porter du fruit à la bonne semence déposée en lui.
Mais rien ne semblait produire d’effet. Le cœur de Charles restait insensible aux exhortations de sa mère.
Il devint un grand garçon. Sa mère ne cessait d’adresser pour lui au Seigneur de ferventes supplications, mais Charles persistait dans son indifférence. Il sembla même devenir pire, recherchant des compagnons de plaisir légers et insouciants comme lui, et avec lesquels il se livrait à toutes sortes de sottises et de plaisanteries. On peut juger du chagrin et des inquiétudes que causait à sa pauvre mère une telle conduite. Il semblait que ses prières ne dussent jamais être exaucées, aussi l’angoisse de son âme était grande. Enfants, pensez à la douleur que vous faites éprouver à vos parents quand vous ne vous conduisez pas bien. Le Seigneur en prend connaissance.
Un ami de la mère de Charles s’était aperçu de ses inquiétudes et, comme il l’exhortait à se confier entièrement au Seigneur et à rester calme : « J’aimerais tant le faire » répondit-elle ; « mais j’ai toujours comme un sentiment que mon fils pourrait tout à coup être retiré de ce monde ; et que deviendra alors sa pauvre âme ? »
Ce pressentiment sembla devoir s’accomplir. Un jour, on apporta à la pauvre mère la terrible nouvelle que son fils était tombé dans une eau profonde et s’était noyé. Comment décrire l’effroi et l’angoisse dont elle fut saisie ? À peine eut-elle la force de courir sur le lieu du sinistre. Arrivée là, elle vit, en effet, le corps inanimé de son fils couché sur le rivage. On l’avait retiré de l’eau et l’on cherchait, par tous les moyens possibles, à le ramener à la vie. Longtemps tous les efforts demeurèrent vains. De longues minutes qui parurent des heures à la pauvre mère s’écoulèrent sans résultat apparent. Enfin sa poitrine se souleva légèrement ; la respiration se rétablit insensiblement, et peu après Charles ouvrit les yeux. Son premier mot fut : « Maman ». Elle était là, à genoux près de lui, et, la voyant, il arrêta sur elle un long et affectueux regard, mais il était encore hors d’état de parler. La mère, cependant, fondant en larmes, couvrait de baisers son enfant revenu à la vie.
Ce ne fut qu’un certain temps après que Charles, transporté dans son lit et ayant repris quelques forces, prit la main de sa mère et lui dit :
– Où aurais-tu pensé que je serais allé, maman, si l’on ne m’avait pas sauvé ?
– Pourquoi me fais-tu cette question, mon enfant ? répondit-elle.
– Je vais te le dire, continua Charles. Tu aurais certainement pensé que j’étais perdu pour toujours. Mais tu te serais trompée. Tu m’aurais retrouvé au ciel, auprès du Seigneur Jésus. C’est vrai que jusqu’à présent mon cœur était resté tout à fait indifférent. Tes prières et tes exhortations n’avaient fait aucune impression sur moi. Je voulais jouir de la vie, et je m’efforçais de ne penser ni à la mort, ni à l’éternité. Mais, au moment où j’enfonçais dans l’eau, cette pensée me saisit : « Tu es perdu pour toujours ». La multitude de mes péchés et les terreurs du jugement se dressèrent soudain devant moi. Je criai « grâce », et, au même instant, mon cri fut exaucé. Dieu dirigea mes regards sur la croix, et il me sembla entendre ces paroles consolantes : « Ne crains pas ; tes péchés te sont pardonnés ». Plusieurs des exhortations affectueuses que tu m’avais si souvent adressées passèrent comme un éclair dans mon âme. Je pensai à ton amour pour moi. Puis, avec un cœur allégé et heureux, et dans la pleine certitude que je m’en allais vers le Seigneur, je perdis connaissance. Je ne sais rien de ce qui m’est arrivé depuis, jusqu’au moment où je t’ai vue près de moi. Certainement, maman, le Seigneur a permis que je ne meure pas afin que tu aies la joie d’apprendre qu’il avait exaucé tes prières ».
Qui pourrait dire les sentiments de la mère, passant ainsi de l’angoisse la plus profonde à la joie la plus vive ? Pour elle, son fils était deux fois revenu à la vie ; il avait recouvré la vie pour un peu de temps ici-bas, il possédait la vie de Dieu pour l’éternité. Sa bouche ne pouvait rien exprimer, mais son cœur débordait d’actions de grâces envers Celui qui avait montré, d’une manière si merveilleuse, les richesses de sa grâce et de son amour.
Depuis ce jour, Charles manifesta par sa marche fidèle et sérieuse la réalité de sa conversion, de l’œuvre que Dieu avait opérée en lui.
D’après La Bonne Nouvelle 1973