
En continuant avec ce titre, il faut mentionner Éli, l’avant-dernier juge en Israël. Il était ce sacrificateur âgé devant lequel Anne répandait sa peine devant l’Éternel, et près duquel « le jeune garçon (Samuel) servait l’Éternel en la présence d’Éli, le sacrificateur » (1 Sam. 2. 11). Il était aussi juge au milieu du peuple, ayant « jugé Israël quarante ans » (4. 18). Ses deux fils étaient sacrificateurs à sa suite, mais leur vie était marquée par le péché. Éli, qui avait appris leur conduite ignoble, leur avait parlé en ces termes : « Pourquoi faites-vous des actions comme celles-là ? Car, de tout le peuple, j’apprends vos méchantes actions. Non, mes fils ; car ce que j’entends dire n’est pas bon : vous entraînez à la transgression le peuple de l’Éternel. Si un homme a péché contre un homme, Dieu le jugera ; mais si un homme pèche contre l’Éternel, qui priera pour lui ? Mais ils n’écoutèrent pas la voix de leur père, car c’était la volonté de l’Éternel de les faire mourir » (1 Samuel 2. 23 à 25). Éli, juge et sacrificateur, aurait dû les chasser de la sacrificature. Il leur avait bien fait des reproches mais il n’était pas allé plus loin. L’état des choses était si grave que l’Éternel dut ôter ces hommes par la mort. Éli aimait certainement l’Éternel, il était attaché à l’arche de l’alliance, mais avec un cœur partagé.
Dieu veille sur son peuple et malgré son état d’éloignement, Il envoya à Éli « un homme de Dieu » qui rappela à ce vieillard tout ce que l’Éternel avait fait pour son peuple en ajoutant : « Pourquoi foulez-vous aux pieds mon sacrifice et mon offrande, que j’ai commandé de faire dans ma demeure ? Tu honores tes fils plus que moi, pour vous engraisser des prémices de toutes les offrandes d’Israël, mon peuple » (ch. 2. 29).
Si ces tristes événements sont conservés dans les Écritures, c’est pour nous rendre attentifs à notre marche, pour nous éviter de suivre un chemin qui déshonore le Seigneur. L’apôtre Paul, s’adressant aux croyants de Corinthe, doit leur écrire : « … vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1 Cor. 6. 20).
C’est dans ce contexte que l’enfant Samuel est amené à Éli. Dès que sa mère « l’eut sevré, elle l’emmena, … avec trois jeunes taureaux, et un épha de farine et une outre de vin ; elle le mena à la maison de l’Éternel à Silo ; or l’enfant était très-jeune. Ils égorgèrent le taureau et ils amenèrent le jeune garçon à Éli. Elle dit : Ah, mon seigneur ! aussi vrai que ton âme est vivante, mon seigneur, je suis la femme qui se tenait ici près de toi pour prier l’Éternel. J’ai prié pour cet enfant, et l’Éternel m’a accordé la demande que je lui ai faite. Aussi, moi je l’ai prêté à l’Éternel ; pour tous les jours de sa vie, il est prêté à l’Éternel. Et il (Samuel) se prosterna là devant l’Éternel » (1 Sam. 1. 24 à 28).
Quelle démarche édifiante, quel encouragement de constater que, en des temps de ruine spirituelle, une femme – certainement en accord avec son mari – apporte une si grande offrande à l’Éternel ! Non seulement elle se sépare de son enfant, mais elle apporte trois jeunes taureaux, qui sont offerts en holocauste, type du dévouement complet de Christ, qui fit la volonté de Dieu, « jusqu’à la mort et à la mort de la croix » (Phil. 2. 8).
Anne offre aussi un épha de farine, ce qui, en image, parle par avance de l’humanité parfaite du Seigneur, et une outre de vin qui évoque toute la joie que Dieu éprouve dans son Fils bien-aimé. Cette femme, choisie par l’Éternel, agit en accord avec les ordonnances divines transmises par Moïse trois cent quarante ans auparavant (voir Lévitique 1 et 2). En gardant dans son cœur les paroles de l’Éternel, elle fait partie des bienheureux « qui sont intègres dans leur voie, qui marchent dans la loi de l’Éternel » (Ps. 119. 1). En agissant selon la pensée de Dieu, elle est pour nous un exemple. L’Esprit Saint est libre d’agir en elle pour la rendre capable de discerner les voies de Dieu, lui donnant la force pour se séparer de son enfant en disant : « je l’ai prêté à l’Éternel ; pour tous les jours de sa vie ». Nous chantons parfois ce cantique qui exprime bien cette situation :
« Entre tes mains, j’abandonne
Tout ce que j’appelle mien.
Oh ! ne permets à personne,
Seigneur, d’en reprendre rien !
Oui, prends tout, Seigneur !
Oui, prends tout, Seigneur !
Entre tes mains, j’abandonne
Tout avec bonheur ».
Anne, en se séparant de son enfant, célèbre l’Éternel dans un cantique. Elle exalte la sainteté, la connaissance, la puissance et la justice de son Dieu (1 Sam. 2. 2, 3, 6 et 10). Elle proclame l’étendue de sa grâce qui élève le misérable et le pauvre, les retirant de la poussière, image de la mort, et du fumier, figure du péché. Nous faisions partie de ces misérables, et le Seigneur, dans sa grâce, nous a amenés à Dieu. C’est une faveur et une place à nulle autre comparable. Ceux qui ont cru en Lui et en son œuvre accomplie à la croix recevront « en héritage un trône de gloire » (v. 8), ce qui veut dire que « nous régnerons aussi avec Christ » (2 Tim. 2. 12). Les dernières paroles du cantique de Anne sont prophétiques. Elles annoncent que Dieu élèvera la corne de son Oint : « Il donnera de la force à son roi » (1 Sam. 2. 10). La corne, dans l’Écriture, est un symbole de la puissance. Le jour est proche où « tout genou se ploiera devant (Christ), et où toute langue le reconnaîtra comme étant Dieu » (Rom. 14. 11 ; Phil. 2. 10).
« Quant à Samuel, il servait devant l’Éternel, c’était un jeune garçon, ceint d’un éphod de lin. Et sa mère lui faisait une petite robe et la lui apportait d’année en année quand elle montait avec son mari pour sacrifier le sacrifice annuel. Éli bénit Elkana et sa femme, et dit : Que l’Éternel te donne des enfants de cette femme, à la place du prêt qui a été fait à l’Éternel ! Puis ils s’en retournèrent chez Elkana. L’Éternel visita Anne, elle conçut et elle enfanta trois fils et deux filles ; et le jeune garçon Samuel grandissait auprès de l’Éternel » (1 Sam. 2. 18 à 21).
Notre Dieu récompensera toujours la foi et ce qui est fait pour Lui. Comme aux jours du roi Asa, quand l’Esprit de Dieu fut sur Azaria, fils d’Oded qui sortit au-devant d’Asa, et lui dit : « il y a une récompense pour ce que vous ferez » (2 Chron. 15. 7).