
Chers amis, est-ce que nous n’avons pas le cœur étreint au plus profond de nous-même lorsque nous écoutons ensemble ce que nous venons d’entendre dans la lecture de ces versets ? Nous avons, placée devant nous, l’immensité de l’amour de Dieu, l’immensité de l’amour du Seigneur Jésus.
On dit quelque fois qu’il nous faudrait toujours aborder le saint livre avec le plus profond respect. Et que dire ? Nous abordons un Psaume qui est, comme il a été dit, le centre moral de tous les autres Psaumes. Nous sommes placés d’emblée, dès le premier verset, devant les souffrances expiatoires de Celui qui a été « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1. 29).
Et ce cri déchirant qui est monté du sein des ténèbres du Calvaire retentit encore aujourd’hui : « Mon *Dieu ! Mon *Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Cela devrait étreindre notre cœur, nous le redisons, au plus profond de nous-même. Combien notre précieux Sauveur est grand dans ce qu’Il a réalisé entièrement à la gloire de Dieu.
Nous venons de le lire : « Tu m’as mis dans la poussière de la mort » (Ps. 22. 15). Chers amis, nous nous arrêtons devant ces paroles insondables. Combien notre Dieu est grand ! L’éternité n’épuisera pas la méditation de nos cœurs devant ce qu’Il aura fait.
Avec quelle crainte nous lisons de tels passages, et pensons à ce que le Seigneur a dit alors que Judas sortait. En Jean 13 il nous est dit : « Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et aussitôt il le glorifiera ». Puis le Seigneur ajoute : « Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir », et un peu plus loin Il peut dire : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard » (Jean 13. 31 à 33, 36). Voilà ce qu’Il dit à Pierre. Et pour nous, nous pouvons nous arrêter au début de ce que le Seigneur dit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ». Nous ne pouvons pas entrer dans ce que furent les douleurs de l‘abandon de la croix. Nous pouvons nous prosterner et adorer.
Pensons aussi à ce que le Seigneur a pu exprimer dans sa vie. Pensons à ce verset de Jean 8. 29 : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent ». On peut dire que nous avons là ce qui a marqué, ce qui a caractérisé la vie du Seigneur sur la terre. Il a toujours fait les choses qui plaisaient à son Père et Il n’était pas seul. Mais voilà, à la croix Il faisait encore les choses qui plaisaient à Dieu, mais Il a connu l’abandon de Dieu.
Ce cri qui commence ce Psaume 22, ces paroles du Seigneur, ce sont les paroles qu’Il a prononcées à la neuvième heure ; et de la sixième à la neuvième heure il y a eu des ténèbres sur tout le pays. C’est une scène que l’œil humain n’a pas pu contempler, aucun homme n’a pu voir ce qui s’est passé là ; toutes les bouches des hommes qui auparavant avaient crié leur méchanceté, leurs injures au Seigneur, toutes les bouches se sont tues. Ces trois heures se sont passées entre Dieu et le Seigneur Jésus.
Cette parole : « Mon *Dieu ! Mon *Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? », c’est le Seigneur qui la prononce. Ce ne sont pas les hommes qui disent qu’Il est abandonné de Dieu. Non, c’est le Seigneur ! Et on ne peut en mesurer toute la profondeur. Lui seul pouvait mesurer toute la profondeur de ce qu’Il connaissait à cette heure-là. Et si ces trois heures ont été des heures de ténèbres sur le pays, aujourd’hui c’est le jour de la grâce. Un jour qui dure pendant plus de deux mille ans.
Les trois heures de ténèbres pour le Seigneur ont été pour Lui une éternité. Quand nous lisons les évangiles, le Seigneur s’adresse à son Dieu et Père et Il emploie pratiquement toujours le terme « Père » : Mon Père, Père juste, Père saint, Abba Père. Là, à la croix, nous avons : « Mon Dieu ». Nous savons pourquoi !
La croix de notre Seigneur Jésus Christ est au centre de l’histoire du monde et de l’éternité. Elle était déjà dans les pensées de Dieu avant que le temps fût, comme cet Agneau préconnu dès avant la fondation du monde. Et bientôt, lorsque nous serons avec le Seigneur, nous Le verrons encore comme cet Agneau qui a été immolé. Il remplira nos cœurs de cette louange éternelle. Cette œuvre merveilleuse, unique, suffisante, est le fondement de notre salut présent et éternel. Elle est aussi le fondement de notre vie chrétienne pratique. Elle est aussi le fondement du message de l’évangile.
Et ce qui touche nos cœurs lorsque nous lisons ces premiers versets, c’est que nous sommes devant un infini de souffrance. Et comme l’Éternel pouvait dire à Moïse lorsqu’Il est apparu dans le buisson ardent : « Dieu l’appela… : Moïse ! Moïse ! Et il dit : Me voici. Et il dit : N’approche pas d’ici ; ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte » (Exode 3. 4 et 5).
Il en est de même lorsque Josué était près de Jéricho. « Et il arriva, comme Josué était près de Jéricho, qu’il leva ses yeux et vit ; et voici, un homme se tenait debout devant lui, son épée nue dans sa main ; et Josué alla vers lui et lui dit : Es-tu pour nous, ou pour nos ennemis ? Et il dit : Non, car c’est comme chef de l’armée de l’Éternel que je suis venu maintenant. Et Josué tomba sur sa face contre terre, et lui rendit hommage, et lui dit : Qu’est-ce que mon Seigneur dit à son serviteur ? Et le chef de l’armée de l’Éternel dit à Josué : Ôte ta sandale de ton pied, car le lieu sur lequel tu te tiens est saint. Et Josué fit ainsi » (Josué 5. 13 à 15).
C’est bien ce qui nous convient en présence d’un Psaume qui est profondément émouvant, qui touche nos cœurs, non pas par des sentiments humains parce que des sentiments humains peuvent très bien s’épancher en des pleurs, en des manifestations extérieures et puis ça s’efface comme le mirage, mais c’est l’Esprit de Dieu qui peut profondément toucher nos cœurs. Dans ce cri que le Seigneur Jésus a prononcé sur la croix, Il nous rappelle sa confiance inébranlable en son Dieu quoiqu’il Lui en coûtât. « Mon *Dieu ! Mon *Dieu ! ». Un peu plus loin, on retrouve cette expression : « Mon Dieu » (v. 10).
Il y a un contraste avec ce qui est arrivé à Job, au chapitre 13. Au verset 15 Job dit : « Voici, qu’il me tue, j’espérerai en lui ; seulement, je défendrai mes voies devant lui ». C’est vrai que Job a une confiance merveilleuse – il a dit au milieu d’épreuves terribles et de souffrances terribles : « Je sais que mon rédempteur est vivant » (Job 19. 25) – mais quel contraste avec le Seigneur quand il peut dire : « Je défendrai mes voies », alors que le Seigneur a pris sur Lui toutes nos iniquités et tous nos péchés.
Oui, que l’Esprit de Dieu veuille agir dans chacun de nos cœurs dans la plus grande simplicité pour que chacun jeune et moins jeune, devant cette question qui a été posée : Mon *Dieu ! Mon *Dieu ! Pourquoi ?… », pour que chacun puisse dire au plus profond de son cœur : « C’est pour moi », et qu’il puisse dire comme ce frère qui a écrit cette poésie :
« Ce cri, mon cœur a pu l’entendre
Et il y reste toujours gravé.
À mon âme il a fait comprendre
Pourquoi Jésus tu m’as sauvé.
Ici-bas, Jésus je t’adore.
Si tu souffris, Jésus, ce fut pour moi.
Là-haut je saurais mieux encore
Ma part au douloureux « Pourquoi ».
La scène de la croix est le centre de l’histoire, mais c’est aussi le centre de la louange. Et on remarque dans la souscription de ce Psaume : Au chef de musique, qui semble faire écho à ce que l’on trouve à la fin de notre lecture : « Je te louerai au milieu de la congrégation » (Ps. 22. 22). Ce Psaume était donc donné au chef de musique, celui qui conduisait la louange dans le temple, et ce Psaume nous est donné, comme beaucoup d’autres mais d’une manière particulière, pour nous conduire à la louange.
Et la louange n’est pas l’expression de sentiments humains, mais c’est l’expression de ce que l’Esprit nous donne de saisir dans ce que Dieu a trouvé d’agréable pour son cœur dans ce chemin, dans cette place que le Seigneur a prise. Et il nous faut pour cela toute la grâce de Dieu et la conduite du Saint Esprit.
Je voudrais faire encore une remarque. Ce Psaume est sur le mode « Ajéleth-Hashakhar », ce qui signifie « la biche de l’aurore », et c’est le seul Psaume qui est sur ce thème musical. Et cette biche de l’aurore nous fait penser à la victoire qui suit ces heures terribles de la croix. Et c’est à la fin de ces heures que le rappel de ce qui a été la part du Seigneur est présenté devant nos cœurs pour que nous puissions exprimer quelque chose de la louange.
Nous ne pouvons pas exprimer quelque chose de la louange, de l’adoration qui est juste devant Dieu en rappelant ce qui a été la part du Seigneur, sans nous placer au-delà de la croix et des résultats merveilleux qui sont pour nous, mais pensons d’abord au résultat merveilleux pour Dieu. Dieu avait été offensé par la conduite de l’homme qui a agi selon sa propre volonté. Mais Il a été pleinement glorifié par Celui qui a été obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix.
Et puis c’est un Psaume de David, et David est le bien-aimé. La première fois que David est mentionné dans la Parole, si je ne me trompe pas, c’est à la fin du livre de Ruth où quatre noms nous sont donnés, qui évoquent quatre caractères de la personne du Seigneur Jésus. Il y a Boaz, celui en qui est la force ; il y a Obed, le serviteur ; il y a Isaï, le riche ; et puis il y a David, le bien-aimé.
Et le Seigneur est Celui en qui est la force ; Il a été le parfait serviteur ; Il a été le riche qui a vécu dans la pauvreté pour nous afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis ; mais Il est avant tout le bien-aimé de l’Éternel. Et c’est Celui qui jouissait pleinement de cet amour avec le Père qui s’exprime ainsi : « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Un frère l’a rappelé aussi : « Il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent ». Voilà ce que le Seigneur pouvait dire, et qui nous est rapporté en Jean 8. 29. Il y a eu une pleine perfection de communion entre le Père et le Fils dans l’éternité passée, mais aussi pendant sa vie sur la terre car le Seigneur nous est présenté là comme Celui qui vient sur la terre comme homme. Il y a une pleine perfection de communion et pourtant Il doit dire : « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Encore une remarque : peut-être faut-il préciser, insister sur le fait que la Parole dit : « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! », et que ce que l’on entend quelque fois : « Il a été abandonné du Père », n’est pas selon l’Écriture. Il est peut-être bon de le préciser pour chacun. La raison pour laquelle on ne doit pas employer cette expression, c’est parce qu’elle n’est pas dans les Écritures.
Et quand on aborde le sujet qui concerne la personne du Seigneur, et de ses souffrances, il est bon que nous nous en tenions strictement aux expressions des Écritures, de crainte de laisser s’introduire des choses qui ne sont pas selon la pensée de Dieu ou la pensée de l’Esprit. C’est une raison simple mais à laquelle il faut être attentif. Le Seigneur a toujours employé dans sa vie, en parlant de Dieu, cette expression : « Mon Père », expression qui évoque ses relations et l’intimité qu’Il avait avec Lui, de toute éternité, Celui qui est appelé son nourrisson dans Proverbes 8. 30.
« Mon Dieu » évoque la pensée de la sainteté de Celui dans la présence duquel Il était placé quand Il portait nos péchés. Et c’est ce que nous trouvons dans ce Psaume quand Il dit : « Et toi, tu es saint » (Ps 22. 3). La sainteté de Dieu faisait que, pendant ces heures terribles – ces trois heures sombres de la croix – Celui qui était fait péché pour nous a dû être abandonné. Dieu est saint. Il a les yeux trop purs pour voir le mal (Hab. 1. 13).
Et le Seigneur a non seulement porté nos péchés comme le dit l’apôtre Pierre au chapitre 2 de la 1ère épître, mais Il a été fait péché pour nous (2 Cor. 5. 21), ce que l’on trouve aussi en Romains 8. 3 : « Dieu a condamné le péché dans la chair ». Et à cause de cela, Il a été abandonné de Dieu. Nous l’avons dit, nous sommes sur un terrain saint, et quand nous abordons ces questions, nous avons toujours la crainte d’avoir une parole au-delà ou en deçà de ce que dit l’Écriture. C’est avec crainte et tremblement que nous nous arrêtons sur ces passages.
Je voudrais faire encore une remarque. Trois fois Il dit : « Mon *Dieu » : « Mon *Dieu ! Mon Dieu » au v. 1, et « Mon Dieu ! Je crie de jour » au v. 2. Il me semble qu’à ces trois fois correspondent l’expression de la confiance : au v. 4, « Nos pères se sont confiés en toi ; ils se sont confiés, et tu les as délivrés », au v. 5, « Ils ont crié vers toi, et ils ont été sauvés ; ils se sont confiés en toi, et ils n’ont point été confus ».
Par trois fois, le Seigneur peut rappeler que les pères se sont confiés en Dieu et n’ont jamais été confus. Et le Seigneur vient de dire par trois fois : « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné » et « Mon Dieu… tu ne réponds point ». Ce que les hommes qui se confiaient en Dieu n’ont jamais connu, Lui l’a connu. C’est un mystère insondable, et nous nous arrêtons et nous adorons.
Ce cri de douleur unique, « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné », est la seule chose que nous retrouvons dans les évangiles de Matthieu et de Marc. Il s’adresse à son Dieu, pour Lui faire part, de façon intime, de ses souffrances intérieures, des souffrances qu’Il ressentait et qu’Il n’a pas exprimées à haute voix lorsqu’Il était sur la croix. Mais ce sont des souffrances intimes, qu’on ne peut pas raconter, dans lesquelles nous n’entrons pas ; mais ce sont, en quelque sorte, des souffrances qui L’ont broyé moralement, intérieurement.
Lorsqu’Il se confie, Il se compare à un ver et non point à un homme. C’était le résultat du poids de nos péchés qui pesaient sur Lui, mais aussi du mépris dont Il était entouré de la part des hommes, et de l’abandon de son Dieu. Il était là comme une chose insignifiante, un ver, « Je suis un ver, et non point un homme ». Certainement, aucun de nous n’a jamais eu une telle pensée de soi-même. Eh bien, Lui le Seigneur, intimement, aux oreilles de son Dieu, a prononcé cette parole. « Je suis un ver, et non point un homme ».
Ce sont des choses qui nous sont révélées ici dans ce Psaume 22. Pendant les trois heures de ténèbres, qui sont caractéristiques du sacrifice pour le péché, l’homme est mis de côté, tout est divin. Il a été fait péché pour nous, Il a pris nos péchés en son corps sur le bois pour les expier à notre place, pour que nous, nous soyons sauvés. Lui a accepté le jugement terrible de Dieu sur le péché.
« Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal ». Et pendant les trois heures de ténèbres où le Seigneur a porté cette charge, ce fardeau des péchés qui étaient les nôtres et dont nous étions coupables – à ce moment-là Il a été comme anéanti. Il a été fait péché, Il a été considéré par Dieu comme étant le péché lui-même, la racine du péché, la culpabilité du péché ; et c’est à ce titre qu’Il a été abandonné. David a pu dire : « J’ai été jeune, et je suis vieux, et je n’ai pas vu le juste abandonné » (Ps. 37. 25).
La vision de David était limitée, mais ici nous avons quelque chose d’infiniment plus élevé, nous avons l’anéantissement de Celui qui est le Prince de la vie, qui était pur, l’Agneau sans défaut et sans tache, sans un péché, sans une faute, sans une erreur, dont la marche sur la terre a pleinement satisfait la gloire, la majesté, la justice et la sainteté de Dieu. Il n’a eu aucune faute, aucun péché, aucune tache, aucune chute, aucune faiblesse – et pourtant Il est abandonné, parce que durant ces trois heures de ténèbres, toute la colère de Dieu contre le péché (dont nous sommes tous coupables, dont nous étions coupables) a pesé sur Lui, est tombée sur Lui. Et toute la justice inflexible de Dieu s’est appesantie sur Lui.
Alors Il peut dire au v. 2 et dans la suite : « Mon Dieu » : Il s’adresse encore à son Dieu, parce que c’est son Dieu intimement – on a remarqué qu’à la croix le Seigneur ne dit pas : Mon Père, mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné. Non. Les relations de Père à Fils étaient pleinement maintenues, mais le Dieu saint ne pouvait pas supporter la vue du péché que le Seigneur Lui-même portait. Eh bien, au v. 2, Il dit : « Mon Dieu ! je crie de jour, mais tu ne réponds point ; et de nuit, et il n’y a point de repos pour moi ».
Chers frères et sœurs, cette terrible charge de péché qu’Il portait sur Lui, c’était nos péchés. Lorsqu’Il était sur la croix, pas un de nos péchés n’a été oublié, Il les a tous pris à sa charge. C’est une chose tellement profonde qu’on ne peut guère l’exprimer avec des mots humains, mais nous en touchons quand même quelque chose ici dans le déploiement de ce Psaume jusqu’au v. 22. Nous voyons le terrible châtiment que le Seigneur a porté à notre place, pour nous l’épargner.
Pendant les trois heures de ténèbres, son âme sainte a sondé toute l’horreur du châtiment qui nous était réservé – qui est toujours réservé aux âmes incrédules qui ne se convertiront pas et qui seront jetées dans l’étang de feu et de soufre. Non pas que le Seigneur y ait été jeté, mais Il a mesuré toute la profondeur, toute la douleur qui sera la part de ceux qui n’y échapperont pas. Alors on peut saisir un peu à quel point notre adorable Sauveur a souffert. Et c’est bien là, effectivement, le thème de notre adoration.
Nous ne pouvons pas adorer complètement tant que nous sommes dans les limites de notre corps, tant que nous sommes encore sur la terre. Mais lorsque nous serons avec Lui dans le ciel, lorsque nous aurons revêtu un corps semblable à celui du Seigneur ressuscité et glorifié, alors le langage que nous emploierons exprimera complètement toute la profondeur de ces vérités, bénies entre toutes.
David a pu dire avec raison que jamais un homme juste ne fut abandonné de Dieu. Mais ici nous avons cet homme parfait, cet homme qui est venu du ciel, ce serviteur parfait, abandonné de Dieu. Nous avons ici, répété deux fois « Mon Dieu ! ». C’est le seul qui a pu dire « Mon Dieu », c’est le seul qui a pu dire : c’est le Dieu dans Lequel, moi, personnellement, j’ai mis toute ma confiance, le seul qui ait fait tout son plaisir, Lui qui était l’homme parfait, qui était le Serviteur parfait.
Et nous voyons ici ces paroles prophétiques que David a pu dire et que nous retrouvons dans les deux évangiles – dans l’évangile selon Matthieu où nous voyons le Messie, Celui qui a été oint de Dieu, Celui qui, un jour, sera le Roi des rois au-dessus de tout ; et nous Le voyons aussi dans l’évangile selon Marc où Il est le Serviteur parfait.
Et dans ces deux évangiles, nous l’entendons dire dans le langage original : « Éloï, Éloï, lama sabachthani ? » (Mat. 27. 46 ; Marc 15. 34). Est-ce que cela touche nos cœurs, qu’un homme ait pu dire à la fin de ces trois heures sombres : « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » Nous n’entendons rien pendant ces trois heures, un silence que nous ne pouvons [et ne pourrons] jamais sonder. Que s’est-il passé pendant ces trois heures de ténèbres, de ténèbres absolues, loin de Dieu – ce que nous avons mérité, c’est Lui qui l’a enduré : Il a enduré d’être abandonné de Dieu.
Jamais le juste ne l’a été, mais Lui l’homme parfait, l’Agneau de Dieu, fut abandonné de Dieu. « Mon Dieu » : c’était son Dieu ; et c’est son Dieu qui L’a abandonné, Dieu, l’Éternel, Éloï, qui L’a abandonné ; El, Celui qui existe toujours L’a abandonné. Pourquoi cela ? – À cause de mes péchés, de tes péchés, c’est pour cela qu’Il a été fait péché et a dû être abandonné.
La première chose que nous pouvons dire, c’est que Dieu Lui-même a couvert cette scène. Rien n’est sorti. Nous n’entendons que ce que le Seigneur a dit à la fin de ces heures. Et cette scène, nous ne pouvons pas en parler. Nous avons ici les sentiments de notre Seigneur. Nous savons que, sur la croix, il y a eu les trois premières heures où, le Seigneur a souffert de la part des hommes, pour Dieu : « Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi » (Ps. 69. 9).
Et après, il y a eu ces trois heures sombres qui sont là devant nous, et ce que nous entendons ici, ce cri du Seigneur qui nous donne une indication de ce qu’a été son cœur durant ces moments qu’Il a traversés, qui nous montre quelle révérence nous pouvons avoir devant une telle scène. Le Seigneur a dit : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! ». Il a été dit que, pendant toute sa vie, le Seigneur a utilisé cette expression : « Mon Père ».
Pendant les trois premières heures de la croix, la communion était là. Jean 16. 32 : « Voici, l’heure vient, et elle est venue, que vous serez dispersés chacun chez soi, et que vous me laisserez seul ; – et je ne suis pas seul, car le Père est avec moi ». Il avait la croix devant Lui et Il l’appréhende, mais dans le jardin Il était soutenu. Pendant ces trois premières heures Il était soutenu.
Mais ici dans ces trois heures sombres, le Seigneur était là pour accomplir l’expiation. Ésaïe nous dit : « À cause de la transgression de mon peuple, lui a été frappé » (És. 53. 8). Il a été frappé à notre place. « Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme [qui est] mon compagnon » (Zach. 13. 7). Voilà ce que nous avons là. Et le Seigneur a enduré toute la rigueur de la justice de Dieu. Il a dû dire : « Mon Dieu ! ». Le Seigneur a toujours dit : « Mon Père » ; une fois Il a dû dire : « Mon Dieu ».
Après la résurrection quand Il s’adresse à Marie, Il lui dit : « Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20. 17). Et nous avons là une illustration de Celui qui a toujours revendiqué et satisfait les droits de Dieu. Il était Celui pour lequel Dieu était son Dieu dans toute la dimension, qu’Il a parfaitement honoré.
Nous comprenons bien que ce moment qui est devant nos yeux, « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? », est le centre de l’histoire du monde. Et nous voyons dans cette parole le contraste qu’il y a, d’une part entre la sainteté de Dieu, la justice de Dieu, et d’autre part le péché, le péché comme tel, qui avait tellement blessé Dieu dans sa justice et sa sainteté.
Et alors, dans ce cri du Seigneur, nous ressentons la mesure, aux yeux de Dieu, du péché qu’il y avait dans le monde. Le Seigneur a porté nos péchés, oui Il a été le sacrifice pour le péché. Il a été aussi le sacrifice pour le délit. Mais alors, le sacrifice pour le péché, c’était le sacrifice qui était nécessaire pour que, aux yeux de Dieu, une fois, le péché tout entier sera ôté.
Et c’est ici la réponse sublime de ce que nous lisons en Jean 1. 29 : « Voilà l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » – qui ôte le péché du monde, ce qui était si horrible aux yeux de Dieu. Le Seigneur l’a ici ressenti, et c’est pour cela que nous restons toujours à distance de ce qui s’est passé là. Le frère a dit tout à l’heure : il nous reste une chose : adorer, admirer la beauté morale de Celui qui a souffert.
On vient de parler du sacrifice pour le péché, et nous nous souvenons de ce qui devait avoir lieu au jour des expiations, ce que nous pouvons lire en Lévitique 16. 21 : « Et Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et confessera sur lui toutes les iniquités des fils d’Israël et toutes leurs transgressions, selon tous leurs péchés ; il les mettra sur la tête du bouc, et l’enverra au désert par un homme qui se tiendra prêt [pour cela] ; et le bouc portera sur lui toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée » (Lév. 16. 21 et 22).
Une terre inhabitée, voilà ce qui correspond à ces trois heures de ténèbres. Le Seigneur était là, abandonné de Dieu. Dans l’épître aux Hébreux nous lisons : [Il] « a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Héb. 5. 8). Il savait ce que c’était que l’obéissance ; ce qu’Il a appris, c’est de souffrir. Combien, pendant ces trois heures, Il a appris la souffrance.
Abandonné de Dieu au moment où, selon notre esprit humain, Il aurait eu le plus besoin de son secours et de son soutien, Dieu, dans sa sagesse et dans sa perfection, L’abandonne. Le Seigneur est seul. Et si nous ne pouvons absolument pas mesurer, sonder, comprendre, ce que furent ces douleurs, nous pouvons dire que Dieu, dans sa grâce, donne dans ces versets du Psaume 22 quelques expressions qui soulignent devant nous la perfection et l’excellence de la Personne du Seigneur Jésus à ce moment-là.
Dans ce premier verset du Psaume 22, il est question « des paroles de mon rugissement ». Des lèvres du Seigneur pendant sa vie, il n’est sorti que des paroles de grâce, des paroles pleines de douceur. Et voilà qu’à ce moment-là, Il peut dire : « des paroles de mon rugissement » qui traduisent l’intensité des souffrances que le Seigneur éprouvait là, ce cri qui montait. Mais le Seigneur a traversé en perfection ces heures-là et – en employant encore une expression humaine – en toute lucidité.
Le Seigneur a pleinement ressenti chacun des instants qu’Il traversait. Et Il exprimait là, la pensée remarquable : « Mon Dieu ! Je crie de jour, mais tu ne réponds point ; et de nuit, et il n’y a point de repos pour moi » (Ps. 22. 2). Quand nous pensons un peu à ce qu’étaient les journées du Seigneur, à ce qu’étaient les nuits du Seigneur – à ce moment-là Il pense à ce qu’Il a connu sur la terre : « Je crie de jour, mais tu ne réponds point ; et de nuit, il n’y a point de repos pour moi ».
Nous savons bien faiblement ce que c’est qu’une nuit sans repos, mais le Seigneur là en éprouvait toute la profonde réalité. « Et toi, tu es saint, toi qui habites [au milieu des] louanges d’Israël » (Ps. 22. 3). À ce moment où Il ressent l’abandon de Dieu, ses pensées vont vers ce qui est le désir du cœur de Dieu d’avoir un peuple d’adorateurs, et Il pense à la louange d’Israël qui sera le but, le terme de ces heures de la croix.
Dans le Psaume 65, David peut dire : « Ô Dieu ! la louange t’attend dans le silence » (Ps. 65. 1). Pendant ces trois heures, la louange attendait dans le silence, mais elle doit être le résultat de ces heures de la croix, de ces heures de souffrances que le Seigneur a endurées et dont Il a mesuré toute l’intensité.
Un mot sur le verset suivant. « Nos pères se sont confiés en toi » (Ps. 22. 4). Nous pensons à ces patriarches, à ces hommes de Dieu, qui ont manifesté une confiance, une foi en Dieu ; et nous pensons à Abraham en Genèse 22, dans cette scène que nous connaissons bien. Genèse 22. 7 et 8 : « Et Isaac parla à Abraham, son père, et dit : Mon père ! Et il dit : Me voici, mon fils. Et il dit : Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? Et Abraham dit : Mon fils, Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste ».
Abraham se confiait en Dieu. Et la réponse de Dieu se trouve quelques versets plus loin : « Et il dit : N’étends pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; car maintenant je sais que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique » (Gen. 22. 12). C’est la démonstration de ce verset 4 du Psaume 22 : « Nos pères se sont confiés en toi ; ils se sont confiés, et tu les as délivrés ». Nous savons quelle a été la part du Seigneur Jésus. Nous l’avons déjà dit, sa confiance en Dieu était inébranlable, et à cette heure-là elle était toujours la même.
« Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps. 22. 1). Dans nos traductions, l’astérisque devant Dieu indique que c’est El, le Dieu fort, le Fort, le Puissant. Il y a eu la puissance créatrice, il y a aussi la sainteté, et puis il y a aussi dans « fort » la force du jugement, de la condamnation – ce qui est en rapport avec l’intensité des souffrances du Seigneur. On a dit qu’on n’a jamais vu le juste abandonné, et là c’est une exception dans l’éternité, le Juste est abandonné. Il y a aussi une chose extraordinaire à la croix : le Prince de la vie entre dans la mort, Celui qui est vivant entre dans la mort.
Il y a des applications. Bien sûr on a dit : la satisfaction de Dieu avant tout. On peut l’appliquer aussi à la louange. On sort du culte, un dimanche matin, et on dit : Quel beau culte on a eu. Oui, tant mieux. Mais la meilleure réflexion est : Quel beau culte Dieu a eu, quelle belle louange Dieu a reçue ! Si nous, nous en avons une part, tant mieux, mais quelle satisfaction Dieu a eue de ce culte ?
Une autre application : si le Seigneur a tant souffert, s’Il a porté le jugement – on a dit qu’en ces trois heures il y a eu une éternité de châtiment, pour cumuler l’éternité de chacun de nos péchés en enfer. Voilà, un infini. L’intensité de ses souffrances qu’Il a portées en trois heures, ce n’est pas mesurable.
Mais les conséquences sont en Jean 17. 3 : « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ ». « C’est ici la vie éternelle ». Vous êtes croyant, vous connaissez Dieu et Celui qu’Il a envoyé, Jésus Christ. Vous savez que Jésus Christ a porté les péchés, a été abandonné de Dieu. Donc il y a la vie éternelle. Elle vient de là, elle est en relation avec cela.
Douter de la vie éternelle, ou dire qu’on peut la perdre, c’est faire quoi des souffrances du Seigneur ? S’Il a souffert, c’est irréversible. Il ne peut pas avoir connu des souffrances pareilles pour que quelqu’un, reniant la foi, perde cette vie éternelle. Des croyants en rapport avec ce qu’ils ont pu commettre, ou de ce qu’ils ont peur de commettre – et tous nous pouvons trembler quant à notre conduite – ne peuvent pas mettre en jeu ce que le Seigneur a souffert, son abandon et l’intensité du jugement qu’Il a connu.
La Parole de Dieu, la connaissance de Jésus Christ, sont supérieures aux expériences que vous avez pu voir parmi les chrétiens et les croyants. En ceci, s’il y a une part pour nous, il faut la retenir.
On a rappelé tout à l’heure la scène de Lévitique 16 sur le grand jour des propitiations en relation avec ce qu’il en a coûté au Seigneur. Et peut-être faut-il noter qu’avant qu’il soit question du bouc azazel [le bouc qui s’en va], il y avait ce bouc dont le sort était tombé pour l’Éternel, et qui devait être égorgé sur l’autel d’airain ; puis son sang était porté jusque dans le lieu très saint, et cela a une profonde signification pour nous. Il fallait que l’offense faite à Dieu par l’introduction du péché dans le monde soit ôtée.
Sans même qu’un seul racheté soit introduit dans le ciel, ce qu’on ose à peine dire, il fallait que cette offense que les hommes avaient faite à Dieu soit ôtée, et elle a été ôtée par Celui qui a pris la forme d’un homme, qui est devenu homme, et qui a été l’homme parfait sur la terre. Et il y a quelque chose de cela dans le cri : « Mon *Dieu ! Mon *Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? ». On remarque d’ailleurs que, dans ce Psaume 22, il n’est pas parlé, comme dans les Psaumes 40 et 69, du bourbier fangeux, du puits de la destruction, des eaux qui passent par-dessus sa tête.
Et puis une autre remarque concernant ce bouc azazel. Notre frère l’a lu tout à l’heure : le sacrificateur posait ses deux mains sur la tête du bouc. Quand il est parlé du sacrifice pour le péché que le coupable amenait pour confesser son péché et être pardonné, il posait sa main sur le bouc. Est-ce qu’il n’y a pas là, dans cette différence, la pensée que le Seigneur a connu pleinement le jugement que nous avions mérité à cause de nos péchés alors que nous, nous ne pouvons pas en mesurer toute la gravité ?
Nous ne mesurons pas ce qu’est pour Dieu un seul péché, l’offense qui est faite à Dieu, et nous ne pouvons pas la mesurer parce que nous n’en porterons pas le jugement, mais le Seigneur l’a pleinement mesurée. Et c’est ce que nous trouvons dans ce cri que le Seigneur a poussé à la croix, à la fin des trois heures sombres : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? » – et comme cela a été remarqué dans le texte original : « Éloï, Éloï, lama sabachthani ? ».
Ce sont des choses qui nous confondent, et dans lesquelles nous ne pouvons nous tenir qu’avec des pieds déchaussés, dans le sentiment de la distance qu’il y a entre ce que nous pouvons saisir, et ce que la Parole place devant nous, que nous ne pouvons aborder que dans l’adoration.
Devant ces scènes si insondables et si saintes, si nous voulons connaître un peu ce que Dieu pense du bien et du mal, c’est là que nous le voyons. Tout le reste est relatif, là c’est absolu. Ce que Dieu pense du bien et du mal, nous l’avons là. Romains 8. 32 : « Celui même qui n’a pas épargné son propre Fils ». Pour une pensée d’orgueil, pour un mouvement de propre volonté, le Seigneur Jésus a dû être abandonné.
Ce sont des moments insondables. Voilà ce que Dieu pense du bien et du mal. Il a abandonné son propre Fils quand Il portait nos péchés. Comme cela devrait avoir des conséquences sur notre vie de tous les jours : peut-être pour un petit mensonge que je me permets, et si je pensais à ce que le Seigneur a dû endurer ?
Lamentations de Jérémie 3. 1 à 3 : « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par le bâton de sa fureur. Il m’a conduit et amené dans les ténèbres, et non dans la lumière. Certes c’est contre moi qu’il a tout le jour tourné et retourné sa main ».
Lamentation de Jérémie 1. 12 : « N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez, et voyez s’il est une douleur comme ma douleur qui m’est survenue, à moi que l’Éternel a affligée au jour de l’ardeur de sa colère ». Il y a là comme une interpellation qui peut nous toucher aujourd’hui. « N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? »
Et il est frappant de voir l’accent qui est mis sur les souffrances. Ce ne sont pas les souffrances que les hommes ont infligées à Celui qu’ils ont crucifié, mais c’est « à moi que l’Éternel a affligée au jour de l’ardeur de sa colère », la colère de Dieu.
C’est peut-être quelque chose qui peut nous arriver, peut-être un dimanche matin, de passer à côté, légèrement ; que d’une certaine façon les souffrances du Seigneur, et ce qu’Il a souffert pour nous, et ce qu’Il a souffert de la part de Dieu, ne soit rien ou peu de chose pour nous ce matin-là. Et nous pourrions parfois prendre le pain et le vin, le souvenir que le Seigneur est mort – mais c’est quelque chose qui est passé – les prendre légèrement.
Et c’est peut-être une prière que nous pouvons faire le dimanche matin lorsque nous nous retrouvons autour du Seigneur : Seigneur, que ce que tu as souffert, ce ne soit pas rien pour moi.
Un frère aurait peut-être quelque chose à nous dire au sujet de l’expression du 1er verset de ce Psaume 22 : « Te tenant loin de mon salut », dont on n’a pas parlé ce matin.
Je ne sais pas si la pensée répond à cette question, mais est-ce qu’on ne peut pas relier cette expression, « Te tenant loin de mon salut », avec ce que le Seigneur Jésus a exprimé en Gethsémané : « Si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » (Luc 22. 42) ?
Le Seigneur avait devant Lui en Gethsémané les heures d’abandon. Il était dans l’angoisse du combat, dans l’agonie, comme on le chante dans un cantique, qui signifie cette angoisse du combat en présence de ce qui était devant Lui. Le Seigneur ne pouvait pas désirer passer par cette heure. Il est aussi Dieu et Il réalisait pleinement ce qu’était cette heure terrible où Il allait porter les péchés, où Il allait être fait péché pour nous ; mais Il a pu dire : « Que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite ». « Te tenant loin de mon salut ».
« Te tenant loin de mon salut ». C’est le Seigneur Jésus, avec le poids énorme de ce fardeau dont Il était chargé, qui le dit. Et cette expression nous montre que, pour le Seigneur Jésus, comme on l’a dans le cantique 46, c’était « l’éternité de notre châtiment » (Hymnes et Cantiques 46 strophe 3) qui était là, et cette distance : « loin de mon salut » nous parle des souffrances de Christ, à quel point elles ont été aiguës.
Nous ne pouvons pas entrer très loin, nous sommes tellement limités, mais combien elles ont été aiguës ! « Te tenant loin de mon salut ». Et le Seigneur dira plus loin : « Sauve-moi de la gueule du lion » (Ps. 22. 21). Et puis il y a la réponse à la fin : « Tu m’as répondu d’entre les cornes des buffles » (22. 21).
Lamentations de Jérémie 3. 5 à 9 : « Il a bâti contre moi, et m’a environné de fiel et de peine. Il m’a fait habiter dans des lieux ténébreux, comme ceux qui sont morts depuis longtemps. Il a fait une clôture autour de moi, afin que je ne sorte point ; il a appesanti mes chaînes. Même quand je crie et que j’élève ma voix, il ferme l’accès à ma prière. Il a barré mes chemins avec des pierres de taille ; il a bouleversé mes sentiers ». Verset 13 : « Il a fait entrer dans mes reins les flèches de son carquois ».
Nous ne pouvons pas imaginer ce que c’était pour Lui d’être abandonné de Dieu. Comme nous l’avons déjà dit, l’éternité de notre châtiment était sur Lui. Pendant ces trois heures sombres, Il a ressenti tout le poids de la colère de Dieu, tout ce jugement contre le péché était sur Lui, et pendant ces trois heures, Dieu était loin de son salut.
Il y a peut-être un autre lien à faire avec cette expression et l’un des caractères propres à ce Psaume. Nous avons lu dans ces versets qui suivent le v. 4, les souffrances que le Seigneur a rencontrées de la part des hommes. Et il y a une chose qu’on ne trouve pas dans ce Psaume et qu’on trouve souvent dans les autres Psaumes, c’est l’appel à la vengeance, l’appel au fait que ceux qui trouvent leur plaisir dans ces souffrances connaissent eux-mêmes des souffrances.
On le trouve dans le Psaume 40. 13 à 15 : « Qu’il te plaise, ô Éternel ! de me délivrer. Éternel ! hâte-toi de me secourir. Que ceux qui cherchent mon âme pour la détruire soient tous ensemble honteux et confondus ; qu’ils se retirent en arrière et soient confus, ceux qui prennent plaisir à mon malheur. Que ceux qui disent de moi : Ha ha ! ha ha ! soient désolés, en récompense de leur honte ». Et nous ne pouvons pas lire ce Psaume 22 sans nous arrêter sur le fait que c’est le seul Psaume dans lequel il n’y a pas d’appel de ce genre.
Le Seigneur est placé là, portant le jugement contre le péché, Il est seul devant Dieu. Et même si les souffrances de la part des hommes sont écrites dans ce langage imagé que nous avons, il n’est pas parlé de vengeance. Et Il attend le salut de Dieu, mais Il n’appelle pas la vengeance sur ceux qui Le font souffrir. Et peut-être qu’il faut souligner ce point : dans ce Psaume, nous avons le côté de l’abandon de Dieu dans les trois heures, puis nous avons aussi le côté des souffrances que le Seigneur a endurées de la part des hommes
On remarque que l’abandon de son Dieu est donné, présenté avant les souffrances qu’Il a connues de la part des hommes. Pourquoi ? – Parce que c’était pour cela qu’Il était venu. Mais il fallait aussi que la méchanceté des hommes soit manifestée à son comble. Et ces souffrances de la part des hommes sont décrites.
Et il y a une chose que nous voulons faire remarquer aussi c’est que, en présence de la haine de l’homme contre son bien-aimé, Dieu s’est tu. Nous trouvons cela dans l’évangile selon Luc, quand le Seigneur dit à ceux qui viennent Le prendre : « Mais c’est ici votre heure, et le pouvoir des ténèbres » (Luc 22. 53). On se sent bien petit devant ces choses, et je le répète encore, on a toujours peur d’aller trop loin ou au delà de ce que le Seigneur a connu, et on préfère contempler, méditer en silence, que vouloir trop en dire.
Hébreux 5. 7 et 8 : « Le Christ qui… durant les jours de sa chair, ayant offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, quoiqu’il fût Fils, a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ».
Il faut bien comprendre que la mort, c’était une désapprobation de Dieu sur l’homme qui pèche, et que si pour nous, la mort est une délivrance des choses de la terre, pour Christ sur la croix, la mort avait encore son aiguillon.
Et quand Christ a crié sur la croix pour demander à Dieu son salut, c’est qu’Il avait effectivement sur son âme sainte tout le poids que méritaient nos péchés, l’aiguillon de la mort, la mort qui passait devant Lui, qui était la désapprobation de Dieu contre le péché. C’est pour cela que le Seigneur a crié : « Ne te tiens pas loin de moi », loin de mon salut !
Versets 6, 7, et 8 : « Mais moi, je suis un ver, et non point un homme ; l’opprobre des hommes, et le méprisé du peuple. Tous ceux qui me voient se moquent de moi ; ils ouvrent la bouche, ils hochent la tête : Il se confie à l’Éternel : qu’il le fasse échapper, qu’il le délivre, car il prend son plaisir en lui ! ».
Le Seigneur exprime là tout ce qu’Il ressent de la part des hommes, Lui la Parole devenue chair et habitant au milieu de nous – et nous vîmes sa gloire. Mais Il vint chez soi et les siens ne L’ont pas reçu (Jean 1). Et tout cet opprobre, ce mépris, que le Seigneur a connus, Il l’a ressenti pleinement avec l’excellence de la divinité sensible de son cœur.
Nous ne pouvons pas, là encore, entrer dans ce que furent pour le cœur du Seigneur toutes ces railleries et toutes ces moqueries, qui n’ont pas été rien pour le Seigneur, toutes ces accusations injustes. Puis il y a le verset suivant : « Mais c’est toi qui m’as tiré du sein [qui m’a porté] ; tu m’as donné confiance sur les mamelles de ma mère. C’est à toi que je fus remis dès la matrice ; tu es mon *Dieu dès le ventre de ma mère » (Ps. 22. 9 et 10).
Il peut là rappeler à Dieu tout ce qu’Il a été pour Lui dans sa vie, toute cette confiance qu’Il a manifestée, le plaisir que Dieu a trouvé en son Fils unique et bien-aimé. Et si le Seigneur s’en était tenu à ce qu’Il éprouvait de la part des hommes, à la façon dont Il avait glorifié Dieu sur la terre, Il aurait pu descendre de la croix. Mais nous avons là le témoignage de l’immensité de son amour : Il est resté sur la croix parce qu’Il ne s’est pas arrêté à ce que nous appellerions des causes secondes. Non !
Pour Lui, il y avait une cause principale, la vérité principale. Et c’est bien ce que nous trouvons dans cette expression « Te tenant loin de mon salut ». Il était venu pour accomplir ce salut, et rien n’a pu L’arrêter dans cet accomplissement. Nous disons souvent, et comme c’est vrai : l’amour du Seigneur a brillé d’un éclat tout particulier à la croix.
Puis au verset 11, « Ne te tiens pas loin de moi, car la détresse est proche, car il n’y a personne qui secoure ». « La détresse est proche » : quelle parole dans la bouche du Seigneur ! Lui, le Fils de Dieu qui avait en Lui toute ressource, Il sent la détresse et Il peut dire : « Il n’y a personne qui secoure ». Quand nous lisons la fin du Psaume 60 ou du Psaume 108, il est écrit : « La délivrance qui vient de l’homme est vaine » (Ps. 60. 11 ; 108. 12). Le Seigneur, Lui, ne s’est pas attendu à l’homme. Au travers de ces heures terribles, sa confiance demeurait toujours dans son Dieu.
Nous lisons en Lévitique 6. 17 : « Et l’Éternel parla à Moïse, disant : Parle à Aaron et à ses fils, en disant : C’est ici la loi du sacrifice pour le péché : au lieu où l’holocauste sera égorgé, le sacrifice pour le péché sera égorgé devant l’Éternel : c’est une chose très-sainte » (Lév. 6. 17 et 18). Il en est de même en Lévitique 7 : « Et c’est ici la loi du sacrifice pour le délit ; c’est une chose très-sainte. Au lieu où l’on égorge l’holocauste, on égorgera le sacrifice pour le délit » (Lév. 7. 1 et 2).
On voit toujours cette perfection liée aux souffrances du Seigneur. On ne peut pas disséquer cette œuvre infinie. Si Dieu nous a donné des images dans l’Ancien Testament, c’est pour nous aider à entrer un peu, d’un côté dans les perfections du Seigneur Jésus, tout ce qui était pour Dieu, l’holocauste – et de l’autre côté ce qui était pour nous, le sacrifice pour le péché.
Lévitique 16 était le côté de la propitiation et le côté de la substitution. Nous lisons en 1 Jean 2 : « Lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2. 2). C’est la ressource de Dieu.
Pourquoi aujourd’hui Dieu peut-Il accepter un misérable pécheur, tel que nous étions, sur le terrain de la justice ? – Parce qu’une propitiation a été faite, et s’Il pardonne, c’est sur le terrain d’une parfaite justice. Nous sommes déjà au bénéfice de cette œuvre par la grâce de Dieu.
Hébreux 9. 26 : « Il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par son sacrifice ». Les croyants sont déjà au bénéfice de cette œuvre, mais ce qu’il y a de merveilleux, c’est l’abolition du péché. Dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, il n’y aura plus trace de péché. Cela correspond un peu au 1er chapitre de l’évangile selon Jean : « Voilà l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » (Jean 1. 29).
Alors, il y a quelque chose qui nous touche très profondément dans ces versets que nous venons de rappeler. Matthieu 27. 43 : « Il s’est confié en Dieu ; qu’il le délivre maintenant, s’il tient à lui ; car il a dit : Je suis fils de Dieu » (Mat. 27. 43). Est-ce qu’on peut entendre un outrage aussi épouvantable à l’égard de Dieu : « S’Il tient à Lui ? »
Si nous pensons au prix que le Seigneur Jésus avait pour son Père, pour son Dieu – bien sûr, on a rappelé ce matin qu’Il était là sous le jugement de Dieu – si nous pensons au prix que le Seigneur avait pour Dieu, on est étonné que Dieu ait pu supporter cet outrage ! Il aurait pu anéantir le monde en entendant un pareil outrage. N’est-ce pas un amour qui touche profondément nos cœurs ?
Alors, sans doute, nous avons entendu cette parole merveilleuse que le Seigneur a prononcée plusieurs fois dans l’évangile, – au paralytique : « Tes péchés sont pardonnés » (Mat. 9. 2 et 5 ; Marc 2. 5), – à la femme de Luc 7 : « Tes péchés sont pardonnés » (Luc 7. 48) ; – à la femme adultère de Jean 8 : « Femme, où sont-ils, ceux-là, tes accusateurs ? Nul ne t’a-t-il condamnée ? Et elle dit : Nul, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, – dorénavant ne pèche plus » (Jean 8. 10 et 11). Les nombreux péchés sont pardonnés.
Chers amis, chers jeunes amis, est-ce que nous avons entendu cette parole reçue du Seigneur dans nos cœurs : « Tes péchés sont pardonnés » ? Avons-nous mesuré le prix de cette parole ? Aujourd’hui, le Seigneur parle à nos cœurs pour nous faire comprendre un peu à quel prix nos péchés ont été pardonnés.
Il est peut-être bon que l’on revienne sur ce mot de « propitiation » pour en expliquer plus le sens. L’œuvre de la croix est la propitiation pour nos péchés, et pour les péchés du monde entier. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’en vertu de cette œuvre, Dieu est favorable, qu’Il reçoit favorablement l’homme qui s’approche en vertu de cette œuvre. Mais les péchés ne sont expiés que si l’on reçoit l’œuvre de la croix, c’est-à-dire que si l’on croit, si l’on accepte dans son cœur que cette œuvre a répondu à son propre état de péché et à sa culpabilité devant Dieu.
Et alors, ceux qui peuvent entendre cette expression : « Tes péchés sont pardonnés », ce sont ceux qui reconnaissent leur état de péché et qui reçoivent ce que Dieu offre : le salut en vertu de l’œuvre de la croix. Il y a donc le côté de la propitiation : Dieu est favorable et reçoit favorablement tout homme qui s’approche en vertu de cette œuvre. Mais on ne peut s’approcher de Dieu autrement que sur la base de cette œuvre.
J’aime rappeler, pour expliquer ce mot propitiation, ce qu’on trouve dans le livre d’Esther : Il n’était permis à quiconque d’entrer auprès du roi s’il n’avait pas été appelé. Et si quelqu’un entrait auprès du roi sans être appelé, si le roi lui tendait le sceptre d’or, il n’était pas mis à mort, mais à condition que celui qui entrait touche le sceptre d’or. N’est-ce pas une image de ce qui nous concerne ? Nul homme ne peut s’approcher de Dieu si ce n’est en vertu de l’œuvre de la croix, et en s’appropriant cette œuvre de la croix.
Je voudrais aussi dire une pensée sur cette expression : « Je suis un ver, et non point un homme » (Ps. 22. 6). Un ver est un être sans protection, sans défense, incapable de fuir ; et c’est ce que le Seigneur exprime quand Il est placé là comme étant l’objet de l’abandon de son Dieu, mais aussi l’objet de toute la haine de l’homme, « l’opprobre des hommes, et le méprisé du peuple » (Ps. 22. 6). Le méprisé est quelqu’un qui est tenu pour rien. Que le Seigneur nous donne de mesurer un peu la portée de ces images que l’Écriture emploie pour nous parler de ce que le Seigneur a rencontré.
Au v. 11 de ce Psaume 22, nous avons lu : « Ne te tiens pas loin de moi, car la détresse est proche, car il n’y a personne qui secoure ». À quelle détresse devons-nous penser ? Le Seigneur est là sur la croix, Il a devant Lui une grande détresse : Il était là abandonné de Dieu et, quand nous pensons à cet abandon de Dieu, nous voyons en cela la seconde mort, qui est l’abandon éternel par Dieu. Le Seigneur Jésus l’a goûté dans ces trois heures de ténèbres. C’est pourquoi Il parle ainsi.
Mais il y a encore autre chose. Il y a encore cette autre détresse, celle de l’homme parfait devant aller dans la mort, dans la première mort – dans cette mort que le Seigneur Jésus a subie également, et il n’y avait personne pour L’aider, personne pour Le sauver de cette mort. C’était là le chemin qu’Il avait devant Lui.
Et il est très beau de voir que le Seigneur Jésus – c’est Lui qui parle – ajoute à cette pensée du v. 11 : « Ne te tiens pas loin de moi, car la détresse est proche, car il n’y a personne qui secoure » cette parole du v. 14 : « Je suis répandu comme de l’eau, et tous mes os se déjoignent », mais surtout la première phrase : « Je suis répandu comme de l’eau », L’eau, on ne la reprend plus quand elle est répandue.
C’est d’ailleurs une expression que nous trouvons dans un autre passage dans 2 Samuel 14. 4 : « Car nous mourrons certainement, et nous sommes comme de l’eau versée sur la terre, qu’on ne peut recueillir ». Nous sommes comme de l’eau, on ne peut plus la ramener, ce n’est plus possible. C’est un chemin sans issue, qui mène là à ce qui est devant le Seigneur, à cette détresse qu’Il doit mourir, que la mort L’atteindra.
D’une part, la mort qui L’atteint. Nous trouvons aussi cette expression : « Tu m’as mis dans la poussière de la mort » (Ps. 22. 15). C’est Dieu qui L’a mis dans la mort ; d’autre part nous avons aussi la pensée que Lui-même est entré dans la mort ; et nous avons la troisième pensée, et je crois que celle-là est devant nous ici, que les hommes L’ont tué. C’est dans les Actes que nous trouvons cela : « Vous avez mis à mort le prince de la vie », dit l’apôtre Pierre (Act. 3. 15 – Lui, l’homme parfait.
Entre les deux pensées – celle de l’éloignement de Dieu et celle de la détresse – il y a un mot concernant les taureaux : « Beaucoup de taureaux m’ont environné, des puissants de Basan m’ont entouré » (Ps. 22. 12). « Ne te tiens pas loin de moi », la détresse est là et voilà qu’elle arrive dans ces taureaux, ces puissants de Basan qui sont là et qui ne veulent rien d’autre que de mettre à mort. Le Seigneur les voyait.
Tout cela accompagne les douleurs, les souffrances que le Seigneur avait concernant cette seconde mort, là où Il était tout seul devant son Dieu ; il y a encore ces pensées qui sont là également. Et maintenant Il voit ces taureaux qui sont là, les grands du peuple qui ne voulaient pas de Lui, qui avaient décidé de Le faire mourir.
Ésaïe 53 nous parle profondément des souffrances du Seigneur. Ésaïe 53. 8 : « Il est ôté de l’angoisse et du jugement ; et sa génération, qui la racontera ? Car il a été retranché de la terre des vivants ; à cause de la transgression de mon peuple, lui a été frappé ». Que dire ? Il a été retranché de la terre des vivants, de cette génération. Qui rappellera sa génération ? Cette génération qui était là, tous ces hommes qui L’entouraient, toute cette génération qui était là contre Lui, représentée dans les taureaux et dans les puissants de Basan qui ont voulu sa mort. Ils étaient là pour Le faire mourir.
Et nous trouvons ensuite, encore dans ce verset d’Ésaïe 53, qu’il est dit : « À cause de la transgression de mon peuple, lui, a été frappé ». Qu’est-ce que c’est que « la transgression de mon peuple » ? – Ce n’est pas là la pensée du substitut, que le Seigneur Jésus prenait les transgressions de son peuple, mais ce sont les actes de transgression que ces taureaux, que ces puissants de Basan ont commis contre Lui. C’est à cause de la transgression de tous ces gens-là, de toute cette génération qui L’entourait, qu’Il a connu la mort.
Voilà ce que je vois aussi dans cette expression : « Beaucoup de taureaux m’ont environné, des puissants de Basan m’ont entouré ; ils ouvrent leur gueule contre moi, comme un lion déchirant et rugissant » (Ps. 22. 12 et 13). Alors maintenant, le Seigneur sait très bien que ceux qui sont là, ces taureaux, sont la voix de Satan, ils parlent selon ce que Satan leur dit ; c’est ainsi qu’ils parlent, qu’ils ouvrent leur bouche.
Et nous voyons, quand le Seigneur était mis à mort, quand ils ont décidé de Le faire mourir, ce tumulte qui était là, tous ces gens, c’est pour cela que je dis : toute cette génération, tout ce tumulte qui était là. Ce n’était pas dans un tribunal où tout est fait d’une façon posée, comme c’est nécessaire dans un tribunal. Mais c’était tout autre chose. Dans ce tribunal qui a été réuni contre Lui, c’était la haine qui était là, c’était les cris : « Crucifie ! Crucifie-le ! » qu’on entendait.
Et les grands, les scribes, les anciens, les souverains sacrificateurs les incitent encore à crier ainsi. Voilà ce que nous avons là. Et le Seigneur n’a-t-Il pas profondément senti toute cette haine qui se déchaînait contre Lui, ces taureaux qui étaient là contre Lui qui était comme un agneau ? Jérémie 11. 19 dit : « Et moi j’étais comme un agneau familier qui est mené à la tuerie ; et je ne savais pas qu’ils faisaient des complots contre moi, [disant] : Détruisons l’arbre avec son fruit, et retranchons-le de la terre des vivants, afin qu’on ne se souvienne plus de son nom ». Mais Lui savait « qu’ils faisaient des complots » contre Lui.
Cela doit nous toucher profondément, parce que le Seigneur avait des sentiments si purs et si clairvoyants, parce qu’Il voyait dans le cœur de ceux qui hochaient la tête, qui étaient contre Lui et voulaient sa mort. Et je crois que c’est cette détresse – et personne n’est là pour Le secourir. Les disciples s’en étaient allés, on comprend bien qu’ils n’auraient pas pu aider. Il n’y a personne, le Seigneur était là déjà seul, la solitude était sa part.
Arrêtons-nous sur ce petit animal. Le Seigneur dit : « Je suis un ver », quelque chose qui est méprisé, un ver de terre, et on voit bien que le Seigneur dit : « l’opprobre des hommes, et le méprisé du peuple » (Ps. 22. 6). Mais il y a aussi, dans ce petit animal, le ver luisant. L’amour du Seigneur brillait sur la croix. Nous le chantons quelquefois : « Tu brilles à la croix » (Hymnes et Cantiques 46 strophe 2). Sa splendeur dans ses douleurs était là.
Ces taureaux, ces puissants de Basan, plus loin ces chiens, qui étaient, comme on vient de le dire, dirigés par Satan lui-même, ces hommes qui étaient là tous ligués contre Christ, le Fils de Dieu, nous pouvons penser : Quel abîme de mal se trouvait dans leurs cœurs ! Mais chers amis, chers frères et sœurs, chers jeunes, Dieu ne nous a-t-Il pas donné quelque peu, lorsque nous sommes venus à Christ, de sonder les profondeurs de notre propre cœur en inimitié contre Dieu ?
Et ces versets qui sont devant nous, et qui nous parlent d’une manière unique de la Personne du Seigneur Jésus dans son abaissement profond pour glorifier son Dieu et Père et sauver les misérables pécheurs que nous étions tous, ces versets ne nous montrent-ils pas l’infini de la grâce, de la miséricorde, de notre Dieu Sauveur, de Celui qui s’est confié en son Dieu, (si on peut dire) envers et contre tout ?
Chaque jour, nous apprenons – et veuille que le Seigneur Jésus le fasse par sa bonté, par son Esprit, par l’action de sa Parole sur nos âmes – à connaître à la fois ce qu’est notre cœur naturel incurable, quel cas il faut faire de ce cœur et, en même temps, et pour répondre à cela, un amour insondable, l’amour du Christ Jésus pour le pécheur perdu qui aujourd’hui encore, comme cela a été dit tout à l’heure, vient à la croix, reconnaît que c’est pour lui – pour toi comme pour moi – que Jésus Christ est venu et a pris cette place, devant laquelle nous ne pouvons qu’adorer et nous prosterner.
Bientôt nous Le verrons avec les yeux qui ne seront plus ceux de la foi, mais en réalité, et nous verrons sa beauté et l’amour qui est et qui reste pour l’éternité envers ceux qu’Il est venu chercher et sauver. Que nous ayons bien dans nos cœurs ce sentiment profond que nous ne valions absolument rien – mais en même temps que c’est à de tels que le Seigneur Jésus est venu pour s’approcher, pour livrer sa propre vie, pour entrer dans la mort et en ressortir – quelle grâce – en glorieux Vainqueur.
Satan, la mort, ont été vaincus. Le monde qui nous entoure est conduit par le chef de ce monde dont le Seigneur a dit : « Il n’a rien en moi » (Jean 14. 30). Que le Seigneur nous accorde la grâce de vivre pour Lui !
Quelles bénédictions sont les nôtres qui vont jusque dans l’avenir, comme nous l’avons vu. Mais quand nous sommes ensemble pour annoncer la mort du Seigneur, ces pensées n’ont pas la priorité.
Chers amis, quand nous sommes ensemble pour rendre culte, c’est la Personne du Seigneur Jésus dans sa beauté, dans sa beauté morale, dans son œuvre de la croix, ses souffrances, sa mort, voilà ce qui doit être le sujet de notre culte. Nous sommes occupés très longtemps, des bénédictions que nous avons, nous sommes occupés très souvent, très longtemps du fait que nous pouvons entrer dans le sanctuaire, que nous avons été sauvés, que toutes sortes de bénédictions nous appartiennent.
Et pourtant le Seigneur attend exactement ce que nous avons ici dans le Psaume 22 devant les yeux. Nous avons vu, cette première partie, jusqu’au v. 22, parle uniquement du Seigneur. Ensuite, c’est Lui qui chante. Mais jusque-là nous avons seulement le Seigneur dans ses souffrances, et je crois que c’est la joie de son cœur que nous essayions d’entrer un peu dans les pensées qu’Il a. Vous me comprenez, n’est-ce pas, et acceptez que je dise qu’Il veut que notre cœur soit occupé de Lui, et non pas de nos bénédictions, de Lui seul, et Il est digne de notre louange !
Les sacrificateurs qui entraient dans le lieu saint allaient à l’autel d’or. Ils présentaient le parfum, le parfum de ses souffrances, le parfum de sa mort. Le feu avait été pris sur l’autel d’airain. C’est bien un encouragement pour nous. On a parlé de la mort du Seigneur Jésus, de ce qu’elle était pour Lui : Il a goûté la mort pour tout, la mort, tout ce qu’elle inspirait de terreur pour le premier Adam, mais aussi d’horreur pour le dernier Adam.
C’est dans le Psaume 102 aussi qu’il est dit : « J’ai dit : Mon *Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! … » (Ps. 102. 24). Et au Psaume 55, il est dit aussi : « Et toi, ô Dieu ! tu les feras descendre dans le puits de la destruction : les hommes de sang et de fourbe n’atteindront pas la moitié de leurs jours » (Ps. 55. 23). Le jugement du péché, les gages ou salaire du péché, c’est la mort (Rom. 6. 23).
Au Psaume 102. 24 à 26, nous avons la réponse de Dieu : « Tes années sont de génération en génération ! Tu as jadis fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; eux, ils périront, mais toi, tu subsisteras ; et ils vieilliront tous comme un vêtement ; tu les changeras comme un habit, et ils seront changés ».
Nous avons donc, dans ces versets qui sont placés devant nous, tout ce que le Seigneur a souffert de la part des hommes. On a dit que les taureaux, ces puissants de Basan, qui nous parlent des chefs du peuple, unissent leur pouvoir à leur puissance pour mettre à mort le seul Juste que la terre ait porté.
En Actes 4.27, on peut lire : « Car en effet, dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont assemblés et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël ». Il me semble bien qu’on trouve tout cela dans ces taureaux et dans ces puissants de Basan. Basan était un peuple qui s’était opposé au peuple d’Israël avant son entrée dans le pays de Canaan – on trouve cela dans le livre des Nombres et celui du Deutéronome.
Ils ont associé leur pouvoir et leur puissance pour faire le mal contre le seul juste. Et puis alors le lion nous parle de toute la haine et de toute la cruauté avec lesquelles ils ont agi. Et on pense à cette cruauté déversée contre le Seigneur quand toute la cohorte s’est assemblée contre Lui et qu’on s’est moqué de Lui, qu’on L’a fouetté et qu’on Lui a craché au visage et qu’on a tressé pour Lui une couronne d’épines. Et puis après, il est parlé des chiens.
Notre frère J. N. Darby a écrit : « Les chiens, des êtres sans cœur et sans conscience, sans honte et sans entrailles, qui trouvent leur plaisir dans la honte et la souffrance des autres ». Et on trouve quelque chose de cela dans un Psaume, le Psaume 59 qui nous parle de ce caractère du chien : « Ils reviennent le soir, ils hurlent comme un chien, et font le tour de la ville » (Ps. 59. 6). Encore, un peu plus loin dans ce Psaume 59 : « Et ils reviendront le soir, ils hurleront comme un chien, et feront le tour de la ville » (Ps. 59. 14).
Non seulement on a insulté le Seigneur alors qu’Il était sur la croix, mais on y est revenu. Il semble que rien n’a arrêté la méchanceté de l’homme à ce moment-là, et le Seigneur n’a pas répondu. Non seulement Il n’a pas répondu, mais nous nous souvenons de ce qu’Il avait exprimé comme Il venait d’être crucifié : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23. 34) ; « Ils me contemplent, ils me regardent » (Ps. 22. 17).
Dans l’évangile de Luc, il est dit que les foules s’étaient assemblées à ce spectacle (Luc 23. 48). Quelle tristesse de penser que l’homme trouve son plaisir à contempler ce qui est la manifestation de toute sa méchanceté et de toute sa haine. Et alors, pour revenir sur ce que notre frère a dit, si l’homme s’est assemblé à un tel spectacle, nous nous assemblons, non pas comme à un spectacle loin de là mais pour contempler ce que le Seigneur a été pour son Dieu dans ces moments-là.
Dans l’encens qui était offert entre autres à l’autel d’or, l’encens des drogues odoriférantes en particulier, il y a trois parfums, le stacte, la coquille odorante et le galbanum. Ces trois parfums, l’homme n’était pas autorisé à les flairer, c’est ce que nous pouvons présenter à Dieu. Le stacte, c’est ce qu’il y a de plus profond dans les souffrances de Christ, que seul Dieu a pu discerner. C’est cette goutte de myrrhe limpide qui s’est solidifiée.
La coquille odorante vient d’un mollusque tiré de la profondeur des mers. Et le galbanum nous parle d’amertume, d’une odeur désagréable. Et n’est-ce pas ce que nous exprimons quand nous chantons cette strophe 3 du cantique 46 :
« Tu souffris, ô Jésus, Sauveur, Agneau, victime ! » : le stacte.
« Ton regard infini sonda l’immense abîme » : la coquille odorante.
« Et ton cœur infini, sous ce poids d’un moment, porta l’éternité de notre châtiment » : le galbanum, toute l’amertume qui a été la sienne pour porter toute l’éternité du châtiment que nous avions mérité.
Nous aurions été des hommes de ce temps-là, soit nous aurions fait comme les disciples qui se tinrent loin, soit nous aurions été avec ceux qui sont appelés des chiens. Mais maintenant, étant une nouvelle création, nous nous arrêtons en présence de la croix et nos cœurs désirent présenter devant Dieu le Père tout ce qu’Il a trouvé d’excellent dans l’œuvre de son Fils.
Nous avons considéré ce que c’était, pour notre Seigneur, d’être abandonné de son Dieu, Lui qui s’était confié en Lui pendant toute sa vie, depuis même avant sa naissance comme il est écrit ici. Et puis ils se sont moqués de Lui parce qu’Il se confiait pleinement en son Dieu, Lui qui était tellement dépendant de Dieu qu’Il montrait dans tous ses actes qu’Il faisait la volonté de son Dieu, et c’était la volonté de Dieu qu’Il aille jusqu’à la croix.
Et là, alors qu’Il était sur la croix, ils se moquaient encore de Lui. « Une assemblée de méchants m’a entouré » (Ps. 22. 16), une meute de personnes auxquelles Il n’avait fait que du bien, même ceux qu’Il avait guéris étaient avec eux, tous assemblés contre Lui pour Le mettre à mort. Qu’est-ce que cela a dû être pour Lui de voir toute cette assemblée de méchants autour de Lui !
« Ils me regardent ». Cela leur plaisait de Le voir souffrir. Nous aurions fait la même chose. Un frère a dit qu’on serait parti, je me vois mal ne plus Le voir du tout. Mais ceux qui L’ont mis à mort et qui ont vu, est-ce que cela leur a plu de Le voir souffrir ? « Car des chiens m’ont environné, une assemblée de méchants m’a entouré ». Des chiens qui ne veulent que dévorer. C’était nous. Des chiens, des animaux impurs qui ne veulent que déchirer.
Qu’est-ce que cela a dû être pour Lui, une Personne pure, d’être entouré par ces créatures que Lui avait créées pour régner sur cette terre et que Satan a tellement déformées et qui voulaient mettre à mort le Créateur.
Et on voit encore ce qu’Il a souffert personnellement. On a vu des souffrances de la part de Dieu, on a vu des souffrances de la part des hommes, et maintenant des souffrances qu’Il a endurées sur la croix, les souffrances les plus cruelles pour une personne qui a été crucifiée – on dit que la crucifixion, c’est la façon la plus cruelle de faire souffrir une personne, et nous le voyons dans ces versets qui sont devant nous. « Je compterais tous mes os ».
Pour une personne clouée sur une croix, tout le poids tire sur les mains clouées sur le bois, et pendant qu’elle a encore de la force en s’aidant des pieds qui sont aussi cloués elle essaie de se soulever, et tout le poids tire sur ces clous et tous les os se disjoignent, les ligaments se déchirent et ne tiennent plus. Elle peut ressentir tous ses os et cela doit être des douleurs terribles – et toutes les douleurs imaginables, Il les a endurées.
Aucune souffrance ne fut épargnée au Seigneur Jésus, souffrances morales, souffrances physiques. On a parlé des taureaux, des puissants de Basan, des chiens. Dans ces puissants de Basan, on voit une image du peuple juif ; dans les chiens, on voit davantage les nations. L’humanité toute entière s’est liguée contre le Seigneur Jésus. Et d’après ce qu’on peut lire quand il est question de Basan, il s’agit des pâturages les plus riches de Palestine, et on peut penser un peu à ce qu’étaient ces taureaux de Basan, à la force qu’ils pouvaient avoir, et ils se sont ligués contre le Seigneur.
Mais en plus de ces souffrances morales, ces souffrances physiques sont celles qui L’ont atteint au plus profond de Lui-même dans son cœur : « Mon cœur est comme de la cire, il est fondu au dedans de mes entrailles » (Ps. 22. 14). Quelle image des douleurs que le Seigneur Jésus a connues à ce moment-là. Nous le savons : la cire, à température ambiante, est solide. Pour qu’elle fonde, il faut l’amener à une température élevée.
C’est cette profonde douleur que le Seigneur a connue dans son cœur. « Mon cœur est comme de la cire, il est fondu au dedans de mes entrailles ». « Ma vigueur est desséchée comme un têt » – cet instrument que l’on utilise dans les laboratoires, en terre réfractaire qui peut résister à tout, que l’on chauffe jusqu’à ce qu’il ne reste plus la moindre humidité, tout disparaît et il ne reste plus que des cendres – voilà cette chaleur que le Seigneur Jésus a connue.
Et ce qu’il y a de remarquable dans la perfection du Seigneur, c’est que, au milieu de ces souffrances intenses qu’Il a connues, Il accomplissait la Parole de Dieu. « Afin que la parole de Dieu fût accomplie, Il dit : J’ai soif » (Jean 19. 28). Et c’est ce que nous trouvons là : « Ma langue est attachée à mon palais ». Le Seigneur a connu la soif. Il a été l’homme obéissant, Il n’a rien laissé de ce qui était placé devant Lui. Dans les moments où Il souffrait le plus, sa pensée était toujours d’obéir à Dieu, d’accomplir la volonté de Dieu. Si nous ne pouvons, là encore, discerner ce que cela a été pour le Seigneur Jésus, nous ne pouvons que Le bénir parce que, ce que le Seigneur Jésus a connu dans ces heures-là, c’est pour que nous, nous en soyons éternellement épargnés.
Luc 16. 23 et 24 : « Et, en hadès, levant ses yeux, comme il était dans les tourments, il voit de loin Abraham, et Lazare dans son sein. Et s’écriant, il dit : Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare, afin qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt, et qu’il rafraîchisse ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme ». Quel sort terrible pour ceux qui, aujourd’hui encore, refusent la grâce qui est offerte, le salut qui est offert gratuitement.
Mais nous qui sommes au bénéfice de l’œuvre de la croix, nous serons préservés de telles souffrances, nous connaîtrons la félicité de la maison du Père, nous serons avec le Seigneur. Nous l’avons exprimé à plusieurs reprises, nous verrons sa gloire. Mais ne l’oublions pas, nous verrons toute la magnificence et la majesté qui sont les siennes, [sa gloire] qui brillera d’un éclat incomparable. Mais nous verrons aussi ses mains et son côté percés, et nous nous souviendrons éternellement des souffrances qui furent sa part à l’heure de la croix.
« Ma langue est attachée à mon palais », quelle souffrance ! Nous ne pouvons, là encore, que nous prosterner devant ce que le Seigneur a connu à cette heure-là.
Nous avons entendu que les chiens parlent des nations, et tout spécialement des soldats qui étaient là et qui se sont aussi moqués du Seigneur Jésus.
Matthieu 27. 27 à 31 : « Alors les soldats du gouverneur, ayant emmené Jésus au prétoire, assemblèrent contre lui toute la cohorte. Et lui ayant ôté ses vêtements, ils lui mirent un manteau d’écarlate ; et ayant tressé une couronne d’épines, ils la mirent sur sa tête, et un roseau dans sa main droite ; et fléchissant les genoux devant lui, ils se moquaient de lui, disant : Salut, roi des Juifs ! Et ayant craché contre lui, ils prirent le roseau et lui en frappaient la tête. Et après qu’ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, et le revêtirent de ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier ».
Je crois que nous n’avons pas beaucoup plus à dire sur ce qui s’est passé là. Le Seigneur a ressenti que ces hommes brutaux qui étaient là, faisaient un spectacle de Lui, le Fils de Dieu, le Fils de l’homme, l’homme parfait ; ils faisaient cela, ils se moquaient de lui, des qualités qu’Il avait, qui étaient connues. « Roi des Juifs », ils riaient de cela.
Puis, après, ils ont percé les mains et les pieds du Seigneur. C’était des mains qui ont guéri, des mains qui ont béni, des mains qui ont aidé beaucoup de personnes, des mains qui ont arrêté la civière sur laquelle se trouvait le fils de la veuve à Naïn, des mains qui avaient touché aussi ce lépreux pour le guérir, des mains bénissantes, maintenant transpercées, et la bénédiction était arrêtée !
Les pieds évoquent] la marche parfaite du Seigneur qui allait çà et là faisant du bien. Mais si nous voulons voir les étapes par lesquelles Il est passé, il fallait qu’Il passe par Samarie, Il allait à Nazareth, Il allait à Capernaüm, Il allait à Bethsaïda, en apportant grâce et amour. Et maintenant ces pieds sont arrêtés sur ce chemin, arrêtés pour le monde juif – parce que c’est vrai, pour eux c’était aussi la fin ; pour les Juifs, pour le peuple de ce temps-là.
C’était aussi la fin de toutes ces bénédictions auxquelles ils ont goûté pendant plusieurs années. C’était arrêté, et ils étaient eux-mêmes les coupables, la transgression du peuple du Seigneur s’est montrée là. Et il y a des détails dans ces versets qui doivent nous toucher aussi profondément. Et quand il est parlé de ses vêtements, ces vêtements qui montrent le caractère du Seigneur, ce vêtement sans couture qui parlait de ce qu’Il était pour son Dieu, vraiment parfait. Alors, tout cela, on Le lui a pris, on Lui a pris l’honneur, un honneur qui était intrinsèque, qu’Il possédait.
Ils ont essayé de Lui prendre tout cela alors qu’Il était sur la croix, méprisé du peuple. Aujourd’hui, pour ceux qui Le connaissent, qui ont reconnu la vérité de ce Psaume, quelle est notre pensée ? Quel est notre sentiment pour Lui ? Un sentiment d’amour, un sentiment d’admiration, un sentiment d’adoration pour une telle beauté, pour un tel amour qui s’est abaissé jusque-là, qui s’est laissé faire par tous ces hommes-là.
Il a accepté cela, Il le dit, Il constate cela. Chers amis, Il ne se plaint pas devant son Dieu mais Il constate tout ce qui est là, et Dieu le voit. Et Dieu qui a tout vu, comme nous l’avons chanté tout à l’heure dans ce cantique 14 strophe 2 :
« Sa sainteté, son amour, sa justice,
Ta croix, Jésus, a tout magnifié ».
Quand nous parlons des souffrances du Seigneur avec la Parole, ce chemin qu’Il a pris sur la terre en s’abaissant, en venant sous la forme d’un homme, c’est le chemin qui L’a conduit à la gloire. Le Seigneur Jésus s’est abaissé jusqu’à prendre la forme d’un homme, Il est devenu le Fils de l’homme, Il est descendu du ciel pour revêtir cette nature humaine, semblable à nous (nous dit l’Écriture) à part le péché ; mais dans le court passage que nous avons lu dans l’évangile de Matthieu, nous Le voyons en proie aux moqueries, aux injures, aux crachats, on Le cloue finalement sur le bois maudit, sur ce bois sur lequel pesait une malédiction : « Maudit est quiconque est pendu au bois » (Gal. 3. 13 ; voir Deut. 21. 23).
Il le savait, Il était venu pour cela. C’est là que sa gloire a brillé le plus dans cet abaissement. N’oublions pas qu’Il est Dieu manifesté en chair, Dieu le Fils, mais c’est Dieu qui est venu chercher sa créature dans la perdition. Il est venu là où nous étions, dans la perdition, et Il nous a offert le salut, Il nous a ouvert le chemin du salut. Il a connu toutes les douleurs, non seulement de la crucifixion mais toutes les douleurs morales auxquelles nous étions voués s’Il n’était pas venu nous chercher dans la misère.
Nous étions voués à comparaître devant le grand trône blanc dans un jugement sans appel et à être jetés dans l’étang de feu pour l’éternité. Eh bien, Il a accepté cela pour Lui-même, non pas d’être jeté dans l’étang de feu, mais Il a accepté de subir sur la terre toutes les conséquences de la crucifixion, la souffrance, la séparation de son Dieu – ce qui a été certainement sa souffrance la plus intense et intime – mais c’est Dieu, qui est venu nous chercher dans la mort, dans le péché. Il a pris nos péchés en son corps sur le bois pour les expier à notre place.
Mais c’est là que Dieu est venu sur la terre, prenant la forme d’un homme pour être puni à notre place. C’est là que sa gloire a brillé le plus, dans cet abaissement accepté, voulu. Il est venu pour cela. Rien n’a pu Le retenir, même l’horreur [de ce qui L’attendait] dans le jardin de Gethsémané, où Il nous est montré que sa sueur découlait de son front comme des grumeaux de sang tellement son angoisse était intense.
Au moment de subir cet ultime supplice, Il ne pouvait pas désirer ces moments. Il en avait horreur, mais Il accepta malgré tout la coupe que le Père Lui tendait, parce qu’Il était venu pour cela. « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » (Jean 18. 11) Voilà ce qu’Il déclara à ses apôtres et à Pierre en particulier.
Oui, Il était venu pour boire cette coupe de malédiction qui débordait de nos propres péchés, de nos fautes, de nos chutes – Il les a pris sur Lui et Il a bu la coupe jusqu’au fond, jusqu’à la dernière goutte. C’est à ce moment-là, où Dieu, sous la forme d’un Homme, accepte d’être puni à notre place par la terrible justice divine, que sa gloire a brillé le plus.
Dans le fond, ces versets que nous avons devant nous, le poète chrétien les a bien résumés : « Rien n’arrêta son ineffable amour » (Hymnes et Cantiques 26 strophe 2), ni les efforts de l’ennemi, ni la méchanceté des hommes, rien ne l’a arrêté. Et il faut penser que, lorsque nous abordons une épreuve, nous avons une petite idée souvent de ce qui nous attend, mais nous ne la connaissons pas.
Ce que nous lisons a été écrit à peu près mille ans avant la croix, et cela a été écrit avec précision, en décrivant un supplice que l’homme dans sa méchanceté n’avait pas encore inventé. Il en a inventé des choses dans sa méchanceté ! mais il ne l’avait pas encore inventé. Cela a été décrit avec précision quant au sort des vêtements. Eh bien, le Seigneur Jésus le savait.
Et c’est pourquoi dans le Psaume 45 il y a cette petite expression « homme vaillant » (Ps. 45. 3). Il était celui qui savait ce qui L’attendait, celui qui n’a pas reculé. L’épître aux Hébreux nous dit : « Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte » (Héb. 12. 2). On comprend bien que nous sommes devant des choses très élevées. Mais que l’Esprit de Dieu puisse travailler nos cœurs pour nous le faire goûter, estimer, à la lumière d’en haut !
Il est en effet remarquable que ces souffrances du Seigneur nous soient décrites prophétiquement environ mille ans avant qu’elles n’aient lieu, et qu’elles n’ont pas été décrites par quelqu’un qui en a été témoin. Pourquoi ? – Un témoin oculaire n’aurait pas pu rendre le témoignage que l’Esprit de Dieu a rendu. Et il faut toute la grâce de Dieu et la puissance du Saint Esprit pour appliquer cela à nos cœurs et nous faire ressentir sur le plan spirituel quelque chose de ce que le Seigneur a connu.
Les apôtres ont peu écrit sur les souffrances du Seigneur, si ce n’est qu’ils ont dit que le juste est mort pour nous, injustes (voir 1 Pier. 3. 18), « Vous, vous avez renié le saint et le juste » (Act. 3. 14). Mais seul l’Esprit de Dieu peut nous décrire ce qu’il en était de Lui.
Et alors on comprend ce que le Seigneur Jésus a dû dire aux disciples d’Emmaüs quand Il leur ouvrait les Écritures et que « commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliquait, dans toutes les Écritures, les choses qui le regardent » (Luc 24. 27). La Parole ne nous dit pas ce que le Seigneur a dit, mais il est simplement dit qu’Il leur a ouvert les Écritures. Et c’est ce que Dieu veut faire en nous accordant la grâce de méditer ces choses.
On a parlé avec raison des souffrances du Seigneur. Quand les hommes ont mis les mains sur le Seigneur, qu’est-ce que Dieu a fait ? Quand ils l’ont fait souffrir, Il s’est tu. Mais, nous le disons avec crainte, qu’est-ce que cela a dû être pour le cœur de Dieu de voir comment on maltraitait Celui qu’Il avait envoyé dans le monde. « Ayant donc encore un unique fils bien-aimé, il le leur envoya ». Mais ils dirent : « Venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous ».
Et le Seigneur peut conclure la parabole en disant que Dieu fera périr ces misérables (Mat. 21, Marc 12, Luc 20). Mais Dieu ne fait périr que ceux qui ne veulent pas reconnaître leur culpabilité, et leur propre culpabilité dans ce qui a été accompli là.
Nous disons que Dieu s’est tu. Il s’est tu jusqu’à ce que l’œuvre ait été achevée. Et quand l’œuvre a été achevée, on peut bien dire ce qu’on a dans ce verset [21 du Psaume 22] : « Tu m’as répondu d’entre les cornes des buffles. Il y a ces prières qui montent : « Délivre mon âme de l’épée, mon unique de la patte du chien » (Ps. 22. 20).
L’homme n’avait aucun pouvoir pour toucher à la vie du Seigneur. C’est Lui qui l’a donnée Lui-même. Dieu Lui a répondu d’entre les cornes des buffles. Et alors Il peut dire : « J’annoncerai ton nom à mes frères » (Ps. 22. 22) – le nom que le Seigneur Jésus connaissait parfaitement. Et nous savons comment Jésus a laissé ce message à Marie de Magdala : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20. 17). Et nous connaissons maintenant le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Chers enfants, si on vous demandait : Qu’avez-vous entendu, qu’avez-vous vu aujourd’hui, plusieurs répondraient sans doute : « Nous avons vu le Seigneur Jésus sur la croix ». Il était là de la troisième heure à la neuvième heure, autrement dit depuis neuf heures du matin jusqu’à trois heures de l’après-midi. Pendant les trois premières heures, Il a été injurié, méprisé, et Il n’a pas ouvert sa bouche.
Et comme on l’a rappelé, et comme nous le chantons quelquefois dans un cantique : « Et tout ce que nous sommes fût là manifesté » (Hymnes et Cantiques 213 strophe 2). Alors arrêtons-nous un instant pour prier que le Saint Esprit opère dans nos cœurs cette conviction de péché.
On peut apprendre ce que sont nos cœurs avec le Seigneur, sans forcément avoir une chute. Et quelquefois, nous devons apprendre malheureusement ce que sont nos cœurs par une chute. Le Seigneur est déshonoré et ce n’est pas ce qu’Il souhaite pour nous. Nous devons être conscients de la grâce de Dieu, toujours plus conscients.
Nous avons donc la description de cette journée où le Seigneur était sur la croix, et comme on l’a dit, ces trois premières heures ont manifesté la perfection du Seigneur, et elles ont manifesté aussi l’horreur de nos propres cœurs. Mais dans les trois heures de ténèbres, tout était caché, l’homme et la création ne devaient pas voir ce qui se passait là.
On pose souvent cette question à des personnes que nous rencontrons. Ce sont des chrétiens, des chrétiens qui ont fait du catéchisme, comme on dit. Encore l’autre jour j’ai dit : Savez-vous ce que le Seigneur Jésus a fait sur la croix ? Eh ben, non ! – Non ? C’est oublié. On pose souvent cette question, mais malheureusement, c’est assez rare qu’on nous donne la réponse.
Une fois, un petit garçon a répondu. Il avait sept ans. Il a dit : Oui, le Seigneur Jésus est mort pour moi sur la croix. Nous ne sommes pas là pour relever tout ce qui se passe autour de nous, mais nous devons quand même dire ceci, que la plupart du temps la croix est présentée comme une œuvre d’amour, c’est l’exemple suprême de l’amour, Jésus qui se donne. Voilà ! On est d’accord, tous sont d’accord que Dieu est amour. Oui, Dieu est amour.
Et puis on entend ceci aujourd’hui : Il va sauver tous les hommes parce qu’Il est amour. Ah oui ? – Eh bien non ! Et la question solennelle qui sera posée un jour sera celle-ci : Qu’as-tu fait de mon Fils ? Bien sûr que tu es pécheur, mais ce ne sont pas seulement les péchés qui vont t’emmener en enfer, mais parce que tu as méprisé le don de Dieu, tu as méprisé le moyen que Dieu te donnait pour avoir l’assurance de la vie éternelle. On a lu : « Te tenant loin de mon salut » (Ps. 22. 1).
Mais le Seigneur dit dans l’évangile de Matthieu : « Allez-vous en loin de moi, maudits » (Mat. 25. 41). C’est terrible ! On n’est pas là pour épouvanter, n’est-ce pas. Ce n’est pas du tout cela, mais on doit quand même adresser cette parole solennelle, parce que peut-être que, comme enfant, c’est une mélodie qui peut couler sur nous sans que nos cœurs soient profondément atteints.
C’est pour cette raison que nous demandons que le Seigneur agisse par son Esprit pour nous donner cette conviction de péché, cette repentance qu’on ne prêche pas trop de nos jours, mais c’était, et c’est, le message de l’évangile : la repentance envers Dieu et la foi au Seigneur Jésus.
C’est là alors qu’on comprend ce qu’est la substitution – comme on l’a rappelé tout à l’heure, un substitut, c’est un remplaçant ; le Seigneur Jésus, c’est Celui qui a pris ma place sur la croix. C’est un message d’amour, merveilleux, qui retentit encore aujourd’hui, mais c’est aussi un message solennel qui doit toucher chacun de nos cœurs. Et puis, si nous avons fait un bout de chemin, que le Seigneur nous donne d’être toujours plus conscients de la grâce de Dieu.
Nous avons peur de tomber dans les habitudes, dans le formalisme, et nous supplions le Seigneur que l’Esprit de Dieu agisse profondément dans nos cœurs, particulièrement le dimanche matin quand nous avons le privilège de rappeler les souffrances et la mort du Seigneur.
Il semble qu’il est nécessaire d’ajouter encore quelque chose sur ce que nous avons dit, et nous arrêter sur ce dernier verset qui a été lu : « J’annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation » (Ps 22. 22). Le nom que le Seigneur a à annoncer à ceux qui s’étaient confiés en Lui et qui L’avaient reconnu comme le Fils de Dieu – c’est ce que Pierre avait dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mat. 16. 16) – ce nom c’est le nom dans lequel le Seigneur, comme homme, connaissait Dieu, Il était son Dieu et son Père.
Et nous sommes introduits, par pure grâce, dans la même relation, bien que Lui ait une place au-dessus de tous. Et Il a ajouté : « Je te louerai au milieu de la congrégation ». Le Seigneur avait dit à la Samaritaine au puits de Sichar que « le Père cherche des adorateurs qui L’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4. 23). Mais ces adorateurs ne pouvaient être introduits devant le Père dans l’exercice de cette fonction que par l’œuvre que le Seigneur a accomplie.
Parce que, comme cela nous a été dit, à cette heure suprême, sa sainteté, son amour, sa justice ont été manifestés dans la croix. Et nous avons besoin de nous arrêter sur ce que sont la sainteté, la justice et l’amour de Dieu, qui sont ses caractères mêmes, exprimés dans leur plénitude dans l’œuvre de la croix – pour être en mesure d’être ses adorateurs. Et ainsi un adorateur selon la pensée de Dieu ne peut que présenter ce que Christ a été à la croix pour la pleine satisfaction du cœur du Père.
Hébreux 12. 2 : « Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix ». Il y a certainement cette joie qu’avait le Seigneur d’avoir une famille d’adorateurs, une épouse, un peuple de rachetés pour le cœur de Dieu. Mais je pose la question : N’y avait-il pas pour le cœur du Seigneur la joie de satisfaire le cœur du Père ? Dieu a été pleinement satisfait par cette œuvre.
Le péché qui L’avait offensé d’une horrible manière, ce péché qui a commencé par le doute qui est monté dans le cœur de l’homme, quand Satan lui a dit : « Quoi, Dieu a dit… ? » et l’homme a écouté, mettant en doute la Parole de Dieu. Eh bien, le Seigneur a, si j’ose dire, relevé l’offense. Il a été l’homme obéissant jusqu’à la mort, Il s’est confié en Dieu même dans la mort, et Il en est sorti victorieux. Il a été ressuscité par la gloire du Père. Effectivement, nous pouvons nous arrêter sur la joie du Seigneur d’avoir un peuple d’adorateurs, mais pensons à la joie du Seigneur d’avoir pleinement accompli ce que le Père Lui avait donné à faire pour la pleine satisfaction du cœur de Celui-ci.
Le Seigneur Lui-même a dit en Jean 4. 34 : « Ma viande (ou : ma nourriture) est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre », l’œuvre que le Père Lui avait donné à faire ; au v. 19 du Psaume 22 : « Ma Force ! hâte-toi de me secourir ». Le Seigneur était là, dépouillé de tout. Sa seule force était la confiance en son Dieu et Père. C’était sa seule force, Il n’avait aucune défense, mais Il avait cette confiance même dans la mort.
Le verset 21 commence par : « Sauve-moi de la gueule du lion », et se termine par : « Tu m’as répondu d’entre les cornes des buffles ». Cela est très remarquable : les versets, en hébreu, ont en général ma fonction suivante : il y a une première partie qui est donnée, puis une deuxième qui est parallèle à la première et dans laquelle la pensée première est soulignée ou bien expliquée, ou bien encore expliquée par le contraire.
Ici nous avons cette profonde prière du Seigneur, et dans le même verset (c’est comme si c’est parallèle) la réponse de Dieu. Entre les deux parties de ce verset, nous trouvons la mort du Seigneur, nous trouvons les mots : « C’est accompli », et cela pour ainsi dire soudé dans un seul verset. Je pense que, pour quelqu’un qui lit l’hébreu, c’est encore plus remarquable qu’il y ait ces deux phrases liées dans un seul verset. Prière, et réponse immédiate, et entre les deux : « C’est accompli », à la gloire de Dieu. Dieu a sa joie dans le Seigneur.
Tout à l’heure nous avons vu comment le Seigneur trouve sa joie dans le fait d’avoir honoré le Père, d’avoir glorifié le Père. Et ici nous pouvons voir aussi la joie de Dieu qui répond à la prière de son Fils et qui L’honore par une réponse que le Fils reçoit avec la joie de son cœur.
Il y a en hébreu un lien qu’on ne peut pas voir dans la traduction, entre les deux parties du verset 21.
Dans les tout derniers mots de ce Psaume, et il y a ces trois petits points qui font comme une séparation : « … il a fait [ces choses] » (Ps. 22. 31). « Il a fait ces choses ». Cela fait penser, d’une façon, troublante, frappante, à ce que le Seigneur disait avant la croix : « J’ai achevé l’œuvre » en pensant à ce qui était devant Lui : achevé l’œuvre !
Puis sur la croix ses dernières paroles furent, on vient de le rappeler : « C’est accompli » – puis : « Père ! entre tes mains, je remets mon Esprit » (Luc 23. 46). Et dans ce Psaume qui a présenté l’abandon du Seigneur, les souffrances infligées par les hommes, la mort du Seigneur et puis la résurrection, l’Esprit de Dieu place à la fin de ce Psaume 22 écrit mille ans auparavant, sous la forme de quelque chose qui est passé, alors qu’il s’agit là d’une prophétie : « Il a fait ces choses ».
Le temps du verbe, le passé composé, dit que c’est quelque chose de terminé, et dont on a les conséquences encore maintenant. Longtemps avant que le Seigneur passe par ces souffrances que nous avons lues dans ce Psaume, l’Esprit de Dieu a placé à la fin ces quelques mots qui ont été rendus dans la traduction avec ces trois points comme une séparation, comme isolés, comme s’il y avait cette séparation finale qui est là aussi pour nous : « Il a fait ces choses ». Le Seigneur soit béni pour ce qu’Il a fait.
Quelle victoire ! Nous avons vu les profondeurs dans lesquelles notre Seigneur est allé, les profondeurs du jugement, les profondeurs de la mort. Puis, « J’annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation » (Ps. 22. 22). Nous voyons aussi un peu un parallèle dans le Psaume 40. 2 et 3 : « Il m’a fait monter hors du puits de la destruction, hors d’un bourbier fangeux ; et il a mis mes pieds sur un roc, il a établi mes pas. Et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre Dieu. Plusieurs le verront, et craindront, et se confieront en l’Éternel ».
Et nous avons aussi la citation de ce Psaume 22 dans l’épître aux Hébreux ch. 2. 6 à 15 : « Qu’est-ce que l’homme que tu te souviennes de lui, ou le fils de l’homme que tu le visites ? Tu l’as fait un peu moindre que les anges ; tu l’as couronné de gloire et d’honneur, [et l’as établi sur les œuvres de tes mains] ; tu as assujetti toutes choses sous ses pieds ; car en lui assujettissant toutes choses, il n’a rien laissé qui ne lui soit assujetti ; mais maintenant nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties ; mais nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d’honneur, en sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout.
Car il convenait pour lui, à cause de qui sont toutes choses et par qui sont toutes choses, que, amenant plusieurs fils à la gloire, il consommât le chef de leur salut par des souffrances. Car, et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un ; c’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères, disant : « J’annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l’assemblée je chanterai tes louanges ». Et encore : « Moi, je me confierai en lui ».
Et encore : « Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés ». Ainsi, puisque les enfants ont eu part au sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé, afin que, par la mort, Il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable ; et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude ».
Quelle victoire ! Et c’est Lui qui entonne ce cantique nouveau dans nos cœurs, et quand nous sommes réunis autour de Lui, c’est Lui qui entonne cette louange.
« J’annoncerai ton nom à mes frères ». Ces frères, sont-ils une élite ? Sont-ils des croyants plus fidèles que d’autres ? Sont-ils des disciples plus fidèles que d’autres qui ont cette part ? Non ! On peut citer deux ou trois exemples.
Matthieu 27. 41 à 44 : « Pareillement aussi les principaux sacrificateurs avec les scribes et les anciens, se moquant disaient : Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même… Il s’est confié en Dieu ; qu’il le délivre maintenant… Et les brigands aussi qui avaient été crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière ».
Dans un autre évangile, on voit qu’un des brigands est avec Jésus le même jour dans le paradis (Luc 23). Ce n’était pas un Lévite. Je pense aussi que parmi les chiens, les méchants, il y avait un esclave du souverain sacrificateur qui était venu, dont Pierre avait coupé l’oreille droite. Le nom de l’esclave était Malchus – c’est-à-dire qu’Il était connu dans l’église, dans l’assemblée, et Malchus est probablement devenu un croyant. La fuite de Pierre, son reniement, bien des choses, s’il était fidèle, ce n’était quand même pas une élite. Non !
C’est bien les souffrances du Seigneur, son œuvre à la croix, que nous avons vues au premier verset, qui amènent à ce qu’il y a des frères, il y a des saints, il y a des gens justifiés. Du brigand à l’esclave qui venait, et peut-être aussi des soldats.
Cantique des Cantiques 4. 6 : « Jusqu’à ce que l’aube se lève, et que les ombres fuient, j’irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens », la myrrhe qui nous parle des souffrances du Seigneur Jésus. C’est une montagne, nous avons en quelque sorte commencé à en faire un peu le tour aujourd’hui. Ce sera notre part pour l’éternité.
Mais jamais nous ne sonderons la colline de la myrrhe. Pour nous le matin va se lever, les ombres vont fuir, bientôt le Seigneur reviendra. Nous avons une espérance dans nos cœurs, nous allons bientôt connaître comme nous avons été connus. Mais jusque-là nous sommes invités à nous rendre régulièrement à cette colline de la myrrhe pour contempler quelque chose de ce que nous avons contemplé aujourd’hui, et faire monter devant notre Dieu et notre Père cet encens que nous sommes appelés en quelque sorte à amonceler comme cette colline. Que ce soit notre part, chers amis !
Chers frères et sœurs, je dis cela à l’intention de la jeunesse : nous avons un privilège énorme. Nos anciens nous ont appris ce que c’était que le culte selon la Parole, être occupés des souffrances expiatoires de Christ. Pour avoir assisté à quelques offices, c’est quelque chose qui est maintenant complètement mis de côté. On fait appel à la sensibilité humaine, mais on a oublié ce qu’était la contemplation des souffrances, ces souffrances qui nous ont acquis notre salut.
C’est un privilège que le Seigneur nous accorde. Qu’Il nous accorde de le maintenir encore longtemps sur la terre pour que nous puissions Lui apporter cette louange qu’Il attend à cause de ses souffrances, endurées de la part des hommes, sans doute de notre part – nous devons bien le confesser, le redire – mais ces souffrances qu’Il a endurées de la part du Dieu juste et saint, devant lequel Il nous a représentés, portant nos péchés devant sa justice.
Que nous puissions rester dans sa présence, de manière particulière pour nous tous, lorsque nous sommes réunis autour de Jésus. Que nous ayons le souvenir de ce cri douloureux qu’Il a fait monter vers son Dieu : « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps. 22. 1), et que de tous nos cœurs s’élève vers Lui la reconnaissance, réalisant, comme nous l’avons entendu, que « C’est pour moi qu’Il a donné sa vie ».
Le Seigneur a dit : « Mon *Dieu ! mon *Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps. 22. 1) et Il a dit à la fin du v. 15 : « Tu m’as mis dans la poussière de la mort ». Et nous lisons en Ésaïe 53. 10 : « Mais il plut à l’Éternel de le meurtrir ; il l’a soumis à la souffrance ».
Une pensée au sujet du culte. Nous lisons en Hébreux 13. 15 : « Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom ». Et nous avons lu dans ce verset 22 du Psaume 22 : « J’annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation ».
Le culte est lié à la connaissance du nom de Dieu. Et le nom est l’expression de ce qu’est la personne dans son caractère. Ce que Dieu est dans son caractère a été manifesté dans la Personne du Seigneur Jésus. Il est amour, certes, mais Il est aussi justice et sainteté. Et ce que Dieu est dans sa personne, manifesté dans la Personne du Seigneur Jésus qui nous a révélé ce que Dieu est, nous l’avons en plénitude dans ce qui s’est passé à la croix.
Et c’est cela le culte. C’est exprimer ce que Dieu est, vu dans la personne de Christ, et exprimer ce que Christ est pour le cœur de Dieu parce qu’en Lui Il a trouvé son plaisir. Et dans le mot plaisir il y a la pensée que le Seigneur Jésus répond au caractère même de Dieu. Alors le culte ne peut pas être l’expression de sentiments humains, le culte ne peut pas être simplement la présentation de ce que sont nos bénédictions. Le culte est beaucoup plus élevé que cela.
Et c’est ce que Dieu cherche, des adorateurs qui L’adorent en esprit et en vérité. En esprit, c’est-à-dire non plus sous forme d’images comme le faisait le peuple d’Israël autrefois, et en vérité, c’est-à-dire selon la pleine révélation que Dieu a faite de Lui-même. Que le Seigneur nous aide à mieux entrer dans ce à quoi nous sommes appelés déjà présentement sur la terre et ce qui sera notre fonction pendant l’éternité.
On l’a rappelé, le Seigneur Jésus a souffert, a tout souffert infiniment. Il a souffert spirituellement, ces souffrances insondables relatives à la mort, la seconde mort éternelle que nous méritions. Il a souffert en son âme, Il a souffert en son corps. Il a tout souffert et de toutes manières pour nous sauver tout entiers, esprit, âme et corps, pour que nous, qui étions morts spirituellement, nous puissions avoir la vie par Christ, pour que nous qui étions dans nos fautes, qui étions sans Dieu et sans espérance dans le monde, nous puissions maintenant avoir un Objet, nous puissions aimer Celui que nous n’avons pas vu, nous réjouir en Lui d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de notre foi, un salut d’âme.
Et puis, par Lui, nous avons cette espérance de bientôt, très bientôt, connaître la rédemption de notre corps parce que Celui qui est déjà là où est notre place, là où est notre cité viendra nous chercher pour nous transformer en la ressemblance du corps de sa gloire.
Alors, qu’en L’attendant, certainement chaque jour se fasse entendre de nos cœurs cet appel à Celui qui a tout fait pour nous, et qu’on trouve en 1 Thessaloniciens 5. 23 : « Or le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera » (1 Thessaloniciens 5. 23 et 24).
Qu’est-ce que cette sanctification sinon la séparation de tout ce qui n’est pas Lui, sinon la disposition à ce que Lui alors puisse prendre toute la place, le désir que Celui qui a tout enduré, qui a tout souffert, qui a tout accompli, puisse avoir toute la place dans toute notre vie à chacun comme aussi en assemblée.
Réunion près de Pau (2017)