ÉTUDE SUR ROMAINS 14. 1 à 23 et 15. 1 à 7

On peut dire que le sujet du chapitre que nous avons devant nous, c’est quelque chose de quotidien, de la vie normale d’un rassemblement et de la vie des frères et sœurs entre eux.

Nous sommes différents les uns des autres. Dieu nous a faits ainsi. Il y a des différences de différents registres : des tempéraments, des vécus, des âges. L’apôtre Jean nous parle de petits enfants, de jeunes gens, de pères (1 Jean 2. 12 à 14).

L’auteur de l’épître aux Hébreux évoque en interpelant les Hébreux qu’ils devraient être des docteurs et pas des petits enfants. Voilà deux aspects :

– Un aspect normal, si on peut dire. On est enfant, on grandit, on arrive à l’âge mûr et puis après l’âge avance, on vieillit. C’est notre état sur la terre avec bien sûr la conséquence du péché qui est comme un arrière fond.

– Et puis un état anormal, celui que j’ai évoqué dans l’épître aux Hébreux : vous devriez être des docteurs et vous êtes restés des petits enfants.

Voilà deux types de situations et là dans notre chapitre, cet aspect, ces différences, sont abordés par les mots « faible » et « fort ».

On sera certainement amenés à considérer cela dans l’épître aux Corinthiens au chapitre 8. On retrouve aussi cette distinction entre les uns qui sont faibles sur un point et les autres qui sont ou se croient forts.

Dans le contexte de l’épître aux Romains, d’abord, on a juste rappelé ces deux grandes parties jusqu’au chapitre 8 qui traite le sujet de la justification et qui s’adresse à tout le monde, à tout croyant d’où qu’il soit, avec des distinctions entre l’homme des nations et le Juif. Mais en même temps, tous retrouvés pareils devant Dieu quant à ce qu’il en est de nos péchés, de notre état devant Dieu sans l’œuvre du Seigneur, mais aussi tous pareils en Christ, justifiés de la même manière par cette même œuvre.

Les chapitres 9 à 11 concernent les promesses faites à Abraham et c’est ce qui fait le lien avec notre chapitre 14 qui reprend un peu certains aspects.

Le Juif avait eu la Loi, il avait été mis à part, il avait été appelé. Les promesses faites à Abraham, tout un ensemble de choses le mettait à part des nations. D’un côté c’est tout un ensemble qui pouvait le faire s’enorgueillir. C’est ce qu’on trouve tristement à travers les évangiles, c’est l’état que le Seigneur rencontre, trouve, dans son peuple en général.

Au milieu de ce peuple il y avait ceux qui craignaient Dieu, ceux qui s’attachaient aux promesses, ceux qui cherchaient quelque chose d’autre, une relation, des réponses. Et puis il y avait toutes ces ordonnances : « Fais ceci et tu vivras ».

Toutes ces choses – l’épître aux Hébreux, l’épître aux Romains, nous le montrent -, ont eu leur temps et elles ont leur fin. Tous ces chrétiens d’origine israélite avaient cette difficulté : Que faut-il faire de tout cela ? Quelle place donner à tout cela ?

Inversement tous ces chrétiens originaires des nations avaient effectué un demi-tour complet, comme il est dit des Thessaloniciens, qui s’étaient « tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai ». Ces chrétiens avaient abandonné tout un ensemble de choses mais pour saisir quoi ? La Loi, les commandements ? Non, saisir Christ, saisir la liberté en Christ, saisir la libération en Christ. Et toutes ces choses de la Loi, c’est du passé.

On a deux cheminements différents, deux passés différents, qui ont amené les uns d’origine juive, les autres d’origine des nations, ensemble et maintenant à cohabiter, fonctionner, vivre, croître, avancer ensemble en ayant Christ en commun, Christ à la première place, Christ comme source de toutes choses, Christ comme but. Chacun ayant dû laisser des choses, pour les gens des nations peut-être plus facilement, mais pas forcément, pour les Juifs peut-être plus difficilement, mais pas forcément.

Là je veux arriver à ce que ce chapitre, dans ses grandes lignes bien sûr, devra avoir à nous dire à nous. Peut-être – je n’en sais rien – il n’y a personne parmi nous qui soit d’origine juive, issu du judaïsme. Nous sommes probablement, pour le plus grand nombre, venus des idoles.

Venant du monde, les idoles sont une réalité bien présente sous une autre forme que celle qu’on pouvait voir à Corinthe ou à Rome. Par grâce beaucoup d’entre nous, peut-être pas tous, ont grandi en connaissant le Seigneur dès leur plus jeune âge. Je ne veux pas dire par là qu’ayant grandi dans une famille chrétienne, nous serions assimilés à ceux qui étaient d’origine juive, je ne veux pas dire cela du tout.

Je veux dire que pour nous, faibles et forts, il nous faudra décliner un peu autrement que ce que Paul présente dans cette épître. Et pourtant nous devons revenir sans arrêt à ce que nous avons là quand il est parlé du « jour », quand il est parlé du « manger ».

Ce sont les exemples que l’apôtre utilise là pour parler de choses concrètes, familières à chacun. Ces choses-là, nous allons peut-être devoir les traduire en d’autres critères, en d’autres pierres de touche, dans nos relations fraternelles.

En ligne directrice je voudrais aussi placer devant nous que ces différences qui sont mises là devant nous ne touchent pas au péché directement. Il nous est bien parlé à la fin du chapitre 14 du péché, mais nous arriverons à une explication de ce paragraphe. Mais les pierres de touche qui sont là le fil conducteur de ce sujet ne sont pas des choses entre bien faire et mal faire, par rapport au péché.

Manger ou ne pas manger, ce n’est pas pécher ou ne pas pécher. C’est des appréciations de choses, c’est des états d’avancement dans la manière dont on a saisi Christ, c’est une dynamique dans quelque chose qui nous tend vers Christ.

J’ai évoqué l’épître aux Corinthiens à laquelle nous serons peut-être amenés à faire allusion, par rapport aussi à des histoires de manger et de ne pas manger. Dans les Colossiens il nous est parlé aussi de jours. Et dans les Colossiens comme dans les Corinthiens nous sommes dans un contexte essentiellement de croyants issus des nations.

Les jours… Est-ce que tous les jours sont égaux ? Est-ce que les jours ont des valeurs différentes comme dans le calendrier donné à Israël. Quelle est la valeur de ce calendrier pour le chrétien ? En soi la question est un peu secondaire, mais elle nous amène à réfléchir sur ce que c’est que marcher en Christ dans la liberté par rapport à tout ce qui nous entoure, les choses de la terre, les choses que Dieu a données et qu’il a mises de côté, les choses du monde dans lequel nous vivons qui ne sont pas spécifiquement du mal, mais qui sont peut-être des habitudes et qui ne sont pas forcément innocentes et qui peuvent être amenées à être remises en question.

Et puis pour apporter encore une autre direction à ce tableau, je voudrais mettre un peu en perspective un sujet que nous évoquerons peut-être mais qui sera certainement bien trop long à développer :  c’est celui qui est abordé dans l’épître aux Galates : revenir à des choses de la Loi, ce qui est un danger permanent pour le chrétien : « Ne fais pas ceci, ne fais pas cela, fais ceci et alors tu auras cela. Si tu ne fais pas ceci, tu n’auras pas telle bénédiction ».

On a comme un sujet qui traverse ce chapitre 14 et le début du chapitre 15, qui est une présentation de quelque chose de plus vaste, que d’autres passages du Nouveau Testament nous présentent sous d’autres angles, et l’ensemble a comme but de nous placer tous ensemble dans cette même liberté devant Dieu.

C’est là un encouragement à marcher ensemble, avec nos différents âges spirituels, nos différents états, avec le même but, la même direction. Chapitre 15. 7 : « C’est pourquoi recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu ». Dans ces uns et autres il y a dans le contexte, bien sûr sous-entendu, soit l’origine juive, soit l’origine des nations. Généralisons-le tout en gardant cet arrière-plan. Et puis surtout « comme aussi le Christ vous a reçus ».

Je voudrais juste lire un verset dans l’épître aux Éphésiens où l’on retrouve ce « comme » d’une manière un peu similaire mais sur un sujet voisin : « soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné » (4. 32), comme imitateurs de Christ dans une marche ensemble, dans nos relations les uns avec les autres.

Et puis la fin de ce verset 7 : « comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu ». À la gloire de Dieu, c’est-à-dire que cela exclut tout autre sujet comme objet de gloire. Ça nous sort de nous-mêmes, ça nous tourne vers Lui, ça nous détourne de nous-mêmes et cela en regardant notre frère ; ça nous tourne vers Dieu, pour sa gloire, notre frère étant celui que Christ a reçu comme moi, celui que Dieu a pardonné en Christ comme Il m’a pardonné.

Toutes nos différences s’estompent pour nous amener à nous voir tous pareils, comme objets de grâce, comme objets de l’amour de Dieu.

Voilà quelques mots pour introduire.

Un petit verset pour introduire ce chapitre 14, c’est au chapitre 13. 14 : « Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ, et ne prenez pas soin de la chair pour satisfaire à ses convoitises ». Voilà ce qui est important. Nous allons voir tout au long de ce chapitre 14 qu’il est important de revêtir Christ. On voit combien souvent cela est mentionné, de ne pas prendre soin de la chair, et ne pas satisfaire à ses convoitises.

Au v. 1 du chapitre 14 il est parlé des faibles en foi. C’est quelque chose qui nous concerne aussi beaucoup. Pourquoi ? Parce que le fait d’avoir des faibles et des forts nous a conduits à des divisions. Ce n’est pas ce que le Seigneur veut. Il désire qu’on se reçoive les uns, les autres. C’est aussi quelque chose de très important et peut-être avons-nous des choses à confesser à ce sujet-là.

Souvent on considère que l’un est trop près de la Loi, ou il revient à la Loi, alors que nous devrions le considérer comme peut-être faible, mais ayant une conscience beaucoup plus exercée que la nôtre. Ce qu’on fait alors pour qu’il y ait l’unité, on met les faibles d’un côté, on les chasse et d’un autre côté il n’y aura plus que les forts. Ce n’est pas ce que désire la Parole de Dieu.

La Parole de Dieu nous montre que nous sommes exhortés à habiter ensemble comme on l’a entendu. Ici les personnes qui sont faibles, ce sont les personnes qui reviennent à la Loi, comme on l’a vu, le fait de manger des herbes etc.

Mais là l’apôtre considère cela comme une infirmité. Comme on l’a entendu, dans l’épître aux Galates et l’épître aux Colossiens, ce sont des personnes qu’il faut fuir. Pourquoi ? Parce que ce sont des personnes qui veulent revenir à la Loi et la Loi met tout le christianisme par terre.

Dans l’épître aux Galates on voit qu’il faut se méfier des faux docteurs mais dans l’épître aux Corinthiens les faibles, ce sont des personnes avec lesquelles nous sommes appelés à vivre, tout cela pour la gloire de Dieu.

Comme on l’a dit tout à l’heure dans l’introduction, la ville de Rome était une ville extrêmement cosmopolite. Il y passait toute sorte de personnes, de toutes races, de toutes religions. Il y avait des Juifs. Si nous ouvrons la Bible en Actes 18 nous lisons que l’empereur avait dit que tous les Juifs devaient sortir de Rome ; c’est donc qu’il y en avait.

Plus tard lorsque Paul lui-même serait à Rome, il y avait toute une congrégation juive qui était là puisque les principaux sont venus. On verrait dans ce dernier chapitre des Actes que certains ont été persuadés. Il y avait aussi une autre dimension à Rome qui n’était pas facile à gérer non plus : dans l’épître aux Philippiens, quand Paul est en prison dans sa première captivité, il donne des salutations de ceux de la maison de César. Il y avait peut-être aussi une dimension sociale importante : ceux de la maison de César qui semblaient être devenus des chrétiens. Voilà que le Saint Esprit met aussi bien ces Juifs, que ceux de la maison de César, que ces gens de nations avec le polythéisme énorme qui existait, il les met tous ensemble.

Nous n’échappons pas à notre éducation. Nous pouvons nous demander qu’est-ce qui fait que nous soyons ensemble dans le rassemblement ? Est-ce que c’est une dimension sociale, culturelle ? Est-ce que ce sont des gens qui pensent la même chose sur la Parole ? C’est très important de nous interroger là-dessus. Ce qui nous lie, bien-aimés du Seigneur, c’est que nous avons un même Sauveur, un même Seigneur, un même Père.

Imaginons la difficulté parce qu’il y a peut-être une autre dimension qu’il faut souligner. Là nous sommes tous avec notre Bible en main, Ancien et Nouveau Testaments. Très bien. Mais imaginons ce que c’était pour ces gens-là. On ne tirait pas comme ça le livre de la bibliothèque.

On avait la Torah, peut-être dans certaines familles, et encore ! On l’avait surtout entendue. Il y avait quelques épîtres qui commençaient à circuler, peut-être un évangile ou deux. Et ces gens sont là ensemble avec tout leur passé, avec le système juif qui est là, ces jours d’observation, ce qu’il fallait faire, ce qu’il ne fallait pas faire. Il y avait aussi tout ce que les nations avaient dans leur religion passée qui ne leur semblait pas si mauvais que cela, même s’ils avaient reçu le Seigneur.

On l’a dit : il y avait des difficultés chez les Galates, chez les Hébreux, chez les Colossiens où il y avait aussi des docteurs juifs. Il fallait vivre dans une bonne harmonie, non pas dans des compromis : « Je te cède là-dessus, mais tu acceptes ceci » comme on fait dans le monde où on négocie et on trouve une espèce de compromis plus ou moins boiteux. Non.

Le Saint Esprit les invitait à autre chose et le Saint Esprit nous invite aussi dans les rassemblements à autre chose : « Garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éph. 4. 3). C’est un verset qui peut résonner dans chacun de nos cœurs par rapport à notre vie d’assemblée.

J’aimerai juste rappeler aussi que ce passage s’inscrit dans la suite des exhortations qui commencent au chapitre 12. D’une certaine manière les premiers versets du chapitre 12 sont une préface et on pourrait dire un guide pour comprendre tout ce qui suit.

« Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent. Et ne vous conformez pas à ce siècle ; mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, pour que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite » (Rom. 12. 1 et 2).

Nous n’avons pas à étudier ce verset, mais j’aurai souhaité simplement souligner d’abord : « Je vous exhorte ». Il ne s’agit pas de placer des commandements, de placer des normes, de placer des règles, pour encadrer la vie des croyants ici. Il s’agit d’un ministère d’exhortation, d’encouragement, d’avertissement, destiné à stimuler notre foi, notre amour fraternel.

C’est ainsi que ces différentes questions qui se posent au chapitre 14 peuvent être abordées, non pas par un encadrement, par des règles, mais par cet esprit d’exhortation à vivre selon les compassions de Dieu, ce que nous avons appris des compassions de Dieu. Nous sommes tous les objets de cette immense compassion de Dieu qui nous a aimés et qui nous a pris dans notre misère et qui nous a sauvés.

Notre frère, c’est le frère pour lequel Christ est mort comme il est dit dans ce passage (v. 15). Quelle valeur il a aux yeux de Dieu et aux yeux de Christ par les compassions de Dieu !

Et nous sommes appelés non pas à nous mettre en avant nous-mêmes, non pas à nous faire valoir, mais « à présenter nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est notre service intelligent ». Alors cela nous donne l’esprit dans lequel toutes ces exhortations, ces enseignements de l’apôtre Paul sont placés devant nos cœurs. Ils ne sont pas placés devant nos intelligences. Ils sont placés sur nos cœurs et sur nos consciences.

Et puis on a parlé de la Loi très brièvement et du légalisme. Le légalisme est un danger. Un frère disait une fois : « Comment se fait-il que l’apôtre nous appelle à supporter les faibles, alors que par ailleurs le légalisme est un tel danger qu’il faut qu’il soit complètement supprimé, ôté ? »

Et effectivement l’épître aux Galates est, si on peut dire, sans pitié pour le légalisme. Mais ce n’est pas exactement de légalisme qu’il s’agit ici. Il s’agit de conscience, une conscience qui peut être faible, une conscience qui peut être mal instruite. Mais c’est par conscience que certains s’abstiennent, que certains honorent un jour, que certains prennent telle ou telle attitude. C’est leur conscience qui leur dit cela.

Le légalisme est différent. Simplement il y avait un grand danger de développer le légalisme à travers ces exercices de conscience. Si par conscience envers le Seigneur, par conscience envers Dieu, j’estime qu’un jour est plus important qu’un autre jour, j’estime que je ne dois pas manger ceci ou que je ne dois pas boire de vin, c’est ma conscience devant le Seigneur.

Elle est faible car je ne jouis pas pleinement de la liberté que le Seigneur m’a acquise. Mais c’est ma responsabilité, en quelque sorte, devant le Seigneur. Mais si je dis que non seulement j’estime que je ne dois pas boire de vin, je ne dois pas manger ceci, je dois respecter tel ou tel jour, et si je viens dire : De toute façon vous savez bien que vous êtes sauvé par la foi, mais si vous n’y ajoutez pas le respect de tel jour, si vous n’y ajoutez pas le respect de tel commandement, si vous vous permettez de boire du vin, si vous vous permettez telle attitude, alors vous n’êtes pas un vrai chrétien, vous n’êtes pas un croyant fidèle, vous n’êtes pas ce que le Seigneur attend de vous. – alors si je commence à imposer quelque chose qui était dans ma conscience, mais que je vais maintenant imposer comme une règle pour mes frères, alors là c’est du légalisme et le légalisme devient une catastrophe, cette catastrophe que Paul combat dans l’épître aux Galates en disant : Mais vous êtes insensés, vous que le Seigneur a placés dans la liberté, vous avez ajouté une ordonnance et une autre et vous allez dire : La vie chrétienne ce n’est pas de marcher par la foi, c’est de marcher par la foi, plus le respect des ordonnances.

Alors là on tombe effectivement dans le légalisme et c’est une catastrophe. Ce chapitre 14 est particulièrement important pour nous parce qu’il nous montre justement que l’apôtre, en quelque sorte, sentait ce danger du légalisme. Il sentait le danger de glisser de ce qui est ma conscience devant le Seigneur, même si elle est faible.

La conscience de mon frère, c’est sa conscience devant le Seigneur. Je suis appelé à en tenir compte. Le danger de glisser de cela vers le légalisme, qui est que je vais imposer à tous les frères ce que je ressens moi dans ma conscience, en leur disant : Vous ne serez pas de bons chrétiens – si je peux parler ainsi – tant que vous n’aurez pas prouvé votre foi en y ajoutant telle et telle ordonnance. Et c’est là le grand danger du légalisme.

Encore deux ou trois remarques introductives. On a déjà parlé des trois textes qui ont à faire plus ou moins avec le même sujet. On a parlé sur 1 Corinthiens 8, sur Éphésiens 4 et ici sur Romains 14. Dieu ne nous donne pas la Bible comme nous voudrions l’avoir quelquefois, peut-être juste un livre sur le sujet A, un deuxième livre sur le sujet B. Ce n’est pas ainsi que l’Esprit Saint agit.

Il prend toujours la situation dans une assemblée, parmi les croyants et Il mentionne les points essentiels, importants, pour eux. C’est pour cela que nous trouvons ce sujet dans différents livres, aussi dans les Galates et les Colossiens. 1 Corinthiens 8 nous donne ce sujet dans le cadre de l’ordre dans l’assemblée.

C’est l’assemblée dans l’ordre de Dieu qui est présentée dans les différents chapitres. Cette question de l’ordre dans l’assemblée a une importance. En Éphésiens 4 il nous est demandé de garder l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix et nous trouvons que dans cette exhortation il faut se supporter – mais l’Esprit nous montre qu’il y a certainement des limites à cela.

L’unité de l’Esprit, ce n’est pas une unité humaine. Et ici dans notre chapitre nous trouvons que ces choses, faibles et forts, ont à faire avec nos relations personnelles l’un avec l’autre dans le royaume que nous trouvons dans le verset 17. Comme croyants nous ne sommes pas seulement placés dans la création, nous ne sommes pas placés seulement dans l’assemblée, mais aussi dans ce royaume de Dieu où Dieu a l’autorité et où les croyants ont à faire l’un avec l’autre comme nous le voyons ici avec des différences et comme nous l’avons entendu avec aussi des éducations différentes.

Et pour cela Dieu nous enseigne comment on peut se comporter l’un avec l’autre dans une autre unité comme nous l’avons lu dans le v. 7 du chapitre 15 : « Recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu ». Il y a une unité aussi dans cette sphère, une unité de cœur, d’accepter de recevoir.

Certainement ce n’est pas ici une question de la réception à la table du Seigneur, mais de l’un l’autre dans cette sphère des contacts personnels que nous avons tous, j’espère bien, entre nous parmi les croyants.

Deuxièmement nous avons déjà entendu dans l’introduction que le problème direct pour la plupart d’entre nous n’existe pas, mais certainement qu’il y a des pays où ce problème existe encore. En Israël par exemple où il y a des Juifs qui se convertissent, ça reste vraiment un problème existant.

Il y a une deuxième ligne que nous avons aussi dans nos pays encore aujourd’hui. En France avec ma culture allemande, avec mon éducation qui est un peu différente de l’éducation, de la culture ici en France. Peut-être que ce n’est pas directement ici en France, mais il y a des croyants, particulièrement en Europe de l’est avec des expériences et une culture différente. Pour eux quelqu’un qui boit de l’alcool, c’est certainement un incrédule. Dans notre culture c’est différent. Si les croyants de ces deux cultures viennent ensemble, ça peut causer des problèmes.

Il y a une troisième ligne que nous avons vue : il y a tant de choses qui sont une question de conscience et pas une question de doctrine. Il y a deux dangers. On peut faire de toute question une question doctrinale. L’apôtre nous montre que c’est faux. Certainement que l’autre côté existe aussi. On dit : Il n’y a que des questions de conscience. Et ça aussi c’est faux.

Et pour cela il faut vraiment toujours regarder chaque point. Chacun de nous a une expérience différente certainement, et l’un est plutôt du côté tout est conscience, et l’autre est plutôt du côté tout est doctrinal. Il faut que nos consciences et nos pensées soient enseignées par la Parole et cela éclaire les choses.

Dernière remarque : l’apôtre maintenant avec cette question – c’est remarquable – fait une distinction « faibles et forts ». J’ai pensé : il va développer afin de faire du faible un fort, pour enseigner le faible, mais il ne le fait pas. Certainement dans le Nouveau Testament les apôtres nous apprennent des choses pour vivre la liberté chrétienne. Mais ici sur ce point l’apôtre ne le fait pas et je crois que c’est important pour nous.

S’il y a un point où il y a des différences entre mon frère et moi, la première chose n’est pas d’essayer de l’enseigner sur ce point. Mais la première pensée, comme nous le voyons dans le verset 1, c’est : « Recevez-le ». Ça veut dire que premièrement on reçoit et on n’essaie pas de changer son frère ou sa sœur, mais de le recevoir. Et par la communion, souvent les choses changent aussi. Mais est-ce que c’est vraiment mon attitude de recevoir mon frère, même s’il est différent dans sa conscience sur ces points ?

On a fait un peu le lien entre ces trois chapitres, 12, 13, 14. Il me semble qu’il y a une ressemblance avec 1 Corinthiens 12, 13 et 14.

Dans le chapitre 12 ici, on a la fonction de chacun. Dans 1 Corinthiens 12 aussi, il y a le bras, l’œil, l’oreille et toutes les différences, la fonction de chacun. Mais chacun a une fonction. Tu as une fonction, les sœurs aussi. Chacun, on n’y échappe pas. On a reçu une fonction. Dès qu’on appartient au Seigneur, on ne peut pas dire : Maintenant je suis tranquille. On a un service, une fonction. C’est ce chapitre 12.

Le chapitre 14 c’est la conduite. 1 Corinthiens 14, c’est aussi la conduite. Les gens regardent, ils hochent la tête, ils disent : « Ah ! il est croyant. Extraordinaire : ils s’aiment ». Ce n’est pas extraordinaire, c’est naturel. C’est la conduite de chaque croyant. Ils s’aiment. C’est cela qui est important. 1 Corinthiens 13 nous parle de l’amour. Et ici aussi.

J’aime relever aussi le verset 10 de Romains 13 : « L’amour ne fait pas de mal au prochain ; l’amour donc est la somme de la Loi ». Si on transgresse et qu’on n’ait pas l’amour dans nos cœurs, je ne veux pas dire que le chapitre 14 est inutile, pas du tout, mais on passe dessus. On a compris le chapitre 14 : « L’amour ne fait point de mal au prochain ».

Je voudrais dire aussi les principes que l’on a. Les principes sont importants. S’il n’y a pas de principes, c’est la tolérance, on admet n’importe quoi, c’est l’anarchie en quelque sorte. Là dans ce chapitre on a trois principes : la liberté chrétienne, la responsabilité chrétienne et la solidarité chrétienne. Juste un mot sur ces choses.

– La liberté chrétienne : chacun est libre. On dit : on est chrétien, on est libre. Mais où commence la liberté et où finit-elle ? Philémon : tu es libre, tu es libre de faire ce que tu veux faire. Oui, « toutes choses me sont permises » dit l’apôtre ailleurs (1 Cor. 6. 12).

Alors je peux faire ce que je veux. Ah ? Du moment que tu es converti, du moment que tu as cru au Seigneur Jésus, tu appartiens à un Maître. Tu es esclave. Tu es libre, mais tu es esclave. Et cela c’est un esclavage extraordinaire. Nous devrions tous nous réjouir d’être esclaves d’un tel Maître. Libres, mais esclaves. Esclave, j’use de ma liberté pour quoi ? Pour faire du bien ou pour essayer justement de dire : Ah ! je ne veux pas être comme cela, difficile et tout, moi je fais n’importe quoi, je peux me permettre n’importe quoi. Tu peux te permettre ? Non, ce n’est pas vrai. On est esclave du Seigneur.

Même de mon corps : ça, c’est 1 Corinthiens 6. C’est là qu’il est écrit : « Toutes choses me sont permises, mais toutes choses ne sont pas avantageuses ; toutes choses me sont permises, mais je ne me laisserai, moi, asservir par aucune ». Et on voit exactement 1 Corinthiens 14. Il est parlé beaucoup d’édification.

Dans Romains 14, notre chapitre, est-ce que ce que je fais édifie ? Remarquez que jamais on ne peut édifier sur quelque chose de négatif. Si on est négatif vis-à-vis de quelqu’un, on ne parle pas des forts et des faibles. On parle des forts et des faibles : je fais une petite parenthèse. Ici il faut être honnête – ici vous dites : Moi, je suis dans la catégorie des forts. Est-ce qu’il y en a qui disent : Ah ! non, moi je suis dans la catégorie des faibles ?

Mais si j’utilise ma force pour faire broncher un faible – dans le chapitre14 c’est cela – à quoi sert ma force ? Je suis libre, mais je suis libre pour édifier, pour agir en amour. C’est cela la liberté chrétienne.

Ça nous fait tomber dans le deuxième principe qu’on a dans ce chapitre :

– La responsabilité individuelle. Vous savez, un jour on rendra compte. On voit ici dans le v. 10 qu’il est parlé du tribunal de Dieu. Dans 2 Corinthiens 5 il est parlé du tribunal de Christ. C’est un peu différent.

Au tribunal de Christ, on ne dit rien du tout, les choses sont manifestées, on regarde, on voit ce qui s’est passé ; toute notre vie se déroulera comme un film quand on sera dans le ciel au tribunal de Christ. Ici on doit rendre compte. Là on rend compte de ce que l’on a fait, on est responsable. Je ne serai pas responsable vis-à-vis de ce que tu as fait ou bien vis-à-vis de toi, de ce que tu as fait vis-à-vis d’un autre frère. Ça, ça m’est égal.

Le Seigneur ne te demandera pas, Il ne demandera à personne : Pourquoi t’es-tu comporté comme cela vis-à-vis de ton frère ? Il te demandera : Comment t’es-tu comporté vis-à-vis de moi ? On est responsable vis-à-vis du Seigneur à cet égard. C’est la responsabilité.

Il y a trois choses qui sont très importantes, sur lesquelles il faut quand même insister. – La première : il nous faut avoir une unité de pensée sur les questions doctrinales. On ne parle pas de doctrine ici mais dans Romains 8. 1 : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le christ Jésus ».

Si je commence à te dire : « Oui, oui, d’accord, si tu pèches, tu perds le salut ». Ça c’est une fausse doctrine. Dans toute question on a Éphésiens 4. 3 qui est tellement important : « vous appliquant à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix ». On aura la pensée de Christ et une unité de pensée dans la saine doctrine. Ça c’est tout à fait important. On ne peut pas commencer à avoir des fausses doctrines ou à partager des choses qui sont tout à fait fausses concernant la personne de notre Seigneur, concernant l’œuvre de notre Seigneur Jésus Christ. Il faut avoir une unité.

– Deuxième chose : c’est ce qu’on voit là dans notre chapitre 14 en particulier. C’est la liberté chrétienne. L’apôtre Paul ne réclame jamais l’uniformité de pensées, on l’a rappelé, on souligne cela. Tu as une pensée sur ce passage, j’ai une autre pensée. On ne va pas commencer à faire des disputes théologiques sur une pensée là où l’apôtre Paul dit : l’uniformité n’est pas importante, pas ici.

Alors si elle n’est pas importante, je peux aussi accepter. Il y a la liberté sur une pensée différente sur un verset ou sur un autre. Des fois, cela a été source de conflits, simplement pour des pensées qui n’étaient pas importantes. L’apôtre ne réclame pas l’uniformité à cet égard.

– La troisième chose qui est importante aussi, c’est qu’en toutes choses, il nous faut avoir aussi de la charité. Unité, liberté, charité. La troisième chose qu’on voit aussi ici, c’est la solidarité (c’est le 3e point, après la liberté et la responsabilité chrétiennes). Remarquons qu’il y a toujours un impact sur la manière dont je me comporte vis-à-vis d’un frère. C’est ce qu’on voit à la fin, dans le dernier paragraphe, v. 13 et à la fin, le frère qui est faible, qui n’a pas tout compris. Ce n’est pas qu’il n’a pas tout compris, mais il a d’autres choses.

Moi aussi je suis faible vis-à-vis d’un autre frère parce que l’autre frère dira : Ah ! mais alors il se permet ceci ou cela, des choses qui ne sont pas importantes, on a parlé de boissons, on a parlé de repas, on parle de jours. Vis-à-vis de mon frère faible, il y a un impact, il y a toujours un impact dans ce que tu fais vis-à-vis de ton frère. On est solidaires les uns des autres. Il s’agit du frère pour lequel Christ est mort (v. 15).

Le Seigneur Jésus est mort pour ton frère, mais le Seigneur Jésus est mort pour toi aussi. Et s’il est mort pour toi, c’est qu’il a fait un immense sacrifice et puis toi, tu n’es même pas capable de faire un tout petit sacrifice pour ton frère ! Solidarité : tout ce qu’on fait a un impact sur mon frère, sur ma sœur, sur ma famille. On voit cela dans les familles déjà.

La liberté, la responsabilité individuelle de chacun vis-à-vis de Dieu – cela nous met à notre place – et puis la solidarité, l’impact qu’il y a sur nos frères et nos sœurs. L’amour dont le Seigneur nous a aimés, cet amour-là c’est la somme de la Loi. L’amour ne fait point de mal au prochain, impossible.

On a évoqué les versets 12 et 13. Il est remarquable que dans les versets 12 et 13 les adresses sont générales. L’apôtre ne s’adresse pas à une catégorie ou à une autre de croyants. C’est ce premier verset du chapitre 14, qui comme au bout d’un développement, dit : Et maintenant, que faut-il faire quant à celui qui est faible ?

Plus loin il est dit : « L’un croit pouvoir manger de toutes choses ; l’autre qui est faible, mange des herbes ». « L’un croit pouvoir manger » : il n’a pas encore parlé de forts. Il a parlé de celui qui est faible et de celui qui a le regard vers l’autre qu’il appelle faible, et qui se croit donc fort, qui croit pouvoir manger de toutes choses. D’abord « quant à celui qui est faible en foi, recevez-le ». Voilà il est faible en foi et alors ? Il n’est pas différent, recevez-le.

Et puis il y a une deuxième partie du verset. J’ai longtemps eu de la peine avec cette deuxième partie. Comment fallait-il la prendre ? « Non pas pour la décision de questions douteuses ». D’autres traductions disent plutôt : sans critiquer ou discuter ses opinions. Il y a un peu de tout cela. La décision, c’est trancher dans quelque chose. Je prends exprès ce mot « trancher ». Parce qu’il y a ce qui est d’un côté et il y a ce qui est de l’autre une fois que j’ai tranché. J’ai séparé en deux parties, j’ai tranché et j’ai ôté une partie pour en garder une autre.

Il ne s’agit pas de cela : « recevez-le ». Après il parle de questions « douteuses », (douteuses entre crochets), de questions, d’interrogations, de sujets à mûrissement, à réflexion. On va trancher là-dedans alors que c’est quelque chose qui doit faire son chemin, prendre son temps. Non, tout cela, laissez-le de côté, « recevez-le ». Recevez-le et tout le reste viendra après.

Ce n’est pas une condition pour recevoir mon frère. Bien sûr là, une précision quand même : il ne s’agit pas de la réception à la table du Seigneur, il s’agit de se recevoir l’un l’autre dans nos relations l’un avec l’autre, accepter de recevoir l’autre comme il est.

Cette phrase, l’apôtre la plaque en quelque sorte et après il l’explique, il l’illustre. « L’un croit pouvoir manger de toutes choses ; l’autre qui est faible, mange des herbes ». Remarquons que manger des herbes, je n’ai pas en tête que la Loi interdisait de manger de la viande.

La vie est à Dieu, le sang c’est la vie. Je n’ai pas le droit de manger de viande parce que la vie appartient à Dieu, je ne mange que des herbes. Ici, on touche vraiment à la question qui a déjà été évoquée, des scrupules, des exercices de conscience sur un sujet ou bien une réflexion. Il y a un vrai exercice.

« L’un croit pouvoir manger de toutes choses ; l’autre qui est faible, mange des herbes ». Le faible là est mis en relation avec cette retenue vis-à-vis de quelque chose à l’égard de laquelle celui qui est ou qui se croit fort – il y a les deux côtés qui se présentent – n’a pas de problème, n’a pas de difficulté, ne voit peut-être même pas le problème.

Je ne vois pas le problème qu’il y a à manger de la viande. C’est ce qu’on entend assez facilement : je ne vois pas le problème de ceci ou cela. Et quand je ne vois pas le problème, je n’arrive pas à me mettre dans la peau de l’autre. Le v. 3 s’adresse à chacun, à l’un et à l’autre. Il ne s’adresse pas qu’aux forts. Le verset 1 disait : « celui qui est faible en foi, recevez-le ». Donc ça s’adresse plus aux forts. Le verset 3 dit : « que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas ; et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange ».

Il y a deux regards croisés l’un vers l’autre. Je regarde au frère et lui me regarde. Et on constate une différence sur quelque chose que nous ne faisons pas de la même façon. Et puis cette différence, qu’est-ce qu’on en fait ? Elle m’amène moi, peut-être, à mépriser ou à juger l’autre. Mais l’un comme l’autre, nous avons tort, l’un comme l’autre nous avons une attitude qui n’est pas le regard de Christ, tout simplement. « Car Dieu l’a reçu ».

Et c’est vrai pour le regard du faible vers le fort, c’est vrai pour le regard du fort vers le faible. Nous ne faisons pas la même chose, nous ne faisons pas pareil, nous avons un exercice qui n’aboutit pas au même résultat. Nous avons une tendance, nous devons la reconnaître. Si j’ai tendance à juger mon frère, ou si j’ai tendance à mépriser mon frère, nous remarquons bien : « que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas » : c’est comme s’il regardait de haut avec condescendance et « que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange » : celui qui est faible juge l’autre.

Attention ! tu fais quelque chose qui n’est pas permis, qui n’est pas bon. Au fond en jugeant ou en méprisant, il y a toujours un regard de supériorité sur l’autre. Donc au fond on parle de faible et de fort, mais chacun de son point de vue se retrouve avec le même regard décalé. Le v. 3 se termine par : « car Dieu l’a reçu ». Et le v. 4 enchaîne : « Qui es-tu, toi qui juges le domestique d’autrui ? » « Qui es-tu ? » Le « tu » s’adresse à chacun. « Qui es-tu », c’est comme la voix de Dieu qui me dit : Et toi, qui es-tu ? Qui t’a donné l’autorité et la fonction de porter ce regard d’appréciation sur ton frère ?

J’en reviens à ce que j’avais vaguement évoqué dans l’introduction : on a, tout au long de ce chapitre, de ces interpellations ; on a là ce « qui es-tu », on a au v. 10 : « Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? » Et puis on peut passer les deux chapitres en revue, et on a toujours de nouveau ces interpellations.

C’est l’apôtre Paul qui parle, mais qui parle au fond comme si c’était le Seigneur qui nous le disait, comme si le Seigneur nous interpellait chacun : Et toi, ce que tu fais là, qu’est-ce que cela a comme conséquences, qu’est-ce que ça révèle de ton regard, de ton appréciation, quel effet cela a sur ton frère, quelles conséquences cela va avoir sur ton frère ?

« Qui es-tu, toi qui juges le domestique d’autrui ? » le domestique. On a évoqué le terme d’esclave tout à l’heure. Oui, esclave, domestique. Paul se présentait comme esclave du Seigneur Jésus. Nous sommes tous dans cette position d’esclaves. Le Maître, c’est Lui. Est-ce que le regard qui méprise, le regard qui juge, ce ne serait pas une prétention à prendre la place du Seigneur et à se mettre à sa place comme Maître ?

 « Qui es-tu, toi qui juges le domestique d’autrui ? Il se tient debout ou il tombe pour son propre maître ». Il a son Maître qui l’utilise pour un service, qui le forme pour ce service, qui lui donne les indications, qui le conduit. « Il se tient debout ou il tombe » : c’est des chemins que le Maître a décidés, différents. Mais le verset ne se termine pas comme cela. « Et il sera tenu debout, car le Seigneur est puissant pour le tenir debout ».

Cela me fait penser au livre de Daniel au chapitre 5 lors du festin de Belshatsar où, quand Daniel reprend Belshatsar en lui rappelant le cheminement qui a été celui de son père, où il présente la grandeur qu’avait Nebucadnetsar : « Il tuait qui il voulait, et il conservait en vie qui il voulait ; il exaltait qui il voulait, et il abaissait qui il voulait » (v. 19).

Deutéronome 32. 39 et 40 : « Voyez maintenant que c’est moi, moi, le Même, et il n’y a point de dieu à côté de moi ; Moi, je tue, et moi, je fais vivre ; moi, je blesse, et moi, je guéris ; et il n’y a personne qui délivre de ma main ». La pleine souveraineté de Dieu mise en paraphrase de la puissance que Dieu avait donnée à Nebucadnetsar, mais ici nous avons quelque chose de différent : la pleine souveraineté de Dieu qui a tous les droits pour tenir debout ou faire tomber, mais parce qu’Il s’est révélé en Jésus en grâce – « Il sera tenu debout, car le Seigneur est puissant pour le tenir debout ».

Le faible comme le fort seront tenus debout. Dieu est puissant, Dieu les gardera, Dieu agira, pour tenir son serviteur, son domestique, son esclave, debout. Alors quel regard avons-nous la prétention d’avoir sur notre frère ?

On a parlé de la conscience. Nous avons tous une conscience et depuis la chute a été ajoutée cette notion du bien et du mal. Nous n’avons jamais à violenter notre conscience, à ne pas tenir compte de notre conscience. Ça c’est une première chose. D’autre part notre conscience n’est pas une norme du bien et du mal.

C’est dit même par l’apôtre Paul dans la 1ère épître aux Corinthiens au chapitre 4 : « Je n’ai rien sur ma conscience ; mais par là je ne suis pas justifié » (v. 4). Il y a un danger parmi nous de dire : J’ai ma conscience avec moi, et justement imposer des exercices de conscience comme si notre conscience était une norme. Non.

Nous avons besoin que notre conscience soit affûtée, si on peut prendre cette expression, affûtée par la Parole de Dieu, pas par nos pensées.

On a parlé de doctrine. Je voudrais ajouter une chose : c’est les coutumes. Je voudrais mettre une pensée sur le cœur de tous nos jeunes ici, qui s’interrogent peut-être sur beaucoup de choses qui se passent dans les rassemblements ; demandez-vous toujours : Est-ce que c’est une doctrine dont la Parole de Dieu rend compte ou bien est-ce que c’est une coutume ?

Parce que, comme cela a été dit, ce n’était pas une question de doctrine, c’était une question de coutume qu’on ramenait de son éducation, qu’on ramenait de son ancienne religion. C’est très important que vous fassiez ce distinguo entre ce qui est une doctrine et ce qui n’est pas une doctrine, et une coutume. Vous voulez quelques exemples ?

Que les femmes ne s’expriment pas dans le rassemblement, c’est une coutume ou une doctrine ? Que nous nous asseyions les messieurs d’un côté et les dames de l’autre, c’est une coutume ou une doctrine ? Je ne donne pas la réponse, je vous laisse vous interroger. Que nous ayons un cantique, une prière, un cantique, une prière, un cantique, une prière…, c’est une doctrine ou une coutume ? Posez-vous la question.

Que nous nous rassemblions le dimanche et pas un autre jour, c’est une doctrine ou une coutume ? On est libre le samedi finalement aussi.

Je voudrais ajouter autre chose. Certains disent : Oui, ça c’est une coutume et on va essayer de la dégager le plus rapidement possible. Et en la dégageant vous allez mettre une autre coutume à la place. Vous voulez un exemple ? On parlait tout à l’heure, les messieurs d’un côté, les femmes de l’autre. Il y a d’autres pays où l’on se met par familles, où on met les enfants plutôt devant.

Bien sûr quelquefois ça s’est fait dans nos rassemblements et certains ont vu rouge lorsque des jeunes se sont mis ensemble. Attention ! c’est difficile à justifier par la Parole, le fait d’être séparés hommes et femmes. C’est quand même très difficile. Ceux qui ont voulu transpirer pour le faire, le résultat n’était pas très convaincant. Quand même, ceux qui veulent enlever les coutumes ou remplacer les coutumes, il faudrait que tu te places d’abord devant le Seigneur en te posant la question : Pourquoi est-ce que je veux enlever cette coutume ?

Est-ce que je suis dans la contestation, est-ce que je veux faire la leçon aux autres ? Il y a un cas où il faut enlever une coutume, c’est quand une coutume contrarie l’action du Saint Esprit et est négative pour qu’Il puisse s’exprimer.

Par rapport à ce qui vient d’être dit on pourrait lire deux ou trois versets dans l’épître aux Colossiens au chapitre 2.

« Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances, – ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ! – (choses qui sont toutes destinées à périr par l’usage,) selon les commandements et les enseignements des hommes (qui ont bien une apparence de sagesse en dévotion volontaire et en humilité, et en ce qu’elles n’épargnent pas le corps, ne lui rendant pas un certain honneur), pour la satisfaction de la chair ? » (v. 20 à 23)

Ici je m’adresse plutôt à ceux parmi nous qui sont plus âgés. Faisons aussi attention à toutes ces règles. Il est bien dit que ces règles ont une apparence de sagesse en dévotion, en humilité, mais ce n’est qu’une apparence. Et cela en effet lorsque nous parcourons différents pays, on voit qu’il y a des habitudes différentes.

Je me rappelle quand j’étais adolescent, je suis arrivé dans un certain pays où on interdit la télévision, on ne pouvait pas fumer, on ne pouvait pas boire d’alcool. Ce sont des règles qui ont une bonne apparence, mais par contre la majorité des sœurs avaient les cheveux coupés courts. Ça la Parole le dit clairement\Sur cette question, la Parole est très claire. Je prends un exemple : la télévision était interdite dans certaines régions, dans certaines contrées ; par contre on écoutait la radio qui était interdite auparavant. Le danger c’est lorsqu’on a été empêché de regarder la télévision, lorsqu’arrive le moment où on a la possibilité de le faire, on n’a pas été habitué à contrôler ce que nous faisons avec la télévision.

On le voit maintenant avec Internet, et c’est bien plus dangereux que la télévision. On peut voir des choses immorales sans que personne ne le sache, 24 heures sur 24. Nous devons donc apprendre à bien gérer ces choses-là. Là on ne peut pas l’interdire. Nous savons qu’Internet, nous en avons besoin dans tous les domaines de notre vie et nous ne devons jamais oublier que nous devons faire attention pour nous-mêmes. Et parfois il faut couper notre main, retirer notre œil, s’il est dangereux pour moi. Mais je ne dois pas forcer les autres à faire la même chose.

Juste sur ces deux attitudes que nous avons trouvées dans le verset 3 : mépriser et juger. Si on a une vue claire sur une chose, il y a toujours le danger de mépriser ceux qui ne l’ont pas, peut-être pas encore. Et de l’autre côté, il y a toujours le danger de juger l’autre personne – et c’est maintenant plus général que cette portion ici.

Je vois quelque chose que fait cette personne, et souvent je juge les motifs. Je crois que dans notre vie journalière, c’est une éducation de se comparer l’un l’autre. Il faut toujours se comparer à l’école, dans le travail, et que cette attitude de jugement de l’autre peut entrer très vite dans tous nos cœurs. Et pour cela je crois qu’on apprend quelque chose sur ce sujet ici.

L’apôtre nous enseigne à ne pas penser qu’on peut juger l’autre personne par une chose qu’elle fait. Certainement je ne parle pas des péchés, je ne parle pas non plus de la mondanité. Mais il y a tant d’autres choses et même quelquefois – je ne donne pas d’exemple, mais – j’ai connu une situation où j’ai jugé une autre personne à cause d’une chose qu’elle avait fait, et après quand j’ai parlé avec cette personne, j’ai compris la raison pour laquelle elle avait fait cela.

C’est pourquoi soyons très prudents pour juger l’autre personne, le frère, la sœur. Je crois que l’attitude de critique est dans tous nos cœurs. Comme il est dit dans le v. 4, laisser chacun dans des questions personnelles devant son Maître. J’ai mon Maître et Maître veut dire autorité. Le Maître pour mon frère, ma sœur, a aussi autorité sur lui et dans mes affaires pour moi.

On peut s’arrêter sur la fin du verset 5 : « que chacun soit pleinement persuadé dans son propre esprit ». L’apôtre utilise comme exemples le côté de manger ou de ne pas manger, de tenir compte d’un jour plus que d’un autre ou pas, et là il place devant nous que ce choix de faire ou de ne pas faire ne se fasse pas sans exercice, que chacun soit persuadé dans son propre esprit. Ça suppose que c’est une chose que j’ai considérée.

On a évoqué les habitudes. Si je le fais par habitude ou parce qu’un autre me l’a dit, ou parce que je l’ai senti comme ça et sans y réfléchir plus, sans m’y arrêter plus, il y a un problème. Il faut que ce que je fais soit le résultat d’un exercice avec le Seigneur. Cet exercice arrive à un moment donné à une conclusion qui ne sera peut-être pas immuable.

Le Seigneur va me former, va me conduire, m’amener à considérer les choses aujourd’hui dans ce registre de choses, aujourd’hui d’une certaine manière, demain d’une manière un peu différente. Il me fera saisir mieux – si on reste sur le manger – ce que la nourriture est dans ma vie.

Bien sûr pour l’Israélite il y avait les animaux purs et les animaux impurs. Et à Pierre, Dieu a dit : « Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur » (Act. 10. 15). C’est une image pour parler des nations à Pierre mais elle a une portée plus lointaine\vaste. C’est des choses que l’on apprend petit à petit. Mais dans notre marche, nous devons marcher en prenant des décisions, en faisant des choix, qui sont le résultat de quelque chose, d’un bout de chemin avec le Seigneur. « Que chacun soit pleinement persuadé dans son propre esprit ». Je ne fais pas ces choses à la légère, je les fais après les avoir soigneusement considérées.

Il aborde ensuite la question des jours, il revient sur la question de manger, en insistant sur « à cause du Seigneur ». C’est bien cela. « Persuadé dans son propre esprit » – c’est « à cause du Seigneur » que je fais ceci. Ce n’est pour nulle autre raison que « à cause du Seigneur ». Aujourd’hui, à l’instant, j’ai compris ceci comme cela pour le Seigneur et puis le Seigneur me conduira et m’amènera plus loin pour Lui, à cause de Lui.

Et puis il y a ce « rendre grâces ». « À cause du Seigneur, car il rend grâces ». Manger la nourriture et l’autre ne mange pas à cause du Seigneur et il rend grâces à Dieu. Nous prenons les choses de sa main, nous sommes dans sa main, sous son regard, avec Lui. C’est très beau, la façon dont cela décrispe les problèmes. Quand on est à regarder son frère : mon frère fait comme ceci, moi je fais comme cela, lui se permet ça, ah ! lui est encore lié à ça, on est entre nous, tout est crispé.

Quand c’est devant le regard du Seigneur pour la nourriture, ça coule de source on peut dire. Je rends grâces, oui, le Seigneur me donne cette nourriture. Les choses prennent une autre mesure. C’est lui qui me donne. Je profite, je jouis de ce qu’il me donne sous son regard et j’avance avec Lui. On aurait tendance à parler à la manière du monde, en disant qu’il y a une relativisation des choses, mais ce n’est pas une relativisation dans le sens : tout est relatif, ça n’a pas grande importance.

Mais c’est ramener les choses à leur juste mesure devant Dieu dans sa présence, sous son regard. C’est quelque chose de très encourageant. Je ne suis pas livré à moi-même pour juger si ceci est mieux que cela. Je suis sous son regard et Lui m’enseignera à ce sujet-là. « Car nul de nous ne vit ayant égard à lui-même, et nul ne meurt ayant égard à lui-même ». Ce n’est pas nous-mêmes qui comptons, ce n’est pas mon frère qui compte – bien sûr il compte sous un autre angle – mais c’est le Seigneur, c’est pour Lui, c’est à sa mesure.

On peut dire que la manière de faire de l’apôtre Paul est toujours identique par l’Esprit de Dieu, que ce soit avec ceux qu’il connaît particulièrement, même de visage, ou avec ceux qu’il ne connaît que parce qu’il sait qu’ils sont les enfants du même Père et des rachetés du même Seigneur. Il désire ramener les cœurs de ces croyants, et les nôtres aussi, à Dieu, au Seigneur.

Il est remarquable – je ne veux pas revenir en arrière par rapport à ce que nous avons déjà dit, mais depuis le chapitre 12, pendant tous ces chapitres exhortatifs, toutes les exhortations de l’apôtre sont toujours dans ce fil d’or que l’on retrouve à travers ces chapitres : c’est de ramener les choses à Dieu.

Si vous regardez seulement ces deux exemples dans le chapitre 12 au v. 3, il dit : « Je dis à chacun de ceux qui sont parmi vous de ne pas avoir une haute pensée de lui-même » – il traite un autre sujet que celui de notre chapitre – « au-dessus de celle qu’il convient d’avoir, mais de penser de manière à avoir de saines pensées, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun ». Nous voyons comment l’apôtre tourne la question, si lancinante pour la chair, de l’orgueil, même spirituel. Mais il va placer les âmes devant Dieu, « selon la mesure ». Dieu a donné une mesure à chacun. C’est là le point important.

Si nous regardons au chapitre 13, il s’agit d’un autre sujet, se soumettre aux autorités. L’apôtre leur dit : « Il n’existe pas d’autorité, si ce n’est de par Dieu ; et celles qui existent sont ordonnées de Dieu ».

Voilà qui place dans un tout autre contexte la question de savoir s’il faut ou non se soumettre aux autorités. Si je réalise qu’elles sont données de Dieu, la difficulté, pour ainsi dire, va s’estomper et le chemin va s’éclaircir. Dans notre chapitre 14 on peut dire que cette pensée est de plus en plus prédominante. Nous venons de la voir à la fin du v. 5 dans ce que Jacques nous a présenté, mais encore au v. 6 davantage, et nous l’avons vu déjà un peu plus haut, et nous le verrons encore dans la suite du chapitre.

Toute la question de la relation des croyants entre eux avec les difficultés qui peuvent se présenter, est comme changée dès le moment où j’ai moi-même à faire avec mon Dieu dans ma relation personnelle – et dès le moment où je vois mon frère dans sa relation personnelle avec son Dieu, avec son Seigneur, les choses sont toutes changées et nous pouvons faire cet exercice.

Je le dis aux plus jeunes, moi-même je n’ai pas inventé ces choses, j’ai été instruit, nous avons des écrits qui nous en parlent, je les ai lus. Quand on réalise ce que l’apôtre enseigne, de quelle manière il enseigne ces croyants, si nous relisons les mêmes passages avec cette vision que nous avons à faire individuellement avec le Seigneur d’abord, que mon frère et ma sœur ont à faire avec le Seigneur, cela nous donne une tout autre lecture du même passage.

Je prends un simple exemple. Nous avons évoqué que nous ne pouvions pas nous arrêter à une chose ou l’autre qui concerne notre frère, qu’il aurait fait ou dit, et pour ainsi dire le réduire à cela. Mais c’est dans la mesure où moi-même je réalise que Dieu ne me réduit pas à ce que j’ai pu dire ou faire, ou à ce que je pense, ou à ce que je fais, mais que Dieu use d’une patience et d’une bonté, et d’un support et d’une grâce divine à mon égard, c’est dans la mesure où je peux jouir de ces choses que la relation avec mon frère ou ma sœur est toute différente. Je vais la voir autrement.

Combien il est remarquable de voir qu’en effet l’apôtre ne va pas, au fond, dans tout ce qu’il évoque, résoudre les questions qui sont celles qui préoccupent les Romains. Il va à chaque étape et plus on avance dans le chapitre, plus tout nous ramène à une question de relation entre notre âme et notre Seigneur.

Ça ne veut pas dire que les exhortations que nous avons entendues et qui sont devant nous maintenant, n’ont pas leur place, mais dans ce contexte-là avoir conscience que Dieu opère en chacun de nous, que nous avons ce privilège d’avoir une relation avec un Dieu si grand, mais en même temps si profondément plein de grâce pour chacun de nous. Et quand nous avançons et que nous nous trouvons au tribunal de Christ ou de Dieu comme nous le voyons un peu plus loin, sans doute que c’est quelque chose de solennel.

Mais quel moment ce sera quand nous verrons les choses comme Dieu les voit et que ce qui aujourd’hui nous paraît difficile parce que nous ne comprenons pas pourquoi mon frère ou ma sœur voient les choses ainsi. Mais à ce moment-là, pour ce qui nous concerne, nous aurons cette bénédiction de voir les choses comme Dieu les voit. En attendant sa grâce nous aide, nous supporte.

Que veut dire l’expression « à cause du Seigneur » ? Je fais quelque chose à cause du Seigneur. Il y en a qui le font, il y en a qui ne le font pas. Nous avons vu ces deux côtés-là. « À cause du Seigneur », ça veut dire, je pense, par amour pour le Seigneur.

Quand nous regardons les choses de cette façon-là, nous comprenons très bien que l’un est tout à fait sincère devant le Seigneur comme l’autre est lui aussi tout à fait sincère devant le Seigneur. C’est quelque chose que Dieu attend de nous, une vraie sincérité devant lui. La sincérité, c’est d’ailleurs une attitude que Dieu approuve, qui trouve son approbation.

C’est dans beaucoup de questions que Dieu nous demande d’être sincères. Je peux faire une chose avec sincérité, je peux faire la même chose en ayant une autre pensée qui n’est pas tout à fait sincère. Donc, attention ! il s’agit d’être sincère devant Dieu. Et peut-être encore ceci : quand nous sommes sincères devant Dieu, nous avons aussi une attitude d’humilité devant Dieu. J’aimerai bien mentionner quand même cette expression : l’humilité devant Dieu évite ou m’empêche de critiquer. Est-ce que j’ai le droit de critiquer mes frères ?

Dans cette humilité devant Dieu, je laisse tout cela à Dieu. C’est à lui de juger, ce n’est pas à moi. Et cela nous ramène aussi bien sûr à cette autre expression que nous trouvons plus tard, le tribunal de Dieu, parce que c’est là où Dieu dit son jugement concernant chacun de nous, concernant chacun de ses enfants qui se trouvent ici devant lui, que ce soit les faibles, ou que ce soit les forts.

Une deuxième pensée. Quand il est parlé de faibles et de forts, nous avons quand même aussi une pensée de croissance. Je crois bien que c’est cela ou est-ce que je me trompe ? C’est aussi une question de croissance spirituelle. C’est la même chose d’ailleurs dans le premier verset quand nous avons la question : « non pas pour la décision de questions douteuses ». Pour cela il ne faut pas le demander aux faibles.

Donc c’est une question de croissance spirituelle par l’expérience spirituelle dans la communion avec le Seigneur. Quelqu’un qui a vécu pendant beaucoup d’années avec le Seigneur est arrivé à un autre niveau spirituel, à une maturité, pour pouvoir aussi parler de quelques questions qui peuvent être douteuses. Il me semble que c’est là une question entre faibles et forts.

Ce n’est pas la même chose que ce que dit l’apôtre dans la 2ème épître aux Corinthiens au chapitre 12 quand il parle de la faiblesse, quand il dit : « Quand je suis faible, alors je suis fort » (v. 10). Attention ! ça c’est autre chose. Ici fort et faible, c’est une question de croissance vraiment spirituelle.

Dans l’autre cas, en 2 Corinthiens 12, c’est autre chose, c’est de ne pas avoir de force en moi-même et l’apôtre dit : s’il s’agissait de ma force à moi-même, je suis faible. Je compte sur Dieu. C’est sa force, la grâce est là et la force de la grâce.

Je voudrais juste revenir sur ce dernier aspect, à la fois le côté de la sincérité et de la croissance. On a un exemple qu’on peut mettre en relation avec ce qu’on a ici dans 1 Chroniques. Dans 2 Samuel où on a le même récit, quand David va chercher l’arche. Il veut la faire monter à Jérusalem. Il doit s’y prendre à deux fois.

La première fois ils mettent l’arche sur un chariot et la montent à Jérusalem et là il y a cette faute : Uzza croit que l’arche va se renverser sur un cahot de la route et il veut la retenir. Dieu doit le frapper.

Mais dans 1 Chroniques 15, David convoque les Lévites. Il leur dit (v. 2) : « Il ne convient pas que l’arche de Dieu soit portée par personne excepté les Lévites ; car l’Éternel les a choisis pour porter l’arche de Dieu et pour en faire le service à toujours ». Et au v. 13 : « Parce que vous ne l’avez pas fait la première fois, l’Éternel, notre Dieu, a fait une brèche parmi nous ; car nous ne l’avons pas recherché conformément à l’ordonnance ».

On ne peut aucunement douter de la sincérité de David et des Lévites avec lui quand ils ont cherché cette arche. Cette sincérité était absolument nécessaire, mais en même temps il fallait un apprentissage, il y avait des choses qui avaient été perdues de vue, qui avaient été oubliées, qu’aussi bien David que les Lévites ont dû retrouver pour faire les choses dans l’intelligence de la pensée de Dieu, que ce soit les Lévites qui portent l’arche sur leurs épaules et qu’on ne la mette pas sur un chariot comme les Philistins avaient fait pour la renvoyer à Israël.

C’est une situation un peu différente de ce qu’on a là, en ce sens que dans la première situation il y avait une ignorance qui était coupable, qui était fautive. Mais je veux juste relever ce côté : on ne doute aucunement de la sincérité de David. Il voulait ramener cette arche. Elle avait sa place dans le lieu que l’Eternel a choisi qui n’était pas encore désigné à ce moment-là et il voulait le faire de tout son cœur. Et il y a eu la nécessité d’une « croissance » pour que dans cette sincérité il puisse faire selon Dieu et qu’il puisse entrer plus avant, plus à fond, plus entièrement, dans la pensée de Dieu dans cet acte-là.

Je vais peut-être dire un petit mot sur le fait de juger. Voyez, on ne juge pas, on laisse tout faire. On entend aussi qu’on n’a pas le droit de juger les personnes, mais qu’on peut juger les actes. Je ne sais même pas si c’est juste de parler comme cela. Il y a un passage dans Jacques qui est quand même très solennel. Il n’est pas question de juger mais quelque chose qui est assez proche : « Ne parlez pas l’un contre l’autre, frères. Celui qui parle contre son frère ou qui juge son frère, parle contre la Loi et juge la Loi » (4. 11).

Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’avec les meilleures intentions du monde, je peux mettre mon opinion comme étant prioritaire par rapport à la Loi de Dieu et donc je n’honore pas la Loi, je la déshonore. C’est en cela que juger les motifs, juger les personnes, juger les faits – je crois qu’il y a quelque chose de plus simple. Est-ce que ce n’est pas de dire : Ne jugeons pas mais laissons la Parole juger les choses ?

Même quand il s’agit du mariage, nous pourrions juger les choses par rapport à notre ressenti. Imaginez un croyant qui se conduit mal, qui est adultère, pour prendre cet exemple. Je suis très choqué parce que moi je ne vis pas comme cela. Et alors j’ai jugé les choses par rapport à moi. Mais le Seigneur nous appelle à autre chose. C’est de juger les choses par rapport à Lui et par rapport à ce qu’Il nous dit dans la Parole de Dieu et non pas parce que je suis choqué.

Bien sûr que ça nous charge, c’est normal. Mais nous avons à établir les choses par la Parole de Dieu. La fornication, le Seigneur nous en parle ; l’adultère, le Seigneur nous en parle. C’est cela qui doit faire autorité et non pas même le fait que je sois choqué par ceci ou par cela.

Je dois donner encore deux très beaux exemples de quelqu’un, de deux personnes, deux serviteurs, même trois peut-être. Je pense à la bataille des rois. Nous connaissons l’exemple d’Abraham, nous qui quelquefois sommes tentés de penser que le défaut de mon frère c’est de ne pas être comme moi.

– Abraham a emmené du monde lorsqu’il est allé à la guerre contre ces rois. Il a emmené Aner, il a emmené Eshcol, il a emmené Mamré. Et quand le roi de Sodome est venu lui faire des propositions alléchantes, que dit-il ? « J’ai levé ma main vers l’Éternel, le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre : si, depuis un fil jusqu’à une courroie de sandale, oui, si, de tout ce qui est à toi, je prends quoi que ce soit ».

Voilà un exercice profond. Il s’est placé devant Dieu, il a un exercice profond. Va-t-il maintenant vouloir que tous les autres fassent les mêmes exercices que lui ? Pas du tout. Eux, s’ils veulent prendre, qu’ils prennent. Est-ce que nous n’avons pas dans ce temps déjà bien reculé quelque chose qui nous parle du sujet que nous avons là ?

Au lieu de penser que ceux qui étaient avec lui auraient dû avoir la même attitude que lui, il concède à Aner, Eshcol, Mamré, de se conduire peut-être autrement que lui et ne pas vouloir que les autres se comportent exactement comme luiToutefois, il n’aurait pas été bon devant Dieu que les autres se conduisent d’une manière différente et acceptent la proposition du roi de Sodome.

– Il y a un autre exemple qui m’a quelquefois un peu troublé. C’est dans 2 Rois 5. Nous connaissons l’histoire de Naaman. Naaman a été guéri et puis Naaman qui n’a pas eu autant de réunions que nous, a un problème. Il se projette déjà dans le moment où il va se trouver avec le roi et puis il va y avoir la maison de Rimmon et puis, comme c’est un notable, il va être avec le roi et quand le roi va se prosterner, il va forcément être entraîné à se prosterner dans la maison de Rimmon.

Je ne sais pas comment nous aurions réagi. Ah ! non c’est une affreuse idole. Comment peux-tu l’envisager même ? Ce n’est pas ce que dit Élisée. « Va en paix ». Pourquoi ? Parce qu’il se refuse d’être un directeur de conscience pour Naaman, mais il a la confiance que celui qui a commencé une bonne œuvre dans cet homme, allait l’achever jusqu’au jour de Christ. Il sait bien que ce Dieu dont Naaman a éprouvé la puissance, la délivrance et l’amour, allait conduire Naaman dans un chemin qui l’honorerait.

– Il y a un autre exemple, que peut-être plusieurs ont à la mémoire. Il y avait de quoi faire un énorme problème dans l’assemblée de Colosses. Qu’est-ce que c’était ? Vous aviez d’un côté un certain Philémon qui était un homme nanti, qui avait de l’argent, qui avait des serviteurs, et d’un autre côté vous aviez un esclave qui s’appelait Onésime. Et voilà que ces deux vont se retrouver dans le même rassemblement.

Le problème pouvait être conséquent lorsque les partis s’en mêlent, en disant : Regardez, et puis il est là, et puis il lui a peut-être volé de l’argent… Onésime pouvait dire : Je fais le fier. Il ne veut rien me pardonner. Cela pouvait faire un problème énorme et une division. Il faut toute la délicatesse dont nous avons tellement à apprendre dans le livre de Philémon.

Au lieu de faire un bras de fer en disant : Il faut que tu fasses cela, Philémon, on voit un apôtre Paul qui se présente, non pas comme le grand apôtre mais qui dit : Je suis un vieillard et je suis en plus maintenant prisonnier. Voilà ce qu’il met en avant, et non pas une force comme les hommes savent en mettre. Non pas : Je te commande, mais Je te prie.

Est-ce que nous savons nous mettre aux pieds de nos frères ? J’aurai pu te commander, je ne te commande pas. Pourquoi ? Parce que si je te commande – vous pensez bien que Philémon allait lui obéir – et le fruit pour Dieu ? Rien du tout. Lorsque nous contraignons quelqu’un à faire quelque chose, on peut être bien content en se disant : Maintenant il est à peu près d’équerre sur le plan spirituel. Quel fruit y a-t-il pour Dieu ? Rien du tout.

Pourquoi l’apôtre Paul pose-t-il autant de questions aux Corinthiens ? Est-ce qu’il ne savait pas ce qu’il fallait faire à Corinthe ? Bien sûr qu’il le savait, mais il voulait que le fruit soit produit dans le cœur, dans la conscience. Et comme le dit l’apôtre Paul à Philémon : « afin que le bien que tu fais ne fût pas l’effet de la contrainte » mais qu’il y ait quelque chose que l’Esprit de Dieu allait produire dans Philémon et qui serait pour la joie du Seigneur.

Ce qui honore le Seigneur, ce n’est pas nos règlements. Ce qui honore le Seigneur, c’est ce qu’il peut produire dans un cœur dans la mesure où nous nous attendons à lui, dans la mesure où nous savons nous mettre aux pieds de nos frères de manière à ce que toute la gloire soit pour son saint Nom.

C’est pour cela que dans le passage que nous avons sous nos yeux aujourd’hui, nous avons cette progression pour ainsi dire entre le premier verset et le dernier verset. Dans le premier verset il nous est dit : « Quant à celui qui est faible en foi, recevez-le ». Ensuite, l’apôtre va plus loin. Quand on arrive au chapitre 15 verset 7 : « C’est pourquoi recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu ». Ce n’est pas seulement recevez-le, mais recevez-vous à la gloire de Dieu. C’est là le point important et en particulier quand on parle de juger, si je peux me permettre encore d’insister sur ce point.

Je voudrais pour qu’il n’y ait pas de méprise à ce sujet, rappeler ce que l’apôtre Paul dit aux Corinthiens dans le passage bien connu de 1 Corinthiens 5 : « Car qu’ai-je affaire de juger ceux de dehors aussi ? Vous, ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans ? Mais ceux de dehors, Dieu les juge. Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes » (v. 12 et 13).

Nous comprenons que le point essentiel, capital, c’est ce qui touche à la gloire de Dieu. Il y a un moment où dans la sphère de responsabilité où nous nous trouvons, que ce soit dans notre responsabilité individuelle ou dans celle de la famille, si nous avons un foyer avec des enfants par exemple, ou dans la sphère de l’assemblée locale où nous nous trouvons, il y a un moment où il faut juger le mal quand il s’agit de la gloire de Dieu.

Mais combien nous aurions hélas, tendance à outrepasser cette mesure-là et à juger de notre point de vue, même le mal que l’on peut entendre, qui se passe ici ou là, au loin ou au près. Il nous faut faire attention. Il y a des sphères de responsabilité où nous avons à être exercés parce que c’est là que nous avons à rendre compte.

Mais il y a tant de situations dans lesquelles nous ne connaissons rien des circonstances et des exercices de nos frères, peut-être même de l’assemblée à côté, où nous n’avons pas à nous immiscer dans ce qui concerne la responsabilité d’une personne ou d’une famille, ou dans l’assemblée voisine. Il y a un danger à ce que la question de juger ne soit pas bien comprise quelquefois parmi nous.

Nous jugeons là où nous ne devrions pas juger et nous ne jugeons pas nos propres cœurs et ce qui nous concerne dans le domaine des responsabilités où nous nous trouvons. Que le Seigneur nous donne aussi de croître dans cette question si importante. Il s’agit de la gloire de Dieu. Il y a des choses, comme nous l’avons vu ce matin, qui sont des coutumes, dans lesquelles la gloire de Dieu n’est pas mise en jeu. Mais il y a des choses qui touchent à la gloire du Seigneur, de sa personne, de son œuvre et en particulier dans son caractère de sainteté parmi les croyants et là nous devons être très sérieux parce qu’il y va de sa gloire.

Personne ici ne peut dire : c’est un sujet qui ne me concerne pas. Qu’on soit âgé, qu’on soit jeune, qu’on soit un enfant, n’avons-nous pas tous cette tendance à juger les autres ?

Le problème est encore plus important lorsqu’on est un chrétien parce qu’un chrétien qui juge, c’est quelque chose qui n’est vraiment pas bien. Dans ce monde on sait que c’est ainsi. Et nous avons toujours notre ancienne nature qui est là et qui nous pousse à juger. Et juger, ça peut faire beaucoup de dégâts. Dans ce verset 4 que nous avons lu : « Qui es-tu, toi qui juges le domestique d’autrui ? » – qui es-tu pour juger les autres ? ou quel droit prends-tu pour juger les autres ?

J’aimerais lire quelques versets dans l’évangile de Matthieu au chapitre 7 : « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés : car, du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés ; et de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré. Et pourquoi regardes-tu le fétu qui est dans l’œil de ton frère, et tu ne t’aperçois pas de la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment dis-tu à ton frère : Permets, j’ôterai le fétu de ton œil ; et voici, la poutre est dans ton œil ? Hypocrite, ôte premièrement de ton œil la poutre, et alors tu verras clair pour ôter le fétu de l’œil de ton frère » (v. 1 à 5).

Est-ce que ce ne sont pas des versets solennels ? « Du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés ; et de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré ». Je suis dur envers les autres, je juge les autres durement, je serai jugé de la même manière. C’est ce que veut nous dire ce passage.

Alors nous devons faire très attention parce que c’est notre tendance naturelle. Dans notre passage nous avons : « Qui es-tu, toi qui juges » et puis le v. 10 : « Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? » Là encore on a dit : nous devons juger le mal. Alors pourquoi juges-tu ? Est-ce que c’est parce qu’il y a de la jalousie, est-ce que souvent on ne juge pas les autres et comme cela on ne pense pas à ce que nous, nous faisons ?

Un passage dans l’évangile de Jean au chapitre 8 : « Et au point du jour il vint encore au temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait. Et les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en adultère ; et l’ayant placée devant lui, ils lui disent : Maître, cette femme a été surprise sur le fait même, commettant adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a commandé de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? » (v. 2 à 5).

Ici il s’agit d’un vrai péché et on voit les pharisiens qui viennent au Seigneur et qui portent ce jugement et qui disent même ce qu’Il doit faire. Cette femme, d’après la Loi, doit être lapidée. Est-ce que nous ne pouvons pas nous aussi avoir des jugements durs lorsqu’il y a même un vrai péché ? Alors nous avons lu pourquoi. On voit la raison ici pour quoi ils amènent cette femme vers Jésus.

Ce n’est pas parce qu’ils avaient souci de la sainteté de Dieu. Il nous l’est dit plus bas : « Or ils disaient cela pour l’éprouver, afin qu’ils eussent\aient de quoi l’accuser » (v. 6). On voit qu’ici la raison n’est pas bonne du tout. N’avons-nous pas parfois nous aussi de telles attitudes ? Nous avons peut-être envie de juger quelqu’un, quand dans notre cœur il y a cette envie de juger ; et cela peut être un jeune vis-à-vis d’un plus âgé, un jeune vis-à-vis d’un frère de l’assemblée : il dit cela parce qu’il a telle attitude et nous le jugeons. Cela peut être aussi l’attitude d’un frère plus âgé qui juge un jeune.

Que devons-nous faire dès que cette pensée arrive ? C’est de prier, de prier pour ce frère qui nous énerve peut-être, qui nous agace. Mais prions pour lui. Pour ce jeune, prions pour lui. C’est la première chose que nous devons faire. Et quand on prie pour quelqu’un, on n’a plus envie de le critiquer. Il y a à côté du fait de juger, celui de critiquer et de médire. Ce sont des choses similaires.

En fait on peut juger dans son cœur, mais souvent on passe aux critiques et les critiques, c’est vis-à-vis d’autres personnes. On juge quelqu’un et on parle à d’autres personnes. Mais quels dégâts nous faisons en cela, déjà si ces jugements sont dans nos cœurs, mais si en plus nous les manifestons à d’autres ! Bien-aimés, lorsque nous venons du culte, lorsque nous sommes à table, de quoi parlons-nous ? Est-ce que nous jugeons tel frère ou telle sœur ?

Est-ce que nous critiquons devant les enfants, des attitudes, des paroles, tel choix de cantique ?… Cela aussi, et particulièrement devant des enfants, fait beaucoup de dégâts. Ne jugeons pas, ne critiquons pas, mais prions !

On nous a parlé de croître dans la connaissance de la Parole. Et c’est vrai. Plus nous connaîtrons la Parole, moins nous aurions tendance à critiquer ceux qui ne sont pas à notre niveau Il y a « croître dans la Parole », mais il y a autre chose aussi. On peut bien croître dans la connaissance de la Parole et oublier quelque chose.

Lisons dans la 2ème épître de Pierre. « Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (3. 18). Il est d’abord parlé de la grâce, croître dans la grâce. Est-ce qu’en tant que frères, connaissant la Parole, apprenant à mieux la connaître, est-ce que nous n’oublions pas parfois aussi de croître dans la grâce ? Si nous croissons dans la grâce et dans la Parole, nous n’aurons pas envie de juger les autres, nous n’aurons pas envie de critiquer, mais au contraire nous aurons envie de prier pour eux et ainsi les effets seront bien sûr bien plus bénéfiques.

Citons simplement encore un exemple de l’Ancien Testament, un exemple négatif. C’est l’exemple des amis de Job. Ils ont induit un péché chez Job et ce qui est dramatique dans ce livre, c’est qu’au bout d’un moment ils ne se parlent plus. Et c’est certainement quelque chose qui doit exercer nos cœurs quand dans un rassemblement des frères, des sœurs, ne se parlent plus.

Parce qu’ils disaient : C’est un propre juste, il ne veut rien entendre et en même temps Job a passé combien de chapitres à se sentir agressé sans amour par ses amis qui étaient sûrs qu’il avait péché et que Dieu le châtiait… Comme disait quelqu’un : « Job se trompe en disant que Dieu est contre lui sans raison ; ses amis se trompent en disant que Dieu est contre lui, avec raison ». La vérité, c’est que Dieu était pour Job.

Cet exemple est solennel, surtout dans le moment où il y a rupture de contact. On ne se parle plus. Et quand la confiance est brisée entre des frères, c’est quelquefois si difficile de la retrouver. On a besoin de toute la grâce de Dieu pour que le contact puisse être rétabli. Mais cela demande un brisement ;il faut se mettre comme l’apôtre Paul vis-à-vis de Philémon, tout à fait par terre, aux pieds de ses frères, sans prétention, sans esprit de jugement.

Nous pouvons bien supplier si dans un rassemblement représenté ici il y a ainsi des frères, des sœurs, qui ne se parlent plus ; jetez-vous aux pieds du Seigneur car il y a une urgence. Pourquoi ? Parce qu’il y en a un derrière qui voudra à tout prix exploiter cette situation tant il est vrai qu’il est celui qui divise les frères.

Nous parlons beaucoup de ce jugement. Dans ce passage il y a deux dangers. Il y a le danger de juger et il y a le danger de mépriser. Et c’est bien ce que nous voyons aussi au v. 10 : « Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Ou aussi toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? »

Le danger de juger, si on peut dire un peu schématiquement, c’est pointer du doigt l’attitude de notre frère, ce qu’il fait, et de dire : c’est mal. Le danger de mépriser est encore plus subtil. C’est de dire : il n’a pas compris, il n’est pas bien. Il n’a pas compris la liberté dans laquelle nous sommes placés, il n’a pas compris ce que c’est que le christianisme. Il est ou il n’est pas quelque chose.

Et c’est un danger peut-être encore plus grand que le danger de juger. N’oublions pas d’abord cette expression qu’on trouve dans le livre de Job : « Dieu est puissant et ne méprise personne ; il est puissant en force d’intelligence » (36. 5). Qui peut être puissant comme Dieu, intelligent ? Qu’est-ce que notre intelligence au regard de l’intelligence de Dieu ? Qu’est-ce que notre puissance au regard de la puissance de Dieu ? Il y a un Dieu qui est puissant en force d’intelligence et qui ne méprise personne.

En contraste avec ce mépris, nous connaissons la réponse que nous donne l’apôtre Paul dans l’épître aux Philippiens, cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus. « Que dans l’humilité, l’un estime l’autre supérieur à lui-même, chacun ne regardant pas à ce qui est à lui, mais chacun aussi à ce qui est aux autres » (2. 3 et 4). Estimer l’autre supérieur à soi-même…

Si on s’arrête sur cela, on sait que ce n’est pas facile. L’apôtre Paul, avec les dons que le Seigneur lui avait donnés, est-ce qu’il allait estimer supérieures à lui-même ces sœurs par exemple à Philippes, qui se querellaient ? Eh bien, oui ! « Que dans l’humilité, l’un estime l’autre supérieur à lui-même ». Pourquoi ? Le seul moyen d’estimer l’autre supérieur à soi-même, c’est de regarder ce que le Seigneur lui a donné.

Et le Seigneur a donné à notre frère, à notre sœur, des dons, des grâces, des témoignages de son amour. Peut-être qu’il lui a donné de la patience dans une circonstance où nous, nous nous serions impatientés ; peut-être qu’il lui a donné de supporter une situation médiocre alors que nous, nous aimons bien avoir une situation plus élevée. Le Seigneur a donné.

Et puis c’est quelque chose de très pratique. Quand nous sommes en présence d’un supérieur, nous savons très bien comment nous pouvons l’honorer. Simplement en lui témoignant le respect qui lui est dû, en le laissant passer, en écoutant ce qu’il a à nous dire. Estimer l’autre supérieur à nous-mêmes, ce n’est pas se perdre dans toute sorte de pensées compliquées au sujet de l’autre pour savoir si réellement il m’est supérieur ou pas.

C’est d’abord reconnaître ce que le Seigneur lui a donné, l’écouter, lui laisser la place que le Seigneur Lui-même lui donne. Le Seigneur nous encourage à ne mépriser personne. C’est un danger subtil parce qu’il pouvait partir précisément de la conscience de ce que le Seigneur avait donné à un croyant, de la façon dont il comprenait sa position chrétienne ; et il était amené à mépriser celui qui saisissait moins bien cela. Que le Seigneur nous aide !

C’est quelque chose qui n’est pas compréhensible intellectuellement, quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre par notre intelligence naturelle ou par le monde dans lequel nous vivons. Dans le monde professionnel nous voyons bien que ceux qui ont une place élevée ne considèrent pas les autres supérieurs à eux-mêmes.

Mais nous, nous avons l’exemple du Seigneur Jésus, du Fils de Dieu, qui est venu jusque-là où étaient les plus pauvres, les plus misérables, les plus malheureux, pour leur apporter le salut et qui a été aussi au milieu de ses disciples. Le Seigneur ne leur a pas caché qu’ils avaient peu de foi, qu’ils n’étaient pas intelligents, mais jamais le Seigneur n’a eu une parole de mépris pour eux.

S’il a dû les reprendre, il l’a fait avec un cœur qui était engagé, qui était touché par leur manque de foi ou leur manque d’intelligence : N’avez-vous pas encore compris ? Mais toujours en replaçant devant eux ce qu’il avait fait, ce qu’il faisait et plus que cela en les prenant par la main pour les faire grandir, pour les faire croître. Nous pouvons aussi suivre le Seigneur en cela.

Quand nous relisons au v. 13 « Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre ; mais jugez plutôt ceci, de ne pas mettre une pierre d’achoppement ou une occasion de chute devant votre frère », l’apôtre Paul fait un jeu de mots. « Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre » : cela concerne le jugement réciproque. Le jugement a lieu de deux manières : c’est soit le mal, soit l’infirmité.

Pour l’infirmité nous avons Christ qui s’est chargé de nos infirmités. Ce souverain sacrificateur est là pour sympathiser à nos infirmités. Nous avons aussi le péché et cela comme dans 1 Corinthiens 5, nous devons nous séparer du péché. Mais après il est dit : « mais jugez plutôt ceci, de ne pas mettre une pierre d’achoppement ». Ce jugement nous concerne nous-mêmes.

C’est aussi quelque chose que nous devons faire : ne plus nous juger l’un l’autre parce qu’il s’agit des infirmités. Lorsqu’il s’agit du mal, nous avons un avocat auprès de Dieu et le sang de Christ nous purifie de tout péché. Mais alors pour nous il est dit de se juger pour ne pas être une pierre d’achoppement ou une occasion de chute.

C’est aussi important parce que même si ceux qui pensent être forts, peuvent dire lorsqu’ils ont un accident de voiture : Moi, d’après le code de la route, j’avais raison. À côté il y en a qui sont blessés et morts. C’est pourquoi lorsqu’il est parlé de se juger nous-mêmes, nous avons ceci à faire : ne pas être une pierre d’achoppement ou une occasion de chute devant notre frère.

Alors dans les versets 5 à 9 nous avons cette pensée qu’il y a une responsabilité personnelle envers le Seigneur parce qu’il y a une conviction personnelle (v. 5), parce que nous pensons toujours à ce que notre frère, notre sœur vit pour le Seigneur (v. 6), parce que dans les versets 7 à 9 il y a seulement le Seigneur qui domine, qui a autorité sur nous, même dans les choses les plus importantes de nos vies, c’est-à-dire vivre et mourir.

C’est lui seul qui donne la vie, qui maintient la vie et qui prend la vie. Et si c’est le Seigneur lui-même et le Seigneur seulement, c’est Lui qui a autorité sur moi et qui a autorité sur mon frère. Ça veut dire que ce sont des relations personnelles avec le Seigneur.

Par ailleurs le v. 9 est touchant. Nous pensons souvent à la mort de notre Seigneur seulement concernant la réconciliation et l’expiation. Mais on trouve dans le Nouveau Testament que le Seigneur est mort pour beaucoup d’autres raisons et pas seulement pour nous acheter pour Dieu. Ici nous voyons dans le v. 9 : « Car c’est pour cela que Christ est mort et qu’il a revécu [qu’il est ressuscité], afin qu’il dominât et sur les morts et sur les vivants ». Ça veut dire que par sa mort le Seigneur a le droit sur les vivants comme sur les morts.

Comme on l’a entendu, pour cela ce n’est pas moi qui peut dominer sur quelqu’un, sur ses pensées, sur ses convictions, mais c’est le Seigneur et lui-même et lui seul qui a cette autorité, cette domination. Dans le verset 10 nous avons vu le contraire, l’opposé, que nous faisons quelquefois : « Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? » J’espère que nous avons bien compris.

Il y a beaucoup de cas et nous avons vu ces exhortations solennelles et importantes où il ne faut jamais juger. Et il y a d’autres parties de la vie de l’assemblée où il faut certainement juger.

Mais ici dans ce cadre « pourquoi juges-tu ton frère ? » quand le Seigneur a la seule autorité. C’est lui seulement qui a cette autorité. « Pourquoi méprises-tu ton frère ? » Ça ne doit jamais être notre attitude de mépriser quelqu’un qui n’a pas encore compris peut-être quelque chose, qui est encore jeune dans sa vie, qui est peut-être dans des églises dans lesquelles nous n’allons pas. Mais lui il vit avec son Seigneur, comme moi je vis avec mon Seigneur.

« Car nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu ». C’est maintenant encore la deuxième autorité que l’apôtre donne. Premièrement le Seigneur avec toute son autorité et maintenant il nous parle de ce tribunal de Dieu. Ça veut dire qu’il n’est pas seulement question du Seigneur, mais de Dieu Lui-même.

C’est Dieu qui va juger et Lui, Il a le droit de juger. Il va le faire. Pourquoi ? Nous avons cité ce matin 1 Corinthiens 4. 5, de ne pas le faire avant le temps. Non, laissons à nous tous peut-être ce temps de croître, mais de toute façon c’est Dieu qui va juger et c’est son droit et pas le mien.

En fait si on compare 2 Corinthiens 5 et Romains 14, qui sera sur ce siège du tribunal ? C’est Christ. Et le jugement sera divin, son caractère sera divin. C’est pour cela que c’est le tribunal de Dieu. « Car il est écrit : ‘’Je suis vivant, dit le Seigneur, [c’est Dieu] que tout genou se ploiera devant moi, et que toute langue confessera hautement Dieu’’ ». C’est la citation d’Ésaïe comme nous le voyons dans la note. Et nous voyons que vraiment c’est Christ qui sera sur ce tribunal. C’est Lui et c’est intéressant de voir que c’était déjà dit dans l’Ancien Testament.

C’est aussi pour ceux dont l’apôtre parle ici, les faibles. Ça peut les aider eux aussi de comprendre que déjà dans l’Ancien Testament, il y a des doctrines, des explications que nous trouvons dans le Nouveau Testament et que Dieu dans toute l’Écriture parle à nos cœurs pour ne pas seulement tenir ferme les ordres, les lois de l’Ancien Testament ; mais il veut nous montrer même par l’Ancien Testament la liberté que nous pouvons avoir aujourd’hui comme chrétiens dans notre temps.

Oui, le Seigneur va juger les choses, toutes nos pensées, nos convictions, nos sentiments. Laissons le Seigneur le faire d’une manière divine. Ça serait absolument objectif. Moi, je ne peux pas être objectif. J’ai peut-être quelques pensées sur ce que mon frère fait, mais ce n’est jamais objectif. Il y a une seule personne, Dieu, le Seigneur, qui va juger justement et qui va saisir les sentiments, les motifs, qui peuvent être beaucoup plus élevés que je pense ou que je peux avoir. Il va juger justement.

Remarquons dans cette série de versets, la manière dont l’autre est désigné. Au v. 4 c’est le domestique d’autrui : c’est une relation simplement hiérarchique si on peut dire. Au v. 10 ton frère : c’est une relation affective, mais d’égal, du même niveau, ton frère, celui qui est comme toi. Au v. 13 « ne nous jugeons donc plus l’un l’autre ». C’est le côté du réciproque, dans les deux sens.

Et puis au v. 13 est introduite cette idée de pierre d’achoppement, d’occasion de chute. C’est que non seulement je porte un regard sur mon frère qui n’est pas à sa place, qui ne convient pas, mais en le faisant j’apporte quelque chose de négatif. Je fais du tort à mon frère.

À la fin du v. 15 « Ne détruis pas par ta viande celui pour lequel Christ est mort ». Avant c’était le domestique du Maître qui se tient debout pour son propre Maître. Maintenant c’est « celui pour lequel Christ est mort ». Et puis au v. 20 « À cause d’une viande, ne détruis pas l’œuvre de Dieu ».

On a là une gradation dans la gravité qu’il y a à apporter cette pierre d’achoppement. Au début il n’était pas du tout question de la pierre d’achoppement. C’est la manière dont je regarde mon frère. L’un entraîne l’autre. En le regardant comme cela, je prends la mauvaise place, je le mets à une mauvaise place, j’oublie que nous sommes à la même place l’un et l’autre et en faisant cela j’en arrive à la fois à toucher à celui qui est l’objet de l’amour du Seigneur qui a donné sa vie et par là même, à toucher à l’œuvre même de Dieu.

On n’imagine pas quand on voit juste au début, que l’un mange des herbes et l’autre mange de la viande, que l’un a égard à un jour et l’autre n’a pas égard à ce jour. On pense que ce sont des détails. Mais la manière dont je le perçois m’amène jusqu’à ce verset 20 : « À cause d’une viande, ne détruis pas l’œuvre de Dieu ». C’est solennel, quand on lit cela.

Peut-être un petit mot encore sur le tribunal de Dieu. On a cité tout à l’heure le tribunal de Christ dans 2 Corinthiens 5. Je pense qu’on peut dire que le tribunal de Dieu est une notion qui englobe d’une manière plus générale toutes les sessions du jugement. Il y a une différence fondamentale par rapport au tribunal de Christ devant lequel nous serons tous manifestés.

C’est qu’il s’agit d’un tribunal révélateur et non pas un tribunal accusateur. Ça c’est fondamental. Certaines âmes ont été troublées par cela en disant : mais alors je vais être devant le tribunal. Mais ce sera un tribunal révélateur. Pourquoi ? Parce que judiciairement notre culpabilité, Christ l’a portée.

Mais ce tribunal de Christ précèdera les noces de l’Agneau, de manière à ce que tout ce que nous n’avons pas vu dans notre vie, le déploiement de la grâce au milieu même de nos manquements que nous avons oubliés depuis longtemps ou que nous n’avons même pas saisis, il faut que tout cela soit révélé, mis en lumière, pour que nous puissions mesurer dans cette révélation la grâce dont nous avons été les objets et que nous puissions adorer dans l’éternité en connaissance de cause.

Le tribunal de Christ est un tribunal révélateur et non pas accusateur. On a entendu tout à l’heure que celui qui est assis sur le tribunal, sur le trône, c’est le Seigneur. Le Père a donné tout le jugement au Fils (Jean 5. 22). « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds » (Héb. 1. 13) citation du Psaume 110 induit déjà ce jugement.

Dans ce jugement il y a plusieurs sessions. J’en vois en tout cas deux, on a parlé du tribunal de Christ, révélateur, avant les noces de l’Agneau. Il y a une session de ce tribunal de Dieu lorsque le Seigneur apparaîtra pour établir son règne et qu’il jugera les méchants. On trouve cela par exemple dans Matthieu 25. 31. Nous serons associés à ce jugement.

« Quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire », c’est bien l’apparition du Seigneur pour établir son règne, ce n’est pas la venue du Seigneur pour nous chercher, «  et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui ; et il séparera les uns d’avec les autres ».

À ce moment-là avant d’établir son règne, le Seigneur va faire le tri entre ceux qui entreront dans son règne et ceux qui seront jugés, c’est-à-dire qu’ils seront précipités dans la mort. Et après le règne, lorsque les mille ans se sont déroulés, le règne de justice et de paix que le Seigneur Jésus va instituer, nous avons une autre session, une session définitive, de ce jugement judiciaire que nous trouvons à la fin de l’Apocalypse au chapitre 20 : « Et je vis un grand trône blanc » (v. 11) et à ce moment-là, même ceux qui ont été jugés avant le règne, précipités dans la mort, seront ressuscités.

Tous les hommes ressusciteront, pas seulement les croyants. Tous les hommes ressusciteront, ils auront de nouveau un corps, mais non pas une résurrection de vie, mais une résurrection de mort. Entre les deux résurrections, il y a mille ans, entre la première résurrection à laquelle nous participons et la deuxième résurrection qui est une résurrection de morts.

Là nous aurons la session définitive du tribunal de Dieu accomplie par le Seigneur Jésus sur le grand trône blanc qui précipitera dans l’étang de feu et de soufre tous ses opposants qui auront été ressuscités pour cette occasion.

En tous cas ceux-là qui auront été précipités dans cet étang, ne pourront rien dire. Ils n’auront pas droit à la parole. Ils se seraient peut-être beaucoup excusés, que ce n’est pas de leur faute etc. Eh bien ! ils ne pourront rien dire. Dans notre verset il est écrit : « toute langue confessera hautement Dieu ». Mais c’est déjà maintenant qu’on peut le dire. « Toute langue confessera hautement Dieu ».

Voilà à quoi sert notre langue, chers amis. Il est écrit : « à cause du Seigneur » (v. 6) ; « ayant égard au Seigneur » (v. 8) ; et « il rend grâces à Dieu », « et il rend grâces à Dieu » (v. 6). Ici il confesse hautement Dieu.

L’action de grâces très souvent – j’ai remarqué cela pour moi-même – est placée entre l’autre et moi, entre l’opinion des hommes et moi. Je n’ai pas besoin de savoir quelles sont les opinions des hommes. On a dit : Ce n’est pas ma conscience qui ne me reproche rien du tout ; il ne faut pas faire attention à ce que disent les autres. D’accord, ça c’est une chose. Mais il faut faire attention à ne pas juger non plus les autres.

Si je rends grâces, je ne juge pas, je suis gardé de juger. « Toute langue confessera hautement Dieu ». À quoi sert notre langue ? Justement à cela. Au lieu d’abreuver peut-être notre voisin ou notre prochain d’accusations, ou de penser médisances ou critiques, confessons hautement Dieu, rendons grâces à Dieu. Nous pouvons déjà l’adorer maintenant.

Je voulais dire quelque chose sur cette occasion de chute. Marie de Béthanie a fait une action magnifique. Il n’y a que le Seigneur qui l’a comprise. Tous les disciples l’ont critiquée. Ils ont critiqué son motif, ce n’était pas bien. Ils ont critiqué son action, c’est encore pire etc. Ils n’ont rien trouvé. Le Seigneur la défend. Quand quelqu’un te critique, le meilleur défenseur que tu peux avoir devant ces accusations, c’est le Seigneur.

Par contre, si tu commences à te défendre toi-même, le Seigneur sortira un petit peu derrière et puis il dira : « Écoute, tu as trouvé des avocats, tu te défends toi-même, je n’ai pas besoin de faire mon travail en quelque sorte ». Mais le Seigneur nous défend.

Je me rappelle un frère qui me disait, il me l’a dit une ou deux fois : « Tu sais, il y a un principe qui est très important. Si tu es sévère envers toi-même, tu seras indulgent vis-à-vis des autres ». Ce qui se passe, c’est souvent le contraire. On est très sévère vis-à-vis des autres et puis très indulgent pour soi-même.

On a parlé de jugement :  il faut juger, il ne faut pas juger. D’accord, il faut juger les choses parce qu’elles sont peut-être en mauvais état. Mais quand on juge les choses et puis qu’on est très tolérant pour soi-même et intolérant pour les autres, ça ne va pas non plus. Les disciples dans une autre occasion, ont été indignés. On les voit plusieurs fois indignés, même dans la présence du Seigneur : Ce n’est pas normal, Seigneur, que tu acceptes cela etc.

Par exemple on les voit indignés quand il y en a deux qui disent : Nous aimerions être à ta droite et à ta gauche dans le ciel. Les autres sont indignés parce qu’ils aimeraient aussi avoir la même place, donc ils jugent leurs frères et ils ne se disent pas : Mais le Seigneur est là, il a tout entendu, il a connu non pas ce que je suis en train de dire, mais il a connu ce que j’étais en train de penser et qui malheureusement est sorti par des paroles. Gardons parfois nos pensées, ne les exprimons pas toujours tout de suite.

Les frères sont indignés et le Seigneur dit : « Et quiconque sera une occasion de chute pour un des petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui mît au cou une pierre de meule, et qu’il fût jeté dans la mer » (Marc 9. 42). Là justement les disciples avaient dit : « Oh ! quelqu’un ne nous suit pas, etc. » Ils avaient été frappés d’exclusivisme : Il y a nous, et à part nous il n’y a personne.

Le Seigneur leur dit : Attention ! vous êtes une occasion de chute pour des petits. Eux, ils ne sont pas arrivés à ce niveau-là. Un défaut d’intelligence est bien moins grave qu’un défaut de caractère. Corrigeons nos défauts de caractère. Pour un défaut d’intelligence, si on vit près de Dieu, Il nous amènera à faire des progrès.

Les disciples disaient : il ne nous suit pas. Et le Seigneur leur dit : Attention ! vous êtes une occasion de chute pour des petits. Et qui le Seigneur prend-il comme exemple ? Il prendra toujours un petit enfant. C’est très curieux d’ailleurs. Quand le Seigneur a besoin de prendre un exemple, il y a un petit enfant toujours à côté de lui, pratiquement. Les petits enfants aimaient le Seigneur.

Si nous sommes petits à nos propres yeux, nous serons très larges pour les autres, mais nous serons très étroits par rapport au péché, par rapport à mes péchés, par rapport à moi-même, à ce que je suis moi-même. Je serai extrêmement sévère. Mais cette sévérité envers moi-même est toujours compatible avec l’indulgence pour les autres. « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés » (Mat. 7. 1). Et après l’apôtre ici dans le verset 13 dit : « Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre ; mais jugez plutôt ceci, de ne pas mettre une pierre d’achoppement ou une occasion de chute devant votre frère ».

Encore un verset pour ajouter à cette pensée que nous avons entendu par notre frère dans Jean 5, parce que je crois que comme il l’a dit, pour des âmes sensibles c’est vraiment un problème. Est-ce qu’il y a encore un jugement ou quelque chose comme cela ?

Le Seigneur dit clairement : « En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement » (Jean 5. 24). C’est un tribunal révélateur, ce n’est pas un jugement. Celui qui a accepté Jésus comme Seigneur, n’entre jamais en jugement parce qu’il y a eu quelqu’un qui a été notre place dans le jugement.

Si Dieu jugeait encore une fois, ce serait juger la vie que Lui nous a donnée ; ça veut dire juger le Seigneur une deuxième fois parce que la vie, c’est le Seigneur lui-même. C’est pour cela qu’il n’y a aucune question pour nous qui avons accepté Jésus comme Sauveur, d’entrer encore dans un jugement.

Dans ce verset nous trouvons aussi que c’est vraiment l’honneur que Dieu donne au Seigneur : « Car aussi le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ; afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père » (v. 22 et 23) et plus tard on voit dans ce chapitre que c’est le Seigneur comme fils de l’homme qui va exercer ce jugement.

Concernant cette pierre d’achoppement qui est une occasion de chute, c’est vraiment très solennel. Nous voyons ici qu’en mangeant de la viande, avec cette chose extérieure, on peut devenir une pierre d’achoppement, c’est-à-dire une occasion de chute pour la vie de foi pratique, pour la vie de foi en fait. Parce qu’à cause de nous quelqu’un mange cette viande avec une conscience qui n’est pas en paix et peut même s’écarter du chemin.

Maintenant, pour nous, je pense que c’est clair, ce n’est pas le problème de la viande ou des jours, normalement. Mais le principe que nous trouvons ici c’est que par mon comportement – peut-être que je pense que j’ai la liberté de faire ceci ou cela – je peux être l’occasion de la chute de mon frère ou de ma sœur.

Je reviens sur ce mot « juger ». Quelqu’un s’en va, quitte les rassemblements. On peut dire : Bon, c’est lui. Mais peut-être que c’est ma faute, peut-être que c’est à cause de moi. Certainement il faut être équilibré aussi sur cette question. Ce n’est pas qu’il ne faut jamais dire quelque chose à un frère ou une sœur, s’il y a des problèmes, si c’est fait par une attitude juste, cette attitude du Seigneur (Phil. 2), si c’est après des prières, pour le Seigneur, on peut le faire.

Mais ici, mon comportement, ma liberté peut-être, cela peut être une occasion de chute. Pour cela, avant de faire quelque chose, est-ce que je regarde vers le Seigneur, est-ce que je regarde le v. 15, l’amour ? Cela veut dire : Regardez mon frère, est-ce que ça peut être un problème pour mon frère ou est-ce que c’est pour le bien de mon frère ?

« Car si, à cause d’une viande, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour ». La liberté chrétienne, ce n’est pas seulement que j’ai la liberté de faire quelque chose, mais aussi de renoncer à certaines choses. Parce que nous parlons des choses qui ne sont pas nécessaires pour notre vie. Est-ce que je suis prêt à renoncer pour le bien de mon frère ou est-ce que je dis : Non, je n’ai aucune pensée pour mon frère, mais je fais les choses dont je suis convaincu ?

Non, ça veut dire que tu ne marches plus selon l’amour. « Ne détruis pas par ta viande celui pour lequel Christ est mort » : ici ce n’est pas par la viande, mais par ta viande. Cela personnalise pour ainsi dire ces choses. Tu penses : C’est mon droit. Non. L’apôtre dit : tu peux détruire l’œuvre de Dieu, celui pour lequel Christ est mort. Qu’est-ce que le Seigneur a fait ? Il est venu pour mourir pour toi, pour moi.

Et après si je dois renoncer à une chose, c’est trop pour moi ? Regardons vers le Seigneur. Il est mort pour cette âme. Alors je vais suivre les pas de notre Seigneur, renoncer pour le bien, par amour pour mon frère.

Pour prendre la suite du passage qui a été cité où le Seigneur a pris un petit enfant, on voit Jacques et Jean, tout de suite après, qui ont dit : On a rencontré des gens qui chassaient des démons. On trouve cela dans Luc 9. 49 et 50. « Et Jean, répondant, dit : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, et nous le lui avons défendu, parce qu’il ne te suit pas avec nous. Et Jésus lui dit : Ne le lui défendez pas, car celui qui n’est pas contre vous est pour vous ».

Bien-aimés, ne perdons pas notre temps à faire le procès des autres et même pas des milieux croyants. Nous risquerions d’établir une espèce de légitimité en torpillant les autres. Ne faisons pas cela. Ce n’est pas édifiant. Que nous puissions nous attacher à ce que nous avons compris de la vérité et laissons les autres avec leur Seigneur. Il y a un état d’esprit dont nous avons besoin d’être gardés, c’est de vouloir censurer les chrétiens et de donner cette impression qui n’est peut-être pas si fausse que cela, que nous pensons être les meilleurs. Nous avons besoin que le Seigneur nous délivre de cela.

Quelquefois cela s’appuie sur un esprit de jugement que nous avons vis-à-vis des autres croyants. Nous avons besoin d’être gardés de cela. C’est aussi une forme de jugement que le Seigneur ne nous autorise pas à avoir vis-à-vis des autres croyants. Nous avons besoin qu’il nous attache à ce que nous avons compris de la vérité sans faire le procès des uns et des autres.

Il y a un autre exemple dans l’Ancien Testament, c’est en Nombres 11. Il y a deux hommes qui prophétisent dans le camp. Ils s’appellent Eldad et Médad. Dans la fougue de sa jeunesse, Josué dit à Moïse : « Empêche-les ». Il est très près de Jacques et Jean. On leur a défendu. Nous voyons l’attitude de Moïse : Oh ! si tout le peuple prophétisait !

Que nous puissions avoir cette largeur de cœur, un cœur large dans un chemin étroit, nous attachant à ce que le Seigneur a bien voulu nous révéler, mais nous gardant de stigmatiser d’une manière un peu pharisaïque ce qui peut se faire ailleurs ! Nous ne mesurons pas la responsabilité des autres. D’ailleurs ils n’ont pas à faire à nous, ils ont à faire à leur Seigneur.

Chers amis, permettez-moi de dire encore quelque chose quant au sujet qui nous a occupés tout à l’heure. Nous avons parlé de jugement et que nous ne voulons pas juger. Nous avons lu ce passage de Matthieu 7. Nous avons bien vu que le jugement est aussi quelque chose qui peut tomber sur nous. Attention ! nous l’avons bien compris. Mais d’autre part nous ne voulons pas oublier qu’il y a quand même aussi une appréciation que nous donnons concernant les choses que nous voyons.

Je pense à la famille, je pense à l’assemblée locale. Il peut y avoir quand même des choses que nous devons apprécier, que nous devons aussi dans ce sens-là, juger. Sinon on pourrait laisser aller toutes choses comme elles ne sont rien. Tout serait possible. Eh bien, non, ce n’est pas tout est possible. Attention donc aussi à ce côté-là. D’ailleurs l’Écriture nous met des limites. Ce que nous avons ici, ce sont des appréciations. Nous avons vu que ce qui est permis ou pas permis par la conscience.

Mais il y a aussi des choses que l’Écriture permet et ne permet pas. Alors nous ne devons pas nous tromper quant à cela. Il y a des limites que la Parole nous donne. Il y a aussi des commandements que nous connaissons. Le Seigneur Jésus lui-même dit qu’il y a des commandements et celui qui a ses commandements et qui les garde, c’est celui-là qui l’aime. Est-ce que nous ne voulons pas aimer le Seigneur ? Oui. Alors nous allons aussi faire attention aux commandements que nous trouvons.

Quant à ces commandements donc, nous ne devons pas avoir une attitude légère pour dire : Oui, oui, ou bien c’est possible ou ce n’est pas possible. Je trouve que c’est peut-être nécessaire de le souligner encore. Nous le savons, il est vrai, mais j’aimerais bien quand même le dire aussi pour que nous cherchions à connaître la pensée du Seigneur, à connaître quand le Seigneur nous dit : Voilà, c’est un commandement.

Il y a des commandements que nous comprenons bien comme dans Jean 13 quand le Seigneur dit : « Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre » (v. 34). Mais il y a aussi d’autres commandements. Il y a aussi des commandements que nous trouvons dans le Nouveau Testament. Ce n’est pas parler de la Loi, c’est parler des choses qui plaisent à Dieu.

Nous comprenons que cela plaît au Seigneur. Pour le savoir, il nous faut être près du Seigneur, il faut avoir l’oreille près du cœur du Seigneur pour comprendre : voilà une chose qui Lui plaît et voilà une chose qui ne Lui plaît pas. Et quant à cela nous pouvons nous aider les uns les autres. Ce n’est pas tout à fait ce que nous avons ici mais c’est un côté que je ne voulais pas laisser tomber.

Au v. 15 « Car si, à cause d’une viande, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour ». C’est une direction qui est donnée dans la marche et dans la marche à l’égard de mes frères et sœurs. Quel est le leitmotiv, quel est le fil conducteur, vers quoi est-ce que je tends, ce par quoi je suis alimenté ? L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit.

Est-ce que je marche animé par ce mouvement, par ce regard, qui est marqué par l’amour de Dieu qui est versé en moi ? Si on continue plus loin : « ne détruis pas par ta viande celui pour lequel Christ est mort. Que ce qui est bien en vous ne soit donc pas blâmé ». Tout n’est pas à reprendre.

Nous ne sommes pas les uns et les autres, le fort dans son mépris, le faible dans son jugement, nous ne sommes pas que cela. Nous sommes autre chose aussi. « Que ce qui est bien en vous ne soit donc pas blâmé ». Il y a des choses qu’il faut poursuivre, il faut aller de l’avant en poursuivant, et qu’il n’y ait pas ce regard sur l’autre qui masque, qui cache, qui ralentit, qui occulte, qui noie ces bonnes choses et ces choses qui sont le fruit de l’Esprit.

Plus loin que nous est-il dit ? Il nous est parlé d’être agréable à Dieu et approuvé des hommes. Et puis ensuite : « Poursuivons les choses qui tendent à la paix et celles qui tendent à l’édification mutuelle ». Mais je voulais d’abord voir le v. 17 : « Car le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint ». Le royaume de Dieu n’est pas manger et boire. Manger et boire, c’est des choses qui ont leur place. Laissons-les à leur place.

Ce qui nous occupe dans la sphère de la marche de l’assemblée sur la terre, ce n’est pas cela. Oui, le monde peut dire : « Mangeons et buvons car demain nous mourrons ». Il n’a pas d’autre espérance. Il est sans Dieu et sans espérance dans le monde. Mais nous avons autre chose. Ce qui anime, ce qui est l’atmosphère de ce royaume de Dieu, c’est « justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint ».

Je voudrais justement relever ces trois mots. Ce n’est pas justice tout court, ce n’est pas paix tout court, ce n’est pas justice et paix, c’est justice, et paix, et joie. Justice : la mesure de Dieu est là, pleinement à sa place, pleinement reconnue, en toutes choses, le Dieu juste, le Dieu qui nous a justifiés, qui nous a rendus justes. Sa justice est là. Elle a pleinement – si je puis dire comme cela, c’est un peu faible – voix au chapitre. C’est une atmosphère, c’est-à-dire que ce n’est pas l’absence de conflit, c’est quelque chose qui nourrit, c’est quelque chose de positif dans le sens que c’est un ciment, c’est quelque chose qui nous lie, c’est quelque chose qui est dans toutes nos relations.

Et puis s’ajoute à cela la joie. On ne serait pas étonné au fond dans notre attitude naturelle, si on peut dire, dans nos raisonnements, de voir la justice et la paix et que ça s’arrête là. Mais non, il y a aussi la joie. La joie, c’est la conséquence. Y a-t-il joie quand je suis à regarder mon frère, ce qu’il fait et à critiquer ce qu’il fait ? Y a-t-il possibilité même de joie ?

Si on prend juste ces mots ensemble, l’amour du v. 15, ce qui est bon en vous, puis justice, paix et joie dans l’Esprit Saint, on a un tableau de quelque chose de totalement différent de ce qu’on avait au début de ce chapitre. On a un tableau qui est opposé, c’est un tableau d’une harmonie, c’est un tableau où, visible et sous-jacent, il y a le Seigneur. Visible parce que c’est par égard pour lui que nous faisons ceci ou cela. C’est en l’ayant, Lui, devant nous, c’est en étant nourris de Lui. C’est avec mon frère, avec ma sœur, pas avec quelqu’un qui est un étranger.

Est-ce qu’il ne nous arrive pas de considérer notre frère comme un adversaire ? Je dis des mots qui sont très forts. Parmi nous, justice, paix, joie, dans l’Esprit Saint, c’est-à-dire autant que c’est Lui qui rend cela possible, agissant en nous, si nous lui laissons la place, le champ libre pour agir. Nous pouvons empêcher l’Esprit Saint d’agir, nous pouvons le laisser agir. Si nous le laissons agir, alors il y a justice, paix, joie.

Peut-être encore une deuxième pensée sur le v. 16 : « Que ce qui est bien en vous ne soit donc pas blâmé ». Dans celui qui était fort, il y avait quelque chose de bien. Ça veut dire qu’il était tout à fait bien de jouir de cette liberté chrétienne. Mais si je détruis par cette liberté l’œuvre de Dieu, l’œuvre de Christ, dans l’âme de mon prochain, de mon frère, même ce bien est blâmé. Ce bien que Dieu nous a donné comme liberté, sera blâmé parce qu’en utilisant cette liberté, je fais tomber mon frère.

C’est pour cela qu’il faut être vraiment prudent pour ne pas utiliser cette liberté qui est bien en elle-même certainement. Mais si ce n’est pas en amour, pour le bien de mon frère, c’est même le bien qui peut être blâmé. Car le royaume de Dieu, nous comprenons bien qu’il s’agit aujourd’hui des caractères moraux de ce royaume ; ce n’est pas une chose extérieure, ça sera le cas plus tard certainement.

Mais aujourd’hui ce n’est pas une question de manger et de boire, mais ces trois caractères, l’essence de ce royaume. La justice nous donne les limites en fait. Je ne peux pas accepter tout, certainement pas. Il faut être dans la justice de Dieu. Ce doit être sur le juste chemin avec l’appréciation de Dieu. C’est la première chose, ça doit être juste. Deuxièmement : Est-ce que ce que je fais, est-ce que ce que je laisse, est pour la paix de nous deux ? Ou est-ce que ça donne des troubles ?

Si je prends ma liberté, c’est pour le trouble de mon frère. Si je juge le fort, c’est pour le trouble de notre relation. Est-ce que nous poursuivons vraiment la paix entre nous ? Ou est-ce que je cherche à être celui qui a raison ? Il y a justice, et paix, et joie. Est-ce que mon comportement vis-à-vis de mon frère a comme résultat la joie vraie ? Ou est-ce que ça donne de la tristesse ? Est-ce que ça donne des problèmes dans le cœur de mon frère et même dans le mien ?

Dans le caractère du royaume de Dieu, ce sont ces trois choses : justice, et paix, et joie, et comme nous l’avons entendu, dans l’Esprit Saint. Il est remarquable que nous trouvions dans ces choses qui nous semblent simples, le Seigneur, Dieu et l’Esprit Saint. Ça veut dire vraiment Dieu dans son unité. Ces personnes de la déité s’occupent de nous dans ces choses. Si ces choses sont si importantes pour Dieu, ça doit aussi vraiment changer nos attitudes, nos comportements, pour le bien de notre frère, pour vraiment établir pratiquement ces caractères du royaume.

Le verset 18 nous donne par rapport au fil d’or évoqué tout à l’heure, un point important : servir le Christ. Nous avons l’occasion de servir le Christ là où l’ennemi voudrait semer le trouble et la division et la dissension et les difficultés entre les frères et les sœurs.

Il est remarquable que l’apôtre emploie ici pour le mot servir, l’expression que nous avons dans le chapitre 6 des Romains. Servir, ici, nous dit la note i, comme au chapitre 6 verset 6 : « sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché » et la note j au sujet de servir nous dit : servir, ici : être esclave, servir comme tel.

Donc la fin de la démonstration – dans ce paragraphe en tout cas -, si nous pouvons dire ainsi, de l’apôtre Paul conduit par l’Esprit de Dieu, c’est de nous dire : Vous avez là une occasion de manifester que vous êtes esclaves de Christ, esclaves de Celui qui a servi comme personne n’a jamais servi et qui est maintenant le Seigneur. Et si nous repassons simplement en revue dans ce premier paragraphe ce que nous avons vu de ce fil d’or, au chapitre 14. 3 nous avons vu que Dieu l’a reçu, nous avons vu au v. 4 que le Seigneur est puissant pour le tenir debout.

Je ne veux pas revenir sur l’enseignement qui nous a été donné. Nous avons vu au v. 6 que celui qui mange ou qui ne mange pas, le fait à cause du Seigneur. Nous voyons au v. 15 : « Ne détruis pas par ta viande celui pour lequel Christ est mort ». C’est toujours cette raison fondamentale qui va gouverner les relations entre les croyants.

Quand nous en venons à ce qui nous a été dit par l’apôtre quant au tribunal de Dieu, et que chacun rendra compte pour lui-même à Dieu, on peut dire que là le Seigneur apparaît comme si l’apôtre disait : N’allez pas ravir au Seigneur la gloire qui est la sienne, qui a été annoncée longtemps à l’avance dans le chapitre 45 d’Ésaïe. C’est Lui qui est établi juge des vivants et des morts.

N’allez pas en jugeant ou en méprisant, au fond vous substituer à ce qui est la prérogative du Seigneur et ainsi ôter quelque chose de sa gloire ou en tout cas y attenter. Nous voyons que la direction dans laquelle l’apôtre conduit les pensées des croyants de Rome, c’est de les tourner vers le Seigneur, vers Celui dont ils désirent comme tous les croyants, être des serviteurs. Eh bien ! nous avons l’occasion de servir le Seigneur de cette manière.

En faisant cela, comme on l’a dit souvent, l’ennemi fait une œuvre qui le trompe. Que nous ne donnions pas occasion à l’ennemi en suivant ses pièges, mais qu’au contraire nous soyons dirigés par l’Esprit de Dieu afin de servir le Seigneur !

Dans les deux paragraphes qui suivent, quelle explosion, on peut dire ! Autant il y avait des remarques et des exhortations, et des choses qui prêtaient plus à reproche presque, autant maintenant nous sommes placés devant tout ce qui est positif, tout ce qui est produit par cet Esprit de Dieu dans ceux qui servent le Seigneur.

Nous voulons tous servir le Seigneur, n’est-ce pas ? Nous voulons être utiles pour Lui. Alors maintenant, nous l’avons lu, nous pouvons être utiles pour Lui, le servir Lui, si nous présentons comme nous l’avons lu dans le début du chapitre 12, notre corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu.

Et maintenant qu’est-ce qui nous a été dit dans les versets depuis le début du chapitre 12 ? Premièrement nous sommes membres du corps, comment nous pouvons servir les uns et les autres ; et l’autre aspect, dans le chapitre 13, c’était comment nous pouvons nous comporter dans le monde vis-à-vis du gouvernement, des autorités.

Maintenant ici, comment nous qui nous sentons souvent tellement forts, qu’avec notre force nous pouvons même écraser les faibles, détruire les faibles, détruire même leur foi. Alors maintenant il nous est dit à la fin de tout cela, c’est ainsi que nous pouvons faire un service agréable à Dieu : « Car celui qui en cela sert le Christ est agréable à Dieu ».

Au début du chapitre 12 nous avons vu de qu’est un sacrifice agréable à Dieu, d’offrir nos corps en sacrifice vivant. C’est cela notre service ici dans ce monde, un service vis-à-vis des membres du corps, un service dans notre entourage, comment nous nous comporterons. Est-ce que notre liberté chrétienne nous l’utilisons pour montrer combien nous sommes forts, ou est-ce que nous l’utilisons comme cela nous a été dit dans le v. 17 ?

C’est justice, ce qui est juste devant Dieu ; paix, cherchons la paix. Est-ce que nous sommes ceux qui sèment le trouble ou des gens qui cherchent la paix ? La paix surtout aussi vis-à-vis de nos frères et sœurs. Combien il y a des luttes, des malentendus entre frères et sœurs parce qu’on a d’autres pensées sur des petites choses, parce que nous nous sentons plus forts, parce que ce que nous avons jugé comme bon, nous voulons le dire à d’autres. Mais c’est notre pensée. Si c’est une pensée qui est fondée sur la Parole, si c’est la pensée de Dieu, il nous faut insister sur les pensées de Dieu, mais pas sur nos pensées.

C’est justice et paix et joie. Si je suis en paix avec Dieu, si je poursuis la justice, si je suis en paix avec mes frères et sœurs, quelle joie, quelle joie nous avons de marcher ensemble, selon la pensée de Dieu, selon sa Parole, si nous montrons ainsi que nous sommes ses témoins dans ce monde, quelle joie ! Ici cette joie se montre dans notre comportement ensemble.

Et cette joie va se montrer dans ce monde. Ils vont dire : Voilà ce n’est pas des chrétiens qui sont toujours tristes. Non. C’est des chrétiens qui sont joyeux dans le Seigneur, qui ont la joie de se réunir ensemble, qui ont la joie de suivre ensemble le Seigneur. C’est cela notre service envers Dieu, « agréable à Dieu », cherchant ce qui est agréable à Dieu.

Et puis ce n’est pas seulement agréable à Dieu. Il y a ces deux aspects, l’aspect vis-à-vis de Dieu, et aussi vis-à-vis des hommes. « Et approuvé des hommes ». On voit que c’est « agréable à Dieu » et « approuvé des hommes ». Souvent que cherchons-nous en premier ? C’est d’avoir une bonne renommée, que les hommes nous estiment. Mais c’est premièrement « agréable à Dieu ». Et ainsi c’est aussi « approuvé des hommes ».

Le chapitre a commencé par cette exhortation assez simple : « Quant à celui qui est faible en foi, recevez-le ». On peut se demander : mais qu’est-ce que ça veut dire « recevoir » ? Je pense que ça veut dire : J’accepte d’avoir une relation positive avec tel frère, j’accepte cela, je cultive le fait d’avoir une relation positive avec un frère, avec mon frère, que le Seigneur me donne.

Nous avons parlé de juger et de mépriser. C’est quelque chose qu’on fait de très loin. Quand on est proche, quand on a accepté d’avoir une relation positive avec un frère, avec une sœur, dans un sens on ne peut pas juger, on ne peut pas mépriser, parce que c’est quelque chose que l’on fait de loin. Quand on est en présence de ce frère, on ne pourrait pas le lui dire. Si même il y avait quelque chose à juger, à redresser, nous avons un chemin très clair, très positif que le Seigneur nous donne. Il faut se laver les pieds les uns aux autres. Il y a un chemin pour cela.

Mais le Seigneur nous fait découvrir par ce passage que nous devrions être très attentifs au bien que le Seigneur a placé dans mon frère, et le bien que le Seigneur a placé en moi, mon frère devrait le percevoir aussi. Nous trouvons ici des indications quant à ce bien et qui va parfois très loin parce que nous avons vu dans le début du paragraphe que, outre le fait que celui qui respecte par exemple le jour, y a égard à cause du Seigneur ; il mange à cause du Seigneur, il rend grâces à Dieu, c’est une chose extrêmement positive, extrêmement noble.

C’est vraiment ce que Dieu nous demande de faire, ce que le Seigneur nous demande, que nous acceptions et que nous vivions sous son autorité et que nous soyons reconnaissants en toutes choses. Or celui-là qui s’est tenu à distance de son frère, il ne sait même pas ce que le frère fait de positif – il ne le sait pas. Il n’a pas de proximité, il n’a pas de communion, avec ce frère. Il passe à côté de ce que ce frère réalise devant Dieu.

Et puis ici il est dit dès le début au sujet du domestique : « Il se tient debout ou il tombe pour son propre maître ». C’est quand même quelque chose d’extrême d’être prêt à tomber pour son maître, à perdre sa vie pour son maître. C’est une chose extraordinaire et voilà je suis passé à côté de cela, parce que pour une raison ou une autre, une chose qui peut-être était quand même de peu d’importance, j’ai refusé d’avoir une relation positive avec ce frère. Je ne l’ai pas reçu et je ne me suis même pas rendu compte que ce frère, tel qu’il est, Dieu l’a reçu. Dieu l’a reçu et moi, je ne suis pas capable de le recevoir.

Mais alors justement dans la partie que nous abordons maintenant, nous avons des choses très positives. Nous avons tellement besoin les uns des autres et c’est pour cela aussi que le Seigneur nous a donnés les uns aux autres. C’est tout le bien que nous pouvons nous faire, mais avec la connaissance aussi que nous avons les uns des autres.

Par exemple dans le v. 21, il est dit : « Il est bon de ne pas manger de chair, de ne pas boire de vin, et de ne faire aucune chose en laquelle ton frère trébuche, ou est scandalisé, ou est faible ». Ça veut dire que dans la relation et la communion que j’ai avec mon frère, je sais quels sont les points où il peut avoir des problèmes car je connais mon frère. Je sais qu’il y a des choses qui peuvent le faire broncher, je les connais et où il peut être choqué, scandalisé.

Je les connais parce que j’ai une vraie proximité avec mon frère. Je sais qu’il y a une chose où il est faible et donc, je vais faire attention à cela. Mais c’est aussi parce que je le sais. Mais je ne peux pas savoir cela de loin, ce n’est pas possible. Il faut que j’aie une proximité avec mon frère. Je dois travailler à cela.

Ensuite nous retrouvons des choses qu’on a déjà vues v. 17 et 18. Nous avons au v. 19 des choses qui tendent à la paix, des choses qui tendent à l’édification mutuelle. Ça veut dire que ce n’est plus du tout la destruction, mais c’est la construction. Les uns et les autres, nous pouvons nous faire grandir.

Et puis si nous allons dans le chapitre 15, nous voyons que les forts portent les infirmités des faibles. Ça aussi c’est extraordinaire. On ne peut pas faire cela de loin : porter les infirmités des faibles. On peut rappeler aussi effectivement comme on l’a déjà dit, une infirmité, ce n’est pas un péché. Mais c’est une chose que l’on peut porter avec son frère.

Et puis chercher à plaire à son prochain en vue du bien, pour le bien, pour l’édification de mon frère. Tout cela dépend de cette attitude de départ : recevez-le. Est-ce que j’accepte de me donner à mon frère et d’avoir une relation positive avec mon frère ? Les choses vont encore beaucoup plus loin parce que ces deux frères qui en apparence au départ ne sont pas du tout faits pour marcher ensemble, qui ont de grandes différences, de grands problèmes, est-ce que ces deux frères vont arriver ensemble à glorifier Dieu d’un commun accord, d’une même bouche ?

Et c’est bien à cela que nous sommes appelés, ensemble, unis ensemble par de vrais liens, des liens profonds, des liens de connaissance, des liens de communion, des liens d’amour, des liens dans la justice, dans la paix et dans la joie. Que nous puissions nous présenter là le dimanche matin au culte avec un même sentiment selon le Christ Jésus, dans un commun accord, dans une même bouche et glorifier le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ !

Avoir un même sentiment ou avoir une même pensée, ça ne veut pas dire forcément penser la même chose. Avoir une même pensée, un même sentiment, c’est ce sentiment que le Seigneur soit glorifié. On peut avoir des pensées différentes sur plusieurs points, mais avoir ce profond désir que le Seigneur soit glorifié.

Ces quatre mots, amour, justice, paix, joie, bien-aimés, que nous puissions être tous exercés pour que ce soit l’ambiance de toute notre vie d’assemblée. Quelquefois on se dit : « Nous avons une bonne doctrine », et puis nous la discréditons complètement. Nous parlons de l’unité du corps et nous sommes complètement divisés dans un rassemblement. Mais qui est-ce que nous cherchons à tromper ?

Si quelqu’un vient, comme on dit, « de l’extérieur », qu’il entre dans un rassemblement, vous savez, ce n’est pas beaucoup la doctrine qui va l’impressionner. Mais si justement il respire une atmosphère d’amour, de justice, de paix, de joie, des gens qui sont très différents les uns des autres, mais qui enseignés par le Saint Esprit pour manifester cela, voilà quelque chose qui est à la gloire du Seigneur et qui accréditera une doctrine juste à laquelle nous sommes attachés.

Pour ne pas scandaliser je voudrais dire encore deux choses. Nous avons dans le chapitre 17 de Matthieu où même le Seigneur, possesseur des cieux et de la terre, créateur des mondes, dans son humilité, a dit à son disciple Pierre : « … afin que nous ne les scandalisions pas » (v. 27). Quelle humilité et en même temps quelle puissance pour commander à un poisson de faire venir un statère dans la gueule de ce poisson pour payer ces impôts ! Quelle grandeur morale !

« Afin que nous ne les scandalisions pas ». Il nous donne cet exemple. Pierre qui avait cru défendre son Maître comme il le fera plus tard à Gethsémané. « Les receveurs des didrachmes vinrent à Pierre, et dirent : Votre maître ne paye-t-il pas les didrachmes ? » Bien sûr qu’il paye, c’est un bon Juif, mon Maître ! « Que t’en semble, Simon ? » Le Seigneur montre sa position, qu’Il est au-dessus de tout ; mais malgré cela : « pour que nous ne les scandalisions pas » …

La dernière chose que je voudrais dire, c’est peut-être une difficulté. Peut-être que plusieurs d’entre nous ont pensé à un passage où on pourrait dire : mais pourtant l’apôtre Pierre lorsqu’il était avec des nations mangeait avec eux (Gal. 2 à partir du v. 11) et puis ensuite quand sont venus des gens de Jérusalem, de chez Jacques, c’est-à-dire certainement un frère principal de Jérusalem, il s’est retiré. On dira : c’est très bien, il ne voulait pas les scandaliser, il ne voulait pas les choquer.

Il s’agit de points qui touchent à la conscience, sur laquelle la Parole ne tranche pas, et non pas sur des points de doctrine. Tout de même je ne vais pas aller désobéir pour ne pas attrister mon frère. Il y a quelque chose qui ne va plus là, nous sommes bien d’accord. Et en effet le fait de se retirer parce qu’il avait peur de la réaction de ces Juifs, était en train de mettre à mal l’enseignement et combien Paul y était sensible, lui qui écrira aux Éphésiens que le mur mitoyen de clôture est rompu, qu’il n’y a plus de Juifs, qu’il n’y a plus de Grecs, qu’il n’y a plus d’esclaves, qu’il n’y a plus d’hommes libres.

Là c’était porter atteinte à la vérité telle que le Seigneur l’avait donnée. Et alors là il n’y a plus de question de scandaliser ou d’attrister, il fallait qu’il soit conforme à l’enseignement qu’il avait reçu du Seigneur. Cet exemple que l’on trouve en Galates 2, est que Paul reprend vertement Pierre, surtout que Pierre avait eu des expériences lorsque la toile est descendue et qu’il avait été enseigné par ces choses.

Voilà qu’il retombe dans ce même travers, de vouloir dire : Non, il y a les Juifs d’un côté et puis il y a les nations de l’autre ; et puis il ne mangeait plus parce qu’il disait : On va me faire des reproches. C’est bien une question de conscience sur des points que la Parole ne touche pas et non pas de faire des compromis avec la doctrine et la vérité telle que l’Écriture nous la révèle.

Alors dans le v. 19 on a pour ainsi dire ce résumé des versets précédents : que nous poursuivions les choses qui tendent à la paix, nous cherchions la paix. Ici, ce n’est pas concrétiser la paix entre les frères, mais c’est le résultat si nous marchons selon l’amour.

Et deuxièmement les choses qui tendent à l’édification mutuelle. Est-ce que j’ai à cœur d’avoir vraiment l’édification, le bien de notre frère ? Ne pensons jamais : je suis utilisé pour l’édification de l’autre. Non, c’est mutuel. C’est pour le bien de nous deux. Ne pensons jamais que c’est juste pour le bien de l’autre. Je sais déjà tout et je fais comme le Seigneur ? Non. C’est mutuellement pour les uns comme pour les autres.

Les versets 20 à 23 touchent le point que nous avons déjà vu : la conscience. Si je fais des choses contre ma conscience, l’apôtre dit : c’est pécher. Soyons vraiment clairs que nous ne devons jamais agir contre notre conscience. Mais comme nous l’avons entendu, la conscience n’est pas la mesure, mais c’est la Parole de Dieu.

Nous lisons ces versets pour croître dans la connaissance de la Parole, du Seigneur, dans la grâce. Mais si je fais quelque chose qui est un modèle pour mon frère, et si par moi il fait quelque chose contre sa conscience, c’est moi aussi qui suis coupable pour le péché de mon frère. Gardons nos pensées et nos comportements pour le bien de notre frère.

« Toi, tu as de la foi ; aie-la par devers toi-même devant Dieu » (v. 22). Nous sommes tous devant Dieu. Et si j’ai la foi, je peux accomplir des choses devant Dieu certainement, s’il n’a pas touché la conscience de mon frère. Et si je ne le fais pas pour mon frère, Dieu le voit.

Il voit que j’ai la liberté, mais je renonce à cette liberté pour mon frère et cela sera pour mon salaire parce que Dieu voit que je renonce pour mon frère, pour Dieu. Dieu nous montre que la conscience a sa place dans nos vies et qu’il faut être prudent pour ne pas toucher négativement la conscience de mon frère.

Une petite remarque sur les choses qui tendent à la paix, celles qui tendent à l’édification mutuelle. On a dit au début de cette réunion qu’il ne s’agissait pas pour les uns ou pour les autres de forcer notre frère. Il ne s’agit pas en effet de forcer, mais de présenter ce qui tend à l’édification, il s’agit d’accompagner, si on peut dire, de placer sur le cœur de chacun, sur la conscience aussi ce qui va contribuer à nous faire avancer dans ce chemin de la connaissance de la pensée de Dieu, dans ce chemin de la liberté en Christ.

On a souligné que cette édification mutuelle, c’est ce qu’on trouve dès le début de l’épître aux Romains. C’était, si on peut dire, le but de l’apôtre Paul lorsqu’il écrit cette épître ou lorsqu’il leur dit : « Je désire ardemment de vous voir, [comme il ne pouvait pas les voir à ce moment-là, il leur écrivait] afin de vous faire part de quelque don de grâce spirituel, pour que vous soyez affermis, c’est-à-dire pour que nous soyons consolés ensemble au milieu de vous, vous et moi, chacun par la foi qui est dans l’autre » (1. 11 et 12).

L’apôtre Paul savait très bien qu’il y avait ceux qui étaient plus forts et ceux qui étaient plus faibles et l’apôtre Paul lui-même jouissait certainement plus que beaucoup d’autres de cette liberté qu’il avait dans le Seigneur. Son désir était bien que les croyants soient affermis, son désir était bien l’édification.

Mais pour autant il n’oublie pas cet aspect mutuel lorsqu’il dit : « pour que nous soyons consolés ensemble au milieu de vous, vous et moi, chacun par la foi qui est dans l’autre ». L’apôtre savait discerner et désirait discerner cette foi qui était dans un frère qui pouvait paraître plus faible et il était prêt à recevoir aussi un encouragement, une source de consolation, en voyant cela, par cette foi du frère. « Consolés ensemble au milieu de vous, vous et moi ». C’est cette édification mutuelle.

Après effectivement nous voyons que l’apôtre va mettre les choses en regard, si nous pouvons dire. Est-ce que nous pouvons mesurer l’importance des choses, est-ce que nous pouvons mesurer d’un côté ce que je me sens être libre de faire – là c’était une viande, manger ceci ou cela, je suis libre -, mais d’un autre côté qu’est-ce qui est mis en face de cela ? L’œuvre de Dieu. Alors qu’est-ce qui a le plus de poids, qu’est-ce qui a le plus de valeur, ma liberté de manger, ou l’œuvre de Dieu ?

Si nous sommes droits devant le Seigneur, la réponse est évidente pour chacun de nous. Il est bon de ne pas faire cette chose dans laquelle un frère bronche ou est scandalisé ou est faible. Qu’est-ce qui est important ? Que je mange de la chair, que je boive, et quelle est l’importance de cela par rapport au risque que mon frère soit scandalisé, qu’il soit faible et que cela au lieu de l’édifier, je vais l’amener à se ramener encore plus sur sa faiblesse, peut-être ressasser sa faiblesse, parce qu’il va voir la liberté que j’ai et lui n’a pas cette liberté ?

L’apôtre nous appelle à mettre les choses en face l’une de l’autre, ce qu’est ma liberté, ma liberté en Christ et puis ce qu’est l’œuvre de Dieu, le bien de mes frères. Il souligne : « Toi, tu as de la foi ; aie-la par devers toi-même devant Dieu » et « celui qui hésite, s’il mange, est condamné, parce qu’il n’agit pas sur un principe de foi ».

On peut entraîner facilement notre frère. On lui dit : « Mais écoute, mon frère, tu vois bien, nous sommes des chrétiens, nous sommes libres, tu vois bien que moi je suis libre, il y a d’autres frères qui sont libres de faire ceci ou cela. Tu as des scrupules, mais enfin comprends bien que les scrupules, c’est déplacé. Viens avec nous, fais comme nous ».

C’est facile, on peut le faire avec beaucoup de bonne volonté pour encourager un frère. Et puis il va le faire parce qu’il est entraîné, mais il a un remords, il hésite, il bronche, il a quelque chose dans son cœur qui fait qu’il n’est pas à l’aise.

Il est bon de nous encourager et de nous exhorter à travailler à l’édification, mais pas de forcer la conscience d’un frère, pas de l’amener à faire quelque chose qui peut-être est juste, mais à propos de quoi sa conscience n’est pas libre et il va trébucher.

Je pense que c’est vraiment important parce qu’on peut commettre une erreur comme cela avec beaucoup de bonne volonté, le désir d’encourager quelqu’un à saisir la liberté dans laquelle il est. Mais ce n’est pas en forçant sa conscience qu’on le fera, c’est en recherchant ensemble ce qui tend à l’édification et même, comme l’apôtre Paul le disait, en étant encouragé chacun par la foi qui est dans l’autre. Si mon frère réalise que sa foi m’encourage, est-ce qu’il ne va pas lui-même être encouragé à progresser ?

Avant de continuer sur ce sujet, excusez-moi de revenir en arrière sur ce qui a été dit plus tôt. Je n’ai pas été au bout de ma pensée concernant la femme surprise en adultère. Les pharisiens, les scribes, viennent au Seigneur Jésus pour la juger. Ce qu’ils disent est vrai, elle a été surprise en adultère. D’après la Loi elle doit être lapidée. Que répond le Seigneur ? Le Seigneur dit : « Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle ».

Du plus âgé au plus jeune, ils s’en vont. Pourquoi ? « Du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés » (Mat. 7. 2). Bien sûr l’adultère était un grave péché. Il est dit aussi de la Loi « quiconque gardera toute la Loi et faillira en un seul point, est coupable sur tous » (Jac. 2. 10). Ils doivent s’en aller. Et puis, ce qui est extraordinaire, le Seigneur dit : « Femme, où sont-ils, ceux-là, tes accusateurs ? Nul ne t’a-t-il condamnée ? Et elle dit : Nul, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te condamne pas ». Incroyable pour nous ! Il y avait la grâce de Dieu qui était là.

Il savait ce qu’il y avait dans le cœur de cette femme et que dit-il ? « Moi non plus, je ne te condamne pas ». Ensuite « Va, – dorénavant ne pèche plus ». La grâce est là. Au détriment de la vérité ? Non. « Dorénavant ne pèche plus ». Mais la grâce était là. Bien-aimés, est-ce que nous souvent nous n’agissons pas comme les pharisiens ?

Nous voyons le côté de la sainteté de Dieu et c’est important. N’oublions pas le côté de l’amour de Dieu, de la grâce de Dieu. Lui sait ce qu’il y a dans les cœurs.

En revenant maintenant à ce sujet, nous avons donc lu au v. 13 : « Jugez plutôt ceci, de ne pas mettre une pierre d’achoppement ou une occasion de chute devant votre frère ». Nous avons lu au v. 15 : « Car si, à cause d’une viande, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour ». Et nous avons lu ici : « Il est bon de ne pas manger de chair, de ne pas boire de vin, et de ne faire aucune chose en laquelle ton frère bronche, ou est scandalisé, ou est faible ».

Il est bon de prendre des exemples. Cela nous parle beaucoup plus. On peut parler dans l’abstrait mais soyons concrets. Prenons donc un exemple. Nous avons entendu le fait d’être séparés, homme et femme. On n’a pas eu la réponse mais on a bien compris que ce n’était pas une affaire de doctrine, mais de coutume, d’habitude.

Si maintenant je décide : Moi, je vais me mettre avec ma femme du côté femmes, tant pis. Est-ce que tu fais quelque chose de mauvais quant à la vérité ? Non. Mais par contre si tu attristes les frères et sœurs, si tu causes du trouble à cause de cela, eh bien, ne le fais pas, sinon c’est pécher.

Un autre exemple qui, je pense va nous parler à tous : c’est peut-être un sujet dont il est délicat de parler, mais c’est un sujet qui touche beaucoup de personnes : le port du pantalon pour la femme, pour les sœurs. Un sujet qui a déjà créé beaucoup de troubles. Première question : Est-ce que porter un pantalon maintenant, est-ce que c’est porter un pantalon d’homme ? Franchement je ne vais pas acheter un tailleur-pantalon et le mettre, moi. C’est très clairement un habit de femme, pantalon, veste. Il y a des pantalons qui sont typiquement des pantalons de femme que je ne mettrais jamais.

Donc pour une sœur, pour une femme, porter un pantalon, ce n’est plus quelque chose qui est contre la doctrine. Mais si maintenant je me dis : Puisque je suis libre de le faire, puisque ce n’est pas quelque chose de contraire, je vais le faire. Eh bien, nous avons lu que si en faisant cela tu attristes ton frère ou ta sœur, nos frères et sœurs âgés notamment, ce n’est pas une bonne chose. Nous n’avons pas à attrister. Si cela crée du trouble dans l’assemblée, tu n’as pas à le faire.

Il nous est dit aussi de ne pas être une pierre d’achoppement, une occasion de chute. Peut-être que toi dans ta conscience tu es libre de le faire, mais peut-être que tu vas être un exemple pour les plus jeunes, tu vas peut-être créer des conflits dans des familles, à cause de cela, pour un plus jeune qui n’a pas compris la même chose. Alors pour cette deuxième raison, ne le fais pas non plus, même si tu te sens libre.

Tu es libre devant Dieu, mais à partir du moment où tu crées de la tristesse, des troubles, une occasion de chute, il ne faut pas le faire. Tu peux maintenant en tant qu’enfant le dire aussi : J’ai entendu maintenant que ce n’était pas une mauvaise chose. N’oublie pas non plus qu’en tant qu’enfant tu dois obéir à tes parents. Si tes parents t’ont dit de ne pas le faire, ne le fais pas, par obéissance au Seigneur. Voilà un exemple très concret.

Nous pouvons faire des choses si nous avons la liberté de les faire, mais nous devons faire attention aux résultats que cela peut engendrer. Alors on peut dire : Oui, mais, voilà quand je suis dans le privé, je mets un pantalon et puis à l’assemblée je n’en mets pas. C’est hypocrite. Qu’est-ce qu’il y a dans ton cœur ? Est-ce que tu le fais dans un sentiment où tu n’es pas à l’aise ou est-ce que tu le fais pour plaire au Seigneur ?

Tu es libre de mettre un pantalon, mais pour plaire au Seigneur, tu te changes. Je connais des familles où les filles mettaient le pantalon, mais quand c’était pour manger à table quand le grand-père venait, elles se changeaient. Pour faire plaisir au Seigneur, pour ne pas créer du trouble. Voilà un exemple mais nous pouvons en trouver d’autres.

Que ce que nous faisons, nous le fassions pour le Seigneur, pour la paix. Et nous avons ce verset : « Poursuivons les choses qui tendent à la paix » (v. 19). Bien-aimés, la paix, pourquoi devons-nous la poursuivre ? Parce qu’elle nous fuit. Combien vite arrivent les conflits ! Nous devons rechercher la paix.

Il y a deux autres versets dans la Parole qui nous en parlent. « Poursuivez la paix avec tous, et la sainteté, sans laquelle nul ne verra le Seigneur, veillant de peur que quelqu’un ne manque de la grâce de Dieu » (Héb. 12. 14 et 15). De nouveau poursuivre la paix et la sainteté de peur que quelqu’un ne manque de la grâce de Dieu, cette grâce si importante.

Un autre verset dans la 1ère épître de Pierre au chapitre 3. Nous lisons au v. 8 : « soyez tous d’un même sentiment, sympathisants, fraternels, compatissants, humbles » et puis au v. 11 : « qu’il recherche la paix et qu’il la poursuive ». Est-ce que nous avons le désir d’avoir la paix dans nos familles, dans l’assemblée ? En ayant cette paix, ce sera l’édification aussi. C’est la paix qui édifie. N’avons-nous pas tous besoin de cette paix ?

Une dernière remarque : Un frère a dit que quelqu’un qui vient de l’extérieur, lorsqu’il entre dans une assemblée, ce n’est pas la doctrine qu’il va juger, c’est l’atmosphère. J’aimerais lire un verset dans l’évangile de Jean au chapitre 13 : « Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (v. 34 et 35).

Le verset 1 du chapitre 15 va introduire une conclusion : « Or nous devons, nous les forts, porter les infirmités des faibles, et non pas nous plaire à nous-mêmes ». On peut relever d’abord « nous les forts ». Paul s’associe lui-même à ceux qu’il appelle forts. Mais en même temps on peut dire qu’il place la barre assez haut.

Au lieu d’avoir ce regard qu’on a évoqué tout au long de la journée sur celui qu’on qualifie de faible, il faut avoir un autre regard. La faiblesse de l’autre, d’abord est-elle réelle ? Mais ce n’est plus là le sujet. Supposons qu’il y a faiblesse. Nous avons à porter cette faiblesse avec lui, « porter les infirmités ».

La deuxième partie de la phrase nous éclaire sur ce que cela veut dire par une négation : « non pas nous plaire à nous-mêmes », non pas se complaire dans le sentiment qu’on est fort. Alors tout de suite, au v. 3, l’apôtre place devant nous le modèle : « Car aussi le Christ n’a point cherché à plaire à lui-même, mais selon qu’il est écrit : « Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi » avec ce rappel qu’on a à plusieurs reprises dans d’autres passages, pour quoi ces choses de l’Ancien Testament ont-elles été écrites, à quoi elles nous servent. Elles sont là pour notre instruction.

Le Seigneur est devant nous un modèle que nous sommes appelés à regarder, être des imitateurs de Christ, apprendre de lui. Bien sûr la mesure de ce que le Seigneur a accompli, nous ne l’atteignons pas. Je crois qu’il nous est utile quand même de lire en rapport avec ce qui vient d’être dit, ce que Paul dit sur ce sujet, dans un contexte un peu différent, en 1 Corinthiens 8 où il conclut le chapitre en écrivant : « C’est pourquoi, si la viande est une occasion de chute pour mon frère, je ne mangerai pas de chair, à jamais, pour ne pas être une occasion de chute pour mon frère » (v. 13).

C’est carrément définitif. Paul envisagerait de ne plus manger de viande du tout si cela est une occasion de chute pour son frère. Et au chapitre 10 il nous dit : « Toutes choses sont permises, mais toutes choses ne sont pas avantageuses ; toutes choses sont permises, mais toutes choses n’édifient pas. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui » (v. 23 et 24). Ne cherchons pas à nous plaire à nous-mêmes, notre propre intérêt.

Il y a une mesure là que nous ne pouvons pas aborder sans prendre la référence suprême, celle du Seigneur qui a tout laissé pour venir sur la terre, pour aller ce chemin jusqu’à la croix et pour mourir sur la croix à notre place, qui a tout laissé.

Le verset du Psaume 69 cité nous dit : « Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi ». Les outrages de ceux qui outragent Dieu sont tombés sur lui. Ça va bien au-delà de tout ce qui a été abordé dans tous les versets précédents. Que sont manger et boire, que sont les jours, que sont même ce qu’on vient d’évoquer, comparés à ce que le Seigneur Jésus a vu, lui, ce à quoi il a renoncé, pour la gloire de Dieu et par amour pour nous ?

« Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des écritures, nous ayons espérance ». Et puis alors cette prière que fait l’apôtre : « Or le Dieu de de patience et de consolation vous donne d’avoir entre vous un même sentiment selon le christ Jésus, afin que, d’un commun accord, d’une même bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ ».

Toute cette phrase, tous ces deux versets sont remplis de tout ce qui nous unit : le commun accord, la même bouche, le même sentiment, tout ce qui nous réunit dans un même but, dans une même direction. Nous ne regardons plus l’un vers l’autre, mais nous regardons vers Dieu pour glorifier le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. Nous replaçons à cette mesure-là les choses comme celles que nous venons d’évoquer qui peuvent amener à des sentiments différents, des manières d’agir différentes.

Quelle valeur ont-elles face à cela, face à l’œuvre du Seigneur, face à la gloire de Dieu ? Est-ce qu’une viande, un vêtement, tout ce que chacun peut penser, des choses qui ont toutes en commun d’être liées à la marche sur la terre, sont-elles suffisamment importantes pour brouiller ce qui devrait nous faire tendre vers cet esprit uni pour glorifier le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ?

Le verset 7 résume un peu : « Recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu » pour que « vous glorifiiez le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ ». Il est frappant que l’apôtre n’ait pas dit cela au début. Il a d’abord développé tout cela sur des aspects qui plaçaient cette mesure presque mineure, mais qui sont importants quand même parce que c’est notre quotidien, c’est nous-mêmes, c’est nos limitations, mais qui petit à petit nous amènent à la mesure la plus élevée de ce qui compte, de ce qui est vraiment important.

On trouve alors ici trois ressources divines dans ces versets 3 à 5 :

Premièrement, la personne de notre Seigneur comme modèle, comme il s’est identifié avec Dieu. Il est notre modèle pour que nous nous identifiions avec lui, comment pardonner tout pour nos frères, pour nos sœurs.

Deuxièmement les Écritures. Pour eux c’était les Écritures de l’Ancien Testament, pour nous en fait c’est toute la Parole qui nous montre la patience et la consolation, l’instruction pour la patience, être patient envers l’un, envers l’autre et mutuellement.

Consolation : ce peut être traduit par encouragement, exhortation. Ce sont des choses de l’Écriture qui nous exhortent, qui nous encouragent pour être pour le bien de l’autre. Et Dieu Lui-même est le Dieu de patience et de consolation. Ça veut dire le Dieu qui nous donne patience, consolation, encouragement et exhortation. Dieu agit même aujourd’hui pour que nous ayons vraiment dans nos cœurs, dans nos vies, cette patience l’un envers l’autre et aussi cette consolation, cet encouragement, cette exhortation.

Le v. 7, c’est vraiment comme le but. Nous avons commencé au v. 1 par « recevez-le », le faible, v. 3 « car Dieu l’a reçu ». Ici « recevez-vous les uns les autres ». C’est déjà une autre perspective que de penser seulement que les forts doivent recevoir les faibles, mais que c’est une chose mutuelle.

J’ai besoin de cette réception comme mon frère aussi et pas seulement comme Dieu l’a reçu, mais comme aussi le Christ vous a reçus à la gloire de Dieu. Encore une fois le Seigneur est Dieu. Ensemble ils travaillent pour notre bien. Le Seigneur nous a reçus – nous avons pensé à cela déjà ce matin – à la gloire de Dieu. Ça nous montre même dans ces petits détails de notre vie, que nous pouvons glorifier Dieu. Mais comme nous l’avons vu aussi, on peut faire le contraire.

Mais c’est le but pour notre vie, de glorifier Dieu. Nous avons nous-mêmes été reçus par le Christ. Alors « recevez-vous les uns les autres à la gloire de Dieu ».

Études à Mutzig (2019)