BÉNÉDICTION DES FILS DE JACOB (Gen. 49) ET DES FILS D’ISRAËL (Deut. 33)

Jacob eut douze fils et une fille. Léa eut six fils : Ruben (voyez, un fils !), Siméon (entendu), Lévi (attachement, ou joint), Juda (louange), Issacar (il y a salaire), Zabulon (habitation) et Dina (justice).

La servante de Léa nommée Zilpa fut donnée à Jacob pour femme et enfanta deux fils : Gad (la bonne fortune, ou une troupe) et Aser (heureux).

La servante de Rachel nommée Bilha lui fut donnée pour femme et lui enfanta également deux fils : Dan (juge) et Nephtali (ma lutte).

Rachel enfin, la femme qu’aimait Jacob, eut deux fils : Joseph (qu’il ajoute) et Benjamin (fils de ma droite), seul fils de Jacob né dans le pays de la promesse.

Tout ceci est relaté dans les chapitres 29, 30 et 35 de la Genèse. Le fait que Jacob eut quatre femmes n’était pas dans la pensée divine, même si Léa lui fut imposée en premier, par la tromperie de son beau-père.

Dieu n’avait-il pas dit : « l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront une seule chair » ? (Gen. 2. 24)

Les tristes tensions qui résulteront de cette polygamie en seront, hélas, les fruits amers que Jacob récoltera tout au long de sa vie mouvementée.

Survolons ainsi la vie de Jacob pour arriver au chapitre 49 de la Genèse. Dieu a accompli, à n’en pas douter, un profond travail en Jacob et celui-ci, à la fin de sa vie, est caractérisé par une grandeur et une dignité morales sans précédent. Il a été dit que ce chapitre « est une splendide journée de soleil après une vie tourmentée ».

Le patriarche réunit ses fils et leur demande de l’écouter, lui Jacob, lui Israël. Jacob est conscient de son état antérieur : le trompeur, le supplanteur.

Mais la grâce de Dieu est là et il est aussi Israël, le vainqueur (ou prince) de Dieu, celui qui a prévalu à Péniel (lire Genèse 32. 24 à 32).

(Pour un meilleur intérêt du sujet, nous ferons systématiquement la comparaison entre le chapitre 49 de la Genèse et le chapitre 33 du Deutéronome.

Il faut noter cependant la différence fondamentale entre ces deux chapitres : dans le premier Jacob parle à ses fils, dans le second Moïse bénit les fils d’Israël, c’est à dire les tribus d’Israël – les deux chapitres ayant un caractère prophétique).

Ruben

Le premier né de Jacob est caractérisé par la corruption car il a profané la couche de son père (cf. ch. 35. 22 et 1 Chron. 5. 1). C’était déjà un des caractères du monde antédiluvien ! Genèse 6. 11 nous dit que la terre était corrompue devant Dieu, et que la terre était pleine de violence.

Hélas, Ruben n’a pas changé et Moïse doit dire de ses descendants : « Que Ruben vive et ne meure pas, et que ses hommes soient en petit nombre ! » Si l’on compare les deux dénombrements du livre des Nombres (ch. 1. 21 et ch. 26. 7), on constate que le nombre des Rubénites a diminué de deux mille sept cent soixante dix personnes.

Par ailleurs, quoique Ruben, Gad et la demi tribu de Manassé soient allés avec leurs frères à la conquête de la terre promise, ils s’installèrent en dehors de la terre de Canaan (Gen. 32) !

Il n’y eut donc pas de changement entre l’état de ce fils aîné de Jacob et l’état manifesté par cette tribu.

Siméon

La violence caractérise le deuxième fils de Jacob. Au chapitre 34, avec son frère Lévi, il va frapper impitoyablement tous les mâles des Héviens, ainsi que Sichem qui avait déshonoré leur sœur Dina. Cette réaction charnelle ne respire que violence et trahison. Le gouvernement de Dieu va donc s’exercer sur lui et sur son frère : « Je les diviserai en Jacob, et les disperserai en Israël ».

On ne trouve pas de bénédiction pour Siméon en Deutéronome 33, car on ne le trouve pas aux côtés des fils de Lévi en Exode 32. 26 ! Seuls, les Lévites ont répondu à l’appel de Moïse à se séparer du désordre du camp.

Lévi

Uni à son frère dans la violence, Lévi est tombé sous le gouvernement de Dieu.

Cependant, comme il est rafraîchissant de lire la bénédiction de Moïse sur Lévi en Deutéronome 33. La grâce de Dieu a opéré en lui à l’appel de Moïse après l’idolâtrie du peuple : « À moi quiconque est pour l’Éternel ! »

La Parole de Dieu rapporte alors que tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui et frappèrent leur frère, leur compagnon ou leur intime ami (Ex. 32).

Cet attachement à Dieu a produit en eux cette séparation de ce qui Le déshonorait. Leurs armes sont désormais au service de l’Éternel, et leur grand privilège désormais est de recevoir le service de la Parole et l’office sacerdotal : « ils enseigneront tes ordonnances à Jacob et ta loi à Israël ; ils mettront l’encens sous tes narines et l’holocauste sur ton autel » (v. 10).

Juda

À partir du quatrième fils de Jacob, la note i nous dit qu’il y a paronomase, ainsi que pour Dan et Gad. La paronomase est une figure de rhétorique qui consiste à rapprocher des mots dont le son est à peu près semblable, mais dont le sens est différent (Ex : Qui vivra verra ; qui se ressemble s’assemble).

Ainsi pour Juda, qui signifie louange, ses frères le loueront. Ce sera un jeune lion et le dernier livre de la Parole nous le présente aussi sous cet aspect : « le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux » (Apoc. 5. 5).

Le sceptre ne se retirera point de Juda. C’est de cette tribu qu’est issu David, et plus tard le Seigneur Jésus, comme nous le montre la Parole.

Citons entre autres deux passages : Juda est mentionné dans la généalogie du Seigneur en Matthieu 1. 1 à 16 et Hébreux 7. 14 vient attester avec force : « il est évident que notre Seigneur a surgi de Juda ». (Il est à noter que ce verbe surgir peut être aussi remplacé par s’est levé comme le soleil ou l’Orient d’en haut, d’où est venu le Germe (voir note b)).

C’est à Christ et à Lui seul que reviendra l’obéissance des peuples. « Car il faut qu’Il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds » (1 Cor. 15. 25).

Notons au passage ce détail remarquable : « Il attache à la vigne son ânon et au cep excellent le petit de son ânesse » (v. 11).

Chacun de nous ne pense-t-il pas à cet ânon dont le Seigneur a eu besoin quand Il est entré dans Jérusalem ? Toute la ville a été émue et l’on s’est écrié : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Mat. 21. 1 à 11).

Hosanna signifie « l’Éternel sauve » selon le Psaume 118. 25. C’est en effet comme Sauveur que le Seigneur est venu, mais hélas son peuple L’a rejeté !

Il est peu parlé de Juda en Deutéronome 33. Des ennemis et des combats sont mentionnés. À la fin des temps auxquels nous sommes parvenus, nous savons qu’en Israël, quelques Juifs de la tribu de Juda sont revenus sur leur terre. Et nous savons quels combats ils y mènent pour s’y maintenir !

Des conflits plus terribles, sans doute, s’y dérouleront jusqu’à l’apparition du Seigneur pour y établir son règne.

Symboliquement, on peut voir aussi le combat du Seigneur contre Satan, qu’Il a complètement vaincu à la croix du calvaire. Ayant fait l’expiation de nos péchés, Il a pu s’écrier : « C’est accompli ».

Tout a été définitivement réglé et la dette a été payée. Désormais nous contemplons notre Sauveur et Seigneur comme le grand Vainqueur !

Issacar

Le cinquième fils de Jacob est béni après le sixième : Zabulon. Ne peut-on pas appliquer alors ce verset d’Hébreux 11. 21 : « Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph, et adora, appuyé sur le bout de son bâton » ?

C’est par la foi que Jacob a béni ses fils : il a eu un discernement spirituel peu commun.

Issacar est comparé à un âne ossu (c’est à dire qui a de gros os, une forte ossature, qui est bien charpenté) couché entre deux parcs. Il recherche ses aises et s’assujettit au tribut du serviteur, c’est à dire qu’il tombe dans l’esclavage du monde.

Veillons à ne pas rechercher nos propres intérêts, mais ceux de Jésus Christ ! (Phil. 2. 21)

La bénédiction de Moïse sur Issacar est belle. Il invite Issacar à se réjouir en ses tentes. Associé à Zabulon, il offrira des sacrifices de justice à l’Éternel sur la montagne, le lieu élevé de la communion.

Zabulon

Le sixième fils de Jacob habitera sur la côte des mers et celle des navires ; et il sera situé près de Sidon. Il est donc caractérisé par les activités commerciales, dont Sidon a été longtemps un centre puissant. C’est la continuation de Genèse 4. 20 et 22.

La bénédiction de Moïse sur Zabulon est identique à celle d’Issacar et celui-ci est appelé à se réjouir en sa sortie.

Gad

Le septième fils de Jacob n’est mentionné qu’en huitième place par son père. Son frère Dan passe avant lui.

Gad signifie la bonne fortune, ou une troupe. Pour la seconde fois, il y a paronomase : « une troupe lui tombera dessus ; et lui, il leur tombera sur les talons ».

La tribu de Gad sera forte et hardie – comme une lionne – et déchirera ce qui prétendra dominer par la force (le bras) ou par l’intelligence (le sommet de la tête).

Elle se choisira la première partie du pays en restant en Galaad, en deçà du Jourdain et va accomplir avec Israël la justice de Dieu et ses jugements sur les nations qui occupent le pays de la promesse.

Aser

Le huitième fils de Jacob n’est mentionné qu’en neuvième position par son père. La bénédiction que son père prononce sur lui est tout à fait remarquable : « D’Aser viendra le pain excellent ; et lui, il fournira les délices royales ».

Ce pain ne nous fait-il pas penser à Christ qui a dit : « Moi je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim » ? (Jean 6. 35)

On aime à penser à Anne, une prophétesse, qui était de la tribu d’Aser. Elle était bien isolée car, en principe, seules les tribus de Juda et de Benjamin étaient remontées de la captivité.

La Parole de Dieu se plaît à nous montrer l’entière consécration de cette femme pieuse qui ne quittait pas le temple, servant Dieu en jeûnes et en prières, nuit et jour, qui louait le Seigneur et parlait de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance (Luc 2. 36 à 38).

La bénédiction de Moïse se termine par Aser, et là aussi c’est une magnifique déclaration qui est faite sur lui ! « Aser sera béni en fils ; il sera agréable à ses frères, et il trempera son pied dans l’huile ». C’était une grande bénédiction pour le peuple d’Israël que d’avoir des fils. Tremper son pied dans l’huile nous amène à une marche conduite par le Saint Esprit.

Dan

Le neuvième fils de Jacob est béni en sixième position.

Pour la troisième et dernière fois, une paronomase est à remarquer ici. Dan signifie juge et c’est lui qui jugera son peuple, comme une autre des tribus d’Israël. Samson, un des juges d’Israël, était Danite (Jug. 13. 2).

On perçoit nettement ce qui arrivera à la fin des jours (v.1) dans les paroles de Jacob. « Dan sera un serpent sur le chemin et mordra les talons du cheval, et celui qui le monte tombe à la renverse ». Ce caractère du serpent est celui du diable dans sa ruse (Gen. 3. 1 ; Apoc. 20. 2).

Voilà les caractères évidents de l’antichrist, celui qui va apostasier de la foi. Alors le résidu pieux du peuple soupirera après la délivrance et s’écriera : « J’ai attendu ton salut, ô Éternel ! »

Dan est assimilé à un jeune lion, qui s’élance de Basan. Ce n’est plus un serpent mais il garde cet aspect menaçant, celui du diable qui, comme un lion rugissant, rôde autour de nous, cherchant qui il pourra dévorer (1 Pier. 5. 8).

Nephtali

Nephtali, nous dit Genèse 49. 21, « est une biche lâchée ; il profère de belles paroles ». La biche est un animal léger et rapide qui ne s’appesantit pas sur la terre et ne reste pas longtemps au même endroit. Elle est constamment en alerte et, quand elle voit le danger arriver, elle s’enfuit vers les sommets, lieux de la communion.

C’est pourquoi Habakuk, plein de confiance, peut dire : « L’Éternel, le Seigneur est ma force ; il rendra mes pieds pareils à ceux des biches, et il me fera marcher sur mes lieux élevés ». (Hab. 3. 19). Sachons, nous aussi fuir les convoitises de la jeunesse (2 Tim. 2. 22).

En Deutéronome 33, la bénédiction de Nephtali est également magnifique : « rassasié de faveurs et comblé de la bénédiction de l’Éternel, il possède la mer et le Darôm », c’est à dire l’occident et le midi (note m) !

Joseph

Quoiqu’il fût le onzième fils de Jacob, Joseph eut la prééminence sur ses frères et il est mentionné en premier en Genèse 37. 2 : « Ce sont ici les générations de Jacob : Joseph… ». Les enfants dans la chair, l’homme en Adam, passent après.

Tout au long de sa vie, Joseph est un type magnifique de Christ. Ici nous le trouvons comme le berger (voir Jean 10), la pierre d’Israël (Ps. 118. 22), celui qui a été mis à part de ses frères (Rom. 8. 29). Ses rameaux poussent par-dessus la muraille : le salut apporté par Christ est parvenu aux nations (voir Jean 4 ; Éph. 2. 14 et És. 49. 6). Belle image de celui qui a été appelé sauveur du monde ou soutien de la vie (Gen. 41. 45 – note c) !

Les bénédictions prononcées par Moïse sont comme un écho de celles de Jacob en Genèse 49. 26. De nouveau, il est question des collines éternelles, et les bénédictions prononcées iront jusque là. Christ est, quant à Lui, « sur toutes choses Dieu béni éternellement » (Rom. 9. 5). « Que la faveur de celui qui demeurait dans le buisson (voir Ex. 3) vienne sur la tête de Joseph, sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses frères ! »

Tout comme en Genèse 49. 26, il a été mis à part de ses frères, comme un nazaréen, figure de Christ qui, sur la montagne de la transfiguration a été mis à part de Moïse et d’Élie, serviteurs de Dieu pourtant approuvés par Lui. La voix adressée par la gloire magnifique s’est fait entendre : « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Mat. 17. 5).

Benjamin

Le douzième et dernier fils de Jacob, second fils de Rachel, la femme qu’il aimait, est comparé à un loup qui déchire. Certains commentateurs y ont vu Christ comme juge (Ps. 45. 3 et 4). En tout cas le loup est tout le contraire de l’agneau et ne pense qu’à détruire.

Quel contraste entre Genèse 49 et Deutéronome 33 : Benjamin est appelé « le bien-aimé de l’Éternel ! Il habitera en sécurité auprès de lui ; l’Éternel le couvrira tout le jour, et il habitera entre ses épaules ».

Nous en avons une illustration frappante dans la personne de l’apôtre Paul qui était de la tribu de Benjamin (Phil. 3. 5). C’est lui qui a enfermé dans les prisons plusieurs des saints… Lorsqu’on les faisait mourir il y donnait sa voix… En les punissant, il les contraignait de blasphémer et transporté de fureur contre eux, il les persécutait même jusque dans les villes étrangères (Act. 26. 10 et 11). Mais, comme il le dira plus tard, miséricorde lui a été faite (1 Tim. 1. 13). Il sera terrassé sur le chemin de Damas (Act. 9) et deviendra désormais un vase d’élection pour porter le nom du Seigneur devant les nations.

Considérons attentivement, à la lumière divine, la vie des enfants de Jacob et des tribus qui en sont issues. Car qu’est-ce que notre vie ? Elle n’est qu’une vapeur paraissant pour un peu de temps et puis disparaissant (Jac. 4. 14).

Rappelons-nous qu’il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal. Ne vivons plus pour nous-mêmes mais pour Celui qui est mort pour nous et a été ressuscité ! (2 Cor. 5. 10 et 15)

J.D.L.