
Ce livre de Ruth apparaît comme un rayon de soleil dans ce temps si sombre des Juges, que l’Esprit de Dieu caractérise de cette manière : « Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (Jug. 21. 25).
Et de fait, c’est ainsi, on peut dire, que le livre de Ruth commence. Dieu permet qu’il y ait une famine dans le pays d’Israël, et précisément dans cette ville de Bethléhem dont le nom signifie : la maison du pain.
Plus tard, nous pouvons le dire d’une manière si frappante pour nos cœurs, devait y naître David et un plus grand que David, notre Sauveur et Seigneur Lui-même. Et dans cet endroit où Dieu avait expressément promis la bénédiction, il y a la famine.
Est-ce que Dieu a cessé de montrer sa grâce vis-à-vis de son peuple ? Nous savons qu’il n’en est rien. Mais ce peuple est là sous les conséquences de ses inconséquences, de son éloignement de Dieu.
Il nous suffirait de lire ce livre des Juges, et nous l’avons certainement remarqué plusieurs fois, pour voir comment ce peuple, malgré la miséricorde de Dieu à son égard, ne cessait de s’égarer dans son cœur.
Cela nous fait penser à un verset de l’épître aux Hébreux ; au chapitre 3. Là il est question du désert, mais c’est exactement la même chose, car le cœur de l’homme n’a pas changé, et notre cœur n’est pas différent – il faut bien que nous le comprenions – de celui du peuple d’Israël.
Dans l’épître au Hébreux nous lisons : « C’est pourquoi j’ai été indigné contre cette génération, et j’ai dit : Ils s’égarent toujours dans leur cœur et ils n’ont point connu mes voies » (ch. 3. 10). « Ils s’égarent toujours dans leur cœur » : Est-ce que nous nous égarons dans nos cœurs, ce cœur qui appartient au Seigneur, ce cœur dont il est dit expressément dans le livre des Proverbes : « Mon fils, donne-moi ton cœur » (23. 26) et « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (4. 23) ?
Un mauvais choix est vite fait. Si nous nous éloignons de la dépendance du Seigneur, eh bien ! nous serons sur un chemin qui nous conduira beaucoup plus loin que nous ne l’avions pensé. C’est ce qui est arrivé à Élimélec.
Quelle différence entre lui et cet homme que nous trouvons dans le petit prophète Habakuk ! C’était un temps bien difficile que traversait ce prophète, puisqu’il pouvait dire : « le figuier ne fleurira pas, et il n’y aura pas de produit dans les vignes ; le travail de l’olivier mentira, et les campagnes ne produiront pas de nourriture ; les brebis manqueront dans le parc, et il n’y aura pas de bœufs dans les étables » (3. 17). Quel tableau, n’est-ce pas !
Mais il ajoute : « Mais moi, je me réjouirai en l’Éternel, je m’égayerai dans le Dieu de mon salut. L’Éternel, le Seigneur, est ma force ; il rendra mes pieds pareils à ceux des biches, et il me fera marcher sur mes lieux élevés ».
Voilà une âme qui, au milieu de la souffrance, au milieu de l’épreuve, est en communion ininterrompue avec le Seigneur. Est-ce que c’est notre cas, chers amis ? Est-ce que nos yeux sont sur Dieu au temps de l’épreuve, au temps peut-être de la famine ? Et nous comprenons bien que, au-delà de ce qui pourrait concerner les biens matériels, il puisse y avoir aussi les biens spirituels. Et Dieu peut permettre sans doute qu’au milieu des siens – encore une fois, comme conséquence de nos inconséquences – nous éprouvions comme il est dit ailleurs, que la parole de Dieu est rare (1 Sam. 3. 1) et que finalement il y a comme une sorte de famine par laquelle Dieu veut parler à nos cœurs.
Et que faut-il faire dans ces circonstances ? Eh bien ! comme toujours, nous tourner vers le Seigneur. C’est assez facile de nous tenir près de Lui quand tout va bien. Mais quand vient le jour de l’épreuve, le Seigneur attend que nous nous attendions à Lui, que nous manifestions notre communion avec Lui et que nous nous confiions en un fidèle Créateur qui prend soin des siens, qui sont dans un temps sans doute de faiblesse extrême, un temps dans lequel, au sein même de l’assemblée, celle qui porte le nom du Seigneur, un grand besoin se manifeste.
Est-ce que nous devons pour autant abandonner ce lieu où le Seigneur a promis sa présence ? Ce serait pour nous, nous pouvons le dire, une ruine totale. Restons là où le Seigneur se trouve. « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ».
Le Seigneur est semblable à cette maison du pain. C’est là que se trouve la vraie nourriture de notre âme. Mais sans doute il faut une foi particulière, il faut une vertu particulière pour nous tenir dans le chemin de la foi au moment où, en quelque sorte, les eaux ont baissé et où nous pouvons voir, comme l’a dit l’un de nos frères, le fond de la rivière.
Mais si notre cœur est attaché au Seigneur, s’il y a en nous de vives affections pour le Seigneur – qu’Il a le droit de trouver dans les siens – eh bien ! nous resterons là, près de Lui – et près de Lui nous trouverons la bénédiction, même dans un jour de ruine.
Chers amis, que le Seigneur nous garde de faire comme cet homme, Élimélec ! Oh ! ce n’était pas loin, n’est-ce pas, Moab. Et le monde n’est pas loin, nous le savons bien. Il est là tout autour de nous. Il nous enserre en quelque sorte. C’est si facile de faire quelques pas vers ce monde. Un peu de prospérité, un peu d’insouciant repos, comme il est dit, et notre misère viendra comme un voyageur et notre dénuement comme un homme armé (Prov. 6. 11).
Moab – cinquante kilomètres – ce n’est pas loin. Mais il faut passer le Jourdain, il faut sortir des limites de ce pays que Dieu avait assigné à son peuple. Et c’est particulièrement à Josué qu’il avait été ordonné d’en prendre possession, comme nous le voyons au début de son livre. Et il lui avait été dit : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (Jos. 1. 3). Chers amis, quel prix a pour notre cœur, non plus l’Israël d’autrefois, mais l’Israël céleste ?
Nous aimons rappeler quelles sont pour nous les conséquences immenses de l’œuvre de Christ à la croix. Nous lisons souvent l’épître aux Éphésiens. Et que trouvons-nous dans cette épître ? D’abord, ce qu’était notre condition d’autrefois : nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés. Et ensuite :
« Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le christ Jésus ». Notre position dans le Seigneur est intouchable, elle est parfaite. Et chaque chrétien, chaque enfant de Dieu, peut avec certitude s’appuyer sur les déclarations de la Parole de Dieu. Il est déjà en quelque sorte assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Quelle chose, n’est-ce pas, chers amis !
Mais comment prenons-nous possession du pays ? Quel prix a le pays pour nous ? Dans un Psaume, en parlant du pays d’Israël il est dit : « Ils méprisèrent le pays désirable » (106. 24). Et c’est une chose grave que Dieu – qui voit dans le cœur, dans chacun de nos cœurs – dise de ce peuple : « Ils méprisèrent le pays désirable ». Et comment méprise-t-on le pays désirable ? Eh bien ! tout simplement en cherchant ailleurs, en cherchant dans ce monde qui a rejeté Christ et en montrant que nos cœurs, que nos affections, ne sont pas là-haut.
Il nous est dit : vous êtes morts avec Christ. Eh bien ! Qu’est-ce que cela veut dire ? On peut lire un passage dans l’épître aux Colossiens : « Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances, – ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ! » (v. 20 et 21).
Et puis au chapitre 3 : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (v. 1 et 2). C’est clair cela, n’est-ce pas. Et c’est une parole qui s’adresse à chacun de nos cœurs, à mon cœur, à votre cœur. « Cherchez les choses qui sont en haut… pensez aux choses qui sont en haut ».
Quelle place ont-elles aujourd’hui dans mon cœur ? Cette place est-elle uniquement pour le Seigneur ? Est-ce que ces choses ont grandi ou est-ce qu’elles se sont affaiblies dans mon cœur depuis que je Lui appartiens ? C’est extrêmement sérieux, cela.
Nous savons que le Seigneur désire avoir tout notre cœur. Il désire qu’en approchant de ce séjour de la gloire, nous soyons préparés à cette rencontre bénie, comme l’épouse se prépare à la rencontre de son époux.
Eh bien ! voilà un homme qui est sorti de Bethléhem de Juda. Oh ! bien sûr, il y avait la famine. Alors il est allé dans les champs de Moab. Il n’avait pas l’intention d’y rester sans doute…
Que de jeunes gens, que de jeunes filles ont dit peut-être : « Non, bien sûr, mais il faut bien quand même profiter des choses de la terre pour un moment, n’est-ce pas ? J’ai besoin de penser à ma protection, à mon bien-être. Je désire aussi ceci, cela ». Et puis on est allé pour séjourner dans les champs de Moab. Et ensuite, qu’est-ce qui s’est passé, chers amis ?…
Cet homme, Élimélec avait un très beau nom, nous le savons : « L’Éternel est mon roi ». Ce n’est pas le tout d’avoir le nom de Christ invoqué sur nous. Comment vivons-nous Christ ? Est-ce que nous sommes la bonne odeur de Christ au milieu de ce monde ? Est-ce que, pratiquement, nous montrons que nous lui appartenons ?
Sinon nous avons perdu notre raison d’être. Nous ne sommes plus ce sel de la terre, nous ne sommes plus cette lumière dans les ténèbres. Eh bien ! cet homme a habité là avec sa femme. Il a entraîné sa famille avec lui. Et que pouvons-nous enseigner à notre famille, chers frères et sœurs ? Il y a un chemin qui descend…
On ne pensait pas aller si loin, bien sûr, encore une fois, mais voilà, les circonstances sont là. Il y a tant de choses, il y a le train de ce monde. Et puis le train de ce monde nous entraîne et il ne cesse de s’accélérer. Ceux qui sont dans les champs savent bien ce qui se passe, comment le champ est délaissé. On arrive aux réunions, on est vide, on n’a rien. On n’a pas passé le temps nécessaire aux pieds du Seigneur et nos vies sont vides.
Oh ! elles sont très remplies ces vies, extrêmement remplies, mais elles ne sont pas remplies de Christ. Il n’y a que cela qui a de la valeur. C’est une pensée extrêmement sérieuse de penser à ce qu’il en sera de moi durant l’éternité. Il ne demeurera que ce qui est de Christ. Combien de choses cela élimine de ma vie !
Je sais qu’il est dit que nous devons travailler paisiblement, travailler de nos propres mains, sans doute. Mais est-ce que, pour autant, nous donnons au Seigneur la place qui Lui appartient ? Est-ce que nous vivons pour nous-mêmes ou est-ce que nous vivons pour Celui qui est mort pour nous et qui a été ressuscité ? (2 Cor. 5. 15) Tout est résumé là.
À chacun de nous de donner la réponse au Seigneur. Nos chemins sont différents, mais est-ce que le Seigneur est Celui sur lequel nous fixons les yeux, notre regard, comme « chef de la foi et celui qui la mène à l’accomplissement » ? (Héb. 12. 2) L’apôtre Paul ne faisait pas trente-six choses. ? Ce n’était pas quelqu’un qui remplissait plusieurs fonctions en même temps. Non. Il dit : « Je fais une chose… » (Phil. 3. 14), une seule chose.
Paul était un homme qui avait les mêmes penchants que nous, n’est-ce pas, mais c’était un homme qui pouvait dire : Christ est ma vie (voir Phil. 1. 21). Alors il courait vers le but. Et les choses qui pour lui étaient auparavant un gain, étaient devenues pour lui une perte. Chers amis, ce n’est pas par nos efforts que nous pouvons faire cela. Non. Il y a une seule chose qui peut produire cela dans nos cœurs : c’est un amour fervent pour le Seigneur.
Tournons-nous vers lui. Disons-lui : « Seigneur, que je t’aime en retour, que je sois à toi ». Il n’y a que ce moyen et cela est vrai de la force exclusive des affections nouvelles pour le Seigneur. Il y a peut-être des chaînes. On a parlé tout à l’heure des chaînes dans le cantique : « Ô toi qui brisas nos chaînes… ». Peut-être, chers amis, que parmi nous il y a des chaînes, et peut-être des chaînes secrètes qui font que nos âmes sont rivées au sol et que par nous, nous pouvons dire, toute l’assemblée en souffre, car si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui (1 Cor. 12. 26). Souvenons-nous de cela.
Si nous occupons notre place à la table du Seigneur, si nous appartenons pratiquement à l’Assemblée, à ce témoignage qui est rendu au Seigneur pendant le temps de son absence, eh bien ! sachons bien que de notre conduite inconvenante, c’est toute l’Assemblée qui en souffre, et plus que l’Assemblée, le Seigneur lui-même, car la louange qui doit Lui être rendue ne peut pas l’être de la même manière parce que nous sommes nous-mêmes attachés à cette chaîne. C’est triste à dire.
Alors, demandons au Seigneur de remplir notre cœur. Nous chantons ce beau cantique : « Jésus, de ton amour viens remplir notre âme » (68. 1). Ah ! que le Seigneur voie dans nos cœurs que nous le chantons avec foi, sans ensommeillement ! Prenons garde, chers amis, tant de choses peuvent nous égarer.
Je pense à l’instant à ce qui nous est dit : « Prenez garde ». Je le dis pour les jeunes gens d’une façon particulière, parce que nous avons tous besoin d’être sur nos gardes. Il est dit : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines tromperies, selon l’enseignement des hommes, selon les principes du monde, et non selon Christ » (Col. 2. 8).
Eh bien ! il y a un véritable danger permanent, celui d’adopter la manière de raisonner de ce monde, sa manière de penser, alors que nous savons bien, n’est-ce pas, que ce qui doit avoir du prix pour nos cœurs, c’est la Personne du Seigneur et Lui tout seul. Le Seigneur disait aux disciples : « Si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Mat. 18. 3). Si nous avons perdu tant soit peu cette simplicité quant aux principes, si nous n’avons pas cette foi d’un petit enfant, eh bien ! il faut la redemander au Seigneur.
Car autrement les raisonnements, la philosophie, notre intelligence peut-être, sont pour nous un véritable piège. Chers amis, combien nous vous supplions de la part du Seigneur de vous tourner entièrement vers Lui ! Vous savez que l’ennemi est là, il rôde, il cherche qui il pourra dévorer (1 Pier. 5. 8). Peut-être que nous oublions cela. Nous sommes dans un monde dans lequel Satan règne. Et c’est un ennemi cruel. Peut-être que quelques-uns d’entre nous ce soir en avons éprouvé la morsure.
Et si Dieu nous a délivrés, eh bien ! gardons-nous d’y revenir. Souvenons-nous de ce que disait l’Éternel à Job : « Mets ta main sur lui : souviens-toi de la bataille, – n’y reviens pas ! » (40. 27) Restons près du Seigneur. C’est seulement là que nous serons bien gardés.
Et alors voilà Élimélec dans ces champs de Moab. Et finalement il meurt et puis ses fils vont aussi loin que lui, comme toujours. Ils prennent des femmes moabites, ce qui était formellement interdit par la loi. Il était dit du Moabite : « L’Ammonite et le Moabite n’entreront pas dans la congrégation de l’Éternel ; même leur dixième génération n’entrera pas dans la congrégation de l’Éternel, à jamais » (Deut. 23. 3).
Finalement, après dix ans de patience, Makhlon et Kilion sont morts. Et voilà Naomi qui reste seule, seule avec ses belles-filles étrangères. Et nous voyons bien son état, son état misérable. Et pourtant Dieu va opérer dans le cœur de Naomi. Il a fallu qu’elle soit à vide pour retrouver le chemin de la bénédiction. Mais Dieu avait l’œil sur elle.
Elle était, peut-on dire, en présence d’un vrai cimetière, entourée de morts. Tous ses bien-aimés sont partis. Eh bien ! c’est le moment que Dieu va choisir, comme Il le fait ce soir, pour opérer dans son cœur. Ses voies ne sont pas nos voies. Chers amis, ne cessons pas de prier pour ceux que nous aimons, que l’ennemi a entraînés. Même dans le pays lointain, Dieu les voit.
Et s’il leur faut peut-être manger des gousses, eh bien ! Dieu voudra un jour peut-être, si nous prions avec foi – car Il peut tout – Il peut produire ce travail de conscience et de cœur qui fera que ce fils ou cette fille que nous aimons, dira : « Je me lèverai et je m’en irai vers mon père » (Luc 15. 18).
On pourrait dire : mes ressources ne sont pas bien élevées, il me manque encore bien des choses. Il n’y a pas beaucoup de repentance dans le cœur de Naomi, mais essentiellement l’idée de nourriture. J’ai entendu dire au pays de Moab que l’Éternel a visité son peuple pour lui donner du pain. Alors elle s’est dit : « Quand même, je vais rentrer, je vais rentrer à Bethléhem ».
Et s’il était besoin d’avoir en quelque sorte cette réserve sur l’état de cœur et de conscience de Naomi à ce moment-là, et bien des incertitudes supposées, cela pourrait nous éclairer, chers amis. Quand nous sommes nous-mêmes en chute, comme l’était alors Naomi, malgré ce premier retour, eh bien ! nous pouvons bien difficilement aider les autres. Nous ne sommes pas un exemple pour ceux qui nous entourent. Nous ne pouvons pas parler de Christ à ceux qui nous entourent, alors que nous-mêmes nous sommes la démonstration de quelqu’un qui a, hélas ! abandonné le chemin de la bénédiction.
Et alors Naomi se met en chemin. Le Seigneur veut que nous arrivions au but. Elle se met en chemin avec ses belles-filles qui l’accompagnent. Mais alors, combien sont solennelles ces paroles qui sortent constamment de la bouche de Naomi : « Allez, retournez chacune dans la maison de sa mère » (v. 8), « retournez, mes filles » (v. 11), « retournez, mes filles, allez » ! (v. 12)
Cela fait de la peine, chers amis, comme si Naomi n’avait pas compris où était la bénédiction, comme si elle ne l’avait pas reçue pour elle-même. Elle encourage, en quelque sorte, ses belles-filles à retourner à leur peuple où étaient les idoles. Elle emploie des paroles, on pourrait dire spirituelles : « Que l’Éternel use de bonté envers vous, comme vous avez fait envers les morts et envers moi ! L’Éternel vous donne de trouver du repos, chacune dans la maison de son mari ! » (v. 8 et 9).
Est-ce que vous pensez que nous pouvons trouver la paix, le repos, ailleurs que dans la présence du Seigneur ? C’est une chose absolument impossible. « Les vains bonheurs de ce monde infidèle n’enfantent rien que regrets et dégoût ; nous avons soif d’une joie éternelle » (Cantique 210 strophe 3). Est-ce que nous avons soif, chers amis ? Notre cœur à tous a soif. Et nous pouvons dire qu’Un seul peut remplir notre cœur et c’est le Seigneur.
Le monde est trop petit pour notre cœur. Nous en avons peut-être fait l’expérience, plus ou moins. Il y a un homme dans l’Écriture (dans l’Ecclésiaste), le roi Salomon, qui a fait l’expérience que nous ne pouvons pas faire. Il avait tout, absolument tout, et il a cherché le bonheur partout. Quelle est la conclusion à laquelle il arrive ? « Vanité des vanités ! Tout est vanité » (1. 2). Tous les biens de la terre n’ont pu suffire pour remplir son cœur. Pensons-nous qu’ils pourraient remplir le nôtre ?
Alors Naomi était dans une grande amertume. La main de l’Éternel s’est étendue sur elle, mais elle engage ses belles-filles à la quitter, à partir tout simplement et à retourner à Moab. Et nous savons ce qui s’est passé, n’est-ce pas. Il est sûr qu’Orpa a pleuré, elle a embrassé sa belle-mère. Il y avait de l’affection dans son cœur pour Naomi, mais elle est repartie.
Mais Ruth s’est attachée à elle. Et cela a été encore l’occasion, on peut dire, de mettre un peu plus à l’épreuve la foi de cette chère Ruth dont nous aimerions dire quelques mots. Vous le savez, chers frères et sœurs, chers enfants peut-être, nous avons eu la grâce très grande de connaître la vérité. Le Seigneur nous a amenés dans sa présence, pour la plupart d’entre nous de bonne heure, et nous avons entendu parler de Lui et de sa grâce et nous connaissons son amour.
Mais Ruth, que savait-elle, sinon la honte de venir dans un pays où, en quelque sorte, il n’y avait rien pour elle ? Il fallait une foi, une foi qui s’attache entièrement au Seigneur pour y aller. Mais elle est prête, on peut dire, à faire ce pas avec le Seigneur et le Seigneur va la bénir.
Naomi insiste auprès d’elle et lui dit : « Voici, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux ; retourne-t’en après ta belle-sœur ». Elle était inquiète au sujet de la manière dont Ruth serait reçue dans ce pays. Tout de même, le nom de l’Éternel était connu et ce peuple devait se tenir à l’écart de tous les autres peuples et en particulier des Moabites.
Mais pour Ruth, sa foi se fonde sur Dieu seul. Est-ce que Dieu peut repousser quelqu’un qui vient à Lui avec une foi simple ? Impossible. Ruth nous apparaît ici, pourrions-nous dire, comme un précieux avant-goût de ce que nous trouvons dans l’Écriture.
Je voudrais lire simplement le récit concernant le Seigneur en Ésaïe 49 où il est dit au verset 6 : « C’est peu de chose que tu me sois serviteur pour rétablir les tribus de Jacob et pour ramener les préservés d’Israël ; je te donnerai aussi pour être une lumière des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre ».
Voilà quels étaient les plans admirables, les desseins de notre Dieu Sauveur, de notre grand Dieu Sauveur, dès l’éternité passée. C’était que sa grâce, en quelque sorte, dépasse les frontières d’Israël, comme nous le voyons pour Joseph : « ses rameaux poussent par-dessus la muraille » (Gen. 49. 22), c’est « le mur mitoyen de clôture » (Éph. 2. 14). C’est la grâce de Dieu étendue à nous, les nations. Nous qui n’étions pas un peuple, qui n’avions aucun droit de cité en Israël, aucune part aux promesses – il peut être dit que nous sommes maintenant le peuple de Dieu.
Et nous avons cité ce précieux passage de l’épître aux Éphésiens. Nous avons là tout le propos de Dieu. « Vous étiez en ce temps-là sans Christ, sans droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, dans le christ Jésus, vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang du Christ » (2. 12 et 13).
Voilà le moyen magnifique que Dieu avait en réserve. Déjà nous pouvons dire que l’Agneau était auprès de Lui, cet Agneau préconnu dès avant la fondation du monde. Ruth va faire l’expérience de cette grâce de Dieu à son égard. Vous savez qu’elle est entrée dans la lignée du Messie lui-même. C’est lui « qui des deux en a fait un et a détruit le mur mitoyen de clôture » (2. 14).
Nous avons maintenant par Lui, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit (2. 18). « Ainsi donc vous n’êtes plus étrangers ni forains, mais vous êtes concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu » (2. 19). Retenons cette belle expression au début du v. 17 : « Il est venu ». Dans l’épître aux Hébreux il est dit : « Voici, je viens » (10. 9) et ici l’apôtre dit : « Il est venu ». Le Seigneur Jésus est venu et Il a accompli cette œuvre de la rédemption. Dieu a pu dire : « J’ai trouvé une propitiation » (Job 33. 24). Il justifie celui qui est de la foi de Jésus.
Chers amis, est-ce que ces choses, nous pourrions dire si familières à chacun de nos cœurs, ont le prix qu’elles doivent avoir ? Nous devrions nous réjouir chaque matin, comme à nouveau, de ce salut dans lequel nous sommes. Le cantique 148 dit : « Tout bonheur vient de toi ». Est-ce que nous nous réjouissons tous les jours dans un Sauveur parfait ? Si nous sommes occupés de lui dans nos cœurs, de son œuvre expiatoire, occupés de sa personne adorable, eh bien ! ce sera pour nous le meilleur des antidotes vis-à-vis de ce monde. Si le Seigneur remplit notre cœur, Satan ne pourra rien y mettre.
C’est à notre honte d’avoir délaissé de nous nourrir de Christ pratiquement par sa Parole, en écoutant le Saint Esprit qui prend de ce qui est à Christ et nous le communique. Nous tombons sous les coups de l’Adversaire, nous nous traînons, on peut dire à ras du sol, alors que nous devrions être toujours avec des ailes. Il devrait toujours être visible que nous appartenons au ciel.
Voilà Ruth qui a cette parole de foi : « Où tu iras, j’irai, et où tu demeureras, je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu » (v. 16). On peut dire ici que Ruth est bien une illustration de la foi, de l’amour, de cette énergie dévouée d’une âme nouvellement convertie qui se donne sans calculer. Nous aimons beaucoup calculer, chers amis. Nous désirons avoir des assurances de tout genre dans notre vie, et finalement la foi fait complètement défaut. Et cela est la part de tous ceux qui s’ennuient, et cela suscite des difficultés dans notre vie, et nous voilà complètement sans ressources alors que nous avons pour Père le Dieu Tout-puissant qui nous aime. Que cela est triste !
Chers amis, Ruth aurait pu dire : « Qu’est-ce que je vais faire dans ce pays, qu’est-ce qui va se passer ? C’est de la folie pour moi. Ici j’ai ma famille, j’ai mes dieux, finalement j’ai une certaine joie, il y a des fêtes, il y a ceci et cela. Je connais tout le monde. Qu’est-ce que je vais faire de ce peuple ? Ils vont me repousser. Et Dieu, est-ce que Dieu va me recevoir ? »
Eh bien, non, Ruth a choisi et elle dit : « Ainsi me fasse l’Éternel, et ainsi il y ajoute, si la mort seule ne me sépare de toi ! » (v. 17) Et Naomi vit qu’elle était résolue, arrêtée dans son esprit. Cela nous fait penser à Daniel quand il est dit de lui : « Daniel arrêta dans son cœur qu’il ne se souillerait pas par les mets délicats du roi » (1. 8). Et rien ne peut séparer cette femme de foi de Celui qu’elle a décidé de suivre. Chers amis, est-ce que cela aussi est dans nos cœurs ?
Alors elles ont marché toutes les deux, elles ont marché ensemble vers la ville de Bethléhem. Et comme elles entrent dans la ville, toute la ville est émue à leur sujet. C’est important de penser à cela, que la grâce de Dieu opère pour que ceux qui se sont égarés reviennent. Comment celui qui revient est-il accueilli, chers amis, au milieu de l’assemblée ? Comment est-ce que nous l’accueillons ?
Ici toute la ville s’est émue en les voyant. Cela fait penser à ce père qui a accueilli son fils en Luc 15. Il est dit : « Son père le vit et fut ému de compassion » (v. 20). Mais nous, chers frères et sœurs qui connaissons le Seigneur, nous sommes là en quelque sorte pour manifester sa grâce. Comment est-ce que nous accueillons ceux qui s’approchent, qui reviennent ? La ville s’est émue à leur sujet disant : « Est-ce là Naomi ? »
Et elle leur dit : « Ne m’appelez pas Naomi, appelez-moi Mara » (v. 20). Nous savons, en Luc 15, ce qu’il en est du fils aîné, cet homme qui était resté dans la maison. Ah ! il se jugeait absolument sans reproche et comme il était peu préparé à recevoir son frère, ce frère qui était mort et qui était maintenant revenu à la vie !
Cela est très sérieux, chers amis, pour chacun de nous, et nous en sommes là. Que le Seigneur nous donne un cœur plus large, un cœur rempli des mêmes affections que les siennes !
Les Brus, août 1980
Philippe Laügt