
Nous avons vu, précédemment, que Gédéon a reçu la visite de l’Ange de l’Éternel. Interpellé, il entre en dialogue avec cette présence mystérieuse. Comment se pourrait-il que lui, Gédéon, le plus petit dans la maison de son père, serait à même de délivrer Israël de la main de Madian ? « Et l’Éternel lui dit : Moi je serai avec toi ; et tu frapperas Madian… » (Jug. 6. 16).
Alors, Gédéon a besoin d’un signe. Il demande à l’Ange d’attendre qu’il revienne avec un présent. La réponse divine fut : « Je m’assiérai jusqu’à ce que tu reviennes ». Il fit l’expérience de ce que le prophète Jérémie connaîtrait en son temps : « Les bontés de l’Éternel… sont nouvelles chaque matin ; grande est ta fidélité » (Lam. 3. 22). « Et Gédéon entra, et apprêta un chevreau et des pains sans levain d’un épha de farine ; il mit la chair dans un panier et mit le bouillon dans un pot, et les lui apporta sous le térébinthe, et les présenta. Et l’Ange de Dieu lui dit : prends la chair et les pains sans levain, et pose-les sur ce rocher-là, et verse le bouillon. Et il fit ainsi. Et l’Ange de l’Éternel étendit le bout du bâton qu’il avait en sa main, et toucha la chair et les pains sans levain ; et le feu monta du rocher et consuma la chair et les pains sans levain. Et l’Ange de l’Éternel s’en alla de devant ses yeux » (Jug. 6. 18 à 21).
Il est très instructif de voir comment l’Ange procède en demandant à Gédéon de mettre seulement la chair sur le rocher. Gédéon avait cuit le chevreau, ce qu’il n’aurait pas dû faire. Les holocaustes offerts à l’Éternel devaient être présentés de la façon suivante : « le sacrificateur lavera avec de l’eau l’intérieur et les jambes ; et le sacrificateur présentera le tout et le fera fumer sur l’autel : c’est un holocauste, un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Éternel » (Lév. 1. 13). Lors des sacrifices de prospérités, la graisse brûlée sur l’autel était pour l’Éternel, l’épaule droite pour le sacrificateur et la viande restante pour la famille qui offrait le sacrifice. « La chair bouillie », « le bouillon dans le pot », étaient les témoins de son ignorance, mais Dieu accepte l’offrande, quand Gédéon la pose « sur le rocher ». Le feu du jugement monte du rocher, consumant la chair et les pains sans levain.
Alors Gédéon sait qu’il a été en face de l’Ange de l’Éternel, et cette pensée le remplit d’effroi : « Ah ! Seigneur Éternel, si c’est pour cela que j’ai vu l’Ange de l’Éternel face à face ! Et l’Éternel lui dit : paix te soit ; ne crains pas, tu ne mourras pas. Et Gédéon bâtit là un autel à l’Éternel, et l’appela Jéhovah-Shalom » (Jug. 6. 22 à 24). Dans la formation de tout serviteur du Seigneur, il y a cette prise de conscience de sa culpabilité, comme pour Ésaïe qui s’écrie : « Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures » et je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l’Éternel des armées ». Et l’un des séraphins vola vers Ésaïe ; « et il avait en sa main un charbon ardent qu’il avait pris de dessus l’autel avec des pincettes ; et il en toucha ma bouche, et dit : voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché » (És. 6. 5 à 7).
Quel bonheur, quels transports d’allégresse pour celui qui prend conscience de l’efficace de l’œuvre de Christ à la croix ! « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le christ Jésus » ; rien désormais, « ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le christ Jésus, notre Seigneur » (Rom. 8. 1 et 39). Cette vérité apporte la joie et le repos de l’âme.
Gédéon vivait en des temps de déclin, et avant d’entreprendre le service, combien difficile, que l’Éternel lui demandait, il a reçu ce message de paix : « Paix te soit ; ne crains pas ». Sur-le-champ il bâtit un autel à l’Éternel et le nomme : « Jéhovah-Shalom » (l’Éternel de paix). Il faut, avant de servir, que le croyant soit entré comme adorateur en la présence de Dieu. Gédéon loue le Dieu de paix et peut offrir sur l’autel un sacrifice que l’Éternel accepte.
Ce qui s’était passé ce jour-là lui donna la force, pour prendre le jeune taureau qui était à son père et le second taureau de sept ans, pour renverser l’autel de Baal qui était à son père, pour couper l’ashère (image de divinités féminines des Cananéens) qui était près de l’autel. Il devait ensuite bâtir un autel à l’Éternel, son Dieu, avec l’arrangement convenable. L’Éternel avait dit : « Et tu prendras le second taureau, et tu l’offriras en holocauste sur le bois de l’ashère que tu auras coupée » (Jug. 6. 26).
« Et Gédéon prit dix hommes d’entre ses serviteurs, et fit comme l’Éternel lui avait dit ; et comme, à le faire de jour, il craignait la maison de son père et les hommes de la ville, il le fit de nuit » (v. 27). « Et quand les hommes de la ville se levèrent de bonne heure le matin, voici, l’autel de Baal était démoli, et l’ashère qui était auprès était coupée, et le second taureau était offert sur l’autel qui avait été bâti. Et ils se dirent l’un à l’autre : qui a fait cela ? Et ils s’enquirent et cherchèrent, et dirent : Gédéon, fils de Joas, a fait cela. Et les hommes de la ville dirent à Joas : fais sortir ton fils, et qu’il meure ; car il a démoli l’autel de Baal et a coupé l’ashère qui était auprès. Et Joas dit à tous ceux qui se tenaient près de lui : est-ce vous qui plaiderez pour Baal ? Est-ce vous qui le sauverez ? Celui qui plaide pour lui, qu’il soit mis à mort, d’ici au matin » (v. 28 à 31).
Quel revirement pour Joas, le père de Gédéon ! Lui qui avait bâti un autel à Baal, comprend enfin son erreur et prend la défense de son fils. Il dût comprendre que Gédéon avait fait cela sous le commandement de l’Éternel. L’obéissance de la foi d’un seul homme, bien que peu estimé, a conduit au réveil de son père et de ses concitoyens, les Abiézerites. Au premier constat, ces derniers voulaient le tuer, et par la suite, quand l’ennemi s’est rangé en bataille contre le peuple d’Israël, « ils s’assemblèrent à sa suite » (v. 34).
L’apparition de l’Ange, l’acceptation du sacrifice, la voix rassurante de l’Éternel accompagnée de directions claires, la conversion de son père, furent pour Gédéon une expérience unique. Connaître le Seigneur, entendre sa voix en lisant sa Parole, goûter la paix que procure à l’âme l’efficace de sa mort et de sa résurrection, nous amènera à une adoration digne de Lui.