
Quarante années se sont écoulées depuis la victoire sur Jabin, roi de Canaan. Le cantique de Debora a été oublié et, une nouvelle fois, « les fils d’Israël firent ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel ; et l’Éternel les livra en la main de Madian pendant sept ans » (Jug. 6. 1).
Par Moïse, l’Éternel avait averti son peuple : « … si tu n’écoutes pas la voix de l’Éternel, ton Dieu, pour prendre garde à pratiquer tous ses commandements et ses statuts que je te commande aujourd’hui, il arrivera…, qu’un peuple que tu ne connaissais pas, mangera le fruit de ta terre et tout ton labeur ; et tu ne seras qu’opprimé et écrasé tous les jours » (Deut. 28. 15 et 33). C’est ce qui est arrivé : « Et la main de Madian fut forte sur Israël… et quand Israël avait semé, Madian montait, et Amalek et les fils de l’orient ; et ils montaient contre lui. Et ils campaient contre eux, et détruisaient les produits du pays jusqu’à ce que tu viennes à Gaza, et ils ne laissaient point de vivres en Israël, ni mouton, ni bœuf, ni âne » (Jug. 6. 2, 3 et 4).
« Lorsque les fils d’Israël crièrent à l’Éternel à cause de Madian, l’Éternel envoya… un prophète » (v. 7). Il leur rappelle la délivrance de l’Égypte, les commandements de l’Éternel, et que le pays leur avait été donné en héritage. En conséquence, ils devaient craindre l’Éternel et ne pas s’attacher aux dieux des Amoréens ; « Et vous n’avez pas écouté ma voix » (v. 10).
Comme cela nous parle ! À nous qui avons été « délivrés du pouvoir des ténèbres, et… transportés dans le royaume du Fils » de l’amour du Père (Col. 1. 13). Lorsque notre cœur se tourne vers le monde jusqu’à en être rempli, c’est l’ennemi qui nous ravit « les produits du pays ». Les dieux de ce monde sont nombreux : l’amour de l’argent, l’orgueil de la vie, l’asservissement aux sports, pour si possible atteindre aux médailles etc. ; mais ces médailles sont périssables. Ceux qui sont animés par l’esprit d’un monde qui s’en va avec sa convoitise « courent afin de recevoir une couronne corruptible » ; le chrétien engagé court « afin d’en recevoir une incorruptible » (1 Cor. 9. 25 ; 1 Jean 2. 17).
Les fils d’Israël, placés sous la discipline, se souviennent du seul vrai Dieu et crient à lui. Alors, Dieu envoie un prophète pour parler à leurs cœurs. Pour nous, jusqu’au retour du Seigneur, Dieu parle par son Esprit et par sa Parole. N’abandonnons pas les réunions d’assemblée, où le ministère prophétique est actif quand l’un ou l’autre parle pour « l’édification, et l’exhortation, et la consolation » (voir Héb. 10. 25 ; 1 Cor. 14. 3). Israël s’est retrouvé sous la discipline, parce qu’il est le peuple de Dieu et que « celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée » (Héb. 12. 6). Dans sa grâce, Dieu leur prépare un sauveur. Il choisit le plus petit d’une famille la plus pauvre dans la tribu de Manassé. Ce jeune homme, il le connaît parce qu’il a les intérêts de sa famille et de son peuple à cœur, un peu comme le roi David dans sa jeunesse. Au temps opportun, Dieu envoie un messager, « un ange de l’Éternel vint, et s’assit sous le térébinthe qui est à Ophra, lequel était à Joas. Et Gédéon, son fils, battait du froment dans le pressoir » (Jug. 6. 11).
Gédéon utilise un pressoir au lieu de l’aire. En temps normal, il aurait employé un endroit exposé au vent afin que la balle (l’écorce du grain) puisse s’envoler facilement. Battre le grain dans un pressoir, à l’abri du vent, doublait son travail. Mais il fallait un moyen qui permette de mettre la récolte « en sûreté de devant Madian ». L’énergie déployée par ce jeune homme, pour la survie d’une famille, nous fait penser à celle que nous devrions déployer pour empêcher Satan de nous ravir la précieuse Parole de Dieu. Si facilement nous sommes occupés à tant et tant de travaux que sa lecture se trouve placée au second plan.
En lisant attentivement ce récit, nous voyons premièrement un ange de l’Éternel qui s’assied « sous le térébinthe » et par la suite, l’Ange de l’Éternel qui apparaît à Gédéon pour lui dire : « L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme ». Il y a certainement une différence entre ces deux personnes. Les anges sont « des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (Héb. 1. 14). L’Ange, montré avec un A majuscule, dans certaines traductions de la Bible, est une apparition du Seigneur. Nous voyons la même chose quand l’Éternel apparaît à Abraham, accompagné de deux hommes, qui sont des anges, en Genèse 18. Ces apparitions sont importantes dans la vie d’autres hommes et femmes de foi. Agar, Jacob, Moïse, Josué, Balaam, la femme de Manoah, etc. ; à part pour Agar, ces apparitions sont toutes liées aux intérêts d’Israël, le peuple de Dieu. L’Ange qui se manifestait à son peuple est vu dans l’Évangile selon Jean comme étant la Parole : « Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu… Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous… pleine de grâce et de vérité » (Jean 1. 1 et 14).
Concernant Gédéon, le frère Henri Rossier a écrit : « Dieu seul entre en scène dans l’œuvre de délivrance de son peuple. En premier lieu, « l’Ange de l’Éternel lui apparut ». Comme à Saul sur le chemin de Damas, c’est Dieu qui commence par se révéler lui-même à l’âme de tous ses serviteurs dans la personne de Jésus. En second lieu, l’Éternel se révèle à Gédéon, comme s’associant à lui : « L’Éternel est avec toi » ; en troisième lieu, c’est Lui qui donne un caractère à Gédéon, – « fort et vaillant homme », – caractère que Gédéon lui-même, faible et se cachant dans son pressoir, n’eût jamais rêvé d’obtenir. Quatrièmement, l’Éternel le regarde « en grâce » pour se révéler, non plus à lui, mais en lui, comme le Dieu de puissance. Si Gédéon n’a pas de force, l’Éternel en a pour lui ; c’est le secret qu’il lui fait connaître, car il lui dit : « Cette force que tu as ». Cinquièmement, c’est Lui qui l’envoie : « Va avec cette force » (H. R.).
Tel qu’il est, Dieu l’envoie : « va… et tu sauveras Israël de la main de Madian. Ne t’ai-je pas envoyé ? ». Gédéon argumente : « Ah ! Seigneur, avec quoi sauverai-je Israël ?… Et l’Éternel lui dit : Moi je serai avec toi » (Jug. 6. 14 à 16). Plusieurs, dans les moments difficiles, ont entendu les mêmes paroles de réconfort. Pour tous les temps, cette voix fortifie la foi : « Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi » (És. 43. 2). « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle » (Mat. 28. 20) nous dit le Seigneur Jésus.