
« Comme le Christ vous a pardonné, vous aussi [faites] de même » Colossiens 3. 13.
« Vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné » Éphésiens 4. 32.
COMMENT PARDONNER
« Remets-nous nos dettes comme nous aussi nous remettons à nos débiteurs… Car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi à vous » Matthieu 6. 12 à 14.
« Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés… car il est écrit : à moi la vengeance ; moi je rendrai, dit le Seigneur » Romains 12. 19.
Voici les déclarations de deux chrétiens :
– J’ai souvent dit : je te pardonne, et en fait, alors que je prononçais ces paroles, la colère et le ressentiment restaient au-dedans de moi. Au fond, j’avais envie qu’on me dise que j’avais raison… Mais le pardon de Dieu est inconditionnel. Il exige que j’oublie la blessure et la souffrance injuste qui m’ont été causées.
– Nous disons souvent : si l’autre se repent et me demande pardon, je pardonnerai. Nous soumettons le pardon à la condition réciproque. Mais cela ne peut pas réussir de cette manière, parce que nous voulons tous les deux que ce soit l’autre qui fasse le premier pas. Je regarde alors si l’autre m’envoie un signal, ou si je réussis à découvrir la moindre pensée de regret : je suis toujours sur le point de pardonner, mais je ne pardonne jamais.
Ces deux témoignages montrent ce qui rend le pardon si difficile. Nous attendons que celui qui nous a offensé vienne nous demander pardon. Mais si nous pardonnons de tout notre cœur, comme Dieu nous a pardonné, notre indignation, la colère, le désir de vengeance, feront place à un sentiment de grâce, et nous serons encore plus en mesure d’aider celui qui nous a offensé à reconnaître sa faute.
POURQUOI PARDONNER ?
« Mais toi, tu es un Dieu de pardons, faisant grâce, et miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté » Néhémie 9. 17.
« Vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre » Colossiens 3. 13.
Pardonner, c’est faire grâce à l’autre sans rien attendre en échange. Pardonner, cela signifie abandonner son propre ressentiment envers l’offenseur, et cela équivaut à lui remettre une dette. Pardonner, c’est renoncer au désir de vengeance.
Un chrétien est quelqu’un à qui Dieu a pardonné. Mais pourquoi pardonner ? Simplement parce que Dieu le demande. Il nous a pardonné le premier, alors que nous l’avions gravement offensé par nos péchés. Si nous avons fait l’expérience du pardon divin, nous voudrons faire connaître ce Dieu prêt à pardonner et refléter quelque chose de Lui dans notre comportement : « Les uns à l’égard des autres, soyez bons, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné. Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants » (Éph. 4. 32 à 5. 1).
Sans pardon, ni deux conjoints, ni deux amis, et encore moins une communauté, ne peuvent expérimenter une véritable communion. Tant que le cœur conserve un sentiment négatif réciproque, aucun véritable échange, aucune amitié sincère, ne sont possibles. Inversement, le pardon brise le cercle sans fin des accusations et de la souffrance.
– La première personne qui est guérie par le pardon, c’est celle qui pardonne… quand nous pardonnons avec sincérité, nous libérons un prisonnier, et nous découvrons que ce prisonnier, c’est nous-même. (Lewis Smedes – auteur chrétien et théologien).
PARDONNER… ÊTRE PARTICIPANTS DU DON DE DIEU
« Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » Luc 23. 34.
« Alors Pierre s’approcha et lui dit : Seigneur, combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi et lui pardonnerai-je ? Jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » Matthieu 18. 21 et 22.
– Un soir, j’étais invité, avec d’autres voisins, chez des amis libanais. Quelqu’un proposa de lire dans l’évangile de Matthieu les versets cités (Mat. 18. 21 et 22). La lecture fut suivie d’un long et douloureux silence. Ces hommes et ces femmes étaient là, meurtris par de longues années de guerre, à cause de laquelle ils avaient perdu un ou plusieurs membres de leurs familles… Ce texte de l’évangile m’a semblé profondément inhumain. Comment peut-on proposer de telles paroles à des personnes broyées par une situation qu’ils n’avaient pas voulue et dont ils n’étaient pas responsables ? En écoutant, abasourdi, ces voix brisées qui racontaient tant de malheurs, il m’était facile de reconnaître que ce pardon ne pouvait pas jaillir naturellement du cœur. Trop de haine, trop de violence, trop de sang, trop de morts… Mais après cette confession sincère, ils se sont mis spontanément à prier, demandant à Dieu de faire naître dans leur cœur, par le moyen de l’Esprit Saint, ce pardon humainement impossible.
Ce soir-là, j’ai compris que pardonner signifie véritablement « être participant du don de Dieu », participer à la grâce de son amour infini. Notre logique humaine, celle de la spirale mortelle de la rancune qui produit la vengeance, devient tout à coup un chemin à contre-courant, un parcours inattendu sous la conduite de l’Esprit Saint, un chemin dans lequel notre logique humaine devient celle de Dieu, c’est-à-dire la logique de l’amour de Celui qui, un jour, au Calvaire, alors qu’Il était près de mourir, a prié en disant : « Père, pardonne-leur ! » (Luc 23. 34)
UN ÉCLAT DE VERRE DANS LE BRAS
« Et quand vous vous levez pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez-lui, afin que votre Père aussi, qui est dans les cieux, vous pardonne vos fautes ».
Imaginez que quelqu’un se blesse avec du verre. La blessure est soignée, mais un petit éclat de verre reste caché. Avec le temps et les soins, le bras semble guéri, mais bientôt, lorsqu’on fait certains mouvements, cela produit de fortes douleurs.
Celui qui ne pardonne pas les torts qui lui sont faits se trouve dans la même situation. Même s’il maintient avec le coupable des relations apparemment cordiales, il peut se manifester, avec le temps, des situations conflictuelles. La blessure n’est pas guérie ! Comme c’est le cas avec la blessure au bras, pommades et analgésiques ne servent à rien ; la seule solution efficace, c’est d’ôter le corps étranger.
Si nous avons pardonné, que devons-nous faire pour que l’amertume soit ôtée de notre cœur ? C’est un chemin difficile qui peut demander du temps avant que l’on parvienne à une guérison complète. Le premier pas, c’est de demander de l’aide au Seigneur Jésus par la prière, en confessant ce qui s’est passé.
Efforçons-nous d’employer les mots adaptés au tort subi mais souvenons-nous dans nos prières de la première parole du Seigneur sur la croix : « Père, pardonne-leur… » (Luc 23. 34).
Alors le Seigneur, au moment qu’Il jugera bon, nous donnera la paix. Toute trace d’amertume et de vengeance sera effacée et nous serons capables d’aller plus loin, comme le Seigneur nous le demande : nous aimerons ceux qui nous ont offensé… même si le pardon n’est pas réciproque.
Nous ne pouvons pas oublier certaines expériences de notre vie, comme la cicatrice toujours visible sur le bras blessé, mais le Seigneur nous guérira, nous donnant la force de pardonner.
D’après « Il buon seme » juin 2024