JÉRUSALEM

La ville de Jérusalem est située sur une chaîne de montagnes, s’étendant du nord au midi, à peu près parallèle au fleuve du Jourdain. Les sommets, peu considérables du reste, s’élèvent davantage vers le midi à une trentaine de kilomètres de distance, jusqu’à la ville de Hébron, qui est à une altitude de 924 mètres au-dessus de la Méditerranée, tandis que Jérusalem n’est qu’à 777 mètres.

Mais celle-ci se distingue de toutes les autres villes du pays, et peut-être du monde entier, par le fait qu’elle est entourée d’un ravin profond et large, qui l’enserre de trois côtés, à l’est, à l’ouest et au midi, formant ainsi une forteresse naturelle, près de la source du torrent du Cédron. Du côté du nord, le niveau du plateau se maintient sur une distance considérable.

Ces quelques détails pourront servir à faire mieux comprendre pourquoi la ville est devenue la capitale du royaume, depuis le moment où le roi David est parvenu au pouvoir.

Avant son temps, elle est peu mentionnée dans l’histoire sacrée. Elle avait cependant son roi à elle lorsque les Israélites, sous la conduite de Josué, entrèrent dans le pays de Canaan pour en prendre possession (Jos. 10. 1 à 27). À cette occasion, l’Éternel fit arrêter le soleil et la lune sur la demande de Josué, le capitaine de l’armée Israélite (cf. Hababuk 3. 11).

Quant à Jérusalem elle-même, les Jébusiens y restèrent. La ville était à l’extrémité méridionale du territoire attribué aux Benjaminites ; mais nous lisons, à deux reprises, que les fils d’Israël ne purent pas les en chasser (Jos. 15. 8 et 63 ; 18. 28 ; Jug. 1. 21). Par la suite, il semble que les Jébusiens s’étaient fortifiés sur la colline de Sion, de façon telle que les Israélites en prirent leur parti et ne se donnèrent pas la peine de la leur enlever.

Or, lorsque David fut couronné roi sur tout Israël (à peu près quatre siècles après l’entrée des Israélites dans le pays de Canaan), il tint compte des avantages naturels de l’endroit ; et l’un de ses premiers actes fut de prendre la forteresse de Sion et d’en chasser les Jébusiens pour tout de bon (2 Sam. 5. 6 à 9). Dès lors, Jérusalem entra dans une phase nouvelle. David et son neveu Joab, chef de l’armée, y bâtirent.

Beaucoup plus tard, le roi fit des préparatifs pour les travaux de Salomon, son fils (1 Chron. 11. 7 et 8 ; 2 Chron. 3. 1). Car il échut à Salomon d’y construire le temple magnifique, où il plaça enfin l’arche de l’Éternel, restée jusque-là sous des tentes (2 Sam. 7. 6 ; 1 Rois 8. 1 à 13).

Comme une preuve de la considération accordée aux descendants des Jébusiens, restés après tant d’années dans le pays d’Israël, il suffit de rappeler que l’emplacement du temple fut acheté par David d’un Jébusien, nommé Ornan, à l’occasion de l’autel qu’il devait dresser là, afin que la peste qui dévastait le pays fût arrêtée en réponse à la prière du roi.

L’Éternel s’était servi du prophète Gad dans cette circonstance pour exercer la conscience de David. Et l’Éternel « lui répondit par le feu des cieux sur l’holocauste », alors que l’ange destructeur « remit son épée dans son fourreau ». Quel bel exemple de l’évangile dans son principe élémentaire ! La victime sainte est offerte à Dieu en sacrifice, passant par le feu du jugement divin, et le peuple coupable, par le même fait, en est mis à l’abri (1 Chron. 21. 25 à 22. 1).

Ayant joui de cette réponse à sa prière, David n’avait plus de doutes quant à l’emplacement voulu de Dieu pour la « maison », où l’arche devait rester en permanence. Cependant la construction du temple revint à Salomon, divinement doué d’une sagesse exceptionnelle dans ce but. Commençant en l’an quatre cent quatre-vingt après la sortie des fils d’Israël du pays d’Égypte, il l’acheva en sept ans (1 Rois 6. 1 et 38).

Malgré toutes les faveurs dont il avait joui de la part de l’Éternel, le peuple se tourna constamment vers l’idolâtrie, s’obstinant à ne pas écouter les avertissements continuels des prophètes à cet égard, jusqu’à ce que la patience de Dieu fût épuisée. Alors II en livra dix tribus au roi Shalmanéser, qui les transporta en Assyrie ; et cent trente ans plus tard, Nebucadnetsar détruisit la ville de Jérusalem, et brûla le temple qui avait existé pendant 417 ans.

Pendant soixante-dix ans, le pays resta désolé, jusqu’à la destruction du pouvoir chaldéen par le roi Cyrus, qui permit aux captifs bien disposés de retourner à Jérusalem, et d’y rebâtir un édifice adapté au service divin, mais dénué de la gloire du temple de Salomon. Bien plus tard, il fut beaucoup élargi et embelli par le roi Hérode. Et c’est à ce temple-là que le Seigneur est venu, le reconnaissant comme « la maison de son Père » (Jean 2. 13 à 17).

Hélas, les désordres de tout genre n’y manquaient pas. Quant à l’arche, le signe de la présence de Dieu, il n’en fut plus question après la destruction du temple de Salomon. Mais Jérusalem est restée la capitale du pays, subordonnée alors à la puissance des nations perse, grecque et romaine, successivement. Le service de Dieu ne pouvait plus être que partiel, mais on y offrait des sacrifices, plus ou moins d’après l’ancienne coutume. Quant à ceux qui étaient au pouvoir, tant Pharisiens zélés pour la loi, que Sadducéens, rationalistes endurcis et leurs ennemis déclarés, ils se mirent d’accord pour rejeter le Sauveur, et mettre le sceau à leur iniquité en Le crucifiant.

Dès lors, Jérusalem s’identifie avec le Calvaire. Pour l’avenir encore, tout autant que pour nos jours actuels, c’est la ville « qui est appelée spirituellement Sodome et Égypte, où le Seigneur a été crucifié » (Apoc.11. 8).

On peut y assister d’année en année à des scènes honteuses de superstition, et à des querelles entre les sectes qui se réclament du nom de chrétiennes ; mais il s’y produira des événements plus terribles même que la prise de la ville par les Romains, quarante ans après la mort de Christ.

Nous en avons une description en Zacharie 14. Alors le Seigneur viendra en gloire pour y établir son règne. Il y aura un bouleversement complet de tout le pays, bien que l’emplacement de la ville reste le même, mais elle sera élevée considérablement ; et le nouveau temple se trouvera construit sur une montagne qui n’existe pas encore, à environ quatre ou cinq kilomètres au nord de la ville. Alors « la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Nomb. 14. 21 ; És. 11. 9 ; Habakuk 2. 14).

Le ministère de notre Seigneur Jésus Christ s’est accompli presque exclusivement en Galilée, cette Galilée méprisée par les conducteurs religieux des Juifs. Le Seigneur se rendit quelquefois à Jérusalem à l’époque des fêtes ; mais ce ne fut guère qu’au terme de son service qu’Il visita de nombreux endroits qui n’avaient pas eu auparavant le privilège de Le voir.

Son objectif était alors Jérusalem, en vue de sa mort prochaine ; mais II trouvait bon d’avertir ceux qui pourraient avoir le privilège de Le recevoir le long de sa route, en envoyant devant Lui les soixante-dix messagers dont parle Luc (ch. 9. 51 ; 10. 1).

Remarquons ici que ce n’est que Luc qui rapporte ce voyage avec quelques détails. Matthieu ne mentionne que le fait (ch. 19. 1 et 2), et Marc, de même, ajoutant qu’Il « enseignait encore comme Il avait accoutumé » (ch. 10. 1). Mais dans le récit de Luc, le voyage occupe un tiers du livre, depuis la fin du chapitre 9, jusqu’à la fin du chapitre 19. Et c’est là que se trouvent les précieuses paraboles qui, de tout temps, ont servi d’illustrations de l’évangile de Dieu.

Le lecteur sérieux n’aura pas de difficulté à s’en rendre compte, car l’objectif du voyage est rappelé plusieurs fois par l’auteur du livre. Voyez chapitres 9. 51 et 52 ; 10. 1; 13. 22 ; 17. 11 ; 18 31 à 34 ; 19. 11, 28 et 41. Jean parle de la fin de ce voyage, disant que le Sauveur est allé aux confins de la Judée et par-delà le Jourdain, entre la fête de la Dédicace, en hiver, et la dernière Pâque (ch. 10. 22 et 40 ; 11. 54 et 55).

Il est un passage dans l’évangile de Luc, qui est reproduit aussi en Matthieu 23, montrant le caractère moral de Jérusalem, la ville sur laquelle les soins bienveillants de Dieu avaient été particulièrement prodigués dans le passé. Soit que l’on pense à sa gloire du temps de Salomon, qui y avait construit le temple où l’arche de Dieu fut placée d’une manière définitive, soit que l’on rappelle l’intervention de Dieu en faveur des captifs renvoyés de Babylone sous l’égide des rois de Perse, Cyrus, Darius et Artaxerxès, on ne peut qu’en retirer un sentiment profond de sa fidèle bonté ; et assurément toutes ces choses ont été « écrites pour notre instruction » (Rom. 15. 4).

Toutefois, c’est là, à Jérusalem, plus qu’ailleurs, que l’inimitié naturelle du cœur de l’homme contre Dieu a été mise en évidence. Le Seigneur Lui-même l’exposa en disant : « Il ne se peut qu’un prophète périsse hors de Jérusalem ».

Quel témoignage solennel destiné à nous faire comprendre ce qu’est le cœur de l’homme, le cœur naturel de tous les hommes sans exception ! Ne devrions-nous pas y regarder, chacun, comme dans un miroir, pour y trouver la description de notre cœur à nous ?

Voici donc la lamentation du Seigneur, qui suit les paroles que nous venons de citer (Luc 13. 33 à 35) : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous est abandonnée ; et je vous dis que vous ne me verrez point jusqu’à ce qu’il arrive que vous disiez : béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (cf. Ps. 118. 26).

En Matthieu, ces paroles, adressées aux scribes et aux pharisiens, conducteurs reconnus, et soi-disant orthodoxes, du peuple juif, viennent à la fin du chapitre où le Seigneur expose leur hypocrisie. Gardiens des Écritures Saintes, ils se trouvaient dans une position d’autorité incontestable ; et dans les synagogues, chacun tout naturellement les écoutait. On comprend alors sans peine combien la lutte devenait intense à mesure que le Seigneur s’approchait de Jérusalem.

Plusieurs des chefs avaient déjà comploté sa mort en Galilée, mais dans la capitale, à très peu d’exceptions près, tous étaient d’accord pour se défaire du Christ, faisant valoir le respect qu’on leur témoignait pour détourner le peuple de leur Sauveur, et condamner Celui-ci à mort et, comme un brigand, à la mort de la croix.

Aujourd’hui, presque partout dans la chrétienté, on est porté à ensevelir et à oublier ces faits, afin d’exalter le nom de Christ d’une façon purement humaine, en Le traitant comme un grand réformateur, tout comme Bouddha, Confucius, ou tel autre philosophe célèbre.

Sur ce terrain, le christianisme disparaît, et l’on devient la proie de l’ennemi des âmes ; les païens idolâtres et ceux qui ont une religion peuvent se donner la main avec les chrétiens de nom qui, au fond, ne sont que des incrédules ; tous chemineront ensemble, sur « le chemin spacieux qui mène à la perdition ».

La « porte étroite » sera bientôt fermée pour ce pauvre monde ; hâtons-nous donc d’y entrer tandis qu’il est dit : « Aujourd’hui », afin qu’aucun d’entre nous ne s’endurcisse par la séduction du péché (Héb. 3. 13 ; 4. 7). En suivant le train dont il marche à présent, le monde ne reconnaîtra plus le « chemin resserré qui mène à la vie ». Mais le Sauveur a dit : « Peu nombreux sont ceux qui le trouvent » (Mat. 7. 13 et 14).

La pierre de touche partout et pour tous, c’est la croix de Christ ; car si la justice était comptée à un homme d’après les bonnes œuvres qu’il aurait faites et dont Dieu est le seul juge, « Christ serait mort pour rien » (Gal. 2. 21). Sur ce terrain-là, il aurait été impossible que le brigand entre dans le paradis avec le Sauveur (Luc 23. 43). Aussi était-il avant tout nécessaire que la condamnation du Seigneur ait lieu à Jérusalem où était le temple, et par le moyen de ceux qui présidaient aux services qui s’y accomplissaient.

Nous pouvons encore ajouter que, pour l’accomplissement des types et des prophéties de l’Ancien Testament, sa mort devait avoir lieu le jour même de la Pâque, chose que les principaux sacrificateurs voulaient précisément éviter, de crainte qu’il n’y ait un tumulte parmi le peuple (Marc 14. 2).

Mais Christ était le vrai Agneau pascal désigné d’avance lorsque les Israélites sortaient d’Égypte, au commencement de leur histoire nationale (Ex. 12. 2 à 14). Jésus mangea la pâque avec ses disciples pour la dernière fois, le jour même où le type devait avoir son accomplissement dans le royaume de Dieu, et en sa propre Personne sur la croix.

Revenons à présent un peu en arrière pour arrêter notre attention sur les circonstances qui précédèrent le dernier voyage du Seigneur à Jérusalem, dont nous avons parlé plus haut. Vers le terme de son ministère dans ces régions lointaines, Il était allé avec ses disciples à l’extrémité septentrionale du pays, dans le territoire autrefois assigné à la tribu de Dan.

Là se trouvait, dans un emplacement magnifique aux pieds de la montagne de l’Hermon, la ville de Césarée, fondée par Hérode et agrandie par son fils Philippe, tétrarque de l’Iturée (Luc 3. 1). L’endroit était de toute beauté, rempli de sources qui alimentaient le Jourdain.

Dans l’isolement de cette localité retirée, ayant fini son témoignage public, Jésus posa clairement à ses disciples, la question quant à sa propre Personne : « Qui disent les hommes que je suis, moi, le fils de l’homme ? » (Mat. 16. 13). On faisait en effet bien des raisonnements sur ce sujet ; car l’humilité du Seigneur était telle qu’Il se faisait le serviteur de tous (Luc 22. 27). En général, on Le comparait à Jean le baptiseur, ou bien aux anciens prophètes dont ils avaient entendu parler. Mais Jésus cherchait de leur part une confession personnelle, disant : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? »

Il fut donné à Pierre de présenter inconsciemment la réponse voulue du Seigneur, qui lui en indique immédiatement l’origine ; elle ne venait nullement des appréciations ou des raisonnements humains, mais directement par l’inspiration de Dieu le Père, dans les cieux : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

« Le Christ » : cela voulait dire qu’Il était bien Celui dont tous les prophètes avaient parlé, attendu non seulement des Juifs mais de ceux qui étaient en rapport avec eux, comme la femme samaritaine (Jean 4. 25).

« Le Fils », c’est Lui qui seul peut faire connaître Dieu le Père (Jean 1. 18). On ne peut exagérer l’importance de cette déclaration ; toute la certitude de la foi en découle, ainsi que la force morale pour la marche chrétienne. En effet, nous lisons, dans la première Épître de Jean : « Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en Lui, et Lui en Dieu » ; puis : « Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu » et : « Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jean 4. 15 ; 5. 1 et 5).

Remarquons encore que cette question que posait Jésus à ses disciples, est d’un côté l’épreuve quant à l’état réel de tout cœur humain aux yeux du Dieu saint qui connaît et qui scrute tous les cœurs ; et d’autre part, elle met en évidence la valeur intrinsèque de la mort du Sauveur pour ce qui regarde le pardon des péchés et la relation avec Dieu dans laquelle, par sa grâce, Il fait entrer le croyant.

Le croyant est envisagé comme étant « en Christ, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption » (1 Cor. 1. 30). Et c’est en Lui que l’on jouit de la relation actuelle avec le Père, par le moyen du Saint Esprit donné au croyant (Gal. 3. 26 ; 4. 6 et 7 ; 1 Jean 5. 20).

Toutes ces bénédictions merveilleuses rendaient nécessaire la mort du Sauveur ; aussi en parle-t-Il clairement à ses disciples pour la première fois (Mat. 16. 21). Pierre ne pouvait pas le supporter, et Lui dit : « Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point ». Mais Jésus juge ses paroles comme venant de l’adversaire, et insiste sur la nécessité de porter sa croix en Le suivant.

Mais une semaine après, Il prend Pierre et les deux fils de Zébédée sur la montagne afin qu’ils aient le privilège d’y voir sa gloire et d’entendre de leurs propres oreilles le témoignage du Père au sujet de son Fils. Quelle grâce infinie ! Pierre en laisse le récit comme son legs à l’église peu avant sa mort (2 Pier. 1. 16 à 21). « Cette voix venue du ciel », non seulement confirme toutes les prophéties quant au Christ dans l’Ancien Testament, mais elle ouvre encore devant le croyant la réalité et la gloire de la relation avec Dieu dans laquelle le croyant se trouve déjà placé. Jean, l’un des trois témoins, laissé en vie comme le dernier des apôtres, en expose la bénédiction dans son Évangile et dans son Épître.

La mort du Sauveur est donc le centre de tout. En descendant de la montagne, le Seigneur en parle encore à ses disciples, et dès lors, « Il dresse sa face résolument pour aller à Jérusalem » (Luc 9. 36, 44, 45 et 51).

Comme nous avons eu déjà l’occasion de le rappeler, « Sodome et Égypte » représentent l’état de la ville de Jérusalem, dès le moment où le Seigneur y a été crucifié (Apoc. 11. 8). Dans les deux noms, il y a toutefois une porte ouverte à l’action de la grâce souveraine de Dieu : Lot fut retiré de Sodome, et les descendants de Jacob furent retirés d’Égypte.

Au moment de la première captivité, qui dura soixante-dix ans, le prophète Jérémie s’était écrié : « La peine de l’iniquité de la fille de mon peuple est plus grande que la peine du péché de Sodome, qui fut renversée comme en un moment, sans qu’on ait porté les mains sur elle » (Lam. 4. 6).

Quelques années plus tard, comme la durée de la captivité touchait à sa fin, Daniel rappela dans sa prière comment Dieu avait accompli les paroles d’avertissement données par ses prophètes, « en faisant venir sur les Juifs un mal si grand que rien ne s’est fait sous tous les cieux comme ce qui a été fait à Jérusalem » (Dan. 9. 12).

La longue patience de Dieu fut alors épuisée ; mais Il permit aux captifs de rentrer sous les ordres du roi Cyrus, et de rebâtir le temple, afin que le service régulier de l’Éternel y fût rétabli ; seulement, il n’y avait plus d’arche dans le sanctuaire. Quatre-vingts ans plus tard, le roi Artaxerxès permit à Néhémie de rebâtir les murs de la ville.

Mais il ne devait plus y avoir de roi. Dieu l’avait décrété ainsi par le ministère du prophète Jérémie, à l’occasion de la captivité du jeune roi Jéconias, fils de Jehoïakim qui fut gardé en prison à Babylone pendant trente-sept ans. Voici ses paroles : « Inscrivez cet homme comme privé d’enfants, comme un homme qui ne prospérera pas pendant ses jours ; car, de sa semence, nul ne prospérera, assis sur le trône de David, ou dominant encore en Juda » (ch. 22. 30).

Son petit-fils, Zorobabel, remonta de Babylone avec les autres captifs, suivant le décret de Cyrus ; il était reconnu gouverneur, mais non pas roi.

Chose triste à rappeler, l’effet du réveil ne dura pas longtemps. Malgré tous les soins fidèles de Dieu déployés en faveur des captifs, ceux-ci dégénéraient toujours quant à la fidélité envers Lui et sa loi sainte. Néhémie avait assez de peine à maintenir l’ordre à Jérusalem, et le témoignage de Malachie, vingt ans plus tard, ne fait que peser sur la corruption des sacrificateurs. Finalement, lorsque le Seigneur Lui-même entra dans la ville, exactement comme cela avait été annoncé prophétiquement par Zacharie (ch. 9. 9), les chefs ne Le reconnurent pas, et, huit jours plus tard, ils demandèrent à Pilate qu’Il fût crucifié ; c’est-à-dire, qu’ils exigèrent dans son cas la peine réservée aux pires malfaiteurs.

Le châtiment terrible qui s’ensuivit, ainsi que l’état actuel de la ville, toujours incrédule, restent comme un avertissement solennel de la part de Dieu, quant aux jugements qui vont fondre également sur une chrétienté corrompue. Le Seigneur disait déjà aux quatre disciples qu’Il avait choisis en premier lieu, assis alors avec Lui sur la montagne des Oliviers, vis-à-vis du temple : « Il n’y sera point laissé pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas » (Marc 1. 16 à 20 ; 13. 1 à 9). Or tout cela a été accompli à la lettre.

Quelques siècles plus tard, après la chute de l’empire romain, la ville tomba au pouvoir des Musulmans, et tous les efforts des croisades n’ont fait que justifier les paroles prophétiques portant que Jérusalem serait « une pierre pesante pour tous les peuples » (Zach. 12. 3). Et cela n’est pas encore fini.

Beaucoup de passages dans les Écritures indiquent un retour dans leur pays des Juifs à présent dispersés, mais sans le repentir national voulu de Dieu. Les efforts des nations en leur faveur, quelque bien intentionnés qu’ils soient, n’aboutiront qu’à une détresse plus grande (És. 18. 5 et 6).

Car le Seigneur Lui-même va se charger du rétablissement final de son peuple, d’abord des Juifs descendus de Juda et de Benjamin, éparpillés à présent sur toute la terre, et, après cela, du résidu des Israélites transportés anciennement par les rois d’Assyrie, et perdus encore au milieu des habitants de l’Asie, en divers endroits.

Toutefois ce rassemblement glorieux dans l’avenir sera accompagné ou précédé par « un signe » dont parle Ésaïe dans son dernier chapitre, chapitre 66. 19, confirmant ainsi le dernier verset du chapitre 18 : « En ce temps-là, un présent sera apporté à l’Éternel des armées [ le présent ] d’un peuple répandu loin et ravagé, et de la part d’un peuple merveilleux dès ce temps et au-delà, de la part d’une nation qui attend, attend, et qui est foulée aux pieds, de laquelle les rivières ont ravagé le pays,… au lieu où est le nom de l’Éternel des armées, à la montagne de Sion ».

C’est alors que le Psaume 48 aura aussi son accomplissement ; la « montagne de Sion », changée et renouvelée, deviendra le centre d’attraction pour toute la terre.

Or, n’avons-nous pas dans ces voies merveilleuses de Dieu en faveur de son ancien peuple qu’Il avait tiré du pays d’Égypte, une belle illustration de l’évangile de sa grâce présenté à toutes les nations sans distinction, ainsi qu’aux Juifs qui avaient crucifié le Seigneur de gloire ? La longue patience de Dieu brille au-dessus de toutes ses œuvres (Ps. 145. 8 et 9).

« À vous premièrement », dit l’apôtre Pierre aux habitants de Jérusalem, coupables d’avoir « mis à mort le Prince de la vie ». La rémission des péchés leur est présentée, tout d’abord à eux. La résurrection du Sauveur était même la garantie d’un pardon complet, octroyé à tous ceux qui recevraient simplement l’évangile de Dieu (Act. 2. 32 ; 3. 15, 18, 19 et 26).

De même Paul, spécialement envoyé aux nations, ne pouvait jamais oublier les Israélites, « ses parents selon la chair », malgré toute leur haine contre Christ, haine dont son propre cœur à lui avait été rempli avant sa conversion merveilleuse (Rom. 9. 1 à 5 ; 10. 1 à 4). Il le leur avait dit à Jérusalem, au commencement de sa captivité (Act. 22. 3 à 5).

Si Dieu pouvait sauver autant de Juifs au jour de la Pentecôte et plus tard (Act. 2. 1 et 41 ; 4. 4), n’est-Il pas le même aujourd’hui pour recevoir à bras ouverts le pécheur le plus endurci qui, comptant seulement sur l’efficacité de la mort propitiatoire de Christ, se tourne vers Lui dans un vrai repentir ? Dieu veuille que tous nos chers lecteurs qui n’auraient pas encore l’assurance de leur salut, prennent à cœur ces choses !

Nous vivons dans un temps solennel, ou Dieu parle à voix haute aux nations soi-disant chrétiennes, mais, hélas, incrédules pour la plupart. Nous voyons, et nous entendons parler tous les jours, d’horreurs que l’on n’aurait pas cru possibles, d’holocaustes humains, sans qu’un résultat tangible soit apparent ; et malgré tout cela, combien y en a-t-il qui discernent la main de Dieu étendue sur les nations, chrétiennes de nom, qui se sont détournées de Lui, et qui se moquent de sa sainte Parole ?

C’est encore un temps de grâce, et le jugement du monde, annoncé partout dans les Écritures, est prêt à venir. Si l’ancien peuple d’Israël, reconnu de Dieu comme étant à Lui, reste encore incrédule, il en est de même de la chrétienté ; et l’avertissement donné à celui-là, se répète pour celle-ci : « Prépare-toi à rencontrer ton Dieu » (Amos 4. 4 à 12). « Le mystère d’iniquité opère déjà », dit l’apôtre (2 Thess. 2. 7) ; mais Dieu attend encore, jusqu’à ce que son action s’exerce contre « l’inique, le fils de perdition, qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu, ou qui est un objet de vénération ».

Puis le Seigneur viendra en Personne pour le juger, lui, en même temps que le chef des puissances de l’occident ; ils seront « tous les deux, jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre, où ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles » (Apoc. 19. 20 ; 20. 10).

Or, le jugement prédit par le Seigneur a été exécuté sur Jérusalem, une quarantaine d’années après l’accomplissement de la promesse faite par les anges à ses disciples, témoins de son ascension dans le ciel.

Après sa résurrection, le Seigneur pensait naturellement à ses disciples. Quarante jours plus tard, s’étant déjà montré à eux en Galilée, Il les conduisit hors de la ville jusqu’à Béthanie, sur la montagne des Oliviers. Puis, en les bénissant, « Il fut séparé d’eux, et fut élevé dans le ciel » (Luc 24. 50 et 51).

« Et comme ils regardaient fixement vers le ciel, tandis qu’il s’en allait (jusqu’à ce qu’une nuée l’emporta de devant leurs yeux), voici, deux hommes, en vêtements blancs, se tinrent là à côté d’eux, qui aussi dirent : Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici, regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d’avec, vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (Act. 1. 9 à 11).

Or cette assurance confirme précisément la prophétie de Zacharie qui parle du jugement des nations assemblées contre Jérusalem aux derniers jours, dont nous approchons à grands pas. Voici ses paroles :

« L’Éternel sortira et combattra contre ses nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille. Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’Orient ; et la montagne se fendra par le milieu, etc. » (ch. 14. 3 et 4).

Nous ne nous occupons pas à présent de ce qui suit, nous bornant à relever le fait, que le Seigneur, lors de son retour pour intervenir personnellement en faveur de son ancien peuple au moment de sa plus grande détresse, apparaîtra à l’endroit même où, à la vue de ses disciples, Il quitta la terre après sa résurrection. On ne peut trouver quelque chose de plus précis.

Mais faisons attention aux mots dont se sert le Saint-Esprit ; il s’agit d’une apparition personnelle : « ses pieds se tiendront… ». Les disciples avaient contemplé le Seigneur montant jusqu’à la nuée qui Le cacha à leurs regards. Il s’agit donc, dans ce cas, de choses qui se passent sur la terre.

Par contre, une révélation fut faite à l’apôtre Paul, au moment où il écrivait sa première épître aux Thessaloniciens, portant qu’avant de s’occuper en jugement des choses terrestres, le Seigneur va recueillir auprès de Lui, « dans les nuées », tous ceux qui auront reçu l’évangile de sa grâce : II ressuscitera les morts et changera les vivants, afin que nous soyons tous auprès de Lui pour toujours (1 Thess. 4. 13 à 18, et 1 Cor. 15. 51 à 58).

Quelle précieuse attente pour les croyants. Puissions-nous être trouvés « veillant » !

Nous avons indiqué, d’une façon très sommaire, les châtiments de Dieu qui ont atteint le pays d’Israël et la ville de Jérusalem, à la suite du rejet de Christ, condamné par les chefs de son peuple, à la mort de la croix, ainsi que les effets de ses voies de grâce, basées sur la résurrection du Sauveur, et annoncées au peuple par l’apôtre Pierre, le jour de la Pentecôte.

Cette fête eut lieu dix jours après l’ascension de Christ, depuis la montagne des Oliviers. La grâce de Dieu eut libre cours alors, car l’évangile annoncé à cette occasion fut béni abondamment, en ce que trois mille parmi les assistants, réunis de tous les pays entourant la Palestine, furent convertis au Seigneur.

Mais cette bénédiction passagère ne fit aucune impression sur les chefs du peuple, incrédules pour la plupart ; les sacrificateurs au pouvoir dans ce moment, étaient des sadducéens rationalistes ou matérialistes. Une forte persécution ordonnée par eux, eut pour effet de chasser de la ville presque tous ceux qui avaient cru lors de la prédication des apôtres. Ceux-ci annoncèrent l’évangile partout où ils allèrent, mais seulement à des Juifs.

Un peu plus tard, quelques-uns du nord de l’Afrique commencèrent à en parler aux Grecs, en sorte qu’à Antioche en Syrie, les disciples de diverses nationalités furent appelés chrétiens (Act. 11. 19 à 26). Dans ce temps-là, Saul de Tarse fut envoyé du Seigneur de manière définie « aux nations » (Act. 22. 21). C’est lui, le premier, qui traversa l’Hellespont, afin de porter l’évangile en Europe.

À tous ces soins de Dieu, nous devons la bénédiction sans prix de connaître sa grâce en faveur des pécheurs. Elle était bien grande en effet, car le brigand crucifié à côté de Christ, qu’il reconnut comme son « Seigneur », en fut le premier exemple. Or, si c’est par la grâce que nous sommes sauvés, ce n’est plus sur le principe des œuvres (Rom. 11. 5 et 6).

Il fallait en effet que Christ passe par la mort, afin de nous ouvrir en justice la porte de la grâce ; car c’est Lui qui porta alors devant Dieu la peine de nos iniquités. La grâce s’unit ainsi à la justice de Dieu, pour nous offrir le salut d’une façon qui Le glorifie. Que son nom soit à jamais béni !

N’oublions pas toutefois que la proclamation de la grâce, de Dieu dans ce monde, devenue aujourd’hui presque universelle, n’empêche nullement l’exécution de ses voies gouvernementales, qui se résument ainsi : « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6. 7). La dispersion actuelle des Juifs en reste comme une preuve, qui doit parler hautement à la conscience des Gentils, aussi bien qu’à la leur.

Ces deux choses, la dispersion nationale dont nous parlons, et la proclamation de l’évangile, ont commencé à Jérusalem. Mais nous constatons avec joie que si la dernière a eu lieu immédiatement, Dieu attendit une quarantaine d’années avant que se réalisât la prophétie du Seigneur, alors qu’Il pleurait sur la ville, au moment où ses disciples disaient : « Paix au ciel, et gloire dans les lieux très-hauts ! » (Luc 19. 37 à 44). Comme est solennelle sa lamentation, et quel avertissement pour ceux qui négligent aujourd’hui encore l’évangile de la grâce ! Voici ses paroles :

« Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux. Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées, et t’environneront, et te serreront de tous côtés, et te renverseront par terre, toi et tes enfants au dedans de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps de ta visitation ».

Le gouvernement de Dieu est aussi redoutable que sa grâce est riche et caractérisée par son insistance miséricordieuse. Il est cependant un précieux passage qui rappelle que la colère de Dieu a un terme. Le psalmiste dit : « Il y a un moment dans sa colère, il y a une vie dans sa faveur ; le soir, les pleurs viennent loger chez nous, et le matin il y a un chant de joie » (Ps. 30. 5).

Il en sera ainsi pour Jérusalem. Les nations, malgré elles, se voient obligées de s’en occuper, et cela en luttant les unes contre les autres, mais, comme nous l’avons déjà vu leurs machinations n’aboutiront pas. Dieu se chargera du relèvement du peuple et de la ville, d’une façon tout à fait inattendue du monde incrédule.

Ajoutons encore que Dieu n’a pas oublié les restes des dix tribus d’Israël dispersées lors de leur défaite par les rois d’Assyrie, environ 130 ans avant la prise de Jérusalem et sa destruction par Nebucadnetsar, roi de Babylone. Elles sont restées dès lors perdues parmi les nations, et, par conséquent, elles n’ont pas pris part au crucifiement du Seigneur Jésus.

La prophétie de Zacharie, ch. 11, qui indique la trahison de Judas Iscariote, prélude de la condamnation et de la mort du Seigneur, mentionne aussi la mise à part d’Israël, pour qu’il ne participe pas aux résultats moraux du crime de Juda en crucifiant Christ.

La réunion finale des tribus dispersées avec Juda n’aura donc lieu qu’après la « grande tribulation » qui tombera surtout sur les Juifs, c’est-à-dire sur les deux tribus de Juda et de Benjamin. Pour le moment, la « fraternité entre Juda et Israël » est rompue (v. 14). Leur réunion finale est traitée en détail par Jérémie aux chapitres 30 et 31, après la journée de détresse à laquelle il n’y en aura point de semblable (v. 7). En Apocalypse 7. 5 à 8, les noms des dix tribus paraissent entre ceux de Juda et de Benjamin.

Il est à noter que Jérusalem n’est pas mentionnée dans ces deux chapitres de Jérémie ; mais à Zacharie, spécialement suscité, avec Aggée, pour encourager les captifs rentrés dans le pays pour y rebâtir le temple, beaucoup de détails furent donnés. Son chapitre 12 en est occupé tout entier.

Un fait surtout réclame notre attention spéciale, étant deux fois mentionné : c’est que malgré les bouleversements extraordinaires qui vont avoir lieu, l’emplacement actuel de la Jérusalem de l’avenir ne sera nullement changé. Nous lisons : « Jérusalem demeurera encore à sa place, à Jérusalem ». Plus loin, nous trouvons un détail de plus : « Elle sera élevée », mais « elle demeurera en son lieu, depuis la porte de Benjamin jusqu’à l’endroit de la première porte, jusqu’à la porte du coin, et depuis la tour de Hananeël jusqu’aux pressoirs du roi » (ch. 12. 6 ; 14. 10). Que peut-il y avoir de plus précis ?

En rapport avec cela, il est intéressant d’observer la place qu’elle a dans les « cantiques des degrés ». Il y en a quinze : dans cinq, Jérusalem est spécialement mentionnée, trois fois au Psaume 122, une fois aux Psaumes 125, 126, 128. De même, on trouve Sion, sept fois dans cette série de Psaumes. Puis, dans les Psaumes qui suivent, 135 et 137, Jérusalem paraît quatre fois, et Sion trois fois.

Sion était le lieu d’habitation du roi David, où il gardait l’arche de Dieu dans une tente, près de sa demeure, en attendant que le temple fût bâti par son fils Salomon ; et il dit expressément : « L’Éternel a choisi Sion; il l’a désirée pour être son habitation » (Ps. 132. 1 à 3). Puis la réponse de Dieu suit immédiatement : « C’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée ».

En outre, le rétablissement des captifs est célébré dans le Psaume 126, de façon que les nations elles-mêmes reconnaissent la fidélité et les soins de Dieu en faveur de son ancien peuple. Les deux derniers versets semblent être une allusion faite à Christ comme divin Semeur, semant avec larmes, mais qui reviendra avec chant de joie, « portant ses gerbes », au jour où Il fera rentrer son peuple racheté dans l’héritage de leurs pères.

Comparez le Psaume 118. 19, où le Seigneur est le seul qui peut entrer en vertu de sa propre justice, et dire : « Ouvrez-moi les portes de la justice ; j’y entrerai, je célébrerai Jah » (c’est-à-dire ce que Dieu est en relation avec son peuple, eu égard à l’immutabilité et à l’éternité de son Être).

Évidemment, il n’y a que Christ qui puisse répondre à cela, ayant pris une forme humaine sur la terre. Ensuite, y étant entré, Il devient Lui-même la porte par laquelle « les justes » peuvent suivre, afin de jouir des bénédictions déjà préparées pour eux. Voyez Jean 10. 7 à 9, où le Seigneur dit : « Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ».

Pour ce qui regarde la divine moisson, dont nous venons de parler, rappelons-nous que le Seigneur se présente comme le « Semeur », dans les trois premiers Évangiles. Puis, dans le quatrième, Il est la semence même, passant par la mort, afin de porter « beaucoup de fruit » (Jean 12. 24). En Matthieu 13. 37. « Celui qui sème la bonne semence, est le Fils de l’homme ». On retrouve toujours la mort et la résurrection de Christ, comme la clef pour comprendre toutes les merveilles de la grâce de Dieu. Voyez aussi une allusion à la moisson en Jean 4. 35.

Un seul verset du premier chapitre de l’Évangile de Matthieu résume ainsi les siècles écoulés entre l’appel d’Abraham (Gen. 12) et la naissance du Sauveur à Bethléhem.

« Toutes les générations, depuis Abraham jusqu’à David, sont donc quatorze générations ; et depuis David jusqu’à la transportation de Babylone, quatorze générations ; et depuis la transportation de Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations ».

Or Abraham était pèlerin et voyageur dans le pays de Canaan. Il fut donné à David, spécialement nommé par l’Éternel, « un homme selon son cœur » (1 Sam. 13. 14), d’établir Jérusalem comme la capitale du royaume, et c’est là que son fils Salomon bâtit le temple, où fut placée l’arche, « le trône de Dieu ».

L’arche y resta jusqu’à la captivité, et à la destruction du temple et de la ville par Nebucadnetsar, roi des Chaldéens ; car Dieu ne permit pas aux rois d’Assyrie de toucher à la ville de Jérusalem (És. 10. 33 et 34 ; 37. 36 à 38). Tout ce qui restait du peuple juif fut alors transporté à Babylone par les Chaldéens (Habakuk 1. 5 à 10).

Nos lecteurs qui voudront bien se donner la peine d’examiner, dans nos Bibles, la carte des « Quatre empires des nations », lesquelles, depuis la transportation des Juifs à Babylone, ont dominé successivement sur eux, n’auront pas de peine à constater que Jérusalem se trouve au centre des terres dont il est question dans les prophéties : d’abord, depuis les rives de l’Espagne à l’ouest, jusqu’aux limites des conquêtes d’Alexandre, à l’est ; et ensuite dans l’autre sens, depuis le midi de l’Égypte jusqu’aux montagnes de l’Arménie et à la mer Caspienne.

Ne semble-t-il pas tout naturel que le gouvernement à venir, pendant le règne du Seigneur, soit établi à Jérusalem ? Il est bien clair qu’il y aura des bouleversements remarquables dans les temps futurs, surtout au midi de la Palestine, mais l’emplacement de la ville ne sera nullement changé, malgré le fait incontestable qu’elle sera soulevée (Zach. 12 ; 14. 10). Nous en parlerons tout à l’heure.

À cet égard, nous citons d’un opuscule « Le livre du prophète Sophonie », par H. R. les paroles suivantes : « En Sophonie, Jérusalem, comme lieu de naissance du résidu, occupe le premier plan dans la restauration d’un peuple futur, mis à part pour Dieu, du milieu d’un entourage incrédule, corrompu et persécuteur » (Comp. És. 65. 13 à 19).

Le passage d’Ésaïe 18. 4 à 7, bien que les termes en soient symboliques, est précis. Dieu laissera faire jusqu’à ce que la réussite finale des plans des nations intéressées leur semblera assurée ; « la floraison finie », le raisin vert commençant déjà à mûrir, l’indique bien. Mais dans ce moment même, tout sera anéanti ; car il « coupera les pousses avec des serpes, et ôtera les sarments », en sorte que les nations resteront confuses par le renversement de tous leurs complots.

Dieu a d’autres projets en vue, pour la gloire de son Fils bien-aimé.

Pour nous donc, au point de vue de la terre, le grand événement futur est le retour personnel du Seigneur Jésus Christ ici-bas, qui suivra l’enlèvement des saints. Quant à l’Église, c’est-à-dire, les croyants d’entre les Juifs ainsi que d’entre les nations, depuis le moment de la descente du Saint-Esprit sur les disciples au jour de la Pentecôte (Act. 2), elle aura déjà été enlevée à la rencontre du Seigneur dans les airs. Et sans doute, tous les croyants depuis le commencement du monde, bien qu’ils n’appartiennent pas à l’Église, seront ressuscités en même temps. Pour tous ceux-là, leur part est avec Christ dans le ciel ; puis notre foi les considère déjà comme « les esprits des justes consommés » (Héb. 12. 23). C’est la « Jérusalem céleste », qui est « notre mère » (Gal. 4. 26).

Ce ne sera qu’à la fin de cela que le Seigneur commencera à s’occuper personnellement de la terre. Puis Il viendra comme nous l’avons déjà dit sur la montagne des Oliviers : « L’Éternel mon Dieu viendra et tous les saints avec toi » (Zach. 14. 5).

Ce sera un moment de crise à Jérusalem alors que toutes les nations seront rassemblées contre elle, correspondant sans doute au chapitre 19 de l’Apocalypse, où nous voyons que la « bête » – chef reconnu des puissances l’Occident – et le « faux prophète » chef des Juifs apostats, ligués avec la bête, seront « tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre » (v. 20).

C’est alors que la montagne des Oliviers se fendra par le milieu, comme nous voyons en Zacharie 14. 4. Mais il y aura encore d’autres changements ; car la ville elle-même « sera élevée » (v. 10), bien que sa position géographique ne soit pas changée ; car elle « demeurera en son lieu » (ch. 12. 6 ; 14. 10) cette élévation sera très considérable ; elle embrassera toute cette partie du pays, depuis Guéba, au nord, jusqu’à Rimmon « au midi de Jérusalem ». Si l’on suppose que cet endroit est dans le voisinage de Bethléhem, l’étendue du pays mentionné aurait une vingtaine de kilomètres en longueur, du nord au midi.

Il y aura cependant un autre soulèvement beaucoup plus considérable, savoir « la montagne de la maison de l’Éternel, établie sur le sommet des montagnes, et élevée au-dessus des collines », au nord de Jérusalem, à environ cinq kilomètres du centre de la nouvelle ville de Jérusalem, d’après les mesures données par Ézéchiel (ch. 45. 1 à 6). Le prophète Michée répète, au commencement du chapitre 4, les mots d’Ésaïe 2. 2. Ils s’accordent avec le Psaume 48. 2, qui donne à cette montagne le nom de « Sion », « aux côtés du nord, la ville du grand Roi ».

Or il est à noter que, sauf ce passage, il n’y a pas dans l’Ancien Testament une indication topographique précise de Sion, la forteresse des Jébusiens prise par le roi David. On connaît l’endroit par ses associations, comme « la ville de David » ; et cela est important pour comprendre les allusions continuelles qui lui sont faites dans les Écritures, autant que pour l’intelligence de son avenir prophétique.

Anciennement, Sion était une partie intégrante de la ville de Jérusalem. Dans l’avenir elle en sera détachée, au nord, « une très haute montagne », d’où il fut donné à Ézéchiel de contempler la ville « du côté du midi » (ch. 40. 2). L’ancienne forteresse de Sion était le lieu d’habitation de David ; la Sion de l’avenir est la montagne où le temple d’Ézéchiel sera construit, juste au milieu du carré de la « Sainte offrande élevée », appropriée à l’Éternel, et prise du terrain mis à part, comme la « possession » du futur prince d’Israël, pendant le règne millénaire du Seigneur (Éz. 48. 8 à 22).

Ajoutons que ces changements dans le niveau du terrain ne seront pas limités aux abords de la ville ; car, selon l’arrangement nouveau des tribus dans le dernier chapitre d’Ézéchiel, il faudra qu’il y ait de la place pour que les cinq tribus, au midi de la « possession du prince », puissent s’étendre du côté de l’occident sur un terrain couvert à présent par l’eau de la mer.

« L’Éternel desséchera la langue de la mer d’Égypte », et le Nil reprendra paraît-il son ancien lit, et se jettera dans la Mer Rouge. Les alluvions provenant de tout ce que le Nil a déposé pendant les siècles passés, étant soulevées, seront une riche acquisition pour les tribus méridionales, tandis que celles du nord pourront s’étendre du côté oriental, quand le désert se réjouira et « fleurira comme la rose » (És. 11. 15 ; 35. 1 et 2). Les tribus du midi ne pourront s’étendre du côté oriental ; car les pays de Moab et d’Ammon leur seront conservés (Jér. 48. 47 ; 49. 6).

Quel beau jour, lorsque « la lune rougira, et le soleil aura honte ; car l’Éternel des armées régnera en la montagne de Sion, et à Jérusalem, et devant ses anciens, en gloire » (És. 24. 23). Alors le règne millénaire de Christ commencera ; mais cela ne suppose pas qu’Il restera ici-bas sur la terre pendant ce temps. D’après la dernière moitié du chapitre 21 de l’Apocalypse, il semblerait que la cité terrestre sera éclairée par la gloire de la cité céleste, dont « l’Agneau est la lampe » (v. 23).

La « nouvelle Jérusalem », céleste, représentera tous les rachetés, les « prémices de la terre » déjà réunis autour du Seigneur Jésus dans la gloire. Il est « l’Agneau », par le sang duquel ils sont purifiés et rendus propres pour la présence du Dieu saint.

La ville elle-même, dont les fondements sont les « douze apôtres », représente l’Église glorifiée. Les « portes de perles », sont gardées par douze anges, et sur elles sont écrits les noms des douze tribus des fils d’Israël (v. 12) ; cela nous fait donc comprendre qu’il y aura beaucoup d’âmes sauvées qui jouiront de la cité céleste, mais qui ne constituent pas la cité elle-même.

Tels sont les saints croyants de tous les âges qui, comme Abraham, croyaient en Dieu, et d’autres encore, atteints par les terribles persécutions des derniers jours, après que l’Église aura été enlevée, et que le Seigneur se la sera présentée à Lui-même, comme son épouse (Éph. 5. 25 à 27).

Quant à cet état de choses, la Jérusalem terrestre de l’avenir, éclairée par la cité céleste, nous lisons encore en Zacharie que ce sera « un jour connu de l’Éternel, pas jour et pas nuit ; et au temps du soir il y aura de la lumière » ; puis encore : « l’Éternel mon Dieu viendra, et tous les saints avec toi » (ch. 14. 5 à 7). Quelle réunion glorieuse de tous les croyants !

On a demandé si le Seigneur sera Lui-même sur la terre, pendant le règne de mille ans ?

Nous pensons que les faits déjà mentionnés fournissent la réponse. Il viendra en Personne au commencement pour exécuter le jugement sur « la bête et l’antichrist » (Apoc. 19), et sur leurs armées rangées en bataille contre Jérusalem ; puis Il restera le centre de la cité céleste, son temple, et sa « lampe » (Apoc. 21. 22 et 23).

En outre, le Seigneur dit à ses disciples qui L’avaient suivi en Galilée : « Dans la régénération, quand le fils de l’homme se sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes jugeant les douze tribus d’Israël » (Mat. 19. 28). Les douze disciples auront donc une autorité à exercer sur la terre renouvelée, mais cela ne fait pas supposer qu’ils se promèneront ici-bas comme jadis avant d’avoir reçu leurs corps de résurrection. Comparez encore Matthieu 22. 30, où le Seigneur dit positivement que l’on sera alors « comme des anges de Dieu dans le ciel ».

Un autre témoignage vient s’ajouter à ce qui précède, savoir que, pendant les mille ans du règne glorieux du Seigneur sur la terre, il y aura un prince terrestre sur les douze tribus d’Israël de ce temps-là. Celui-là aura une possession à lui, au milieu du pays, s’étendant de la mer, à l’occident, jusqu’à la limite orientale ; elle embrassera les deux côtés du carré central, approprié à la nouvelle ville de Jérusalem, et à la sainte montagne de « Sion ». Le carré, comme nous l’avons vu plus haut, est appelé « la sainte offrande élevée » (Éz. 48. 22).

Envisagée du nord au midi, la possession du prince se trouvera entre la portion assignée à Juda et celle de la tribu de Benjamin.

Dans ce temps-là, il y aura une prolongation de la vie humaine, qui continuera d’ailleurs comme à présent, mais assujettie à un gouvernement de Dieu plus direct (voyez Ps. 101. 6 à 8). Par conséquent on pourra s’attendre à une répétition de vies longues, comme avant le déluge, car celui qui mourra âgé de cent ans, sera estimé un enfant (És. 65. 20).

Rappelons en terminant que toutes ces choses nous sont révélées, non pas pour satisfaire notre curiosité quant à l’avenir, mais plutôt pour nous faire comprendre que le but du Seigneur Jésus, en devenant un Homme ici-bas, était la révélation du nom d’Emmanuel, « Dieu avec nous ». C’est le commencement et la fin de l’Évangile de Matthieu (ch. 1. 23 ; 28. 20).

Dans l’état éternel, « l’habitation de Dieu sera avec les hommes et Il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu » (Apoc. 21. 3). Or ce grand fruit des intentions de Dieu à notre égard devrait être continuellement dans nos pensées.

C’est pour cela que le Sauveur a dit : « Venez à moi et je vous donnerai le repos » – le seul véritable repos de l’âme. Et c’est pour cela que l’évangile est prêché de jour en jour.

D’après Le Salut de Dieu 1916