
Une parabole veut dire une comparaison. Jésus-Christ a raconté, sous ce nom, de courtes histoires se rapportant à des choses visibles et extérieures qu’il comparait ensuite aux choses du ciel qu’on ne peut pas voir. Le Sauveur s’est souvent servi de paraboles pour faire bien comprendre à ses disciples les leçons qu’Il voulait leur enseigner.
Nous allons étudier ensemble quelques-unes de ces paraboles de Jésus. Je vous les raconterai tour à tour dans leurs deux significations, celle qu’on voit et celle qu’il faut chercher ; mais, avant tout, je vous conseille bien de prendre votre Bible et d’y lire chaque fois, attentivement, le récit tel qu’il est écrit dans les Évangiles et indiqué sous le titre de la parabole.
Le semeur (Mat. 13. 3 à 9 ; 4. 8 à 23. Marc 4. 3 à 9, 14 à 20 ; Luc 8. 4 à 15).
Lorsqu’un champ a été bien préparé, un homme arrive avec un sac plein de grains. Il se promène sur le champ en long et en large, son sac ouvert devant lui. Il plonge la main dedans, en retire une poignée de blé et la jette à droite, à gauche et devant lui ; c’est ce qu’on appelle semer.
Eh bien, dans cette parabole, Jésus-Christ nous raconte qu’un homme sortit pour semer. Il jeta le grain à droite et à gauche.
Une grande partie tomba sur le champ qui avait été préparé et contenait de la bonne terre.
Une partie tomba sur le bord du chemin ; l’on y marchait beaucoup, la terre était dure, le grain ne put s’y enfoncer et les oiseaux l’eurent bien vite mangée.
Une autre partie tomba dans un endroit pierreux recouvert d’une mince couche de terre. Le grain ne pouvant pénétrer profondément poussa bien vite une petite tige verte, mais si mince, si chétive, que le soleil s’étant levé brûlant et la petite plante ne se trouvant pas suffisamment nourrie, elle fut bientôt desséchée.
Une autre partie tomba dans un terrain rempli d’épines. C’était probablement la haie qui bordait le chemin. Lorsque le blé sortit de terre, il ne put croître et fut étouffé faute de place, d’air et de soleil. Il y avait là tant d’épines, tant de ronces et de mauvaises herbes !
Voilà ce que j’appellerai le sens visible de la parabole – l’histoire de ce que l’on voit. Maintenant nous allons passer au sens invisible, à l’histoire cachée, et nous verrons ce que Jésus-Christ veut nous enseigner par cette histoire.
La semence, c’est la Parole de Dieu, ce sont les enseignements religieux que nous recevons à l’église, à la maison, à l’école de la semaine ou du dimanche, c’est tout ce qui en un mot, a pour but de faire de nous de vrais chrétiens.
Le champ, c’est le monde, ce sont nos cœurs à nous tous ; c’est là que doit être jeté le bon grain.
Le semeur, c’est Dieu qui répand dans le champ de nos cœurs les bonnes pensées et les bons désirs et nous donne les occasions de chercher à croître dans la sagesse et dans le bien. Le semeur peut également signifier Jésus-Christ qui vient, au nom de son Père, tourner nos regards vers le ciel, nous apprendre à croire en lui et nous sauver par son sacrifice sur la croix.
On peut aussi voir dans le semeur les envoyés de Dieu sur la terre, tous ceux qui s’efforcent de faire le bien, de parler de Dieu, d’instruire les hommes et de leur apprendre à aimer Dieu et à le prier.
Ainsi, mes enfants, le courageux missionnaire qui quitte son pays et sa famille et renonce aux avantages d’une vie civilisée est un des semeurs de Dieu. Il s’en va porter la bonne Parole (la semence) dans les cœurs des païens qui adorent des idoles et ne savent rien de leur Sauveur.
Des enfants eux-mêmes peuvent être des semeurs. N’avez-vous jamais lu ce joli livre traduit de l’anglais : Le ministère de l’enfance ? On y voit que des enfants riches et des enfants pauvres ont, par leur affection, leurs bonnes paroles et leur bon exemple, enseigné là d’autres enfants à aimer Jésus-Christ. Ces enfants-là étaient de petits semeurs dans le champ de Dieu.
Comme le grain a été jeté dans des terrains bien différents, de même aussi la Parole de Dieu tombé dans des cœurs qui ne se ressemblent pas.
Le bord du chemin où la terre est si dure n’a pas été labouré de même aussi bien des cœurs n’ont pas été pénétrés par de bonnes influences, ne se sont pas ouverts à l’action du Saint-Esprit qui, semblable à une charrue, doit labourer le cœur et le préparer à recevoir l’Évangile. Dans cette vie, Dieu a plusieurs manières de nous amener à lui, de toucher et de disposer nos cœurs ; mais si nous refusons de les ouvrir, alors ils s’endurcissent toujours davantage. Souvent ceux qui n’aiment pas à penser à Dieu ferment leur cœur et bouchent leurs oreilles ne voulant pas écouter. Cela les ennuie d’entendre parler de Dieu ; ils aiment mieux penser à leurs affaires ou à leurs amusements ; leur cœur est comme le bord du chemin où le grain de blé ne peut s’enfoncer.
Qu’arrive-t-il alors de ce grain de blé ? Les oiseaux viennent et le mangent. Les oiseaux, c’est le démon, qui est bien content s’il peut détruire en nous la bonne semence, nous détourner de Dieu, nous pousser à l’oublier et nous rendre mauvais et désobéissants comme lui.
« Oh ! que c’est ennuyeux » disait un jeune garçon à son camarade, « d’aller à l’église et d’entendre parler de Dieu ». Et ce méchant garçon allait s’amuser dans la rue tandis que sa mère malade le croyait à l’église. Il la trompait ; ce qui est bien mal. Il fermait son cœur à toutes les bonnes paroles qui lui étaient adressées de la part de Dieu. Il ne pensait qu’à s’amuser et à faire à sa tête. Plus tard, quand il fut devenu homme, il s’entoura de mauvais compagnons, qui peu à peu l’entraînèrent au vol et même au meurtre. Alors il fut pris mis en prison et condamné à mort. Avant de mourir, il se repentit, regretta sa vie passée et dit à ceux qui l’entouraient : « Ne faites pas comme moi, voyez où cela vous mènerait, écoutez les bons conseils et cherchez à aimer Dieu de bonne heure ».
« Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb. 3. 15).
Les cœurs légers où rien ne pénètre sont représentés par le terrain pierreux. Tels sont les enfants qui écoutent d’abord ce qu’on leur dit et l’oublient tout de suite après, les hommes qui se laissent détourner du bon chemin par les amusements ou les occupations de ce monde. Comme dans la parabole, la semence est à peine levée que le soleil la brûle c’est-à-dire que la première chose venue leur fait bien vite oublier leurs meilleures résolutions. Ils voudraient bien être chrétiens, mais ils n’en ont pas le temps, ou bien ils ont peur qu’on se moque d’eux. Souvent aussi ce sont les plaisirs qui les détournent de Dieu ; c’est le soleil trop brillant qui dessèche en eux le bon grain.
Un jeune garçon avait été élevé par des parents pieux. Dans la maison on lisait la Bible, on faisait ensemble la prière, soir et matin, et le dimanche il allait à l’église avec sa famille. Quand il fut devenu grand, son père le plaça dans une maison de commerce à l’étranger. Là il eut le malheur de se lier avec des jeunes gens légers qui se moquèrent de lui lorsqu’il parla d’aller à l’église, de prier ou de lire la Bible. Il n’eut pas le courage de les repousser et de faire son devoir ; il écouta leurs mauvais conseils, cacha sa Bible et ne fit plus sa prière. La bonne semence qui commençait à germer fut desséchée dans son cœur ; il devint comme un mondain, léger et moqueur, et causa par sa conduite de grands chagrins à ses parents.
Le terrain rempli d’épines représente les cœurs qui laissent les soucis de ce monde grandir et étouffer chez eux la bonne Parole de Dieu. Nous ne devrions pas le faire, puisque Jésus-Christ nous dit qu’une seule chose est nécessaire. Cette seule chose est d’aimer Dieu et de nous préparer pour la vie éternelle.
Nous négligeons trop souvent d’y penser, nous mettons les choses peu importantes à la place de la seule chose nécessaire. Nous oublions que dans nos vies terrestres rien n’est sûr que la mort. Nous ne sommes pas sûrs d’être heureux ou malheureux, riches ou pauvres ; mais nous sommes sûrs que nous devons tous mourir, les uns de bonne heure, les uns au milieu de la vie, les autres plus tard. Accoutumons-nous à cette pensée ; aimons ce Sauveur qui est venu nous ouvrir le ciel et tâchons de faire autant de bien que possible dans nos courtes vies terrestres.
Même un jeune enfant a le pouvoir d’aider, d’aimer et de faire tout ce qu’il peut pour ceux qui l’entourent. Le roi Salomon a dit : « Même un jeune garçon se fait connaître par ses actions, si sa conduite est pure et si elle est droite » (Prov. 20. 11). Il vaut bien mieux d’ailleurs commencer de bonne heure à aimer les choses du ciel, puisque nous ne savons pas combien de temps nous aurons à vivre. La plus longue vie semble courte et vite passée en comparaison de l’éternité. Le vieux Jacob, qui avait cent trente ans lorsque son fils Joseph le présenta au roi d’Égypte, lui dit : « Les jours des années de mon séjournement sont cent trente ans ; les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais, et ils n’ont pas atteint les jours des années de la vie de mes pères, dans les jours de leur séjournement » (Gen. 47. 9), et pourtant il n’est pas probable qu’aucun de nous devienne jamais aussi âgé que le patriarche.
Nous devons donc apprendre à aimer tout ce qui nous parle de Dieu. Malheureusement les épines étouffent trop souvent les bonnes pensées.
Comme dans une haie il y a différentes sortes de ronces, d’épines, d’arbustes et de plantes, de même, dans ce monde, il y a bien des espèces variées de choses qui étouffent le bon grain dans nos cœurs. Les épines, c’est tout ce qui nous fait oublier Dieu. Pour les uns, c’est la richesse, les honneurs et les titres de ce monde ; pour d’autres, c’est la pauvreté. Pour quelques-uns ce sont les plaisirs de la jeunesse ; pour d’autres, même l’indifférence de la vieillesse, car il est dit : « Et souviens-toi de ton Créateur dans les jours de ta jeunesse, avant que soient venus les jours mauvais, et avant qu’arrivent les années dont tu diras : Je n’y prends point de plaisir » (Eccl. 12. 1).
Quelquefois encore ce sont des talents ou des occupations qui nous absorbent trop, où nous mettons trop notre cœur. Les meilleures choses elles-mêmes peuvent devenir mauvaises, si nous y pensons tant, qu’elles étouffent en nous l’idée de Dieu et du ciel.
Voici un grand prince qui passe ; il possède de si vastes terres, de si beaux domaines ! Ses écuries sont remplies des plus beaux chevaux ; il a beaucoup de monde pour le servir et beaucoup de flatteurs pour lui faire des compliments. Il n’a pas le temps de lire sa Bible ou de penser à Dieu, il faut qu’il donne des fêtes ou qu’il fasse des voyages ; il trouve toujours des excuses, et ses richesses sont les épines qui chez lui étouffent le bon grain.
Un petit garçon avait reçu de son grand-père un joli petit cheval. Il en était si enchanté qu’il ne pensait qu’à son cheval. Il en rêvait la nuit ; il ne faisait plus rien, négligeait ses devoirs, n’apprenait plus ses leçons. Enfin on se vit forcé de le lui reprendre, car si on l’avait laissé, il serait devenu un ignorant et n’aurait jamais rien appris.
Ah ! Il est souvent bien difficile d’empêcher les choses de ce monde de devenir pour nous des idoles que nous aimons par-dessus tout ou des épines qui étouffent le bon grain. Et pourtant il est dit : « Pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (Col. 3. 2). Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas aimer tous ceux qui nous sont chers, tous ceux que Dieu nous a donnés à aimer ; mais cela veut dire qu’il faut laisser la première place à Dieu dans nos cœurs afin que nos affections de la terre ne soient pas pour nous, des épines étouffant la bonne semence.
Le bon terrain, c’est le cœur bien préparé qui reçoit la Parole de Dieu et chez qui elle rapporte du grain en abondance. Il ne nous est pas possible, à nous si faibles et si mauvais, de devenir tout à coup de bons terrains bien préparés ; mais si nous désirons sincèrement être de vrais chrétiens, si nous le demandons à Dieu de tout notre cœur, Dieu nous accordera notre demande au nom de son Fils, car il est dit : « Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert ; car quiconque demande, reçoit ; et celui qui cherche, trouve ; et à celui qui heurte, il sera ouvert » (Mat. 7. 7 et 8).
J’ai connu une bonne et excellente dame qui passait sa vie à faire du bien, à consoler ceux qui souffraient et à se rendre utile à tous ceux qui l’entouraient. En traversant sa cour le dimanche, pour se rendre au temple, elle y rencontrait souvent le fils d’une pauvre voisine ; cet enfant passait des heures là, à jouer avec les enfants du voisinage. Un dimanche, cette bonne dame le prit doucement par la main et le mena avec elle à l’église. Elle avait une voix si douce, un si bon sourire ! Ah ! quand on regardait cette figure pleine de paix et de bonté, on ne pouvait s’empêcher de l’aimer ! Ce petit garçon l’aima donc comme tout le monde. Chaque dimanche il l’attendait, et quand il la voyait venir, il mettait sa petite main dans la sienne et allait avec elle à l’église. Elle a semé le bon grain dans ce jeune cœur. À présent elle est heureuse auprès de son Dieu, et le petit garçon est devenu un homme utile, un bon chrétien. Il est le soutien de sa mère et ses chefs sont très contents de son travail et de sa bonne conduite.
Mes chers enfants, demandons à Dieu de permettre que nos cœurs soient de bons terrains et que sa Parole de vie et de lumière change nos vies et les rende utiles et chrétiennes.
Les talents (Mat. 25. 14 ; Luc 19. 12).
Un grand seigneur partit une fois pour un voyage de longue durée. Avant son départ, il fit venir trois de ses principaux serviteurs et leur confia à chacun une somme d’argent.
Le premier serviteur reçut cinq talents. (Le talent, monnaie de compte en usage à cette époque. Il y en avait de deux sortes le talent d’argent et le talent d’or).
Une fois son maître parti, il ne perdit pas de temps, il acheta et vendit, et fit si bien et de si bonnes affaires, que lorsque son maître revint il avait doublé la somme qu’il en avait reçu, c’est-à-dire qu’il avait encore gagné cinq autres talents. Le seigneur fut très content, le remercia et l’invita dans sa maison où il le traita comme son ami.
Le second serviteur qui avait reçu deux talents fit aussi son possible pour gagner et faire rapporter la somme confiée à ses soins. Comme son camarade, lorsque son maitre revint, il se présenta à lui et eut la joie de lui montrer qu’il avait gagné encore une somme égale à celle qu’il avait reçue. Le seigneur bien content lui fit aussi bon accueil et le remercia de ce qu’il avait fait.
Quant au troisième serviteur, c’était un paresseux qui n’aimait à se donner aucune peine ; il était égoïste et jamais l’idée ne lui venait de tâcher de faire plaisir à qui que ce soit, encore moins de se rendre utile à quelqu’un. Son maitre qui probablement le connaissait, ne lui confia qu’un seul talent. Dès qu’il l’eut reçu, il l’enveloppa dans un linge, fit un trou dans son jardin, l’y cacha et ne s’en occupa plus. À l’arrivée du noble voyageur, il se présente devant lui et commença à faire toutes sortes d’excuses et de raisonnements pour couvrir sa paresse et faire croire qu’il n’avait pas tort.
Je connais bien des enfants qui font comme cela : s’ils écrivent une mauvaise page ; c’est la faute du stylo ; s’ils lisent mal, c’est la faute du livre ; si leurs devoirs ne sont pas faits, c’est qu’il y avait telle ou telle raison. C’est toujours la faute de quelqu’un ou de quelque chose, tandis que pour bien dire la vérité c’est le plus souvent la faute du petit personnage lui-même et non pas celle de ce qui l’entoure. Le serviteur osa même accuser son maître d’être dur et injuste.
Mais celui-ci vit clair au milieu de toutes ces mauvaises excuses ; il ne se laissa pas tromper par tant de phrases, lui reprocha sa paresse, et, pour punition de sa négligence, il lui ôta le talent qui lui était confié pour le donner à celui qui en avait déjà dix.
Le Seigneur représente Dieu. Nous sommes les serviteurs.
Les talents qui nous sont confiés, ce sont toutes les occasions que Dieu nous donne de travailler pour Lui. Le temps de son absence, c’est le temps que nous devons passer sur la terre, et son retour, le dernier jour dans lequel il nous demandera compte du bien et du mal que nous aurons fait.
Nous ne recevons pas tous le même nombre de talents, les uns en ont plusieurs, d’autres un seul. Dieu est le maître. Il peut choisir et donner comme bon lui semble. Les talents représentent des choses très différentes, mais qui toutes doivent être employées pour la gloire de Dieu. Si Dieu donne la richesse, Il veut que l’on s’occupe des pauvres, que l’on fasse du bien, qu’on donne avec plaisir et que l’on tâche d’être utile à ceux qui nous entourent. Si nous ne pensions qu’à employer notre argent à nous amuser, à nous acheter toutes sortes de jolis objets et à ne faire plaisir qu’à nous-mêmes, nous serions comme le serviteur inutile et nos richesses comme le talent enfoui dans la terre.
J’ai connu dans mon enfance un vieux monsieur qui vivait tout seul ; il était très-riche et passait sa vie à faire du bien autour de lui. Il donnait beaucoup d’argent à bien des personnes sans en parler. Il fit bâtir un grand et bel asile pour les aveugles, et rendit encore bien d’autres services d’une manière noble et généreuse. Mais il ne pensait pas seulement à être utile, il voulait aussi faire plaisir. Il avait une grande et charmante propriété au bord d’un beau lac ; eh bien ! au lieu de faire comme tant de gens qui mettent une loge de portier à l’entrée et des grilles pour s’enfermer chez eux et de gros chiens pour empêcher les gens d’entrer, il ouvrit toutes ses grilles, ordonna qu’elles ne fussent jamais fermées, et permit, à tous ceux qui voulurent, d’entrer, de se reposer sous les beaux ombrages et d’admirer les fleurs de ses serres. Pendant environ trente ans, tout le monde put jouir de cette belle campagne ; c’était la promenade favorite, on y menait les étrangers, on y allait en famille, et ce bon vieux monsieur n’était jamais plus content que lorsqu’il voyait beaucoup de monde se promener et jouir de sa propriété. Voilà un homme qui s’est fait aimer et respecter de tous et qui a fait un noble usage du talent des richesses. Il est mort maintenant ; sa propriété a été vendue et divisée entre plusieurs propriétaires qui n’ont pas imité son exemple. Ce n’est donc aujourd’hui qu’un petit paradis perdu et il ne reste plus que le souvenir d’une bonté et d’une générosité qui n’ont pas beaucoup d’imitateurs dans ce monde.
Les enfants qui ont beaucoup de joujoux doivent penser à ceux qui n’en ont pas et leur en donner. Le Seigneur Jésus a dit : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » et c’est bien vrai. Plus vous apprendrez à donner ; plus vous trouverez une douce joie à le faire, tandis qu’il est souvent bien pénible de recevoir.
Si Dieu donne la pauvreté, Il veut qu’on la supporte avec courage et sans envier ceux qui ont ce que nous n’avons pas. Il veut qu’on travaille et qu’on gagne son pain en tâchant de ne pas murmurer et se laisser abattre par les difficultés de la vie. Il y a dans la Bible l’histoire d’un homme nommé Job qui devint bien pauvre. Il ne lui restait plus rien, il était malade et manquait de tout ; eh bien, il employa sa pauvreté à glorifier Dieu. Il donna un bon exemple de patience, de douceur et de résignation, et Dieu fut si content de ce serviteur fidèle qui avait si bien employé le talent de la pauvreté, qu’il lui rendit au double tout ce qu’il avait eu.
Si Dieu envoie la santé, c’est pour que nous apprenions à l’employer au service de nos semblables pour nous montrer gais, actifs, contents et reconnaissants, car c’est un don précieux. Enfants chéris, si Dieu vous donne la santé, soyez aussi complaisants que possible. C’est si gentil de voir de petites filles qui cherchent à être utiles, à rendre tous les petits services qu’elles peuvent à ceux qui les entourent, et des petits garçons qui courent faire des commissions sans grogner, même si cela les dérange au milieu de leurs jeux ! Voilà comment vous pouvez bien employer au service de Dieu le beau don de la santé qu’Il donne volontiers à votre âge. Soyez gais et de bonne humeur, comme des rayons de soleil, pour tous ceux qui vous entourent.
Si Dieu nous envoie la maladie, c’est pour que nous tâchions de le glorifier par notre bon exemple. Un des fidèles serviteurs de Dieu dans notre France, Adolphe Monod, était si malade qu’il allait mourir. Mais au milieu de ses cruelles souffrances, il ne pensait qu’à se réjouir de ce qu’il était chrétien et de ce qu’il allait au ciel. Il disait dans un beau cantique qu’il composa pendant sa maladie :
Que ne puis-je, Ô mon Dieu ! Dieu de ma délivrance !
Remplir de ta louange et la terre et les cieux ;
Les prendre pour témoins de ma reconnaissance,
Et dire au monde entier combien je suis heureux !
La souffrance était dans ses mains comme un talent qu’on employait pour la gloire de son Maître.
Lorsque Dieu envoie l’épreuve, le deuil et le chagrin, c’est pour que nous courbions nos têtes sous sa volonté et que nous apprenions à porter la croix qu’Il nous donne. Il y a souvent des choses que nous voudrions bien avoir et que nous ne pouvons pas obtenir malgré toutes nos prières. Il faut tâcher de se résigner sans murmurer et croire que Dieu sait mieux que nous ce qui nous est nécessaire. Nous le comprendrons un jour.
Chers enfants, vous aurez aussi des chagrins dans vos vies ; rappelez-vous que Dieu vous les envoie pour votre bien, même si vous ne le voyez pas tout de suite. Nous devons tout accepter de la main de notre Dieu, les chagrins aussi bien que les joies, la pluie comme le beau temps, les leçons qui quelquefois vous ennuient, comme les jeux qui vous amusent.
Le temps est aussi un grand talent. Celui-là Dieu le donne à tous ; il faut apprendre à l’employer d’une manière profitable au lieu de le perdre inutilement.
Enfin Dieu nous donne aussi des qualités et des aptitudes très différentes. Toutes sont autant de talents qu’il faut faire valoir pour notre Maître.
Ceux qui auront l’intelligence devront tâcher de répandre la lumière autour d’eux, d’instruire les hommes et de développer en eux le bien. Plus il nous aura été donné, plus aussi il nous sera redemandé. Il est dit dans la Bible : « Et les sages brilleront comme la splendeur de l’étendue, et ceux qui ont enseigné la justice à la multitude, comme les étoiles, à toujours et à perpétuité » (Daniel 12. 3). Ceci s’applique aux serviteurs fidèles qui ont reçu le beau talent de l’intelligence et qui l’auront bien employé au service du Seigneur.
Une petite fille de douze ans, qui était très-intelligente et qui avait bien profité des leçons qu’on lui avait données, sut se rendre très utile, et voici comment. Son père perdit toute sa fortune et se décida à aller vivre en Amérique avec sa famille. C’était dans un endroit où il y avait de grands bois, mais pas d’école. La petite Emma se mit à donner des leçons à ses sœurs plus jeunes qu’elle et les instruisit tant et si bien que, grâce à elle, ses sœurs surent bientôt lire, écrire et compter. Elles seraient restées bien ignorantes, si Emma n’avait pu se rendre utile de cette manière. Ne trouvez-vous pas qu’elle a bien employé le talent de l’intelligence ?
Les uns ont reçu en partage un caractère doux et égal. Salomon dit : qu’« une réponse douce détourne la fureur, mais la parole blessante excite la colère » (Prov. 15. 1) et souvent, par la patience, par la douceur, par un bon exemple, on fait plus de bien que par tous les plus beaux discours du monde.
C’est dans la paix que tu dois vivre,
Enfant de Dieu, disciple du Sauveur ;
Par son Esprit, ton âme doit le suivre
Sur le sentier de la douceur.
Nous n’avons pas tous les mêmes dons; mais ceux que chacun de nous a reçus de Dieu, nous devons les employer à sa gloire en faisant tout le bien que nous pouvons à notre prochain. C’est la meilleure manière de faire rapporter les talents confiés à nos soins.
Prions Dieu de nous aider à en faire un bon usage, afin que lorsqu’il nous en demandera compte, nous ne soyons pas condamnés comme des serviteurs paresseux.
La brebis perdue et la pièce d’argent (Luc 15. 4.)
Lorsque les moutons ont passé toute la journée aux champs et qu’ils rentrent le soir à la bergerie, le berger a soin de les introduire un à un, afin de pouvoir les compter et de bien s’assurer qu’aucun ne manque.
Un berger qui avait cent brebis s’aperçut, un soir, en les comptant qu’il lui en manquait une. Il était bien fatigué, il avait déjà tant marché pendant la journée. Pourtant, il sort aussitôt sans s’inquiéter de sa fatigue, de l’heure avancée, de la nuit qui devenait très-noire. Il était inquiet, il ne pensait qu’à sa pauvre brebis égarée et tout son désir était de la retrouver.
Chers enfants, quand il vous arrive d’être malade, vos parents ne pensent qu’à vous, ils sont bien tourmentés et ne se sentent de nouveau tranquilles que lorsque Dieu a entendu leurs prières et vous a rendu la santé.
Le berger chercha partout ; il chercha longtemps, jusqu’à ce qu’enfin il aperçut la pauvre brebis qui ne savait plus comment s’en sortir. Tout joyeux, il la prend, la met sur ses épaules et la ramène à la maison. On vient à sa rencontre, et toute la famille se réjouit avec lui de ce qu’il avait retrouvé et ramené la pauvre brebis perdue.
Il y avait aussi une femme qui avait gagné dix pièces d’argent. On les appelait des drachmes dans son pays. Vous savez, en effet, mes enfants, que l’argent a des noms différents suivant les pays où l’on se trouve. Un jour, elle se mit à compter ses pièces et trouva qu’il n’y en avait plus que neuf ; une était perdue. Elle ne fit pas comme certains petits enfants de ma connaissance qui ne se donnent pas la peine de bien chercher ce qu’ils ont perdu. Vite, elle allume une lampe et se met à regarder partout, sur la table, dessous, entre les livres, sous le tapis dans les armoires. Elle ne la trouve pas ! Alors que fait-elle ?
Elle prend un balai et se met à balayer bien soigneusement toutes les chambres de la maison. À force de se donner de la peine et de chercher, que voit-elle enfin briller dans un coin d’où elle avait enlevé la poussière ? Sa pièce d’argent ! Elle la ramasse bien vite et se met à crier à ses amies et à ses, voisines d’un ton joyeux : « Venez, venez, vous réjouir avec moi, car j’ai enfin retrouvé la pièce que j’ai tant cherchée ! » et tout le monde vient se réjouir avec elle.
Ces deux paraboles ont le même sens caché. Toutes d’eux nous parlent de l’amour infini de Dieu qui a envoyé son Fils unique dans le monde, afin de chercher et de sauver ceux qui étaient perdus. Dieu nous a créés à son image mais nous avons tous péché, nous avons tous désobéi et nous nous sommes éloignés de Dieu.
Nous sommes tous comme des brebis égarées ou des pièces d’argent perdus jusqu’à ce que notre bon Sauveur nous ait retrouvés et rachetés. Nos âmes immortelles sont si précieuses aux yeux de Dieu qu’Il a jugé nécessaire d’envoyer son Fils sur la terre et de le laisser mourir pour nous afin de nous sauver et de nous faire retrouver le chemin du ciel. Et là-haut dans ce beau ciel, si plein de lumière et de bonheur, les anges qui entourent le trône de Dieu se réjouissent pour chacun de nous qui se repent de ses péchés, qui écoute la voix du bon Berger et retourne à son Dieu.
Comme le berger n’épargne ni peines ni fatigues, comme la femme de la parabole cherche sans s’arrêter, de même le Sauveur nous cherche, nous appelle avec sollicitude et s’efforce de nous attirer à Lui. Nous ne devons pas endurcir nos cœurs, mais nous tourner vers Lui, aller à Lui, car nous n’aurons de paix que lorsque nous serons sous sa garde.
Comme les bêtes sauvages qui sont prêtes à dévorer les pauvres brebis égarées, de même le démon cherche à nous faire tout le mal qu’il peut ; il est plus rusé et plus fort que nous, c’est pourquoi il nous fait bien vite tomber dans le péché quand il nous trouve seuls, comptant sur nos propres forces. Mais si nous mettons toute notre confiance dans notre Sauveur, alors nous savons qu’on ne peut rien nous faire et que nous serons gardés de tout mal. Plus nous aimerons Dieu, plus nous sentirons combien notre cœur est mauvais et, au lieu d’être satisfaits de nous-mêmes nous nous affligerons de ne pas faire davantage pour ce Dieu si plein de bonté envers nous.
Le fils prodigue (Luc 15. 11).
Il y avait une fois un père de famille qui avait deux fils. L’aîné était sage et appliqué, aimait son père et avait du plaisir à se trouver auprès de lui. Mais le fils cadet était si désobéissant, si négligent, qu’il ne donnait aucune satisfaction à sa famille. Lorsqu’il fut grand, il vint trouver son père, et lui demanda de lui donner la partie de sa fortune qu’il lui destinait et de le laisser s’en aller où bon lui semblerait. Le père fut bien triste quand il entendit ces paroles ; mais comme il savait bien que son fils n’écoutait pas ses remontrances et s’ennuyait de rester à la maison, il lui remit une belle somme d’argent et le laissa partir. Le jeune homme s’en alla bien loin de là. Là-bas, il s’installa et trouva bientôt des compagnons de plaisir. Ce n’est pas difficile : il y a tant de jeunes gens qui aiment mieux s’amuser que de travailler ! Les compagnons de jeux se trouvent plus facilement que les compagnons de devoir.
Toutes les nuits, c’étaient des bals, des spectacles ou des soupers ; le jour on se levait tard et l’on ne songeait qu’à se promener ou à s’amuser.
Ce genre de vie dura longtemps jusqu’à ce qu’un matin, le jeune homme en voulant prendre de l’argent dans sa boite, la trouva absolument vide ! Rien, plus rien ; tout son argent avait été dépensé dans des folies et des plaisirs. Il se rassura pourtant et se dit que ses amis lui en prêteraient sans doute. Mais, lorsqu’il leur en demanda, l’un donna une excuse, l’autre une autre et dès qu’ils s’aperçurent qu’il avait dépensé tout son argent, leur amitié s’évanouit, ils ne remirent plus les pieds chez lui et même lui tournèrent le dos, dans la rue, lorsque le jeune homme voulut les saluer et s’approcher d’eux.
Chers enfants qui m’écoutez, souvenez-vous bien que ceux qui nous flattent quand nous sommes riches et heureux, ou qui ne viennent chez nous que pour s’amuser, ne font pas preuve d’une vraie amitié envers nous. Les vrais amis sont ceux qui n’ont pas peur de nous dire la vérité, de nous aider à nous corriger de nos défauts ; ils nous encouragent à faire ce qui est bien et sont prêts à nous consoler si nous sommes tristes, à nous aider si nous sommes dans l’embarras. On n’en a pas beaucoup de ceux-là, mais il faut bien les aimer et les apprécier, car ils sont précieux. Que Dieu vous donne, mes enfants, de vrais amis, pendant le cours de votre vie, et vous garde des compagnons faux et flatteurs.
Vous voyez que ce jeune homme trouva des compagnons, tant qu’il s’agissait de s’amuser, mais dès qu’il tomba dans la peine, pas un ne vint à son secours et il vit bien alors que ce n’étaient que des amis de ses richesses et pas de lui-même. Il fut obligé de vendre tout ce qu’il possédait pour avoir de quoi manger. Il alla se présenter chez plusieurs négociants, les priant de lui donner une place, afin, d’avoir de quoi vivre, mais tous refusèrent. On savait que c’était un jeune homme qui ne pensait qu’à s’amuser ; aussi personne ne se souciait-il de lui donner du travail. Il devint si pauvre et si malheureux qu’un jour, à la campagne, il supplia un paysan de lui donner un emploi. Celui-ci lui fit garder ses porcs. Il dormait sur la paille dans un misérable hangar ; ses habits étaient déchirés. Il était si affamé qu’il s’estimait bien heureux chaque fois qu’il pouvait prendre quelques bribes de la nourriture grossière qu’on donnait aux porcs. Mais souvent on oubliait de lui en donner et alors il n’avait rien à manger. Oh ! comme il était triste, le pauvre garçon ! Souvent il s’asseyait sur une pierre et se mettait à pleurer. Il n’y avait là personne pour le consoler ou lui adresser une bonne parole. Il se tenait là assis dans le champ avec les porcs qui grognaient en cherchant leur nourriture, sans se soucier de son chagrin.
C’est alors qu’il se souvint de la maison de son père. Qu’on y était bien ! Comme tout y était chaud et confortable, propre et bien arrangé ! Quelle abondance de biens ! Comme il avait eu tort de quitter ce bon père qui l’aimait tant, qui l’avait si bien soigné et entouré de tant de sollicitude ! Il l’avait abandonné, il avait été ingrat et égoïste ! Ah ! certainement, tous les plaisirs qu’il avait tant recherchés ne valaient rien en comparaison de la joie et du bonheur tranquille dont on jouissait dans la maison paternelle. Comment avait-il pu abandonner de vrais biens pour des plaisirs passagers, qui ne laissent après eux que du dégoût et de la fatigue ? À force de penser à toutes ces chose-là, il lui vint au cœur un ardent désir de retourner chez son père. Il regretta ses fautes, il pleura d’avoir pu être si négligent si mauvais et d’avoir fait tant de peine à un si bon père, « Oh ! » dit-il tout à coup en sanglotant, « Je me lèverai et je m’en irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires » (Luc 15. 18 et 19)
Il ramena les porcs à leur étable et annonça, à son maître qu’il voulait partir le lendemain. Avant le lever du soleil, l’enfant prodigue était déjà debout et se mettait en marche. La Bible l’appelle enfant prodigue parce qu’il avait prodigué ou dépensé en choses inutiles tout son argent. Quelle différence entre ce voyage-ci et celui qu’il avait fait pour venir ! Alors, il partait de chez lui bien habillé, bien équipé, la bourse pleine d’or ; tout lui semblait gai et facile ; maintenant il revenait à pied, marchant tout le jour, se reposant seulement quelques heures la nuit, sous une haie au bord de la route. Ses habits étaient déchirés. Il n’avait rien pour se nourrir qu’un morceau de pain noir qu’on lui donnait de temps en temps par charité. N’est-ce pas, mes enfants, que vous auriez mieux aimé, à en juger par la mine, être celui qui partait que celui qui revenait ?
Mais peut-être que Dieu, qui voit au fond de nos cœurs, pensait autrement que vous. Dieu regarde au cœur et non pas à l’apparence. Il voyait que le pauvre garçon qui revenait à pied avec des habits en lambeaux se repentait de ses péchés, son cœur était attristé de tout le mal qu’il avait fait et il se disposait à demander pardon à son père, tandis que le jeune homme riche qui s’éloignait était plein d’orgueil et d’égoïsme. Dieu ne regarde pas aux vêtements que l’on porte, Il regarde aux pensées qu’on a dans le cœur et Il sait si nous cherchons à l’aimer oui ou non.
Le pauvre garçon était encore bien loin de chez lui lorsqu’on vint annoncer au père de famille que son fils, qu’on avait cru perdu, arrivait. Oh ! quelle joie il y eut dans le cœur de ce père ! Il ne pensa plus à tout le chagrin que son fils lui avait causé : toutes les choses pénibles étaient oubliées ; sans attendre, sans hésiter, il se précipite à sa rencontre ; dès qu’il est près de lui, il lui ouvre les bras, le serre sur son cœur et l’embrasse tendrement. Le fils fut si touché de la bonté de son père que toute sa conduite passée lui parut bien plus coupable encore que jamais ; il dit en pleurant : « Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » (Luc 15. 21).
Lorsque le père vit son fils ainsi repentant et humilié, il pardonna, oublia tout et ne pensa qu’à se réjouir de son retour. Il fit un grand festin et l’on servit tous les meilleurs plats qu’on put trouver ; il fit revêtir son fils de beaux habits et le présenta avec joie à tous les amis invités au festin.
Au milieu de la fête, le frère aîné, qui était au champ, revient, à la .maison et, tout étonné du bruit, il demande à un serviteur de lui dire ce qui se passe. On lui raconte ce qui est arrivé et lui, au lieu de se réjouir, se met de mauvaise humeur et commence à bouder sans vouloir entrer. Il était envieux, et, lorsque son père sortit pour lui parler, il lui fit ce reproche : « Voici tant d’années que je te sers, et jamais je n’ai transgressé ton commandement ; et tu ne m’as jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis ; mais quand celui-ci, ton fils, qui a mangé ton bien avec des prostituées, est venu, tu as tué pour lui le veau gras » (Luc 15. 29 et 30).
Alors le père lui répondit avec douceur : « [Mon] enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ; mais il fallait faire bonne chère et se réjouir ; car celui-ci, ton frère, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (Luc 15. 31 et 32).
Cette parabole est si belle, si claire et si facile, qu’il me semble qu’elle n’a pas besoin de bien longues explications.
Le père de famille représente Dieu qui est notre bon Père céleste. L’enfant prodigue, c’est nous tous mes enfants, car nous oublions tous trop souvent notre Dieu ; nous préférons nos distractions à nos devoirs, nos plaisirs, à notre travail. Nous voulons trop souvent faire notre volonté, et nous avons beaucoup de peine à nous soumettre à celle de Dieu.
N’est-il pas vrai qu’il paraît difficile d’obéir, mes chers enfants ? Et pourtant, il faut le faire, puisque nous le devons ; et de même qu’un enfant n’est pas heureux quand il est méchant, de même nous ne serons jamais heureux ni tranquilles, tant que nous n’aurons pas, un sincère repentir de nos péchés et que nous ne nous serons pas retournés du côté de la maison paternelle pour aller demander pardon à notre Père céleste. Oh ! Il faut que nous le fassions tous, chacun de nous, vieux et jeunes, grands et petits ; il faut que nous éprouvions un vrai chagrin pour tout l’orgueil, l’égoïsme et l’étourderie qui sont dans nos cœurs. Tout cela, il faut le dire à Dieu et lui demander pardon. Nous sommes sûrs qu’Il nous pardonnera au nom de son Fils, parce qu’il a promis dans la Bible qu’Il le ferait.
« Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme inique, ses pensées, et qu’il retourne à l’Éternel, et il aura compassion de lui, – et à notre Dieu, car il pardonne abondamment » (És. 55. 7).
Les deux esclaves (Mat. 18. 23 à 35).
Jusqu’à présent, les paraboles que nous avons lues nous ont enseigné surtout nos devoirs envers Dieu ; en voici qui nous parleront davantage de nos devoirs envers notre prochain. Le devoir c’est ce qu’il faut faire. Le prochain, ce sont tous ceux qui nous entourent, tous ceux que nous voyons. Dieu nous aime ; il est plein de bonté envers nous. Comme Il a pour nous patience, support et indulgence, de même nous devons avoir de l’amour pour notre prochain, tâcher de ne pas nous mettre en colère si on nous offense, de ne pas nous impatienter si on nous ennuie, et de ne pas éprouver de la jalousie si notre prochain a quelque chose que nous ne pouvons pas avoir.
Jésus a dit en Matthieu 18. 28 : « Mais cet esclave, étant sorti, trouva un de ceux qui étaient esclaves avec lui, qui lui devait cent deniers »). Ce n’était qu’une petite somme, bien petite en comparaison de celle qu’il devait lui-même au roi. Le roi venait de lui pardonner. Qu’auriez-vous fait à sa place ? Oh ! n’est ce pas que, dans votre joie, vous auriez aussi pardonné à votre camarade, et vous lui auriez dit que vous ne lui redemanderiez plus les cent deniers ? Eh bien, ce mauvais esclave, au lieu d’agir ainsi, saisit son camarade par le col, l’étrangla presque et lui ordonna de lui payer à l’instant tout ce qu’il devait. N’était-ce pas bien mal ? Aussi ceux qui le virent et l’entendirent furent-ils si indignés de cette conduite qu’ils allèrent le dire au roi.
Celui-ci fit venir aussitôt son esclave et lui dit : « Méchant esclave, je t’ai remis toute cette dette, parce que tu m’en as supplié ; n’aurais-tu pas dû aussi avoir pitié de celui qui est esclave avec toi, comme moi aussi j’ai eu pitié de toi ? » (Mat. 18. 32 et 33) Et son maître, irrité de le voir si mauvais, le fit mettre en prison jusqu’à ce qu’il eût payé tout ce qu’il devait.
Cette parabole nous donne une grande leçon, mes enfants ; elle nous montre, que nous devons agir envers notre prochain comme nous aimerions que Dieu agisse envers nous. Si cet esclave avait été bon avec son camarade et lui avait remis sa dette comme le roi le lui avait fait à lui-même, il n’aurait pas été mis en prison. Le maître c’est Dieu ; l’esclave, c’est trop souvent nous-mêmes ; le compagnon de service de l’esclave, c’est notre prochain. Dieu nous a beaucoup pardonné ! Il a toujours de la patience avec nous, et pourtant nous l’offensons continuellement par nos désobéissances, nos mensonges et nos impatiences.
Jésus-Christ, pendant qu’il était sur la terre, a été pour nous un parfait modèle ; il nous a dit : « Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez » (Jean 13. 15).
Il est aussi écrit : « Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux ; et ne jugez pas, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez point condamnés ; acquittez, et vous serez acquittés ; donnez, et il vous sera donné : on vous donnera dans le sein bonne mesure, pressée et secouée, et qui débordera ; car de la même mesure dont vous mesurerez, on vous mesurera en retour » (Luc 6. 36 à 38)
Puisque Dieu nous aime et nous pardonne tant de choses, nous devons aussi aimer notre prochain et lui pardonner s’il nous offense. Or, c’est ce que nous ne faisons pas assez !
Bien des enfants, oubliant toute la bonté de Dieu à leur égard, n’agissent pas toujours avec leur prochain comme ils le devraient. Il y a de grands garçons qui battent de plus petits qu’eux : c’est une honte, cela ! Il y a des petites filles qui sont gourmandes ou qui se disputent, ce qui est très-mal ! Il y a des enfants qui disent des mensonges ; ils oublient que Dieu les entend et qu’ils ne peuvent pas le tromper. Il y a encore des enfants qui ne veulent pas se déranger quand on leur demande un service ; qui sont insolents ou impolis avec les autres ; qui se croient tout permis et ne veulent pas obéir. Tout cela est bien mal ! Chers enfants, quand vous sentez que vous allez vous fâcher ou vous mettre en colère, ou que vous êtes de mauvaise humeur, tâchez de vous arrêter et de penser que Dieu a de la patience et de la bonté envers vous, et qu’à cause de cela, vous devez en avoir aussi envers ceux qui vous entourent. Prions Dieu de nous aider à faire aux autres comme notre Père céleste nous fait à nous-même, et à nous souvenir que nous sommes mauvais et que nous devons avoir delà patience, de la bonté et de la charité vis-à-vis de ceux qui pourraient l’être à notre égard.
Le bon Samaritain (Luc 10. 29 à 37).
Sur un chemin de montagne qui va de Jérusalem à Jéricho dans un endroit écarté et désert, était étendu un pauvre homme. Il avait été attaqué par des voleurs qui lui avaient pris tout ce qu’il possédait et comme il cherchait se défendre, ils l’avaient percé de plusieurs coups et laissé là, sur le chemin. Le sang coulait de ses blessures ; il était dépouillé de son manteau, incapable de se lever ou de continuer sa route. Il avait soif, il avait froid, il se sentait bien mal et se demandait avec angoisse si personne ne passerait par ce chemin avant la nuit, si nul n’aurait pitié de lui et ne viendrait à son aide. De longues heures se passèrent ainsi. Oh ! quand on souffre et qu’on est dans la peine, que le temps semble long ! Le pauvre homme, au milieu de ses souffrances, levait de temps en temps la tête ; il cherchait à voir sur le chemin, mais personne ne voyait. Hélas ! faudra-t-il passer la nuit-là, tout seul, sans appui et sans secours ? Certainement, il en mourra.
Mais non il lui semble voir un point noir sur la route. Ce point se rapproche ; c’est un homme, il le distingue : c’est un de ses compatriotes, un Juif comme lui. Il reconnaît d’aussi loin qu’il le peut, à ses vêtements, que c’est un sacrificateur. Quel bonheur ! Sans doute, ce voyageur va s’arrêter, lui venir en aide, lui donner ses soins. Il est tout près, il regarde le pauvre homme qui gémit en essayant de se soulever: Mais que fait donc le sacrificateur ? Serait-ce possible ? Il l’a bien vu cependant ; mais au lieu de s’approcher il détourne la tête, prend un autre sentier et s’en va sans rien lui dire. Oh ! quel désappointement pour le pauvre blessé ! Comment ! ce sacrificateur n’a pas eu pitié de lui ! Il a passé outre et continué son chemin, et il va le laisser mourir, là, sur le bord de la route, faute de soins et de secours ! Le pauvre blessé pleure et se lamente, mais il ne veut pas se décourager .encore. Qui sait si quelqu’un de plus charitable ne passera pas bientôt…
On dirait qu’il y a encore quelque chose sur la route; tout là-bas… il ne se trompe pas… Oui, c’est quelqu’un d’autre qui vient. Oh ! cette fois-ci il sera secouru. Il reconnaît un lévite. Sans doute, cet homme qui est toujours dans le temple de Dieu aura pitié et compassion de lui. Mais non ! Oh ! quelle déception amère ! Comme le sacrificateur, le lévite se détourne aussi et passe son chemin, froid, cruel, indifférent aux souffrances du pauvre blessé. Ah ! c’est pour le-coup que celui-ci se sent désappointé et désolé dans le fond de l’âme ! Pauvre homme ! n’est-ce pas que c’était bien dur d’être ainsi abandonné pour la seconde fois ? Une longue heure se passe : brisé de douleur; le blessé pleurait et gémissait.
Mais voici de nouveau un voyageur qui apparaît à l’horizon. Le misérable regarde… Hélas ! cette fois c’est un Samaritain. Les Samaritains habitaient un pays au nord de la Judée ; ils croyaient en Dieu, mais ne suivaient pas toutes les pratiques de la loi de Moïse. À cause de cela les Juifs les détestaient plus encore que les païens et ne voulaient rien avoir de commun avec eux. Le blessé n’ose pas même l’appeler. Puisque ses propres compatriotes l’ont délaissé, qu’attendre d’un étranger et, qui pis est, d’un Samaritain ? Sans doute, il va passer tout droit sans même faire semblant de le voir ; et pourtant la nuit approche et il aurait tant besoin de secours !…
Mais si le sacrificateur a été inhumain et hypocrite en faisant semblant de ne pas voir le blessé pour n’avoir pas à le secourir, si le lévite a été bien coupable dans sa cruelle indifférence, le Samaritain, lui, a bon cœur ; il ne peut pas voir souffrir sans chercher à aider et à soulager ceux qui souffrent. Il aime Dieu et tâche de faire aux autres comme il voudrait qu’on lui fasse. À la vue de cet inconnu, étendu là blessé et souffrant sur le chemin, quoique pressé de continuer sa route, il s’arrête, descend de sa monture et, s’approchant, bande ses plaies et y verse de l’huile et du vin. Puis voyant que le pauvre malheureux était trop faible pour marcher, que fait-il ? Il le met sur sa monture, le mène à une hôtellerie et prend soin de lui.
Comme c’était bon, n’est-ce pas, de sa part ! On aurait fait cela à un frère, et cet homme n’était pour lui qu’un étranger, de plus un Juif qui le méprisait et ne voulait rien avoir à faire avec lui ! Mais cela lui est égal ; il ne pense qu’à aider là où on a besoin de son secours et il le fait aussi bien qu’il le peut. Le Samaritain ne pouvait pas s’arrêter là bien longtemps, il devait aller plus loin ; aussi, le lendemain, se prépara-t-il à partir. Mais avant de s’en aller, il tira deux deniers d’argent, les donna à l’hôte et lui dit : « Aie soin de cet homme, et tout ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour ».
Le Seigneur Jésus racontait cette parabole à un jeune docteur de la loi qui lui disait : « Qui est mon prochain ? » Après l’avoir racontée, il lui demanda : « Lequel donc de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ? » Et le jeune homme répondit sans hésiter : « C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui ». Il était bien facile de voir, en effet, que le Samaritain était le seul qui eût agi comme il le devait, le seul qui eût été bon et charitable envers le blessé. Jésus lui répondit : « Va et fais la même chose ». Ce qui veut dire que partout où cela nous est possible, nous devons nous employer au service de notre prochain ; partout où nous pouvons faire le bien, il ne faut pas passer outre, mais nous arrêter et agir.
Nous devons regarder tous les hommes comme notre prochain, ceux qui sont pauvres aussi bien que ceux qui sont riches, ceux qui sont dans l’affliction autant que ceux qui sont dans la joie, les petits et les humbles comme les grands et les puissants.
J’ai lu dans un livre bien intéressant l’histoire d’une pauvre petite qui avait été battue et maltraitée dès son enfance. Elle ne se souvenait même plus de ses parents, elle croyait qu’elle avait poussé hors de terre comme un champignon. Tout le monde la méprisait et la traitait durement ; aussi était-elle devenue très rusée et méchante ; elle mentait, elle volait, elle cherchait toujours à rendre le mal pour le mal. Elle fut envoyée dans une maison où était une douce et bonne petite fille nommée Eva.
– Qu’est-ce qui te rend si méchante, Topsy ? lui dit un jour cette petite fille.
Et comme la petite lui répondit qu’il ne valait pas la peine de chercher à devenir meilleure puisqu’elle n’était qu’une enfant que chacun méprisait, que personne n’aimait, et qui n’aimait personne, Eva lui dit :
– Oh! Topsy ! pauvre enfant ! je t’aime, moi ! je t’aime parce que tu n’as ni père, ni mère, ni amis, parce que tu es une enfant pauvre et méprisée… je t’aime, et je voudrais te rendre bonne. Essaie de le devenir pour l’amour de moi !
Et la pauvre petite Topsy fondit en larmes ; l’amour d’Eva avait touché son cœur. Depuis ce jour, elle s’efforça de se corriger de ses défauts et y parvint avec l’aide de Dieu.
Il ne faut pas non plus ne faire du bien qu’à nos amis, il faut en faire aussi aux gens qui n’ont pas de bienveillance envers nous ou qui rendent notre vie pénible et difficile. Jésus dit dans l’Évangile : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous outragent et vous persécutent… Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? Et si vous ne faites accueil qu’à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? »
Deux petits garçons étaient à l’école ensemble. Charles était jaloux d’Édouard, parce que celui-ci était doux et aimable et se faisait chérir de tout le monde, et aussi parce qu’il était plus appliqué et avait plus de livres et de joujoux que son camarade. Charles animé d’un mauvais sentiment, cherchait dans toutes les occasions à être désagréable à Édouard, à le tourner en ridicule, à se moquer de lui ou même à lui faire du mal. Un jour de congé, en hiver, comme tous les garçons patinaient sur l’étang, Charles s’approcha trop d’un endroit défendu ; la glace se rompt tout à coup, et le voilà qui disparaît dans l’eau. Les garçons effrayés restent là à regarder sans bouger ; mais Édouard ne perd pas sa présence d’esprit : il s’élance, plonge sans hésiter, retire le garçon ,qui se débattait, et avec beaucoup de peine parvient à le ramener au rivage. Charles, qui était resté un bon moment dans l’eau glacée, fut très-malade et eut une forte fièvre. Édouard obtint la permission d’aller le voir ; il passait près de son lit tous les instants qu’il avait de libres, lui faisait la lecture, lui racontait des histoires et cherchait à le distraire et à lui faire du bien. Charles. ne parlait pas beaucoup ; mais un jour, quand il était presque guéri, il se jeta en pleurant dans les bras d’Édouard, lui demandant pardon pour toute sa conduite passée.
– J’ai été si méchant et si injuste envers toi, mon cœur était plein d’envie et de jalousie contre toi, je te détestais j’étais ton ennemi !… et toi tu m’as rendu le bien pour le mal, tu m’as sauvé, la vie tu m’as fait tout le bien que tu as pu. J’ai honte de ma conduite envers toi ; veux-tu me pardonner et m’aider à devenir bon comme toi ?
Édouard l’embrassa, lui promit de l’aider à faire son devoir, et depuis ce temps Charles a toujours été l’ami le plus fidèle et le plus dévoué qu’il ait jamais eu dans sa vie. Si Édouard avait rendu le mal pour le mal, il n’aurait pas touché le cœur de Charles et gagné ainsi un ami.
– Emma, dit une dame, à sa fille, puisque tu sors cette après-midi, je voudrais bien que tu portes ces oranges au petit garçon de notre couturière ; tu sais qu’il a la fièvre ; il est bien malade et désirerait tant en manger. J’ai promis de lui en envoyer le plus tôt possible.
Emma était une bonne fille ; seulement elle n’aimait pas à se déranger ou à faire quelque chose qui lui coûtât de la peine. En ce moment, elle était pressée, ayant mis beaucoup trop de temps à sa toilette et devant aller à une petite réunion chez ses amies. Comme elle se sentait en retard, elle se décida, à laisser dans sa chambre le panier d’oranges qu’elle se promit de porter le lendemain matin en allant à l’école. Elle s’amusa bien chez ses amies, ne revint que le soir et ne pensa plus à l’enfant malade.
Le lendemain matin, lorsqu’elle arriva chez la pauvre femme, elle la trouva pleurant amèrement près du petit lit. L’enfant était mort le matin même. À la vue du panier d’oranges, les larmes de la mère redoublèrent.
– Mon pauvre petit ! Toute l’après-midi, hier, il me demandait si votre mère n’enverrait pas les oranges ; il avait si grande envie d’en manger une ! Cela lui aurait fait tant de plaisir !
Oh ! comme Emma fut fâchée et combien elle regretta d’avoir été égoïste et paresseuse, de n’avoir pensé qu’à son propre plaisir au lieu de faire son devoir envers les autres. Mais il était trop tard maintenant ! Ce fut une leçon pour toute sa vie ; elle ne chercha plus à s’éviter la peine. Chaque fois qu’un devoir lui semblait pénible et difficile à accomplir, elle pensait à ce pauvre petit garçon à qui une orange aurait fait tant de plaisir. Elle se levait alors et faisait vite ce qu’elle devait faire.
Nous ne devons pas non plus fermer les yeux sur les détresses du prochain et faire semblant de ne pas les voir. Dieu nous met dans ce monde pour nous aider les uns les autres. Il place près de nous bien des misères et des tristesses pour que nous essayions de leur venir en aide dans la mesure de nos forces. Chaque fois que nous nous détournons .d’une souffrance, nous écartons de notre tête la bénédiction qu’elle nous eût apportée si nous l’eussions soulagée.
« Celui qui a pitié du pauvre prête à l’Éternel qui lui rendra son bienfait » (Prov. 19. 17).
« Et quiconque aura donné à boire seulement un verre d’eau froide à l’un de ces petits, parce qu’il est mon disciple, je vous dis en vérité qu’il ne perdra point sa récompense » (Mat. 10. 42).
L’homme riche et le pauvre Lazare (Luc 16. 19 à 31).
Devant une table chargée de mets recherchés, de plats succulents et de vins généreux, un homme jeune encore était assis. Ses vêtements étaient magnifiques et de l’étoffe la plus coûteuse ; il était vêtu de fin lin et de pourpre. Le lin est une plante qu’on tisse et dont on fait des étoffes de tout genre. Les plus fines coûtaient très cher et les gens très-riches avaient seuls les moyens de les acheter et de les porter. Quant à la pourpre, c’était une admirable couleur rouge tirée d’un petit coquillage ; on en teignait la laine. Les rois seuls et les grands seigneurs portaient cette pourpre qu’on préparait dans la ville de Tyr ; située au bord de la mer, dans la Phénicie, pays resserré entre la Méditerranée et le Liban, au nord de la Terre Sainte.
Pour en revenir à notre histoire, il fallait donc que cet homme fût bien riche pour être si magnifiquement vêtu. Sous ses pieds s’étendaient de moelleux tapis ; autour de lui de riches tentures, de beaux tableaux ; des statues de grand prix frappaient les regards ; sur la table étincelait de la vaisselle d’or et d’argent ; partout le grand luxe ; des fleurs aux doux parfums ; une musique délicieuse ; de nombreux esclaves richement vêtus et prêts à satisfaire ses moindres désirs. Avec ses trésors, il pouvait acheter tout ce qu’il voulait et réaliser à l’instant tous ses caprices.
Voici maintenant un autre tableau : à la porte de ce beau palais, étendu sur le pavé de la rue, voyez ce pauvre homme. Ses vêtements sont en lambeaux et tiennent à peine sur son corps décharné ; il est dans la pauvreté la plus affreuse, il manque de tout ; il n’a rien à manger, pas de quoi se vêtir, pas même un endroit où il puisse aller dormir la nuit ; il est même couvert de plaies et les chiens viennent le lécher par compassion. Il voudrait avoir les miettes qui tombent de la table du riche ; il a toujours si faim.
Mes enfants, lequel de ces deux hommes auriez-vous voulu être ? L’homme riche, n’est-ce pas ? Car rien ne devait être plus affreux que de se trouver dans une misère pareille à celle de ce pauvre homme, et pourtant, écoutez ce qui arriva : « Et il arriva que le pauvre mourut, et qu’il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham » (Luc 16. 22) ce qui veut dire appelé à jouir de la société d’Abraham et à aller au ciel. « Et le riche aussi mourut, et fut enseveli. Et, en hadès, levant ses yeux, comme il était dans les tourments, il voit de loin Abraham, et Lazare dans son sein » » (Luc 16. 22 et 23).
Pourquoi cette différence ? Est-ce donc un péché d’être riche et d’avoir beaucoup de biens ? Est-ce au contraire un grand mérite d’être pauvre et de manquer de tout ? Non, certainement : l’un n’est pas plus un péché que l’autre n’est un mérite, car c’est Dieu qui donne aux uns la richesse et aux autres la pauvreté. Il fait comme Il lui plaît, et les riches ont tort lorsqu’ils méprisent les pauvres parce qu’ils n’ont rien, de même que les pauvres ne doivent pas non plus porter envie aux riches parce qu’il a plu à Dieu de leur donner des biens qu’eux-mêmes ne possèdent pas.
Ce n’est pas d’après notre position sur la terre que nous serons jugés, car c’est Dieu qui décide dans quelle condition nous devons naître ; mais nous serons jugés d’après l’usage que nous en faisons.
Les richesses de l’homme riche l’ont empêché d’être heureux dans le ciel, parce qu’elles lui ont fait attacher son cœur aux choses d’ici-bas. Il a mis tout son cœur dans les jouissances que ses richesses pouvaient lui procurer. « Il se traitait magnifiquement tous les jours » dit le Sauveur, ne se refusant rien, et ne pensant qu’à ses plaisirs. Son cœur n’a pas été accessible à la pitié. Froid et égoïste, l’homme riche se détourna du pauvre et refusa durement de le secourir ! Il laissa là, dans la misère, au froid, dans la boue, sans lui donner ni aide ni appui, ce malheureux qui mourait de faim à sa porte et qui lui demandait seulement un peu de son superflu. Lui, cependant, était assis sur de moelleux divans, mangeait les mets les plus délicats et se reposait dans la mollesse et dans le luxe ! Ah ! ce n’était pas bien, n’est-il pas vrai, mes chers enfants de fermer ainsi son cœur, d’être si impitoyable et si dur…
Pourquoi croyez-vous que le pauvre soit allé au ciel après sa mort ? Est-ce parce qu’il a tant souffert sur la terre ? Non, mes enfants, puisque c’est Dieu qui envoie la souffrance et qu’un peu plus tard ou un peu plus tôt, sous une forme ou sous une autre, chaque homme est appelé à la connaître et a pour devoir de la supporter.
Si donc le pauvre est allé au ciel, c’est qu’au milieu de ses afflictions, il espérait en Dieu et mettait en Lui sa confiance. Il supportait ses maux avec patience, avec résignation, sans murmurer. Il aimait Dieu ; aussi Dieu, qui lit dans nos cœurs, a vu son humilité et son obéissance et, au nom de ce Sauveur qui aime les humbles et les petits, l’a fait entrer dans son repos. Ce pauvre homme, qui s’appelait Lazare, n’avait plus maintenant ni faim ni soif. Il était heureux pour toujours.
« Et il me dit : Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, et ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple ; et celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux. Ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, parce que l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux fontaines des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Apoc. 7. 14 à 17)
Le riche, qui avait été comblé de jouissances, était maintenant en hadès, loin de Dieu, où il ne pouvait plus espérer ni même se repentir. Il était si tourmenté que, levant les yeux et voyant de loin Abraham et Lazare, il s’écria : « Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare, afin qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt, et qu’il rafraîchisse ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme » (Luc 16. 24).
Il croyait qu’Abraham, pourrait lui venir en aide et l’appelait père parce que toute la nation juive descendait d’Abraham ; mais celui-ci ne pouvait rien faire pour lui, car il y a un abîme entre le ciel et l’enfer, de sorte que ceux qui voudraient passer ne le peuvent ni d’un côté ni de l’autre. Aussi demandait-il à Abraham d’envoyer Lazare sur la terre pour parler à ses cinq frères et les avertir qu’ils eussent à changer de conduite s’ils voulaient aller au ciel. Mais Abraham le lui refusa encore, ajoutant qu’ils avaient Moïse et les prophètes, et que s’ils ne les écoutaient pas, ils n’écouteraient certainement pas mieux quelqu’un qui viendrait directement à eux du haut du ciel.
L’homme riche fut condamné pour avoir vécu dans l’égoïsme et pour n’avoir aimé ni son Dieu, ni son prochain. Nous serions bien coupables si nous agissions de même ; nous avons plus que Moïse et les prophètes, car nous avons le Seigneur Jésus lui-même qui est descendu du ciel pour nous chercher et nous sauver, et nous serions plus répréhensibles encore que cet homme riche, si nous négligions le salut qui nous est offert.
Une petite fille, appelée Laura, avait été élevée au sein de la plus grande opulence. Elle avait tout ce qu’on peut désirer, abondance de joujoux, de livres, de toilettes. Rien ne lui manquait. Mais, au milieu de tout cela, elle n’était pas heureuse ; elle s’ennuyait, on ne lui avait appris qu’à penser à elle-même : et la pauvre enfant ignorait la douce joie qu’il y a à s’occuper des autres, à donner et à faire plaisir. Voyait-elle un pauvre, elle lui jetait bien quelques sous en passant, mais là se bornait toute sa charité. Les parents de Laura moururent, et. elle alla vivre dans une autre ville, chez une de ses tantes. Elle fut bien étonnée quand elle vit que sa tante faisait venir des pauvres chez elle, leur parlait avec bonté, et s’intéressait à eux. Elle le fut bien plus lorsque sa tante la mena avec elle dans de misérables demeures, et lui fit voir des malheureux qui manquaient de tout.
– Mais, tante, pourquoi n’y envoies-tu pas un domestique au lieu d’y aller toi-même ?
– Parce que je sais, reprit sa tante, que ces pauvres gens auront plus de plaisir à me voir moi-même, et que je pourrai mieux me rendre compte de ce dont ils ont besoin. Jésus nous a dit : « En vérité, je vous dis : En tant que vous l’avez fait à l’un des plus petits de ceux-ci [qui sont] mes frères, vous me l’avez fait à moi » (Mat. 25. 40). Si donc nous voulons leur faire du bien, il faut les aimer et se donner la peine d’aller les voir nous-mêmes.
Si Laura avait toujours vécu dans sa première demeure, elle serait probablement devenue une femme égoïste et dure, et ses richesses l’eussent peut-être empêchée l’aller au ciel. Mais Dieu permit que, sous la bonne direction de sa tante, elle apprît à aimer les pauvres et les malheureux, à se dévouer et à se donner. Après une vie passée à faire le bien et à employer sa fortune d’une manière noble et utile, elle mourut heureuse et paisible dans la foi en son Sauveur.
« Mon pauvre enfant, Vous souffrez donc bien ? » Ainsi parlait une dame à un petit garçon de dix ans, étendu sur la paille, pâle et dévoré de fièvre et recouvert seulement d’une mince couverture toute déchirée. Son corps était d’une maigreur effrayante ; une toux sèche lui déchirait la poitrine ; il était malade depuis longtemps, et ne pouvait presque plus rien manger.
– Oh ! oui, madame, répondit-il, mais pourtant je suis, si heureux !
– Qu’est-ce qui vous rend heureux, cher enfant ?
– C’est reprit-il, parce que je sais que le Seigneur Jésus est venu pour nous sauver et qu’Il me prendra près de lui dans son beau ciel, où il n’y aura plus ni douleur, ni tristesse.
Et puis, ajouta-t-il avec un doux sourire, tout le monde est bien bon pour moi ; voyez ce que Philippe m’a apporté ce matin. Et, de son doigt amaigri, il montra à la dame une petite motte de terre sur laquelle croissait un peu de gazon bien frais et bien vert avec une petite pâquerette au milieu.
Philippe était un autre pauvre garçon qui courait toute la journée pour faire des commissions, gagnant ainsi sa vie. On l’avait envoyé de grand matin hors de la ville ; là sur le bord du chemin il avait trouvé et apporté cette petite fleur pour faire plaisir à son petit camarade souffrant.
Rien qu’une petite pâquerette ; direz-vous ! et pourtant cela avait suffi pour réjouir toute la journée le cœur et les yeux du jeune malade, qui n’était pas gâté comme beaucoup d’entre vous et auquel une babiole faisait plaisir !
Mes chers enfants, si vous êtes riches, donnez, donnez joyeusement ; pensez aux pauvres et tâchez de faire du bien autour de vous.
Si vous êtes pauvres, si la vie est dure pour tous ne murmurez pas, c’est Dieu qui le veut ainsi ; priez-le de vous donner patience, force et courage. Mais, riches ou pauvres, souvenez-vous tous qu’une seule chose est nécessaire c’est d’aimer Dieu de tout son cœur et de croire en Jésus-Christ son Fils qui nous aime, et qui est descendu parmi nous pour nous sauver.
Le pharisien et le publicain (Luc 18. 9 à 14).
Qu’il était beau le temple de Salomon à Jérusalem ! Superbe et majestueux, il était là debout, exposé à tous les regards, et brillant aux rayons du soleil sur le Mont Morija ! De tous les quartiers de la cité on l’apercevait, et lorsque le soir arrivait dehors dans la ville sainte, la première chose qui frappait les regards était ce temple dans sa magnificence et dans sa splendeur.
Les Juifs en étaient fiers ; ils l’aimaient comme leur plus glorieux monument, comme le joyau précieux confié à leur garde, comme la maison de leur Dieu, leur maison de prière ! Avez-vous jamais lu, mes chers enfants, la belle prière que fit le roi Salomon lorsque, le temple achevé, il le dédia à l’Eternel, en présence du peuple tout entier, implorant pour la première fois sur ce bel édifice la bénédiction de Dieu ? Vous la trouverez dans le premier livre des Rois, au chapitre 8, en commençant au verset 22.
Entre autres choses, Salomon demande à Dieu d’entendre et d’exaucer toutes les prières qui seront faites dans son temple. Il n’est donc pas étonnant que les habitants de Jérusalem s’y rendissent pour prier.
Un jour, comme les derniers rayons du soleil couchant se reflétaient .sur le marbre et le beau plancher de cèdre et se jouaient dans les rideaux de soie, deux hommes se tenaient debout près du sanctuaire à une petite distance l’un de l’autre. Ils étaient venus, après le travail de la journée, pour invoquer l’Eternel ; mais, s’ils étaient différents de mine et d’aspect, combien leurs requêtes l’étaient aussi.
L’un était un pharisien ; il appartenait à cette secte orgueilleuse qui se croyait bien supérieure aux autres hommes. Les pharisiens prétendaient observer exactement tous les préceptes de la Loi et s’y conformer beaucoup mieux que le reste de la nation.
L’autre était un pauvre publicain. La Judée était alors sous la domination des Romains qui obligeaient les Juifs à leur donner de l’argent. C’est ce qui s’appelle payer un tribut ou une taxe. Les hommes chargés d’aller de maison en maison recueillir la taxe .pour les Romains se nommaient des péagers ; plusieurs d’entre eux étaient injustes et voleurs ; ils demandaient plus qu’il ne leur était dû et gardaient une partie de l’argent pour eux ; les Juifs qui étaient très humiliés d’avoir à payer ce tribut et d’être obligés de se soumettre aux Romains, méprisaient beaucoup les péagers.
Tous cependant n’étaient pas mauvais, comme vous allez le voir par la- conduite de celui dont nous parle notre histoire.
Le pharisien, habitué à rechercher la louange des hommes, se tenait debout au milieu du temple, raide, orgueilleux, satisfait de lui-même, et voici ce qu’il disait à l’Éternel : 0 Dieu ! je te rends grâces de ce que ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ni même aussi comme ce péager ! Il se vantait des vertus qu’il croyait avoir ; il jugeait avec sévérité son prochain ; il racontait tout ce qu’il faisait de bien, et c’est ainsi qu’il parlait à ce Dieu qui connaît nos plus secrètes pensées, qui sait combien le meilleur d’entre nous, est encore plein de péchés, à ce Dieu dont les pensées sont élevées au-dessus de nos pensées autant que les cieux sont élevés par-dessus la terre !
Le pauvre péager, lui, se tenait éloigné à l’entrée, dans l’ombre, n’osant pas s’approcher ; ni même lever les yeux vers le ciel. Il était humblement courbé, se frappant la poitrine et disant : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur ! »
Il sentait profondément combien il était indigne de s’adresser à ce Dieu saint et juste dont les yeux sont trop purs pour voir le mal ! Il sentait qu’il péchait souvent, que même avec les meilleures intentions, il offensait chaque jour son Dieu, et que ce Dieu avait le droit d’être irrité contre lui ; aussi le suppliait-il humblement de ne tenir aucun compte de ses fautes ; mais d’user de miséricorde envers lui.
Chers enfants, vous êtes bien jeunes encore ; et cependant vos consciences vous disent que vous êtes bien souvent désobéissants, paresseux, querelleurs, gourmands, ou grognons. Vous savez que Dieu est bon, saint et pur, qu’Il n’aime pas le mal, que la prière est une demande, et que, lorsque nous nous adressons à Dieu, nous devons le faire avec humilité et respect. Dieu ne veut pas que nous nous vantions dans nos prières, mais que nous lui demandions humblement tout ce dont nous avons besoin. Aussi ne serez-vous pas étonnés que Jésus-Christ, en racontant cette parabole à ses disciples, leur ait dit en parlant du publicain : « Je vous dis que celui-ci descendit en sa maison justifié plutôt que l’autre ; car quiconque s’élève, sera abaissé ; et celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 18. 14)
Dieu n’aime pas les orgueilleux, mes chers enfants ; souvenez-vous-en ; n’ayez donc pas une trop haute opinion de vos petites personnes et priez Dieu de vous rendre vraiment humbles de cœur, de vous donner cet esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Lui.
Ceux d’entre vous qui ont lu l’histoire ancienne doivent se rappeler qu’il y avait une fois un roi nommé Nebucadnetsar. Il se croyait le plus grand roi de la terre. Or un jour que, dans son orgueil, il était là debout, sur la terrasse de son palais, à se vanter, à rappeler complaisamment toutes les belles choses qu’il avait faites, savez-vous ce que Dieu fit ? Il lui envoya un terrible châtiment pour le punir de son orgueil ; Dieu lui retira tout à coup la raison : Nebucadnetsar devint fou.
Il sortit de son palais et se mit à errer dans les champs, laissant croître sa barbe, ses cheveux et ses ongles ; grattant la terre pour trouver des racines, et mangeant de l’herbe comme les animaux. Il resta dans ce triste état pendant sept ans. C’est ainsi que Dieu punit l’orgueilleux.
Il y a encore, dans l’Ancien Testament, une histoire bien remarquable sur la manière dont Dieu châtie.
Ézéchias roi de Juda, avait été dangereusement malade, .et Dieu, dans sa bonté, l’avait miraculeusement guéri ; mais, nous dit le livre des Chroniques, Ézéchias ne fut pas reconnaissant du bienfait qu’il avait reçu, car son cœur fut élevé.
Devenu un grand roi, il s’enfla d’orgueil. Le roi de Babylone lui ayant envoyé des ambassadeurs, il les promena dans tout son palais, leur montrant toutes ses richesses, et se vantant devant eux de tous ses biens. Après leur départ, Dieu lui envoya le prophète Ésaïe, qui lui annonça qu’en punition de son orgueil, tous ces beaux trésors dont il avait tiré vanité seraient pris pendant la guerre et emportés à Babylone.
Si nous réfléchissons aux belles histoires de la Bible, nous y verrons toujours au contraire que Dieu a constamment choisi les petits et les humbles pour leur confier les plus belles missions.
Joseph, vendu par ses frères, emmené en pays étranger, comme un pauvre esclave, finit cependant par devenir le gouverneur de l’Égypte et le plus puissant seigneur après le pharaon.
Moïse, fils d’un de ces pauvres Hébreux affligés et asservis en Égypte, fut choisi par. Dieu pour être le conducteur d’Israël et retirer son peuple de la servitude.
Samuel, qui n’était qu’un pauvre et tout petit enfant, entendit la voix de Dieu qui s’adressait directement à lui et devint plus tard un des plus grands prophètes d’Israël. David, qui n’était qu’un petit berger tua le géant Goliath et devint roi.
De pauvres pêcheurs du lac de Génésareth furent appelés par Jésus-Christ à devenir ses apôtres, et Jésus-Christ lui-même a voulu naître dans l’humilité et la pauvreté, Lui, qui aurait si bien pu, s’Il l’avait voulu, paraître sur la terre entouré de gloire et de puissance.
Il est si triste de voir un enfant qui se vante sans cesse, qui est constamment occupé de lui-même, tandis que l’on a tant de plaisir, au contraire, à voir un enfant doux et humble, qui ne cherche qu’à être agréable aux autres, et à être poli et aimable envers tous.
La nature elle-même semble nous montrer que, la douceur et l’humilité ont plus d’attrait que les apparences vaines et pompeuses. N’est-ce pas que vous avez du plaisir à cueillir, dans les champs et sous les haies, les petites violettes parfumées qui se cachent modestement dans l’herbe, et que vous trouveriez bien laid un gros bouquet fait avec des tournesols ou d’autres fleurs de ce genre ? Est-ce que vous ne préférez pas les jolis petits agneaux qui gambadent sur le gazon, au lion du désert qui rugit si fort, que tous les animaux épouvantés s’enfuient et se cachent en tremblant ? Et les gracieuses hirondelles qui reviennent chaque printemps, et dont il est si agréable de suivre le vol dans les airs, ne les préférez-vous pas au hardi vautour, qui a l’air si rude et si dur avec son bec crochu et ses yeux fauves ?
Plus nous serons nous détachés de nous-mêmes pour nous occuper utilement du prochain, plus nous serons heureux ; aimer, voilà le vrai bonheur en ce monde. Chaque fois que nous avons à choisir entre quelque chose à faire pour le prochain, ou quelque autre chose à faire pour nous-mêmes, accomplissons sans hésiter ce que réclame le bien du prochain, et nous n’en aurons jamais de regret. Que Dieu ôte de vos cœurs, mes chers enfants, l’orgueil et l’égoïsme ; qu’il vous aide à n’avoir pas une trop haute opinion de vous-mêmes et vous donne de pouvoir prier avec la foi et l’humilité du publicain.
D’après texte écrit en 1878