
Lettre adressée aux assemblées des nations
Nous nous souvenons qu’en donnant une conclusion à la discussion qui avait eu lieu devant l’assemblée à Jérusalem, Jacques avait proposé d’écrire aux croyants des nations. Un message écrit est un texte définitif auquel on peut toujours se référer, alors que les transmissions orales sont sujettes à variations. Quel privilège de posséder la révélation des pensées de Dieu dans la parole écrite, que Pierre appelle la vivante et permanente Parole de Dieu (1 Pier. 1. 23).
Une lettre fut donc rédigée ; elle était adressée aux apôtres, aux anciens et aux frères des nations à Antioche, en Syrie et en Cilicie. L’autorité spéciale des apôtres s’ajoutait à celle de l’assemblée. Les destinataires n’étaient pas seulement les chrétiens d’Antioche, mais les frères issus des nations dans les provinces voisines. Nous voyons au chapitre 16 que Paul et Silas remettaient ces ordonnances à toutes les assemblées qu’ils visitaient. Les prescriptions que nous trouvons là restent valables pour nous aussi.
La lettre commençait par désapprouver les frères de Judée qui, agissant de leur propre chef, étaient venus troubler l’assemblée d’Antioche par leur enseignement légal ; elle donnait pleine approbation aux « bien-aimés Barnabas et Paul » en reconnaissant comment ils avaient exposé leur vie pour le nom du Seigneur Jésus.
Elle accréditait Judas et Silas comme envoyés de l’assemblée chargés de confirmer de vive voix le message écrit dont ils étaient porteurs.
Ce message était celui-ci : « Il a semblé bon au Saint Esprit et à nous de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires qu’on s’abstienne des choses sacrifiées aux idoles, du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez de ces choses vous ferez bien ».
Ces recommandations dépassaient le cadre de la loi donnée aux fils d’Israël, et touchaient aux droits de Dieu sur tous les hommes : la séparation de tout culte idolâtre s’imposait à ceux qui avaient été amenés à la connaissance du vrai Dieu. L’interdiction de manger le sang – qu’il ait été recueilli ou qu’il soit encore dans la bête étouffée – avait été faite à Noé et à ses fils aussitôt après le déluge ; elle s’étend à leurs descendants, donc à toute l’humanité. De tout temps une conduite impure est une offense à Dieu
Les injonctions de cette lettre s’inspiraient donc des principes antérieurs à la loi. Elles ont gardé toute leur valeur et nous devons nous y conformer. À Antioche, la lettre de Jérusalem fut lue devant l’assemblée entière réunie. Tous se réjouirent d’être libérés des difficultés qu’avaient apportées les faux docteurs.
Judas et Silas séjournèrent quelque temps à Antioche. Ils étaient des prophètes au sens que le Nouveau Testament donne généralement à ce terme. L’apôtre précise au chapitre 14 de la première épître aux Corinthiens les caractères du prophète : c’est celui qui parle de la part de Dieu, par un don du Saint Esprit, pour l’édification de l’assemblée : les exhortations de Judas et de Silas eurent pour effet de fortifier les frères qui les renvoyèrent ensuite en paix à Jérusalem.
Paul et Barnabas restèrent à Antioche où ils continuèrent à enseigner l’assemblée et à annoncer la Parole de Dieu avec d’autres ouvriers du Seigneur.
À ce point de notre récit, tout parle de paix et de communion, d’heureux service pour le Seigneur et de prospérité spirituelle. Dieu, dans sa sagesse, avait tout conduit pour amener les assemblées à un plein accord dans la connaissance de sa pensée. Le fait que la décision avait été prise à Jérusalem, sur la proposition des apôtres, réduisait au silence les partisans de la loi. Il avait fallu que le ministère de Paul commence de façon indépendante des apôtres qui étaient à Jérusalem ; mais il convenait maintenant que ces mêmes apôtres soient amenés à reconnaître la doctrine que Paul prêchait, et à admettre que les croyants venus des nations ne devaient pas être assujettis aux obligations de la loi de Moïse.
Des difficultés sur le même sujet devaient resurgir plus tard. L’homme abandonne difficilement la prétention de faire quelque chose pour son salut, et la pratique des œuvres de la loi donne de l’importance à la chair. Paul eut encore beaucoup à lutter contre les docteurs qui prétendaient soumettre les croyants au joug de la loi. L’épître aux Galates est l’exemple le plus marquant de ces débats.
Mais, dans cette rencontre importante à Jérusalem tous avaient été amenés à une même pensée, celle de Dieu ; l’unité de l’Église avait été ainsi sauvegardée. Le principe essentiel du salut par pure grâce, sans les œuvres de loi, avait été fermement établi. C’est ainsi que le Saint Esprit conduit à avoir un même sentiment ceux qui recherchent la paix et s’attendent au Seigneur.
Départ de Paul pour son deuxième voyage
Après quelques jours passés à Antioche, Paul proposa à Barnabas : « Retournons maintenant visiter les frères par toutes les villes où nous avons annoncé la Parole du Seigneur, pour voir comment ils vont ».
L’apôtre restait attaché à tous ces chrétiens que, par son moyen, Dieu avait arrachés aux ténèbres du paganisme et amenés à croire en Jésus. Il ne lui suffisait pas de les savoir sauvés ; il se préoccupait de leur état spirituel, de leurs progrès dans la connaissance du Seigneur, de la fidélité de leur marche. Il se sentait pressé de leur apporter de la part de Dieu enseignements et exhortations.
Barnabas, bien disposé à l’accompagner, aurait désiré emmener aussi Jean appelé Marc qui, dans leur premier voyage, les avait suivis jusqu’en Pamphylie, puis les avait abandonnés pour retourner à Jérusalem. Paul, au contraire, n’était pas d’avis de prendre avec eux un homme qui les avait quittés dès leur arrivée en Asie et n’était pas allé à l’œuvre avec eux. Il estimait avec juste raison que Marc n’avait pas fait preuve de la foi et du renoncement nécessaires pour le service qu’ils avaient à poursuivre.
Le dissentiment entre les deux apôtres dégénéra en irritation et ils se séparèrent. C’était là un exemple bien fâcheux pour les croyants d’Antioche, qui avaient longtemps profité de leur ministère commun.
Barnabas persista à s’adjoindre Marc et se rendit avec lui dans l’île de Chypre. Marc était son neveu comme nous le voyons en Colossiens 4. 10 ; Chypre était son pays, puisque la première fois que la Parole nous parle de lui il nous est présenté comme Cypriote de naissance (Act. 4. 36). On peut craindre que des considérations de famille et de pays aient influencé son choix, alors que le chrétien – et surtout le serviteur de Dieu – ne doit se laisser guider que par la volonté du Seigneur.
Dès ce moment, le livre des Actes ne fait plus mention de Barnabas. Toutefois, plus tard, en écrivant aux Corinthiens, Paul parle de lui avec une pleine affection, comme d’un ouvrier du Seigneur animé d’un même désintéressement que lui (1 Cor. 9. 6).
Quant à Marc, bien longtemps après, l’apôtre captif à Rome le recommande aux Colossiens (Col. 4. 10) et le range parmi ses compagnons d’œuvre (Philémon 24). Nous avons déjà remarqué que, plus tard encore, Paul demande à Timothée de l’amener avec lui, « car, dit-il, il m’est utile pour le service » (2 Tim. 4. 11).
Paul choisit pour compagnon Silas, l’un des deux frères envoyés de Jérusalem à Antioche par les apôtres et l’assemblée pour confirmer la décision prise à l’égard des croyants venus des nations. À son départ, les frères d’Antioche recommandèrent Paul à la grâce du Seigneur.
En compagnie de Silas, il parcourut la Syrie et la Cilicie et parvint ainsi par voie de terre à la ville de Derbe, point terminus de son premier voyage où, avec Barnabas, il avait fait beaucoup de disciples. De là il passa à Lystre où il avait opéré la guérison d’un homme impotent, où les foules, prenant les apôtres pour des divinités ; auraient voulu leur offrir des sacrifices, et où les Juifs venus d’Antioche avaient lapidé Paul.
Tout au long de ce voyage de plusieurs centaines de kilomètres, il visitait et fortifiait les assemblées de ces contrées. Il leur remettait, pour les observer, les ordonnances établies par les apôtres et les anciens de Jérusalem. Ces croyants se trouvaient ainsi exhortés à s’abstenir de l’idolâtrie, de la fornication et du sang, et en même temps prémunis contre l’enseignement des faux docteurs qui auraient voulu les assujettir à la loi de Moïse.
Quel encouragement mutuel pour l’apôtre et pour ces chrétiens : Paul voyait les assemblées « affermies dans la foi et croissant en nombre chaque jour ». Eux retrouvaient celui qui leur avait apporté le message du salut et profitaient de ses enseignements.
Paul prend Timothée comme compagnon d’œuvre
Parmi ces croyants se trouvait un jeune disciple nommé Timothée. C’était le fils d’une femme juive et d’un homme grec. La loi de Moïse interdisait de telles unions, mais maintenant la grâce venait apporter le salut indistinctement à tous. La mère de Timothée, nommée Eunice, et sa grand-mère Loïs, étaient des femmes pieuses (2 Tim. 1. 5) et elles l’avaient instruit, tout jeune, dans la Parole de Dieu : « Dès l’enfance, devait lui écrire plus tard l’apôtre, tu connais les saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 3. 15).
Timothée devait avoir été témoin des persécutions subies par l’apôtre à Lystre lors de son premier voyage et il semble, d’après 2 Timothée 3. 10 et 11, que dès ce moment-là il avait pleinement saisi l’enseignement de Paul. Maintenant celui-ci l’engageait avec lui dans le service du Seigneur, et Timothée fut dès lors pour l’apôtre un compagnon fidèle et dévoué jusqu’à la fin.
Nous retrouverons son nom à plusieurs reprises dans la suite des récits des Actes (ch. 17, 18, 19 et 20). Les épîtres de Paul nous le font connaître davantage : Paul s’adjoint Timothée avec Silvain pour écrire deux épîtres aux Thessaloniciens. La première de ces épîtres relate le rôle joué par Timothée comme messager de l’apôtre à Thessalonique (ch. 3).
Dans la première épître aux Corinthiens, Paul le recommande comme son enfant bien-aimé, fidèle dans le Seigneur (ch. 4. 17). « Il s’emploie à l’œuvre comme moi-même », dit-il au chapitre 16.
Timothée se trouve auprès de l’apôtre captif quand celui-ci écrit aux Philippiens. En annonçant qu’il espère l’envoyer bientôt à Philippes, Paul rend à son sujet ce témoignage touchant : « Vous savez qu’il a été connu à l’épreuve, savoir qu’il a servi avec moi dans l’évangile, comme un enfant sert son père » (Phil. 2. 22).
La fin de l’épître aux Hébreux nous signale que Timothée a été lui-même en captivité puisqu’elle parle de sa mise en liberté (Héb. 13. 23).
Enfin les deux épîtres écrites par Paul à Timothée nous montrent tout particulièrement les liens étroits qui unissaient le grand apôtre à celui qu’il appelle son « véritable enfant dans la foi » (1 Tim. 1. 2), son « enfant bien-aimé » (2 Tim 1. 2) et dont il réclame avec insistance le retour auprès de lui. Timothée nous apparaît appelé à un service de gouvernement, d’enseignement et de prédication. L’apôtre lui délègue sa propre autorité ; plusieurs fois il l’invite à « ordonner » (1 Tim. 4. 11 ; 6. 17).
C’est ainsi que, préparé dès l’enfance par la connaissance des Écritures, formé à la piété par l’exemple et les enseignements de l’apôtre, Timothée a pu être à son tour un fidèle serviteur, utile au Maître.
Soyez, vous aussi, dès votre jeune âge, attentifs à l’enseignement de la Parole de Dieu. Recevez-la avec foi. Mettez-la en pratique. « Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie ? Ce sera en y prenant garde selon ta Parole » (Ps. 119. 9). Recherchez la compagnie de ceux qui servent le Seigneur. Servez-le vous-mêmes dès maintenant, dans votre mesure.
Paul traverse la Galatie et se rend en Macédoine
Paul et ses compagnons poursuivirent leur voyage vers des contrées où l’évangile n’avait jamais encore été annoncé. Ils traversèrent ainsi la Phrygie et la Galatie. Le livre des Actes ne nous donne aucun détail sur l’activité de l’apôtre à son premier passage dans ces pays, mais nous trouvons au chapitre 18 qu’il y revint pour fortifier tous les disciples.
Il a écrit aussi aux assemblées de la Galatie une lettre, l’épître aux Galates, où il rappelle que c’est lui qui les a évangélisés « au commencement » et qu’eux-mêmes l’ont reçu alors « comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus ». Grands alors étaient leur bonheur et leur attachement à l’apôtre : Ils lui auraient donné « jusqu’à leurs propres yeux » (Gal. 4. 15). Mais cette même épître nous apprend que les Galates, qui avaient beaucoup souffert pour le Seigneur s’étaient laissé séduire par de faux docteurs qui les replaçaient sous la loi juive et leur imposaient la circoncision.
Paul est obligé, en leur écrivant, de leur rappeler les principes fondamentaux de l’évangile, la justification par la foi en Christ. Le sujet essentiel de sa prédication était toujours la croix de Christ : « Vous, devant les yeux de qui Jésus Christ a été dépeint crucifié » (Gal. 3. 1).
Paul, Silas et Timothée poursuivirent leur route au-delà de la Galatie. Ils n’allaient pas au hasard, mais dépendaient de Dieu, et se laissaient conduire par le Saint-Esprit. Nous trouvons ainsi qu’ils furent empêchés par l’Esprit d’annoncer la parole en Asie, et que l’Esprit de Jésus ne leur permit pas de se rendre en Bithynie (Act. 16. 6 et 7). L’Asie désigne dans le Nouveau Testament la province qui occupait l’extrémité sud-ouest de l’Asie Mineure. La Bithynie se situait au nord sur les côtes de la Mer Noire.
Les indications données par les versets 6 et 7 nous montrent que Paul ne put pas s’attarder à évangéliser vers le sud ou vers le nord comme il aurait pu le souhaiter, mais était poussé par les directions de l’Esprit toujours plus vers l’ouest jusqu’à ce qu’il parvînt au rivage de la mer Égée, au point extrême de la presqu’île asiatique du côté de l’occident. La contrée où il aboutit ainsi, la Troade, tirait son nom de la vieille ville de Troie, célèbre dans la littérature antique.
Là, les directions de l’Esprit de Dieu prirent une forme positive : un habitant de la Macédoine apparut à Paul dans une vision de nuit et lui adressa cette prière : « Passe en Macédoine et aide nous ». L’apôtre et ses compagnons n’hésitèrent pas à conclure de cette vision que le Seigneur les appelait à porter l’évangile dans ce nouveau pays et, en serviteurs dociles, ils cherchèrent aussitôt à s’y rendre.
L’obéissance ne consiste pas seulement à exécuter les ordres reçus, mais à le faire promptement. On dit couramment : Ce n’est pas obéir qu’obéir lentement. « Je me suis hâté et je n’ai point différé de garder tes commandements », dit le psalmiste (Ps. 119. 60). Et l’apôtre recommande aux esclaves un « bon et prompt service » (1 Tim. 6. 2). Si la promptitude à obéir est d’un grand prix dans les choses de Dieu, elle a son importance aussi dans la soumission que les enfants doivent témoigner à leurs parents et à tous ceux qui ont autorité sur eux. Avez-vous remarqué l’empressement que met l’enfant Samuel à répondre par trois fois à ce qu’il croit être l’appel d’Éli ? (1 Sam. 3)
La Macédoine est une vaste contrée au nord de la Grèce, donc en Europe. Quelle importance a pour nous cette étape dans les voyages de l’apôtre ! La prédication de Paul n’allait plus désormais être limitée à l’Asie, mais s’étendait à la partie du monde où nous vivons. L’évangile pénétrait en Europe. Dieu soit loué d’avoir, dès les premières années du christianisme, fait porter vers nous le message de sa grâce par l’apôtre des nations.
Le passage de Troade en Macédoine imposait la traversée de la mer Égée. Cette mer est parsemée d’une multitude d’îles, dont beaucoup servaient de relais aux bateaux de l’époque qui évitaient autant que possible de perdre de vue la terre. Une première journée amena Paul et ses compagnons à l’île de Samothrace. De là ils voguèrent le lendemain jusqu’au port de Néapolis, point d’aboutissement d’une importante voie romaine à travers la Macédoine. Franchissant ensuite la montagne qui borde la côte, ils parvinrent bientôt dans une vaste plaine et s’arrêtèrent à Philippes, première ville de la Macédoine sur leur chemin, et poste important de l’administration romaine.
Il est intéressant de remarquer que l’écrivain du livre des Actes, qui jusque-là a fait le récit des voyages de l’apôtre sans y être mêlé lui-même, se joint à partir de la Troade au petit groupe des compagnons de Paul. « Nous cherchâmes, écrit-il ; à partir pour la Macédoine… Nous fîmes voile etc. » Cet auteur des Actes est Luc qui a écrit également l’évangile qui porte son nom. Les premières lignes de chacun des deux livres, dédiés l’un et l’autre à un certain Théophile, nous présentent les Actes comme la suite de l’évangile de Luc. Nous retrouverons désormais presque constamment Luc accompagnant l’apôtre dans tous ses voyages jusqu’à la fin du récit des Actes.
Par la suite il n’abandonne pas l’apôtre captif : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » écrit Paul aux Colossiens (Col. 4. 14). « Marc, Aristarque, Démas, Luc, mes compagnons d’œuvre te saluent » écrit-il à la même époque à Philémon (v. 14). L’apôtre était, dit-il lui-même, un vieillard, prisonnier ; les soins affectueux et éclairés du médecin bien-aimé ont dû être pour lui un précieux réconfort accordé par le Seigneur. Tout à fait à la fin de sa course, dans sa dernière captivité, quand il doit enregistrer tant de défections parmi ses anciens compagnons, Paul rend encore témoignage à la fidélité de cet ami dévoué « Luc seul est avec moi » (2 Tim. 4. 11). C’est son amour pour le Seigneur que Luc montrait en s’attachant ainsi à l’apôtre et en le servant.
Conversion de Lydie
Comme il le faisait à son arrivée dans chaque ville, Paul, dès qu’il fut à Philippes, chercha à s’adresser aux Juifs. Ceux-ci étaient probablement peu nombreux dans cette localité. Il n’y avait, semble-t-il, pas de synagogue, et les exercices du culte se déroulaient en dehors de la ville, au bord du fleuve. Cette coutume facilitait les ablutions ou lavages qui avaient une grande place dans les traditions juives. C’est là que Paul et ses compagnons se rendirent le jour du sabbat. Ils n’y trouvèrent que quelques femmes assemblées. Sans se décourager, ils s’assirent eux aussi sur le rivage et leur annoncèrent l’évangile. Tel est le début bien modeste du travail du grand apôtre en Europe.
Sans attendre de pouvoir s’adresser à un grand auditoire, ce serviteur diligent saisissait avec empressement toutes les occasions d’annoncer la bonne nouvelle. Une fois de plus il est là, pour nous, un exemple à suivre : si nous désirons que le Seigneur nous emploie à son service, commençons par nous acquitter avec zèle des tâches les plus humbles qu’Il veut nous confier.
Parmi les femmes assemblées se trouvait une étrangère, nommée Lydie, venue de Thyatire, ville d’Asie Mineure où se forma plus tard une assemblée (Apoc. 2. 18). C’était une marchande de pourpre. On désignait sous ce nom, soit une teinture, rouge violacée, d’un prix élevé, extraite d’un coquillage, soit les étoffes de luxe teintes avec ce produit. La nature du commerce qu’exerçait Lydie, l’extension au loin de son pays semblent indiquer qu’elle était d’une condition aisée. Il nous est dit qu’elle « servait Dieu ».
Ce n’était pas une Juive, mais une femme des nations qui avait abandonné le culte des idoles pour servir le Dieu d’Israël. « Elle écoutait ». Est-ce que nous écoutons toujours quand la Parole de Dieu est annoncée ? Il vaut pourtant bien la peine d’être attentif quand on nous parle de Jésus. Il n’y a pas de sujet au monde qui ait autant de prix.
« Le Seigneur ouvrit le cœur de Lydie pour qu’elle fût attentive aux choses que Paul disait ». Il ne suffit pas d’entendre l’évangile, ni de le comprendre par son intelligence, il faut le recevoir dans son cœur. « Du cœur on croit à justice » (Rom. 10. 10). Dans l’explication de la parabole du semeur, Jésus dit de ceux qui portent du fruit dans la bonne terre « ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, la retiennent dans un cœur honnête et bon » (Luc 8. 15).
Nous voyons que c’est le Seigneur qui ouvrit le cœur de Lydie. Il faut que l’Esprit de Dieu opère en nous pour que nous puissions recevoir les choses de Dieu. Mais le Seigneur ne manque pas de se révéler à celui qui Le recherche. « L’Éternel est avec vous quand vous êtes avec lui ; et si vous le cherchez, vous le trouverez ; et si vous l’abandonnez il vous abandonnera » (2 Chron. 15. 2).
Lydie crut et fut baptisée ainsi que sa famille. La vie de Dieu dans cette croyante se manifesta par son empressement à servir les envoyés du Seigneur. Elle désirait recevoir chez elle l’apôtre, ses compagnons, nouveaux venus à Philippes et peut-être encore sans logis. Elle comprenait que ces serviteurs de Dieu ne pouvaient demeurer chez quelqu’un qui n’aurait pas été fidèle au Seigneur, et avec humilité elle les laissait apprécier si elle était digne d’exercer cette hospitalité. Mais en même temps elle sut vaincre la réserve de l’apôtre qui craignait toujours d’être à charge aux autres.
L’hospitalité est une précieuse manifestation de l’amour fraternel. On trouve dans les épîtres plusieurs exhortations à accomplir ce service (Rom. 12. 13 ; Héb. 13. 2 ; 1 Pier. 4. 9). C’est en particulier un privilège de recevoir chez soi des serviteurs du Seigneur.
Ruse et violence de Satan
Les jours suivants, Paul et ses compagnons continuèrent à se rendre au bord du fleuve pour la prière. Sur le trajet, ils firent la rencontre d’une servante qui était sous la puissance d’un esprit satanique. Les évangiles nous présentent beaucoup d’exemples de personnes qui se trouvaient ainsi sous la domination de démons, et que Jésus a délivrées. Notre récit appelle ce démon un esprit de python, ce qui signifie qu’il rendait des oracles et prétendait révéler l’avenir et les choses inconnues. Les maîtres de cette servante exploitaient sa condition misérable et retiraient un grand gain des prédictions qu’elle faisait à ceux qui venaient la consulter. Cette femme se mit à suivre Paul et ses compagnons en criant : « Ces hommes sont les esclaves du Dieu Très-Haut, qui vous annoncent la voie du salut ».
On peut être surpris que Satan ait fait rendre un tel témoignage à l’apôtre. Mais nous retrouvons là une de ses ruses. Il affectait de reconnaître l’œuvre de Dieu et tâchait de s’y mêler pour la compromettre. Il flattait Paul et ses compagnons pour les amener, si possible, à accepter son intervention dans leur service. Mais s’il parlait du Dieu Très-Haut et de la voie du salut, il se gardait bien de faire mention de Celui qui l’avait vaincu à la croix, Jésus, le Sauveur, le Seigneur.
Or c’est Jésus crucifié et ressuscité que Paul prêchait. Le ministère des serviteurs de Christ ne pouvait être accrédité par un agent de Satan. Il en était de même du Seigneur Jésus sur la terre, défendant expressément aux démons de faire connaître qu’Il était le Fils de Dieu (Marc 3. 12 ; Luc 4. 41).
La même scène se renouvela plusieurs jours. Après avoir usé de patience, Paul, affligé à la longue de cette insistance, pour mettre fin à cette confusion, se tourna et dit à l’esprit : « Je te commande au nom de Jésus Christ de sortir d’elle ». Le Seigneur avait donné aux siens le pouvoir de chasser les démons en son nom (Luc 10. 17 ; Marc 16. 17). C’est au nom de Jésus que, par la suite, les apôtres opéraient les miracles de guérison. Telle est la puissance de ce nom de Jésus que, à l’heure même l’esprit sortit.
Tous auraient dû se réjouir de la délivrance de cette pauvre femme. Mais ses maîtres virent seulement que la source de leur gain était tarie, et ils s’en prirent avec violence à Paul et à Silas. C’est ainsi que, aux jours du Seigneur, les Gadaréniens furent plus sensibles à la perte de leurs pourceaux qu’à la délivrance du démoniaque et, effrayés, prièrent Jésus de quitter leur territoire. Quel empire Satan exerce sur le cœur des hommes par l’amour de l’argent !
Les maîtres de la servante délivrée traînèrent Paul et Silas sur la place publique devant les préteurs, magistrats romains chargés de rendre la justice, et les accusèrent de troubler la ville en annonçant des coutumes que les Romains ne pouvaient ni recevoir, ni pratiquer. La foule, toujours docile aux suggestions de l’ennemi, s’ameuta contre ces deux serviteurs du Seigneur et, sans autre jugement, les préteurs, après avoir fait arracher leurs vêtements, leur firent donner un grand nombre de coups de verges et les jetèrent en prison.
Dieu permettait cette victoire apparente de Satan. Mais si le service de Paul semblait interrompu, le Seigneur lui préparait une occasion d’amener à Lui des âmes qui semblaient ne pas pouvoir être atteintes par l’évangile.
Conversion du geôlier
Après avoir fait battre de verges Paul et Silas, les préteurs de Philippes les remirent entre les mains du gardien de la prison et lui ordonnèrent de les garder sûrement.
Le geôlier était habitué à traiter sans ménagement les malfaiteurs à qui il avait affaire. L’ordre rigoureux qu’il avait reçu concernant Paul et Silas devait lui faire penser que c’étaient là deux hommes particulièrement dangereux. Aussi il les jeta dans la prison intérieure et immobilisa solidement leurs pieds.
Quelle situation douloureuse pour Paul et son compagnon, souffrant encore des coups qu’ils avaient reçus, retenus par les liens qui leur meurtrissaient les pieds. Ils étaient au milieu des prisonniers, traités comme les plus criminels de tous. C’était leur fidélité au Seigneur qui avait déchaîné la rage de leurs ennemis et les avait amenés là. Ils avaient la même part que leur Maître, Celui qui n’avait pas commis de péché (1 Pier. 2. 22) et qui pourtant a été lié, souffleté, frappé de verges, compté parmi les iniques (Marc 15. 28).
Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas, « en priant, chantaient les louanges de Dieu ». Ni les souffrances, ni la honte de leur condition ne pouvaient altérer leur confiance et leur joie dans le Seigneur. Bien des années après, Paul, de nouveau en prison, écrivait de Rome aux chrétiens de cette ville de Philippes « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois je vous le dirai : réjouissez-vous ». En lisant cette exhortation, les Philippiens pouvaient se souvenir de l’exemple de joie dans le Seigneur que Paul avait donné quand, dans le sombre cachot, meurtri, il entonnait avec Silas les louanges de Dieu.
« Les prisonniers les écoutaient ». Quel étonnement pour eux ! Quelle impression pouvaient faire sur l’esprit perverti la confiance, la soumission qu’exprimaient ces prières et ces chants !
Mais, du haut des cieux, Dieu aussi écoutait les prières et les louanges de ses deux serviteurs. Et Il donna sans tarder une réponse selon sa puissance « Tout à coup il se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison furent ébranlés ; et à l’instant toutes les portes s’ouvrirent et les liens de tous furent détachés ».
Cependant aucun prisonnier ne s’enfuit. Dieu n’intervenait pas pour faire évader les malfaiteurs justement captifs. Et la même puissance – qui secouait les murs de la prison, ouvrait les portes et rompait les liens – retenait aussi chacun à sa place.
Le geôlier réveillé en sursaut vit les portes de la prison ouvertes. Il crut que les prisonniers confiés à sa garde s’étaient enfuis et pensa qu’il n’avait plus qu’à se tuer pour échapper au déshonneur et au châtiment rigoureux qui l’attendait. Il tirait déjà son épée pour s’en frapper quand Paul lui cria : « Ne te fais point de mal, car nous sommes tous ici ».
Ainsi l’homme qu’il avait si durement maltraité quelques heures auparavant prenait souci de sa vie, s’empressait de le rassurer. Troublé dans sa conscience par l’intervention visible de Dieu dans ces événements miraculeux et par la supériorité morale de Paul et de Silas, le geôlier fut amené subitement à une profonde conviction de péché. Il comprenait que ces hommes extraordinaires étaient les messagers du Dieu tout puissant qui intervenait en leur faveur, et déclara que lui-même se sentait perdu.
Ayant demandé de la lumière il se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Leur place n’était plus dans la prison. Il les mena lui-même dehors et leur adressa cette question angoissée : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » Le repentir remplissait son âme jusque-là endurcie. Il se mettait humblement sous la dépendance de ceux qu’il avait méprisés et maltraités. C’était un changement complet d’attitude, une conversion.
La réponse fut immédiate : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta maison ».
C’est l’évangile dans toute sa simplicité, toute sa richesse. Dieu n’exige rien. Il a tout fait. Le pécheur, incapable de rien faire lui-même pour son salut, n’a qu’à croire. La bonne nouvelle n’est pas limitée. Comme dans le cas de Lydie, elle s’adressait non seulement à un individu, mais à toute sa famille.
Toujours prêts à accomplir leur service, Paul, et Silas annoncèrent la Parole du Seigneur au geôlier et à tous ceux qui étaient dans sa maison.
Là encore les fruits de la vie divine furent aussitôt manifestés par la tendre sollicitude pour Paul et son compagnon éveillée dans le cœur du geôlier comme précédemment dans celui de Lydie. Rien ne fut remis au matin : à cette heure-là de la nuit, il lava leurs plaies. Sur le champ lui et tous les siens furent baptisés. Il fit monter Paul et Silas dans sa maison. Ensemble ils se mirent à table et tous, croyant Dieu, se réjouirent.
Ils ne se contentaient pas de croire en Dieu, c’est-à-dire d’admettre son existence, mais ils croyaient Dieu, ils croyaient ce que Dieu dit. Leur foi saisissait la Parole de Dieu annoncée par Paul et Silas, comme étant la vérité.
Le lendemain les préteurs envoyèrent à la prison des agents, des licteurs, avec l’ordre de remettre en liberté Paul et Silas. Mais Paul refusa de partir ainsi. Voulant faire constater l’injustice avec laquelle avaient été traités les porteurs de l’Évangile, il dit : « Après nous avoir fait battre publiquement, sans que nous fussions condamnés, nous qui sommes Romains, ils nous ont jetés en prison ; et maintenant ils nous mettent dehors en secret ! Non certes, mais qu’ils viennent eux-mêmes et qu’ils nous mettent dehors ! »
Les préteurs eurent peur en entendant cette réponse. Il était formellement interdit par la loi romaine de frapper de verges un citoyen romain. Nous nous souvenons que Paul, bien que Juif, avait ce titre par droit de naissance. Les préteurs avaient outrepassé leurs droits ; ils vinrent eux-mêmes s’excuser auprès de Paul et de Silas, les libérèrent, mais les prièrent de quitter la ville.
Sans hâte, Paul et Silas prirent le temps d’entrer chez Lydie. « Ils revirent les frères et les exhortèrent ». Plusieurs avaient donc été convertis pendant leur séjour dans la ville. Ils quittèrent Philippes laissant un groupe de chrétiens, la première assemblée d’Europe. Leurs souffrances et leur travail pour le Seigneur n’avaient pas été vains.
Paul à Thessalonique
En quittant Philippes, Paul et ses compagnons s’engagèrent à nouveau sur la grande voie romaine qui traversait la Macédoine. Ils passèrent par Amphipolis qui était alors une ville importante et par une autre cité nommée Apollonie, mais il ne nous est pas dit qu’ils se soient arrêtés dans ces deux localités. Paul avait hâte, semble-t-il, d’arriver à Thessalonique où séjournaient beaucoup de Juifs et où se trouvait une synagogue.
La ville de Thessalonique était l’ancienne capitale de la Macédoine. Elle s’appelle aujourd’hui Salonique. C’est un port de mer bien situé au fond d’une grande baie, non loin de l’embouchure d’un cours d’eau important. Après cinq siècles de domination turque elle est maintenant la deuxième ville de la Grèce. Les Juifs y ont toujours été nombreux.
Fidèle à sa coutume, Paul se rendit d’abord vers les Juifs, et pendant trois sabbats il prêcha au milieu d’eux, s’appuyant sur les Écritures. Il exposait comment les livres de l’Ancien Testament annonçaient à l’avance que le Christ devait souffrir et ressusciter d’entre les morts et il affirmait que les prophéties s’étaient accomplies en Jésus qui était le Christ.
Les prophètes avaient « rendu par avance témoignage des souffrances qui devaient être là part de Christ et des gloires qui suivaient » (1 Pier. 1. 11). Mais les Juifs n’avaient retenu que les promesses concernant la gloire terrestre du Messie. Ils négligeaient l’annonce d’un Christ souffrant et humilié, qui heurtait leur orgueil national. Quand Jésus vint, humble et débonnaire, au milieu de son peuple, Il fut méconnu, rejeté et finalement crucifié. Mais « Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire » (1 Pier. 1. 21). Tout cela était annoncé dans l’Ancien Testament, et c’est par leurs propres Écritures que Paul expliquait aux Juifs de Thessalonique l’abaissement, la mort, la résurrection du Messie, et qu’il leur annonça Jésus.
Un petit nombre seulement de Juifs, une multitude de Grecs, et parmi eux bon nombre de femmes de premier rang, crurent et se joignirent à Paul et à Silas. Les autres Juifs, jaloux comme toujours de voir l’évangile annoncé aux nations, cherchèrent à s’opposer à Paul. Ils ne craignirent pas de prendre quelques méchants hommes pour ameuter le peuple et troubler la ville, puis finirent par assaillir la maison de Jason, chez qui logeaient l’apôtre et ses compagnons. Cherchant Paul et Silas, et n’ayant pu les trouver, ils s’en prirent à Jason et à quelques frères qu’ils traînèrent devant les magistrats de la ville en criant « Ces gens, qui ont bouleversé la terre habitée, sont aussi venus ici, et Jason les a reçus chez lui ; et ils contreviennent tous aux ordonnances de César, disant qu’il y a un autre roi, Jésus ».
Ces paroles troublèrent la foule et les magistrats. C’était là une accusation grave : Paul et ceux qui le recevaient se voyaient reprocher de porter atteinte au pouvoir impérial. Les magistrats cependant libérèrent Jason et les autres frères après leur avoir fait verser une somme d’argent.
Paul annonçant Jésus comme le Christ avait dut parler de sa royauté. C’était l’une des gloires du Seigneur qu’il devait proclamer. Jésus Lui-même, dans sa belle confession devant Ponce Pilate, avait affirmé qu’Il était roi mais avait bien précisé : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18. 36). C’était le principal argument des Juifs devant le gouverneur romain : « Si tu relâches celui-ci, tu n’es pas ami de César ; quiconque se fait roi s’oppose à César ». Et reniant toute dignité les principaux sacrificateurs s’étaient écriés : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jean 19. 12 à 15).
Les accusations des Juifs devant Ponce Pilate, comme devant les magistrats de Thessalonique, étaient sans fondement. Ni Jésus, ni les apôtres ne venaient renverser le pouvoir établi. Jésus reste aujourd’hui encore le Roi rejeté. Mais un jour viendra où Il établira sur la terre, pour la bénédiction de son peuple et de toutes les nations, son règne qui durera mille ans.
Paul à Bérée
Pour faire échapper Paul et Silas à leurs adversaires, les frères les envoyèrent de nuit à Bérée. Ce n’était pas une grande ville sur la route impériale, mais une cité à l’écart dans le massif montagneux voisin.
Arrivés là, Paul et Silas entrèrent dans la synagogue et annoncèrent l’évangile aux Juifs. Ceux-ci avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique, et ils reçurent avec de bonnes dispositions la Parole que Paul prêchait. Chaque jour ils examinaient dans l’Ancien Testament si ce qui leur était annoncé était bien conforme aux Écritures. C’est ainsi qu’il faut toujours s’en référer à la Parole de Dieu.
Le Nouveau Testament n’avait pas encore été écrit, mais avec droiture, sans parti-pris, les Juifs de Bérée vérifiaient que l’enseignement de Paul concordait avec les écrits qu’ils possédaient. Ils montraient l’importance qu’avait pour eux l’évangile, en s’en occupant chaque jour. Plus privilégiés qu’eux, nous possédons la Bible entière comme guide certain, comme pierre de touche, comme la vérité. La lisons-nous avec intérêt chaque jour ?
Convaincus par le rapprochement du message de Paul et des Écritures, plusieurs Juifs crurent, et avec eux des Grecs, femmes et hommes en assez grand nombre. Mais quand les Juifs de Thessalonique apprirent que la Parole de Dieu était annoncée à Bérée, ils y vinrent aussi et agitèrent les foules contre l’apôtre. C’est ainsi que Satan avait déjà opéré quand, à Lystre, les Juifs étaient venus d’Antioche et d’Iconium pour s’opposer à Paul et à Barnabas.
Pour soustraire Paul à ce nouveau danger, les frères les firent partir de Bérée dans la direction de la mer. Ils les firent conduire, probablement par bateau, jusqu’à Athènes, la capitale de la Grèce, où Silas et Timothée devaient aller le rejoindre.
La première épître aux Thessaloniciens (ch. 2 et 3)
L’apôtre Paul avait dû quitter Thessalonique précipitamment quand les frères l’avaient éloigné de cette ville pour le soustraire aux violences des adversaires de l’évangile. Mais il continuait à penser avec sollicitude à la multitude de croyants qu’il avait laissés là. Dans la suite de son voyage, il avait appris que son départ n’avait pas mis fin à la persécution contre les chrétiens.
Aussi, à deux reprises, il avait cherché à retourner à Thessalonique pour soutenir leur foi ; mais Satan l’en avait empêché, sans que nous sachions par quel moyen. Ne pouvant aller les voir lui-même, il renonça, à Athènes, à la compagnie de Timothée, et l’envoya à Thessalonique pour y affermir et encourager ces croyants (1 Thess. 3. 1 et 2).
Après avoir rempli ce service, Timothée rejoignit Paul à Corinthe (Act. 18. 5). L’apôtre, rassuré par les nouvelles que lui apportait Timothée adressa une lettre aux chrétiens de Thessalonique. C’est la plus ancienne épître du Nouveau Testament écrite par l’apôtre Paul. Elle nous a été conservée sous le titre de « Première Épître aux Thessaloniciens ».
Cette lettre nous donne sur l’apôtre et sur les croyants auxquels il écrivait, bien des détails qui complètent le récit des Actes.
Paul y rappelle les caractères de son service : sa prédication était accompagnée, de la puissance de l’Esprit Saint et il annonçait l’évangile « dans une grande plénitude d’assurance » (1. 5). La vérité proclamée était pour lui une certitude absolue et il la présentait avec autorité.
Avant même la journée de tumulte au cours de laquelle la maison de Jason fut assaillie, et Jason traîné devant le tribunal, Paul avait eu à supporter « beaucoup de combats » pour annoncer l’évangile de Dieu aux Thessaloniciens ; mais il y avait fait face avec « toute hardiesse en Dieu » (2. 2). C’était un « bon soldat de Jésus Christ » qui savait ce que c’était que de prendre sa part des souffrances de l’Évangile (2 Tim. 1. 8 ; 2. 3).
Il ne cherchait pas à plaire aux hommes, mais à Dieu. Il lui suffisait d’être approuvé de Dieu (2. 4).
Il accomplissait son service avec un entier désintéressement. Il aurait pu, comme apôtre de Christ, être à la charge des croyants. Le Seigneur avait dit en effet : « L’ouvrier est digne de son salaire » (Luc 10. 7). Mais, pour subvenir lui-même à ses propres besoins, l’apôtre avait travaillé nuit et jour, partagé son temps entre la prédication de la Parole et le travail manuel. Nous nous souvenons que son métier était de faire des tentes.
Il était tendrement affectionné aux Thessaloniciens « comme une nourrice chérit ses propres enfants » dit-il. Et il ajoute : « Nous aurions été tout disposés à vous communiquer non seulement l’évangile de Dieu mais aussi nos propres vies, parce que vous nous étiez devenus fort chers ». Il s’occupait de chacun d’eux en particulier, comme un père, pour les exhorter, pour les consoler et pour les enseigner par son propre exemple à marcher d’une manière digne de Dieu. Il joignait ainsi, à l’égard de ses enfants dans la foi, la tendresse d’une mère à la ferme affection paternelle.
Son amour s’alliait à un attachement constant à la vérité. Il ne berçait pas d’illusions ces nouveaux convertis mais, comme il avait averti déjà les disciples d’Antioche que « c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Act. 14. 22), de même il avait annoncé à l’avance aux Thessaloniciens les tribulations qui allaient surgir. « Nous sommes destinés à cela », leur rappelle-t-il (3. 3 et 4).
Maintenant qu’il était séparé d’eux, son souci constant était que leur foi ne défaille pas. « Maintenant nous vivons, si vous tenez ferme dans le Seigneur » leur écrivait-il. Sa vie était comme suspendue aux nouvelles qu’il recevait des Thessaloniciens, et nuit et jour il priait très instamment pour qu’il lui soit accordé de les revoir afin de fortifier leur foi.
Comme Paul, en tout cela, suivait de près les traces de son Maître, le Bon Berger qui met sa vie pour les brebis, le Sauveur qui nous a aimés et s’est livré Lui-même pour nous, l’Ami qui aime en tout temps, Celui qui, maintenant auprès du Père, intercède pour nous sans se lasser et dont le désir est de nous avoir bientôt auprès de Lui !
Les Thessaloniciens, de leur côté, étaient devenus les imitateurs de l’apôtre et de ses compagnons, et par là les imitateurs du Seigneur. Leurs progrès avaient été rapides. Ils avaient reçu l’enseignement de Paul pendant trois sabbats seulement, donc trois semaines, et déjà ils étaient devenus eux-mêmes des modèles pour tous les croyants de la Macédoine et de l’Achaïe, c’est-à-dire de la Grèce actuelle. Leur témoignage dépassait même les limites de leur pays : « La Parole du Seigneur a retenti de chez vous non seulement dans la Macédoine et dans l’Achaïe, mais, en tous lieux, votre foi envers Dieu s’est répandue » peut leur écrire l’apôtre (1. 8).
La conversion des Thessaloniciens avait produit en eux des fruits qui attiraient l’attention de tous. L’accueil qu’ils avaient fait à l’apôtre, le changement complet qu’avait opéré la Parole dans toute leur existence, étaient colportés, commentés au loin. C’était là le retentissement de la Parole du Seigneur.
La plupart de ces chrétiens étaient des Grecs qui autrefois adoraient de faux dieux. Ils avaient abandonné le culte des idoles et s’étaient tournés vers Dieu, le Dieu vivant et vrai, pour Le servir. Ils avaient accepté le message que Paul apportait ; non pas comme une parole des hommes, mais ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la Parole de Dieu (2. 13). Ils avaient appris à connaître Dieu comme leur Père, manifestaient pratiquement la réalité de cette relation avec Lui ; leur vie nouvelle d’enfants de Dieu était en contraste absolu avec leur ancienne conduite.
Les fruits visibles de cette vie nouvelle étaient la foi, l’amour et l’espérance. La foi animait toute leur activité. L’amour était le mobile de leur travail pour le Seigneur et pour les siens. Leur espérance était Jésus, le Fils de Dieu, qu’ils attendaient du ciel.
1 Thessaloniciens 4 et 5
Les Thessaloniciens attendaient du ciel Jésus, le Fils de Dieu. Cette venue du Seigneur était leur espérance constante et ils pensaient bien ne pas mourir avant qu’elle se réalise. Or, depuis que Paul les avait quittés, plusieurs d’entre eux étaient morts, et les Thessaloniciens étaient dans une grande perplexité et une profonde affliction à leur sujet !
Qu’en serait-il d’eux à la venue du Seigneur ? N’éprouveraient-ils pas une perte ? Au chapitre 4 de son épître, l’apôtre répond à leurs incertitudes et c’est une occasion pour le Saint Esprit de nous préciser les détails de l’enlèvement prochain des croyants auprès du Seigneur.
Paul dit de ces chrétiens morts qu’ils « dorment » (v. 13) ou qu’ils « se sont endormis » (v. 15) ou même qu’ils « se sont endormis par Jésus » (v. 14). Le Seigneur disait de même à ses disciples : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais pour l’éveiller » (Jean 11. 11). Lazare était mort ; le Seigneur allait le ressusciter.
Quand Étienne mourut sous les pierres de ceux qui le lapidaient, il nous est dit qu’« il s’endormit » (Act. 7. 60). Nous trouverions d’autres exemples dans la Parole, mais il faut remarquer que c’est à propos des croyants seulement que la mort est comparée au sommeil.
Le chrétien, au terme de sa vie sur la terre, quitte ce monde pour entrer dans le repos : le corps retourne à la poussière et l’âme est recueillie auprès du Seigneur.
Jésus lui-même est passé par la mort. Sur la croix Il a remis son esprit entre les mains de Dieu son Père (Luc 23. 46) ; son corps a été déposé dans le sépulcre, mais au matin du premier jour de la semaine Il est sorti du tombeau et, après avoir été vu par ses disciples pendant quarante jours sur la terre, Il a été élevé dans le ciel. Le sort de ses rachetés endormis est semblable au sien. Comme Lui, ils ressusciteront, leur âme sera de nouveau réunie à leur corps qui reprendra vie, qui sera rendu semblable au corps glorieux du Seigneur, et ils seront enlevés au ciel.
C’est le Seigneur Lui-même qui va opérer cet enlèvement des siens. Bientôt Il sortira du ciel, et de sa voix puissante Il nous appellera. Les croyants endormis, y compris ceux de l’Ancien Testament, seront d’abord ressuscités, comme nous venons de le voir. Puis les croyants qui vivront encore sur la terre seront changés ; leurs corps seront transformés et rendus semblables aussi au corps glorieux du Seigneur. Tous ensemble, les croyants endormis ressuscités, et les croyants encore vivants transformés, nous tous qui appartenons au Seigneur, nous serons ravis à sa rencontre et Il nous introduira avec Lui dans la gloire du ciel.
Tout cela s’opérera en un instant, en un clin d’œil. Nous qui avons cru, nous serons ainsi toujours avec le Seigneur ! Quand Il viendra plus tard en gloire pour établir son royaume sur la terre, nous serons avec Lui. Quand, à la fin des temps de cette terre, Il fera comparaître devant son trône de jugement tous les morts incrédules, nous serons avec Lui. Pour l’éternité dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, nous serons toujours avec Lui. Être avec Lui, c’est le bonheur parfait.
Quand va-t-Il venir pour prendre ainsi les siens ? Nous ne savons ni le jour ni l’heure. Il a dit : « Je viens bientôt » (Apoc. 22). L’apôtre Paul et les Thessaloniciens l’attendaient déjà. Nous l’attendons encore. Il peut venir d’un instant à l’autre. Pas un de ceux qui Lui appartiennent ne sera oublié. Quel bonheur : être avec Lui pour toujours !
Mais aussi quel évènement effrayant pour ceux qui ne sont pas sauvés ! Ils seront laissés sur la terre n’ayant devant eux que l’attente terrible du jugement. Parmi tous mes jeunes amis qui lisent ces lignes, y aurait-il quelqu’un qui ne soit pas sûr d’être enlevé auprès du Seigneur à sa venue ?
Après l’enlèvement des croyants le monde poursuivra sa vie loin de Dieu. Les hommes continueront à satisfaire leurs convoitises et chercheront à assurer leur avenir sur la terre. Quand ils penseront avec orgueil avoir établi eux-mêmes la paix et la sécurité, soudain le Seigneur apparaîtra pour revendiquer ses droits et exercer le jugement. Ce sera sa venue en gloire appelée « le jour du Seigneur », bien distincte de sa venue pour nous prendre avec Lui. Pour les hommes impies restés sur la terre, ce sera une destruction subite : ils n’échapperont point.
Quel contraste avec la part des rachetés qui seront alors avec le Seigneur pour toujours ! Quel contraste devrait exister, dès maintenant, entre notre conduite et celle des hommes incrédules ! Ils appartiennent aux ténèbres, dont Satan est le prince. Nous, croyants, nous sommes appelés des fils de la lumière et des fils du jour. Toute notre vie doit se dérouler en conséquence.
Aussi, à la fin de son épître, l’apôtre encourage les Thessaloniciens à persévérer dans la pratique des vertus qui les distinguaient du monde : la foi, l’amour et l’espérance.
Il leur adresse bien des exhortations pratiques pour la réalisation de la vie chrétienne. Nous pouvons en relever quelques-unes faciles à comprendre, qui s’adressent aussi bien aux enfants qu’aux grandes personnes :
– Soyez sobres, c’est-à-dire usez de toutes choses avec modération ;
– Estimez avec beaucoup d’amour les ouvriers Seigneur ;
– Soyez en paix entre vous ;
– Venez en aide aux faibles ;
– Usez de patience envers tous ;
– Ne rendez à personne mal pour mal ;
– Poursuivez toujours le bien ;
– Réjouissez-vous toujours ;
– Priez sans cesse ;
– En toutes choses rendez grâces ;
– Abstenez-vous de toute forme de mal.
Quel programme ! Comment pourrons-nous le remplir ? Oh ! seulement avec le secours constant de Dieu. C’est Lui qui nous a appelés, qui nous a mis à part pour Lui. Il est fidèle pour nous garder jusqu’à la venue de notre Seigneur Jésus Christ.
Quand Jésus viendra pour nous prendre avec Lui, voudrions-nous qu’Il nous trouve faisant autre chose que ce qui Lui plaît ?
La seconde épître aux Thessaloniciens
Dans la première lettre que l’apôtre Paul a écrite aux croyants de Thessalonique, il leur a enseigné de quelle manière le Seigneur va venir pour enlever les siens et les introduire avec Lui dans la gloire du ciel. Il leur a rappelé aussi que le Seigneur doit ensuite revenir pour exercer le jugement sur les incrédules. C’est ce second événement qui est appelé « le jour du Seigneur ».
Les chrétiens de Thessalonique continuaient à souffrir de cruelles persécutions de la part des adversaires de l’Évangile. De faux docteurs les avaient bouleversés et troublés en prétendant que ces tribulations montraient que « le jour du Seigneur », qui sera un jour de jugement, était arrivé. Satan cherchait ainsi à décourager ces croyants et à leur faire perdre l’espérance de la venue du Seigneur pour l’enlèvement des siens.
L’apôtre, qui continuait à suivre avec sollicitude les circonstances et l’état spirituel de ces chers chrétiens, leur écrivit une nouvelle lettre, la seconde épître aux Thessaloniciens, pour les mettre en garde contre ce faux enseignement, en leur précisant les événements qui doivent suivre l’enlèvement au ciel des rachetés de Christ.
Il établit d’abord que le jugement du Seigneur ne pourra s’exercer que contre les incrédules, ennemis de l’évangile et des fidèles, mais nullement contre ceux qui auront cru. Ces derniers seront au contraire avec Lui en gloire quand Il apparaîtra pour tirer vengeance de ses ennemis. En persécutant les chrétiens, les méchants persécutaient le Seigneur, qui lie intensément les siens à Lui-même. Le Seigneur. Jésus s’associe les siens quand Il reviendra pour juger les impies.
Aucun événement n’est indiqué dans la Parole comme signe annonçant l’enlèvement des saints : nous devons attendre le Seigneur à chaque instant. Mais une fois les croyants enlevés, des événements terribles se dérouleront sur la terre et l’apôtre en donne un aperçu.
Toute croyance en Dieu sera alors reniée. C’est ce qui est appelé l’apostasie. Un homme, animé par Satan, exercera un grand pouvoir. Il s’opposera à toute religion, se prétendra lui-même être Dieu et se présentera comme tel dans le temple de Jérusalem. Il est appelé dans cette épître l’homme de péché, l’inique, le fils de perdition. Dans la première épître de Jean, il est appelé l’antichrist et dans l’Apocalypse, le faux prophète.
Les hommes rejetteront toute règle morale et se livreront au mal. Les signes de cette triste condition de l’humanité apparaissent déjà. Nous voyons des hommes méchants prêts à s’affranchir de toute contrainte pour satisfaire leurs passions. Mais Dieu laisse encore subsister dans la plupart des pays une autorité qui freine le mal et maintient l’ordre. Par ailleurs la présence du Saint Esprit dans l’Assemblée sur la terre s’oppose à l’influence de Satan. C’est le Saint Esprit que Paul appelle « celui qui retient maintenant » (ch. 2. 7).
Mais quand l’Assemblée aura été ravie dans le ciel et que le Saint Esprit sera donc loin de la terre, toute barrière sera ôtée ; rien ne mettra plus obstacle au développement du mal. Bien plus, Dieu enverra comme châtiment, sur tous les hommes qui n’ont pas cru la vérité de l’évangile, une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge.
Avant que vienne « le jour du Seigneur », il faut que se soient déroulés tous ces événements nettement annoncés par la Parole et qui remplissent en particulier une grande partie de l’Apocalypse.
Que sera terrible le sort de ceux qui seront laissés sur la terre quand le Seigneur Jésus viendra chercher les siens ! Tous mes jeunes lecteurs sont-ils bien prêts et sûrs d’être enlevés au ciel avec tous les croyants ?
À ces révélations sur l’avenir, l’apôtre lie des exhortations pour le présent. Il reconnaissait que la foi des Thessaloniciens augmentait beaucoup, que leur amour abondait, et il en rendait grâces à Dieu (ch. 1. 3). Mais leur espérance avait faibli. Il leur rappelle que c’est notre Seigneur Jésus Christ Lui-même et notre Dieu et Père qui, dans leur amour, nous ont donné une consolation éternelle et une bonne espérance par grâce et il prie pour que les Thessaloniciens soient consolés et affermis « en toute bonne œuvre et en toute bonne parole » (ch. 2. 16 et 17).
En pensant que le Seigneur allait venir, et plus encore en acceptant l’idée fausse que le jour du Seigneur était déjà arrivé, plusieurs des Thessaloniciens avaient cessé de travailler. « À quoi bon, disaient-ils, poursuivre nos occupations journalières ? » L’apôtre doit leur rappeler l’exemple qu’il leur avait donné lui-même en travaillant nuit et jour pour n’être à charge à personne. Il qualifie sévèrement de « désordre » la conduite de ceux qui ne travaillaient pas et que leur oisiveté entraînait à se mêler de tout.
Il y a sans doute chez certains un penchant naturel à la paresse. Paul avait dû réagir déjà contre cette tendance lors de son séjour à Thessalonique et leur avait dit nettement alors : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ». Il y avait fait allusion dans sa première épître, en les exhortant à faire leurs propres affaires et à travailler de leurs propres mains (ch. 4. 11). Il est obligé d’y revenir avec plus d’insistance dans cette seconde épître et leur enjoint de manger leur propre pain en travaillant paisiblement.
Cet enseignement de l’apôtre ne s’adresse pas seulement aux grandes personnes qui ont à pourvoir aux besoins de leur famille. Vous aussi, souvenez-vous de l’exhortation que nous trouvons au chapitre 12 des Romains : « Quant à l’activité, pas paresseux ». Dans l’aide à donner à vos parents comme dans vos études, accomplissez chaque tâche paisiblement. Il ne faut pas exécuter précipitamment, pour vous en débarrasser au plus vite, les travaux qui vous plaisent le moins et consacrer vos soins uniquement à ceux qui vous intéressent.
Vers la fin du chapitre 3 l’apôtre résume ses enseignements pratiques par cette exhortation très importante, que nous retrouvons sous une forme très voisine au chapitre 6 des Galates : « Ne vous lassez pas en faisant le bien ». Faire le bien c’est en toute chose accomplir la volonté de Dieu. Nous devons nous y appliquer, non pas par moments seulement, mais toujours et sans nous lasser.
Puni à Athènes
Nous avons laissé l’apôtre Paul à Athènes où les frères de Bérée l’avaient conduit pour le soustraire à la violence des Juifs venus de Thessalonique. Silas et Timothée ne l’avaient pas accompagné et Paul parcourait seul la ville.
Athènes, qui est aujourd’hui encore la capitale de la Grèce, était déjà à cette époque une vieille cité au passé célèbre. Elle avait été longtemps le centre de la civilisation grecque. Cinq siècles avant ce passage de Paul, les sciences et les arts y avaient atteint le degré le plus élevé peut-être de l’Antiquité. Bien que déchue de sa grandeur passée et tombée sous la domination étrangère, Athènes gardait, au temps de l’apôtre, le prestige de sa culture ancienne et les jeunes Romains de la haute société venaient y parfaire leurs études.
Les arts et la littérature antiques empruntaient souvent leurs sujets à la mythologie, ce vaste système de divinités imaginé par les Grecs. Nous avons vu comment, lors de leur passage à Lystre, Paul et Barnabas avaient été pris pour Mercure et pour Jupiter. Les Athéniens avaient édifié des temples et des autels en l’honneur d’un grand nombre de ces faux dieux. Passés maîtres dans l’art de la sculpture, ils avaient élevé beaucoup de statues représentant ces divinités. Paul découvrait ainsi une ville remplie d’idoles et s’indignait à la vue de tout cet étalage de paganisme qui était une offense au vrai Dieu.
Aussi, non content d’annoncer l’évangile aux Juifs et aux prosélytes dans la synagogue, il parlait de Jésus et de la résurrection à tous ceux qu’il pouvait aborder sur la place publique.
Les habitants de la ville, et les étrangers qui y séjournaient, passaient une grande partie de leur temps dans les rues ou sur les places. Cette population à la curiosité toujours en éveil ne se lassait pas de bavarder, de discuter et de s’intéresser à toutes les nouvelles. La prédication de Paul ne manqua pas de présenter l’attrait d’une nouveauté pour tous ces oisifs.
Parmi eux se trouvaient des philosophes, hommes instruits qui professaient rechercher ou avoir trouvé la sagesse, c’est-à-dire une règle de vie qui apportait le bonheur. Ils se réclamaient de divers chefs d’école, s’attachaient à diverses théories : les Épicuriens fuyaient la souffrance et poursuivaient les plaisirs nobles de l’esprit ; les Stoïciens vantaient l’effort de la volonté, la maîtrise de soi-même, le mépris des circonstances matérielles. Mais toute cette recherche d’une sagesse humaine ne faisait qu’éloigner les hommes de la vérité et du vrai bonheur que nous apporte la foi au Seigneur Jésus. « Le monde, par la sagesse, n’a pas connu Dieu » (1 Cor. 1. 21).
Ces philosophes, surpris d’entendre Paul parler de Jésus et de la résurrection, ne pouvaient comprendre ces choses toutes nouvelles pour eux. Certains le tournèrent en dérision ; d’autres, supposant que Jésus et la résurrection étaient des divinités étrangères que Paul annonçait, voulurent l’entendre plus à fond, et le menèrent à l’Aréopage. C’était une plateforme rocheuse consacrée au dieu Mars et où siégeait autrefois en plein air le tribunal de la cité.
Là, Paul saisit avec empressement l’occasion d’annoncer Christ à la foule qui l’entourait. Nous pouvons admirer la sagesse, donnée par le Saint Esprit, avec laquelle il sut intéresser ses auditeurs en reliant la présentation de l’évangile avec leur condition idolâtre et avec les circonstances qui l’avaient amené là. On supposait qu’il annonçait des divinités étrangères ; tout ému encore par le spectacle de l’idolâtrie qui remplissait la ville, Paul rappela qu’il avait vu un autel dédié « au dieu inconnu ». Le zèle païen des Athéniens était tel que, par crainte d’offenser une divinité qu’ils auraient oubliée ou méconnue, ils l’honoraient sous ce titre.
Paul se présente comme le messager du Dieu que les Athéniens craignaient sans le connaître. Il fait appel au sentiment d’un Être Suprême, auteur de toute chose, d’un Dieu unique et tout-puissant. Il annonce ce Dieu créateur des mondes, Seigneur du ciel et de la terre, qui ne saurait habiter dans des temples faits de main car « les cieux et les cieux des cieux ne peuvent le contenir » (1 Rois 8. 27), qui ne saurait dépendre de ses créatures, Lui qui donne la vie à tous.
C’est Lui qui a fait toutes les races humaines, issues d’une origine commune, et qui a tracé les limites des peuples pour que les hommes le recherchent et le glorifient comme Dieu. Paul, instruit dans la littérature des Grecs, cite même un de leurs poètes : « Car aussi nous sommes sa race », pour affirmer l’étroite dépendance que l’homme aurait dû retenir vis-à-vis de Dieu, source et maintien de notre vie. Cette connaissance de Dieu condamnait l’idolâtrie. Comment pouvait-on changer la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de la matière inerte façonnée par la main des hommes ?
Paul poursuit en révélant que Dieu ne veut pas que dure plus longtemps l’ignorance des hommes à son égard. Dieu fait valoir ses droits. Il ordonne à tous les hommes de se repentir, car Il a fixé un jour où Il doit juger toute la terre. Ce jugement, Dieu l’a confié à un Homme qu’Il a destiné à cela et Il en a donné une preuve certaine à tous en Le ressuscitant d’entre les morts. Cet Homme des conseils de Dieu, nous le savons, c’est « Jésus Christ, le Seigneur de tous, que Dieu a ressuscité et qu’il a établi juge des vivants et des morts » (Act. 10. 36 à 43).
Jésus avait déclaré Lui-même aux Juifs : « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils » (Jean 5. 22) et « Le Père a donné au Fils autorité de juger » (Jean 5. 27). Sa résurrection apportait la confirmation publique de ses paroles.
Ainsi, il y a au ciel un Homme, Jésus, le Fils du Dieu, autrefois mis à mort, maintenant ressuscité, glorifié, qui bientôt jugera et condamnera tous ceux qui auront refusé de se repentir. Le même Jésus est aujourd’hui, par grâce, le Sauveur qui met à l’abri du jugement ceux qui se repentent et qui croient en Lui.
Paul, dans sa prédication, posait le fondement de la foi chrétienne en annonçant la résurrection de Christ, et Il cherchait à réveiller la conscience de ses auditeurs par l’annonce du jugement.
La résurrection des morts provoqua la moquerie des uns, la curiosité des autres, qui remirent à plus tard le soin de s’enquérir exactement à ce sujet, et perdirent sans doute pour toujours l’occasion de croire et d’être sauvés. De cette foule cultivée mais prétentieuse et insouciante, quelques hommes seulement et une femme reçurent par la foi le message de Paul et se joignirent à Lui.
Il semble qu’il n’y eut à Athènes qu’un petit nombre de croyants. Ainsi se vérifiait la parole du Seigneur : « Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents » (Mat. 11 et Luc 10), et la constatation de Paul écrivant aux Corinthiens : parmi nous « il n’y pas beaucoup de sages selon la chair » (1 Cor. 1. 26).
Aquilas et Priscilla
Sans prolonger son séjour à Athènes, Paul se rendit à Corinthe, ville située au sud-ouest, à quatre-vingts kilomètres environ. L’apôtre qui recherchait toujours la compagnie de ses compatriotes rencontra là un couple juif, Aquilas et sa femme Priscilla. Ceux-ci venaient d’arriver de Rome, d’où l’empereur Claude avait chassé les Juifs. Cette mesure ne fut d’ailleurs pas longtemps observée, et peu de temps après, les Juifs recommencèrent à affluer dans la capitale de l’empire.
Aquilas était originaire du Pont, une province de l’Asie mineure. Nous nous souvenons que Paul était né à Tarse, ville de la Cilicie, autre province de l’Asie. Comme l’apôtre, Aquilas avait pour métier de faire des tentes. Ils demeurèrent et travaillèrent ensemble. Nous avons déjà remarqué l’humilité et le désintéressement de Paul, ce grand serviteur de Dieu, qui travaillait de ses propres mains, non seulement pour pourvoir à sa subsistance, mais aussi pour venir en aide aux autres.
Quelles bénédictions pour Aquilas et Priscilla que cette rencontre, ce séjour, ce travail avec l’apôtre ! Paul devait profiter de tous les moments disponibles pour parler à ses hôtes du Seigneur Jésus et pour leur enseigner les grandes vérités qui lui avaient été révélées. Eux, de leur côté, l’écoutaient avec empressement et retenaient ses paroles dans leur cœur. Ainsi s’affermissaient entre eux les doux liens des affections chrétiennes ; ainsi aussi Aquilas et Priscilla, instruits dans la saine doctrine, étaient formés pour le service du Seigneur.
Il est parlé plusieurs fois de ce couple chrétien dans la suite du livre des Actes et dans les épîtres de Paul.
Quand, après dix-huit mois de séjour à Corinthe, Paul en partit pour se rendre à Éphèse, Aquilas et Priscilla l’y accompagnèrent et s’y fixèrent pour quelque temps, alors que Paul poursuivait sa route vers la Judée.
En ce temps-là il vint à Éphèse un Juif nommé Apollos. C’était un homme éloquent qui connaissait bien les livres de l’Ancien Testament et en s’appuyant sur ces Écritures, annonçait Jésus avec ferveur. Mais lui-même ne connaissait que le baptême de repentance prêché par Jean au Jourdain, comme nous le trouvons au début des évangiles. Aquilas et Priscilla, l’ayant entendu, le prirent à part et lui communiquèrent les enseignements précieux qu’ils avaient reçus de Paul, la révélation d’un Christ ressuscité et glorifié, les résultats de sa mort. Apollos, ce savant qui parlait avec puissance et hardiesse devant des foules, avait beaucoup à apprendre de cet humble ménage d’artisans. Instruit par eux, il put continuer son service avec l’entière communion de l’Assemblée et en exposant pleinement la vérité.
Quand, peu de temps après, Aquilas quitta Éphèse pour se rendre dans l’Achaïe, province à laquelle appartenait les Corinthiens, les frères lui donnèrent une lettre de recommandation pour les chrétiens de cette contrée. Dans son nouveau champ de travail il fut très utile, par la grâce de Dieu, pour édifier les croyants et réfuter publiquement avec toute force les Juifs, en démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ. Le service discret et fidèle d’Aquilas et de Priscilla avait ainsi d’importantes conséquences à la gloire de Dieu.
À Éphèse, leur maison était le lieu de réunion pour une assemblée, comme nous le voyons en 1 Corinthiens 16. Ce passage nous montre qu’ils n’oubliaient pas les chrétiens de Corinthe et ils chargent l’apôtre de les saluer affectueusement.
Plus tard, Aquilas et Priscilla (appelée aussi Prisca) retournèrent à Rome. Paul les fait saluer à la fin de l’épître aux Romains (ch. 16), et nous apprenons que là encore une assemblée se réunissait dans leur maison. Nous trouvons aussi dans ce passage un témoignage touchant de Paul à leur sujet. Il les nomme « ses compagnons d’œuvre dans le Christ Jésus », et il rappelle que, dans des circonstances que nous ignorons, ces amis dévoués avaient exposé leur propre vie pour sauver celle de l’apôtre. Toutes les assemblées des nations, ajoute Paul, avaient quelque sujet de reconnaissance envers eux.
Dans la dernière épître qu’il a écrite, tout à la fin de sa vie, alors que beaucoup l’avaient abandonné, Paul charge encore Timothée de ses salutations pour Prisca et Aquilas qui restaient fidèles dans leur attachement à l’apôtre prisonnier (2 Tim. 4).
Quelle vie de dévouement au service du Seigneur que celle de ces deux époux chrétiens que l’Écriture nomme toujours ensemble ! Ils étaient les imitateurs de l’apôtre, comme lui-même l’était de Christ. Tel est le fruit du premier travail de Paul à Corinthe.
Séjour de Paul à Corinthe
La ville de Corinthe, où Paul s’était rendu en venant d’Athènes, jouissait d’une situation privilégiée au fond du golfe qui porte son nom. Le sud de la Grèce, le Péloponnèse, est séparé du continent par ce golfe très allongé. Une étroite bande de terre, large de cinq à six kilomètres, l’isthme de Corinthe, reliait seule le Péloponnèse au reste de la Grèce. À la fin du siècle dernier l’isthme a été percé par un canal qui permet la navigation directe de la mer Ionienne à la mer Égée. Sous l’Empire romain, un trafic très important se faisait par voie de terre à travers l’isthme, entre le fond du golfe et le port de Cenchrée sur la mer Égée. C’était là, pour la ville de Corinthe, la source d’un commerce florissant, mais cette prospérité avait entraîné ses habitants à la poursuite des plaisirs et à des mœurs corrompues.
Dans cette ville riche et luxueuse, Paul arrivait comme un simple artisan. Silas et Timothée qui étaient restés en Macédoine vinrent bientôt l’y rejoindre. Ils lui apportaient de bonnes nouvelles des Thessaloniciens qui, à travers la persécution, tenaient ferme dans le Seigneur. Cette arrivée de Silas et de Timothée fut pour l’apôtre un grand encouragement et stimula son zèle à prêcher la Parole de Dieu. Chaque sabbat, dans la synagogue, Paul s’adressait aux Juifs et aux Grecs pour les persuader. Il affirmait en particulier aux Juifs que Jésus est le Christ.
Comme partout, il rencontrait une vive opposition de la part de ses compatriotes qui prononçaient même des paroles impies. Devant leur obstination à rejeter la vérité Paul secoua ses vêtements et leur dit : « Que votre sang soit sur votre tête, moi, je suis net : désormais je m’en irai vers les nations ». Par le geste de secouer ses vêtements il marquait une rupture avec son auditoire, comme quand, avec Barnabas, ils avaient secoué la poussière de leurs pieds contre les Juifs d’Antioche de Pisidie (Act. 13. 51). Ces Juifs incrédules qui refusaient le salut annoncé par Paul étaient entièrement responsables de leur propre perdition : « leur sang était sur leur tête ». Paul était net de leur sang : il avait mis toute l’insistance possible à les engager à recevoir Jésus comme Sauveur ; il ne pouvait rien de plus pour eux et il ne lui restait qu’à se tourner vers les nations plus accessibles à l’évangile. C’est ainsi que l’Éternel avait dit autrefois au prophète Ézéchiel : « Si tu avertis le méchant et qu’il ne se détourne pas de sa méchanceté ni de sa méchante voie, il mourra, lui, dans son iniquité ; mais toi tu as délivré ton âme » (Éz. 3. 19).
Pour mettre ses paroles à exécution, Paul sortit de la synagogue et entra chez un homme des nations, nommé Juste, qui servait Dieu et dont la maison était attenante à la synagogue. Cependant son sévère avertissement ne fut pas sans résultat pour tous. Le chef même de la synagogue, Crispus, crut au Seigneur avec sa famille. Plusieurs Corinthiens crurent aussi et furent baptisés.
Paul pouvait se demander si son travail à Corinthe était terminé et s’il avait à porter l’évangile ailleurs. Mais le Seigneur ne le laissa point dans l’incertitude et s’adressa à lui dans une vision de nuit. Nous nous souvenons que c’est déjà de cette manière, dans une vision de nuit, qu’Il l’avait conduit à passer d’Asie Mineure en Macédoine (Act. 16. 9). Paul était dans une intimité assez grande avec le Seigneur pour recevoir ainsi des communications directes de sa part. Il ne nous sera sans doute pas accordé comme à l’apôtre d’avoir des visions, mais le Seigneur se plaît toujours à conduire les siens et à leur montrer le chemin à suivre. Si nous lisons assidûment la Parole de Dieu, nous discernerons sa volonté dans les circonstances de notre vie ; si, par la prière, nous Lui demandons humblement et instamment de nous diriger, Il ne nous laissera pas nous égarer.
Le Seigneur dit donc à Paul : « Ne crains point, mais parle et ne te tais point, parce que je suis avec toi et personne ne mettra les mains sur toi, pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans cette ville ».
Le Seigneur voyait à l’avance le grand nombre d’âmes que, par la prédication de l’apôtre, Il allait arracher aux ténèbres du paganisme et amener à Dieu. Il encouragea Paul à poursuivre la prédication en lui donnant une assurance bien précieuse : « Je suis avec toi ». Que pourraient les adversaires de l’évangile contre le Seigneur Lui-même coopérant avec son serviteur ?
Paul demeura dix-huit mois à Corinthe. L’assemblée formée par son ministère croissait en nombre. Sous son enseignement ces nouveaux convertis étaient affermis et progressaient dans la connaissance de la vérité. Paul pouvait leur écrire plus tard : « Vous avez été enrichis dans le Christ Jésus en toute parole et toute connaissance » (1 Cor. 1. 5).
Mais l’hostilité des Juifs se manifesta de nouveau. Ils s’élevèrent ensemble contre Paul et l’amenèrent devant le tribunal où siégeait le proconsul Gallion représentant l’autorité romaine. Là, ils l’accusèrent d’entraîner les hommes à servir Dieu contrairement à la Loi.
Avant même que Paul eût répondu à ces accusations, Gallion déclara aux Juifs qu’il refusait de s’occuper de questions de ce genre qui ne touchaient pas à l’ordre public et il les chassa du tribunal. Les assistants se saisirent de Sosthène, le chef de la synagogue, qui était sans doute le porte-parole des Juifs, et se mirent à le battre devant le tribunal sans que Gallion, indifférent, daigne intervenir.
L’opposition des Juifs avait tourné à leur confusion. La promesse du Seigneur, « Personne ne mettra les mains sur toi », s’était réalisée. Paul put continuer son séjour à Corinthe.
Mais l’apôtre avait le désir de retourner à Jérusalem et à Antioche, capitale de la Syrie, point de départ de son ministère. Il prit congé des frères et alla s’embarquer au port de Cenchrée. Il était accompagné, comme nous l’avons vu, d’Aquilas et de Priscilla. Ils débarquèrent ensemble à Éphèse, ville importante d’Asie Mineure. Là Paul se rendit à la synagogue où il s’adressa aux Juifs.
Mais il ne s’attarda pas dans cette ville, malgré l’invitation de ceux qui voulaient le retenir. Il ajoutait toutefois, comme nous devons le faire pour tous nos projets : « si le Seigneur le permet ».
Laissant là Aquilas et Priscilla, il poursuivit son voyage par mer, débarqua à Césarée, monta à Jérusalem comme il se l’était proposé et revint à Antioche.
D’après la Bonne Nouvelle 1962