SONDEZ LES ÉCRITURES (11)

Le sermon sur la montagne (Mat. 5. 17 à 48).

Jésus continue Son discours en affirmant Son entière soumission à l’autorité des Écritures, intitulées ici « la loi et les prophètes ».

Il énonce ainsi ce principe : « Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir » (v. 17). Pas un iota, pas un seul trait de lettre ne passera que tout ne soit accompli. Certes, Jésus est venu apporter la grâce et révéler le Père, mais les exigences d’un Dieu juste et saint subsistent. Le Seigneur a été parfaitement obéissant à tous les commandements de la loi.

Toutes les prophéties messianiques ont eu leur accomplissement en Lui, et par Sa mort sur la croix, Il nous a rachetés de la malédiction de la loi ; étant devenu malédiction pour nous (Gal. 3. 13). Les scribes et les pharisiens se contentaient d’observer certains rites religieux pour être vus des hommes, mais laissaient les choses plus importantes de la loi, le jugement, la miséricorde et la fidélité (23. 23). Ainsi celui qui mépriserait la loi et les prophètes serait exclu du royaume des cieux.

Que ces paroles du Seigneur Jésus atteignent notre cœur et notre conscience ! Il va mettre en évidence le contraste entre les exigences de la loi et ce qu’Il demande, Lui. La loi condamnait essentiellement les actes des deux principes immoraux de l’humanité : la violence et la corruption. Jésus regarde maintenant le mal dans le cœur, car rien ne peut échapper à Son œil scrutateur.

La Loi disait : « Tu ne tueras point » (Ex. 20. 13). Mais Jésus précise que si quelqu’un se met en colère légèrement contre son frère, il est passible du jugement aussi bien que celui qui a tué.

« Quiconque hait son frère est un meurtrier » (1 Jean 3. 15). Se mettre en colère, prononcer une parole blessante, c’est une offense à la gloire de Dieu. Une pensée haineuse, un désir de vengeance ne surgissent-ils pas très rapidement dans nos cœurs, démontrant bien que là est la source du mal, comme le Seigneur l’exprime en Matthieu 15. 19 et 20. Déjà Salomon pouvait dire à Dieu : « Tu connais, toi seul, le cœur de tous les fils des hommes » (1 Rois 8. 39).

Puis le Seigneur entretient les disciples, aux versets 23 et 24, de la nécessité de rechercher dès que possible la réconciliation avec un frère offensé. La première raison, c’est que cela constitue un obstacle à la communion avec Dieu.

N’étant pas en règle avec mon frère, je ne puis offrir à Dieu le culte qui Lui est agréable. Nul ne peut s’approcher réellement de Dieu s’il retient dans son cœur un mal non jugé. De plus, une offense non réglée est un poison dans les relations fraternelles et peut entraîner des conséquences plus graves encore.

Jésus adresse ensuite un avertissement à Israël, qui, par son iniquité, avait obligé Dieu à se constituer sa partie adverse (v. 25 et 26). Christ ayant été rejeté et crucifié, la seule issue sera le jugement pour Israël jusqu’à ce qu’il ait payé le dernier quadrant, valeur représentant le quart d’un sou romain (És. 40. 1 et 2).

Alors que le Seigneur souligne fréquemment la nécessité d’user de grâce envers les autres, Il maintient Ses exigences envers nous-mêmes. Tout ce qui nous incite au mal et nous fait broncher est nuisible à notre âme. Il vaut mieux l’ablation d’un membre, si utile soit-il, plutôt que la perdition (v. 29 et 30). Quand il s’agit de préserver la vie, n’est-on pas prêt à sacrifier un organe aussi précieux que l’œil ?

Pour nous détourner du Seigneur, l’ennemi de nos âmes sait bien nous présenter quelque chose d’agréable au bord du chemin. N’hésitons pas à nous séparer énergiquement, pour l’amour de Jésus, de tout ce qui nous entraîne à pécher.

Les paroles du disciple de Jésus qui se tient dans la sainte présence de Dieu, n’ont pas besoin d’être accompagnées d’un serment. La loi déclarait : « Vous ne jurerez pas par mon nom, en mentant ; et tu ne profaneras pas le nom de ton Dieu » (Lév. 19. 12). Jacques confirme cet enseignement en disant : « Que votre oui soit oui, et votre non, non » (5. 12).

Le Seigneur rappelle que, sous la loi, il était écrit : « Œil pour œil, dent pour dent » (Ex. 21. 24). Ce qui caractérise désormais les débonnaires et les miséricordieux, c’est qu’ils manifestent la douceur de la grâce, n’insistant pas sur leurs droits, car ils connaissent Dieu comme Père et possèdent sa nature pour faire du bien à tous. Face au méchant qui les frappe sur la joue droite, ils lui présentent aussi l’autre.

Au regard de l’injustice, ils peuvent donner leur manteau qui, sous la loi, ne devait pas être pris en gage (Ex. 22. 26 et 27). A l’obligation de faire un mille avec quelqu’un, Jésus invite ses disciples à doubler la mesure. C’est un encouragement à aller au-delà de ce qui est demandé, même si de telles exigences paraissent injustes.

Loin d’un esprit de vengeance, ceux qui suivent Jésus peuvent, par la foi, la puissance du Saint Esprit et la grâce invincible remplissant leurs cœurs, aimer leurs ennemis, bénir ceux qui les maudissent, faire du bien à ceux qui les haïssent, et prier pour ceux qui leur font du tort et les persécutent. Seul l’amour de Dieu versé dans leur cœur par le Saint Esprit peut produire de telles dispositions.

Ils sont les fils de leur Père qui est dans les cieux, usant de bonté et de miséricorde envers tous les hommes, faisant lever Son soleil chaque jour et envoyant la pluie sur les justes et les injustes.

Et le Seigneur termine cet enseignement par ces paroles : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (v. 48). Le principe de notre conduite n’est-il pas de cultiver un esprit de grâce envers tous ? La mesure de Dieu pour nous est élevée, parfaite. Comme cela nous exerce à une sainte vigilance sur nos actes, nos paroles, nos pensées et tous les mouvements de nos cœurs.

Dieu seul peut nous dire par Sa Parole notre véritable état moral. Sachons nous humilier dans la confession de nos fautes, chaque fois que nous avons bronché, et alors nous pourrons nous joindre à ceux qui n’aiment pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité (1 Jean 3. 18). « Celui qui aime Dieu, aime aussi son frère » (1 Jean 4. 21).

Vous qui appartenez au Seigneur, n’avez-vous pas à expérimenter les caractères du disciple du royaume, à la maison, à l’école, dans vos rapports de frères ou de sœurs, de camarades ? Ne pouvez-vous pas rendre grâces d’avoir été délivrés de la loi : « œil pour œil, dent pour dent », par Jésus Christ ?

Désirez de tout votre cœur vivre la responsabilité de la grâce. « Bien-aimés, aimons-nous l’un l’autre, car l’amour est de Dieu » (1 Jean 4. 7).

Le sermon sur la montagne (Mat. 6. 1 à 18 ; Luc 11. 2 à 4).

Dans ce chapitre 6, le Seigneur enseigne à Ses disciples comment s’exerce la piété envers Dieu : par la prière et le jeûne, et par la piété envers les hommes dans la pratique de l’aumône et du pardon.

N’avait-Il pas déjà évoqué le vrai motif des bonnes œuvres ? « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mat. 5. 16). Ainsi « quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor. 10. 31). Voilà ce que Dieu approuve, Lui à qui nous aurons à rendre compte, et de nos actes et de nos paroles. Ne lit-Il pas en chacun de nos cœurs au niveau des vrais motifs qui nous font agir ?

« Prenez garde de ne pas faire votre aumône devant les hommes, pour être vus par eux ; autrement vous n’avez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux » (v. 1). Faire l’aumône, c’est exercer la miséricorde, faire un don par amour pour quelqu’un dans la misère ou le malheur. Cela peut être à la portée d’un enfant.

Le Seigneur, s’élevant contre la manière dont les pharisiens pratiquaient l’aumône, souligne que tout ce qui est fait par égoïsme et par amour de notre propre gloire reste sans valeur aux yeux de Dieu. De telles actions ont déjà leur récompense, ayant attiré l’admiration et la louange des hommes.

Par contre, Dieu n’est pas injuste pour oublier même un verre d’eau froide donné à l’un de Ses disciples (10. 42 ; Héb. 6. 10). « Ton Père qui voit dans le secret te récompensera » (v. 4). Il n’est pas dit quand et comment se réalisera cette promesse. Puisses-tu goûter de quelle joie profonde Dieu remplit le cœur de celui qui donne par amour et en pureté ! Dieu aime celui qui donne joyeusement (2 Cor. 9. 7).

On a souvent rappelé que « le bien ne fait pas de bruit, et le bruit ne fait pas de bien ». N’est-il pas difficile que la main gauche ne sache pas ce que fait la droite ? Et pourtant, c’est ainsi que le Seigneur illustre notre manière de donner et de faire le bien. Lui seul devrait s’en apercevoir. Retenons que la récompense de Dieu est en proportion de la fidélité et de l’amour avec lesquels le disciple aura honoré son maître.

Jésus aborde ensuite le sujet de la prière, exercice de piété qui nous met en relation avec Dieu – tout en rejetant le mobile hypocrite d’être vu des hommes.

Certes, la prière en public est bien recommandée par le Seigneur en Mat. 18. 19, mais elle suppose l’accord de ceux qui prient pour obtenir la réponse de Dieu. Celui qui prie s’adresse simplement à Dieu et non pas aux hommes.

Vous qui connaissez le Seigneur comme votre Sauveur, votre vie de prière commence dans la solitude de votre chambre. Vous pouvez vous adresser à Dieu à haute voix. Il est bon d’être seul avec Dieu, loin de tout vain bruit et de toute distraction. Vous pouvez lui exposer avec ferveur, en toute humilité, vos vrais besoins, tous vos soucis, vos difficultés, vos peines et vos sujets de reconnaissance.

Nous sommes aussi mis en garde contre les vaines redites. Gagnerons-nous la faveur de Dieu par de nombreuses paroles ?

De quelle efficacité peuvent être des prières apprises par cœur et répétées avec une certaine routine ? Ne risquons-nous pas de nous contenter de phrases bien formulées, alors que, par une répétition machinale elles seraient vides de sens ? Puissions-nous prier avec foi, exposant nos besoins brièvement, avec précision et en toute simplicité et spontanéité, comme nous le faisons avec nos parents ! « Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez » (v. 8).

Néanmoins, « quiconque demande, reçoit… et à celui qui heurte, il sera ouvert » (7. 8). Nous honorons Dieu par l’expression de notre dépendance et de notre confiance en Lui.

Puis le Seigneur enseigne une prière aux disciples. Elle concerne ceux qui attendaient l’établissement du royaume, mais aussi tous ceux qui ont à cœur l’esprit de prière, en tenant compte de tout ce que Dieu a révélé aujourd’hui à Son peuple.

Hélas ! dans la chrétienté, cette prière est prononcée par beaucoup comme une vaine redite, bien que nous puissions adhérer dans nos cœurs à ce qu’elle exprime. Mais, selon les désirs de l’Esprit de Dieu créés dans notre âme, nous pouvons librement formuler des demandes à notre Père.

Le Seigneur pouvait dire : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait » (Jean 15. 7).

Vous remarquerez que les trois premières requêtes ont en vue la gloire de Dieu. N’est-ce pas une indication pour commencer nos prières ? Le nom de Dieu évoque tout ce qu’Il est (Ex. 34. 5 à 7), et Le sanctifier, c’est L’exalter au-dessus de tout autre nom.

La quatrième demande concerne nos besoins matériels, entretenant une dépendance quotidienne vis-à-vis de Celui qui nourrit même les oiseaux.

Enfin, c’est l’exposé de nos besoins spirituels en rapport avec nos péchés, nos faiblesses et tous les dangers qui nous menacent sans cesse. Ainsi le disciple de Jésus désire éviter tout ce qui nuit à la communion avec son Dieu, et il a besoin de la protection divine pour être préservé de chute et gardé de faire le mal. Que nous soyons aussi animés de l’esprit de pardon vis-à-vis de notre prochain, sachant quelle est la grandeur de la dette que Dieu nous a remise en vertu de la foi au sacrifice expiatoire de Son Fils.

Nous voudrions vous indiquer comment peut être exprimée simplement une prière s’inspirant de ce que vous lisez dans la Parole de Dieu. Ainsi, à partir de l’exhortation d’Éphésiens 4. 32 : mon Dieu, accorde moi d’être bon envers les autres, compatissant, leur pardonnant comme Toi tu m’as pardonné en Christ. Et nous pourrons ainsi, en lisant attentivement une portion de l’Écriture, découvrir de nombreux sujets de prières.

Puissions-nous prendre conscience que Dieu s’occupe de tout ce qui nous concerne jusque dans les plus petits détails ! « Les cheveux même de votre tête sont tous comptés » (Mat. 10. 30). Retenons dans nos cœurs cette parole du Seigneur Jésus : « Prie ton Père qui demeure dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te récompensera » (6. 6).

Le sermon sur la montagne (Mat. 6. 19 à 34 ; Luc 11. 34 à 36 ; 12. 22 à 34).

À la lecture attentive des versets qui vous sont proposés, vous pouvez découvrir que Jésus met en garde Ses chers disciples contre deux pièges qui peuvent détourner leur cœur de Dieu : les richesses, et les soucis de la vie de chaque jour.

Le chrétien a un avenir céleste, une priorité : le royaume de Dieu, et pour le présent, il met sa confiance en Dieu. Seule la foi peut réaliser de tels objectifs.

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille gâtent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni la rouille ne gâtent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent » (Mat. 6. 19). Le Seigneur met en opposition les biens matériels et les biens spirituels. Et toute préoccupation du chrétien pour acquérir des trésors sur la terre est insensée, car tout y est vanité, destiné à être détruit.

En outre, les soucis de ce siècle et la tromperie des richesses étouffent la Parole, et elle est sans fruit (13. 22). Il est certes normal pour un croyant de pourvoir à ses besoins et à ceux de sa famille (2 Thess. 3. 12) ; mais il est toujours vrai que c’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent, et la convoitise à l’égard des biens matériels peut entraîner beaucoup de douleurs (1 Tim. 6. 10).

Mais comment gagner des trésors incorruptibles dans le ciel ? Écoutons la réponse du Seigneur en Jean 6. 27 et Mat. 10. 40 à 42 et 19. 21. Lisons aussi 1 Tim. 6. 17 à 19 et 1 Cor. 15. 58.

« Là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » (v. 21). Un trésor ? Est-ce un amas d’or, d’argent, de pierres précieuses ou de grandes richesses ? Pas seulement ! C’est aussi tout ce qui captive le cœur : un objet particulier ou une personne, que ce soit un camarade ou un ami.

Chacun peut se poser la question : Y a-t-il quelque chose sur cette terre qui attire mon cœur aujourd’hui et occupe toutes mes pensées ? Il ne faut pas être très âgé pour constater que le cœur suit le trésor. En outre, tout ce qui est de la terre peut disparaître d’un instant à l’autre et priver le cœur de son objet.

Ainsi notre conduite sera marquée par ce que nous aimons. Si Jésus vivant dans le ciel est le trésor aimé de mon cœur, l’objet que je contemple par la foi, je pourrai traverser ce monde comme un étranger et un pèlerin, désirant une meilleure patrie, c’est-à-dire une patrie céleste (Héb. 11. 13 à 16 ; Col. 3. 1 à 3).

Par contre, si j’accumule des biens terrestres dans la cupidité qui est l’avidité de posséder quoi que ce soit (Éph. 5. 3), je peux perdre de vue mon espérance céleste, en risquant fort de ne pouvoir achever ma course chrétienne. Seul Jésus, comme le vrai trésor, peut satisfaire les besoins de mon cœur et le remplir d’un bonheur ineffable.

« Si donc ton œil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière ; mais si ton œil est méchant, ton corps tout entier sera ténébreux » (v. 22 et 23). L’œil simple ne voit qu’un objet, Christ. C’est le cas de celui qui a reçu Jésus par la foi, comme Dieu l’a révélé. Son corps tout entier est illuminé (2 Cor. 3. 18 et 4. 6). Laissant de côté tout raisonnement, il lui suffit de connaître la pensée de Christ.

Mais l’œil méchant qui rejette Christ considère plusieurs objets à la fois. L’âme aime mieux les ténèbres que la lumière. Elle est étrangère à la vie de Dieu et l’entendement est obscurci (Éph. 4. 17 à 19). Si la lumière de l’évangile ne produit pas d’effet, le cœur incrédule reste dans les ténèbres, et comme les ténèbres sont grandes !

Certes, la lumière brillera au jour du jugement, mais ce sera pour condamner tous ceux qui n’ont pas cru au Fils de Dieu. Quelle grâce pour celui qui accepte Jésus comme Sauveur dès aujourd’hui ! Il est lumière dans le Seigneur (Éph. 5. 8). Cette lumière pénètre tout son être et produit ses multiples effets en témoignage auprès de ceux qui sont encore dans les ténèbres.

« Nul ne peut servir deux maîtres… vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (v. 24). Aucun esclave n’obéit à deux maîtres. Nul ne peut échapper à la nécessité de faire son choix, même si parfois nous entendons ce défi d’êtres révoltés contre toute autorité : « Ni Dieu ni maître » ! Puisqu’on ne peut servir qu’un seul Maître, lequel servons-nous ? C’est toujours celui que nous aimons, auquel nous nous attachons, et l’autre maître sera haï, méprisé. Un cœur attaché au monde, aux richesses que Jésus désigne ici par Mammon, abandonnera le Dieu vivant et vrai.

Mais en refusant de servir Mammon, de posséder les richesses que ce monde offre, ne va-t-on pas s’exposer à manquer de ce qui est nécessaire pour la vie présente ? N’y a-t-il pas des raisons de se faire du souci ? « Que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ? » La recherche inquiète de notre subsistance peut tarir notre confiance en la bonté de Dieu.

Le Seigneur prévient cette disposition naturelle à l’inquiétude. A trois reprises, Il nous invite à ne pas nous mettre en souci pour notre vie (v. 25, 31 et 34).

Jésus met alors en relief plusieurs motifs de confiance en Dieu. La vie est plus que la nourriture qui l’entretient, et le corps plus que le vêtement qui le couvre. Observons dans la nature Ses soins touchants envers des créatures insignifiantes, les oiseaux du ciel, qui ne s’amassent pas de provisions pour les rassembler dans un grenier. « Votre Père céleste les nourrit » (v. 26) (Ps. 104. 27 ; 145. 15 et 16).

Pourquoi valons-nous beaucoup mieux qu’eux ? C’est que nous avons une âme rachetée par la foi au sang de Christ, et la faculté de connaître Dieu pour nous confier en Lui. De plus, le souci que nous nous faisons est totalement inutile, et ne peut rien changer à une situation déterminée, comme le fait d’ajouter une coudée à sa taille (v. 27).

Nous pouvons admirer la beauté dont Dieu a revêtu les lis des champs, que Salomon dans toute sa gloire ne pouvait égaler, et comment Dieu s’occupe d’eux alors qu’ils peuvent être fauchés en un instant.

On peut comprendre que Dieu pourvoit à tous les besoins des Siens pour lesquels Il a donné son Fils (Rom. 8. 32). Il est donc bien inutile de se faire du souci (Phil. 4. 6 ; 1 Pier. 5. 7), car nous serions semblables aux nations qui n’ont aucune espérance en Dieu. Dès que le doute assaille nos cœurs, nous manquons de confiance en Dieu, et c’est là la source de toutes nos inquiétudes. Mais le Seigneur vient nous rassurer : « À chaque jour suffit sa peine » (v. 34).

« Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses ; mais cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus » (v. 32 et 33).

Avons-nous accordé cette priorité à Dieu ?

Le sermon sur la montagne (Mat. 7. 1 à 12 ; Luc 6. 37 à 42 ; 11. 5 à 13, 27 à 28).

Alors que le Seigneur aborde la fin de Son discours commencé au chapitre 5 de Matthieu, traitant de la conduite à observer à l’égard de notre prochain, Il souligne une tendance fréquente de nos cœurs naturels à juger les autres. « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés », et en Luc, il est ajouté : « Ne condamnez pas, afin que vous ne soyez pas condamnés » (6. 37).

Ne sommes-nous pas prompts à relever les défauts de nos semblables dans un esprit de critique et de condamnation, allant jusqu’à juger les motifs qui les font agir ? Ainsi, en abaissant autrui, nous nourrissons la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes, et nous nous mettons à la place de Dieu, à qui seul appartient le jugement. « Tu es inexcusable, ô homme, qui que tu sois qui juges ; car en ce que tu juges autrui, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu commets les mêmes choses » (Rom. 2. 1).

Jésus indique deux motifs pour ne pas juger notre prochain. Tout d’abord, nous serons jugés selon la mesure que nous utilisons pour les autres, et rien n’échappe au juste gouvernement de Dieu. Et de plus, en relevant les fautes de nos frères, le fétu ou la paille dans leur œil, nous sommes en général aveugles quant à nos propres péchés bien plus graves, la poutre dans notre œil.

Puissions-nous saisir l’injonction du Seigneur : « Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux » (Luc 6. 36).

Mais ce précepte du Seigneur n’enlève rien au discernement que tout chrétien doit avoir pour apprécier la valeur morale de certains actes, à la lumière de la Parole de Dieu (v. 6 et 15 ; 1 Cor. 5. 12 ; 1 Thess. 5. 21 ; 1 Jean 4. 1).

Un passage nous enseigne dans quel esprit doit s’exercer ce discernement : « Quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur » (Gal. 6. 1).

Ce discernement est nécessaire au sujet des choses saintes, les vérités de l’Écriture que nous avons à présenter aux hommes qui nous entourent en saisissant l’occasion de Dieu, tout en évitant de les profaner. «Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, ni ne jetez vos perles devant les pourceaux » (Mat. 7. 6).

La corruption de certains hommes est telle que le Seigneur les compare à des animaux impurs. « Pour ceux qui sont souillés et incrédules, rien n’est pur, mais leur entendement et leur conscience sont souillés » (Tite 1. 15). Dans certains cas, l’ennemi de nos âmes pourrait exciter la haine et la violence de ces hommes impies contre le disciple de Jésus.

Le Seigneur insiste ensuite sur quelques promesses relatives à la prière, dont l’importance est inestimable (Mat. 7. 7 à 11 ; Luc 11. 5 à 13). Ce sujet tient une grande place dans l’enseignement et la vie de Jésus, ainsi qu’à travers toute l’Écriture.

Après avoir indiqué comment prier et affirmé que notre Père sait de quoi nous avons besoin, en Matthieu 6, le Seigneur incite Ses disciples à formuler leurs requêtes avec une ardeur soutenue, persévérante. Il emploie trois impératifs au temps présent, démontrant que cette action peut se poursuivre sans relâche : demandez… cherchez… heurtez…

Et il ajoute aussitôt trois promesses d’un prix infini, car elles dépendent de notre Père qui ne peut donner que de bonnes choses à ceux qui les lui demandent : « il vous sera donné… vous trouverez… il vous sera ouvert » (Mat. 7. 7 et 8).

Avons-nous vraiment le saint désir d’exploiter ainsi chaque jour les richesses inépuisables de notre Dieu ? Demandons selon nos besoins, cherchons ce que le nouvel homme en nous désire avec ardeur, heurtons quand notre désir devient de l’importunité. La pensée du Seigneur, c’est que nous priions sans cesse, en tout temps et en tout lieu.

L’évangéliste Luc rapporte une illustration de cet enseignement de Jésus sur la prière (Luc 11. 5 à 8). C’est la parabole des trois amis. Sur le minuit quelqu’un reçoit la visite d’un ami arrivé de voyage, alors qu’il n’a rien à lui offrir. Malgré l’heure tardive, il va auprès d’un de ses amis et lui demande : « Ami, prête-moi trois pains ». Voilà l’exemple d’une prière simple, brève, précise, correspondant à un vrai besoin.

Mais l’ami sollicité et dérangé ne paraît pas disposé à accéder à cette demande. C’est pourquoi il répond : « Ne m’importune pas ; la porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi ; je ne puis me lever et t’en donner ». Mais Jésus ajoute : « Je vous dis que, bien qu’il ne se lève pas et ne lui en donne pas parce qu’il est son ami, pourtant, à cause de son importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu’il en a besoin ».

Cet homme s’est laissé fléchir par l’insistance de son ami exprimant sa pénurie et l’urgence de son besoin. Ayons alors toute confiance dans les réponses de notre Dieu et Père aux prières ferventes de la foi. De plus, ne craignons pas de l’importuner, car Son oreille est toujours ouverte pour entendre notre cri.

Dieu connaît notre incapacité, notre manque de ressources, et Il est toujours disposé à répondre à nos besoins, à toute demande en accord avec Sa volonté (1 Jean 5. 14 et 15). Il ne répondra pas toujours selon tous nos désirs, mais sûrement selon Son amour et Sa sagesse, ayant en vue le bien de nos âmes et la satisfaction de nos besoins spirituels.

Un père ne donnera pas à son fils une pierre inutile, s’il lui demande un pain, ni un serpent dangereux, s’il demande un poisson, ni un scorpion venimeux, s’il demande un œuf. Le Seigneur veut nous assurer de l’efficacité de la prière en évoquant les sentiments paternels d’un homme pour son enfant.

Et pourtant, si l’homme dont le cœur est méchant agit ainsi, combien plus notre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les Lui demandent. Parmi ces bonnes choses, il est question du don du Saint Esprit, en Luc. Puisqu’Il est descendu ici-bas le jour de la Pentecôte, comme Personne pour habiter dans l’assemblée et en chaque croyant (1 Cor. 3. 16 ; 6. 19), nous n’avons plus à Le demander.

« Toutes les choses donc que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur, vous aussi, de même ; car c’est là la loi et les prophètes » (Mat. 7. 12). Telle est la règle d’or de tout enfant de Dieu envers autrui. « L’amour est la somme de la loi » (Rom. 13. 8 à 10 ; Lév. 19. 18). Si cette loi royale, selon Jacques 2. 8, était réellement appliquée, il n’y aurait plus de procès, plus besoin de gendarmes ni de prison !

N’oublions pas que l’on reconnaît un vrai disciple de Jésus à ce trait fondamental : «A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (Jean 13. 35). Mais, pour cela, il faut être né de nouveau.

Possèdes-tu ce trésor incomparable, la vie que Jésus donne, c’est-à-dire la vie éternelle (Jean 5. 24) ?

Le sermon sur la montagne (Mat. 7. 13 à 29 ; Luc 6. 46 à 49 ; 13. 24 à 30).

En terminant Ses discours, le Seigneur adresse des avertissements incisifs à Ses chers disciples, et à tous ceux qui, dans la foule, les entouraient, mais aussi à chacun de nous qui lisons ces versets. La question essentielle est de savoir qui peut entrer dans le royaume des cieux et comment on reconnaît ceux qui en sont les citoyens.

« Entrez par la porte étroite » (Mat. 7. 13) ou « luttez pour entrer par la porte étroite » (Luc 13. 24). Le titre d’enfant d’Abraham ne permet pas d’entrer dans ce royaume. Jésus, humilié et crucifié, est la porte. Il suffit de croire en Lui en confessant son état de péché.

La bonne porte est étroite, car tout orgueil doit être anéanti, toute propre volonté brisée et tout égoïsme banni. On y entre dépouillé de la chair et de la propre justice. Bien qu’il y ait deux portes, il n’y a qu’un moyen d’être sauvé : c’est la foi au seul nom de Jésus (Act. 4. 12).

Il est toujours vrai que : « étroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent » (Mat. 7. 14) – malgré cette parole de Jésus que « celui qui cherche, trouve ». Pourquoi cela ? C’est que le cœur naturel de tout homme est porté au mal et ne recherche que des plaisirs charnels ou la satisfaction de ses ambitions terrestres.

Il n’est nul besoin de chercher la porte large, car on y entre facilement avec tout ce que l’homme naturel désire, tolère, y compris les traditions religieuses du passé. Mais elle débouche sur ce chemin spacieux qui conduit à la perdition éternelle.

Sur quel chemin te trouves-tu ?

As-tu répondu à l’appel de Jésus pour entrer par la porte étroite et t’engager avec foi dans le chemin étroit qui mène à la vie ? N’a-t-il pas dit : « Moi, je suis la porte », et « Moi, je suis le chemin » (Jean 10. 7 et 9 ; 14. 6) ?

Ou bien as-tu cédé à la puissance d’attraction du chemin spacieux, entraîné irrésistiblement par des camarades sympathiques, mais pervers, par des lectures séduisantes, mais malsaines, par des études ou un sport qui accaparent tout ton temps et ton cœur ?

Et pourtant, il y a ce qui est utile et même nécessaire pour assurer notre subsistance dans ce monde. Que Dieu nous accorde d’être vigilants, attentifs aux enseignements de l’Écriture sainte. Ayons à cœur d’éprouver ce qui est agréable au Seigneur pour faire Sa volonté, en rejetant tout ce qui attire le cœur naturel dans ce monde. Relisons avec soin le passage qui nous met en garde contre l’amitié du monde et l’amour des choses qui s’y trouvent (1 Jean 2. 15 à 17).

Puis, une nouvelle fois, le Seigneur invite Son disciple à faire preuve de discernement tout en évitant l’esprit de jugement. Comment détecter les faux prophètes se présentant comme les porteurs de la Parole de Dieu alors qu’ils n’auraient pas été envoyés par Lui ?

Les habits de brebis évoquent une parure extérieure de douceur et d’humilité, alors que le cœur est rempli de violence et d’avarice pour s’approprier ce qui appartient à autrui, tout en apportant de faux enseignements. Ils se présentent peut-être avec des paroles séduisantes ou flatteuses. Mais Jésus assure à deux reprises qu’il est possible de déceler ces loups sous leur masque : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (v. 16 et 20).

Le fruit permet de déceler à quelle espèce d’arbre il appartient. Malgré toutes les apparences, si rien n’est produit pour Dieu, le sort de cet arbre est d’être coupé et jeté au feu.

Le fruit de quelqu’un, c’est ce qui est manifesté dans sa vie, qu’il s’agisse de ses œuvres ou de l’influence exercée sur les autres (Gal. 5. 22). Ainsi, les épines ne produisent pas des raisins, ni les chardons, des figues. Tout arbre bon ou mauvais se reconnaît à ses fruits. Et ce principe s’applique à ceux qui professent la vérité ou propagent l’erreur.

Retenons que « le fruit de la lumière consiste en toute bonté, et justice et vérité » et que les disciples de Jésus sont appelés à marcher dans l’amour et comme des enfants de lumière (Éph. 5. 9, 2, 8).

Outre ceux qui trompent les autres, ces faux ouvriers, il y a aussi ceux qui se trompent eux-mêmes en s’accommodant d’une profession religieuse. Il ne suffit pas de dire : Seigneur, Seigneur, et même d’avoir prophétisé, chassé des démons, et fait beaucoup de miracles au nom du Seigneur.

Le déploiement d’une puissance surnaturelle n’est pas une pierre de touche suffisante pour accréditer un serviteur envoyé par Dieu. Ce qui compte pour Jésus, c’est de faire la volonté de son Père qui est dans les cieux. C’est l’obéissance à toute la Parole qui manifeste l’œuvre de Dieu dans une âme vivifiée par le Saint Esprit.

Quelle parole solennelle le Seigneur adresse à ces hommes qui se seront contentés des apparences de la piété sans en connaître la réalité ! « Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l’iniquité » (v. 23).

Le Seigneur prend soin aussi d’avertir le résidu juif à venir, qui traversera les temps très éprouvants de la grande tribulation avant Son apparition en gloire pour le règne millénaire. C’est à propos de cette période qu’Il déclare : « Il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes ; et ils montreront de grands signes et des prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus » (Mat. 24. 24).

En conclusion de Son discours, le Seigneur rend Ses auditeurs attentifs à toute l’importance d’écouter Ses paroles et de les mettre en pratique. Il illustre Son propos par une image saisissante : l’homme prudent, qui a fondé sa maison sur le roc après avoir creusé profondément (Luc 6. 48), correspond à celui qui met en pratique les paroles du Seigneur. La pluie est tombée, et les torrents sont venus, et les vents ont soufflé contre cette maison, et elle est restée fermement établie sur le roc. La maison de l’homme insensé, fondée sur le sable, a subi les mêmes épreuves et n’a pas pu résister, et sa chute a été grande.

Tel est celui qui ne met pas en pratique ce qu’il entend du Seigneur. La seule fondation solide est le roc de la Parole de Dieu qui demeure éternellement. Et « personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ » (1 Cor. 3. 11).

Mais tout ce qui est basé sur le sable mouvant des opinions, des raisonnements et des sentiments des hommes sera renversé. Le résultat est une ruine éternelle. L’épreuve nécessaire révèle la valeur du fondement. Précisons que l’homme est sauvé par la grâce et par la foi, sans œuvres de loi. Mais les œuvres opérées par la foi démontrent qu’une âme est sauvée. Faire la volonté de Dieu, c’est mettre Sa Parole en pratique.

Jésus s’adressait aux foules avec une autorité divine. Il y avait un parfait accord entre ce qu’Il disait et ce qu’Il faisait. C’est en témoin fidèle qu’Il parlait de ce qu’Il connaissait et de ce qu’Il avait vu (Jean 3. 11). Pour répondre aux profonds besoins des hommes, « la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (Jean 1. 17).

Que les paroles de Jésus touchent notre cœur et notre conscience ! « Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants… et elle discerne les pensées et les intentions du cœur » (Héb. 4. 12).

Une guérison et une résurrection (Mat. 8. 5 à 13 et Luc 7. 1 à 17).

À l’issue des discours prononcés sur la montagne, ayant mis en évidence les caractères moraux des sujets de Son royaume, le Seigneur entre dans Capernaüm pour y accomplir Son ministère de grâce et de puissance auprès de ceux qui étaient placés sous les conséquences du péché : les infirmités, les maladies et la mort.

Il était ainsi démontré qu’« Emmanuel », c’est-à-dire « Dieu avec nous », était au milieu de Son peuple. Il était le « Même » que Celui qui autrefois, ayant rendu douces les eaux amères de Mara, avait déclaré à son peuple après trois jours de marche dans le désert : « Je suis l’Éternel qui te guérit » (Ex. 15. 26).

En lisant les évangiles, nous pouvons admirer le parfait équilibre dans le ministère de Jésus entre Son message et Ses œuvres (Mat. 4. 23). Ses actes d’amour et de puissance confirmaient Son enseignement dispensé avec une autorité divine.

Dans son deuxième discours du livre des Actes, Pierre affirme, par la puissance du Saint Esprit, que Jésus le Nazaréen était un Homme approuvé de Dieu auprès des Israélites par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu avait faits par lui au milieu d’eux (2. 22).

Les miracles, faits extraordinaires, merveilleux, n’obéissant pas aux lois de la nature, accréditaient la venue du Fils de Dieu dans ce monde pour y accomplir l’œuvre de la rédemption. Il pouvait délivrer les hommes de la maladie et de la mort. Le vrai miracle est toujours en accord avec la Parole de Dieu pour exalter la grandeur, la puissance et la gloire de Dieu.

La parole de Siméon, en Luc 2. 32, a déjà son accomplissement à l’égard de Jésus comme « lumière pour la révélation des nations ». Alors qu’Il entrait dans les murs de Capernaüm, un centurion, officier romain, lui fait savoir par les anciens des Juifs que son esclave était paralysé, horriblement tourmenté, sur le point de mourir.

Quelle noble conduite est celle de cet étranger, qui, dépourvu d’égoïsme, manifeste un intérêt affectueux pour son esclave, entreprenant cette démarche auprès de Jésus !

Une foi vivante anime cet homme, une foi telle que Jésus n’en avait pas trouvé de semblable en Israël. Il avait entendu parler de Jésus et il savait qu’il pouvait compter sur Sa grâce et Sa puissance divine.

La connaissance du Dieu d’Israël avait porté cet homme à s’intéresser aux Juifs, leur bâtissant lui-même une synagogue. Il aimait les Juifs, parce qu’ils étaient en relation avec le vrai Dieu, et pourtant leurs infidélités à ce Dieu qu’ils prétendaient servir les avaient asservis à l’autorité romaine.

Un autre trait remarquable du centurion, produit par la crainte et l’amour de Dieu, c’est son humilité. Alors que les Juifs affirment : « Il est digne que tu lui accordes cela », c’est-à-dire la guérison de son serviteur, lui-même s’estime indigne d’aller vers Jésus ou de Le recevoir sous son toit. Il prend la vraie place d’un étranger, indigne des faveurs divines, alors que les Juifs étaient le peuple de Dieu.

Enfin, sa foi très hardie s’exprime dans les paroles adressées au Seigneur : « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri ; car moi aussi, je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats ; et je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient ; et à mon esclave : Fais cela, et il le fait (Mat. 8. 7 à 10).

Le Seigneur relève une si grande foi qui apprécie l’excellence de Sa Personne. Car Lui était tout à la fois l’Homme parfaitement dépendant de son Père, et le Fils de Dieu ayant toute autorité par Sa seule parole.

Pour cet étranger, la maladie était l’occasion pour le Seigneur d’exercer Son autorité divine alliée à une grâce incomparable. L’œil de la foi voit toujours de la même manière que Dieu voit.

Le Seigneur peut dès lors parler de l’introduction des nations dans le royaume, alors que les Juifs, se prévalant de privilèges extérieurs, ne pourraient y accéder sans la foi. « Et je vous dis que plusieurs viendront d’orient et d’occident, et s’assiéront avec Abraham et Isaac et Jacob dans le royaume des cieux ; mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents (Mat. 8. 11 et 12).

Ainsi le Seigneur souligne qu’on ne peut hériter de la bénédiction du royaume que par la foi. C’était un privilège d’être un descendant d’Abraham, et celui d’être un enfant de chrétiens n’est pas moins grand, mais cela ne peut donner le droit d’entrer dans le royaume. Seule la foi qui reçoit le témoignage de Dieu a part à cette grâce. Le Seigneur répondit au centurion : « Va, et qu’il te soit fait comme tu as cru ; et à cette heure-là son serviteur fut guéri » (Mat. 8. 13).

Dans la scène émouvante qui suit, voici deux cortèges qui se croisent près de la ville de Naïn. Jésus, le Prince de la vie, rencontre une foule considérable, accompagnant un cercueil. Spectacle saisissant de la douleur humaine, on portait dehors un mort, fils unique de sa mère, et elle était veuve.

Double brisement pour le cœur de cette femme, elle accompagnait au tombeau l’être qui lui était le plus cher, son dernier appui sur la terre. Impitoyable, la mort vient de frapper à deux reprises dans ce foyer. Elle n’épargne même pas une veuve, mère de ce seul fils.

À la vue d’une telle détresse, le cœur de Jésus ne peut qu’être ému de compassion. Le Seigneur la voyant, lui dit : « Ne pleure pas ». Lui seul pouvait prononcer de telles paroles, sachant ce qu’Il allait faire. Car outre Sa sympathie parfaite, Il détenait une puissance divine pour rappeler à la vie celui que la mort avait emporté. « Et s’approchant, il toucha la bière ; et ceux qui la portaient s’arrêtèrent ; et il dit : jeune homme, je te dis, lève-toi. Et le mort se leva sur son séant, et commença à parler ; et il le donna à sa mère » (Luc 7. 14 et 15).

Quelle autorité et quelle majesté dans les paroles de Jésus ! Le mort lui obéit. « Il fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient » (Rom. 4. 17).

Dans les récits évangéliques, le Seigneur ressuscite deux autres morts (Luc 8. 54 ; Jean 11. 43). En donnant ce fils ressuscité à sa mère, il tarissait ses larmes. Les témoins de cette résurrection sont tous saisis de crainte et glorifient Dieu disant : « Un grand prophète a été suscité parmi nous, et Dieu a visité son peuple » (v. 16). Ainsi Dieu est connu comme Il ne l’avait jamais été auparavant.

Et cette puissance de résurrection sera manifestée de manière encore plus glorieuse en Christ, car Il est les prémices de ceux qui sont endormis (1 Cor 15. 20).

C’était toujours en vue de faire du bien que Jésus opérait Ses miracles, mais ils attestaient aussi la puissance de Dieu pour préparer les âmes à entendre la parole leur apportant le salut. En délivrant les malheureux de la maladie, des infirmités et de la mort, Il démontrait qu’Il pouvait les délivrer du péché, cause de toutes ces misères. « Notre Sauveur Jésus Christ a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim 1. 10).

Message de Jean et témoignage de Jésus à Jean (Mat. 11. 2 à 19 et Luc 7. 18 à 35).

Jean le Baptiseur, au fond de la prison d’Hérode, entend parler des œuvres de Jésus, de Ses miracles. Ne vient-Il pas de ressusciter le fils unique de la veuve de Naïn ? (Luc 7. 15). Jésus semble le laisser dans sa captivité. Ne pourrait-Il pas exercer Sa puissance divine pour délivrer Israël et son prophète ?

Envoyé comme précurseur du Messie, il avait fidèlement prêché le baptême de repentance en rémission de péchés. Jésus était-il bien le Messie promis selon ce que Jean avait annoncé ? (Mat. 3. 11 et 12 ; Jean 1. 23 à 37 ; 3. 27 à 34)

Certes, dans un vrai renoncement à lui-même et conscient de la majesté du Seigneur, il avait déclaré : « Il faut que lui croisse, et que moi je diminue ». Mais si certaines prophéties s’accomplissaient, ce n’était pas le cas pour d’autres (Luc 4. 19 et 21), et sa prison restait close. Que fallait-il penser des Écritures proclamant le jugement des impies avec la venue du Messie ? Et le Seigneur n’établissait pas Son royaume en gloire.

Aussi Jean charge-t-il deux de ses disciples d’un court message auprès de Jésus, traduisant sa perplexité et un certain découragement : « Es-tu celui qui vient, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Luc 7. 20). À ce moment-là Jésus guérit plusieurs personnes de maladies et de fléaux et de mauvais esprits, et Il donna la vue à plusieurs aveugles.

La réponse de Jésus aux deux messagers met l’accent avec douceur sur la défaillance de Jean. « Allez, et rapportez à Jean les choses que vous avez vues et entendues : que les aveugles recouvrent la vue, que les boiteux marchent, que les lépreux sont rendus nets, que les sourds entendent, que les morts ressuscitent, et que l’évangile est annoncé aux pauvres. Et bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en moi » (Luc 7. 22 et 23).

La grâce et la puissance que déployait Jésus ici-bas pour le bien, démontraient pleinement qu’Il était le Messie annoncé par le prophète Ésaïe (35. 5 et 6 ; 61. 1). Mais ce que Jean n’avait pas saisi, c’est que le Messie serait rejeté comme Son précurseur, et même retranché, selon l’expression de Daniel 9. 26.

Avant d’exécuter Ses jugements sur un peuple rebelle et apostat, en vue d’établir son règne de justice et de paix sur la terre, Il devait, par Sa mort expiatoire, introduire une nouvelle dispensation pour rassembler le peuple céleste de Dieu. Et tous ceux qui avaient la foi en Jésus ne pouvaient qu’accepter Son rejet actuel avec toutes ses conséquences. Bienheureux celui qui ne serait pas scandalisé par Son abaissement et Son humiliation, en tenant ferme dans sa foi. Ces paroles de Jésus durent dissiper les doutes du cœur de Jean.

N’hésitons pas à confier à Jésus nos problèmes, nos interrogations. Par une parole, Il saura enlever toute crainte de nos cœurs et affermir notre foi en Lui et en Ses promesses face à nos difficultés. Gardons-nous de douter de la puissance du Seigneur pour tout ce qui paraît être une victoire actuelle de Satan : l’état de ruine de l’Église, les nombreuses persécutions des chrétiens en divers pays, le développement du mal sous ses deux traits essentiels, la violence et la corruption, avec une indifférence de plus en plus marquée pour l’Évangile. Malgré toute l’infidélité de l’homme, le Seigneur enlèvera au ciel son Église composée de tous les vrais croyants où qu’ils soient, et après avoir purifié la terre par de terribles jugements, Il apparaîtra pour établir Son règne glorieux pendant mille ans.

Maintenant que les messagers de Jean s’en sont allés, Jésus rend témoignage devant la foule au plus grand des prophètes. De tous les prophètes ayant annoncé la venue de Christ, il est le seul à L’avoir vu, l’ami de l’époux tout réjoui d’entendre Sa voix (Jean 3. 29).

L’admiration de Jésus pour ce serviteur exceptionnel est tout à fait remarquable. Était-il comme un roseau agité par le vent, se laissant fléchir par toutes sortes d’influences ? Non ! son courage et sa fidélité à Dieu avaient imprégné tout son message. Il ne portait pas les habits précieux de ceux qui habitent dans les maisons des rois, car il était consacré à son Dieu, renonçant à tout confort pour servir son maître. N’était-il pas en prison pour avoir dit la vérité ? Et comme précurseur de Christ, il est plus grand qu’un prophète. Il avait été annoncé par la prophétie de Malachie (3. 1), plus de quatre siècles à l’avance. Il devait venir devant Dieu « dans l’esprit et la puissance d’Élie » (Luc 1. 17).

Mais le Seigneur ajoute que « le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui » (Mat. 11. 11). Jean faisait partie du siècle de la Loi, et Jésus introduisait une nouvelle dispensation, appelée le royaume de Dieu où tout est justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint (Rom. 14. 17).

Ce royaume était caractérisé par des bénédictions spirituelles, célestes et éternelles. On y entre par la nouvelle naissance (Jean 3. 3 et 5). C’est la sphère où les droits de Dieu sont reconnus. Tous les croyants de l’économie de la grâce ont un tel privilège. Aujourd’hui, c’est le temps de la souffrance pour tous ceux qui reconnaissent les droits du roi que le monde rejette ; mais ils régneront avec Christ quand Son royaume sera établi en gloire.

Ensuite Jésus déclare que « depuis les jours de Jean le Baptiseur jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est pris par violence, et les violents le ravissent » (Mat. 11. 12). Sous l’économie de la loi et des prophètes, Israël était le peuple de Dieu. Mais à cause de son impiété, de sa rébellion contre Dieu, de nouvelles dispositions devaient être prises.

Jean fut envoyé pour annoncer l’établissement du royaume, et le seul moyen d’y entrer : la repentance. Confirmant cet enseignement, Jésus pouvait dire : « Luttez pour entrer par la porte étroite » (Luc 13. 24).

Quels sont ces violents ? Ce sont ceux qui, renonçant au seul titre d’enfant d’Abraham et, rejetant toute propre justice, se repentent devant Dieu, confessent leurs péchés, se reconnaissent pécheurs perdus et, acceptant par la foi la grâce de Dieu en Christ, sont éternellement sauvés.

Dieu permet qu’il y ait des obstacles sur le chemin de celui qui se repent, mais l’énergie de la foi peut tout surmonter. Nous sommes toujours dans un monde qui a rejeté le Seigneur Jésus. « Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jean 5. 5).

Il y a toujours deux catégories de personnes qui se manifestent quand Jésus parle. Celles qui justifient Dieu, étant d’accord avec Lui pour se condamner elles-mêmes, et celles qui rejettent le conseil de Dieu contre elles-mêmes. Chaque lecteur doit pouvoir affirmer de quel côté il se trouve.

Le Seigneur compare alors la génération privilégiée à laquelle Il s’adresse à de petits enfants assis dans les marchés qui s’empressent de contredire les propositions de leurs camarades. Les complaintes lugubres de Jean, et le son mélodieux de la flûte évoquant la venue en grâce du Fils de l’homme, avaient été entendus sur les places publiques. Mais Israël, comme nation, n’a pas voulu s’humilier et se repentir dans le premier cas et se réjouir dans le second. Seul un résidu, selon la grâce, a reçu ce double témoignage, et ainsi « la sagesse a été justifiée par ses enfants ».

Tous ceux qui ont cru se rangent parmi les enfants de la sagesse parce qu’ils ont écouté sa voix. Cette voix est celle de Dieu dans toutes les Écritures : Que dit-elle ? Bienheureux l’homme qui m’écoute… ! Bienheureux ceux qui gardent mes voies ! (Prov. 8. 34, 32)

Une pécheresse pardonnée (Luc 7. 36 à 50).

Un des pharisiens invita Jésus à manger avec lui. Luc est le seul évangéliste à rapporter cette circonstance et ce n’est pas la seule fois où Jésus acceptait d’entrer chez un pharisien (11. 37 ; 14. 1). N’avait-il pas déclaré : « Le fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : Voici un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs » ? (v. 34).

Puis le Seigneur précise que « les enfants de la sagesse justifiaient Dieu, en acceptant son témoignage en Christ, tout en se condamnant eux-mêmes ».

« Et voici, une femme dans la ville, qui était une pécheresse, et qui savait qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum ; et se tenant derrière à ses pieds, et pleurant, elle se mit à les arroser de ses larmes, et les essuyait avec les cheveux de sa tête, et couvrait ses pieds de baisers, et les oignait avec le parfum » (v. 38 et 39).

Seule la grâce rayonnante du Seigneur poussait cette femme à franchir le seuil de la maison du pharisien pour se jeter aux pieds de Celui qui attire irrésistiblement son cœur. Jésus est son unique ressource.

Elle a le profond sentiment qu’il ne la méprisera pas et ne la repoussera pas, et que Sa miséricorde pouvait répondre à son besoin. Comme le Seigneur a été sensible à chacun de ses gestes, à ses marques d’amour démontrant à quel point elle appréciait les grâces et la dignité de Sa personne.

Consciente qu’elle peut se livrer sans réserve à la grâce inépuisable de son Sauveur, elle arrose Ses pieds des larmes d’une vraie repentance et les essuie avec sa chevelure dénouée, la gloire de la femme. Certes, elle n’a pas encore la connaissance du plein pardon de ses péchés.

En couvrant ses pieds de baisers, elle donne une expression touchante de son amour reconnaissant, car Jésus est désormais l’unique trésor de son cœur. Et le parfum répandu n’exalte-t-il pas la grandeur de Celui qu’elle honore comme le Seigneur ? Elle Lui offre l’hommage de son cœur qui sera délivré pour toujours du poids écrasant de sa culpabilité. Elle ne prononce pas une seule parole, mais ses actes attestent de la plus noble manière qu’elle a beaucoup aimé.

Simon observe cette scène comme un vrai pharisien. Comment cette femme, connue pour sa vie dissolue, ose-t-elle pénétrer dans sa maison, sans invitation ? Ce qu’elle fait avec autant de hardiesse soulève une prompte indignation dans le cœur de Simon, qui se livre à un raisonnement incrédule. Il dit en lui-même : « Celui-ci, s’il était prophète, saurait qui et quelle est cette femme qui le touche, car c’est une pécheresse » (v. 39).

Voilà le jugement impitoyable du propre juste. Ayant une bonne opinion de lui-même, il n’éprouvait aucun besoin de pardon. De plus, en homme légal, il ose juger selon la justice humaine, que Jésus n’était même pas un prophète. Jésus n’attire pas son cœur, car Il représente ceux dont parle Ésaïe : « Il est méprisé et nous n’avons eu pour lui aucune estime » (53. 3).

Par une parabole, Jésus va montrer à Simon qu’il sait lire les pensées du cœur sans que rien ne soit exprimé en paroles. Il connaît les péchés de la femme et Il sait ce que le pharisien pense de Lui et d’elle.

« Et Jésus, répondant, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire… Un créancier avait deux débiteurs : l’un lui devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante ; et comme ils n’avaient pas de quoi payer, il quitta la dette à l’un et à l’autre. Dis donc lequel des deux l’aimera le plus ? Et Simon, répondant, dit : J’estime que c’est celui à qui il a été quitté davantage. Et il lui dit : Tu as jugé justement » (v. 40 à 43).

Simon, dans son aveuglement, ignorait qu’il avait une dette vis-à-vis de Dieu manifesté en Christ. Et pourtant, il n’avait même pas reçu Jésus selon les égards habituels en orient : pas d’eau pour les pieds du voyageur fatigué, pas de baiser de bienvenue pour l’hôte, pas d’onction d’huile pour la tête de Celui qui est digne de tout honneur ! Alors que la femme, consciente d’être un grand débiteur à cause de ses nombreux péchés, exprime humblement le respect, la gratitude, l’amour débordant de son cœur brisé.

Par contre, celui qui doit le moins à ses propres yeux, n’apprécie pas la grâce du pardon, il aime peu. Or les deux débiteurs n’avaient pas de quoi payer. Nul ne saurait acquitter un seul péché en dehors de Dieu. Tous les hommes sans exception sont insolvables. L’unique issue, c’est que le créancier remette la dette à tous les deux, faisant grâce à l’un comme à l’autre. « Lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5. 8). « Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1. 7). « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, c’est le don de Dieu » (Éph. 2. 8). Voilà la bonne nouvelle proclamée encore aujourd’hui aux hommes pécheurs !

Jésus précise à Simon : « c’est pourquoi je te dis : Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé… Et il dit à la femme : Tes péchés sont pardonnés » (v. 47 et 48). Cette femme aimait Jésus à cause de la grâce qu’elle avait discernée en Lui, tout en étant profondément convaincue de péché par l’action de l’Esprit de Dieu dans sa conscience.

Cette grâce produisait en elle l’horreur du péché, et un amour saint avant même que le pardon soit prononcé par le Seigneur. La conscience d’un Dieu qui fait grâce attire le pécheur travaillé par ses péchés et repentant.

Jésus ne se préoccupe pas des remarques de ceux qui l’entourent dans la maison du pharisien, et adresse à la femme une parole divine d’un prix inestimable qui résonne dans son cœur comme la douce mélodie de la grâce : « Ta foi t’a sauvée, va-t-en en paix » (v. 50). Malgré le grand amour exprimé par cette femme, c’est uniquement par la foi qu’elle est sauvée. La foi en Jésus l’avait amenée à Ses pieds, discernant en Lui son Sauveur.

C’est ce que Pierre confirme à tous ceux qui sont rassemblés chez Corneille : « Par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés » (Act. 10. 43). « Et il n’y a de salut en aucun autre » (Act. 4. 12).

Pour qu’il en soit ainsi, Jésus devait se livrer Lui-même en rançon pour plusieurs, subissant à la croix ignominieuse, de la part d’un Dieu juste et saint, tout le jugement que méritait le péché. C’est par la foi en cette œuvre expiatoire que la lourde dette de nos péchés peut être acquittée.

As-tu reconnu dans l’histoire de la pécheresse, dont le nom n’est pas mentionné, ta propre histoire ? Elle ne concerne pas les indifférents, les propres justes, les incrédules, mais ceux qui sont convaincus de péché dans la lumière de Dieu, ayant besoin du pardon que Jésus offre aujourd’hui même à tous ceux qui se repentent en se tournant vers Lui.

Et plus nous sommes conscients d’avoir offensé la gloire de Dieu par nos péchés, plus nous aimerons Celui qui pardonne. Quel écho a cette parole de Jésus dans notre cœur : « Lequel… l’aimera le plus ? »

Jésus avec les siens et face à ses adversaires (Luc 8. 1 à 3 ; 11. 14 à 28 ; 12. 10 ; Mat. 12. 22 à 32 ; Marc 3. 28 à 30).

La lecture des trois premiers versets de Luc 8, mentionnés uniquement par cet évangéliste, nous suggère ce que Pierre annonce dans l’un de ses discours en Actes 10. 38 : « Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui ».

Jésus, le Fils de l’homme, était un prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple (Luc 24. 19). Il passait par les villes et les villages, prêchant et annonçant le royaume de Dieu et partout rayonnaient sa lumière et sa bonté.

Ce royaume est la sphère morale où s’exerce le gouvernement de Dieu. Si le ciel est le siège du pouvoir, la terre est le domaine où s’exerce cette domination. L’autorité de Jésus y est reconnue par ceux dont les péchés ont été pardonnés et qui ont été guéris d’esprits malins et d’infirmités. Ceux qui sont nés de nouveau appartiennent à ce royaume (Jean 3. 3 et 5) caractérisé par la justice, la paix et la joie dans l’Esprit Saint (Rom. 14. 17).

Les douze apôtres étaient avec Jésus (Luc 8. 2). Ils étaient les témoins publics appelés par la grâce de Dieu et envoyés par le Seigneur lui-même pour prêcher le royaume de Dieu et guérir les infirmes (Luc 9. 1).

N’avait-il pas dit : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jean 20. 21) ? C’est Lui qui les avait choisis et établis, afin qu’ils aillent et portent du fruit (Jean 15. 16).

L’autre classe de personnes entourant Jésus, c’était des femmes qui avaient été délivrées d’esprits malins et d’infirmités. Elles étaient les témoins personnels de la puissance du royaume et profondément attirées vers Lui dans leur cœur ; elles le suivaient et l’assistaient de leurs biens (v. 3). Leur dévouement était l’heureuse conséquence de ce que Lui avait fait pour elles.

Sept démons habitaient Marie de Magdala et Jésus les avait chassés. Reconnaissante pour cette merveilleuse délivrance, son cœur brûlait d’amour pour son Seigneur.

Ne sommes-nous pas touchés par un tel attachement aux abords du tombeau ? (Jean 20. 11 à 18).

Nous ne pouvons qu’admirer l’abaissement profond du Seigneur, son obéissance absolue à son Père. Toujours dépendant, il acceptait d’être assisté par ces humbles femmes, alors qu’il était le créateur des cieux et de la terre, soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, Lui devant qui tout genou se ploiera et toute langue confessera qu’Il est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2. 10 et 11).

Étant en forme de Dieu, Jésus s’est anéanti lui-même pour venir ici-bas comme un homme humble et débonnaire. Il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. Il a été élevé sur cette croix pour que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Il a « porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pier. 2. 24). Il a subi de la part de Dieu le jugement qui devait nous atteindre.

Quelle grâce insondable nous était destinée ! L’avons-nous appréciée et reçue dans notre cœur ? Une réponse positive nous engage alors à traduire notre reconnaissance en offrant à Dieu des sacrifices de louanges, sans oublier la bienfaisance et de faire part de nos biens, « car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices » (Héb. 13. 15 et 16).

C’est à propos de la guérison d’un démoniaque aveugle et muet que Jésus est confronté avec ses adversaires, les pharisiens (Mat. 12. 22 à 32 ; Luc 11. 14 à 28).

Craignant les effets d’une puissance divine évidente, ils dirent : « Celui-ci ne chasse les démons que par Béelzébul, chef des démons ». Aussitôt le Seigneur met en évidence leur égarement et comment le dieu de ce siècle avait aveuglé leurs pensées : « Et si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ? »

Le Seigneur ne pouvait chasser les démons, que par la puissance du Saint Esprit. Car avant d’exercer son ministère de grâce, il avait lié l’homme fort, en remportant une pleine victoire sur cet adversaire lors de la tentation, au désert, citant à trois reprises la Parole de Dieu. Dès lors, il pouvait piller ses biens en délivrant ceux que Satan avait asservis à sa puissance.

Chaque fois que Jésus chassait les démons, il démontrait que le royaume de Dieu était parvenu à ce peuple. Lors de son apparition comme Fils de l’homme, il établira son royaume en gloire par le déploiement de la même puissance.

Attribuer à Satan la puissance par laquelle le Seigneur chassait les démons constituait un péché d’une extrême gravité. C’était le blasphème contre le Saint Esprit qui ne serait pas pardonné. Certes « tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes… Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir » (Mat. 12. 31 et 32).

Les premières paroles que Jésus prononce sur la croix correspondent à une prière en faveur de ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23. 34). Nous savons quelle réponse Dieu a donnée à ces paroles au début du livre des Actes. Par exemple, en un seul jour, trois mille âmes environ sont amenées à la repentance et à la foi au Seigneur Jésus (Act. 2. 41).

Mais s’opposer à la puissance du Saint Esprit, en la traitant comme étant la puissance de Satan, cela ne pourrait être pardonné ni dans ce siècle, c’est-à-dire le siècle de la loi dans lequel se situaient les Juifs de l’époque, ni dans le siècle à venir, celui où le Seigneur établirait son royaume en gloire. Ainsi un tel blasphémateur était passible du jugement éternel (Marc 3. 29).

Comme nation, les Juifs se sont placés sous les conséquences d’un tel péché, après la Pentecôte, n’acceptant pas le témoignage du Saint Esprit rendu à Christ par ses disciples. Le rejet du message d’Étienne par une résistance volontaire à l’Esprit Saint, a entraîné la dispersion de ce peuple parmi les nations.

Nous vivons aujourd’hui dans cette période privilégiée de la grâce où l’évangile est proclamé à tous les hommes : « Qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3. 36). Puis Jésus ajoute : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; et celui qui n’assemble pas avec moi, disperse » (Luc 11. 23).

Le test d’un bon service, c’est de travailler et de rassembler avec Jésus dans la soumission à l’autorité de sa Parole. Que nous soyons de ces bienheureux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ! (Luc 11. 28).

Jésus face à ses adversaires, et avec sa vraie famille (Mat. 12. 33 à 50 ; Luc 6. 45 ; 11. 24 à 32 ; 8. 19 à 21 ; Marc 3. 31 à 35).

Au chapitre 11 de l’évangile de Matthieu, le Seigneur met en évidence son propre rejet selon ce qui est écrit : Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1. 11). Et le chapitre 12 ne fait que confirmer cette opposition ouverte en particulier de la part des pharisiens qui tiennent conseil contre Lui pour le faire périr (v. 14).

Ce rejet si douloureux pour le cœur de Jésus est constaté à propos du jour du sabbat au cours duquel, Lui, le Fils de l’homme, Seigneur du sabbat, se permettait d’exercer la miséricorde. Puis, c’est l’accusation perverse des pharisiens disant que Jésus chassait des démons par Beelzébul, blasphème impardonnable contre le Saint Esprit.

A partir des propos iniques des pharisiens, l’occasion est donnée au Seigneur de rappeler toute l’importance de la Parole pour révéler l’état du cœur. L’arbre est connu par son fruit… car de l’abondance du cœur la bouche parle (v. 33 et 34).

Comment les pharisiens étant méchants pouvaient-ils dire de bonnes choses ? Si nos esprits sont habités par de mauvaises pensées non jugées, nos lèvres seront promptes à les exprimer en paroles.

N’est-il pas solennel de réaliser que « de toute parole oiseuse qu’ils auront dite, les hommes rendront compte au jour du jugement ; car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné » (v. 36 et 37) ? Par contre, si notre cœur est occupé de Christ, comme Anne la prophétesse, « nous parlerons de Lui » (Luc 2. 38).

Quelqu’un qui croit dans son cœur en Jésus, comme Seigneur, acceptant son œuvre rédemptrice, et qui Le confesse de sa bouche, est sauvé (Rom. 10. 9 et 10). C’est l’œuvre de Dieu en lui, par laquelle la vie divine lui est communiquée par l’opération de la parole de Dieu et du Saint Esprit. Dès lors, ses pensées sont formées par la Parole de Dieu.

De ce bon trésor sont produites de bonnes choses. Aussi « recevez avec douceur la parole implantée qui a la puissance de sauver vos âmes » (Jac. 1. 21). « Qui surveille sa bouche garde son âme » (Prov. 13. 3).

Conscients de toute l’importance qu’il y a de veiller sur nos paroles, ne devrions-nous pas exprimer fréquemment cette prière : « « Mets, ô Éternel ! une garde à ma bouche, veille sur l’entrée de mes lèvres » (Ps. 141. 3) ?

A la suite des paroles sévères de Jésus, les scribes et les pharisiens, méchants et incrédules, ont l’audace de lui demander un signe prouvant sa mission divine.

Et pourtant le Seigneur venait de guérir un démoniaque aveugle et muet (v. 22). Les foules elles-mêmes disaient : « Celui-ci serait-il le fils de David ? » (v. 23).

Aussi devant un tel aveuglement Jésus refuse-t-il d’accéder à leur demande. Un autre miracle n’aurait pas changé les dispositions de leur cœur à son égard. Le Seigneur ne leur donne pas d’autre signe que celui de Jonas, qu’un grand poisson engloutit et rejeta vivant. Il annonçait ainsi sa mort, son séjour dans la tombe et aussi sa résurrection. « Car, comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre » (v. 40 et Jonas 2. 1).

Malgré toutes ses œuvres d’amour le signalant comme le vrai Messie promis à son peuple, ces hommes, religieux et rebelles aux appels de la grâce, ne voulaient rien de Jésus. Ils étaient plus coupables que les hommes méchants de Ninive qui, à la prédication de Jonas, se sont repentis (Jonas 3. 5). La reine de Shéba témoignera contre cette génération au jour du jugement, car, attirée par la sagesse de Salomon, elle était venue des bouts de la terre.

Or ce mépris de Jésus, le divin prédicateur et la Sagesse par excellence, ne pouvait qu’aggraver leur condamnation au jour du jugement. Combien Jonas et Salomon s’estompent devant le Seigneur de gloire !

Puis, par un tableau saisissant, Jésus évoque l’état immonde de cette génération incrédule aux derniers jours (v. 43 à 45).

Le démon, sorti de l’homme, rappelle l’idolâtrie à laquelle Israël s’était adonné. Ce dernier avait obligé Dieu à l’exiler à Babylone, le siège même de l’idolâtrie du monde, caractérisée par l’adoration des démons. De retour de captivité, avec son temple rebâti, son culte rétabli, ce peuple paraissait en ordre. C’est alors que le Seigneur vint pour habiter sa maison, mais il en fut rejeté. Cette maison restait vide, balayée de l’idolâtrie, ornée des formes du culte lévitique. Elle était prête à recevoir une puissance de mal, beaucoup plus effrayante que la première, ce que représente l’association avec les sept autres démons bien plus méchants que le premier.

De retour dans son pays, le peuple juif reste incrédule par rapport à Christ, comme il l’était au temps où Jésus vint sur la terre. Aujourd’hui, le Messie reste caché dans les cieux.

Les Juifs retrouveront le culte lévitique dans un temple reconstruit jusqu’au moment où sera manifesté l’Antichrist, l’homme de péché, le fils de perdition, l’inique qui s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu. « Lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu » (2 Thess. 2. 3 et 4).

Ce seront les temps terribles de l’apostasie et de la grande tribulation (Mat. 24. 21). Cette idolâtrie de la fin entraînera un jugement solennel du peuple apostat par l’ennemi redoutable, appelé dans l’Écriture : l’Assyrien ou roi du nord, qui sera lui-même anéanti par le Seigneur (Dan. 8. 23 à 25 ; Éz. 38 et 39 ; És. 10. 56 ; 28 et 29 ; Zach. 14. 1 à 5). Le résidu croyant sera délivré par Christ pour être introduit dans le règne millénaire de son vrai Messie, le Fils de David.

Alors que Jésus parlait aux foules, sa mère et ses frères se tenaient dehors cherchant à lui parler. Nous savons par ailleurs que ses frères ne croyaient pas en Lui non plus avant sa mort (Jean 7. 5). Et Jésus s’adressant à son messager dit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Et étendant sa main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères ; car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (Mat. 12. 48 à 50).

D’après le passage parallèle de Luc, faire la volonté de son Père, équivaut à écouter la parole de Dieu et la mettre en pratique (8. 21).

Jésus, rejeté, ne pouvait plus avoir de relations avec son peuple incrédule représenté par sa mère et ses frères. Ainsi en sera-t-il d’Israël selon la chair, le peuple terrestre de Dieu, qui s’est exclu, dans l’endurcissement de son cœur, de la bénédiction de recevoir son vrai Messie.

Mais de nouvelles relations pourront être établies avec ceux qui recevront sa parole et se soumettront à la volonté de son Père. Désormais Dieu agira par sa parole opérant dans le cœur, pour constituer son peuple céleste, issu de toute tribu, et langue, et peuple et nation.

Peux-tu te joindre de cœur à ceux qui chantent ce cantique : « A celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ; et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père ; à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » ? (Apoc. 1. 5 et 6)

La parabole du Semeur (Mat. 13. 1 à 23 ; Marc 4. 1 à 20, 24 et 25 ; Luc 8. 4 à 15 et 18).

L’évangile de Matthieu rapporte que Jésus, sortant de la maison, s’assit près de la mer (13. 1). Rejeté par Israël aux chapitres 11 et 12, il prend une nouvelle position pour s’adresser aux foules rassemblées autour de lui sur le rivage, alors qu’il était monté sur une nacelle. Il n’attend plus de fruit de sa vigne, figure d’Israël (Ps. 80. 8 à 16) qui, placé sous la loi, n’a produit que des raisins sauvages (És. 5. 1 à 7).

Malgré les conditions privilégiées accordées à ce peuple, il a été prouvé que l’homme dans son état naturel est incapable de porter du fruit pour Dieu (Ps. 53. 3). Dieu change alors de disposition. Il sème sa Parole dans les cœurs. Si elle est reçue par l’action de l’Esprit et par la foi, la vie divine est communiquée, et, dans ses multiples manifestations, du fruit est produit à la gloire de Dieu.

Le champ concerné par ces semailles n’est pas Israël seulement, mais toute l’humanité figurée par la mer (És. 17. 12 et 13 ; 57. 20). Si le cœur de l’homme est ce terrain sur lequel la Parole est répandue, il y a cependant différents états du cœur en présence de la divine semence.

Jésus dit beaucoup de choses aux foules par des paraboles : « Voici un semeur sortit pour semer… » (Mat. 13. 3 à 9). Écoutons le message qui nous est adressé aujourd’hui : « La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10. 17).

Des quatre terrains, un seul produit du fruit pour Dieu, ce qui met en relief les nombreux obstacles pour que la parole de Dieu soit reçue, dans un cœur par la foi. Seule la parole de vie, divine semence, peut produire la nouvelle naissance (Jean 3. 5 à 8), communiquer la nature divine (2 Pier. 1. 4), régénérer (1 Pier. 1. 23). Mais le cœur de l’homme dans son état naturel est trompeur par-dessus tout, et incurable (Jér. 17. 9). Il ne produit que de mauvais fruits attirant le jugement de Dieu en condamnation.

Avant même d’obtenir une explication, les disciples demandent au Seigneur pourquoi il parlait aux foules en paraboles. La réponse montre que cette manière cachée de s’exprimer était liée au fait que le cœur du peuple s’était endurci (Mat. 13. 15). Sous l’action de sa propre volonté il avait bouché ses oreilles, fermé ses yeux et son cœur depuis qu’Ésaïe, le prophète, l’avait annoncé plus de sept siècles auparavant (És. 6. 9 et 10).

Après avoir méprisé tout ce temps de la patience de Dieu, ce peuple finit par rejeter son Messie lorsqu’il lui a été présenté. En Marc 4. 30, le Seigneur donne une indication à travers une interrogation : « Comment comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle parabole le représenterons-nous ? »

Par un récit emprunté à la vie ordinaire ou à la nature, domaine du vrai et du possible, il dégage une vérité morale et spirituelle qui est comparée, assimilée à cet événement. Ce royaume ne pouvait s’établir en gloire tant que le roi était rejeté de son peuple. Pour le moment, il prend une forme mystérieuse dont Jésus entretient les siens dans son enseignement.

Seuls les disciples de Jésus, l’ayant accepté comme Sauveur et Seigneur, peuvent entrer dans la connaissance du mystère du royaume des cieux.

Le Seigneur apprécie dans notre cœur le vrai désir de comprendre ce qu’il dit et il donnera son explication au moment opportun. Lisons et relisons avec prière le saint Livre, chaque jour, avec persévérance, sachant que « le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent » (Ps. 25. 14).

Cher jeune lecteur encore inconverti, aujourd’hui Jésus, le Fils de Dieu, t’offre sa grâce, son pardon, sa paix et toutes les bénédictions accordées à ceux qui reconnaissent la valeur et la nécessité de son œuvre expiatoire. Remettre à demain ce choix capital pourrait être fatal.

Maintenant Jésus va expliquer aux siens cette parabole du Semeur en donnant les raisons de la stérilité des trois premiers terrains.

Dans le premier cas, la semence tombe le long du chemin. Cela correspond au cœur qui ne comprend pas la parole qu’il a entendue, car il est indifférent, incrédule, distrait par toutes sortes de préoccupations qui insensibilisent la conscience. Il y a les études, le travail, les affaires de la vie, les loisirs très attrayants et très diversifiés aujourd’hui. Et que dire de la coupe des délices du péché ? Ce cœur est dur comme un chemin dans lequel tout le monde passe et repasse. La divine semence ne peut y pénétrer, si bien que Satan, le méchant, s’empresse de la ravir, « de peur qu’en croyant ils ne soient sauvés » (Luc 8. 12).

L’excuse très fréquente n’est-elle pas : Je n’ai pas le temps ? Et ainsi Satan, le menteur et le meurtrier, entraîne ses victimes insouciantes vers l’abîme de l’éternelle perdition. Mais béni soit Dieu, Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs (1 Tim. 1. 15).

La semence répandue sur les endroits rocailleux concerne les auditeurs de la Parole qui la reçoivent aussitôt avec joie. Une certaine émotion a saisi l’âme, les sentiments ont été touchés. Mais la conscience n’a pas été travaillée en profondeur par la conviction de péché, provoquant une tristesse selon Dieu et une repentance à salut.

Il n’y a pas de racine, pas beaucoup de terre, pas d’humidité, d’où la sécheresse quand le soleil de la tribulation ou de la persécution apparaît. Il n’y avait que l’apparence de la foi et « au temps de la tentation ils se retirent » (Luc 8. 13). Par contre, le croyant qui a reçu le Christ Jésus, le Seigneur, est enraciné et édifié en lui, affermi dans la foi, à travers toutes les épreuves (Col. 2. 6 et 7).

Dans la troisième catégorie, la semence est tombée entre les épines, dans un sol déjà encombré. Si la Parole a pénétré plus profondément et malgré quelques effets visibles, l’âme manque d’énergie pour vaincre les nombreux soucis de ce siècle.

Que de questions : que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi seront-nous vêtus ? Et puis il y a l’amour des richesses trompeuses, des plaisirs vains, que le monde offre pour répondre à toutes les convoitises insatiables du cœur humain. Privée d’air et de lumière, la jeune plante progressivement étouffée par les épines, ne produit aucun fruit. « Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1 Jean 2. 15).

Enfin le quatrième terrain, c’est la bonne terre, une conscience labourée par Dieu, par la vérité. La Parole a été entendue, comprise par la foi, reçue en toute soumission. Elle est retenue dans un cœur honnête et bon, disposé à obéir.

S’il y a du fruit, ce n’est pas grâce au terrain (1 Jean 5. 19), mais à la divine semence tombée dans un terrain préparé par Dieu. L’âme a été convaincue de sa culpabilité, de sa souillure dans la présence de Dieu qui est juste et saint. Elle a prononcé ces paroles du prophète : « Malheur à moi ! car je suis perdu » (És. 6. 5). Le cœur et la conscience ont été atteints. Et le fruit porté avec patience vient manifester la présence de la vie divine (Gal. 5. 22 ; Éph. 5. 9 et 10 ; Phil. 1. 11).

Les croyants sont aussi concernés par l’enseignement de cette parabole qui s’applique « toutes les fois que quelqu’un entend la parole » (Mat. 13. 19).

Le racheté du Seigneur ne peut pas perdre son salut, mais ne peut-il pas s’habituer à entendre la Parole sans y prendre garde, et laisser son cœur s’endurcir ? Ne peut-il pas fléchir sous la séduction des subtiles tentations de l’ennemi, ou se laisser accaparer par les affaires de la vie ? Les épines de ce monde ne peuvent-elles pas encombrer son cœur, créer une somnolence spirituelle, et l’empêcher de porter du fruit pour Dieu ? Écoutons les avertissements du Seigneur : « Prenez garde à ce que vous entendez » (Marc 4. 24), « Prenez donc garde comment vous entendez » (Luc 8. 18).

La parabole de l’ivraie (Mat. 13. 24 à 30, 36 à 43).

Le chapitre 13 de l’évangile de Matthieu présente sept paraboles dont la première est celle du semeur. Nous y avons vu comment le Seigneur opère pour produire du fruit.

Les six paraboles suivantes traitent des résultats de ces semailles dans le monde jusqu’à l’établissement du royaume en gloire. C’est le temps où l’Église est formée sur la terre, et où le royaume est établi alors que le roi, rejeté de son peuple, est caché dans le ciel.

Les trois premières paraboles adressées aux foules exposent l’aspect extérieur du royaume des cieux, tel que les hommes peuvent le voir. Jésus annonce comment par l’infidélité des hommes et l’activité insidieuse de Satan, la récolte dans ce monde serait altérée.

Les trois dernières paraboles font ressortir ce qui est de Dieu au sein d’un tel état de choses. Le cœur de Christ peut apprécier ce qui est d’un prix incomparable à ses yeux, ses rachetés, son Église. Ces dernières paraboles sont communiquées en secret aux disciples, soit dans la maison, lorsqu’ils demandèrent l’explication de celle de l’ivraie.

Tandis que seuls les enfants d’Israël constituaient un royaume pour Dieu, il en est maintenant autrement. Pour faire partie du royaume de Dieu, il faut être né de Dieu (Jean 1. 13), passer par la nouvelle naissance (Jean 3. 3 à 5). Cette opération de l’Esprit de Dieu est produite par la foi en la Parole de Dieu reçue dans le cœur. Appartiens-tu en réalité au royaume de Dieu ?

Jésus leur proposa une autre parabole, disant : « Le royaume des cieux a été fait semblable à un homme qui semait de bonne semence dans son champ. Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l’ivraie parmi le froment, et s’en alla. Et lorsque la tige monta et produisit du fruit, alors l’ivraie aussi parut » (Mat. 13. 24 à 26).

Cette parabole présente le mélange constitué par la présence de croyants et de personnes qui font profession de christianisme, ayant été baptisées, mais n’ayant pas la vie de Dieu.

Il y a dans ce champ, comme le souligne le Seigneur, la bonne semence, c’est-à-dire les fils du royaume, et l’ivraie représentant les fils du méchant (v. 38).

Depuis le temps du Seigneur et des apôtres annonçant la Parole en toute pureté, les hommes, par manque de vigilance, car ils dormaient, ont permis à l’ennemi de semer l’ivraie. Ils ont laissé s’introduire dans la chrétienté des fausses doctrines et des personnes ne possédant pas la vie de Dieu. Et aujourd’hui partout où la parole est semée, l’ivraie a tout envahi.

On comprend que les esclaves devant ce mélange visible se soient proposé d’arracher l’ivraie. Mais le Seigneur leur dit : « Non, de peur qu’en cueillant l’ivraie, vous ne déraciniez le froment avec elle. Laissez-les croître tous deux ensemble jusqu’à la moisson » (v. 29 et 30). N’ayant pu empêcher l’ennemi de semer l’ivraie, comment ces hommes infidèles auraient-ils pu enlever l’ivraie sans arracher le froment ?

Ainsi l’ennemi avec toute sa ruse a réussi à introduire les fils du méchant parmi les fils du royaume. Il ne s’agit pas ici de païens ou de Juifs, mais de ceux qui ont la forme de la piété et en ont renié la puissance. Ils ne possèdent pas cette vie caractérisée par la pratique de la justice et l’amour des frères (1 Jean 2. 29 ; 4. 7).

Ce mélange de fidèles et d’âmes égarées par Satan constitue la chrétienté, subsistant jusqu’à la venue du Seigneur. Et loin de se conformer aux injonctions du Seigneur, les hommes ont déclenché dans la chrétienté de terribles persécutions et, sous prétexte d’extirper l’ivraie, ils ont souvent ôté le froment.

Il n’appartient pas aux hommes d’exercer le jugement sur ceux qui n’ont pas la vie, d’exterminer ceux qu’on estime hérétiques. C’est le temps où Dieu proclame sa grâce. Par contre pour obéir à la Parole, il est impératif que le fidèle aujourd’hui se sépare du mal et du monde (2 Tim. 2. 19, 22 et 23 ; 2 Cor. 6. 17 ; 7. 1 ; 1 Jean 2. 15).

C’est au temps de la moisson que s’effectuera le triage confié aux anges, figurés dans la parabole par les moissonneurs. Ce sera le jugement séparant les méchants des justes, selon la parole du Seigneur aux moissonneurs : « Cueillez premièrement l’ivraie, et liez-la en bottes pour la brûler, mais assemblez le froment dans mon grenier » (v. 30).

Le Seigneur précise à ses disciples que cette séparation aura lieu à la consommation du siècle, événement qui précède l’établissement du royaume en gloire.

Déjà l’ivraie se lie en bottes par toutes sortes d’associations liant les hommes entre eux, qu’il s’agisse des incrédules affirmés ou de ceux qui se prétendent chrétiens sans avoir été vivifiés par la Parole de Dieu. Mais le disciple de Jésus, averti par son Maître, se tient séparé de ces bottes d’ivraie, n’ayant rien à faire avec ces systèmes associatifs qui annoncent l’imminence du jugement. Avant que l’ivraie ne soit brûlée, le froment est recueilli dans le grenier, image de l’enlèvement de tous les croyants dans le ciel.

En donnant ses explications aux disciples, dans la maison, le Seigneur ajoute de nouveaux développements dans les versets 40 à 43 pour le temps où les jugements s’exerceront à l’égard des méchants : « Comme donc l’ivraie est cueillie et brûlée au feu, il en sera de même à la consommation du siècle. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils cueilleront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise de feu : là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ».

Au terme du temps de sa patience, le Seigneur venu une fois sur la terre, comme le semeur, va envoyer ses anges pour enlever de son royaume tous ceux qui auront été un sujet de scandale, et qui, dans une marche sans frein et sans loi, auront refusé de se soumettre à l’autorité du roi rejeté et caché dans le ciel. La seule issue pour eux sera la fournaise ardente dans la tristesse d’un remords éternel et l’irritation que rien ne pourra apaiser.

Par contre combien est précieuse la part des justes ! Ils sont vus ici dans la partie céleste du royaume, le royaume de leur Père, où ils jouissent de la même relation que le Fils bien-aimé. Leur position est bien plus glorieuse que celle occupée sur la terre dans le royaume établi en gloire. Resplendissants comme le soleil, ils reflètent la gloire de Christ. Comme les objets de sa pure grâce pendant l’éternité, rien ne viendra plus troubler le bonheur des élus.

L’ivraie nous rappelle aussi un enseignement pratique concernant ce que l’ennemi peut semer dans notre cœur. Tel livre que j’ai pu lire à l’insu de mes parents, tel spectacle auquel j’ai assisté sans leur consentement, tels propos de camarades pervers… Rien ne se passe dans l’immédiat, mais plus tard l’ivraie germe…

On peut assister à la lecture de la Parole en famille, aux réunions fidèlement, et cependant à un certain âge des convoitises s’allument, des raisonnements et des doutes assaillent l’esprit, l’ennemi a semé l’ivraie et les résultats alarmants apparaissent au bout de quelque temps. Quelle sera l’issue d’une telle vie ? (Lire Éccl. 12. 1).

D’après La Bonne Nouvelle 1987