LES TORRENTS

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LES TORRENTS

 

Ce texte, qui évoque les quinze torrents dont la Bible nous parle, a été élaboré en 1939 par notre cher frère Pierre Rossel. Nous proposons ci-dessous quelques extraits choisis de la méditation de notre frère.

Je désirerais que nous allions faire quelques pas ensemble au bord des torrents de la Parole de Dieu et que là, conduits par le Saint Esprit, nous recevions les enseignements que Dieu veut nous donner.

 

Le torrent du Cédron (2 Sam. 15. 23 et Jean 18. 1)

Nous pensons d’abord au torrent du Cédron que notre Sauveur bien-aimé traversa pour aller à Gethsémané. Mille ans auparavant, le roi David, poursuivi par son propre fils, l’avait traversé « montant et pleurant ». Quel spectacle ce dut être de voir ce pauvre roi au cœur meurtri franchir ce torrent, la tête couverte et marchant nu-pieds. Et tout le peuple pleurait à haute voix.
Mais David n’était que le type d’un plus excellent que lui, l’Homme Christ Jésus, qui plus tard traverserait aussi ce même torrent. La Parole nous l’apprend : « Ayant dit cela, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron, où se trouvait un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples ». Quelles étaient donc ces choses qu’Il avait dites ? C’était la merveilleuse prière qu’Il adressa à Dieu, Son Père, levant ses yeux au ciel : « Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils… Moi, je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire ». (Jean 17. 1 et 4).
Après avoir exprimé de telles « choses », Il s’en va de l’autre côté du torrent du Cédron, (le mot Cédron veut dire trouble). En effet, nous l’entendons dire : « Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ; mais c’est pour cela, pour cette heure, que je suis venu » (Jean 12. 27). Un peu plus tard, Il dira à Ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas troublé ni craintif ». Ceci est de toute beauté ! Pour Lui, le trouble de son âme sainte, pour nous, la paix du cœur, jusqu’au jour où se réalisera Son désir : « Que là où je suis, moi, ils y soient aussi avec moi » (Jean 17. 24).

 

Le torrent qui ne tarit pas (Deut. 21. 4)

Au-delà du torrent du Cédron, le torrent du trouble, se trouvait le jardin de Gethsémané qui veut dire « pressoir à olives ». Là, notre Seigneur a été foulé au pressoir de l’affliction et il nous semble L’entendre dire : « N’ai-je pas soumis et fait taire mon âme, comme un enfant sevré auprès de sa mère ? » (Ps. 131. 2). Mais ce n’était qu’un commencement de douleurs. Notre Sauveur bien-aimé sort du jardin et descend maintenant dans la vallée où coule un torrent qui ne tarit pas, dans laquelle on ne travaille ni ne sème : « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » (Jean 18. 11).
En Israël, quand on avait trouvé un homme tué sans savoir quel était l’auteur du meurtre, les anciens de la ville la plus rapprochée de l’homme tué devaient prendre une génisse, la faire descendre dans une vallée solitaire et lui briser la nuque en disant : « Pardonne, ô Éternel » (Deut. 21. 8). L’homme tué est l’image du Seigneur mis à mort par Son peuple, et la génisse à la nuque brisée est l’image du Seigneur mourant pour expier les péchés. Cette génisse était descendue dans une vallée d’une âpreté et d’une austérité sans pareille. Notre Seigneur l’a connue, cette vallée. Il en a traversé toute l’horreur durant les trois heures sombres où Il fut seul avec nos péchés. Comme personne, II a réalisé ce que c’était que « la désolation des hurlements d’une solitude » (Deut. 32. 10) – en cette nuit terrible de laquelle nous parlerons dans la cité où il n’y a pas de nuit.
Mais dans cette lugubre vallée coulait un torrent, un torrent qui ne tarit pas. N’avons-nous pas là une belle image de la grâce intarissable de Dieu qui eut justement son expression suprême au moment des trois heures ténébreuses ? Allons souvent au bord de ce torrent, ce torrent de la grâce et souvenons-nous que c’est cette grâce qui nous a sauvés, qui nous enseigne et qui suffira à tout jusqu’à la fin : jamais pour Ses enfants elle ne tarira.

 

Le torrent d’Eschol (Nomb. 13. 24) et le torrent du Kérith (1 Rois 17. 3)

Nous avons donc vu notre Seigneur au torrent du Cédron, puis au torrent qui ne tarit pas. Son œuvre est achevée, Il est ressuscité et assis dans les hauts lieux, et là Il attend le jour où, avec un cri de commandement, Il nous prendra à Lui. Dans cette attente, Il nous a donné de jouir par avance de notre céleste héritage. Semblables aux espions venus jusqu’au torrent d’Eschol et portant une grappe de raisin si lourde qu’il fallait la porter à deux, nous avons les arrhes de l’Esprit. Cette grappe était un échantillon des bénédictions qui attendaient le peuple dans le beau pays dont l’Éternel avait dit : « Je vous le donnerai ».
Ainsi, nous aussi nous avons un avant-goût des bénédictions éternelles qui nous attendent, car le Saint Esprit nous fait connaître ici-bas les trésors de la maison du Père, tous concentrés en une Personne, Jésus, le Seigneur de gloire.

Quittant le torrent d’Eschol, allons nous recueillir au bord du torrent du Kérith. C’est là qu’Élie le prophète s’en alla, obéissant à la Parole de Celui devant lequel il se tenait, et confiant dans Ses ressources inépuisables. Il fit selon la Parole de l’Éternel et dans ce temps de famine et de sécheresse il ne manqua de rien. Matin et soir, les corbeaux lui apportaient de la nourriture, et en tout temps il pouvait se désaltérer au torrent… jusqu’au jour où ce dernier tarit. Mais l’Éternel ne laisse pas son serviteur. Il le conduit chez une pauvre veuve et là, comme au torrent du Kérith, il sera, avec elle et son fils, abondamment rassasié. Jamais pour Ses enfants les soins de notre Dieu ne faiblissent. Ayons seulement confiance !

 

Le torrent de la vallée d’Éla (1 Sam. 17)

Au torrent d’Eschol nous avons appris que nous avons des biens meilleurs et permanents. Au torrent du Kérith, Dieu nous a fait éprouver l’infini de Ses ressources.
Au torrent de la vallée d’Éla nous découvrons que c’est dans l’infirmité que la puissance du Seigneur s’accomplit. David s’engage à combattre le géant Goliath. Saül veut lui donner sa riche armure, mais l’humble berger lui répond : « Je ne puis marcher avec ces choses ». Il ne prend que son bâton et se choisit du torrent cinq pierres lisses. Il n’a rien d’autre, mais il a tout, car il sait que la bataille est à l’Éternel et que les Philistins seront livrés à Israël par l’Éternel. « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes faiblesses, dit l’apôtre, afin que la puissance du Christ demeure sur moi… car lorsque je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12. 9 et 10).
Cinq est le chiffre de la faiblesse. David prend cinq pierres et avec la première, il tue l’un des plus vaillants hommes que la terre ait jamais portés. André, le disciple de Jésus, apporte cinq pains de la main d’un petit garçon, et une foule de cinq mille âmes est nourrie et rassasiée (Jean 6. 9 à 11). Enfin un frère spirituel se lève dans l’Assemblée, prononce cinq paroles et toute l’Assemblée est édifiée et nourrie (1 Cor. 14, 19).
Pourquoi de tels résultats, chers amis ? Parce que c’est l’Éternel qui a combattu au côté de David, parce que c’est le Saint Esprit qui a donné à un frère les cinq paroles intelligentes.
Voilà ce que nous apprenons en allant méditer sur les bords du torrent d’Éla.

 

Le torrent de Kison (Jug. 5. 21)

Déborah, en un temps de ruine bien semblable au nôtre, chante dans son cantique la défaite des ennemis de l’Éternel et dit :
« Le torrent de Kison les a emportés, le torrent des anciens temps, le torrent de Kison. Mon âme, tu as foulé aux pieds la force ! »
Cette mère en Israël a remporté une victoire éclatante, permise par Dieu en ce temps de si grande faiblesse, et elle dit sa reconnaissance dans un cantique bien connu. Mais en célébrant cette victoire auprès du torrent de Kison, elle rappelle les victoires d’autrefois, les durs combats des anciens temps qui ont été soutenus auprès de ce même torrent. Voilà pourquoi ce torrent est appelé le torrent des anciens temps, le torrent des combats.
Nous aussi nous avons une lutte, une dure lutte à soutenir, car l’Ennemi cherche à nous anéantir. Il a deux grands moyens à sa disposition, moyens qui n’ont que trop bien réussi jusqu’à ce jour : d’une part le goût et le zèle pour le monde et les choses qui sont dans le monde et, d’autre part, l’abandon de la Parole de Dieu et l’insoumission aux vérités scripturaires.
Au siècle dernier, des hommes de Dieu ont été suscités; ils se sont levés comme Déborah en Israël pour défendre l’intégrité de la Parole de Dieu et ont remis en lumière ses vérités fondamentales. Ils ont été ces princes, ces hommes nobles du peuple qui ont creusé « le puits » avec leurs bâtons.
Gardons donc ce précieux enseignement ; tenons ferme ce que nous avons, afin que personne ne prenne notre couronne. Combattons par des prières, luttons à genoux ; descendons au torrent de Kison, demeurons à ce qui est dès le commencement et, comme Déborah, bénissons.

 

Le torrent de Jérusalem (Néh. 2. 15)

Néhémie, alors échanson du roi Artaxerxès en Médie, avait été profondément exercé en pensant à la ruine du résidu de son peuple, après la captivité. Nous savons comment il lui fut permis de quitter la terre d’exil et de retourner au pays de ses pères. Trois jours après son arrivée à Jérusalem, il monta de nuit par le torrent et considéra la muraille. Puis il parla avec les quelques Juifs qui habitaient encore le pays et les informa de ce que son Dieu lui avait mis au cœur de faire pour Jérusalem : bâtir la muraille et réparer ses portes. Les Juifs alors « fortifièrent leurs mains pour bien faire » et la construction fut achevée cinquante-deux jours plus tard.
Il en a été de même pour l’Église du Seigneur. Il y a plus d’un siècle, les murailles étaient dans un triste état. Mais des hommes suscités par Dieu se sont levés comme Néhémie et se sont mis à la brèche. Ils ont reconstruit la muraille. Que représente donc pour nous l’édification de la muraille ? C’est une mise à part collective de tout ce qui est d’un monde qui a rejeté notre Seigneur. Soyons vigilants pour être prêts à parer aux assauts du diable !
Nous avons besoin de monter par le torrent de Jérusalem et de considérer les grosses brèches que Satan a faites dans la muraille. Son but est de la renverser complètement. Mais nous savons que, malgré toutes les apparences, il n’y arrivera pas. Le Seigneur est pour nous. Il est lui-même « comme une muraille de feu tout autour ». Ne nous décourageons donc pas ! Le Seigneur attend de nous que nous soyons de ceux qui ont persévéré jusqu’à la fin.
Aimons toujours beaucoup l’Assemblée et prions pour elle, car Dieu se l’est acquise par le sang de son propre Fils (Act. 20. 28) et en Lui elle est parfaite (Zach. 2. 5).

 

Le torrent de Besçor (1 Sam. 30)

En 1 Samuel 30, nous voyons David dans une grande détresse. Pendant son absence, les Amalékites ont incendié la ville de Tsiklag et fait prisonniers les femmes et les enfants. Avec six cents hommes, David se lance à la poursuite de l’ennemi.
Arrivés au torrent de Besçor, deux cents hommes s’arrêtent, trop fatigués pour passer ce torrent. Ils ne sont pas fatigués du service, mais fatigués dans le service. S’ils s’arrêtent, ce n’est pas qu’ils abandonnent leur maître rejeté ; mais à ce moment-là les forces physiques leur manquent. Ils sont alors heureux de vaquer à une occupation plus modeste et plus cachée avec la pleine approbation de David : ils demeurent auprès des bagages. Puis, au jour des rétributions, ils reçoivent la même part que ceux qui ont combattu car, dit David, telle qu’est la part de celui qui descend à la bataille, telle sera la part de celui qui demeure auprès du bagage.
Ce principe, chers amis, est très important à considérer. Chacun n’est pas appelé à manier l’épée de l’Esprit devant les foules. Les uns descendent à la bataille, les autres restent au bagage et prient pour le serviteur du Seigneur comme pour les personnes placées au contact de la Parole de la grâce qui apporte le salut. Ainsi nous sommes tous coopérateurs dans la prédication de l’évangile, et la chose importante est que nous restions dans les limites du service qui nous ont été assignées, sans vouloir les dépasser. C’est là ce que l’Esprit nous enseigne au torrent de Besçor.

 

Le torrent qui descendait de la montagne (Deut. 9. 21)

Vous vous souvenez que, au moment où Dieu donna à son peuple la loi très sainte qui commençait par ces mots : « Je suis l’Éternel… tu n’auras point d’autres dieux devant ma face », Israël se fit un veau de fonte. Après avoir brisé les tables de la loi, Moïse prit ce veau, le réduisit en poudre qu’il jeta dans « le torrent qui descendait de la montagne » (Ex. 20. 3)
Nous apprenons donc au torrent du Sinaï que nous devons nous garder des idoles, et qu’en toutes choses Christ doit avoir la première place. Nous ne sommes pas venus à la montagne de la loi, mais à celle de la grâce, et c’est sur ce terrain-là que nous entendons l’apôtre de l’amour nous dire : « Enfants, gardez-vous des idoles ». Notre cœur aime les idoles et c’est ce cœur que le Seigneur doit briser en brisant les idoles. Il faut parfois toute la vie pour qu’un tel travail soit opéré et que l’on puisse dire avec le psalmiste : « Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. O Dieu ! tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié » (Ps. 51. 17)
Les soldats de Gédéon brisèrent leurs cruches et la lumière des torches jaillit. Marie de Béthanie brisa son vase d’albâtre et le parfum fut répandu sur la tête de son Sauveur. Le Seigneur brise nos vases de terre par l’épreuve, et ainsi l’homme intérieur est renouvelé de jour en jour. Retenons les vers de ce pieux poète :

« L’épreuve te fera connaître
Que nul don, du monde prisé,
Que nul mérite, aux yeux du Maître,
Ne peut valoir un cœur brisé » !

 

Le torrent de Zéred (Deut. 2. 13)

Durant son long voyage dans le désert, le peuple d’Israël a rencontré trois torrents : le torrent de Zéred, le torrent de l’Arnon et le torrent du Jabbok.
Découvrons ensemble les enseignements que Dieu veut nous donner auprès de ces torrents du désert.

A Kadès-Barnéa, Dieu avait envoyé des espions pour reconnaître le pays promis. Ceux-ci décrièrent le pays promis, si bien que tout le peuple pleura et murmura contre Moïse et Aaron. L’Éternel les châtia alors sévèrement : « Vous porterez vos iniquités quarante ans, et vous connaîtrez ce que c’est que je me sois détourné de vous » (Nomb. 14. 34).
Le peuple dut rebrousser chemin vers la Mer Rouge, tourner autour de la montagne de Séhir, pour finalement passer sur le territoire de Moab en traversant le torrent de Zéred.
La Parole de Dieu nous dit que les jours pendant lesquels les enfants d’Israël marchèrent depuis Kadès-Barnéa (là où ils méprisèrent le pays désirable), jusqu’à ce qu’ils aient passé le torrent de Zéred, furent trente-huit ans. Ce pénible voyage dura jusqu’à ce que toute la génération des hommes de guerre ait péri, comme l’Éternel l’avait juré. Quelle longue discipline !
Nous avons là une pensée très solennelle. Que de manquements dans notre marche! Le Seigneur doit nous discipliner parce qu’Il nous aime. Cette discipline peut durer plus ou moins longtemps, selon que le Seigneur le juge à propos. Et quand Il trouve bon d’en arrêter le cours, c’est alors une pleine restauration. lsraël a été trente-huit ans sous le coup d’une telle discipline et le torrent de Zéred en marque la fin bienheureuse : « Maintenant, levez-vous et passez le torrent de Zéred ».

 

Le torrent de l’Arnon (Deut. 2. 24 ; 2 Rois 10. 32 et 33 ; Nomb. 21. 13 à 17 ; 22. 36)

Après le torrent de Zéred, les enfants d’Israël traversèrent le torrent de l’Arnon qui sépare Moab des Amoréens. Les Amoréens, nous dit le prophète Amos, avaient la hauteur des cèdres et la force des chênes. Ils étaient donc redoutables. Mais l’Éternel, Homme de guerre puissant dans la bataille, était avec Son peuple pour livrer en sa main le roi Sihon et son pays. En effet, nous lisons : « L’Éternel, notre Dieu, livra tout devant nous ». Israël remporta une victoire définitive sur les Amoréens et le torrent de l’Arnon en est le lieu célèbre.
Mais le torrent de l’Arnon est aussi le lieu d’une défaite, car c’est là que, plus tard, « l’Éternel commença à entamer » Son peuple infidèle par le moyen des Syriens, à la fin du règne de Jéhu. C’est ainsi que dans notre vie nous remportons des victoires quand nous vivons près du Seigneur, et que nous essuyons des défaites quand nous L’oublions.
Je ferai encore remarquer que c’est du torrent de l’Arnon que le peuple d’Israël vint au puits de Béer et qu’il chanta ce beau cantique rappelant le travail des hommes nobles qui avaient creusé ce puits avec leurs bâtons. Oui, les puits de la Parole vivante et permanente sont creusés ; des frères qualifiés ont été suscités pour cela autrefois. Il est évident que la bénédiction du Seigneur serait infiniment plus abondante dans l’assemblée si, individuellement, nous nous abreuvions davantage au puits de la Parole et aux écrits qui nous l’expliquent.
Enfin, c’est aussi au torrent de l’Arnon que Balak rencontra Balaam. Nous savons comment Balaam, au lieu de maudire le peuple, dut le bénir, et comment il en décrit la beauté dans quatre prophéties.

 

Le torrent de Jabbok (Deut. 3. 16 et Gen. 32. 23)

Après avoir traversé le torrent de Zéred puis celui de l’Arnon, le peuple s’approcha d’un troisième torrent avant d’arriver au Jourdain : le torrent du Jabbok qui fait limite entre les Amoréens et les fils d’Ammon. Il ne le traversa pas, mais conquit le pays de Basan en vainquant le roi de cette contrée, le géant Og. Tout ce royaume fut donné à la demi-tribu de Manassé, tandis que le pays compris entre les torrents de l’Amon et du Jabbok fut remis à la tribu de Ruben et à la tribu de Gad. Ces deux tribus et demie ne voulurent pas traverser le Jourdain. Elles avaient de nombreux petits enfants et des quantités de troupeaux ; aussi préférèrent-elles s’installer dans ces pays conquis, pour y établir des villes et des enclos, plutôt que d’entrer en possession de la terre promise.
Il en est de même pour beaucoup d’enfants de Dieu. Leur christianisme ne s’élève pas bien haut ; il gravite autour de leurs affaires de tous les jours. Se confier en Dieu pour notre vie quotidienne est déjà une grande chose sans doute ; mais soyons plutôt de ceux qui ont franchi le Jourdain, qui sont heureux de pénétrer dans le ciel, là où leur Seigneur glorifié habite.
Le torrent du Jabbok nous rappelle aussi cette nuit mémorable où Jacob, après l’avoir traversé avec tout ce qui était à lui, resta seul et lutta avec un homme jusqu’au lever de l’aurore. Cet homme était Dieu lui-même. Il allait briser Son serviteur en lui touchant l’articulation de la hanche. Jacob apprend ainsi combien la chair est impuissante. Puis une deuxième lutte s’engage, et cette fois, c’est Jacob qui est vainqueur par la foi en les bénédictions divines. Dès lors il porte un nouveau nom, celui d’Israël ou vainqueur de Dieu. Il appelle le lieu de la lutte « Péniel », car là il vit Dieu face à face et son âme fut délivrée. Par sa force, dit Osée, Jacob lutta avec Dieu et il fut vaincu : son moi fut brisé ; puis il lutta avec l’Ange et il prévalut. Comment ? En pleurant et en suppliant. Telle est l’étape principale du pèlerinage de Jacob et tel est aussi le but de notre vie : apprendre qu’en nous il n’habite aucun bien et aucune force, mais qu’en Dieu se trouvent toute bénédiction et toute ressource. C’est la grande leçon du torrent du Jabbok.

 

Le torrent d’Égypte (Nomb. 34. 5 et És. 27. 12)
Les torrents d’eau (Jér. 31. 9)
Le torrent dans le chemin (Ps. 110. 7)

Nous arrivons au bout du voyage, chers amis. En Nombres 34, l’Éternel nous indique les limites du beau pays qu’Il allait donner à Son peuple en héritage. Touchant la limite méridionale, celle qui sépare Canaan du grand désert, il nous est dit qu’elle passe par le torrent d’Égypte. Le nom de ce torrent nous rappelle qu’un jour, esclaves de Satan, nous avons été délivrés de la servitude de l’Égypte. Il nous fait également penser, de par sa situation entre le désert de Sinaï et Canaan, à notre marche dans ce monde, marquée par la faiblesse certes, mais couronnée de la bonté inlassable de notre Dieu.
Dans les temps à venir, un souffle de l’Esprit de Dieu passera sur l’Égypte, « depuis le courant du fleuve jusqu’au torrent d’Égypte » et les fils d’Israël seront rassemblés un à un, en vue de la bénédiction du règne. Dieu lui-même, le Dieu de toutes les familles d’Israël, les fera marcher vers des torrents d’eau par un chemin droit.
Bientôt nous allons, nous aussi, nous désaltérer aux torrents d’eau, aux torrents de Sa grâce infinie. Nous verrons alors face à face dans toute Sa gloire Celui qui, sur la terre, a bu du torrent dans le chemin. Toutes les fois que le Seigneur avait l’occasion ici-bas de mettre en évidence la volonté de Son Dieu, Il buvait du torrent, Son âme était rafraîchie, désaltérée.
C’est donc Lui que nous allons voir, non plus humilié et abaissé, mais « levant haut la tête ». Nos âmes, nos cœurs seront eux aussi rafraîchis – et pour toujours – de Lui et par Lui. Dieu veuille hâter ces choses en leur temps ! Amen.

D’après La Bonne Nouvelle 1994

 

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