GEORGES WASHINGTON : LE CHRÉTIEN

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GEORGES WASHINGTON : LE CHRÉTIEN

 

Les États-Unis ont célébré le bicentenaire de leur premier Président le 22 février 1932. Le monde entier a rendu hommage au général, à l’homme d’État, au grand citoyen qu’il fut. Sa valeur est incontestée et on le considère comme celui qui a fait des États-Unis une des premières puissances du monde. Mais, en général, on parle fort peu de sa foi en Dieu et de sa vie intérieure, pourtant très réelles.
Son père mourut quand l’enfant n’avait encore que onze ans. Dans cette courte période, nous apprenons qu’il se donna beaucoup de peine pour inculquer à son fils l’amour de la Parole de Dieu, le respect des services divins et la grande vertu chrétienne de l’altruisme.
Washington fut fidèle à ses principes ; malgré sa vie active, il prit toujours le temps de prier, et partout où il était, il instituait un service divin, soit chez lui, soit parmi ses soldats dans la vie de camp, donnant des ordres pour que ces derniers assistent aux services religieux, et donnant l’exemple lui-même par sa régularité au culte du dimanche.
Washington avait pour sa mère une grande vénération ; elle menait une vie sainte, « cachée avec Christ en Dieu » et elle eut, à cause de cela une profonde influence sur son fils. Elle lui inspira sa piété et ses fermes convictions chrétiennes.
A 13 ans, c’était déjà un garçon sérieux et réfléchi. Nous avons retrouvé qu’à cet âge, il copia dans un journal intime des pensées que l’on a publiées depuis sous le titre : « Règles de politesse et de bonne tenue en société et dans la conversation ». Cent dix préceptes invitent à la maîtrise de soi, à la modestie, au respect des autres. L’idée qui revient le plus fréquemment est celle d’une vie vécue pour autrui, qu’il avait certainement puisée auprès de sa mère et dans la Bible : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22. 27). Nous citerons les trois dernières « règles » :
• Quand vous parlez de Dieu et de Ses attributs, que ce soit avec sérieux et révérence. Honorez vos parents et obéissez-leur, même s’ils sont pauvres.
• Que vos récréations soient saines et non souillées de péché.
• Efforcez-vous de garder vivante en vous cette petite flamme qui s’appelle la conscience.
Pendant les rudes années de la Révolution, Washington eut à souffrir, non seulement de privations, mais aussi des intrigues et des calomnies que la jalousie montait contre lui ; il fut trompé et trahi par ses amis, mais ces choses n’aigrirent point son caractère (ce qui prouve sa noblesse d’âme). Elles enrichirent son expérience et sa vie religieuse. Son âme mûrit sous les coups de l’épreuve.
Le problème de l’esclavage, dans son pays, le tourmenta toute sa vie. Il aurait voulu pouvoir affranchir les esclaves et était en rapports fréquents avec les autorités des États du Sud. Il libéra quelques-uns de ses propres esclaves et leur procura terres et cases. La question était trop vaste et trop compliquée pour qu’un seul homme puisse la résoudre. Lorsqu’en 1769, quelques-uns d’entre eux tombèrent victimes d’une épidémie de petite vérole, il se rendit lui-même dans sa propriété et fit tout ce qu’il put pour leur guérison ; il amena de bons médecins, des infirmières, des remèdes, des couvertures chaudes. Il les nourrit même de mets réconfortants de sa propre cuisine que surveillait et dirigeait sa femme. Il mettait en pratique ce que l’apôtre Jacques, dans son épître, indique comme étant la preuve de la vraie foi : « Je te montrerai ma foi par mes œuvres ».

Georges Washington savait puiser dans la Bible consolation et énergie. Son journal et ses notes de voyage font mention du nombre de ses présences au culte du dimanche et nous voyons qu’elles sont aussi fréquentes dans les périodes de sa vie publique et mouvementée que dans les temps de calme et de paix. Par exemple, à la date du 1er juin 1774, nous relevons ces mots : « Suis allé à l’église et ai jeûné tout le jour ». C’était en souvenir de la mise en vigueur du « Port Bill » de Boston.
« A l’heure actuelle, où le repos du dimanche est foulé aux pieds et remplacé par un jour de vacances et de sport, de jeu et d’intempérance, il est encourageant de nous rappeler que le Père de notre Pays considérait la piété comme indispensable à sa vie. Pour lui, le culte du dimanche, l’assemblée du peuple de Dieu, était une source de joie et de satisfaction. C’était un principe, mais aussi une joie ».

A Mount-Vernon

La résidence de Washington réunissait une compagnie aussi nombreuse que brillante ; elle avait dans tout le pays une grande renommée d’hospitalité. Malgré cela, jamais aucun invité n’empêcha Washington de se rendre au temple. Un pasteur rend ce témoignage : « Je me suis souvent trouvé à Mount Vernon le dimanche matin, quand la table était remplie d’invités. Il n’est jamais resté à la maison pour faire plaisir à l’un d’eux. Au contraire, il les invitait aimablement à l’accompagner au service divin ».
C’était un joli spectacle que l’arrivée du coche de Mount-Vernon à l’église de Pohick.
De 1759 à 1774, la même scène, pleine de pittoresque et de couleur, se répétait tous les dimanches matins. Quatre chevaux étaient attelés à la voiture (il en fallait six quand les routes étaient mauvaises) ; ils étaient montés chacun par un postillon bien stylé, en livrée blanche et cramoisie (les couleurs de la famille). Le Colonel Washington et ses invités escortaient le coche à cheval, tandis que d’autres voitures ou chaises à porteurs transportaient les dames de la maison.
Pendant qu’ils étaient à Philadelphie, le président et sa femme fréquentaient les services de l’Église du Christ.
Un jour qu’il était à York, en Pennsylvanie, et ne trouvait point d’église épiscopale dans l’endroit, il se rendit à l’église réformée hollandaise. Il écrit à ce sujet que « ne pouvant comprendre un mot de la langue, il n’y avait aucun danger qu’il devienne un de leurs adeptes par suite de l’éloquence du prédicateur » !
Sa loyauté à sa propre église lui inspirait le respect pour la fidélité des autres à leurs églises particulières, d’où une grande largeur d’idées, et un esprit de tolérance religieuse étonnant pour l’époque.
Il garda cette même attitude envers les différentes confessions de son pays, et de même envers les Quakers qui refusaient de servir dans l’Armée, alors que lui était éminemment soldat et qu’il avait tant besoin d’hommes. Mais il respectait leurs opinions et les louait hautement pour leurs vertus incontestables.
A table, Washington rendait toujours grâces pour la nourriture, même lorsqu’il était très pressé. On croit que ce rôle lui était échu à l’âge de 11 ans, après la mort de son père, car il était l’aîné de la famille. Pour montrer à quel point cette habitude était ancrée chez lui, nous citerons le fait suivant qui ne manque pas de charme.
Un jour, un pasteur était parmi les invités de Mount-Vernon. Au moment du déjeuner, au lieu de demander au pasteur de prononcer la bénédiction, Washington fit comme il en avait l’habitude et le repas commença.
Plus tard, on rappela à Washington qu’il avait peut-être commis là une impolitesse vis-à-vis d’un ecclésiastique.
Washington exprima son regret de l’oubli, mais ajouta :
Au moins, ce révérend « gentleman » ne pourra pas dire qu’à Mont-Vernon, nous sommes dépourvus de « grâce ».
De bonne heure dans sa vie, Washington révéla et affirma la profondeur de ses convictions religieuses. A la fin de sa course, il montra que sa foi n’avait point changé par une phrase très brève : « Tout va bien ! » puis son âme quitta ce monde pour aller dans la présence de Celui qu’il avait si fréquemment invoqué en temps de détresse et de trouble, et à qui il rendait grâces si sincèrement pour Son conseil, Sa protection et Ses innombrables bénédictions.

Le témoignage d’un conseiller de cour.

John Marshall, que Washington nomma « Chief of Justice », le premier juge des États-Unis, qui fut si longtemps à la tête du pays, interprétant et exécutant la Constitution, ami personnel du Président, dit de lui : « Georges Washington était un croyant sincère, sans ostentation. C’était un homme pieux. Il espérait en l’avenir de son pays parce qu’il savait que sa cause était juste et que la bénédiction divine reposait sur elle… »
Aujourd’hui, où nous cherchons le secret de la prospérité pour combattre cette période de dépression, nous ferions bien de nous rappeler les principes de ce grand homme. Maintes fois, il a déclaré que le bien-être d’une nation dépendait de la piété des individus qui la composent. Il parlait de Dieu comme du « Tout-puissant dispensateur de la Providence », « du Gouverneur suprême des nations », de « l’Auteur de tout bien public ou privé ».
Washington était un grand lecteur des Saintes Écritures, semblable en cela à plusieurs autres chefs des États-Unis : Lincoln, Roosevelt, Cleveland et Wilson. Un tel homme ne peut manquer d’être aussi un grand intercesseur. C’est ce qu’il fut : un homme de prière. C’était le fondement de sa vie, un point essentiel dans son programme quotidien, aussi occupé qu’il ait été.

Des traces dans la neige à Valley Forge.

Gettysburg ! C’était l’heure la plus sombre de la Révolution américaine. Le Congrès n’avait plus d’autorité ; il était méprisé à l’intérieur et à l’extérieur. Comment aurait-il pu obtenir des fonds pour équiper la petite armée des patriotes, qui diminuait de jour en jour ? L’armée anglaise s’était installée pour passer un confortable hiver à Philadelphie. Le reste de la petite armée de Washington mourait de faim et gelait à Valley Forge. Ils n’avaient ni couvertures, ni vêtements, ni nourriture, ni médicaments, ni souliers, ni argent, ni poudre. Les hommes se groupaient, désespérés, dans ce camp, et leurs empreintes sur la neige étaient rouges !
Chaque matin, Washington disparaissait pour aller dans un fourré d’où il reparaissait l’esprit tranquille, la paix sur le visage, la volonté affermie. Cela semblait si étrange, au milieu des circonstances décourageantes, que ses officiers se mirent à le suivre et à l’épier. A leur grande surprise, ils le découvrirent à genoux dans la neige, répandant son cœur en agonie pour le grand besoin de son pays, plaidant avec Dieu pour qu’Il le sauve du chaos de la défaite et de l’anarchie, qui était prêt à l’engloutir.
Des choses extraordinaires survinrent en réponse à cette prière d’un homme de foi à un Dieu juste, pour une cause juste.
De cette cause dont il disait en 1776 à Cambridge : « A vues humaines, elle est perdue. Nous avons contre nous la plus grande puissance du monde, sur terre et sur mer (l’Angleterre). Mais c’est une cause de justice éternelle et, comptant sur le secours du Dieu de justice, je consacre ma vie et ma destinée à la poursuivre jusqu’au bout ».
Un envoyé du Congrès survint dans le camp, apportant la nouvelle officielle que la France reconnaissait la Confédération comme une nation indépendante. L’or et les munitions commencèrent à affluer de France. Une splendide armée bien équipée et une flotte de guerre apparurent sur la scène, arrivant pour coopérer avec Washington. De Grasse et Rochambeau consommèrent la victoire par la prise de Yorktown et la reddition du général anglais Cornwallis.
Le neveu de Washington, qui lui servit de secrétaire au début de sa Présidence, déclara un jour qu’il avait, par hasard, surpris son oncle dans ses dévotions privées, auxquelles il se livrait matin et soir, et qu’il l’avait vu agenouillé devant une Bible ouverte. Il était persuadé que c’était là son habitude quotidienne. A quatre heures du matin, il se rendait dans son bureau, sans doute pour y faire sa lecture journalière.
Washington n’a jamais hésité ni éprouvé aucune honte à proclamer publiquement sa foi ni, comme Président, à émettre des proclamations où il invitait les citoyens à s’humilier dans la prière pour avoir péché contre Dieu. Abraham Lincoln en fit autant pendant la Guerre civile, et Wilson pendant la Grande Guerre. Il serait bon de nous en souvenir.
Le peuple américain reconnaissait si bien la sagesse et la capacité de Washington que, lorsqu’il fallut donner un chef à l’Armée défensive, il ne voulut personne d’autre que lui, et il fut élu à l’unanimité. De même, lorsqu’on fit l’élection d’un « chairman » de la constitution, Washington fut encore élu à l’unanimité, et enfin, lorsque les treize colonies se constituèrent en République fédérale, le peuple voulut que Washington soit son premier Président.

D’après la Bonne Revue 1932
C.E. Scott (du « Sunday School Times » de Philadelphie