SAUL DE TARSE – Actes 9
Ce qu’il a ressenti dans des moments difficiles
Le sujet de ce message, c’est l’apôtre Paul, mais pas l’apôtre Paul dans l’immense ministère qui lui a été confié, mais plutôt l’apôtre Paul dans ce qu’il a pu ressentir dans trois circonstances difficiles de sa vie.
Pour cela nous allons commencer par lire un premier passage dans le livre des Actes au chapitre 9. « Or Saul, respirant encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur, alla au souverain sacrificateur et lui demanda pour Damas des lettres adressées aux synagogues, en sorte que, s’il en trouvait quelques-uns qui fussent de la voie, il les amenât, hommes et femmes, liés à Jérusalem. Et, comme il était en chemin, il arriva qu’il approcha de Damas ; et tout à coup une lumière brilla du ciel comme un éclair autour de lui. Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? Et il dit : Qui es-tu, Seigneur ? Et il dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Mais lève-toi, et entre dans la ville ; et il te sera dit ce que tu dois faire… Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananias ; et le Seigneur lui dit en vision : Ananias ! Et il dit : Me voici, Seigneur. Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et va dans la rue appelée la Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car voici, il prie, et il a vu en vision un homme nommé Ananias, entrant et lui imposant la main pour qu’il recouvrât la vue. Et Ananias répondit : Seigneur, j’ai ouï parler à plusieurs de cet homme, combien de maux il a faits à tes saints dans Jérusalem ; et ici il a pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom. Mais le Seigneur lui dit : Va ; car cet homme m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et les rois, et les fils d’Israël ; car je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (v. 1 à 6, 10 à 16).
Pensons à ce qu’était Saul de Tarse : hébreu des Hébreux, depuis sa plus tendre enfance élevé dans le judaïsme. Dès qu’il a pu entendre, comprendre, cet enfant a été nourri de cette religion.
On peut dire, concernant Saul de Tarse, que le judaïsme, il l’a eu dans le biberon. Et non seulement cela, mais Saul de Tarse a adhéré de toutes les fibres de son être à ce qu’on lui a enseigné. Il a bu cette religion. Il a eu un zèle extraordinaire pour cette religion.
Il était plus avancé que les autres dans la connaissance du judaïsme. Il avait eu des maîtres renommés comme Gamaliel. Il avait développé une haine mortelle contre tout ce qui s’appelait chrétien. Il sentait, peut-être confusément, que le christianisme était la ruine du judaïsme.
Déjà dans le livre de Ruth, le premier qui a le pouvoir de rachat sur les possessions d’Élimélec, qui représente la loi, dit : « Je ne puis pas le racheter pour moi, de peur que je ne ruine mon héritage » (4. 6). Et peut-être que Saul de Tarse se rendait compte que ce christianisme risquait de ruiner le judaïsme auquel il était tellement attaché.
Et à cause de cette haine, le voilà sur le chemin de Damas, des lettres en poche pour lui faciliter l’accès auprès de tout ce qui était religieux à Damas et pour qu’il puisse ramener, liés, les chrétiens qu’il exécrait. Le voilà qui est arrêté sur son chemin, et jeté par terre. Voilà que, dans une poignée de minutes, peut-être une poignée de secondes, tout son judaïsme va voler en éclats, tout ce à quoi il s’était raccroché jusqu’à ce jour-là. Eh bien ! tout, tout a été pulvérisé.
Le voilà par terre comme un autre, son homonyme dans l’Ancien Testament. Lui aussi de la tribu de Benjamin, lui aussi, il s’appelle Saül. Il est le premier roi d’Israël. Lui aussi était grand, grand de taille, dépassant tout le peuple de la tête. Vous me direz : Saul de Tarse était-il si grand ? Peut-être pas physiquement, mais il dépassait tout le monde sur le plan religieux.
Il avançait plus que ses congénères dans la connaissance du judaïsme, et le voilà aussi par terre. Seulement la grande différence, c’est que, si Saül est tombé par terre de toute sa hauteur, cette chute à En-Dor (1 Sam. 28. 20) annonçait la chute définitive de cet homme qui s’est jeté sur son épée pour se suicider (1 Sam. 31. 4).
Saul de Tarse est aussi par terre. Il y a aussi une épée, mais cette épée c’est la parole du Seigneur qui s’adresse à lui, qui va lui donner une vie éternelle. Lorsque, par terre, il a perdu tout son judaïsme, cet homme qui ne peut plus se raccrocher à rien, entend cette voix : « Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? »
Nous avons, dans la Parole, sept personnes qui sont appelées deux fois par leur nom, et dans chacun de ces sept cas, on peut dire qu’il y a une émotion divine dans des circonstances particulièrement émouvantes où nous sentons battre le cœur de Dieu.
La première fois, c’est quand Abraham, à Morija, a son couteau levé sur son fils et que pour lui se sont éteintes en cet instant toutes ses aspirations, tous ses espoirs. Isaac, c’était le fils de la promesse et voilà qu’il lui faut le sacrifier, là à Morija. Et au moment où il est déterminé à obéir quoiqu’il lui en coûte, la voix de l’Éternel se fait entendre : « Abraham ! Abraham !… N’étends pas ta main sur l’enfant ». Dieu, en arrêtant la main d’Abraham levée sur son fils Isaac, pensait à ce moment où il n’y aurait personne pour arrêter Sa main lorsqu’Il frapperait Son Fils bien-aimé et qu’il revendiquerait sur Sa tête sainte l’éternité de notre châtiment.
Le deuxième qui a été appelé deux fois par son nom, c’est Jacob. Jacob est un homme qui a toujours été conduit par sa propre volonté. Là, il se trouve aux confins d’Israël, prêt à descendre en Égypte d’où l’appelle son fils bien-aimé, Joseph, ce fils qu’il pensait ne jamais revoir. Eh bien ! cet homme s’arrête. Il a appris à faire passer Dieu d’abord, et là il entend la voix divine s’adresser à lui pour lui dire : « Jacob ! Jacob !… ne crains pas de descendre en Égypte » (Gen. 46. 2 et 3). Dieu a mûri pour Lui-même, dans la vie de cet homme, un fruit infini pour Son cœur, parce que c’est Lui qui l’a fait.
Un troisième qui s’est fait appeler deux fois par son nom, c’est Moïse au buisson ardent. A l’âge où l’on met les gens largement à la retraite, Dieu, l’Éternel, va l’appeler du milieu du buisson : « Moïse, Moïse ». A ce moment-là, dans ce buisson, Moïse avait déjà un avant-goût de tout ce qui l’attendait. Un buisson à épines, c’était Israël, c’était dans le désert qu’il allait traverser avec ce peuple pendant quarante ans, et puis il y avait la présence de Dieu, la présence du Dieu de jugement dont le feu nous parle, mais en même temps le Dieu de grâce parce que le buisson n’était pas consumé.
Abraham, Jacob, Moïse et puis aussi – peut-être – pour des enfants qui nous écoutent – un enfant qui a entendu la voix de l’Éternel l’appeler deux fois par son nom : « Samuel, Samuel ». Il n’y a pas d’enfant trop petit pour entendre la voix de Dieu. Dieu t’appelle. Le Seigneur Jésus désire entrer en communication avec toi.
S’il y a quatre exemples d’hommes appelés deux fois par leur nom dans l’Ancien Testament, il y en a trois dans le Nouveau.
Le premier dans le Nouveau Testament, c’est dans Luc 10 : « Marthe, Marthe » (v. 41), qui était tellement accaparée par son service. Elle en oubliait peut-être un peu les motifs. Elle avait peut-être fait passer son service avant son Maître et par ce qu’elle faisait ; elle a besoin que le Seigneur l’appelle deux fois par son nom : « Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de beaucoup de choses ». Mes amis, est-ce que, souvent, cette frénésie de Marthe ne peut pas aussi nous gagner ? Elle avait oublié qu’il y avait quelque chose de plus important que le service qui l’accaparait tant. Il y avait cette place que sa sœur occupait aux pieds du Seigneur. Quelle est la priorité dans notre vie ? Est-ce que c’est l’activité, ou d’abord cette communion avec le Seigneur à la veille de Sa mort ? « Marthe, Marthe ».
Et puis, peu avant qu’Il souffre sur la croix, le Seigneur s’est adressé à son disciple Simon Pierre : « Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé ; mais moi, j’ai prié pour toi » (Luc 22. 31 et 32). Oui, le Seigneur savait de quoi serait capable Pierre – de Le renier. Pierre, lui, ne se connaissait pas. Il avait affirmé beaucoup de belles choses, et nous aussi, nous sommes capables d’affirmer de très belles choses. Nous sommes capables de chanter des cantiques magnifiques : « Aussi rien sur la terre n’a d’attrait pour mon cœur ». Et puis, qu’en est-il dans la pratique ? Ne devons-nous pas tous confesser qu’il y a un immense fossé entre ce que nous disons, ce que nous sommes capables de dire, et ce que nous réalisons ? Le Seigneur disait des pharisiens à Ses disciples : « Toutes les choses donc qu’ils vous diront, faites-les et observez-les ; mais ne faites pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas » (Mat. 23. 3).
Mes amis, est-ce que ce n’est pas une parole pour nos consciences ? Le Seigneur dit aussi : « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (Jean 13. 17). Le Seigneur a prié pour Pierre. Pierre a affirmé au Seigneur qu’il ne le quitterait point, et il a dû faire la triste expérience de ce qu’était son cœur.
Et là, nous avons le dernier, le septième. « Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? » Saul de Tarse alors va poser cette question : « Qui es-tu, Seigneur ? » Il ne pose pas une question sur la doctrine, il ne pose pas une question pour avoir une explication. Il a eu à faire à une Personne. Et cette question peut aussi résonner dans notre cœur : « Qui es-tu, Seigneur ? ». Est-ce que ce n’est pas l’interrogation qui devrait jalonner chaque jour de notre vie ? « Qui es-tu, Seigneur ? » Dans le chapitre 24 de la Genèse, nous avons Rebecca qui sort du désert, accompagnée par le serviteur, et lorsqu’elle lève ses yeux, elle voit un homme qui marche dans les champs. Elle aussi pose une question : « Qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre ? Et le serviteur dit : C’est mon seigneur » (Gen. 24. 65). Bien-aimés, est-ce que nous sommes conscients que notre vie chrétienne, c’est avant tout une Personne que nous sommes invités à découvrir chaque jour de notre vie ?
L’apôtre Paul dit dans l’épître aux Philippiens, au chapitre 3 : « pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances » (v. 10).
Alors le Seigneur répond à Saul de Tarse : « Je suis Jésus que tu persécutes ». Et là, déjà, nous avons un des mystères, qui sera confié à l’apôtre Paul, d’expliciter spécialement aux Éphésiens, ce lien indissoluble qui existe entre la Tête glorifiée dans le ciel et Son corps sur la terre. « Je suis Jésus que tu persécutes ». En persécutant les chrétiens, c’était Christ Lui-même qu’il persécutait. Nous sommes liés, bien-aimés, d’une manière indissoluble à la Personne de notre Bien-aimé.
Ce mystère de Christ composé de la Tête glorifiée dans le ciel et de Son corps que nous constituons sur la terre : voilà cette intimité dans laquelle nous sommes introduits. Nous avons ensuite aussi ces paroles du Seigneur s’adressant toujours à Saul de Tarse tombé par terre : « il te sera dit ce que tu dois faire ». Jusqu’à présent, c’est Saul de Tarse qui tenait les rênes. Et voilà les rênes de sa vie qui vont changer de mains. Qu’en est-il de notre christianisme ? Ce n’est pas suffisant de dire : Dieu voulant par ci, Dieu voulant par là. Mais est-ce que nous réalisons que les rênes de notre vie, normalement, ne sont plus entre nos mains, mais entre les mains de Celui qui nous a aimés jusqu’à la mort de la croix ? Saul de Tarse, qui avait fait des démarches pour avoir ces lettres, qui avait pris l’initiative d’aller à Damas, entend maintenant que quelqu’un d’autre que lui a un plan pour sa vie. Est-ce que nous réalisons aussi que le Seigneur désire prendre les rênes de notre vie ?
Il ne désire pas que nous les tenions et que nous soyons toujours conduits par notre propre volonté. Lui désire maintenant nous diriger.
Imaginons Saul de Tarse maintenant aveugle pendant trois jours. Il lui fallait bien trois jours pour surmonter cet évènement inouï, ce cataclysme dans sa vie qui s’est produit sur le chemin de Damas. Mes amis, n’y avait-il pas, humainement, le risque d’en perdre la raison ? Tout ce sur quoi il s’était appuyé avait été pulvérisé. Il a fallu les soins du Seigneur pour garder l’esprit de Paul. « Tes soins ont gardé mon esprit » dit Job (10. 12).
Je voudrais aussi dire un mot d’Ananias. C’est la seule mention que nous avons de ce serviteur du Seigneur. Et comme cela est touchant. L’important pour nous, ce n’est pas d’en faire beaucoup. L’important pour nous, c’est de faire exactement ce que le Seigneur désire que nous fassions.
Ananias est là, disponible. Lorsque le Seigneur l’appelle, nous l’entendons dire : « Me voici, Seigneur ». Voilà la disposition d’Ananias. Où en sommes-nous par rapport au Seigneur ? Lorsqu’Il veut nous employer, sommes-nous prêts à dire : « Me voici, Seigneur » ? Et lorsqu’il entend la mission qui lui est confiée, on peut imaginer que ses oreilles ont quelque peu tinté quand il a entendu le nom de Saul de Tarse. Il ne l’avait peut-être jamais vu, mais il en avait entendu parler. Pour lui, Saul de Tarse était un ennemi juré du christianisme. Et non seulement cela, mais il savait que Saul de Tarse était en route pour venir à Damas, respirant menace et meurtre contre des gens comme lui.
Imaginons les chrétiens de Damas. Peut-être ont-ils prié, peut-être ont-ils supplié le Seigneur : « Seigneur, un terroriste vient pour nous persécuter. Empêche-le de venir ». Ils ont peut-être prié pour que le Seigneur empêche Saul de Tarse de venir. Le Seigneur a répondu à leur prière, mais différemment. Ils craignaient un ennemi, le Seigneur leur envoie un frère.
Et lorsque Ananias entend parler de Saul de Tarse, il entend aussi : « cet homme m’est un vase d’élection ». Un vase, c’est un récipient. Souvent dans la Parole on parle de vases. Aujourd’hui, un vase est fait pour mettre des fleurs. Mais dans ce temps-là, un vase, c’était en général tout ce qui était un récipient, un récipient dans lequel on met quelque chose. Et nous sommes, à ce titre-là, tous des vases que le Seigneur voudrait remplir. Bien sûr, si le vase est plein de choses du monde, le Seigneur ne pourra rien y mettre. Mais si le vase que nous représentons tous est disponible dans la main du Seigneur, le Seigneur voudra, selon ce qui est dit dans la 2e épître aux Corinthiens au chapitre 4, y mettre un trésor. « Cet homme m’est un vase d’élection ».
Quel projet majestueux, souverain, avait le Seigneur à l’égard de Saul de Tarse ! Quand nous pensons que cet homme était un danger. Quelquefois on dit : oui, il y a un grand miracle dont nous parle la Parole. C’est le Seigneur qui dit : « si ceux-ci se taisent, les pierres crieront » (Luc 19. 40). Bien sûr, cette phrase du Seigneur a un aspect prophétique. Les ruines sont là pour nous enseigner. Mais malgré tout, une pierre qui crie, c’est un grand miracle. Mais quand même, une pierre n’a pas de volonté opposée au Seigneur. Une pierre, c’est inerte, tandis que Saul de Tarse avait une volonté complètement opposée au Seigneur, et le Seigneur l’a brisé pour en faire un vase à honneur pour lui.
Aussi, dernier point quant à cette scène. Il est dit : « je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom ». Le Seigneur Jésus ne nous a jamais promis une vie facile. Le Seigneur Jésus n’a jamais dit que, quand on devient chrétien, on doit annoncer l’évangile en disant : « Devenez chrétien et tout sera merveilleux ». Oui, d’un côté tout sera merveilleux, mais d’un autre côté les souffrances ne nous seront pas forcément épargnées.
Et l’apôtre Paul en a fait l’expérience plus que la plupart d’entre nous. Lorsque nous lisons le chapitre 11 de la 2e épître aux Corinthiens nous voyons dans quelles conditions d’adversité, de persécutions, de difficultés, il a exercé le ministère que le Seigneur lui avait confié. Mais en même temps, lorsqu’il se trouve une fois dans le banc des accusés, en face d’Agrippa et de Bérénice qui sont là en grande pompe, si on avait pu à ce moment-là prendre une photo et qu’on montre cela à un enfant : d’un côté, le roi, la reine, et d’un autre côté un prévenu dans le banc des accusés, on aurait pu demander à un enfant : « à la place duquel tu aurais aimé être ? » Humainement la réponse est : « je voudrais être comme le roi et pas comme ce pauvre prisonnier qu’on sort de sa cellule et qui va y retourner ». Et pourtant l’apôtre Paul va dire à tous ces gens bien, à tous ces gens qui tiennent le haut du pavé, tous ces gens qui semblent avoir la vie si facile : « Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous deveniez de toutes manières tels que je suis, à part ces liens » (Actes 26. 29). C’est-à-dire que Paul n’enviait absolument personne. Il avait trouvé dans le cœur du Seigneur Jésus ce qu’il n’était prêt à échanger contre rien du tout.
Nous allons passer à une autre circonstance que nous trouvons aussi dans les Actes, cette deuxième circonstance où l’apôtre Paul a passé un moment difficile. Nous lirons simplement le verset 11 d’Act. 23 :
« Et la nuit suivante, le Seigneur se tint près de lui et dit : Aie bon courage ; car comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent, à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome ».
Je ne sais pas s’il vous arrive, le soir, en posant votre tête sur l’oreiller, de repasser mentalement la journée. Vous vous souvenez peut-être que vous n’avez pas été tout à fait ce qu’il faut, peut-être que vous n’avez pas su saisir une occasion d’annoncer l’évangile, vous vous souvenez peut-être d’une parole qui n’était pas vraiment dans la lumière, d’une pensée qui n’était pas digne de notre Seigneur.
L’apôtre Paul en est un peu là. Il est là dans une prison froide, peut-être n’a-t-il pas d’oreiller, mais on peut imaginer qu’il repasse les évènements de la journée. Il pouvait penser à sa comparution devant le sanhédrin, un tribunal qui lui est particulièrement hostile parce que, pour le sanhédrin, ce tribunal religieux, Paul est un traître, c’est un renégat. Il y a peut-être, parmi le tribunal, des gens avec lesquels il a grandi, certains avec lesquels il a échangé sur le judaïsme autrefois, et maintenant ses anciens coreligionnaires sont tous ses ennemis, par dessus tout parce que tous ces gens-là ne peuvent pas lui pardonner une chose : c’est d’avoir osé toucher à leur monopole. Les Juifs étaient absolument persuadés d’avoir l’exclusivité de la bénédiction divine. Et dans ce que Paul avait dit dans son dernier discours du chapitre 22, on l’a écouté jusqu’à cette dernière phrase où le Seigneur a dit à Paul : « Va, car je t’enverrai au loin vers les nations » (v. 21).
Comment ces nations qui étaient honnies des Juifs, comment ose-t-il dire que ces gens peuvent accéder à la bénédiction ? Alors, devant ce tribunal, Paul a pu mesurer combien il était loin de son Maître.
Peut-être que c’était le même endroit où le Seigneur Jésus a comparu devant Caïphe. Bien sûr, le Seigneur a été là dans ce tribunal dans Sa perfection divine, alors que Paul a commencé à mal parler au souverain sacrificateur et qu’il a dû s’en excuser publiquement devant tout le monde. Il a pu mesurer ce qui le distançait de son Maître.
Il a aussi, en utilisant les tensions qui existaient dans ce sanhédrin entre les pharisiens et les sadducéens, jetés ces hommes les uns contre les autres en lançant le sujet de la résurrection. Oui, c’était peut-être très diplomatique, mais était-ce digne de son Maître ? Paul est là maintenant dans sa prison.
Il y a bien des choses aussi dans notre vie que nous voudrions peut-être faire, et nous ne le pouvons pas. Et puis au milieu de cette prison, cette nuit-là, tout à coup quelque chose s’éclaire : le Seigneur est là pour encourager Son serviteur découragé. Oui, Paul pouvait mesurer qu’il n’avait pas été ce qu’il fallait. Pourtant le Seigneur est là pour l’encourager, pour lui renouveler son mandat : « tu as rendu témoignage des choses qui me regardent, à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome ».
Le Seigneur l’encourage. Lorsque nous sommes découragés – et peut-être est-ce le cas de l’un ou l’autre de ceux qui écoutent ce message – souvenons-nous que nous ne sommes pas des surhommes, l’apôtre Paul non plus. Mais nous avons le même Seigneur, Celui qui veut se tenir auprès de chacun de Ses bien-aimés, alors que, bien souvent, nous ne sommes pas ce qu’il faut. Nous pouvons nous remémorer des journées qui n’ont pas été à Sa gloire. Le Seigneur est là. Il est Celui qui ne fait pas de reproches, toujours disposé à Se tenir auprès des Siens pour les encourager.
Le programme, le Seigneur le lui annonce : tu rendras témoignage à Rome. Les Juifs avaient bien un autre projet pour l’apôtre Paul. Ils voulaient, avec ruse, le faire transporter, le faire sortir, pour le faire interroger. Leur intention : c’était de le tuer. Ils s’étaient même inscrits dans une espèce de conjuration. Ils avaient dit qu’ils ne mangeraient pas jusqu’à ce qu’ils aient tué Paul. Mais ce n’est pas ce que les hommes échafaudent, les complots des hommes, qui s’accomplissent. La Parole de Dieu, c’est celle-là qui s’accomplira. On pense à ces hommes qui avaient fait un vœu de ne pas manger. J’imagine, au bout de quelques jours, comment ils ont été devant la nourriture… Ils ont bien été obligés de manger, reconnaissant que le vœu par lequel ils s’étaient liés, ils avaient bien été obligés de l’enfreindre, désobéissant ainsi à la loi. Mais leur judaïsme était tellement attaché à leur corps, que cela n’a pas parlé, semble-t-il, à leur conscience et à leur cœur.
La troisième circonstance, et la dernière, c’est lorsque Paul est en prison. Nous savons que Paul a été surabondamment en prison. Il le dit dans le chapitre 11 de la 2e épître aux Corinthiens.
Là, Paul est dans une prison particulièrement difficile. C’est sa dernière captivité à Rome. Il y en avait eu une première, où c’était plutôt de la garde à vue, où il avait été, bien sûr, gardé par des soldats, mais où il avait quand même possibilité de voir des frères et sœurs, et de les recevoir dans son appartement (Act. 28. 16,30).
Mais là, dans la 2e épître à Timothée au chapitre 1er, il écrit :
« Tu sais ceci, que tous ceux qui sont en Asie, du nombre desquels sont Phygelle et Hermogène, se sont détournés de moi. Le Seigneur fasse miséricorde à la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé et n’a point eu honte de ma chaîne, mais, quand il a été à Rome, il m’a cherché très-soigneusement et il m’a trouvé. Le Seigneur lui fasse trouver miséricorde de la part du Seigneur dans ce jour-là ; et tu sais mieux que personne combien de services il a rendus dans Éphèse » (v. 15-18).
C’est la dernière captivité de Paul. Il n’en sortira que pour aller au supplice. Nous lisons aussi l’autre passage qui nous parle, dans cette même captivité, de ce qu’a connu ce serviteur à la fin de sa vie.
« Or j’ai envoyé Tychique à Éphèse. Quand tu viendras, apporte le manteau que j’ai laissé en Troade chez Carpus, et les livres, spécialement les parchemins. Alexandre, l’ouvrier en cuivre, a montré envers moi beaucoup de méchanceté ; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Garde-toi aussi de lui, car il s’est fort opposé à nos paroles. Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné : que cela ne leur soit pas imputé. Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié, afin que par moi la prédication fût pleinement accomplie et que toutes les nations l’entendissent ; et j’ai été délivré de la gueule du lion. Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre et me conservera pour son royaume céleste. À lui la gloire, aux siècles des siècles ! Amen » (2 Tim. 4. 12 à 18).
Paul est un vieillard, dans une prison difficile, mêlé peut-être avec toute sorte de prisonniers de droit commun. C’est un vieillard, et il a besoin d’un manteau. Le grand apôtre, grelottant peut-être dans une nuit froide, était emprisonné – et pourtant ce n’était pas cela qui étreignait le plus son cœur. Bien sûr, il n’était pas un surhomme, bien sûr, il ne passait pas au-dessus des circonstances. Mais sa tristesse, c’est ce qu’il exprime dans le début de notre lecture lorsqu’il dit « tous ceux qui sont en Asie, du nombre desquels sont Phygelle et Hermogène, se sont détournés de moi ».
Ce n’était pas tellement qu’on avait abandonné physiquement l’apôtre Paul, c’est qu’on ne voulait plus de son enseignement. Et cela, c’est extrêmement solennel dans les jours dans lesquels nous sommes arrivés. L’apôtre Paul avait enseigné fidèlement ce que le Seigneur lui avait confié. On avait voulu un christianisme plus facile, en particulier il y avait ce qu’il a enseigné dans l’épître aux Romains, la ruine totale de l’homme, ce qui est diamétralement opposé à l’esprit du monde qui base tout sur l’humain. Eh bien ! cela on n’en voulait plus. Quelle tristesse pour l’apôtre !
Dans un temps aussi très sombre, celui du livre des Juges au chapitre 2, nous avons ce verset si poignant qui ressemble un peu à ce que nous avons là lorsqu’il nous est dit que « l’Ange de l’Éternel monta de Guilgal à Bokim ». Guilgal c’était justement l’endroit du jugement de la chair, de la circoncision. Et pourquoi l’ange quitte-t-il ce lieu ? Il le quitte parce qu’il n’y avait plus personne, et il s’en va à Bokim, le lieu des pleurs.
Où en sommes-nous par rapport à cela ? Est-ce que, dans notre vie chrétienne, nous intégrons ce « mourir de Jésus » (2 Cor. 4. 10), est-ce que nous intégrons cet enseignement que Paul nous a donné d’une manière si nette, ou bien ou est-ce que nous voulons abandonner Paul, nous aussi, pour un christianisme plus facile ? Et alors que Paul était en proie à un découragement que l’on peut bien comprendre, une visite s’est trouvée là.
Chercher un prisonnier à Rome, dans cette immense fourmilière, était un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais on voit avec quelle persévérance Onésiphore l’a fait, la persévérance que Dieu lui a donnée d’avoir pour chercher Paul. Onésiphore est là. Il encourage Paul, une fois ? Non, plusieurs fois.
Sa présence est là, mais aussi les paroles que Dieu lui a données. N’oublions pas aussi ce service. Nous avons peut-être des frères et sœurs qui sont découragés. Est-ce que nous avons à cœur ces âmes qui passent peut-être silencieusement, sans le dire, par un grand découragement ?
Onésiphore – alors que ce n’est pas tellement reluisant d’aller visiter un prisonnier, on préfère aller visiter un prince – lui n’a pas eu honte de la chaîne de Paul. Il est allé dans sa prison pour lui prodiguer les encouragements que le Seigneur lui a donnés à son égard. Il y a eu des comparutions devant le tribunal de l’empereur, Paul s’est senti tout seul, mais en même temps il a réalisé la proximité de son Seigneur, qui est Celui qui a promis d’être avec chacun des Siens, dans quelque circonstance que ce soit.
Le Seigneur est là, bien-aimés, près de chacun. Vous êtes seul, personne à qui parler ? Le Seigneur veut se tenir auprès de chacun. Nous ne sommes pas l’apôtre Paul, mais nous avons le même Seigneur, et Ses promesses demeurent. « Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle » (Mat. 28. 20). Ce sont les dernières paroles du Seigneur dans l’évangile selon Matthieu.
D’après Message donné sur : https://edification.bible/
Mai 2020
