MOT D’ORDRE DU CHRÉTIEN
Parmi les affaires d’ici-bas, il y en a qui sont les affaires de notre Père ; le savons-nous assez ? Le Seigneur Jésus Christ, encore enfant, le savait et S’en enquérait ; Christ, dans son service, ne savait ni ne faisait autre chose. Marchons-nous, en quelque mesure, sur Ses traces ?
La grâce qui nous sauve ne se limite pas à notre propre personne ; elle a de bien plus vastes proportions. Semblable à la source qui jaillit du pied de nos montagnes, elle remplit d’abord son propre bassin, puis elle en déborde et porte au loin ses eaux vives.
Chaque âme sauvée est destinée à en sauver d’autres. C’est un charbon ardent, pris au foyer, et destiné à devenir brasier lui-même. Dieu l’a voulu ainsi en unissant l’action de l’homme à l’action de Son Esprit. En règle générale, « la foi vient de ce qu’on entend » ; Dieu désire donc que Ses fils et Ses filles parlent, et soient les ouvriers de cette œuvre de propagation de l’Évangile.
En créant un chrétien, Dieu, en même temps, enrôle un soldat. Le chrétien est un homme fortifié par son Seigneur et par son Père pour agir, pour devenir l’ouvrier actif du bien.
Il y a cinq ou six expressions que je voudrais imprimer sur votre conscience – et sur la mienne – pour qu’elles stimulent une sainte activité.
Le premier de ces mots d’ordre, c’est : chacun à l’œuvre !
J’entends par là que tous les croyants d’un rassemblement, sans exception, doivent, selon la mesure de la vie qu’ils ont et selon la nature des dons qui sont en eux, travailler avec ces dons que Dieu leur a faits, pour les conserver et pour les accroître. Un jour, j’entendis un chrétien de grande expérience, dire qu’il ne croyait pas qu’il y eût dans les églises plus de cinq membres sur cent qui travaillaient aux affaires de leur Père. Ces paroles me frappèrent. Je voulus vérifier ce qu’il en était et, quoique cette assertion – Dieu en soit loué – ne soit pas absolument juste pour tous, elle l’est, je le crains, pour la plupart des églises. Ceux qui travaillent sont nombreux, mais ceux qui ne font rien sont légion.
Il y a, et en grand nombre, des enfants de Dieu qui mangent le pain de la maison du Père et qui se contentent, pour tout remerciement, d’assister à la prédication au lieu où ils se rassemblent. Il y a même des chrétiens qui se dispensent de prendre leur part complète aux dépenses, pourtant considérables, que nécessite l’entretien du local ou l’œuvre du Seigneur.
Il ne doit pas en être ainsi.
L’eau qui ne coule pas croupit : la congrégation qui ne travaille pas s’affadit ou se dispute – le christianisme qui ne se répand pas décroît.
Un chrétien disait :
– Que voulez-vous faire pour le service de Christ ?
Si quelqu’un lui répondait qu’il n’avait pas de temps à consacrer à cela, ou pas de dons :
– Nous n’admettons aucun bourdon dans la ruche. Vous ne pouvez devenir membre de l’église qu’en vous mettant au service de Christ car celui qui ne fait rien, à moins qu’il ne soit malade, est inutile.
Cela est trop absolu, mais l’esprit de ces paroles est juste. C’est une faute de ne pas encourager les chrétiens à s’engager dans un travail actif.
Où s’engendrent dans les églises, la langueur et les péchés qui font scandale ? Où trouve-t-on ces chrétiens misérables, sans saveur, qui tendent de plus en plus à devenir sans vie ? – C’est parmi les membres oisifs.
D’où viennent, dans nos champs, ces pluies de graines ailées qui, dans certaines saisons, se mettent à voler partout et empoisonnent nos labours ? De quelque espace inculte que le chardon a envahi, où il mûrit à l’aise et d’où il part, sur l’aile du vent, pour étendre au loin ses funestes semailles.
Les membres paresseux sont, dans l’église, comme le « ramassis du peuple » qui avait suivi les Israélites, au moment de leur sortie d’Égypte. Ils étaient avec eux, mais ils n’étaient pas des leurs. Bien loin d’être une bénédiction, ils étaient une ruine. C’était parmi eux que fermentaient les convoitises qui provoquaient ensuite le châtiment de Dieu. Tout organe dans notre corps, ne fût-il qu’une simple glande, qui ne fonctionne pas normalement, devient un foyer corrompu.
Chacun à l’œuvre !
Quand j’arrivai à Londres, je commençai à prêcher devant un petit auditoire de quatre-vingts à quatre-vingt-dix personnes. C’était bien peu. Mais les membres de cette petite congrégation engagèrent d’autres personnes à venir et, peu à peu, l’église se remplit. Ce résultat ne fut pas l’œuvre du prédicateur seul ; tous y concoururent. Concourez-vous au plein et même au trop-plein de l’église ?
Savez-vous ce que font ceux qui ne font rien ?
D’ordinaire, ils critiquent les ouvriers.
Mais, de même qu’en littérature, les critiques habiles produisent rarement une œuvre originale, de même dans l’église de Dieu, ceux qui trouvent à redire font rarement aussi bien que ceux dont ils médisent.
Un paysan russe vit un jour un ours qui venait droit sur lui. Il s’élance sur une échelle et grimpe sur le toit de la maison. Là, à l’abri du danger, il laisse sa femme parlementer avec l’ours. Elle avait saisi un bâton.
– Frappe le sur le nez, Betty, lui criait d’en haut son mari, frappe plus fort ! essaye de l’autre côté !
Eh ! que ne venait-il lui-même abattre l’ours et délivrer sa femme !
Ainsi font ceux qui ne font rien.
Habiles à trouver les côtés faibles de ceux qui portent les fardeaux, ils commettent le péché d’attrister et de détourner les travailleurs.
Néhémie, en se plaignant de semblables gens, disait : « Écoute, ô notre Dieu, car nous sommes méprisés, et fais retomber leur outrage sur leurs propres têtes, et livre-les au mépris… et que leur péché ne soit pas effacé de devant toi, car ils ont provoqué ceux qui bâtissent » (Néh. 4. 4 et 5)
Seuls ont le droit de critiquer ceux qui font mieux que les autres.
Le second mot d’ordre, c’est : Promptement à l’œuvre !
Il y a, dans la maison de Dieu, des enfants de Dieu qui attendent, pour servir leur Père, qu’il y ait deux dimanches dans une semaine. Ils seront à Ses ordres, le second dimanche. En attendant cette occasion impossible, ils se croisent les bras.
Ils n’ont pas lu, dans Marc surtout, un petit mot qui revient sans cesse, et qui caractérise le service du Sauveur, le mot : aussitôt.
Oui, servir Dieu maintenant, sans hésitation ni retard ; servir à la place même où l’on se trouve, en prenant pour point de départ l’occasion qui est là, et le devoir qui est devant nous, c’est la meilleure manière de servir. Attendre les occasions, c’est imiter cet homme qui s’était assis au bord de la rivière et qui attendait, pour la passer, que l’eau se soit écoulée. Il attend encore.
« Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir» (Éccl. 9. 10) a dit Salomon.
Dans un monde tel que le nôtre, il n’est pas besoin d’attendre longtemps pour trouver quelque chose à faire. La famille est là ; le voisinage n’est pas loin. ¨Puis il y a les amis, les connaissances. On part du cercle où l’on vit, et de cercle en cercle, le travail peut grandir jusqu’à ce qu’il soit impossible qu’il s’étende davantage.
Et n’allez pas croire que servir, c’est prêcher.
Pour prêcher, il faut avoir quelque chose à dire. Laissez venir la maturité, vous prêcherez peut-être à votre tour. En attendant, aujourd’hui même, faites quelque chose. C’est à vous, jeunes chrétiens, que je dis cela si vous ne savez que faire, demandez des directions à vos aînés, ils vous trouveront certainement une tâche.
Dernièrement, dans une réunion, on posa la question de savoir s’il fallait laisser mûrir les jeunes frères avant qu’ils soient à l’œuvre.
J’ai exprimé mon opinion en ces termes :
– Jetez les jeunes chrétiens à l’eau, ils apprendront à nager. N’espérez pas le leur apprendre sur terre. Donnez-leur de la besogne. Le travail les enseignera. L’inhabilité vient de la paresse.
Nos pères, dans le lien de la foi, ont travaillé pour nous, et nous devons, sans nul doute, regarder à leur œuvre. Mais que leurs succès ne nous paralysent pas. N’allons pas croire que nous devions leur rassembler dès le début, ni qu’il nous faille avoir la barbe grise pour nous mettre à l’œuvre. Un chien vivant, qui fait actuellement son métier de gardien, vaut mieux qu’un lion mort. Et qui sait si, en employant actuellement à l’œuvre de Dieu la puissance que Dieu met en nous, nous ne deviendrons pas lions à notre tour ?
Aussitôt ! Aussitôt ! C’est le mot d’ordre des serviteurs.
Mon troisième mot d’ordre, le voici : Vigoureusement à l’œuvre.
Que chaque chrétien soit déterminé à amener des âmes à Christ.
Que chacun de nous puisse dire de ceux qui se trouvent sous son influence :
– S’il n’est pas sauvé, ce n’est pas ma faute – s’il n’est pas converti, ce n’est pas que je l’ai oublié – si mes paroles sont inutiles, je le remettrai à Dieu, mais je ne le laisserai pas.
Il y a beaucoup d’hommes qui gagnent de l’argent, mais la plupart ne le font pas sans effort. Il est rare que des pièces d’or cassent les vitres pour entrer dans nos bourses. Au contraire, ne les attrape pas qui veut ! Il faut, pour les saisir, se fatiguer et persévérer bien longtemps.
Ainsi en est-il de la poursuite des âmes. Il faut qu’elle devienne une passion. Qui veut voir des personnes converties en verra.
Un chrétien alla voir un mourant, homme athée. On le renvoya d’une manière impolie ; mais il revint le lendemain. Renvoyé une deuxième, une dixième fois, il persévéra jusqu’à ce qu’enfin, à la vingt et unième tentative, il fut admis auprès du malade, qui fut gagné à Christ. Y en a-t-il parmi nous qui auraient persévéré comme ce chrétien ?
Cette détermination à tout vaincre pour arriver au cœur de notre prochain est une puissance à elle seule. Il faut que les gens nous entendent, qu’ils le désirent ou non. Ils sont notre prochain, il faut qu’ils écoutent le message que nous avons pour eux.
Le diable multiplie, sous toutes sortes de formes, les moyens qu’il sait propres à tuer les âmes, et nous nous en tiendrions à certaines formes pour les sauver ? Si nous ne réussissons pas d’une manière, pourquoi n’essaierions-nous pas d’une autre ?
On ne peut prendre des poissons que s’il y en a dans l’eau où l’on pêche. Si les hommes refusaient de m’entendre dans une localité, j’en chercherais promptement une autre. Il faut atteindre les âmes, quels que soient les trous où elles se cachent. Tous les réduits, tous les repaires, toutes les rues mal famées doivent être visités ; il ne faut pas laisser une seule forteresse de Satan, même de celles qui sont réputées imprenables, sans l’attaquer tout au moins, et si l’on ne peut y grimper par la muraille, il faut y entrer par un tunnel. Il faut que, d’une manière ou d’une autre, la bannière de Christ y soit plantée.
Je pense à mon quatrième mot d’ordre : Enthousiasme pour l’œuvre.
Avez-vous entendu parler du fameux ornithologue Jean-Jacques Audubon ? C’était un homme épris d’amour pour les oiseaux. Il ne vivait que pour eux ; il serait volontiers mort pour se rapprocher d’eux davantage. Pour observer leurs mœurs, pour surprendre leurs secrets, il s’en allait vivre avec eux dans les solitudes les plus reculées, dans les marécages malsains, dans les prairies, parmi les Peaux-Rouges, toujours exposé à quelque danger visible ou invisible. A Paris, où il vint pour collecter de l’argent pour un grand ouvrage, il ne s’intéressa qu’à une paire de pigeons qui bâtissait son nid dans les arbres des Tuileries. A Londres, il lui semblait entendre encore le frôlement des ailes des colombes dans les forêts vierges de l’Amérique. Paroles et actes, pensées et joies, tout était pour sa science bien-aimée ; aussi, est-il devenu un grand naturaliste.
Oh ! que nous avons besoin aussi d’être des hommes tout d’une pièce ! Nous avons besoin d’être, et d’avoir, des hommes qui vivent pour un seul Maître : Christ. Si notre vie n’avait pour but que de chercher des occasions de répandre la vérité, et d’attirer à Jésus ceux pour qui Il est mort, nous deviendrions de ces puissants ouvriers qui réchauffent tout par leur contact et qui, à force de zèle et d’amour, renversent tous les obstacles qui ferment la route à l’Homme-Dieu.
L’enthousiasme n’est pas le fanatisme. L’enthousiasme, c’est l’oubli de soi pour la cause que l’on sert. C’est l’abandon, plein de décision, mais aussi de jugement, de ces considérations humaines et personnelles qui font si souvent dévier les meilleurs. L’enthousiasme est une chaleur contenue, mais incessante, qui anime toutes les autres facultés de l’homme, sa science, sa prudence surtout.
Il m’est arrivé d’assister à une réunion où un homme fort instruit, développa avec beaucoup de sagesse, mais assez pesamment à mon gré, je ne sais plus quel sujet. Je remarquai que, tandis qu’il parlait, son auditoire avait l’air de dormir.
Après ce discours, un autre orateur prit la parole. Il se mit à gesticuler, à enfler la voix, à faire de telles démonstrations qu’il cassa sa chaise. Tout le monde se réveilla sous le fouet de sa parole et tout le monde applaudit. Je me sentais moi-même très excité, mais je ne pus jamais me rendre compte pourquoi, car tout ce mouvement recouvrait un discours vide d’idées.
Il aurait fallu pouvoir fondre ensemble ces deux orateurs. Le premier avait besoin du feu du second. Le second aurait eu grand besoin de quelque chose de plus solide que le foin et le chaume qu’il avait fait flamber devant nous.
Ce qui veut dire qu’il faut de l’enthousiasme, mais qu’il faut que cet enthousiasme soit accompagné de foi et de prière.
Voici maintenant, mon avant-dernier mot d’ordre : Individualité.
Choses et gens passent vite de mode.
Ce qui est remarquable aujourd’hui, ne sera pas même remarqué dans dix ans.
Le progrès efface le progrès, les inventions nouvelles font vieillir les inventions passées ; pourquoi ne nous rajeunirions-nous pas aussi dans l’église de Dieu ?
Le parc hollandais avec ses arbres alignés et forcés de pousser droit, n’est pas précisément l’idéal de la beauté végétale ; l’arbre des forêts vierges, à l’ample et opulent branchage, crie bien plus haut l’habileté et la puissance du Créateur : la variété est la règle du beau ; un peu d’exubérance ne nuit pas à la vie.
Pourquoi craindrions-nous la variété dans le travail chrétien ?
La meilleure règle pour le soldat de Christ, c’est d’agir d’après l’inspiration de son cœur sanctifié. Je suis de l’avis de ce soldat anglais qui, interrogé par le duc de Wellington, devant un comité de la Chambre des lords, sur l’habillement qu’il souhaiterait porter, s’il avait à recommencer la bataille de Waterloo :
– Je voudrais être en manches de chemise, répondit-il.
N’en serait-il pas ainsi en évangélisation ? Le costume le plus commode ne serait-il pas aussi le meilleur ? Les cols raides, les habits de convention aident-ils beaucoup, ne nuisent-ils pas souvent ?
Que nos jeunes hommes se gardent surtout du grand défaut de l’imitation. On ne marche naturellement et à l’aise que dans ses propres souliers.
Un jour, après avoir prêché dans un village, j’entendis deux femmes qui critiquaient mon sermon et me reprochaient d’avoir copié un jeune étudiant qui avait prêché dans ce village le dimanche précédent. Quand je revis ce jeune frère, je le priai de ne pas nuire à ma réputation en laissant croire aux gens que je le copiais !
L’habitude de l’imitation fait aux chrétiens un aussi grand mal que la routine. Pourquoi craindre les chemins nouveaux ? Une manière qui nous est propre est un puissant moyen pour atteindre des gens fatigués d’entendre les mêmes choses exprimées de la même manière.
Avez-vous besoin de champs plus vastes ? Sortez donc des champs cultivés. Rien n’est plus difficile à convertir qu’un pays saturé de prédicateurs et qui n’en a pas profité. Quelques-uns de nous pêchent depuis si longtemps dans les mêmes étangs qu’ils ont pris tous les poissons disposés à mordre à l’hameçon. Si nous étions plus actifs, nous essaierions de lancer nos filets dans de nouvelles eaux, dans les parties païennes de nos pays ou dans celles des contrées lointaines, où le poisson est innombrable. N’avons-nous donc pas assez d’originalité pour essayer des voies nouvelles ? Au lieu d’emboîter éternellement le pas de nos devanciers, écartons-nous de la route battue, et allons dans les lieux où le nom de Jésus Christ n’est connu de personne. C’est là que nous devons espérer de grands succès.
Il y a encore un mot, un dernier mot sur lequel je voudrais vous dire quelque chose, c’est celui d’exceller.
Nous devons toujours viser, dans tout ce que nous entreprenons, à la perfection. Nous devons vouloir servir Christ aussi bien que possible. C’est là que l’excellence est bien à sa place.
N’allez pas croire qu’il suffise de parler de Jésus pour que les âmes se tournent vers Lui. Les gens des rues sont aussi habiles que les auditeurs des églises pour discerner si nous prêchons bien ou mal. Nous faisons tort aux églises en leur donnant un enseignement formaliste et conventionnel. La vie est le fruit de la vie. Il faut qu’un chrétien actif soit vivant pour être puissant. Autrement ce n’est qu’une cymbale, un instrument bruyant, voilà tout.
Il faut que je fasse pour mon Seigneur et Maître tout ce que je puis. Toutes les fois que je parle de Lui, je dois sentir en mon âme que j’ai fait ce que j’ai pu pour que Sa bénédiction s’associe à mon action. Il faut que je parle avec l’onction d’une prière incessante, avec l’aisance d’une bonne conscience. Il faut qu’en travaillant, je donne mon âme à mon Maître, mais il faut aussi qu’on le sente.
Servons Dieu avec toute notre énergie et croyons que si nous nous donnons pleinement, Dieu Se donnera pleinement aussi. C’est l’absence de ce sentiment de consécration entière qui fait la faiblesse de notre foi dans le succès. Nous espérons que Dieu bénira notre travail. Il ne faut pas l’espérer, il faut en être sûr. L’Éternel est entier avec ceux qui sont entiers.
Un jeune chrétien me disait un jour :
– J’ai prêché dans les rues et je n’ai point vu de conversions.
– Comptez-vous sur des conversions chaque fois que vous parlez de Christ ? lui demandai-je.
– Oh non, répondit-il humblement.
C’est parce que vous ne croyez pas à l’effet de votre témoignage qu’il n’y en a point, lui répliquai-je, très sérieusement. Il vous est fait selon votre foi.
En effet, si nous parlons au prochain en espérant que nous ferons quelque bien, il se peut que nous en fassions ; mais si nous croyons qu’en parlant, nous sommes porteurs d’une influence toute-puissante, que Dieu et son Esprit sont avec nous, nous n’aurons pas à attendre longtemps la récompense de notre foi. Est-il sûr, oui ou non, que la Parole de Dieu, fidèlement annoncée, ne retournera pas à Lui sans effet ? (És. 55. 11). « Jette ton pain sur la face des eaux, car tu le trouveras après bien des jours » (Éccl. 11. 1).
Ayons davantage de foi, plus de confiance en Dieu avec qui nous luttons pour le bien des hommes. Que les doctrines que nous prêchons remplissent davantage nos âmes ; soyons imprégnés, saturés de la vie de Dieu, et notre travail sera puissant et fécond.
D’après Ch. Spurgeon (1834-1892)
La Bonne Revue 1930
