AUDITEUR INVISIBLE

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AUDITEUR INVISIBLE

Stephen Grellet, évangéliste du 18ème siècle, accomplit un grand travail pour le Seigneur, tant en Angleterre qu’en Amérique. Il croyait fermement que Dieu dirige toutes choses jusque dans les moindres détails de notre vie journalière. Un jour, en Amérique, il eut la conviction de devoir aller prêcher dans un camp fort éloigné et dont l’accès s’avérait même dangereux. Cela représentait un long déplacement qui exigeait bien des préparatifs : lit de camp, provisions d’eau et de nourriture pour un voyage de plusieurs jours. En approchant du but de son voyage, il ne perçut aucune fumée, plus près encore aucun bruit ne troublait la solitude des lieux ; quand il fit le tour de ce qui devait être le village, toutes les maisons étaient vides ; l’endroit devait avoir été abandonné peu auparavant car on voyait encore des traces fraîches.
L’évangéliste demeura longtemps silencieux, se demandant s’il avait bien compris l’ordre divin. Alors qu’il réfléchissait sur ce qu’il avait à faire, il crut entendre une voix répétant les mêmes mots déjà entendus : « Prêche ! » Décidé cette fois, il poussa la porte d’un hangar où deux cents hommes auraient facilement trouvé place.
« Amis, dit-il, je suis venu pour vous annoncer un message qui vient de Dieu ».
Ce n’était pas facile de parler devant une salle vide, « on avait le sentiment d’être stupide ». Cependant l’évangéliste persévéra, parla de Dieu, de son amour ; puis il nous présenta nous, les humains, qui nous laissons envahir par des soucis, des pensées, des préoccupations qui nous éloignent de Dieu. « Apprenons à pardonner, dit-il, à repartir sur un autre pied avec Jésus comme Sauveur et comme guide ». Puis, il s’en alla.
Les années passèrent ; vint un jour où il tint une réunion à Londres. Il s’apprêtait à partir lorsqu’il sentit une main sur son épaule :
– Ah ! enfin je vous ai trouvé, dit quelqu’un.
Grellet se retourna, mais ne reconnut pas l’homme qui se tenait derrière lui.
– Ami, dit-il poliment, vous vous trompez, je ne vous connais pas.
– Pas d’erreur, reprit l’étranger, je vous ai cherché partout, car je vous dois tout. J’étais chef d’une équipe qui occupait un camp dans telle clairière, il y a plusieurs années. Nous allions travailler plus loin, mais c’était là notre camp de base. Un jour je dus y retourner chercher quelque chose que nous avions oublié. Et là j’entendis une voix que je crus être celle d’un fou, mais j’écoutais quand même, subjugué par les merveilles qui étaient annoncées. L’orateur ne sut pas qu’il avait un auditeur, mais ensuite je n’eus de cesse jusqu’à ce que j’eusse trouvé une Bible. On se moqua de moi, mais je continuai quand même. Une fois en possession des Saintes Écritures je me mis à lire, puis à partager avec mes camarades la richesse de mes découvertes. Peu à peu quelques-uns ont lu la Bible avec moi, et nous nous sommes mis à genoux et à prier ensemble.
L’étranger demeura silencieux quelques instants, puis il ajouta :
J’ai voulu vous retrouver pour vous remercier. Trois de mes compagnons d’alors sont maintenant missionnaires. Vous aviez cru ne parler à personne, mais vous annonciez la Parole de Dieu. Vous avez obéi aux ordres de Dieu, et vous avez été assez courageux pour parler devant une salle vide.

 

D’après Almanach Évangélique 1966