VOS CONDUCTEURS

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VOS CONDUCTEURS

Souvenez-vous de vos conducteurs…
Obéissez à vos conducteurs…
(Héb. 13. 7 et 17).

Cette double exhortation est adressée aux croyants hébreux tout à la fin de l’Épitre qui leur est destinée. Mais elle garde toute son actualité pour nous. Après la belle liste des témoins de la foi au chap. 11, après le suprême exemple de Celui qui en est le chef et le consommateur au chap. 12, Dieu a encore à nous parler d’une dernière catégorie d’hommes de foi : ceux qu’Il appelle nos conducteurs. Sa grâce nous a donné en eux une ressource que nous sommes en danger de sous-estimer.

Il est clair que ces deux passages ne s’appliquent pas aux mêmes personnes : l’un nous parle de nos conducteurs du passé, l’autre de ceux que le Seigneur nous a donnés pour le temps actuel.

Des premiers nous sommes invités à nous souvenir. Ils nous ont annoncé la Parole. Ils l’ont «exposée justement», littéralement: découpée droit, par leurs écrits (2 Tim. 2. 15) de sorte qu’étant morts, ils parlent encore (Héb. 11. 4). N’est-il pas juste, n’est-ce pas la moindre des choses, d’en éprouver pour eux de la reconnaissance, une reconnaissance qui devrait se traduire par plus d’intérêt pour ces écrits ? Mais ces serviteurs de Dieu ne se sont pas contentés de nous montrer le chemin de la foi. Ils l’ont eux-mêmes suivi. Leur vie a pleinement confirmé la valeur de leur ministère. Ces conducteurs n’ont pas négligé de se conduire eux-mêmes soigneusement. Et nous avons maintenant le recul nécessaire pour considérer l’heureuse issue d’une telle conduite.

Cependant une difficulté peut être aujourd’hui soulevée. Comment nous souvenir de ces «devanciers» dont nous séparent deux, trois ou quatre générations ? Non seulement nous ne les avons pas connus, mais, les années passant, nous avons de moins en moins d’occasions d’en entendre parler. D’autant plus qu’il n’a pas été écrit à leur sujet de biographies. Car ils demeurent inconnus du monde, s’ils sont bien connus du Seigneur (2 Cor. 6. 9). Aussi recommandons-nous très particulièrement à tous ceux qui peuvent disposer d’anciennes années du Messager Évangélique (1891 et suivantes) la lecture des lettres de John Nelson Darby, en commençant par celles qui parlent de sujets pratiques ou de ses voyages. Ils verront vivre un des serviteurs du Seigneur auxquels nous sommes le plus redevables, ainsi que beaucoup de ses compagnons de travail.

Ces hommes de foi nous ont quittés, leur course achevée. Mais le second verset cité nous rappelle qu’aujourd’hui, pas plus qu’en quelque temps que ce soit, Dieu ne nous a laissés sans conducteurs. D’autres passages les appellent « anciens » (1 Tim. 5. 17, 1 Pierre 5. 1), « surveillants » (1 Tim. 3. 1, Tite 1. 7) ou encore « ceux qui sont à la tête (Rom. 12. 8, 1Thess. 5. 12).

Ici un certain nombre d’objections sont souvent mises en avant: Ces charges n’ont-elles pas disparu avec le temps des apôtres ? Ne nous sommes-nous pas justement séparés des systèmes et de leurs clergés ? Le plus jeune croyant n’est-il pas un adorateur au même titre que le plus ancien ? N’est-ce pas au Seigneur que nous avons à être soumis et non à des hommes ?

En réalité ces arguments, sous le couvert de vérités incontestables, ne font autre chose que cacher l’insoumission du cœur naturel et méconnaissent entre autres l’exhortation de notre v. 17, comme celle de 1 Pierre 5. 5. Le fait est qu’on supporte mal l’autorité, sous quelque forme qu’elle se présente. Ne nous y trompons pas, l’assemblée n’est pas une sorte de «démocratie» où chacun fait ce qui est bon à ses yeux (Juges 17. 6 ; 21. 25). Dieu n’est pas un Dieu de désordre mais de paix dans toutes les assemblées des saints (1 Cor. 14. 33). Il est fidèle pour placer dans chacune d’elles, sans qu’il soit besoin d’investiture officielle, des frères ayant de l’expérience et jouissant d’un bon témoignage, qui ne sont pas nécessairement ceux qui enseignent habituellement. Et s’il nous arrive d’en éprouver l’absence, demandons au Seigneur d’en susciter et de les garder eux-mêmes fidèles, humbles, attachés à la vérité, sains dans la doctrine, soucieux du bien des âmes, jaloux de la gloire de Christ. Si tels sont leurs caractères, ils s’imposeront par leur autorité spirituelle et morale.

Quels sont nos devoirs vis-à-vis de ces frères ? Leur obéir et leur être soumis (v. 17), les honorer, 4 les estimer « très haut en amour ». Ces exhortations de la Parole sont de saison à notre époque où souffle plus que jamais un esprit d’indépendance. Vous avez à les prendre à cœur, chers jeunes chrétiens, d’autant plus que, pour une raison bien compréhensible, il est difficile à ces frères de vous rappeler eux-mêmes cet enseignement.

Soyons soumis à ces conducteurs, même si nous ne les comprenons pas toujours. Ne leur ménageons ni le respect ni l’affection ; prions pour eux afin qu’ils accomplissent leur service avec joie. En faisant ainsi, nous nous occuperons de nos propres âmes, puisque, ne l’oublions pas, le service de ces frères consiste à veiller pour elles (v. 17).

J. Kn.
D’après Feuille aux jeunes n° 173