JE L’ACHÈVERAI EN DANSANT

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JE L’ACHÈVERAI EN DANSANT

 

Un des derniers jours de l’année, dans le salon d’une agréable villa située aux abords de la ville de …, quelques dames et demoiselles étaient réunies et s’entretenaient ensemble. Parmi elles se trouvait la nièce de la maîtresse de maison, jeune fille chérie et admirée de son oncle et de sa tante qui l’avaient élevée comme leur propre enfant. Douée en effet des qualités les plus aimables, cultivées et embellies par l’éducation distinguée qu’elle avait reçue, tout lui présageait pour ce monde un brillant avenir.
Dans le courant de la conversation, on vint à parler d’une réunion qui devait avoir lieu le 31 décembre, et dont le but était de passer en prières les dernières heures de l’année. Une des dames présentes demanda à la jeune fille si elle n’aimerait pas y venir.
Quelle absurde idée, pensa celle-ci. Passer la dernière heure de l’année dans la triste compagnie de chrétiens, et à une réunion de prières ! Non, cela ne s’accordait nullement avec ses idées de plaisir. Aussi refusa-t-elle sans hésiter, en ajoutant :
« Pour moi, je l’achèverai en dansant ».
Chacun de ses désirs était une loi pour ses parents trop indulgents, de sorte qu’un bal fut bientôt organisé pour le soir du 31 décembre.
Il arriva bientôt, ce jour attendu avec impatience par celle qui s’était promis d’achever l’année en dansant. Combien de plaisir elle se promettait. Préparatifs, billets d’invitation, arrangements de tous genres avaient occupé ses pensées et absorbé son temps depuis la conversation mentionnée plus haut.
Le soir était venu ; la réunion de prières avait commencé, et d’ardentes supplications s’élevaient à Dieu.
Bien différente était l’assemblée qui, à cette même heure, se réunissait dans les salons de l’élégante villa. Les voitures affluaient à la porte, tout resplendissait de l’éclat des lumières ; aux accents entraînants de la musique, les danses avaient déjà commencé.
Minuit approchait, quand soudain, sans cause apparente, une pâleur mortelle se répand sur le visage de la joyeuse et insouciante héroïne de cette fête.
Le bruit de la danse s’arrête, pendant qu’on la transporte, de la salle de bal, dans sa chambre. Un médecin, qui était présent, s’empresse de lui donner des soins. Peine inutile ! Secours impuissants ! Le dernier coup de minuit n’avait pas sonné que l’âme immortelle de la jeune fille avait passé du temps présent dans l’éternité.
O vous, amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu, dites-le moi, où est-elle allée ?
Répondez-moi, vous qui ne priez pas, âmes insouciantes et légères, qui ne cherchez qu’à satisfaire les désirs de vos cœurs ; vous qui négligez un si grand salut, ou qui méprisez et rejetez la grâce d’un Dieu Sauveur ; répondez : où est-elle allée ?
Lecteur, si cette nuit même la mort venait vous surprendre, votre âme s’en irait-elle auprès de Dieu où il y a des plaisirs pour jamais, ou bien serait-ce là où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint point ?
Vous avez été épargné jusqu’ici par la longue patience de Dieu. Voulez-vous persévérer encore dans votre indifférence et vous détourner de l’amour du Sauveur, de ses souffrances et de sa mort ?
Ne voulez-vous pas que l’on puisse dire de vous aujourd’hui : « Voici, il prie » ? (Act. 9. 11). Ou bien vous faudra-t-il bientôt entendre cette parole : «Voyez, contempteurs (ou moqueurs), et étonnez-vous, et soyez anéantis ; car moi, je fais une œuvre en vos jours, une œuvre que vous ne croiriez point, si quelqu’un vous la racontait» (Act. 13. 41).
Le monde, pour s’étourdir et dans son désir d’échapper à l’appel solennel que fait entendre une telle fin, a peut-être dit de cette jeune fille : « Espérons qu’elle a été sauvée au dernier moment ». Puisse-t-il en être ainsi ! Mais, comme le disait une personne qui fut témoin de la fin de cette courte existence : « C’était une bonne et aimable jeune fille, mais elle n’était pas prête à mourir ».
Oh ! Puisse le récit de cette mort soudaine parler puissamment à votre âme ; puissiez-vous vous demander : « Où passerais-je l’éternité, si j’étais ainsi emporté ? »

D’après le Salut de Dieu 1878
Tiré du Faithful Words