ABAISSEMENT

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ABAISSEMENT

«Celui qui s’abaisse sera élevé»
Luc 14. 11

«IL S’EST ABAISSÉ LUI-MÊME ».

Les mots de Philippiens 2, qu’il nous faut bien méditer, nous parlent d’abord du point élevé duquel Jésus a voulu descendre, c’est-à-dire des gloires qui étaient siennes et dont il s’est dépouillé.
Ils nous parlent ensuite de toutes les étapes de son chemin sur la terre depuis l’étable de Bethléem : l’atelier de Nazareth, le baptême du Jourdain, les chemins de Galilée, tous les contacts avec la misère morale et physique de son peuple.

Ils rappellent à nos cœurs la forme d’esclave sous laquelle se cachait sa gloire, car il était venu sur la terre non pour être servi, mais pour servir (Marc 10. 45). L’homme l’avait acquis comme esclave dès sa jeunesse (Zach. 13. 5). Il s’est abaissé lui-même, d’un abaissement volontaire, choisissant le chemin inverse de celui que nous poursuivons tous.

L’homme naturel recherche avec persévérance son élévation individuelle et collective, estimant comme un objet à ravir d’être égal à Dieu (Phil. 2. 6) en connaissance et en puissance (mais pas en amour et en sainteté). Son effort, auquel Dieu met un frein pour le moment, aboutira à ce monstre de connaissance, de puissance et d’orgueil : l’Antichrist, qui se présentera lui-même comme étant Dieu (2 Thess. 2. 4).

De sorte que le monde actuel s’accroît, prospère et mûrit. Tout ce qui est grand, tout ce qui a de l’apparence, tout ce qui a un certain renom, c’est cela qui occupe le sommet de son échelle de valeurs. Vous recevrez de la gloire l’un de l’autre, disait le Seigneur aux Juifs (Jean 5. 44) ; à un autre moment, dans la maison du pharisien, il observait, de son regard auquel rien n’échappe, comment les conviés choisissaient les premières places (Luc 14. 7).

Observons, nous aussi : il en est toujours de même ; autour de nous se poursuit cette course sans pitié pour les meilleures places dans la société, chacun s’acharnant à conquérir l’échelon qui est au-dessus de lui, tant cette tendance à s’élever est vissée au fond du cœur humain.

Or Satan, le prince de ce monde, connaît ces ressorts du cœur et il fait ses promotions. Déjà au désert, il avait offert à notre divin Modèle tous les royaumes du monde et leur gloire (Mat. 4. 8).

À un tel homme il ne pouvait moins offrir ; nous savons quelle fut la magnifique réponse. À chacun de nous, selon sa mesure, il présente des honneurs et des avantages pour tenter d’asservir notre âme.

Ah ! Chers amis, souvenons-nous qu’un honneur reçu du monde, c’est souvent une infidélité à Christ. Et quant aux avantages qui nous sont donnés malgré nous, ou qui se rattachent à l’exercice d’une profession, conservons dans notre esprit le sentiment de leur vanité.

Il s’est abaissé lui-même ; cela nous parle enfin du point que le Seigneur a atteint : jusqu’à la mort ; selon la suite du passage, la mort même de la croix.

«Plus il s’abaissait» , a écrit quelqu’un, « plus on le foulait aux pieds ; il descendait sans cesse jusqu’à ce qu’il ne puisse aller plus bas, jusqu’à la poussière de la mort ». Le point le plus profond de son abaissement, est aussi le point suprême du mépris du monde dont il a éprouvé alors l’entière inimitié.

Portons nos regards sur cet incomparable tableau : Jésus est là, tout seul, cloué sur le bois maudit, dans l’ignominie, dépouillé de tous ses vêtements, traité comme un malfaiteur, accusé d’avoir déplu à Dieu, accablé d’outrage et de mépris et déclarant devant tous – nous osons à peine le répéter – qu’il est «un ver et non point un homme » (Ps. 22. 6). Reste-t-il quelque trace de grandeur humaine ?

N’est-ce pas au contraire un abîme insondable de honte et d’humiliation qui laisse nos âmes confondues ? Eh bien, c’est cet homme-là que nous reconnaissons comme Seigneur, c’est ce Dieu que nous adorons.

Dans cette scène toujours présente devant les yeux du Père qui n’a pas oublié le crime commis contre son Fils, dans cette scène qui devrait toujours être présente aussi devant nos cœurs, c’est de son côté que nous prenons place ; il n’y a pas de position neutre. Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, dit le Seigneur (Luc 11. 23).

Au Calvaire le monde s’est entièrement démasqué ; toute sa haine, sa violence, sa corruption s’y sont donnés libre cours. Et aujourd’hui, malgré ses dehors hypocrites, sa tolérance moderne, les flatteries qu’il décerne au chrétien et les honneurs par lesquels il cherche à le lier, ce monde est toujours identique à lui-même ; il est tel aujourd’hui qu’aux heures de la croix.

Alors, une unique occasion nous est donnée pendant cette vie de nous ranger du côté du Christ, c’est-à-dire moralement contre le monde. Nous n’en recevrons rien d’autre que ce que lui-même en a reçu : l’opprobre, la haine, le mépris. Mais le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni l’esclave au-dessus de celui qui l’a envoyé (Mat. 10. 24). Si nous voulons le suivre ce n’est pas un autre chemin qui nous est proposé. Le chemin de son abaissement est celui qui s’éloigne sans regret de tout ce que le monde peut offrir ; celui aussi qui descend vers les pauvres, les humbles, les malades et les pécheurs conscients de leur ruine, vers tous ceux qui ont des besoins et pour qui le monde, à cause de cela, n’a pas de considération. Le jour de l’exaltation viendra.

Jésus le Nazaréen, l’homme de douleurs, paraîtra dans sa majesté pour prendre son royaume. Celui qui sortit portant sa croix (Jean 19. 17), entrera comme roi de gloire (Ps. 24. 7), et une riche entrée sera donnée avec lui dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ (2 Pier. 1. 11), à chacun de ceux qui auront partagé son opprobre.

Le chemin se termine dans ce pays glorieux. Mais il passe d’abord par la croix.

D’après J. Kn.
Feuille aux jeunes n°147