MORITURO SATIS

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MORITURO SATIS

Je me rendais une fois en voiture de Gênes à Nice, en suivant la côte par la superbe route, dite de la « Corniche ». A un détour, dans un endroit où la montagne tombait presque à pic dans les flots, je vis une maisonnette, toute simple, adossée aux rochers. Jamais je ne l’oublierai, non qu’elle fût d’une beauté particulière, ni qu’elle eût rien qui, au premier abord, la distinguât de tant d’autres, toutes pareilles, qui s’alignent le long de ces rives enchanteresses. La seule chose qui fixa mon attention sur cette maisonnette en particulier, ce fut une brève inscription, en deux mots, gravée en lettres noires sous les fenêtres :

MORITURO SATIS

Ces deux mots latins se traduisent en français par ceux-ci : « Assez pour un mortel ». J’ignore qui les écrivit, mais ce devait être un homme sage. Il se contentait de sa petite maison, du petit jardin qui l’entourait, car il savait que, tôt ou tard, il aurait à les quitter pour ne plus y revenir. Cette conviction l’avait amené à se montrer modeste dans ses désirs. Il avait fait preuve de sagesse encore en bâtissant sa demeure dans cet endroit-là : devant ses fenêtres s’étendait la mer immense, symbole de l’éternité ; derrière lui se dressaient les montagnes, d’où vient le secours ; au-dessus de sa tête se déployait la voûte céleste qui, s’il connaissait le Seigneur, lui rappelait que, dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures (Jean 14. 2).
Que tous ceux qui lisent ces lignes se préoccupent, avant toute autre chose, du salut de leur âme. S’ils peuvent se réjouir dans le salut de Dieu, qu’ils marchent ici-bas dans sa dépendance et dans la sagesse qu’il donne à ceux qui l’aiment, cherchant les choses qui sont en haut. De nos jours, plus que jamais, à ceux qui veulent entendre, Dieu montre, de façon extrêmement solennelle, l’instabilité de tout ce qui existe dans ce monde et dirige leurs yeux vers ces choses éternelles qui appartiennent à qui a mis en Lui sa confiance.

 

D’après AL. EV.
Le Salut de Dieu 1964