LES FRIANDISES

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Les friandises

« Les paroles du rapporteur sont comme des friandises »
Prov. 18. 8 et 26. 22

Les friandises ! Le mot seul évoque de bonnes choses. N’y a-t-il que les gourmands, que les jeunes ou que les vieux qui se réjouissent à ce mot ? Ne sont-elles délicieuses qu’au premier moment ? Ne seront-elles pas agréables même dans le souvenir ?
Et si Salomon nous en parle par deux fois, au sujet « des paroles du rapporteur » (d’autres traduisent : « des dires du délateur ») comparant ces paroles si fâcheuses à des mets succulents, c’est que notre attention doit être particulièrement éveillée quant à ce triste penchant, penchant que nous avons tous.
N’est-il pas vrai que les affaires d’un ami, d’un frère, de telle personne, de telle assemblée sont si intéressantes qu’elles sont entendues avec joie ? Et si leur tendance est douteuse, rapportées avec dénigrement, peut-être avec calomnie et moquerie, ne seront-elles pas ces « friandises qui descendent jusqu’au dedans des entrailles » c’est-à-dire jusqu’aux profondeurs les plus intimes ? Certes nous jugeons tout de suite ce régal de mauvais goût et nous jugeons encore plus le rapporteur qui s’est le premier régalé à entendre, et maintenant peut-être à grossir ou à envenimer, ce qu’il vient raconter.
Oh ! si les paroles n’étaient que des louanges, des choses exemplaires et édifiantes ! « Prisca et Aquillas pour ma vie ont exposé leur propre cou » ; « Onésiphore m’a souvent consolé et n’a point eu honte de ma chaîne, mais quand il a été à Rome il m’a cherché très-soigneusement et il m’a trouvé ». – Stimulons-nous en parlant de ces exemples, bénissons Dieu qui incline les cœurs à l’amour et aux bonnes œuvres. Mais les « friandises », fuyons-les, ne les écoutons pas, elles sont empoisonnées. « L’homme pervers sème les querelles et le rapporteur divise les intimes amis » (Prov. 16. 28). Manque de confiance, suspicion, et même haine et amertume suivent souvent ces digestions douloureuses.
Il aurait été préférable après le jugement de nous-mêmes, alors qu’un défaut, un faux pas ou même un péché est découvert chez notre ami ou notre frère, d’user de la prière, du lavage des pieds, toujours dans l’amour, car « l’amour couvre une multitude de péchés » (1 Pierre 4. 8). Pensons à la grâce de notre Seigneur qui, certes, connaît parfaitement nos faiblesses et nos cœurs, et qui dans sa miséricorde veut panser et guérir les blessures, élever les regards et donner du courage à celui qui est las. Lui-même marchant ici-bas, bien que « connaissant ce qui était dans l’homme », ne rapportait pas à ses disciples les désastres qu’il lisait dans les cœurs, mais « homme de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur », il souffrait des maux qui l’entouraient, en attendant de porter à la croix le poids de nos péchés. Il nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces. Fixons les yeux sur Jésus…, et fuyons les « friandises » !

H. Abel

D’après Feuille aux jeunes n°153