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QUELQUES CHAMPS DANS L’ÉCRITURE

 

 

Fils bien-aimé, pur objet de délices,
Centre béni de l’amour paternel,
Tu devins homme, et par ton sacrifice
Nous connaissons cet amour éternel.

Centre de gloire et de magnificence,
Agneau de Dieu, de splendeur couronné,
Tout l’univers proclame ta puissance ;
Ton peuple élu t’adore prosterné

Le sanctuaire est le lieu où l’on entend des « paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer » ; mais aussi celui où « l’encens composé (drogues odoriférantes et encens pur), d’ouvrage de parfumeur, salé, pur, saint » est consacré à l’Éternel « Vous n’en ferez point de semblable dans ces proportions ». (2 Cor.12. 4 ; Ex.30.  35). Les pensées qui suivent ne se veulent donc pas « adoration » mais « édification ».
Après le chant, au culte, de ce cantique 155, lecture est faite de la bénédiction donnée par Isaac à Jacob son fils, en Genèse 27 :
v. 27. « et il (Isaac) sentit l’odeur de ses vêtements, et il le bénit et dit : Regarde, l’odeur de mon fils est comme l’odeur d’un champ que l’Éternel a béni ».
v. 28. « Que Dieu te donne de la rosée des cieux et de la graisse de la terre, et une abondance de froment et de moût ».
« Que des peuples te servent, et que des peuplades se prosternent devant toi ! Sois le maître de tes frères et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ! »
« Maudit soit qui te maudit, et béni, qui te bénit ! »
Le premier pôle de cette bénédiction concerne l’attrait du Seigneur Jésus, ressenti à travers la perception de trois « odeurs » émanant : de ses vêtements, d’abord de sa personne, ensuite d’un lieu, enfin dans la figure d’un champ.
Quand le mot « vêtement » est employé au sens figuré, il suggère ce que nous sommes extérieurement en opposition à l’homme intérieur ; on dit aussi « l’habit de la profession ». A cet égard, Joseph nous fournit un quadruple exemple, en liaison directe avec ce que nous trouvons en Christ, dont il est le type :
– La tunique bigarrée est le signe extérieur de sa qualité de « fils bien-aimé du père ».
– Esclave dans la maison de Potiphar, au jour de la tentation, il laissa son vêtement et s’enfuit, et sortit dehors » ; ce vêtement-là était le symbole du parfait serviteur.
– Appelé par le Pharaon, « on le fit accourir de la fosse, et il se rasa, et changea de vêtements » ; Jésus crucifié est « nu comme un ver », dépouillé par les soldats qui sur Sa robe jettent le sort ; ressuscité, le tombeau est vide, mais « les linges sont à terre, et le suaire… plié en un lieu à part ».
– « Et le Pharaon le revêtit de vêtements de byssus », emblème, avec l’anneau et le collier, de sa nouvelle dignité ! C’est aussi la part de notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, couronné de gloire et d’honneur !
Pour le cœur d’un père, du Père, tous ces vêtements ont une « odeur » d’amour, de dévouement, de souffrance, d’exaltation : Une fragrance (odeur agréable) unique spécifique au Fils. C’est pourquoi le texte dit : « et il le bénit », ajoutant : « Regarde ! ». Comme Jean qui « regardant Jésus qui marchait, dit : Voilà l’agneau de Dieu ! » il y a corrélation étroite…
« L’odeur de mon fils » elle, est différente dans sa nature, elle provient de la beauté, de la perfection intrinsèque de sa personne (« ton nom est un parfum répandu »).
Mais une senteur comparable à celle s’exhalant d’un « champ » introduit la pensée de la venue ici-bas du Fils de Dieu. Et le Père peut flairer ce qui se dégage du Fils dès l’éternité passée (Prov. 8. 31) et manifesté en plénitude durant les jours de Sa chair : le salut du monde. Quel parfum béni !
Ce thème fut repris l’après-midi, en association immédiate avec Matthieu 13. 44.
« Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme, après l’avoir trouvé, a caché… il s’en va, vend tout ce qu’il possède et achète ce champ-là ».
L’orientation spirituelle est fournie par le Seigneur Lui-même : « le champ, c’est le monde ». v. 37. On voit d’ailleurs, dans ce chapitre 13, que le monde est un champ où le froment est semé (v. 24), mais aussi l’ivraie (v. 26), la compréhension des termes se trouvant au v. 38 ; mais encore le « grain de moutarde » (v. 31), l’enflure. Pourtant, c’est dans le monde (champ) qu’un trésor est caché ! Le Seigneur vend tout (cf. Phil. 2.) et achète, selon qu’il est écrit : « vous avez été achetés à prix » (1 Cor. 6. 20 et 7. 23). La valeur du « trésor » (nous) est celle du prix payé !
Dans ce contexte, champ, monde, terre sont un tout dans lequel Dieu nous a placés. Un lieu qui est l’objet de son travail, du déploiement de ses pensées et de son amour pour l’homme. C’est la sphère du péché et de la Rédemption, tremplin du ciel ! C’est là que Jésus est venu mourir et c’est là que son assemblée se forme, en attendant qu’Il revienne régner.
« Au commencement, Dieu créa les cieux… et la terre ».

Unité d’expression, diversité d’application.

Le champ, lieu de la manifestation du péché

Genèse 4. 8 à 10. « Caïn parla à Abel son frère ; et il arriva, comme ils étaient aux champs, que Caïn se leva contre Abel, son frère, et le tua ». Crime qui fit intervenir Dieu en jugement dans des attendus qui demeurent moralement inchangés – « la voix du sang de ton frère crie de la terre à moi ».
Jude 11 associe « chemin de Caïn » et « erreur de Balaam » dans le même « Malheur à eux ! »

Le champ, lieu d’attente de la résurrection

Genèse 23. 11 à 20. Abraham achète le champ de Macpéla pour y enterrer son mort, Sara. Le champ, cette terre, est connu comme le lieu de la mort mais, pour un prix payé, une portion de champ devient l’espace réservé pour que la foi donne à la mort son caractère transitoire, imprégné d’espérance et de certitude.

Le champ, lieu où Christ est mort

Deutéronome 21. 1 à 9 : « Quand on trouvera sur la terre… un homme tué, étendu dans les champs ». En type, il s’agit de l’homme Christ Jésus. « Tué » fait penser à divers passages : Luc 13. 34 : « Jérusalem, la ville qui tue les prophètes » ; Matthieu 21. 38 : « Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le » ; Genèse 37. 19 : « il vient, ce maître songeur ! … venez, tuons-le ».
Il fallait, avec un cordeau, trouver la ville la plus rapprochée, supposée être la ville coupable. En Actes 2 et 3, l’apôtre Pierre tient « le cordeau » quand il dit : « Lui, vous l’avez cloué à une croix » (2. 23), et : « vous avez mis à mort le Prince de la vie » (3. 15).
Puis, prendre une génisse (ne pas confondre avec la génisse rousse de Nombres 19), la conduire dans une vallée (suggère l’abaissement du Seigneur) où coule un torrent (Jean 18 parle du torrent du Cédron, et le Psaume 18, de « torrents de Bélial », et lui briser la nuque.
Dès lors, deux pensées se superposent, ayant pour cadre la terre : l’homme tué, c’est Christ, l’humanité étant responsable de Sa crucifixion ; et la génisse, c’est aussi Christ, victime expiatoire agréée de Dieu. En conséquence, Dieu pardonne à la « ville coupable », en réponse, certes, à la prière de Son Fils en croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23. 34) – mais aussi en vertu de ce que « lui est la propitiation pour nos péchés et pour le monde entier » (1 Jean 2. 2).

Le champ, lieu de rencontre de l’Époux et de l’Épouse

Genèse 24. 63. Isaac est au puits de Lakhaï-Roï, « il était sorti dans les champs pour méditer, à l’approche du soir ». Vision de Christ pensant au Père – le Vivant qui se révèle – dans ses pensées touchant l’assemblée, l’épouse ; mystère caché dès les siècles en Dieu.
« Et Rebecca leva ses yeux, et vit Isaac ». « Qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre ? Et le serviteur dit : c’est mon seigneur », « et elle fut sa femme, et il l’aima » v. 67.

Le champ, lieu de la connaissance de Christ.

Au livre de Ruth, au chapitre 1, quatre mentions (v. 1, 2, 6 et 22) nous parlent des « champs de Moab » dans lesquels Naomi n’a rien trouvé sinon la mort des siens. Mais dans le chapitre 2, tout est en relation avec le « champ de Boaz », homme puissant et riche, ayant droit de rachat (voir v. 3, 8, 17 et 22.). Commencer par glaner et finir comme épouse après avoir été rachetée ! Quelle sécurité, quelle nourriture, quelle compagnie, quel avenir ! (cf. cantique 49).

Le champ, lieu de gloire millénaire.

Genèse 37. 7. « Nous étions à lier des gerbes au milieu des champs… et voici vos gerbes se prosternèrent devant ma gerbe. Et ses frères lui dirent : Est-ce que tu dois donc régner sur nous ? ». Joseph raconte son songe, non pas prémonitoire, mais en harmonie avec la seconde moitié des bénédictions octroyées à son père, au ch. 27 : la gloire dans la suprématie familiale et universelle, le droit de premier-né lui étant conféré par propos divin (1 Chron. 5)
Historiquement, nous savons que les frères de Joseph se prosternèrent devant lui, dans le « champ d’Égypte ! » (42. 6), au même titre que préalablement les Égyptiens (ch. 41. 43 ; Abrec ! Qu’on s’agenouille !). Pour Christ, il y aura Sa gloire de Messie, durant le millénium ; mais encore celle de la réalisation de Philippiens 2. 10 : Tout genou se ploiera devant Lui et toute langue confessera qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

Le champ, lieu de malédiction.

Matthieu 27. 7 et 8 ; Actes 1. 19. La dernière expression de Genèse 27. 29 est « Maudit soit qui te maudit ». Qu’il est solennel de parler ici de Judas, de ses remords, de sa pendaison, de l’usage des 30 pièces d’argent, « le salaire de l’iniquité ». Comme sépulture des étrangers, on acheta « le champ du potier, appelé Champ du sang, jusqu’à aujourd’hui ». « Je n’en ai perdu aucun, sinon le fils de perdition » … « des vases de colère tout préparés pour la destruction » … « Le potier n’a-t-il pas pouvoir sur l’argile ? ». « Aceldama » – Champ de sang.

Le champ, lieu de joie.

Psaume 96. 12 : « Que les champs se réjouissent, et tout ce qui est en eux ! ».
Psaume 65. 13 : « Les prairies se revêtent de menu bétail, et les plaines sont couvertes de froment : elles poussent des cris de triomphe ; oui, elles chantent ».
Il est aisé de voir dans le « menu bétail » l’image de ce que nous sommes en tant que « brebis » du Bon Berger ou « d’agneaux » du troupeau.
Quant au « froment » c’est l’expression « noble » du croyant vu en Christ, ayant sa vie (grain de blé) tombant en terre, mourant, portant beaucoup de fruit – Jean 12. 24.
C’est donc sur la terre (déjà) que Dieu donne aux Siens « des chants de joie dans la nuit » (Job 35. 10). « Il couronne l’année de sa bonté » et nos bouches et nos cœurs peuvent ici-bas le louer : « oui, elles chantent ».
Encore un peu de temps et, là-haut, nous chanterons le cantique nouveau, le « champ de Boaz » ayant fait place à la « Maison du Père ».

D’après J. Legay – Janvier 1997