LE CRI DE MINUIT
Un soir, à notre lecture en famille, nous avons lu, ma femme, mes deux enfants et moi, le quatrième chapitre de la première épître de Paul aux Thessaloniciens.
Avant d’aller me reposer, assis dans un fauteuil, je réfléchissais aux derniers versets de ce chapitre.
La journée avait été très fatigante, et comme d’importantes affaires m’obligeaient à me lever le lendemain de grand matin, j’allai me coucher plus tôt que d’habitude.
Mais je ne pouvais trouver le sommeil.
Ces paroles mystérieuses, troublantes, que nous avions lues quelques instants auparavant me poursuivaient et je restais longtemps éveillé.
« Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles » (1 Thess. 4. 16 à 18).
Je me disais : « Quelle chose étrange, et comment doit-on comprendre ces paroles ? N’est-ce qu’une simple image ? Ou devons-nous, au contraire, y voir l’annonce précise d’un évènement dont l’accomplissement est absolument certain ? »
Ma femme et ma fille, chrétiennes convaincues et très attachées à tout l’enseignement de l’Écriture, se rangeaient, sans la moindre hésitation, à cette dernière opinion.
Mon fils Pierre et moi restions plutôt sceptiques. C’est si invraisemblable… Et malgré moi, mon esprit travaillait, travaillait…
Après bien des efforts pour chasser ces pensées, mes paupières finirent par s’alourdir et je m’endormis profondément.
Un sursaut brusquement me réveille. Il fait grand jour. Je me lève à la hâte, craignant d’être en retard.
Quelle n’est pas, tout d’abord, ma surprise de constater que la place de ma femme est vide. Supposant, toutefois que ce n’est qu’une absence de courte durée (car ses vêtements étaient posés à leur place habituelle), rapidement, je m’habille.
Comme je n’entends aucun bruit, je me dirige vers la chambre voisine, celle de notre fille Marie.
« Peut-être est-elle malade, et ma femme est auprès d’elle ? » Je frappe. Point de réponse. Je tourne la poignée de la porte, j’entre : Personne !
« Voilà qui est vraiment bizarre. Où peuvent-elles bien être allées toutes les deux ? »
J’appelle dans le couloir : « Marie ! Maman ! Marie ! »
Pas de réponse.
Une étrange émotion me saisit alors, mon cœur se serre, et j’ai toutes les peines du monde à rester calme.
Je monte à l’étage supérieur où se trouve la chambre de notre garçon, Pierre.
Il est debout, déjà habillé. D’habitude, il n’est pas aussi matinal, et je le regarde, surpris. Il a l’air de mauvaise humeur.
« Bonjour, papa, comment ça va, toi ? Moi j’ai passé une mauvaise nuit, pleine de cauchemars ; je me suis réveillé de très bonne heure et, ne pouvant me rendormir, j’ai préféré me lever. Est-ce toi qui m’as appelé ? »
Comme si de rien n’était, je lui dis : « Sais-tu ce que sont devenues ta mère et ta sœur ? »
Il faut croire qu’une certaine inquiétude perçait quand même dans le ton de ma voix, car il répondit, nerveux :
« Mais non ! Pourquoi ? Où sont-elles ? »
Sans rien ajouter, je redescends précipitamment dans ma chambre pour achever au plus vite ma toilette. En ressortant, je croise Pierre qui s’exclame :
« Impossible de les trouver ! Mais, le plus fort, c’est que la porte d’entrée de la maison est fermée à double tour, et la clé dans la serrure. »
Nous nous regardons sans un mot, absolument bouleversés.
Machinalement, je reviens à la chambre de Marie. Sur sa table, bien en évidence sa Bible est ouverte. Je m’approche et lis ce verset souligné :
« C’est pourquoi, vous aussi, soyez prêts ; car, à l’heure que vous ne pensez pas, le fils de l’homme vient » (Matt. 24. 44).
Ce passage, me disait toujours ma femme avec assurance, se rapporte à la venue soudaine de Jésus-Christ, quand il apparaîtra pour enlever les Siens.
Mais je lui répondais : « Mais non, mais non, il s’agit là tout simplement de notre préparation à la mort ».
Un terrible point d’interrogation se dresse alors devant moi : Seraient-elles parties au-devant du Seigneur … ?
Mais je repoussai de toutes mes forces cette pensée.
Cependant Pierre, qui ne tenait plus en place, et moi qui voyais à l’évidence que quelque chose de plus qu’anormal s’était passé, nous décidons de ne pas attendre le déjeuner et d’aller, chacun par un chemin différent, visiter les maisons de nos amis, à la recherche de nos bien-aimées.
Je me rends tout d’abord chez la sœur de ma femme, Mme Alençon. Elle et son mari font partie de notre église ; lui-même en est le trésorier. En somme, des personnes des plus respectables, aimant leur église, mais très engagées dans le monde.
Je me disais : « Sûrement, personne n’est encore levé » tout en sonnant à la porte. Après un moment, ma belle-sœur paraît, expliquant (en s’excusant) qu’elle avait eu à se préparer elle-même le déjeuner :
« Car, figurez-vous le tour que nous a joué notre aide-ménagère : nous avions passé la soirée chez nos amis Lemaire, où il y avait une partie de cartes qui n’en finissait pas, et nous sommes rentrés très tard ; or, notre employée, que nous avons toujours considérée comme une fille très sérieuse, se donnant même des airs de piété que je trouvais plutôt exagérés, une vrai petite fanatique, eh ! bien, imaginez-vous qu’elle est partie je ne sais où… Hélas ! A qui peut-on se fier aujourd’hui… »
Elle s’arrête un moment pour reprendre haleine, puis continue de plus belle :
« Mais ce qui nous a le plus stupéfaits, c’est que nous avons trouvé toutes les portes fermées, exactement comme nous les avions laissées hier soir en allant nous coucher. »
« Ça c’est trop fort ! » Et en quelques mots, je lui dis les raisons qui m’amenaient à faire une visite aussi matinale.
Quand ma belle-sœur apprend la mystérieuse disparition de ma femme et de Marie, elle manque de se trouver mal.
Je lui dis alors : « Écoutez, je n’ai pas encore déjeuné ; permettez-moi de m’inviter chez vous. » Elle me fait entrer et on se met à table.
Mis au courant, son mari commence par prendre la chose en riant, disant que ces dames avaient sûrement voulu me faire une plaisanterie : « Vous pouvez être certains qu’elles sont déjà rentrées à l’heure qu’il est, et qu’elles vous attendent, inquiètes peut être de votre absence. »
Cette idée remonta un peu ma belle-sœur.
« Ah ! Je regrette, mais il faudra se passer de lait », dit Mme Alençon, le front redevenu soucieux, « le livreur, pourtant toujours si exact, n’est pas encore arrivé… »
Sur ces entrefaites, on sonne : c’est Pierre.
Très agité, il nous raconte qu’il revient de la maison, après avoir parcouru tout le quartier, et que, dans plusieurs habitations où il était entré pour demander des nouvelles, le même événement s’était produit.
« Les rues sont pleines de monde », dit-il en terminant, la voix tremblante et les yeux humides : « Des gens très excités courent, en cherchant, comme nous, des membres de leurs familles. Il y en a qui pleurent à chaudes larmes… Non, vous ne vous imaginez pas l’émotion qui règne en ville… »
Plusieurs fois avant la fin du déjeuner, des personnes sonnèrent : c’étaient des amis de la maison, allant aux nouvelles, ou cherchant eux aussi, des parents disparus.
L’un d’eux, M. Fernay, ami intime de mon beau-frère, survient, la figure bouleversée :
« Mes deux garçons, l’un de quinze ans, l’autre de dix-huit ans, nous ne savons pas ce qu’ils sont devenus ! Ni leur grand-mère paralysée, et qui n’a pas quitté le lit depuis six ans. »
A cette nouvelle, M. Alençon pâlit, gagné par l’inquiétude générale. Il raconte alors une conversation qu’il a eue la veille avec un ami dont les idées religieuses lui avaient paru, confessa-t-il, quelque peu excessives. Cet ami insistait, disant : « Un trop grand nombre de membres de nos églises ne sont guère chrétiens que de nom, aimant l’argent et le plaisir plus que Dieu et se conformant au monde au point qu’il est impossible de les reconnaître pour des disciples de Jésus-Christ. L’indifférence des masses pour les choses religieuses va s’accentuant toujours plus », ajoutait-il avec tristesse, « et la tiédeur spirituelle est la caractéristique de notre temps. Les prophéties achèvent de s’accomplir : l’ivraie est plus haute que le blé, le levain a fait lever et fermenter toute la pâte. L’apostasie bat son plein… »
Jésus n’a-t-il pas dit : « Mais le fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre ? » (Luc 18. 8)
« Entendez-vous gronder l’anarchie ? », ajoutait-il ; « l’autorité s’en va en poussière ; les empires s’écroulent : « les étoiles tomberont du ciel » avait prédit Jésus.
« Comme poussés par une main invisible, les Juifs rentrent en masse en Palestine dans des conditions et des circonstances troublantes et singulièrement analogues à celles du retour de la grande captivité de Babylone.
Prenez garde ! Les temps sont graves. Jamais les appels de Dieu n’ont résonné plus solennellement qu’à cette heure. »
Il affirmait enfin – et ici la voix de mon beau-frère, devenue plus grave, se mit à trembler légèrement – qu’au moment choisi par Dieu et connu de Lui seul, Christ viendrait soudainement pour enlever ses rachetés, les vivants comme ceux déjà morts. Cette transformation inouïe devait s’effectuer avec la rapidité de l’éclair, en un clin d’œil : il y aurait un grand cri, un appel de trompette qu’entendraient seulement ceux auxquels ils s’adresseront.
Et c’est alors, disait mon ami, que s’accomplira cette parole de Christ : « Et comme il arriva aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du fils de l’homme aussi : on mangeait, on buvait, on se mariait, on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et le déluge vint, et les fit tous périr. De même aussi, comme il arriva aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait mais, au jour où Lot sortit de Sodome, il plut du feu et du soufre du ciel, qui les fit tous périr ; il en sera de même au jour où le fils de l’homme sera manifesté. En ce jour-là, que celui qui sera sur le toit et qui aura ses effets dans la maison, ne descende pas pour les emporter ; et pareillement, que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière. Souvenez-vous de la femme de Lot. Quiconque cherchera à sauver sa vie, la perdra ; et quiconque la perdra, la gagnera. Je vous dis qu’en cette nuit-là deux seront sur un même lit, l’un sera pris et l’autre laissé ; deux femmes moudront ensemble, l’une sera prise et l’autre laissée ; deux seront aux champs, l’un sera pris et l’autre laissé. Et répondant, ils lui disent : Où, Seigneur ? Et il leur dit : Là où est le corps, là aussi s’assembleront les aigles » (Luc 17. 26 à 37).
« Je crains bien », conclut mon beau-frère, secouant la tête avec une sorte d’accablement qui contrastait étonnamment avec son air assuré du début, « je crains bien que ce jour ne soit arrivé ; et… » Dit-il à voix plus basse et à peine perceptible… Il s’arrêta.
Et ? Avons-nous demandé d’une voix anxieuse.
Et, c’est triste à dire, nous sommes parmi les laissés.
La matinée avançait.
Nous nous sommes levés pour prendre congé, Pierre et moi, le regard chargé d’une insurmontable tristesse. Il nous tardait de rentrer chez nous.
C’est en tremblant que je tourne la clé dans la serrure, que je pousse la porte et que j’entre.
La maison, hélas, est toujours vide. Nous ne nous sentons pas le courage d’y rester, tant est lugubre le silence des chambres désertes et cette solitude pèse lourdement sur nos âmes, comme une inexorable condamnation.
Sous peine de nous laisser écraser par le découragement, il fallait à tout prix sortir de cette angoisse, agir, voir quelqu’un… Rassemblant toute mon énergie, je propose d’une voix que je m’efforce de raffermir :
« Si nous allions un peu à nos affaires ? »
« Oui », répond Pierre, d’une voix sourde.
Le cœur nous manquait.
Sans enthousiasme, mon fils se dirige vers son travail, et moi le cerveau vide, je vais à mon bureau.
En chemin, j’aperçois un homme qui se dirige vers moi, les bras levés, comme un fou. C’est un de nos voisins, un vrai incrédule. Sa figure est méconnaissable tant son air est atterré.
« Je viens du cimetière, où est la tombe de mes vieux parents et d’une petite fille de sept ans que nous avons perdue. Non, vous ne vous imaginez pas, fit-il la voix tremblante d’émotion, vous ne vous imaginez pas l’aspect du cimetière, comme si un tremblement de terre était survenu cette nuit. Des dalles de tombeaux ont sauté en l’air ; çà et là, des fosses béantes et vides, des cercueils éventrés ne contenant plus que quelques vieux habits, horribles à voir. De mes parents, des croyants à l’ancienne mode, je n’ai plus trouvé de trace. »
« Et de ma petite fille non plus », ajouta-t-il, dans un sanglot qui m’arracha les larmes. Si vous l’aviez connue cette enfant, elle priait comme un ange et parlait sans cesse du ciel… Ah ! Sûrement, c’est la fin du monde !
Et sur ces paroles il se sauve, comme poursuivi par la plus affreuse vision.
Des foules inhabituelles d’hommes, de femmes et d’enfants, dont les traits contractés, les yeux fixes, traduisent l’anxiété intense, remplissent les rues.
De nombreux édifices publics ont mis leur drapeau en berne et les cloches de plusieurs églises sonnent le glas, accentuant encore la note d’indicible inquiétude.
Dans le quartier commerçant, la plupart des magasins sont ouverts. Mais il ne semble pas qu’on y traite d’affaires.
Place de l’Hôtel de Ville, il y a un rassemblement. Les gens les plus en vue en matière politique me semblent y être au grand complet. Faisant les cent pas, par petits groupes, ils discutent avec animation.
Tous les cafés sont ouverts, et, devant, des cercles se forment où des hommes, avec de grands gestes, parlent fort.
Sans m’arrêter, j’arrive à mon bureau.
Là, j’apprends que le comptable, ainsi que mon brave garçon de course, attachés depuis fort longtemps au service de la petite entreprise familiale, ne se sont pas encore montrés. Mes deux employés, assis à leur place, tiennent le stylo en l’air, le regard dans le vide.
Je ne me sens pas plus le courage de leur donner du travail que d’ouvrir mon courrier.
Ressortant presque aussitôt, je me dirige vers la Bourse.
Pénétrant dans le grand hall, je constate que l’affluence y est plus forte qu’ailleurs. Jamais je n’y ai vu autant de monde.
Mais, au lieu du brouhaha habituel des traders criant à tue-tête, des agents de change s’interpellant, au lieu de tout l’assourdissant vacarme bien connu, un silence profond, d’autant plus impressionnant, et une sorte de stupeur planent sur cette foule.
Une quantité incroyable de raisons étaient émises pour tâcher d’expliquer l’évènement qui avait jeté un tel trouble dans la ville. Mais chacun s’accordait à conclure : Évidemment, c’est surnaturel.
On se sentait envahi par un indéfinissable malaise ; et le sentiment instinctif, irraisonné, qui dominait était : Que va-t-il, maintenant, se passer ? Ceux qui restent sont assurément bien à plaindre…
L’heure du dîner est depuis longtemps passée. Nul n’y avait pris garde.
L’après-midi, sans qu’il y ait la moindre entente, toutes les affaires ont été arrêtées, les magasins fermés, sauf les cafés, qui, eux, regorgent de monde.
Dans les rues, sur les places, des groupes se forment ; une sorte de sympathie s’établit entre les gens qui ne se connaissaient pas…
Des crieurs d’éditions spéciales commencent à passer. On s’arrache les journaux ! L’un d’eux porte en gros caractères : Serait-ce la fin du monde ?
Après quelques minutes de lecture, déçus de ne rien y trouver pour apaiser leur inquiétude, les gens les froissent et les jettent à terre, rageusement.
Devant les maisons où portes et volets sont demeurés fermés, la famille ayant disparue en entier (maisons très rares), on s’arrête, des attroupements se forment, on se souvient des habitants : il y avait là un tel, il y avait là une telle… On frappe, on appelle… les commentaires vont bon train.
Au centre d’un des groupes, voilà un homme qui discourt. On l’écoute avec une attention extraordinaire. C’est un membre assidu de la réunion de prières hebdomadaire de notre église, à laquelle ma femme ne manquait jamais d’assister.
Il disait à ce moment :
« Eh oui ! C’est bien le jour dont Paul parle aux chrétiens de Corinthe : « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil (1 Cor. 15. 51 et 52).
Christ, aussi, avait prédit cet évènement. L’Évangile nous avertissait : « C’est pourquoi, vous aussi, soyez prêts ; car, à l’heure que vous ne pensez pas, le fils de l’homme vient » (Matt. 24. 44).
Pour moi, je suis d’autant plus inexcusable que j’ai toujours admis cette vérité. J’aimais entendre expliquer les prophéties et je ne rejetais aucunes d’elles ; mais dans l’étude que j’en faisais, il y avait surtout une part de curiosité intellectuelle, d’attrait du mystère. J’y ai cru, mais avec mon cerveau et non avec mon cœur ; ma vie n’en restait pas moins égoïste et superficielle, et pour tout dire, j’étais loin d’attendre le Christ comme on attend un être tendrement aimé qui peut revenir d’un instant à l’autre…
Sans doute, j’aimais les réunions religieuses, mais d’un amour intéressé, pour les consolations et pour la satisfaction que j’en retirais, et non pas en vue de ma consécration au service de Jésus-Christ pour le salut des pécheurs. Je me servais de Dieu, je ne le servais pas. J’étais un parasite de l’Église. Et quand je chantais « Christ est ma vie », ou bien « Tenons nos lampes prêtes, chrétiens préparons-nous » c’étaient des mensonges qu’inconsciemment je chantais… »
A quelque distance de là, sur une petite place, j’aperçois l’un des conférenciers laïcs les plus connus et les plus écoutés de la ville. Avocat de grand talent, il avait toujours montré une activité religieuse remarquable. Un cercle nombreux l’entoure, mais sa parole a perdu le ton passionné. Des phrases simples, courtes rendent plus émouvants son discours.
« Mes amis, nous nous sommes toujours crus très forts en logique. Et nous l’avons été, c’est sûr, pour tout ce qui a trait aux affaires de ce monde. Mais au point de vue chrétien, nous avons été des insensés.
Nous avons affirmé, en effet, d’une part tenir l’Écriture Sainte pour la suprême autorité religieuse, la souveraine règle de notre foi, et puis, d’autre part, nous lui avons donné par notre vie, les plus graves démentis.
C’est que nous avons voulu accommoder la Parole de Dieu à la sagesse humaine, et ainsi, sur l’autel du monde et du qu’en dira-t-on, nous avons sacrifié la fidélité à l’enseignement du Christ et des apôtres.
Et voici que toutes nos œuvres, toute notre agitation, viennent d’être éprouvées par un feu que n’ont pas allumé des mains d’hommes. Et nous voyons que tout a brûlé comme du chaume…
Au fond, la vérité, c’est que nos cœurs incrédules n’ont pas admis, malgré la lucide et formelle précision des avertissements du Christ et des apôtres, qu’un événement aussi prodigieux ait pu se produire.
Encore si nous étions véritablement préparés à la mort. Mais avouons qu’aucun de nous ne voulait se détacher assez de ce monde, et renoncer à soi-même au point de mettre Dieu et les intérêts de son royaume en première place dans sa vie et dans ses pensées. Nous avons accommodé au mieux à nos intérêts et à nos affaires les paroles du Christ : « car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, la trouvera » (Matt 16. 25). « Et quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple » (Luc 14. 33) Tout cela était bien quelque part dans notre tête, mais n’avait pas un sens réel, absolu, dans notre vie. De l’argent, de l’argent, gagner toujours plus, tel a été notre suprême objectif. De même que la plupart des Juifs, contemporains de Jésus-Christ, avaient refusé de prendre à la lettre, c’est-à-dire au sérieux, les différentes prophéties qui précisent, dans l’Ancien Testament, la première venue de Jésus, de même nous avons traité avec une supériorité dédaigneuse les prophéties du Nouveau Testament, comme de l’Ancien, relatives à sa seconde venue. Nous avons voulu passer au crible de nos raisonnements la déclaration du Seigneur : « Et voici, je viens bientôt. Bienheureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre » (Apoc. 22. 7), ne comprenant pas, tant nous étions aveugles, que la durée de nos siècles n’a même pas, devant Dieu, la valeur d’un millième de seconde. En sorte que la venue soudaine, fulgurante, du Sauveur, nous a trouvés préoccupés de tout, sauf de cet événement !
N’avons-nous pas été jusqu’à prétendre que Paul et les chrétiens de l’Église primitive s’étaient trompés en prenant à la lettre la promesse du retour prochain du Seigneur, et en attendant, avec une sainte ferveur, ce retour ? Nous n’avons pas compris l’enseignement profond de notre Seigneur qui voulait que l’Église son épouse, se considère, à partir de son ascension et jusqu’à son retour, comme une veuve, et qu’elle porte, en quelque sorte, son deuil, dans un monde en révolte contre lui. (Matt 9. 14 à 16).
Au lieu de cela, l’Église s’est installée dans le monde, et elle a déclarée : « Je suis assise en reine, et je ne suis point veuve » (Apoc. 18. 7).
Et dire qu’en discutant ainsi les paroles de l’Écriture, nous avions l’orgueilleuse prétention de leur donner un sens plus idéal, plus spirituel que le sens littéral, c’est-à-dire celui que lui attribuaient les apôtres. Ce n’est, hélas, que trop manifeste.
Ah ! Le terrible réveil ! »
Ce soir, les églises des divers cultes de la ville sont ouvertes. La foule s’y entasse, anxieuse, pour entendre l’explication de cette extraordinaire « visitation », et aussi dans l’espoir de recevoir quelques paroles de consolation et de réconfort.
Aucun groupe religieux, a-t-on remarqué, n’a été enlevé dans sa totalité.
Nulle part, on ne fait de service religieux. Les assemblées sont houleuses. Il y a même quelques désordres, dans les grandes églises. Partout la surexcitation est extrême. Les uns se lamentent et sanglotent ; d’autres manifestent leur mécontentement ; on a dû emporter plusieurs femmes évanouies.
Ceux qui ont fréquenté le moins les églises sont les plus irrités. Ils interpellent violemment au passage les plus assidus aux offices :
« Si vous aviez été de vrais chrétiens, vous nous auriez avertis. Qu’est-ce que vous alliez donc faire à l’église, tous les dimanches ? »
Ceux-ci baissent la tête : « C’est vrai, nous n’avions que l’apparence de la piété, mais en ayant renié la puissance (2 Tim. 3. 5). Nous nous sommes contentés, amateurs de beaux discours, de dissertations religieuses sur les événements du jour. Friands d’éloquence, nous avons couru les églises à la suite du prédicateur renommé. Nous nous sommes grisés de belles paroles, préférant infiniment la finesse d’une pensée philosophique habilement présentée, aux appels fidèles de l’Évangile, à l’explication toute simple de la Parole de Dieu.
Sans bien nous en rendre compte, ce que nous avons recherché, dans le culte, nous le reconnaissons, c’était une jouissance intellectuelle, des émotions religieuses, et non pas la prédication apostolique, toute rude et toute simple, de la croix.
Nous l’expions cruellement aujourd’hui ! »
Pierre, curieux de ce qui se dirait dans l’église, m’avait quitté pour entrer dans la principale d’entre elles. Il devait me rejoindre à notre lieu de culte habituel.
La figure du prédicateur marque un véritable abattement. Parmi les fidèles, l’agitation est extrême. Des prières sont récitées qui se perdent dans le brouhaha général. Enfin, dans un silence relatif, il prend la parole.
A la surprise de tous, il annonce qu’il lira quelques textes de l’Écriture. Ce sont précisément ceux qui prédisaient l’événement prodigieux qui bouleverse en ce moment le monde entier, comme l’avaient confirmé les dépêches venues de partout : « Or nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas affligés comme les autres qui n’ont pas d’espérance. Car si nous croyons que Jésus mourut et qu’il est ressuscité, de même aussi, avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus. Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur : que nous, les vivants, qui demeurons jusqu’à la venue du Seigneur, nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles » (1 Thess. 4. 13-18) et : « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés » (1 Cor. 15. 51-52)
« Reconnaissons-le loyalement, si les Saintes Écritures avaient eu parmi nous l’autorité que le Saint-Esprit lui confère, ces paroles auraient suffi pour nous préserver de l’affreux malheur qui nous arrive. Nous aurions vécu vraiment détachés de ce monde, de son faste et de ses œuvres, et nous nous serions tenus prêts, comme les vierges sages de la parabole, pour la venue soudaine de l’époux divin ; au lieu que l’événement de cette nuit nous frappe en plein cœur. Malheureusement, ce n’est pas la Parole de Dieu qui fait autorité pour nous, c’est la tradition. Cette dernière n’en est pas moins parole humaine ; ce sont… »
Un tumulte, des trépignements, des cris hostiles interrompent le prédicateur, tandis qu’un autre groupe prend fait et cause pour lui, et un grand vacarme s’ensuit.
Craignant d’être mêlé à de fâcheux incidents, Pierre, qui était debout près de la porte, se hâte de sortir et vient me retrouver.
Dans notre église, plusieurs visages familiers manquent. Mon cœur se serre douloureusement quand j’aperçois, à la place qu’affectionnaient ma femme et ma fille, des visages qui me sont inconnus…
Notre prédicateur est là. Il est assis le front serré dans ses deux mains, en une sorte de prostration. Aucun chant. On entend de grands soupirs, des plaintes, de ferventes prières d’humiliation.
Ici, on se lamente sur le départ d’enfants ; là, il s’agit d’un mari, d’une femme, d’un père, d’une mère…
Le prédicateur fait un signe de la main et en quelques mots, demande à l’auditoire de garder le calme.
Puis, après une courte prière silencieuse, il reprend la parole.
« Aucun de vous, dit-il, sur un ton impossible à rendre, ne peut… se faire une idée de l’amertume de mes sentiments… quand je me vois devant vous… avec mes cheveux blancs… et ma longue expérience… et que je mesure… les terribles responsabilités de mon long ministère… »
Ces mots, dits d’une voix brisée par l’émotion, produisent sur le champ une grande détente dans l’auditoire, en détournant un peu de soi-même l’attention de chacun. L’assemblée entière, les yeux fixés sur son vieux et vénéré prédicateur, buvait ses paroles.
Après quelques secondes de pause, il reprend, d’une voix un peu plus assurée :
« Je suis accusé… et je m’accuse… de vous avoir entretenus, au cours de mes visites, de mes prédications, et de mon ministère, beaucoup plus des questions de cette vie, et des pensées des hommes, que des affaires célestes et des pensées de Dieu.
On me reproche, aussi, de vous avoir tenus dans l’ignorance des prophéties de la Sainte Écriture touchant les choses à venir, comme de la terrible visitation qui devait se produire, et qui s’est produite, cette nuit parmi nous.
Que pourrai-je dire pour ma justification ? … Seulement ceci : je vous ai enseignés ce que l’on m’a enseigné à moi-même : à considérer la Bible comme contenant, sans doute la Parole de Dieu, la connaissance du Salut, et la plus haute morale du monde, mais non comme étant, dans toutes ses parties, d’inspiration divine et la règle infaillible et sans réserves de notre foi. J’y voyais un alliage de pensées divines et de pensées humaines, et c’était à notre raison de faire son choix, les allégories y tenant une très grande place.
C’est ainsi, par exemple, que vous m’avez entendu interpréter la seconde venue du Seigneur en disant que toutes les fois qu’une âme se convertit, Jésus revient sur la terre, et descend, ainsi dans cette âme…
Ah ! Je comprends, maintenant, que ce n’est pas pour les interpréter, que Dieu nous a donné les prophéties, dans l’Écriture, mais pour y croire…
Et sans doute, il y a des allégories dans le Saint Livre, mais les affirmations positives – et que l’on doit prendre à la lettre sous peine de manquer de respect au texte – y sont bien plus nombreuses encore. Telles sont celles qui auraient dû nous préparer à cet événement.
Ah ! Qui peut sentir, en ce moment, plus que moi, la faiblesse de pareilles excuses.
J’appelais ce livre – et, d’une main tremblante, il élève sa vieille Bible au-dessus de sa tête – j’appelais ce livre « la Parole de Dieu ». Mais, par une inconséquence dont je ne puis encore m’expliquer l’aveuglement, j’attribuais l’origine et l’inspiration d’une bonne partie de son contenu à des cerveaux ou à des volontés d’hommes… Je discutais l’autorité de ses prophéties, quand je ne les niais pas… Je mettais en doute la plupart des miracles, les réduisant à des faits de l’ordre naturel, grossis ou naïvement rapportés.
Je suis même allé – et il dit ces derniers mots d’une voix que l’émotion étranglait – jusqu’à nier la valeur expiatoire du sang de l’Agneau sans tache…
Mais comment pourrai-je, maintenant, après l’événement qui vient de nous frapper tous, ne pas croire que la Parole de Dieu, quand elle affirme une chose, veut dire exactement, et signifie littéralement ce qu’elle dit ? (Il prononce ces derniers mots avec un accent émouvant).
C’est dans la douleur la plus profonde que je reconnais ma grande erreur, mon impardonnable faute, et je m’en humilie, devant Dieu et devant vous, de toute la force de mon âme. »
Et il s’arrête, comme dans l’impossibilité de continuer.
Une vague d’intense sympathie soulève la foule. Oubliant sa propre détresse, l’assemblée entière, par un murmure d’affectueux encouragement, cherche à soutenir le vieillard, presque défaillant sous l’effort de sa poignante confession.
Il reprend courage et, d’une voix plus ferme, continue :
« Mais je reconnais aujourd’hui mon égarement, et je vous demande pardon, comme j’ai déjà demandé pardon à Dieu… »
Personne, dans l’assemblée, n’a pu retenir ses larmes, devant une confession si touchante.
« Il me reste quelques mots encore à ajouter. Je vous dois TOUTE la vérité, nous le savons bien maintenant, c’est la Parole, pure et simple, du Seigneur. Ce matin, après avoir fait dans la prière un humble et sérieux examen des Écritures touchant les circonstances qui nous angoissent tous, je suis arrivé à la certitude qu’il nous faut, hélas ! renoncer au glorieux privilège d’être enlevés avec les Saints pour avoir part, avec eux, à la première résurrection, cette « résurrection d’entre les morts » qui ne tenait pour ainsi dire aucune place dans nos préoccupations religieuses, alors que l’apôtre Paul la considérait comme la récompense suprême, le sceau glorieux de sa fidélité : « Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ… si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts » (Phil. 3. 8 à 11).
Cependant, le Saint-Esprit le déclarait formellement : « Et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans… C’est ici la première résurrection. Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection : sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans » (Apoc. 20. 4 à 6)
Toutes ces déclarations, pourtant si précises, si simples, celles de l’apôtre Paul aux Thessaloniciens et aux Corinthiens, notamment, et les avertissements si nets du Seigneur, que nous trouvons aux chapitres 24 de Matthieu, 17 et 21 de Luc, et tant d’autres, auraient dû nous suffire… Mais nos esprits étaient obscurcis, et nous étions égarés par l’incrédulité et par les mensonges d’une « connaissance faussement ainsi nommée » (1 Tim. 6. 20) – lisant notre Bible avec notre raison, discutant, et non avec la foi et la simplicité de cœur de petits enfants – comme aussi par la crainte du ridicule.
Ainsi, nous nous sommes mis sous le joug du monde et nous allons avoir notre part de son jugement. Car il ne faut point nous le dissimuler, nous allons passer par une tribulation telle que le monde n’en a pas encore connu de semblable.
Les puissances sataniques vont être déchaînées, les représailles terribles de la justice divine vont s’abattre sur ce monde et sur nos Églises infidèles, et la terre secouée comme un arbre dont on fait tomber les fruits. « Malheur à la terre et à la mer, car le diable est descendu vers vous, étant en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps » (Apoc. 12. 12).
Voilà ce que voulait nous éviter le Seigneur, quand Il faisait déclarer par le Saint-Esprit à tous les hommes qui se réclament de son nom : « Et j’ouïs une autre voix venant du ciel, disant : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies » (Apoc. 18. 4). Et par son ange, Il encourageait ses Saints en disant : « Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 3. 10, Luc 21. 35).
Comme l’affirment les textes, l’Antichrist va paraître, « qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu. Ne vous souvenez-vous pas que, quand j’étais encore auprès de vous, je vous disais ces choses ? Et maintenant vous savez ce qui retient pour qu’il soit révélé en son propre temps. Car le mystère d’iniquité opère déjà ; seulement celui qui retient maintenant, [le fera] jusqu’à ce qu’il soit loin. Et alors sera révélé l’inique, que le seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue ; duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge » (2 Thess. 2. 4 à 11).
Les hommes seront contraints de porter sa marque sur leur personne, sinon ce sera la mort. »
Le prédicateur, visiblement exténué par l’effort qu’il vient de fournir, s’assoit.
Dans un silence solennel, l’assemblée sort alors lentement et s’écoule à travers les rues de la cité.
Mon fils et moi, partageant l’émotion commune, nous reprenons le chemin de la maison, bien que, dans la rue, l’excitation semble augmenter d’heure en heure. Arrivés chez nous, nous allons nous coucher.
Mon front et mes tempes étaient couvertes de sueur. Ouvrant les yeux, je vois ma chère femme devant moi, la figure consternée, qui me tient les mains.
« Qu’as-tu donc ? » me dit-elle, « Oh ! Que tu m’as fait peur… »
Et sans lui répondre, dans un sentiment de joie inexprimable, je m’écrie :
« Ce n’est donc pas vrai… Tu es encore là… Tout cela ne s’est passé qu’en rêve… Oh ! Merci, mon Dieu ! »
………..
Un peu plus tard nous nous sommes réunis, ma femme, mes deux enfants et moi, et je leur ai raconté le rêve extraordinaire que je venais d’avoir.
Et plus j’y pense, maintenant, plus je suis frappé de l’avertissement qui m’a été ainsi donné.
Le sens positif et absolu des déclarations solennelles de l’Écriture que je venais de vivre si douloureusement dans ce rêve, m’apparaît dans toute sa saisissante clarté.
Je me rends compte qu’il y a là plus qu’un rêve, mais un appel poignant à cesser de jouer avec la patience de Dieu et avec Sa parole, et qu’en définitive, il n’était pas exact d’appeler rêve ce qui pouvait être, ce qui allait être, la tragique réalité de demain.
J’ai compris que, jusqu’à ce jour, j’avais vécu comme les vierges folles de la parabole, et combien il est urgent, pour moi comme pour chacun, de tenir sa lampe garnie et prête afin de pouvoir aller à la rencontre de l’Époux lorsque soudain Il paraîtra (Matt. 25. 1 à 13).
J’ai demandé pardon à Dieu pour mes péchés, ma tiédeur, mon ingratitude, et de purifier mon cœur dans le précieux sang de l’Agneau mort pour moi. Dans sa grâce, Il m’a exaucé. Et depuis, j’ai consacré sans réserve ma vie à son service.
« Car encore très-peu de temps, ‘et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas’ » (Héb. 10. 37).
« Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous et les éléments embrasés se fondront. Mais, selon sa promesse, nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite » (2 Pierre 3. 11 à 13).
………..
En communion d’esprit avec tous ceux qui attendent et qui aiment l’avènement de notre Seigneur Jésus Christ, nous croyons :
Que les signes des temps s’accordent à montrer, avec une indiscutable évidence, que « les temps des nations » (Luc 21. 24) touchent à leur terme.
Que le retour du Sauveur, dans le corps qu’Il avait au matin de la résurrection, doit, selon l’ordre du Maître, être attendu à tout moment (Matt. 24. 44).
Que le « Corps de Christ », son Épouse mystique, composé des « vainqueurs », dès qu’il sera parvenu au nombre fixé par Dieu, sera enlevé « à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thess. 4. 17).
Qu’Israël, encore que dans l’incrédulité, sera ramené dans son ancien pays, et qu’il se convertira ensuite tout entier quand, à nouveau, Christ se manifestera comme son Messie (Rom. 11. 26 à 33, Apoc. 1. 7).
Que tous les plans humains de reconstruction de ce monde sont voués à l’échec, le « temps du rétablissement de toutes choses » étant subordonné au retour du Sauveur (Actes 3. 21).
Qu’il est pour le chrétien d’une suprême importance de reconnaître et d’accepter ces vérités.
A quoi pensez-vous, chrétiens, de vous faire un trésor avec ces malpropres papiers, et ces jetons que l’on s’obstine à appeler de L’ARGENT ! Il fait encore plus jour ; la nuit rapide s’approche où vous ne pourrez plus travailler pour le Seigneur.
Le Seigneur Jésus a tant fait pour vous, que faites-vous pour lui… ?
« Car voici, le jour vient, brûlant comme un four… Et pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice… au jour que je ferai dit l’Éternel des armées. » (Mal. 4. 1à 3).
« Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3. 16).
« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Marc 13. 31).
[…] Article recommandé : Le cri de minuit ! […]