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ET IL COMMANDA AU PORTIER DE VEILLER

 

 

Commandement de veiller (Évangile selon Marc ch. 13. 34).

Le mot « portier » n’est employé que deux fois dans le Nouveau Testament :

En Jean 10. 3 « à celui-ci le portier ouvre » ; expression que nous pouvons « traduire » ainsi : Dieu ou le Saint Esprit (le portier) ouvre à Jésus (le Berger) l’accès aux brebis. Jean 6. 44 : « Personne ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire » et Jean 10. 27 « mes brebis écoutent ma voix », complètent la pensée.
Plus tard, la même activité se manifestera en faveur des apôtres (voir Act. 14. 27 ; 1 Cor. 16. 9 ; 2 Cor. 2. 12 ; Col. 4. 3 ; ou Apoc. 3. 8).

Et ici, en Marc 13. 34, aucun point commun entre eux, hormis la similitude de fonction ; mais une différence fondamentale d’identité des acteurs : d’un côté, Dieu agissant en souveraineté, de l’autre, un croyant vu dans le cadre d’une grande responsabilité.

Par définition un portier ouvre, ferme et garde la porte d’une maison. Il est évident que seul l’aspect « spirituel » de la fonction nous intéresse, la « maison » étant, pour la foi, « la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3. 15).
Ce rôle relève de la responsabilité collective de chaque rassemblement local. Bien qu’accompli « physiquement » par l’intermédiaire d’un ou plusieurs frères, il sous-entend l’assentiment de tous et s’opère en vue de la sauvegarde morale ou doctrinale, de la communion pratique, tant individuelle qu’ecclésiastique.
Permettre ou refuser l’accès à la table du Seigneur en est l’exemple type. Mais « garder », dès les seuils, exige une connaissance scripturairement claire et fondée (et d’autres qualités que nous verrons plus loin). Ce service demande discernement et intelligence spirituelle, joints à la crainte de Dieu et à une entière dépendance de Lui.

Dans le Livre des Actes des Apôtres, l’Écriture nous relate divers cas concrets pleins d’instruction :
Actes 5. 13 : « et aucun des autres n’osait se joindre à eux ». L’assemblée est dans la fraîcheur du commencement. Pourtant Satan est à l’œuvre ; Ananias et Sapphira meurent, en raison de leurs mensonges ; une grande crainte s’empare de tous, la crainte de Dieu ! Une « sélection » s’opère alors : les vrais croyants « étant ajoutés au Seigneur, une multitude aussi bien d’hommes que de femmes »… « et aucun des autres n’osait se joindre à eux ». Quel rempart que celui de la sanctification ! Mais en amont, l’intervention d’un portier qui « ferme » : Pierre.
Actes 9. 26 à 28 : Paul « cherchait à se joindre aux disciples ; mais tous le craignaient…alors Barnabas le prit avec lui, le conduisit aux apôtres… dès lors il était avec eux à Jérusalem, il allait et venait ». La nécessité de se prémunir contre les déguisements de l’Adversaire (faux frères, faux apôtres, faux docteurs ou faux christs ) plaçait les saints en état d’alerte devant un « Saul de Tarse ». Dieu donne à Barnabas d’agir en portier qui « ouvre ».
Actes 18. 27 et 28 : « les frères d’Éphèse écrivirent aux disciples (de l’Achaïe) et les exhortèrent à le recevoir (Apollos) ; quand il y fut arrivé, il contribua beaucoup par la grâce aux progrès de ceux qui avaient cru » L’usage de la « lettre de recommandation » allait se poursuivre, pérennisé par cette déclaration de l’apôtre : « Avons-nous besoin, comme quelques-uns, de lettres de recommandation pour vous, ou de lettres de recommandation votre part ? » (2 Cor. 3. 1).
Quelques mots à cet égard : la lettre de recommandation relative à la fraction du pain – la cène – est solennelle ; par essence elle découle de la compréhension de l’unité du Corps de Christ, touche à un domaine qui est saint et porte en elle, dans son principe même, tout ce que contient le dépôt des vérités. Du moins, telle est la normalité voulue de Dieu… pour des temps « normaux ».
Peut-il y avoir « anormalité » ? Répondre « non » serait méconnaître, aujourd’hui, les ruses de Satan.
Déjà l’apôtre écrivait aux Thessaloniciens « de ne pas se laisser rapidement bouleverser dans ses pensées ou troubler… ni par une parole, ni par une lettre, présentée comme venant de nous », ajoutant en fin d’épître : « cette salutation est de ma main à moi, Paul. C’est le signe dans chaque lettre :  j’écris ainsi » (2 Thess. 2. 2 et 3. 17).
De fausses lettres apostoliques circulaient, mais un signe distinguait celles qui étaient vraies ! Quel est le signe accréditant aujourd’hui une lettre de recommandation ? Les références de son contenu ! La lire ou refuser de la lire publiquement est question d’intelligence spirituelle et ressort de la responsabilité du portier. L’épître aux Romains nous apporte l’illustration d’une remarquable lettre de recommandation.
« Je vous recommande Phoebé, notre sœur, servante de l’assemblée qui est à Cenchrée, afin que vous la receviez dans le Seigneur, comme il convient à des saints, et que vous l’assistiez dans toute affaire pour laquelle elle aurait besoin de vous ; en effet elle a été en aide à beaucoup, et à moi-même » (ch 16. 1 et 2). Qui de nous ne connaît ces lignes de l’apôtre Paul ? N’aimerions-nous pas souvent en lire de pareilles ? Combien le travail de portier en serait conforté ! Dieu connaît les soupirs de nos cœurs…
Auparavant, en Romains 15. 7, l’apôtre concluait son paragraphe par ces paroles : « C’est pourquoi recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu ». Il est peut-être opportun de souligner que le verbe « recevoir » ne signifie en aucune manière « exercer l’hospitalité ». Il y est question, là, de réception à la table du Seigneur, en vue de la participation à la cène. La pierre de touche demeure, impérative : « à la gloire de Dieu ». Associer Son Nom et Son mémorial (És. 26. 8) à l’iniquité (mal moral ou fausse doctrine) par insouciance, négligence ou faiblesse dans la fonction de « portier » ne peut qu’être abomination à Ses yeux.
Colossiens 4. 10 doit être cité comme dernier exemple. « Marc, le neveu de Barnabas, (à son sujet vous avez reçu des ordres : s’il vient vers vous, recevez-le). Recevoir des ordres semble peu compatible avec la grâce, dans ce cas de restauration ; telle doit être l’analyse actuelle de plusieurs. L’Esprit Saint a jugé utile de nous révéler cette procédure non pas pour la condamner ! Au portier et à nous de la méditer, le cas échéant.
Le portier n’a-t-il pas lui-même reçu un ordre ? La force de son mandat n’est-elle pas dans ceci : « et il commanda au portier de veiller » ? Le Seigneur ne nous dit jamais « si tu veux » ou « si tu peux », mais « va ». Ici, c’est un « veillez » ! « Veillez, tenez ferme dans la foi. Comportez-vous en hommes, fortifiez-vous » (1 Cor. 16. 13).
Quelqu’un a écrit « Pendant des années, nous nous sommes assoupis, nous n’avons pas veillé ; qu’est-il arrivé ? l’homme est venu parmi nous et a semé l’ivraie, ce poison qui envahit tout. Oui, l’ennemi a fait cela. Portiers, veillons ! C’est un commandement.

Apport de l’Ancien Testament

Le portier y est souvent mentionné. Seuls les cas où nous le trouvons en relation avec le temple seront cités.
Origine, appel et nombre.
Les portiers sont issus de la tribu de Lévi. Tribu dont la détermination pour Dieu est liée à l’appel de Moïse « A moi, quiconque est pour l’Éternel ! » et tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui ». (Ex 32. 26).
Choix béni !
Dans la pleine maturité de la royauté, Il est précisé que lors du dénombrement des Lévites, depuis l’âge de 30 ans et au-dessus, leur nombre fut de 38 000. D’entre eux, il y eut 4000 portiers. (1 Chron. 23. 5). Soit 10, 53 %, notons-le.
En 2 Chron. 8. 14, il est spécifié que Salomon les établit « suivant l’ordonnance de David, son père… car tel avait été le commandement de David, homme de Dieu ».
Deux autres recensements retiennent l’attention spirituelle :
En Esdras 2. 42, 480 ans après David, les portiers ne sont plus que 139. Quelques années plus tard, en Néhémie 7. 45, ce chiffre devient 138. Cette perte d’une unité, divinement enregistrée, n’est pas d’ordre démographique ! C’est l’indicateur d’une courbe qui va toujours décroissant, celle du déclin. Pente inexorable qui, après Israël, marque tout autant l’Église.
Car nous aussi nous avons reçu ce service « lévitique », sur une base triple : « Dieu a placé les membres – chacun d’eux – dans le corps, comme il l’a voulu ». « Il y a diversité de services, et le même Seigneur », enfin « l’Esprit opère, distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît » 1 Cor. 12. 5, 11 et 18. Une question s’impose. Combien reste-t-il de portiers dans l’Assemblée ? – Dieu le sait, ce qui n’enlève pas notre responsabilité.
Nous pouvons insérer ici cet extrait de la brochure « Les Lévites »,  de Georges André.
« Veiller à l’entrée des portes de la maison de Dieu demande un discernement qui n’est pas le fait de tous (voir 1 Cor 12. 10). Il faut accepter que le Seigneur confie ce discernement et cette fonction de portiers à ceux qu’il a qualifiés pour cela et donner un grand poids à leur jugement, lorsque Dieu a mis son sceau sur leur service ».

1 Chroniques 9. 17 à 29. Identité et Rôle.
Ce chapitre débute par un rappel : « Juda fut transporté à Babylone à cause de ses péchés » (v. 1). La suite s’apparente aux livres d’Esdras et de Néhémie. En ces jours de restauration, ce qui est dit d’eux prouve que la faiblesse du peuple limite, mais n’annule en rien le propos divin.
La continuité de la pensée de Dieu à leur égard ressort d’une liaison constante, dans le récit, entre le présent et le passé : « ils sont jusqu’à maintenant à la porte (dite) du roi », « ils étaient (au désert) les portiers des camps des fils de Lévi » (v. 18).
Sont-ils « préposés sur l’œuvre du service, gardant les seuils de la tente » v. 19, il est aussitôt dit : « leurs pères avaient été préposés sur le camp de l’Éternel… Phinées, fils d’Éléazar, fut autrefois prince sur eux » (v. 20).
La légitimité du service est ainsi affirmée, son origine divine soulignée. De plus « David et Samuel, le voyant, les avaient établis dans leur charge ». (v. 22). Services et dons spirituels permanents appartiennent également à l’économie chrétienne.
Notons qu’ils « furent enregistrés par généalogie, dans leurs villages ». De nos jours encore, c’est le caractère local qui prévaut dans la manifestation d’un portier. Le côté universel de l’assemblée est suggéré dans la notion même de « tente d’assignation » ou dans le fait que « les portiers étaient vers les quatre vents » (v. 24).
« Sept jours sur sept, d’un terme à l’autre » (v. 25), « garder », notamment la « nuit » (v. 27), leur incombait. Les trésors de la maison de l’Éternel, ustensiles de service, vases du lieu saint, tout était compté et répertorié par leurs soins. Sans oublier la « fleur de farine, le vin, l’huile, l’encens et les aromates » (v. 29).
Morale : Une assemblée faible, sans joie, sans odeur de Christ, sans spiritualité, c’est un rassemblement sans portier en activité ! Sans ces lévites, que de trésors perdus de vases dérobés, d’ustensiles détériorés.

1 Chroniques 15. 23 et 24. L’Arche.
« Bérékia et Elkana… Obed-Edom et Jekhija étaient portiers pour l’arche ».
L’arche vient de séjourner trois mois dans la famille d’Obed-Edom. Lors de son transfert à Jérusalem, sacrificateurs et lévites s’activent pour la « placer dans la tente que David avait tendue pour elle ». D’où ces quatre portiers pour veiller jalousement sur ce joyau du sanctuaire.
La même mission nous est confiée aujourd’hui. La valeur de l’arche, c’est celle du « mystère du Christ », du « mystère de la piété » ! Or « beaucoup de  séducteurs sont sortis dans le monde, ceux qui ne reconnaissent pas Jésus-Christ venant en chair » (2 Jean 7). Et ceci est « l’esprit de l’Antichrist » (1 Jean 4. 3).

1 Chroniques 26. 1 à 19. Classes et départements.
Expressions que nous pouvons sous-titrer : Qualités et zones d’activité.
Le premier paragraphe est relatif aux personnes : « à ceux-là ». Les noms, chers au cœur de Dieu, sont fournis ; qu’il les ait bénis, tel Obed-Edom, réconforte l’âme. Mais on y trouve aussi les traits moraux caractérisant l’un ou l’autre parmi eux ; et savoir que leurs fils étaient « hommes forts et vaillants », ou « hommes vaillants et forts pour le service » (réfléchissons à l’inversion des adjectifs) nous est précieux, sinon indispensable. Cela nous renseigne sur les « qualités requises » à un tel service et nous interpelle. Force et vaillance sont d’ordinaire des termes à connotation militaire.
Le 2ème paragraphe situe et différencie les lieux précis de leur service de garde. Ce qui vient du nord (le froid – Job 37. 9, le mal – Jér. 4. 6) n’est pas ce qui arrive du midi (le tourbillon) ou du levant (oiseau de proie – És. 46. 11).
Mais ce tour d’horizon a, comme centre : « la maison des approvisionnements ». Traduisons ! L’assemblée est attaquée de partout. Objectif de l’ennemi : détruire tout ce qui alimente son fonctionnement. Ce qui, lié au texte précédent, revient à dire qu’un portier fidèle doit impérativement œuvrer en bon soldat de Jésus-Christ.

2 Chroniques 23. 19. Athalie !
Cette citation, la dernière, est la plus remarquable que l’on puisse désirer : « Et Jéhoïada plaça les portiers aux portes de la maison de l’Éternel, afin qu’il n’y entrât aucune personne impure en quoi que ce fût ».
Dans ce chapitre, le nom de Joas n’est jamais utilisé afin de laisser au terme générique « le roi » toute sa puissance typique. Athalie, l’usurpatrice, règne ; c’est Satan dominant l’héritage tandis que Christ est dans le sanctuaire, caché. Clandestine durant six ans, la « lutte » s’organise la septième année (un cycle complet), mobilisant petit à petit toutes les sphères attachées à la primauté de la royauté légitime, y compris les portiers,… et vaincra !
Nous sommes à la veille de ce moment où le Roi, « s’assiéra sur le trône du royaume ».
Mais aujourd’hui comme hier, ses droits sur son Assemblée sont intangibles !
Jésus-Christ est le Chef du corps, le Seigneur. Autour de Lui, ne soyons qu’un. Il s’est acquis tous les droits sur nos cœurs ! Dans sa Maison, « avec joie et des cantiques, selon les directions de David », donnons-Lui gloire, nous appliquant avec ardeur à Lui être agréables, afin qu’en tout Il tienne, Lui, la première place. (2 Cor. 5. 9 ; Col. 1. 18.)
Et que « Conspiration ! Conspiration ! » n’affecte pas nos oreilles, toutes remplies de sa voix qui nous redit :

« Et il commanda au portier de veiller ».

D’après J. Legay février 1997